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Reportage Afrique

French, Political, 1 season, 220 episodes, 8 hours, 39 minutes
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Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent chaque jour en deux minutes une photographie sonore d'un événement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour. Diffusions : Lu à Ve vers l'Afrique à 05h48, 07h51, 09h51. Vers le monde à 05h34, 06h34, 08h20, 20h18. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/
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Maroc: le centre d'hébergement Chourouk à Ben Guerir redonne espoir aux femmes vulnérables

Ben Guerir, petite ville d’environ 80 000 habitants à trente minutes de Marrakech. C’est là que se trouve le centre d’hébergement géré par l’association Chourouk, dédié à l’accueil de femmes en situation difficile ou victimes de violences. Depuis sa création en 2012, l’équipe du centre est connue pour son action auprès des femmes les plus vulnérables et marginalisées : mères célibataires, femmes rejetées par leurs familles ou violentées par leurs conjoints, etc. Notre correspondante s’est rendue sur place pour les rencontrer. « Je suis ici pour profiter de l’hébergement qu’on m’offre parce que je suis enceinte. J’en suis à mon neuvième mois. Je peux accoucher à tout moment maintenant, et si je n’étais venue ici, je n’aurais pas pu faire suivre ma grossesse par un médecin. Je serais restée cachée par peur du regard de la société. » Asma a 17 ans. Elle occupe une chambre dans le centre d’hébergement depuis sept mois. Violée dans son village près de Ben Guerir, elle a dû fuir pour masquer sa grossesse.Souad Lahrach est l’assistante sociale du foyer. Elle se charge du premier accueil. « On est le seul centre d’hébergement ici. Donc, on accueille toutes sortes de catégories de femmes et quelle que soit la forme de violence à laquelle elles sont confrontées. Mon rôle est de les écouter et de les conseiller selon leurs demandes et leurs besoins. Certaines veulent un accompagnement juridique, donc je les aide avec mes connaissances ou alors, elles rencontrent notre avocate. D’autres veulent voir un psychologue ou juste vider leur sac. Donc je les écoute, je les mets à l’aise et une fois qu’elles sont dans mon bureau et que la porte est fermée, personne ne peut entrer », explique-t-elle.Pour la présidente de l’association, le rôle du centre d’hébergement et de son équipe est de rassurer ces femmes et de les mettre à l’aise. « On a un jardin entretenu par les femmes qu’on accueille, et là, on a une aire de jeu pour les enfants des mamans qu’on héberge, avec des balançoires et des toboggans. Notre centre d’hébergement n’est pas une prison. On leur donne leur liberté. Elles peuvent cuisiner ce qu’elles ont envie de manger. Elles vivent comme une famille », indique Khadija Elidrissi.Dans la cuisine, on retrouve Ghizlaine. Depuis trois mois, la jeune femme de 41 ans est hébergée avec sa fille d’un an et demi. « J’étais mariée, mais mon mari s’est enfui et je ne savais plus où aller, alors je suis venue ici. Et ici, je suis en paix, on a tout à notre disposition. C’est comme si j’étais chez moi. Je suis même mieux que quand j’étais chez ma famille ou celle de mon mari. On s’entraide, on cuisine ensemble, on dort ensemble. On est comme des sœurs », explique-t-elle.Le centre peut accueillir jusqu’à 35 femmes. Elles peuvent rester autant qu’elles le souhaitent, mais le but de l’association est de les aider à gagner leur indépendance. Elles peuvent suivre des cours d’informatique et de couture pour pouvoir un jour trouver un emploi et subvenir à leurs besoins.
2/25/20242 minutes, 22 seconds
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Le théâtre au Cameroun: comment les comédiens des web-séries peuvent booster le théâtre [3/3]

Au Cameroun, le théâtre fait clairement de la résistance, le public a déserté les salles de spectacle. Le boom des réseaux sociaux a favorisé la web-série prisée par les populations, car elle épouse mieux l'air du temps. Certains comédiens de théâtre, en migrant vers la web-série, ont connu le succès. Avec leur popularité, ils contribuent au retour du public dans les salles.
2/24/20242 minutes, 19 seconds
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Le théâtre au Cameroun: Africlown, le spectacle qui ramène les clowns au théâtre [2/3]

Depuis 2022, la compagnie Koko Gna Longue, habituée du théâtre classique, s'est engagée dans le théâtre clownesque, un véritable challenge. Car, ce genre nouveau qui creuse progressivement son sillon est très peu connu du public camerounais. La compagnie est en tournée au Cameroun. Avec le spectacle Africlown, une pièce de trois numéros, montée en collaboration avec la compagnie Les Matarperses de Niort, Les comédiens sont déterminés à rencontrer leur public. À lire aussiHemley Boum, le Cameroun au cœur
2/23/20242 minutes, 21 seconds
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Le théâtre au Cameroun: portrait du dramaturge Landry Nguetsa [1/3]

Le festival « Théâtre 237 » débute ce vendredi à l’Institut français de Yaoundé. Dix représentations théâtrales sont au programme. Rencontre avec le dramaturge et metteur en scène Landry Nguetsa. Il est à la tête de la compagnie Emintha, avec laquelle il fait le tour du monde. Landry passe ses journées entre le campus universitaire où il dirige le théâtre, et différents lieux culturels de Yaoundé.
2/22/20242 minutes, 22 seconds
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À Madagascar, la Fondation H démocratise l'accès à l'art contemporain

Dans le cadre du Programme Hay, la Fondation H ouvre ses portes tous les matins à des écoles publiques de la capitale Antananarivo et ses environs, avant l’arrivée des visiteurs. Reportage auprès d'une classe de 9e venue visiter cette fondation privée malgache et participer à un atelier inspiré de l’œuvre de la tisserande Madame Zo. La Fondation H, qui soutient la création artistique du continent africain, s’est fixé comme objectif depuis 2021 d’offrir un nouvel espace d’interaction auprès du jeune public, pour démocratiser l’art contemporain et le patrimoine culturel africain. En moins d’un an, elle a accueilli près de 2 500 enfants.
2/21/20242 minutes, 21 seconds
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RDC: Kin’Gongolo, un groupe de musique kinois aux instruments 100% écolo

En République démocratique du Congo, Kin’Gongolo, un groupe de musique 100% kinois a une particularité : des instruments « déglingués » faits à partir de déchets et d’objets de récupération trouvés dans les rues de Kinshasa. Le résultat est étonnant : un mélange de groove et de rythmes traditionnels. Des morceaux qui rendent hommage aux travailleurs congolais et font passer un message écologique.  
2/20/20242 minutes, 22 seconds
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Tunisie: la renaissance de l'artisanat pipier à Tabarka

À Tabarka, au nord de la Tunisie, Anis Bouchnak perpétue un savoir-faire hérité de son grand-père depuis plus d’un demi-siècle, celui de maître artisan pipier. Dans un petit atelier, il produit une à deux pipes par jour, réalisées en bois de bruyère, qui pousse le long du pourtour méditerranéen et dans la Kroumirie, la région montagneuse du nord-ouest tunisien. Autrefois, elle servait aux maîtres artisans pipiers français, désormais, alors que l’activité est devenue rarissime en France, en Tunisie, Anis a su se l’approprier et la préserver. « Là on a mis en marche la perceuse, on va percer le trou du foyer, le foyer, c’est là où on met le tabac ». Dans son atelier, en plein centre-ville, Anis Bouchnak sculpte des broussins de bruyère… Un arbuste résistant au feu qui pousse dans la région de Tabarka dont le nom veut dire « pays des bruyères » en berbère. Il en fait des pipes à tabac, uniques en leur genre et entièrement réalisées à la main. « J’aime bien travailler avec les anciennes techniques. Je trouve que c’est beaucoup plus dur mais quand on arrive à avoir un résultat qui est égal à celui avec toutes les techniques modernes, on est beaucoup plus fiers quoi », dit-il.Un travail minutieux hérité du savoir-faire de son grand-père, artisan pipier depuis les années 70. « Nous en Tunisie, il y avait un gros marché de gens qui fumaient la pipe et on était obligés d’importer de France ou d’Algérie. Et il s’est dit puisqu’on a la matière première, et qu’elle est de qualité, pourquoi pas ne pas fabriquer notre propre pipe pour le marché tunisien ? », raconte-t-il.Pour connaître le métier, Chedly, son grand-père part en France et l’apprend d’une façon peu conventionnelle à Saint-Claude dans le Jura. Il veut acheter les machines nécessaires et regarder les artisans mais il se heurte à des refus. « En allant là-bas, personne n’a voulu lui vendre parce que c’était un arabe et qu’il y avait un peu de racisme à ce moment-là. Avec sa petite échelle, il montait par la fenêtre et il regardait les machines, il se faisait virer à chaque fois, il a vraiment volé le métier quoi. Et petit à petit, ben il a réussi. Deux ans pour remonter les machines, comprendre le process et tout, et une année pour sortir la première pipe ».Plus d’un demi-siècle plus tard, c’est Anis qui continue de faire vivre ce métier par passion. Il est passé de la production semi-industrielle de son grand-père à de l’artisanat. Depuis une dizaine d’années, il utilise le stock de bruyère hérité de génération en génération. « On a une très bonne qualité de bruyère un peu dure à travailler par rapport à la bruyère italienne ou la française mais quand on sort une belle bruyère, c’est très joli », indique-t-il.Les broussins d’Anis ont plus de 35 ans d’âge, une ancienneté nécessaire pour la qualité cette souche arborescente qui doit sécher pendant plusieurs années après avoir été bouillie pendant 12 heures dans de l’eau. « Et en fait, c’est un peu comme le vin. Plus on va laisser sécher, plus la bruyère va devenir légère, plus elle va avoir du goût », ajoute-t-il.Des produits principalement dédiés à l’export pour un marché international et très demandeur du fait main…
2/19/20242 minutes, 30 seconds
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Côte d'Ivoire: Picard Amiral, de braconnier à protecteur des tortues marines

Pour développer son projet de protection des tortues marines entrepris il y a 15 ans dans les environs de Grand-Bereby, l’ONG CEM (Conservation des espèces marines) a proposé aux chasseurs, habitués à nourrir leur famille avec la viande de tortues, de travailler pour l’organisation. Emballé par un projet à plusieurs facettes, Picard Amiral, ancien braconnier, est devenu spécialiste dans la protection et la préservation des trois espèces de tortues marines que l’on peut observer près des côtes ivoiriennes.  De notre envoyé spécial à Roc, près de Grand-Brerby,« Quand elles sont en train de faire leur ponte, il faut que nous, les écogardes, nous soyons à côté, pour les suivre. Après leur ponte, on les accompagne, jusqu’à la mer ». Il est 21h passé. Comme chaque soir, ou presque, Picard Amiral va arpenter la plage de roc. 4 km aller, 4 km retour, plusieurs fois par nuit. Sa lampe rouge sur le front et ses yeux grands ouverts, il recherche les tortues marines profitant de la nuit pour aller pondre discrètement des centaines d’œufs dans un trou qu’elles recouvrent de sable.Une nouvelle activité aux multiples bénéfices« Aujourd’hui, je me sens mieux dans ce projet par rapport au braconnage avant. Quand l’ONG est venue me solliciter, j’ai dit OK, c’est vrai, quand je vendais la viande de tortues, je gagnais un peu de sous pour pouvoir nourrir la petite famille. Mais l’ONG est venue pour les rémunérations, ils ne m'ont pas proposé grand-chose, mais mon village Roc a bénéficié de plein de projets, grâce aux tortues marines, on a eu un bâtiment de trois classes, dans notre école primaire, un château d’eau », note l'ancien braconnier.À écouter aussiLa mondialisation du braconnageLes tortues attirent les touristes et favorisent les dons. C’est son père, pourtant grand consommateur de viande de tortues marines, qui l’a convaincu de passer de braconnier à écogarde il y a une dizaine d’années. « La tortue marine est la nourriture de mes parents Kroumens, et aujourd’hui, on est venu leur priver de leur propre nourriture, et ce n’était pas facile pour eux…, reconnaît-il. On ne peut pas dire que le braconnage n'existe plus, mais les mentalités ont changé ».Altercations entre écogarde et braconniers Aujourd’hui, Picard Amiral est même devenu un spécialiste de l’animal, il gère une écloserie pour protéger les œufs des prédateurs et il est capable de reconnaitre les trois espèces de tortues marines présentes à Grand-Bereby à partir des traces qu’elles laissent sur la plage.Mais les débuts n’ont pas été faciles, il a fallu parfois en venir aux poings avec les chasseurs de tortues : « Quand je fais des patrouilles la nuit, je suis menacé par mes frères, je dirais sinon les braconniers ou les chasseurs de tortues. Souvent, je suis seul sur la plage, et ils peuvent venir à trois personnes, comme ça. Quand j'essaye de les ramener à la raison, ils essayent de me mettre des coups de poing, de me tabasser un peu partout... Pourquoi ? Parce que je ne veux pas leur laisser la liberté de tuer des tortues. À tout moment, c'est le même scénario. Je ne me suis pas laissé faire. J'ai eu aussi à les boxer sur la plage à cause des tortues marines. » Aujourd’hui, Picard rêve de suivre une formation scientifique en Côte d'Ivoire ou à l'étranger sur les tortues marines.À lire aussiCentrafrique: la difficile renaissance du parc national Manovo-Gounda Saint Floris [1/3]
2/18/20242 minutes, 39 seconds
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RDC: les agriculteurs de Manomapia face au désastre de l'exploitation minière [2/2]

Au quartier Manomapia, dans la commune de Fungurume, la pollution due à l’exploitation minière n’affecte pas seulement l’air. Les habitants se plaignent que le sol et l’eau sont aussi contaminés par le gaz provenant de l’usine de traitement du cuivre et du cobalt de Tenke Fungurume Mining (TFM). Les cultures sont détruites. Des accusations que l’entreprise continue de rejeter, les considérants non-fondées. C’est le deuxième volet du reportage Manomapia sous l’emprise de l’exploitation minière. De notre envoyée spéciale de Fungurume, Le quartier Manomapia est construit sur des collines. Presque chaque ménage a un jardin. On y trouve des légumes et surtout du maïs frais. Mais certaines plantes ont fané comme si le feu était passé par là. Debout dans son champ situé à 10 mètres de sa maison, Kasongo Mujinga est consternée : « Regardez l’état des plantes de maïs, pourtant nous sommes en saison des pluies. Regardez…. Tout est brûlé par l’acide, j’ai décidé de tout arracher. »Les arracher….. Car le service de l’environnement de la commune a interdit de consommer même les légumes, explique Jeanne Kapanga, sa voisine : « Que ce soit les légumes de nos jardins ou encore le maïs, nous avons l’ordre de ne pas les consommer. Ils nous ont dit que c’était contaminé par l’acide et que cela pouvait avoir des effets nocifs sur la santé. Mais, nous n’avons pas de choix. Nous les consommons. »Toute la récolte brulée par l'acideUne houe sur son épaule, Tshinyemba Koj revient de son champ situé dans la périphérie. Pour lui aussi, c’est la désolation, car l'agriculture est sa principale activité : « Il y a la patate douce, la courge, le maïs. Mais nous n'y touchons plus. On ne peut plus les consommer, tout est détruit. Comment allons-nous vivre ? Nous ne sommes pas des salariés, nous ne sommes que des cultivateurs. Là, les enfants ont été renvoyés hier de l’école, que vais-je faire ? »William Yav, un autre agriculteur, se voit aussi dépourvu de sa seule source de revenu. Il pense qu'il réalisera une mauvaise récolte sur son champ de maïs de deux hectares : « La culture du maïs n’est pas bonne cette année. Nos champs sont à l’image de ce que vous voyez ici dans le quartier, tout le maïs a brulé, il n’y aura pas de production cette année, c’est la galère. »Enquête en coursPour l’heure, l’étendue des champs impactés par l’activité minière de TFM n’est pas connue, car ces agriculteurs ne sont pas identifiés, explique Eric Muland, chef de service de l’agriculture de la commune de Fungurume : « L’agriculteur est censé acheter sa carte de planteur. Elle nous permet ainsi de l'identifier ainsi que son site d’exploitation. Et il va bénéficier de l’encadrement technique par des conseils. Et en cas de désastre, il sera assisté par des agronomes. »En attendant les conclusions de la commission d’enquête mise en place par le gouvernement provincial du Lualaba, certains paysans exigent déjà qu’ils soient indemnisés.À lire aussiRDC: la population de Manomapia sous l'emprise de l'exploitation minière [1/2]
2/17/20242 minutes, 20 seconds
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RDC: la population de Manomapia sous l'emprise de l'exploitation minière [1/2]

Depuis plus de six mois, des habitants du quartier Manomapia, de la commune de Fungurume dans la région du Katanga, dénoncent des cas de pollution de l’air, de l’eau et du sol. Ils accusent l’entreprise Tenke Fungurume Mining (TFM), l’un des gros producteurs du cuivre et du cobalt en RDC, qui a construit dans ce quartier sa nouvelle usine de traitement de ces minerais. Selon la communauté, une centaine de personnes ont déjà consulté le personnel soignant, que ce soit pour des problèmes respiratoires, des éruptions cutanées ou encore des saignements de nez. Saignements de nez, vomissements de sang : depuis décembre, six enfants sont morts. L'entreprise dément toute responsabilité. De notre envoyée spéciale de Fungurume, Assise sur une natte à l’entrée de sa maison, située à moins de 10 mètres de l’usine 30 K de TFM au quartier Manomapia, Alphonsine Mwambuyi pleure encore son bébé de six mois décédé il y a plus de quatre semaines : « Les infirmiers ont dit que les poumons de mon bébé étaient attaqués par l’acide. Il toussait beaucoup. Ensuite, il a vomi beaucoup de sang. Mon bébé m’a quitté dans ces conditions. J’ai une grosse blessure au cœur... »Alors que la discussion se poursuit, d’autres habitants du quartier en colère approchent. Marie-Claire Kabulo, âgée d'une cinquantaine d'années, n’hésite pas à montrer les éruptions cutanées sur son ventre : « Ces gros boutons apparaissent sur tout mon corps. Regardez, en dessous des aisselles… Vous voyez, madame ! Et j’ai de fortes douleurs, c’est dur. »« Nous mourrons à petit feu »D’après ces habitants, l’usine refoule chaque soir du gaz dans l’air. Ce qui affecte leur santé. Hélène Banza, qui a aussi saigné du nez il y a quelques semaines, relate les symptômes : « D’abord la tête devient lourde, tu as eu mal au cœur comme si on t’avait poignardé. Et puis la gorge sèche, les yeux et le nez chatouillent. Après des grosses gouttes de sang coulent du nez... »Un peu plus loin, Héritier, jeune papa d’une trentaine d’années, prend un bain de soleil devant sa maison. Lui non plus ne cache pas sa colère : « Les autorités nous demandent de nous calmer et pourtant, ici, nous mourons à petit feu... Moi, je n’ai nulle part où aller. Là, vous me voyez, je suis malade et affaibli, je ne travaille plus. »Analyses en coursÀ plus d’un kilomètre à l’est de l’usine est construit un centre de santé public. Vêtu de sa blouse blanche, Faustin, infirmier de garde, est aussi conscient du danger : « L’odeur de l’acide arrive jusqu’ici au centre de santé. Et pour nous protéger, nous mettons les masques qui sont conservés là dans l’armoire. Nous les donnons aussi aux malades internés dans le centre. »Plus de 100 malades provenant du quartier Manomapia ont été référés à l’hôpital général de la commune de Fungurume pour des soins. L’entreprise TFM déclare qu’elle prend très au sérieux les plaintes des habitants. Elle assure par ailleurs que ses mesures de protection de l’environnement sont conçues selon les normes les plus strictes. De leur côté, les autorités attendent les résultats des analyses des échantillons de sang, de l’air, du sol et de l’eau prélevés par un toxicologue avant de se prononcer.À lire aussiNord du Niger: la société civile d'Arlit s'inquiète de la qualité des eaux
2/16/20242 minutes, 21 seconds
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Tunisie: la détresse des familles de Tunisiens disparus en mer

En Tunisie, 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont morts en mer Méditerranée en 2023, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Un nombre record. Depuis le début de l’année, les départs de bateaux se multiplient et les familles de disparus restent dans le doute quant au sort de leurs proches qui n’atteignent pas les côtes européennes. Rencontre avec des familles d’une quarantaine de Tunisiens qui ont disparu depuis la mi-janvier. Reportage de notre envoyée spéciale à El Hencha,Depuis début 2024, l’Organisation internationale pour les migrations a décompté 124 disparitions en mer. Dans la ville d’El Hencha, les portraits des disparus en mer sont encore affichés sur une pancarte au rond-point, un mois après leur disparition. Le 10 janvier dernier, près d’une quarantaine de personnes âgées de 12 à 40 ans sont parties vers l’Italie dans une embarcation de fortune. Leurs familles n’ont plus de nouvelles depuis... Comme Meftah Jalloul, 64 ans, poissonnier et père de Mohamed, âgé de 17 ans et son seul fils : « Ce n’était pas sa première tentative, il avait déjà essayé deux fois et à chaque fois, je l’en empêchais. Il avait arrêté l’école et s’occupait d’un troupeau de moutons. Cette fois-ci, je l’ai aidé à partir, je lui ai donné 1 000 dinars, mais il ne m’a pas prévenu de quand est-ce qu’il allait prendre la mer ».Mohamed est parti pendant la nuit, avec une météo incertaine. Lui et les autres ont pris le risque de prendre la mer malgré le mauvais temps, en espérant ainsi ne pas se faire remarquer par les garde-côtes. Depuis, son père ne sait pas s’il a fait naufrage, car il n’a plus de contact : « Le seul espoir, c’est qu’ils aient dérivé vers la Libye. Nous avons des gens de notre entourage qui vont partir sur place, voir s’ils sont dans des prisons libyennes. Vu que j’ai travaillé là-bas, je sais leur dire où aller, c’est notre seule option ».Les familles livrées à elle-mêmesLes familles se sentent abandonnées par les autorités. Le tribunal de Sfax a ouvert une enquête, mais les recherches de corps en mer n’ont rien donné. Fathi Ben Farhat, professeur de Taekwondo de 48 ans, espère aussi que son neveu de 17 ans, Malek, se trouve en Libye : « On se retrouve dans des situations où c’est à nous d’enquêter parce que nous n'avons aucune information. Les députés, le gouverneur, la municipalité, nous appellent, nous les familles, pour avoir des informations sur les recherches, ils n’appellent pas la police. C’est pour vous dire à quel point on est seuls et livrés à nous-même. »Alors que les familles d’El Hencha attendent toujours des informations sur leurs proches, le 12 février dernier, la Garde nationale a annoncé que 17 personnes ont également été portées disparues dans la zone de Bizerte, au nord de la Tunisie. Comme à El Hencha, leurs familles se mobilisent, face à l’impossibilité du deuil, faute d'avoir trouvé les corps.À écouter aussiNaufrages en Méditerranée: les migrants face à une Europe forteresse
2/15/20242 minutes, 8 seconds
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À Madagascar, une bibliothèque de rue donne le goût de la lecture aux plus défavorisés

Dans un des quartiers très populaires de la capitale Antananarivo, une association malgache propose tous les samedis matin depuis 2016 une bibliothèque de rue itinérante destinée aux enfants défavorisés. Une association convaincue que la lecture et l’écrit peuvent être d’incroyables vecteurs d’ascension sociale. Reportage de notre correspondante de retour d’Anosibe « Qui a écrit ce livre ? (...) Quel est le titre du livre ? (…) Bravo ! » La bruine qui s’abat ce samedi matin sur le quartier boueux et malodorant d’Anosibe n’a pas effrayé la soixantaine d’enfants venue participer à l’atelier lecture. Ils ont entre 1 et 16 ans. Serrés les uns contre les autres, en tailleur sur la bâche dépliée pour l’occasion, ils écoutent, attentifs, le conte malgache lu par une des bénévoles de l’association Boky Mitety Vohitra (« Bibliothèque des rues » en français).« Ici, il y a beaucoup d’enfants non scolarisés, préciseMarie Michelle Razafintsalama, la présidente de l’association, à l’origine de cette formidable initiative. Je suis persuadée qu’on peut acquérir les connaissances sans être allé à l’école. Et c’est pour ça que je crois en cette activité, pour que les enfants puissent avoir les connaissances, les savoirs, apprendre l’éducation, le savoir-vivre, à se respecter. »À lire aussiMadagascar: la société civile dresse sa liste de recommandations pour transformer l'éducationLes filles représentent 50% des lecteursAprès la lecture commune, vient enfin le temps de lecture libre. C’est la ruée sur les livres. L’animatrice tempère : « chaque enfant choisit un livre qui lui plaît. Venez, venez ! Hé hé, asseyez-vous ! » Malgré le bruit ambiant, Malala, 14 ans, se plonge dans sa bulle et dévore les trois livres qu’elle a choisis : « Moi, je n’ai pas de livre à la maison. Tous les samedis, il y a la bibliothèque qui vient. Des fois, c’est dans d’autres quartiers, alors je me déplace : je viens à chaque fois. J’aime lire des livres, parce qu’il y a beaucoup de choses à découvrir. Je rêve de pouvoir lire plus, mais au quotidien, je me contente de mes cahiers d’école pour m’évader. »Victor, un papa, passe dans le quartier et reconnaît sa fille, assise au milieu des enfants, absorbée dans sa lecture : « Moi, je n’ai pas eu l’opportunité d’aller à l’école. J’ai passé toute mon enfance à mendier jusqu’à ce que je devienne tireur de charrette. Alors quand j’apprends que la bibliothèque vient ici, j’encourage ma fille à y aller. On a vraiment de la chance qu’ils soient là, ces bénévoles. Je dis à Tiana : "Sois attentive, écoute bien ce qu’ils vont t’apprendre, ça t’aidera à aller loin". » Aller loin, Marie-Michelle l’espère. Elle a aussi et surtout réussi à sensibiliser les familles pour laisser les filles venir à la bibliothèque de rue et les éloigner le temps de deux heures par semaine, des corvées du foyer. Elles représentent désormais 50% des lecteurs. Une belle victoire pour l’association.À lire aussiMadagascar: un appel aux dons pour l'éducation fait polémique
2/14/20242 minutes, 22 seconds
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Sur les traces africaines d’Aston «Family Man» Barrett

Au sein des Wailers, il était celui qui accompagnait Bob Marley à la basse. Né en 1946, Aston Barrett est décédé le 3 février dernier. Tout au long de sa carrière, avec ou sans la légende du reggae, il a tissé des liens et partagé son savoir avec le continent africain. C’est l’un des « riddim » – rythme en patois jamaïcain – les plus connus en Afrique. Enregistrée en 1986, avec Aston « Family Man » Barrett à la basse, son frère Carlton à la batterie, une chanson culte : Jérusalem, d’un certain Alpha Blondy. « Quand on a composé Jérusalem, j’ai apporté ma cassette de Côte d’Ivoire et Family Man est celui qui a tout goupillé. C'est eux qui ont officialisé l’existence du reggae africain », explique le chanteur ivoirien.Alpha Blondy a croisé la route d’Aston Barrett grâce à une grande journaliste qui a notamment écrit Rockers d’Afrique et Le Premier Rasta : Hélène Lee, qui a toujours fait le pont entre le continent africain et la Jamaïque. Des sessions studio à Kingston, Alpha Blondy retient une chose : le son, le feeling d’Aston Barrett. « Il y a une sorte de magie, dans sa basse et sa façon de jouer. Et il apporte quelque chose à laquelle vous ne vous attendez pas. Il apporte sa propre résonance, sa vibration. »L'Afrique unieLiés par le rastafarisme à l’empereur d’Éthiopie Hailé Sélassié, Marley et ses musiciens – dont d’Aston Barrett – se sont toujours tournés vers l’Afrique. En 1977, la pochette de l’album Survival est un patchwork des drapeaux du continent. Y figure ce titre : « Africa Unit ».En décembre de la même année, les Wailers sont invités à jouer au Gabon. Marley revient avec sa troupe en avril 1980. Dans la nuit du 17 au 18, dans le stade Rufaro bondé, les Wailers célèbrent sur scène l’indépendance de la dernière colonie européenne. La Rhodésie du Sud devient le Zimbabwe.Discret, sensible, mais si puissant avec sa basse, Aston « Family Man » Barrett a donc participé à sa manière à l’émancipation du continent africain. Et c’est dans ce cadre qu’Alpha Blondy a souhaité lui rendre hommage : « Mon frère "Family Man", mission accomplie. Vous avez rendu des millions d'hommes heureux, seul Dieu peut vous remercier. Reposez en paix. ».À lire aussiEn 2023, Bob Marley réunit toujours l’Afrique
2/13/20242 minutes, 18 seconds
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Centrafrique: la transhumance au cœur des tensions entre éleveurs et agriculteurs

Située au cœur du continent, la Centrafrique couvre une superficie de 623 000 km2 et possède plusieurs millions d’hectares de pâturages largement sous-exploités. Ce qui attire des éleveurs des pays de la sous-région, en quête de nourriture pour les troupeaux. Mais la transhumance transfrontalière qui s’observe chaque année pendant la saison sèche entre le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique est à l’origine de nombreux conflits entre éleveurs et agriculteurs. De notre correspondant à Bangui,Ce champ de 20 hectares a été saccagé et brûlé, il y a une semaine. En marchant, nous découvrons des tubercules de manioc, des ignames, des maïs ou encore des patates dont les résidus sont visibles. Pendant que Julienne évalue l’ampleur des dégâts, quelques bœufs égarés reviennent sur leurs pas. « La plupart des éleveurs ne distinguent pas les champs et les couloirs de transhumance, raconte-t-elle, très remontée. Les bœufs ont investi mon champ. Je les ai chassés avec des cailloux et des bâtons. Les éleveurs n’étaient pas d’accord. C’est pourquoi ils ont tout saccagé. »Le champ de Julienne se trouve à 500 mètres d’un cours d’eau très prisé par les bœufs. Un groupe d’éleveurs venus du Niger y a élu domicile. Ces nomades ont parcouru plus de 2 000 km à la recherche de verts pâturages. Moussa en fait partie : « Les éleveurs ont beaucoup de problèmes parce que ces derniers temps, les agriculteurs installent leurs champs à proximité des couloirs de transhumance et des points d’eau. C’est ce qui nous met régulièrement en conflit. »CohabiterEn 2023, une cinquantaine d’incidents ont été documentés entre éleveurs et agriculteurs. « Il y a des couloirs qui sont là alors on doit faire des investissements. L’important, c'est de faire le balisage de ces couloirs, relève Aimé Sambo, responsable de transhumance au sein de l’ONG Wild Life Conservation Society (WCS) qui travaille en partenariat avec le ministère de l’Élevage pour des solutions durables. On doit construire des points d’eau, on doit aménager les centres de santé vétérinaires pour attacher ces passeurs à suivre les couloirs afin de ne pas empiéter les parcs ou de ne pas empiéter les champs. En mettant en place ces infrastructures, nous allons minimiser le conflit. ».La République centrafricaine accueille chaque année environ 5 000 troupeaux d’éleveurs venus du Tchad, Cameroun, Soudan et Niger pendant la saison sèche.À lire aussiCentrafrique: à Paoua, l’insécurité menace le développement de la filière arachide [4/5]
2/12/20241 minute, 59 seconds
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Centrafrique: le retour des «cache-nez» pour se protéger de la poussière de Bangui

En Centrafrique, le gouvernement a mis en place depuis un an une politique de réhabilitation des avenues et ruelles de la capitale afin de stimuler l'économie locale. En conséquence des travaux, les trajets sont déviés dans les quartiers, sur des ruelles en latérite et les Banguissois subissent les panaches de poussière. Dans cette situation, les vendeurs de rue ont retrouvé la parade et un moyen de faire quelques gains, en ressortant les cache-nez. Les masques de protection utilisés contre le Covid-19, servent désormais de protection contre la poussière. À lire aussiCentrafrique: importante saisie de médicaments falsifiés près de Bangui
2/11/20242 minutes, 12 seconds
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CAN 2024: avant la finale, la mère de l'Ivoirien Sébastien Haller retient son souffle

Comme tout un pays, Simone Kuyo est passée par toutes les émotions pendant cette CAN. Aujourd’hui, la mère de Sébastien Haller rêve de voir son fils soulever la Coupe ce dimanche soir. C'est le grand jour à la CAN, celui de la finale de cette 34e édition qui opposera le Nigeria à la Côte d'Ivoire. Des Ivoiriens ressuscités, passés par toutes les émotions et qui vont pouvoir compter sur leur buteur star, Sébastien Haller. L'attaquant du Borussia Dortmund, de retour d'une blessure à la cheville, a joué son premier match comme titulaire en demi-finale et a marqué le seul but du match contre la RDC. Il est venu à la CAN avec sa femme, sa sœur, ses enfants et sa maman, Simone Kuyo, qui a vécu jusqu'à ses 17 ans en Côte d'Ivoire. Le buteur de 29 ans revient de loin. Lui qui a vaincu un cancer l'an dernier n'imaginait pas rater cette CAN en Côte d'Ivoire.Le match Côte d'Ivoire-Nigeria est à suivre ce dimanche soir à partir de 20h TU en direct et intégralité sur l'antenne Afrique de RFI.À lire aussiCAN 2024: pour la RDC, un dernier match peut transformer la «CAN du travail» en CAN de la fierté
2/10/20242 minutes, 52 seconds
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Kenya: The Travelling Telescope veut rendre l'astronomie accessible à tous

Un planétarium mobile et des télescopes. C’est grâce à ces outils qu’une initiative kényane fait découvrir les étoiles et planètes aux plus jeunes, aux quatre coins du pays. Depuis bientôt dix ans, The Travelling Telescope tente de rendre l’astronomie accessible à tous et toutes. À travers des activités dans des écoles, des séances dans son planétarium à Nairobi ou encore des week-ends d’observation des étoiles, l’organisation espère inspirer des vocations.
2/9/20242 minutes, 16 seconds
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RDC: l'hôpital de Salama à Bunia se dote d'un pôle chirurgical

En Ituri, dans le nord-est de la RDC, les populations subissent les violences de conflits communautaires ainsi que les exactions des ADF, une milice venue d’Ouganda. D’après les Nations unies, plus de 200 civils ont été tués ces six dernières semaines en Ituri, où les infrastructures de santé manquent. À Bunia, depuis juin, l’hôpital de Salama a ouvert un pôle chirurgical grâce à Médecin sans frontières.
2/9/20242 minutes, 16 seconds
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Bouaké, ville de CAN depuis 40 ans

Place aux demi-finales de la CAN ce mercredi 8 février, avec un dernier match joué au stade de la Paix de Bouaké : Nigeria-Afrique du Sud. Bouaké avait déjà accueilli une demi-finale de CAN, en 1984. La ville était la seule à l'époque, en plus d'Abidjan, à recevoir la compétition. Depuis, le stade a quasiment doublé de volume après deux rénovations en 2007 et 2018. Et Bouaké a beaucoup changé. La deuxième ville du pays profite aussi de la CAN pour tourner la page douloureuse des années noires et de la crise des années 2000. Avec un acteur central dans l'histoire de la ville depuis 40 ans : le stade, aujourd'hui appelé stade de la Paix. Nigeria-Afrique du Sud à Bouaké : à suivre en direct sur RFI à partir de 17h TU.RDC-Côte d'Ivoire à Abidjan : à suivre en direct sur RFI à partir de 20h TU. À lire aussiCalendrier, résultats et classements des matches de la CAN 2024À lire aussiCAN 2024: Nigeria-Afrique du Sud, Côte d’Ivoire-RDC... ce qu’il faut savoir sur les demi-finales
2/7/20242 minutes, 38 seconds
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Madagascar: visite d'une plantation artisanale de vanille de l'île aux Nattes

Un couple franco-malgache dans le secteur de la vanille depuis des générations a décidé il y a 10 ans de se lancer dans la culture et la commercialisation de la gousse sur l’île aux Nattes, petit coin de paradis de 3 km² au large de la côte Est malgache. La petite exploitation accueille désormais des touristes pour une immersion sensorielle, gustative et totalement écologique. De notre correspondante à Antananarivo,Devant l’un de ses 2 000 pieds de vanille, Lionel Schmitt présente au visiteur ses protégées : des gousses vertes, au calibre exceptionnel.« Elle est bien épaisse, elle est bien dure, bien charnue. Cela fera un bon produit, un produit de qualité. » Son secret, il le partage volontiers. Il ne pollinise qu’une fleur sur deux. « Si on pollinisait toutes les fleurs, on aurait des gousses qui feraient 14-16 cm. Mais là, ça nous permet d’avoir des gousses qui font 20-22 cm », explique-t-il. « Alors, tu vois, là, il y a les pétales de la fleur qui s’ouvrent et si à midi on n’a pas pollinisé, la fleur va se refermer et là, c'est terminé, elle ne produira plus. Donc, il faut polliniser avant midi. »Lionel a tout appris de son épouse, Lynda Razanavololona. Comme elle, il reproduit le geste, vif et précis, de la pollinisation manuelle, à l’aide d’une épine de citronnier cueillie sur l’agrume d’à côté.« Là, juste en dessous de mon pouce, tu as le sac à pollen, et en dessous, le pistil. Je dégage le pistil et l’étamine, je lève le petit opercule, tout simplement, et je mets en contact le sac à pollen et le pistil pendant cinq secondes », indique Lionel.À lire aussiMadagascar: les planteurs lancent un cri d'alerte face à la chute des prix de la vanillePas de produits chimiquesLes visiteurs peuvent s’initier au geste. La promenade se poursuit. La chaleur est intense et les odeurs, multiples. Le sol est meuble, presque élastique. Des troncs de bananiers jonchent la plantation, vestiges de la dernière tempête, la semaine passée. Ils feront de l’humus en se désagrégeant et nourriront les pieds de vanille.Ici, nulle trace de produits chimiques. Les petits tracas se règlent grâce à des solutions naturelles.« On avait un problème avec les escargots, qui nous mangeaient les feuilles de vanille. Et ce qu’on a trouvé, c’est qu’il fallait juste faire un habitat pour les hérissons et il suffit de mettre des branches, des feuilles, tout un amas de produits où ils puissent faire un nid. Ils sont venus. Et depuis, ce sont eux qui nous mangent les escargots », dit Lionel Schmitt.À lire aussiMadagascar: un rapport explosif crée la polémique au sein de la filière de la vanille« Tout est artisanal »Au village, la visite de la petite exploitation a rehaussé l’offre culturelle touristique de l’île et fait la joie des habitants. À la boutique, Lynda emballe avec soins les gousses qui ont séché dans des bouteilles en verre.« On est passionnés. Moi, je suis quatrième génération qui cultive, qui prépare, et qui vend de la vanille. Tout est artisanal », assure Lynda. « Nous, on ne récolte pas à la date de l’ouverture de la campagne vanille. On préfère attendre plusieurs semaines pour que notre vanille soit bien mûre et ait plus de vanilline. »Star de Madagascar, fleuron de l’agriculture nationale, la vanille qui a fait de la Grande île le premier exportateur mondial de l’épice, se dévoile ici, à l’île aux Nattes, en toute simplicité.
2/6/20242 minutes, 23 seconds
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En Côte d’Ivoire, le foot c’est ballon, et la CAN c’est bouchon

En Côte d’Ivoire, il ne reste plus que quatre rencontres, une à Bouaké et trois à Abidjan, avant la fin de la CAN. Pour le plus grand regret de tous les fans de football. Les habitants du nord d’Abidjan, eux, vont pouvoir souffler un peu. Notamment autour du village d’Ebimpé où se trouve l’immense stade Alassane Ouattara, et dans la commune voisine d’Anyama. Car les jours de match, les locaux doivent prendre leur mal en patience : impossible d’avancer d’un pouce. Malgré les bouchons d’Anyama, conducteurs, commerçants et écoliers restent philosophes malgré tout.  À lire aussiCAN 2024: Nigeria-Afrique du Sud, Côte d’Ivoire-RDC... ce qu’il faut savoir sur les demi-finales  À lire aussiCAN 2024: Haller, Lookman, Mokoena... ces joueurs qui peuvent faire la différence en demi-finales
2/5/20242 minutes, 33 seconds
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Côte d'Ivoire: les lêkês, l'atout tendance et charme de la CAN

La Côte d'Ivoire est toujours en course, dans cette 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations. Et c'est tout un pays qui profite de la qualification des Éléphants en demi-finale. Les ventes de maillots sont en hausse, et celles de lêkês aussi ! Les lêkês, ce sont ces petites chaussures ouvertes en plastique, très populaires depuis les années 80 dans le pays. Les Ivoiriens seront tous en lêkês mercredi soir pour la demi-finale entre la Côte d'Ivoire et la RDC.
2/4/20242 minutes, 38 seconds
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Maroc: Imsouane, un village de pêcheurs et de surfeurs détruits par les bulldozers

Le 17 janvier dernier, les commerçants et les habitants d'Imsouane, un village de pêcheurs connu pour ses vagues et ses côtes prisées des surfeurs, ont reçu un ordre clair des autorités locales : quitter les lieux en 48 heures avant l’arrivée des bulldozers. La raison officielle invoquée est l’occupation illégale du domaine maritime public. Mais les habitants pensent qu’on les expulse pour construire des grands complexes hôteliers modernes et luxueux. De notre envoyée spéciale à Imsouane,« Ce qui s'est passé, ça fait mal au cœur. Ce n'est pas juste pour moi, c'est pour pas mal de gens qui sont dans la même situation que moi, parce que je n'ai rien, je n'ai que ça ». Abderrahim tenait un petit restaurant dans le centre historique d’Imsouane. Il était connu pour cuisiner le meilleur poulpe de la région. « Ici, c'est ma petite maison, c'est pour le business. Mais la famille, elle vit ailleurs, elle vit à Tamri. J'ai réussi à louer une maison parce que je travaille ici, donc je peux payer le loyer. J'ai loué une maison pour mes enfants, pour qu'ils aient accès à l'école ». En 48 heures, Abderrahim a perdu sa seule source de revenus. Ils sont nombreux à être dans la même situation, le centre faisait vivre de nombreuses familles, installées dans les montagnes aux alentours. Depuis trois ans, Younes est propriétaire d’une maison troglodyte sur le front de mer. Son combat, c’est la protection de ce patrimoine.« J'aimerais juste qu'ils laissent un endroit de mémoire où les gens puissent dire ça, c'était l'ancien Imsouane, avant, c'était comme ça. J'espère seulement que l'avenir pour ce village inclura évidemment la population locale, qui est la population qui a fait émerger la destination Imsouane. Donc, j'ai confiance en les autorités de mon pays pour prendre les bonnes décisions et pour n'oublier personne sur la route », explique-t-il.Aucune demeure préservéeMalgré le combat mené par Younes, sa maison troglodyte a été détruite. Aucune demeure du front de mer n’a été préservée. Si Younes a encore confiance en son pays, d’autres n’en attendent plus rien.C’est le cas de Mohamed Irizi, un autre habitant du front de mer. « On nous a appris l’amour de la patrie, nos parents, nos grands-parents nous l’ont transmis. Ils nous ont enseigné à mourir pour notre religion, pour nos enfants et pour notre pays, mais on nous l’a confisqué ce pays et nos enfants aussi. Ils sont perdus et nous, on se tait encore et encore. Mais jusqu’à quand on va avoir peur ? On ne meurt qu’une fois ? Eh bien, venez nous tuer. Venez me tuer une bonne fois pour toutes plutôt que de me tuer à petit feu comme vous le faites. »Le réaménagement d’Imsouane est prévu depuis 2022. Mais dans ce plan que nous avons pu consulter, le centre historique du village devait être rénové, mais préservé. Contactées, les autorités locales n’ont pas donné suite à nos sollicitations.À lire aussiMaroc: les habitants du village d’Imsouane, réputé pour ses plages de surf, chassés de leurs maisons
2/3/20242 minutes, 30 seconds
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Mauritanie: dans le parc national de Diawling, le défi de la préservation des espèces

Chaque année, le parc national du Diawling, au sud de la Mauritanie, qui borde le fleuve Sénégal, procède au comptage international des oiseaux d’eau migrateurs et locaux. L’occasion de faire l’état des lieux de ses zones humides. Créé en 1991, ce parc a été conçu pour restaurer entièrement l’écosystème du territoire asséché par les aménagements hydro-agricoles mis en place sur le fleuve Sénégal, comme le barrage anti-sel de Diama en 1987. Une préoccupation toujours au cœur des priorités du parc et plus largement de la réserve de biosphère transfrontalière.
2/2/20242 minutes, 15 seconds
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Sénégal: trouver un emploi, une galère pour les chômeurs de Kédougou [5/5]

Préoccupation centrale des Sénégalais, à l’approche des élections : celle de trouver du travail. Avec un taux de chômage autour de 20% en 2023, cette difficulté à trouver un emploi est particulièrement forte pour les moins de 35 ans qui représentent les 2/3 de la population. À Kédougou, par exemple, région enclavée à 700 km de Dakar au sud-est du Sénégal, le secteur privé peine à absorber les demandeurs d’emploi même si plusieurs sociétés minières internationales exploitent de l’or dans cette région. À lire aussiPrésidentielle au Sénégal: avec les creuseurs de Kédougou, dernière grande ville de l’Est
2/1/20242 minutes, 14 seconds
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Sénégal: à Dakar, les prix des loyers explosent [4/5]

Dans la région de Dakar, les loyers ont augmenté de 256 % entre 1994 et 2014. Et les frais dévolus au logement représentent en moyenne 37% du budget des ménages. Les prix de la location explosent, malgré un décret entré en vigueur le 1ᵉʳ mars 2023 pour imposer une baisse de 15 % des mensualités de moins de 300 000 francs CFA.
1/31/20242 minutes, 23 seconds
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Sénégal: des disparités dans l'accès à l'électricité [3/5]

Le Sénégal a un des bons taux d’électrification pour la région, il atteint près de 80% en moyenne. Mais il y a en réalité beaucoup de disparités entre les villes et les campagnes, et dans certaines zones rurales, les habitants sont toujours privés de courant. Parfois, alors même que des pylônes électriques passent en plein milieu de la localité.
1/30/20242 minutes, 25 seconds
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Sénégal: paroles d'agriculteurs des zones rurales de Fatick [2/5]

Cette semaine, RFI s’est déplacée à travers le Sénégal pour écouter les préoccupations des populations un mois avant l’élection présidentielle du 25 février prochain. Une de nos correspondantes, Théa Ollivier, s’est rendue dans la région de Fatick, fief du président sortant Macky Sall, pour donner la parole aux agriculteurs des zones rurales.
1/29/20242 minutes, 20 seconds
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Sénégal: le pouvoir d'achat des familles face au coût de l'alimentation qui explose [1/5]

C’est l’une des préoccupations principales des Sénégalais à l’approche des élections : le coût de la vie, en particulier de l’alimentation, qui explose ces dernières années. Le pouvoir d’achat des familles diminue et cette baisse les force à faire des sacrifices. 
1/28/20242 minutes, 16 seconds
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Tunisie: les semailles perturbées par le changement climatique

En Tunisie, la saison des semailles touche presque à sa fin, mais cette année les agriculteurs ont dû s’adapter à la longue période de sécheresse qu’a connu 2023. Avec l’arrivée tardive des pluies, beaucoup ont semé sur le tard leurs céréales et craignent une nouvelle baisse de production pour la récolte à venir. En 2023, la récolte céréalière avait déjà connu une baisse drastique de 60% par rapport à 2022 à cause des sécheresses. Pour tenter d’anticiper la saison 2024, l’Office des céréales a annoncé augmenter de 24% les semis et de soutenir les agriculteurs, mais sur le terrain, les professionnels font face à de nombreux problèmes, climatiques et économiques.  De notre correspondante à Tunis,À Oued Zitoun, au nord de la Tunisie, certains champs sont asséchés et délaissés, d’autres sont en plein labour, d’autres encore verdoyants. Ce paysage atypique reflète les problèmes des périodes de sécheresse de ces dernières années.Aymen, agriculteur de 34 ans, prépare sa parcelle de 80 hectares pour y semer de l’orge. « Là, vous avez des gens qui sèment encore par ici, ceux qui le font à la main, sans le semoir. Vous avez aussi ceux qui ont déjà planté, surtout tout ce qui est foin, parce que c’est mieux de commencer par ça », indique-t-il.Tout un secteur affectéSi chacun fait les semailles à son rythme, c’est parce que les agriculteurs jouent au chat et à la souris avec les pluies tardives et sporadiques, elles sont arrivées seulement fin novembre cette année.« C’est vrai qu’on a commencé les semailles très tard cette année, on attendait la pluie, qui est arrivée en retard », poursuit Aymen. « D’habitude, on commence à préparer la terre et les semailles dès le mois de septembre, mais là tout a été chamboulé, on a eu un automne chaud avec l’arrivée des pluies seulement en novembre. Et en plus, on doit faire vite, car lorsque arrivent les pluies, elles sont diluviennes donc la terre n’est pas exploitable, on doit profiter des deux ou trois jours d’éclaircie pour semer. »Ces chamboulements climatiques affectent toute la chaîne de production et le métier d’agriculteur est de moins en moins rentable pour les petits exploitants.Belaid Amor, 60 ans, au volant du tracteur et agriculteur depuis quatre décennies, en sait quelque chose. « Je le vois autour de moi. Les agriculteurs n’ont plus les moyens de travailler, ils ne peuvent pas acheter un tracteur, encore moins une terre, ils ne peuvent pas se payer un semoir, l’engrais et s’ils louent une terre ou que l’État leur donne une terre, ça ne change rien, car ils ne peuvent pas payer les ouvriers qui vont l’aider », constate-t-il.Manque de vision dans la politique agricoleLeith Ben Becheur, agriculteur de Jendouba au nord-ouest, s’inquiète du manque de vision dans la politique agricole. Car après les semailles tardives vient le problème des engrais, pas toujours disponibles en quantités suffisantes.« Ce que l’on demande tout simplement, c'est qu’il y ait suffisamment de contrôle au niveau de la qualité et des prix et qu’on ne serve pas à l’agriculteur qui peine déjà à droite et à gauche, des produits qui risqueraient d’être des vieux stocks parce qu’il y a eu deux ans parce qu’il y a eu deux années de récoltes très médiocres donc de moins forte utilisation de ces choses-là. »Il faudra encore surveiller la pluviométrie du mois de mars et la hausse des températures pour garantir un bon rendement en 2024.
1/27/20242 minutes, 24 seconds
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Le festival Réminiscence explore la richesse de la littérature ivoirienne

À l’occasion de la CAN, le festival culturel Réminiscence organise à Abidjan une exposition collective qui célèbre quatre piliers de la littérature ivoirienne : les romanciers fondateurs Bernard Dadié et Ahmadou Kourouma, l’autrice jeunesse Jeanne de Cavally et le poète et dramaturge Niangoran Porquet.  De notre correspondante à Abidjan,Ces mots sont issus du célèbre ouvrage autobiographique de Bernard Dadié, Climbié. Le titre de l’exposition, « Créons pour ne pas mourir des imitations », a été emprunté lui aussi à cette figure tutélaire de la littérature ivoirienne, qui a ouvert en Côte d’Ivoire le champ de la poésie, des contes et des nouvelles… « On se trompe souvent sur cette Afrique des années 1930 à 1960, observe Nicole Vincileoni, spécialiste de Bernard Dadié – dont un quart de l'œuvre n’a jamais été publiée – et secrétaire générale de sa bibliothèque-archives. On se trompe sur ces générations, qui étaient des générations qui avaient un besoin fou de culture, de connaître le monde, qui apprenaient toutes les langues, si c’était possible, et toutes les cultures... Et puis après, bizarrement, avec les indépendances, il y a eu comme un repli sur soi. »Pour trouver sa voie, la littérature de la Côte d’Ivoire indépendante a dû rompre avec l’académisme colonial – avec les imitations, justement – et se rapprocher de sa propre culture, indique Alain Tailly, ingénieur culturel et écrivain : « C’est une littérature relativement jeune. C’est une littérature en construction, qui a commencé par imiter les grands maîtres français. Mais à partir des années 1960, qui a produit des textes où elle revendiquait une originalité de la langue, notamment avec Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, l’immense Kourouma. Une littérature d'affirmation, de quête d’une identité ».Une identité étroitement liée aux traditions orales de la Côte d’Ivoire, pour l’écrivaine Véronique Tadjo, qui a elle-même repris l’histoire de la reine fondatrice du royaume Baoulé dans son ouvrage Reine Pokou, avec une lecture moderne du mythe à la lumière de l’histoire politique de son pays. « Moi, j’ai été nourrie au conte, et l’oralité est très importante. Et elle continue, d’ailleurs. Une oralité urbaine, on le voit avec les jeunes qui s’emparent du nouchi, qui continuent ce travail sur la langue française. Qui ressentent cet héritage comme le leur, mais qui veulent que cette langue ressemble à leur réalité », indique-t-elle.Avec 600 écrivains publiés en Côte d’Ivoire, les jeunes talents sont nombreux, les maisons d’édition également. Mais la chaîne du livre a désormais besoin d’être dynamisée et structurée, plaide Alain Tailly, et de s’étendre sur tout le territoire ivoirien, pour toucher les lecteurs hors des murs d’Abidjan.
1/26/20242 minutes, 16 seconds
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CAN 2024: à Korhogo en Côte d'Ivoire, football et spiritualité sont étroitement liés

Malgré deux défaites en trois matchs, la Côte d’Ivoire s’est qualifiée in extremis pour les huitièmes de finale de sa CAN de football à domicile. Elle affrontera le Sénégal ce lundi 29 janvier. Certains y verront un cadeau du ciel, d’autres la conséquence d’un travail mystique. Un cliché peut-être, mais aussi une réalité : dans les territoires où les croyances traditionnelles sont encore très présentes, sport et spiritualité sont souvent associés. Exemple à Korhogo, dans la région du Poro.
1/26/20242 minutes, 26 seconds
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Pablo Picasso chez les Sénoufos

C'est l'histoire improbable de la visite de l'un des plus grands artistes de l'histoire dans un petit village de Côte d'Ivoire : Pablo Picasso est-il allé se ressourcer, trouver l'inspiration auprès d'artisans traditionnels du peuple sénoufo, au nord du pays ? Difficile de l'affirmer à 100%, mais des guides touristiques nationaux et internationaux en font l'écho. Et même les biographes de l'artiste ne démentent pas catégoriquement.
1/24/20243 minutes, 5 seconds
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Guinée: les jeunes panafricains tentent de faire vivre l'héritage de Kwame Ture [2/2]

Il y a 25 ans, Kwame Ture disparaissait. Le leader du mouvement des droits civiques, idéologue du Black Power, devenu panafricain, est enterré à Conakry, où il a passé la moitié de sa vie. Aux États-Unis, Kwame Ture reste une figure importante dont on continue de faire connaître les combats, c’est une personnalité plus confidentielle en Guinée. Certains tentent néanmoins de faire perdurer son souvenir, notamment parmi la jeune génération de militants panafricains. De notre correspondant à Conakry,Ils sont plusieurs dizaines, réunis dans l’un des seuls parcs de Conakry, ils terminent d’installer une estrade. Des militants venus de neuf pays du continent pour participer au Festival international panafricain de Nguékhokh. À cette occasion, un hommage a été rendu à Kwame Ture. « C’est l’un des plus grands panafricains parmi les afro-descendants, si ce n’est le plus grand. Car il a quitté les États-Unis, il a choisi de rester en Afrique, de travailler pour les Africains et avec les Africains », affirme le responsable de la Commission communication du Fipan, Baben Souaré.Mais si l’héritage de Kwame Ture est aujourd’hui valorisé aux États-Unis, son souvenir en Guinée a fini par s’estomper : « On ne peut pas avoir une conscience politique sans conscience historique. Donc forcément, il faut connaitre le passé, connaitre son prédécesseur », explique Souleymane Diallo, coordinateur général du Fipan, qui est venu du Sénégal. La pensée de Kwame Ture doit permettre, selon lui, de former les jeunes militants : « Pour nous, c’est un militant incontournable du milieu panafricanisme. C’est vrai que beaucoup de panafricanistes ne le connaissent pas bien. C’est pour cela que nous essayons de faire un travail de fond pour expliquer son œuvre, pour expliquer comment à travers son approche, à travers ses idées, il a pu aider tous les pays africains, notamment la Guinée à aller vers un processus de souveraineté et d’indépendance », ajoute Souleymane Diallo.Le plus jeune fils de Kwame Ture, Alpha Yaya participe à l’évènement. Derrière lui, une affiche. Sur une carte de l’Afrique sont représentées les grandes figures du panafricanisme. Le visage de Kwame Ture a été placé au centre du continent : « Kwame appartient à toutes ces personnes qui désirent être libres. C’est un sentiment de fierté de voir qu’il est aimé et qu’il continue à guider des millions de jeunes à travers le monde, malgré son absence. »Sur un continent et dans un pays plus précisément, la Guinée, où la nouvelle génération est en quête d’identité, les figures comme Kwame Ture trouvent aujourd’hui une seconde jeunesse. Les idées du penseur et militant, toujours aussi actuelles, posent les bases des combats politiques du XXIe siècle en Afrique.À lire aussiKwame Ture, le destin hors du commun d'un Black Panther parti s'installer en Guinée [1/2] 
1/23/20242 minutes, 20 seconds
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Kwame Ture, le destin hors du commun d'un Black Panther parti s'installer en Guinée [1/2]

Il est né dans les Caraïbes, a grandi à New York et est mort à Conakry. Stokely Carmichael, alias Kwame Ture, est une figure du mouvement des droits civiques aux États-Unis, et un idéologue charismatique du Black Power. Cet Afro-Américain s’établit dans la Guinée de Sékou Touré à la fin des années 1960. Son destin restera à jamais lié à ce pays où il développe de nouvelles thèses panafricaines. De notre correspondant à Conakry,Lui, son regard magnétique. Elle, son visage doux et lumineux. Stokely Carmichael et la chanteuse, militante sud-africaine Miriam Makeba, forment un couple iconique de la lutte antiraciste. À la fin des années 1960, ils s’envolent pour la Guinée.« C’est quelqu’un qui laisse tous ses privilèges aux États-Unis pour venir en Afrique, où le pays peine à se développer. Il faut être un homme de conviction et un Africain dans l'âme pour pouvoir faire cet acte », dit son fils Alpha Yaya.À Conakry, au contact du président Sékou Touré et de son ami le dirigeant ghanéen Kwame Nkrumah, Stokely Carmichael se convertit au panafricanisme qu’il va désormais considérer comme la solution aux problèmes du peuple noir. En hommage à ces deux leaders, il adopte un nouveau nom : il devient Kwame Ture.   Jordan Garcia, le consul honoraire de la Guinée en Californie, explique que « c'est quelqu'un qui [l'a] tout de suite très intéressé, parce que c'était différent de Martin Luther King qui était un pasteur. Si on vous mettait une claque sur la joue gauche, il faut tendre la joue droite. Lui, c'était complètement différent. C'était “s'il nous tire dessus, on va leur retirer dessus”. »De figure controversée à personnage réhabilitéÀ cause de ses idées, le jeune Stokely Carmichael se retrouve dans le viseur du FBI. Figure controversée dans les années 1960, aux États-Unis, le personnage historique a depuis longtemps été réhabilité par Washington. « Le gouvernement reconnaît les complexités de l'histoire de Kwame Ture », explique l’ambassadeur des États-Unis à Conakry, Troy Fitrell. « Ses contributions et ses opinions, ses positions plus radicales. Mais les positions plus radicales sont aussi une contribution à la conversation des droits civiques ». 1998, le 15 novembre. L’ambassadeur américain de l’époque assiste même, à Conakry, aux funérailles de Kwame Ture. « Il a vécu la moitié de sa vie en Guinée. Il adorait la Guinée, il adorait le peuple guinéen. Il voulait mourir ici », rappelle Bokar Biro, le fils aîné du penseur panafricain.Kwame Ture est enterré au cimetière Cameroun à Conakry. Il repose dans la partie musulmane. 
1/22/20242 minutes, 24 seconds
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Côte d'Ivoire: à San Pedro, les ONG en soutien aux travailleuses du sexe durant la CAN

À San Pedro, supporters et travailleuses du sexe affluent dans la cité côtière où la CAN bat son plein. Dans un pays où le VIH a reculé de près de 50 % sur la dernière décennie, et où les autorités affichent leur ambition d’éradiquer la maladie d’ici 2030, les ONG craignent une recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST) pendant la compétition.
1/21/20242 minutes, 29 seconds
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«Essamay: Bocandé la panthère», un documentaire sur la légende du football sénégalais

C’est l’histoire d’une légende du football sénégalais et africain : Jules François Bocandé, originaire de Casamance et décédé en 2012. Il est pour la première fois mis à l’honneur dans un documentaire, Essamay : Bocandé la panthère, qui a été diffusé en avant-première à Dakar. Un moment d’émotion pour les spectateurs et le réalisateur.
1/20/20242 minutes, 16 seconds
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Côte d'Ivoire: au Bardot de San Pedro, la CAN pour tous

San Pedro, connue pour son dynamisme économique, son port et son industrie du cacao, présente une autre facette avec le quartier du Bardot. L'ancien plus grand bidonville d'Afrique de l'Ouest s'est construit de façon anarchique, au fil des arrivées des nouveaux habitants, venus des terres du Liberia voisin, de Guinée ou du Burkina Faso. Rattachés à la municipalité en 2011, les quartiers insalubres se sont modernisés et la CAN a fait du bien grâce à de nouvelles infrastructures. On peut même y profiter de la CAN presque comme ailleurs.
1/19/20242 minutes, 47 seconds
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RDC: à la rencontre des auteurs de bandes dessinées de Lubumbashi

Si aujourd’hui le manga ou les comics sont prisés des jeunes Congolais, à Lubumbashi, une nouvelle génération de bédéistes se lance un défi : celui de proposer à ses lecteurs des histoires locales avec un style de dessin qui met en valeur l’Afrique et sa culture. Un premier numéro Le Combat des éléphants a été publié en version électronique à la fin du mois décembre dernier. De notre correspondante à Lubumbashi,Assis derrière son ordinateur, Jeannot Kongolo, jeune bédéiste, tient entre ses mains un album imprimé en noir et blanc. La bande dessinée porte le titre de Rafiki, « Ami » en kiswahili.« Rafiki est une production de notre groupe BELUShi. C’est une idée qu’on a développée, et on aura à aborder plusieurs thèmes. Pour la première partie, nous avons parlé de l’insalubrité dans la ville. Il y a trois personnages. Celui-ci c’est Kyabu, lui, c'est Rafiki qui s’appelle Mingaji. Il y a aussi la fille qui se nomme Ngoy », indique-t-il.Un style de dessin propreEntre-temps, chaque membre du groupe développe ses propres projets. Daniel Mukembe, par exemple, vient de publier la version électronique de sa bande dessinée intitulée en kiswahili Bukonvi ya Tembo.« Le titre Bukonvi ya Tembo signifie “Le Combat des éléphants” ou “Le Combat des géants”. Je me suis inspiré du dicton qui dit “Lorsque deux éléphants se battent, ce sont les fourmis qui en pâtissent”. Alors, je parle de la situation politique dans notre pays. Chaque fois que des acteurs politiques s’affrontent, la population paye le prix. Il y a des jeunes qui meurent », explique-t-il.Dans cette œuvre, Daniel Mukembe a utilisé un style de dessin qui lui est propre. « J’ai voulu faire revivre l’Afrique, avec les scarifications et les motifs Africains et aussi la ressemblance des personnages à la réalité », insiste-t-il, avant de poursuivre : « Parce que j’ai eu à lire des bandes dessinées qui parlent de l’Afrique et produites par des Européens, tous les personnages africains sont caricaturés, alors que les autres sont semi-réalistes »Une absence d'industrie culturelle pour promouvoir la bande dessinéeCette effervescence ravive de vieux souvenirs sur la bande dessinée made in Lubumbashi. « Il y avait des journaux tels que Mwana Shaba Junior qui publiaient une série dans chaque numéro. On racontait beaucoup d’histoires ; on interpellait les travailleurs à ne pas voler, à protéger l’outil de travail », se souvient Robert Aron Tshibang, fonctionnaire de l’État.Mais la jeune génération des bédéistes de Lubumbashi fait face à l’absence d’industrie culturelle pour promouvoir son travail, explique Ethan Ndala, l’un d’eux.« Par exemple, pour l’animation, il nous faudra un bureau, du matériel comme des ordinateurs avec carte graphique. Il faut du personnel et un financement. Ça ne peut se faire tout seul ».Quoi qu’il en soit, ces jeunes ne perdent pas espoir. Dans la ville de Lubumbashi, il y a beaucoup de sources d’inspiration et de potentiels lecteurs, disent-ils. 
1/18/20242 minutes, 16 seconds
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Au Maroc, la réforme du Code de la famille au cœur des attentes des militantes féministes

Le Maroc en pleine réforme de la Moudawana, le Code de la famille. Près de 20 ans après la dernière réforme de ce texte, le royaume chérifien s’apprête à le modifier pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes. En septembre 2022, Mohammed VI a lui-même adressé une lettre au chef du gouvernement dans laquelle il exige qu’on lui présente des « propositions d’amendements » du Code de la famille « dans un délai n’excédant pas six mois ». À lire aussiMaroc: les femmes manifestent pour l'égalité des droits avec les hommes
1/17/20242 minutes, 27 seconds
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À Nouakchott, les supporters des Mourabitounes croient en leurs chances à la CAN

En Côte d'Ivoire, les Étalons du Burkina Faso se sont imposés de justesse ce mardi face à l’équipe mauritanienne des Mourabitounes grâce à un pénalty dans le temps additionnel. La Mauritanie qui participe pour la troisième fois consécutive de son histoire à la compétition et jugée plus faible sur le papier, s’est finalement révélée tenace. Une petite fierté malgré la défaite pour les Mauritaniens qui ont pu regarder le match en début d’après-midi dans les cafés de Nouakchott. Tous espèrent cette année passer la phase des matches de poule. À lire aussiCAN 2024: revivez le match Burkina Faso-Mauritanie, 1-0
1/17/20241 minute, 57 seconds
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Côte d’Ivoire: bienvenue à la Cité CAN de San Pedro

La CAN a démarré presque partout en Côte d’Ivoire, sauf à Korhogo, dans le nord du pays, où les équipes du groupe E font leur entrée ce mardi. À San Pedro, sur la côte sud-est, les joueurs commencent la compétition ce mercredi 17 janvier. C’est dans ces deux villes que les cités CAN ont été construites : des quartiers entiers sont sortis de terre en quelques semaines pour loger les équipes. À San Pedro, 32 lotissements sur mesures accueillent trois formations : la Zambie, la Tanzanie et la RDC. Et les joueurs se croisent dans la plus grande détente. À suivre aussi[En direct] CAN 2024: l'Algérie se fait surpendre par l'Angola qui égalise  
1/15/20242 minutes, 36 seconds
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Madagascar: plongée dans la «Piscine» pour intégrer l’École 42 Antananarivo

C’est une immersion dans une « Piscine » un peu particulière, celle de l’École 42, une école d’informatique, une école de la vie 100% gratuite qui accueille les élèves sans condition de diplôme ni limite d’âge. Suite à des tests en ligne, 600 candidats malgaches de 14 à 40 ans ont été sélectionnés pour plonger dans la fameuse piscine. Une épreuve éliminatoire de quatre semaines de travaux acharnés pour accéder à l’École 42 Tana et la garantie d’un travail après la formation. De notre correspondante à Antananarivo,L’ambiance est feutrée. Il est minuit et ils sont encore une quarantaine de « piscineux », concentrés sur leur écran, à remplir des lignes de codes. Autour d’eux, des fresques colorées, des canapés, une salle de jeux. Le lieu se veut accueillant pour leur permettre de se surpasser. « Les piscines mettent les candidats à rude épreuve parce qu’ils doivent se donner à 300%. C’est très difficile à vivre, mais en même temps, c’est magique, on s’en souvient toute sa vie ! » Et pour cause, Yann San Sebastian, le directeur pédagogique de 42 Tana, est lui-même passé sur les bancs de 42 à Paris.Ce rythme intense a déjà poussé à l’abandon un quart des sélectionnés. Mickael, 19 ans, s’accroche. L’ex-étudiant en licence d’anglais découvre des notions et manipule des langages de programmation qui lui étaient encore totalement inconnus, il y a deux semaines. « Je viens ici toutes les deux nuits pour essayer d’avancer un peu plus et rattraper des cours que je n’ai pas pu recevoir. Quand je dis rattraper les cours, ça veut dire faire beaucoup de recherche et demander à beaucoup de gens ce que je dois faire. »Parce qu’ici, il n’y a pas de professeurs. Pas d’horaire, non plus. La pédagogie est basée sur le concept du « peer learning », (« l’apprentissage par ses pairs »). « C’est très déboussolant au début, mais je trouve que c’est le meilleur système vu que l’on passe plus de temps à la pratique qu’à la théorie et j’apprends beaucoup plus de trucs de mes camarades. », ajoute Mickael.Un apprentissage intensifDès qu’ils réussissent un projet, un autre se débloque automatiquement et leur est soumis. Comme dans les jeux vidéo : « J’ai été complètement larguée au début et maintenant ça va. » Malala 20 ans, était pilote de drone. Elle a tout plaqué pour s’initier au code. « J’ai beaucoup évolué, même question relationnelle. Jamais je n’aurais pensé parler avec d’autres gens, ni même leur partager mes erreurs et tout ça. Jamais je n’aurais pensé faire ça. J’ai mis toute ma vie en parenthèse juste pour réussir cette piscine et j’espère vraiment être prise. C’est mon avenir qui se dessine actuellement. »« Ce que les sociétés cherchent, c’est d’avoir des développeurs qui soient capables de rechercher des infos par eux-mêmes. Car aujourd’hui les technologies évoluent très rapidement et c’est ce qu’ils apprennent ici. Ils sont très friands des étudiants qui sortent de 42 », précise le directeur pédagogique. Le Réseau 42 est reconnu internationalement pour ses formations intensives en programmation, administration système, intelligence artificielle, ou encore cybersécurité. Il compte désormais 54 écoles de par le monde. Madagascar est le deuxième pays africain à adhérer à ce réseau mondial.Malala, Mickael et les autres sauront la semaine prochaine s’ils ont triomphé face à la piscine. Les candidats sélectionnés intègreront la toute première promotion de 42Tana dès février.À lire aussiÀ Madagascar, une école du réseau 42 dédiée à l’informatique et à la programmation suscite l’engouement
1/14/20242 minutes, 23 seconds
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Ces patients d’Afrique subsaharienne qui continuent à se faire soigner en Tunisie

Alors que l’année 2023 a été marquée en Tunisie par un déferlement de violences à l’encontre des communautés subsahariennes, environ 100 000 patients en provenance des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale se sont fait soigner et opérer l’an dernier, selon les chiffres officiels. De notre correspondante à Tunis,Au son de la voix de la diva égyptienne Oum Kolthoum, Mamadou Billo Kanté, Guinéen de 77 ans, se laisse conduire d’un bout à l’autre de Tunis. Comme tous les matins depuis une vingtaine de jours, un chauffeur a été mis à sa disposition. Mamadou décrit sa routine médicale : « Urologue, cardiologue, ophtalmologue, neurologue… Chaque jour, nous avons un programme spécial avec un spécialiste. Les infrastructures sanitaires sont vraiment impeccables, les médecins aussi, ce sont des médecins de haut niveau. »Au programme aujourd’hui, une visite de contrôle chez le Dr Rania Abid, ophtalmologue. Monsieur Kanté a tout juste été opéré de la cataracte, des deux yeux. Pris en charge dans des structures privées et non pas dans les hôpitaux publics tunisiens qui manquent souvent de tout, il finance son voyage sur ses fonds propres. « Du billet d’avion jusqu’aux frais d’intendance, d’examens, les médicaments… on est autour de 80 millions de francs guinéens. Combien ça fait en euros ? Calculez ! », plaisante-t-il. Vérification faite, cela fait près de 8 400 euros.AppréhensionsAlors que ces derniers mois ont été marqués par un déferlement de violences à l’encontre des Subsahariens dans le pays, le choix de la Tunisie est-il bien sage ? « Alors là, vous mettez les pieds dans le plat. Ces évènements des immigrés là, ça a quand même eu un impact négatif parce que tout le monde se sentait concerné par ce qui est arrivé. Cela faisait tout de même une mauvaise image. »Ces appréhensions, Olfa Kelmami, est aux premières loges pour les entendre. Sa société Smedi, spécialisée dans la prise en charge des patients subsahariens en Tunisie depuis quinze ans, a fait les frais des remous de l’actualité. De près de 800 en 2022, le nombre de patients a chuté à environ 600 cette année. « Il y a des gens qui ont eu peur. Il y a des gens qui nous ont appelé pour nous dire : "est-ce que c’est vrai ce qu’on est en train de voir ?". Il y a des gens qui ont annulé par précaution, explique la directrice générale. Les malades que nous avons là, ce sont eux qui ont été nos ambassadeurs. Ils ont appelé leur famille. Quelques-uns ont même fait des vidéos, des photos pour dire “Je suis en plein centre-ville, je n’ai rien, je suis à l’aise, je suis en sécurité”. »Cette société tunisienne mise désormais sur l’ouverture de structures médicales dans les pays subsahariens ainsi que la formation de médecins sur place. De quoi faciliter la prise en charge des patients... et éviter aussi de subir les remous de l’actualité.À lire aussiEn Tunisie, un rapport choc sur les violences subies par les personnes migrantes
1/13/20242 minutes, 26 seconds
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Icônes du foot ivoirien [6/6] – Gervinho, enfant chéri de la Côte d'Ivoire

Natif d'Anyama, Gervinho a disputé cinq Coupes d'Afrique des nations. Deux souvenirs sont marquants : un mauvais en 2012, lorsqu'il rate un tir au but décisif en finale face à la Zambie et un plus heureux, en 2015, lorsqu'il remporte enfin la CAN sans regarder la séance de penalties, trop stressé sur sa petite chaise. Rencontre à Sol Béni, terrain d'entraînement de l'ASEC d'Abidjan, son club formateur. Le fantasque ailier âgé de 36 ans revient sur ses plus grands moments de CAN.
1/12/20242 minutes, 18 seconds
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Icônes du foot ivoirien [5/6] – Yaya Touré, l'empereur du milieu

La CAN, c'est déjà demain ! Et avant le coup d'envoi de la 34ᵉ édition à Abidjan, RFI vous propose toute la semaine une série autour des icônes ivoiriennes du ballon rond. Souvent comparé et opposé à Didier Drogba, place aujourd'hui à Yaya Touré. Le milieu de terrain, natif de Bouaké, a joué plus de dix ans avec la tunique orange des Éléphants. Pour près de 100 sélections... Celui qui a disputé 3 Coupes du monde et 6 Coupes d'Afrique a terminé sa carrière en apothéose en 2015. En soulevant la CAN avec le brassard de capitaine, Yaya Touré, l'empereur du milieu, c'est un reportage de Martin Guez et Youenn Gourlay.
1/12/20242 minutes, 31 seconds
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Icônes du football ivoirien [4/6] – Didier Drogba, l'enfant d'Andokoi

Didier Drogba est l'une des plus grandes stars de l'histoire du ballon rond au pays des éléphants. Si l'attaquant n'a jamais gagné la CAN, malgré deux finales jouées, il reste l'icône absolue. La vedette de Chelsea, le médiateur de Bouaké, le meilleur buteur de l'histoire de la sélection et l'enfant du pays. Bien que Didier Drogba ait fait ses classes en France, il a grandi à Andokoi, l'un des 52 quartiers de Yopougon, commune d'Abidjan. À lire aussiCalendrier et résultats de la CAN 2024Tous nos articles, analyses et podcasts consacrés à la CAN 2024
1/10/20242 minutes, 39 seconds
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Icônes du football ivoirien [3/6] – Sébastien Haller, l'Éléphant retrouvé

Le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des nations approche. Il verra affronter samedi 13 janvier la Côte d'Ivoire face à la Guinée-Bissau. Un coup d'envoi qu'aimerait donner Sébastien Haller, l'attaquant star des Éléphants. Il a traversé l'année la plus difficile de sa carrière, lui qui a vaincu un cancer des testicules et qui se remet d'une blessure à la cheville, contractée juste avant la CAN. À lire aussiCalendrier et résultats de la CAN 2024À lire aussiTous nos articles, analyses et podcasts consacrés à la CAN 2024
1/9/20242 minutes, 24 seconds
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Icônes du football ivoirien [2/6] – Alain Gouaméné, gardien sacré de la Côte d'Ivoire

À l'occasion de la 34e Coupe d'Afrique des nations, qui commence samedi 13 janvier à Abidjan, RFI vous propose cette semaine une série consacrée aux icônes du football ivoirien. Place, aujourd'hui, à Alain Gouaméné ! Le gardien du temple ivoirien, âgé aujourd'hui de 57 ans, a disputé pas moins de huit CAN, et fut surtout l'homme fort de la toute première Coupe d'Afrique remportée par les Éléphants, en 1992 au Sénégal. Alain Gouaméné, homme du match en demi-finale face au Cameroun, et en finale contre le Ghana. Il a confié ses souvenirs à Martin Guez et Youenn Gourlay. À lire aussiCalendrier et résultats de la CAN 2024À lire aussiTout sur la CAN 2024
1/8/20242 minutes, 31 seconds
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Icônes du football ivoirien [1/6] – Laurent Pokou, «l'homme d'Asmara»

À l'occasion de la 34e Coupe d'Afrique des nations, qui commence samedi 13 janvier à Abidjan, RFI vous propose cette semaine une série consacrée aux icônes du football ivoirien. Premier épisode : la légende Laurent Pokou. « L'homme d'Asmara », comme il fut surnommé, a été la première grande star du foot ivoirien dans les années 1970. Éternel joueur de l'ASEC d'Abidjan, longtemps meilleur de l'histoire de la CAN, le natif de Treichville s'est éteint à Abidjan en 2016, à l'âge de 69 ans. 
1/7/20242 minutes, 32 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [7/7] – Man, la ville aux 18 montagnes

Septième et dernier épisode de notre série sur les villes hôtes de la CAN de football en Côte d’Ivoire. Nous nous intéressons aujourd’hui à Man, dans l'ouest du pays. La ville aux 18 montagnes, elle, n'accueillera pas les matchs. Elle a pourtant longtemps cru qu'elle jouerait un rôle durant la compétition, puisque l'ancien président du Comité d'organisation de la CAN (COCAN) est originaire de la région. La ville, habituellement touristique, tourne donc au ralenti, et les habitants se sentent oubliés. 
1/6/20242 minutes, 24 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [6/7] – San Pedro, deuxième poumon économique du pays

Sixième épisode de notre série sur les villes hôtes de la CAN qui aura lieu du 13 janvier au 11 février en Côte d’Ivoire. Dans le sud-ouest du pays, la ville portuaire de San Pedro accueille ce samedi soir le match de préparation Côte d’Ivoire - Sierra Leone, et à partir de la semaine prochaine, les équipes du groupe F composé du Maroc, de la RDC, de la Tanzanie et de la Zambie. Le deuxième poumon économique du pays a bénéficié de la CAN, à plusieurs égards. 
1/6/20242 minutes, 26 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [5/7] – Korhogo, entre engouement et défis sécuritaires

Cinquième épisode de notre série sur les villes qui accueillent la CAN du 13 janvier au 11 février. Direction Korhogo, dans le nord du pays. La « Cité du Poro », fief de l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, accueille la CAN avec un certain engouement puisque le pays voisin, le Mali, y jouera. L’équipe a d’ailleurs toutes ses chances face à la Tunisie, l’Afrique du Sud et la Namibie. Mais durant la compétition, la ville proche du Burkina Faso et du Mali, deux pays en proie à de forts risques sécuritaires, sera forcément très surveillée. 
1/5/20242 minutes, 24 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [4/7] – Bouaké, la renaissance de l'ancienne ville rebelle

Quatrième épisode de notre série sur les villes qui accueilleront la CAN du 13 janvier au 11 février. Bouaké, deuxième ville la plus peuplée du pays, reçoit le groupe D, composé du Burkina Faso, de l’Algérie, de la Mauritanie et de l’Angola. Une ville bouillonnante qui fut le siège de la rébellion dans les années 2000, mais qui cherche à aller de l'avant et effacer son image de ville rebelle.
1/4/20242 minutes, 30 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [3/7] – Yamoussoukro, l'endormie en passe de se réveiller

Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire depuis 1983, est souvent décrite comme endormie en raison de son immensité, de son calme, de sa faible densité et de l'absence quasi-totale d'institutions politiques. Mais elle pourrait se réveiller durant la compétition, car elle accueille le groupe C, le groupe le plus relevé de la compétition.
1/2/20242 minutes, 19 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [2/7] – Le Plateau, symbole de la métamorphose d'Abidjan

Suite de notre série sur les villes, quartiers ou villages ivoiriens qui accueilleront la Coupe d'Afrique des nations, du 13 janvier au 11 février. Nous vous emmenons aujourd’hui au Plateau, le centre des affaires d'Abidjan, la capitale économique ivoirienne, où l’historique stade Félix Houphouët-Boigny a été rénové pour accueillir les matchs de la compétition. En quelques mois seulement, le Plateau est devenu le symbole d’une ville en pleine métamorphose.
1/1/20242 minutes, 25 seconds
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Côte d'Ivoire: les villes hôtes de la CAN [1/7] – Le village d'Ébimpé rattrapé par l'urbanisation

Premier épisode de notre série en Côte d'Ivoire sur les lieux qui accueilleront la Coupe d'Afrique des nations, du 13 janvier au 11 février 2024. Nous vous emmenons aujourd’hui dans le village d’Ébimpé, dans le nord d’Abidjan, où se situe le stade olympique Alassane Ouattara de 60 000 places, le plus grand stade de cette compétition, qui accueillera le match d'ouverture et la finale. Un village forcément rattrapé par la ville et ses grands travaux.
1/1/20242 minutes, 29 seconds
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Mozambique: à Mocímboa da Praia, au Cabo Delgado, une situation sécuritaire stabilisée [2/2]

Direction le nord du Mozambique pour le second reportage consacré à la situation sécuritaire dans la province du Cabo Delgado. La ville de Mocímboa da Praia, ancien bastion des jihadistes du groupe Ansar al-Sunna, plus connu sous le nom de shebabs, reprend vie petit à petit. Si l'insécurité persiste dans certaines zones de la province, plus de deux ans après le déploiement des forces rwandaises et de la SADC, la situation sécuritaire s'est largement améliorée dans la région. De notre envoyée spéciale à Mocímboa da Praia,Revenu à Mocímboa da Praia il y a plus d’un an, Dade Sumail a repris ses activités de vendeur de poisson : « Quand les terroristes étaient là, nos commerces étaient très affectés. Ils sont venus trois fois, ils volaient nos marchandises et s’enfuyaient dans la brousse. Maintenant, la situation est revenue à la normale, il n’y a plus de problème de sécurité ».Dans le marché, les attaques des insurgés restent encore dans les esprits. Difficile pour certains de croire à une sécurité durable, explique le commerçant Awali Mbaroko : « Certains habitants ne peuvent pas imaginer que la guerre est terminée... Beaucoup sont restés dans la brousse, et ils ne peuvent pas croire que la ville est paisible maintenant ».Aucun incident n’a été enregistré dans la ville depuis sa reprise des mains des insurgés en août 2021. Selon les autorités, le groupe Ansar al-Sunna s’est désormais réfugié à plus d’une centaine de kilomètres au sud, notamment dans le district de Macomia. Le major-général de l’armée mozambicaine Tiago Alberto Nampele : « La zone où l’ennemi est présent est le nord de la forêt de Katupa. Mais ils sont seulement dispersés en très petits groupes, ils ne se rassemblent pas dans des bases, juste dans de petits camps très flexibles ».Le soutien de l'armée rwandaiseDans les rues de Mocímboa da Praia, les convois des patrouilles rwandaises passent régulièrement devant les marchands. 3 000 soldats et policiers du pays des mille collines sont déployés dans la province depuis plus de deux ans.Le brigadier général Ronald Rwivanga, porte-parole de l’armée rwandaise : « Combien de temps nous allons rester ici ? Nous poursuivons désormais plusieurs étapes pour développer le secteur sécuritaire. Nous n’avons pas de calendrier, mais nous sommes en train de renforcer les capacités pour s’assurer que quand on prendra la décision de se retirer, ils seront capables d’opérer par eux-mêmes ».Selon l’armée, moins de 300 insurgés restent actifs dans la région. Mais les combattants provoquent encore des mouvements de population. En novembre, l’ONU enregistrait plus de 1 500 déplacés dans le district de Macomia suite à des attaques.À lire aussiMozambique: À Palma, au Cabo Delgado, les habitants espèrent un retour à la normale [1/2]
12/30/20232 minutes, 11 seconds
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Mozambique: À Palma, au Cabo Delgado, les habitants espèrent un retour à la normale [1/2]

Dans le nord du Mozambique, dans la région du Cabo Delgado, l'armée rwandaise mène depuis plus de deux ans une opération conjointe avec les forces mozambicaines pour contrer l'insurrection des shebabs d'Ansar Al-Sunna, groupe jihadiste affilié à l'État islamique. Si l'insécurité persiste dans certaines zones de la région, le retour au calme dans la ville de Palma, lourdement attaquée par le groupe armé en mars 2021, a permis aux habitants de retrouver un quotidien plus apaisé.  De notre envoyée spéciale à Palma,Devant l’échoppe d’un barbier, Sumail Efo attend son tour, entouré d’autres clients. Depuis son retour à Palma huit mois plus tôt, le pêcheur a vu revenir une grande partie de la population qui s'était réfugiée, comme lui, dans des camps de déplacés internes éloignés des zones de conflits. « Quand nous étions dans les camps, c’était très dur de s’habituer à ce type de vie, raconte-t-il. Nous avons préféré revenir et recommencer ici. »Dans la rue principale de la ville de Palma, certains bâtiments détruits témoignent encore du passage des insurgés d’Ansar Al-Sunna en mars 2021. Après la reprise de la ville par les forces mozambicaines et rwandaises quelques mois plus tard, les habitants ont découvert, à leur retour, des maisons saccagées par les jihadistes.À lire aussiMozambique: les habitants sont de retour à Cabo Delgado« L'important, c’est de s'assurer que cette stabilité est durable »Un peu plus loin, dans le marché de la ville, Alidade Mandanda, vendeur de tissu, a dû tout repartir de rien. Plus de deux ans après l’attaque, le père de famille cherche encore certains de ses enfants, toujours portés disparus. « Aujourd’hui, la paix est rétablie. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas encore pu retrouver certains membres de notre famille et que nous ne savons pas si cette tragédie ne pourrait pas recommencer. Dans ma famille, on était 15 personnes. Mais si vous venez chez moi aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’entre cinq et sept personnes », témoigne le père de famille.Le marchand n’ose toujours pas retourner dans ses champs, malgré le retour au calme dans le district de Palma. Plus de 800 000 personnes ont été déplacées par le conflit au Cabo Delgado depuis 2017. Si des attaques persistent dans le sud de la province, les Nations unies enregistrent désormais près de 540 000 habitants de retour dans leur ville d’origine.« L'important, c’est de s'assurer que cette stabilité est durable, affirme le gouverneur de la région, Valige Tauobo. Nous, les civils, nous avons l’impression que tout va bien maintenant. Mais d’autres, qui ont des projets ici, ont besoin de plus. Il n'y a pas que la sécurité qui est importante, il y a beaucoup de choses à reconstruire aussi ! Mais les choses avancent et nous pensons que les projets vont recommencer. »Parmi les activités économiques toujours suspendues depuis 2021, le mégaprojet gazier du groupe TotalEnergies dans la péninsule d’Afungi, à quelques kilomètres de la ville.À lire aussiMozambique : la vie reprend à Palma deux ans après l’insurrection des jihadistes d'Ansar Al-Sunna
12/29/20232 minutes, 24 seconds
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Sénégal: le laboratoire Carbone 14 de Cheikh Anta Diop, un des héritages de l'historien panafricain

À l'occasion du centenaire de Cheikh Anta Diop, célébré du 21 au 29 décembre – date de naissance de l'historien et scientifique sénégalais –, le laboratoire Carbone 14 à l'Université Cheikh Anta Diopa a ouvert ses portes au public à Dakar. Que reste-t-il aujourd'hui de l’héritage de Cheikh Anta Diop ? Les enfants s’agglutinent autour du banc de synthèse du laboratoire Carbone 14 de Cheikh Anta Diop. Fondé par le célèbre scientifique et historien – mais aussi homme politique – en 1966, il s'agit du premier laboratoire africain qui fait de la datation des événements, c'est-à-dire qui analyse des objets comme des coquillages, du bois ou des ossements afin de connaître leur âge. Ces travaux ont permis de revoir et de réhabiliter l'histoire de l'Afrique, berceau de l’humanité.Les enfants observent avec fascination les tubes de verre et fioles où passait le gaz produit par la combustion des objets issus de fouilles archéologiques qui étaient ensuite analysés, afin de quantifier le carbone 14 qu’ils contenaient.Alpha Omar Diallo est ingénieur, il s’occupe de la visite du laboratoire transformé en musée : « On peut prendre l'exemple du bois, du charbon de bois, des ossements et ainsi de suite, explique-t-il aux enfants. On essaye de connaître la quantité de carbone qu'il y a dans l'élément, depuis sa mort. Mais une fois que l'individu meurt, sa quantité de carbone commence à diminuer. Tous les 5 730, la quantité initiale se divise par deux. Ça peut aller jusqu'à 50 000 ans. À partir de là, il est difficile de détecter le carbone, car il aura complètement disparu. »À écouter aussiPaulin Melatagia, chercheur camerounais : en matière d'IA, « l'Afrique développe ses propres solutions par la formation et la recherche »Une « force de proposition » sur les questions environnementales Cheikh Anta Diop est le premier à utiliser cette technique en Afrique. Et ces résultats lui permettront de réécrire et de s'approprier l’histoire du continent. Nouhou Diaby est le directeur par intérim du laboratoire : « La création de ce laboratoire, qui était le premier en Afrique, a beaucoup contribué à la datation et à la confirmation que l'Afrique est le berceau de l'humanité, explique-t-il. Il a conforté l'idée que les premiers hommes et les premières civilisations étaient nés en Afrique. C'est grâce à ces travaux que cela a pu être mis en évidence. »Dans une salle fermée à double tour, une autre machine plus petite et moderne est utilisée par les chercheurs. Aujourd’hui, le laboratoire s’intéresse aussi aux questions environnementales, comme à la quantification de la pollution dans la ville de Dakar ou dans les eaux souterraines de la capitale. Ceci, toujours en utilisant la même technique au carbone 14. « La moule ou les poissons incorporent beaucoup de pollution, décrit l’ingénieur Alpha Omar Diallo. Nous, à travers ces différents animaux aquatiques, on peut déterminer la quantité de pollution dans l'eau. Cela aide à la prise de décision : ce qui nous intéresse, c'est d'éclairer la lanterne des décideurs, être une force de proposition sur plusieurs thématiques comme la pollution atmosphérique, la pollution des eaux, la pureté de certains produits… »Mis à l’arrêt à la mort de Cheikh Anta Diop en 1986, le laboratoire Carbone 14 a repris du service au début des années 2000.À écouter aussiAutour de la question - Comment valoriser la science et celles et ceux qui la font sur le continent africain ?
12/28/20232 minutes, 17 seconds
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Soudan du Sud: À Rotriak, le récit d’une mère ayant fui les horreurs à Khartoum [2/2]

Ils sont plus de 400 000 Sud-Soudanais à avoir fui le Soudan depuis le début de la guerre mi-avril, et sont rentrés dans leur pays en catastrophe. Parmi eux, une femme Nuer de 33 ans, que nous appellerons Mary, a vécu plus de dix ans à Khartoum. Elle témoigne des atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Dogolo (dit Hemedti).  De notre correspondante de retour de Rotriak,Son bébé dans les bras, Mary marche à travers les tentes après avoir reçu une assistance en argent liquide d'une ONG. Un soutien vital puisqu’elle est seule à s’occuper de sa belle-mère, très malade et âgée, ainsi que de ses enfants, depuis leur fuite de Khartoum. Les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Dogolo continuent de se battre contre les Forces armées soudanaises (FAS), et s’en prennent aussi aux civils, n’épargnant pas les nombreux Sud-Soudanais vivant à Khartoum, comme Mary. À Rotriak, une localité située au nord de la ville de Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, non loin de la frontière avec le Soudan, des dizaines de milliers de rapatriés se sont installés le temps de trouver les moyens de rejoindre leurs régions d’origine.« Avant le conflit, nous avions une vie confortable à Khartoum, raconte Mary. Mais dès les combats du 15 avril, tout a changé pour le pire. Beaucoup de gens ont été tués, et beaucoup d’atrocités ont été commises. Les FSR violent les femmes. Si vous refusez, ils vous tuent. Ils volent aussi tout ce que vous possédez. Nous sommes arrivées ici sans rien. »À lire aussiSoudan du Sud : À Rotriak, zone d’accueil des déplacés, l’aide se fait attendre [1/2] « Les Forces de soutien rapide ont aussi violé leur fille, devant tout le monde »Dès les premiers jours du conflit, les Forces de soutien rapide ont pénétré dans l’enceinte où Mary et d’autres familles Sud-Soudanaises habitaient. Il s'agit de Jabra, un quartier nord de Khartoum. Sous la menace, Mary leur a donné toutes les économies de la famille, qu’elle gardait soigneusement « enterrées dans un trou, en cas de problème ». Elle a ensuite supplié les miliciens de les laisser tranquille.Ses voisins, eux, n’ont pas eu cette chance. Mary a assisté impuissante aux viols dont cette famille a été victime : « C’étaient mes voisins, témoigne-t-elle. Les FSR ont violé des hommes, mais ça, c’est trop difficile d’en parler. Ils ont aussi violé leur fille, devant tout le monde. Devant moi, devant son frère et sa mère, toute la famille était présente. Elle avait seulement 12 ans. Et ils étaient un groupe, les FSR faisaient la queue pour la violer. Après ça, elle est restée paralysée, ses jambes ne la portaient plus. C’était terrible. C’est dur de me souvenir de ça. Il n’y avait pas d’hôpital où l’emmener, en pleins combats c’était impossible… Je ne sais pas comment elle va maintenant, car cette famille a fui après ce drame. C’étaient des Nuer aussi. »Mary est alors enceinte. Elle donne naissance à une petite fille le 5 août et décide de fuir Khartoum le jour même. Sur la route, le harcèlement par les Forces de soutien rapide continue, ralentissant le trajet. Au bout d’un mois et demi, Mary, son aïeule, son bébé et les autres enfants finissent par arriver à Rotriak. Depuis, elle survit en quémandant du poisson aux pêcheurs. Elle ne songe pas un instant à retourner au Soudan : « Je préfère mourir dans mon pays. Après ce dont j’ai été témoin à Khartoum, je ne veux pas y retourner. »Mary dit attendre « l’aide de Dieu » pour pouvoir continuer son voyage jusqu’à Leer, au sud de l’État d’Unité, sa région natale.À lire aussiGuerre au Soudan : le viol utilisé comme arme de guerre dans le conflit
12/27/20232 minutes, 17 seconds
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Soudan du Sud: À Rotriak, zone d’accueil des déplacés, l’aide se fait attendre [1/2]

Au Soudan du Sud, la région de Bentiu fait face à une crise humanitaire grave. À Rotriak, une localité créée de toute pièce en 2020 pour reloger 50 000 personnes déplacées par les inondations, ONG et autorités tentent de répondre aux besoins immenses, mais les habitants restent livrés à eux-mêmes.  De notre correspondante de retour de Rotriak,En ce matin chaud de début novembre, une équipe de l’ONG sud-soudanaise Coalition for Humanity roule à grande vitesse depuis Bentiu en direction de Rotriak, sur la route étroite qui traverse la forêt inondée. Les inondations provoquées par le changement climatique ont déplacé des dizaines de milliers de personnes, qui ont perdu leurs moyens de subsistance. De plus, depuis mi-avril, la guerre au Soudan a provoqué le retour de plus 400 000 Sud-Soudanais. Ces rapatriés sont, eux aussi, démunis et viennent grossir les rangs des personnes en besoin d’aide humanitaire. À Rotriak, la situation se complique de jour en jour.« Avec l’afflux actuel en provenance du Soudan, la situation est vraiment complexe à Rotriak, alarme John Muoch, chef de projet au sein de l'association. Il n’y a pas assez de ressources disponibles. Les établissements de santé, ou encore les écoles, sont en nombre insuffisant, car un grand nombre de personnes arrivent du Soudan. Et ce sont des gens qui arrivent complètement démunis. »Une petite foule attend en plein cagnard la distribution d’argent organisée par l’ONG. Ce sont les plus vulnérables qui ont été sélectionnés comme bénéficiaires : femmes seules, rapatriées, femmes enceintes, personnes en situation de handicap… Derrière ce groupe, des anciens se plaignent de ne pas être inclus. Parmi eux, Kai Thor, 70 ans, déplacé par les inondations il y a deux ans : « Tout mon bétail et mes chèvres ont été emportés par l’eau, il ne me reste rien du tout ! se désole-t-il. Nous les personnes âgées, nous sommes venues en nous aidant de nos cannes, mais la plupart d’entre nous ne sont pas enregistrés, nous n’avons reçu aucune assistance ! »Son collègue Phar Mathot, 75 ans, déplacé par les inondations il y a trois ans, renchérit : « Tous ceux qui sont là à nous écouter vont rentrer chez eux bredouille ! Ils iront quémander de l’argent à des connaissances pour pouvoir acheter de la farine. Nous voulons des équipements de pêche. Puisque toute la zone est entourée d’eau, qu’il y a beaucoup de poisson et que personne ne veut nous aider, notre seule issue est de pêcher ! »À lire aussiSoudan du Sud: à Bentiu, face à la montée des eaux, la lutte des femmes pour la survieLes déplacés ont toujours un accès insuffisant aux services de baseÀ Rotriak, les mieux logés vivent dans des tentes fournies par les compagnies pétrolières, les autres fabriquent des abris. L’eau potable est accessible grâce aux installations des ONG, mais l’absence de soins médicaux est flagrante. Des personnes âgées agonisent dans les tentes, sans aucuns soins médicaux, comme cette vieille femme dénutrie, une morsure de serpent infectée au genou.Nyakuon Gatkuoth a, elle, trouvé de quoi survivre en ces temps difficiles : elle marche quatre heures aller-retour pour acheter du lait au camp de bétail afin de le revendre ici à Rotriak. « J’ai commencé cette activité, car j’avais des difficultés pour nourrir mes enfants, raconte-t-elle. J’avais seulement un dollar pour commencer ! J’ai acheté deux, puis quatre bouteilles, et les ai revendues à Rotriak, et ai gagné 3 dollars. Et ainsi de suite… Maintenant, j’achète deux ou trois jerricans de 5 litres à la fois. »Mais la pression sur les services de base continue de s’accentuer, avec de nouvelles arrivées au Soudan du Sud par milliers, du fait de l’aggravation du conflit au Soudan.À lire aussiSoudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eaux
12/26/20232 minutes, 30 seconds
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Maroc: avec « Nos mères », Fadwa Misk utilise le podcast pour libérer la parole sur les droits des femmes

Gros plan sur les podcasts au Maroc et en particulier ceux qui traitent des questions féministes. Il est encore difficile, voire impossible, d’aborder certains sujets sur les médias classiques, notamment lorsqu’il s’agit de sujets liés aux droits des femmes. Le podcast s’est alors imposé comme un format alternatif permettant de libérer la parole et de dépasser les tabous. La journaliste, autrice et militante féministe Fadwa Misk a fait le choix d’adopter sa pièce de théâtre « Nos mères » en podcast. Elle raconte l’histoire de cinq femmes marocaines, de leur rapport à leur mère et de la manière dont elles choisissent de s’affranchir des nombreux carcans imposés par une société conservatrice.
12/25/20232 minutes, 22 seconds
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Centrafrique: une famille se retrouve grâce à un film diffusé au festival «Bangui fait son cinéma»

Le film documentaire Les rêves de Malick, projeté à l'ouverture de la 4e édition du festival Bangui fait son cinéma, a contribué à un regroupement familial. L’acteur principal, un jeune garçon de 10 ans vivant dans un orphelinat, a été identifié par des voisins du quartier, permettant ainsi à sa mère de le retrouver après deux années de séparation. Grâce à ce film, Malick peut célébrer la fête de Noël en famille pour la première fois depuis deux ans. 
12/24/20232 minutes, 20 seconds
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Côte d'Ivoire: une chorale interconfessionnelle chante pour Noël

Que serait Noël sans ses chorales ? La Côte d’Ivoire aussi a les siennes, même si le pays ne compte qu’un tiers de chrétiens. Reportage auprès de la chorale interconfessionnelle Chœur à Cœur, à l’Ivoire Trade Center de Cocody.  De notre correspondante à Abidjan,C’est la kora qui est à l’honneur pour ce concert. Un instrument à cordes ouest-africain, qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans une chorale de Noël, et pourtant… Manolli Ekra, la co-organisatrice du projet Chœur à Coeur, dit avoir voulu proposer un spectacle de Noël pour les parents et les enfants de toutes les origines. Le concert réunit 70 choristes (30 enfants et 30 adultes), plusieurs solistes et un orchestre.« On a deux chœurs, un chœur d’adultes et un chœur d’enfants », indique Manolli Ekra. « Deux chorales totalement différentes, la chorale d’enfants vient d'Aboboté et la chorale d’adultes de Cocody. Mais quand on les voit chanter ensemble, à force de répéter, ils chantent comme un. Dans le répertoire proposé, ça partait des chants en anglais, du gospel, avec aussi des classiques au tam-tam proposés sous forme de contes. »C’est ce mélange des genres qui a séduit Nahikey Zadi. Chanteuse de soul et R’n’B, elle est l’une des solistes soprano pour ce concert. « C’est une chorale qui mélange des amateurs, des professionnels, des enfants… Un peu de tout », constate Nahikey Zadi, qui poursuit : « Des pianistes, des joueurs de kora. Il y aura à tous les niveaux, des petites touches pour qu’on ressente qu’on est en Côte d’Ivoire. »Programmation inclusiveEt pour plaire à tous les Ivoiriens, les organisatrices ont choisi une programmation interconfessionnelle. Aux chants traditionnels chrétiens se mêlent donc des chants musulmans, en arabe. Cette inclusivité a attiré Khadidja Niang, mère de deux petites filles de 3 et 5 ans.« C’est vrai que c’est l’esprit de Noël, mais ça reste un pays laïc, la Côte d’Ivoire. Moi et mes enfants sommes de confession musulmane… et ça développe l'acceptation des autres, tout simplement. »Ce pari audacieux a payé. La chorale Chœur à Cœur a attiré pour cette représentation près de 700 spectateurs, repartis conquis après près de deux heures de concert.
12/23/20232 minutes, 54 seconds
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Maurice: les centres commerciaux deviennent la principale attraction de la population

Les centres commerciaux s’imposent de plus en plus dans la vie des Mauriciens. Ils relèguent même au second plan la plage en termes de priorité de loisirs. L’offre n’arrête pas de séduire. Dans une île qui compte seulement 1,3 million habitants, certains centres commerciaux attirent jusqu’à 7 millions de visiteurs par an. À l’approche des festivités, ils ont placé la barre encore plus haut.
12/22/20232 minutes, 31 seconds
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Fermeture de l'ambassade de Corée du Nord à Conakry: quel avenir pour la coopération Guinée-Corée? [2/2]

Après soixante-cinq ans de présence à Conakry, l’ambassade de Corée du Nord a fermé au début du mois de décembre. C’est une page qui se tourne pour la Guinée, où Pyongyang avait été l’une des premières capitales à installer un poste diplomatique, au lendemain de l’indépendance. Le départ de l’ambassade pourrait remettre en cause la coopération entre les deux pays. Des relations bilatérales qui sont particulièrement fortes dans le domaine agricole. 
12/22/20232 minutes, 15 seconds
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Guinée: fermeture de l'ambassade de Corée du Nord, «une relation spéciale» [1/2]

Soixante-cinq ans de présence en Guinée et puis un départ brutal, annoncé par une simple note verbale. La Corée du Nord a fermé au début du mois de décembre son ambassade à Conakry. À en croire des sources proches de Séoul, il faut y voir les effets des sanctions internationales. Manquant de financement, Pyongyang aurait décidé de réorganiser son réseau diplomatique, particulièrement en Afrique. C’est une page qui se tourne pour Conakry. De notre correspondant à Conakry,L’étoile rouge encadrée de deux bandes bleues flotte encore dans le ciel de la Bellevue. Dans ce quartier de Conakry, le drapeau nord-coréen est toujours hissé en haut d'un mât, devant le bâtiment désormais vide de l’ambassade. Dans le voisinage, on n’a même pas remarqué le départ des diplomates.« C'est la première fois que l'ambassade de Corée du Nord quitte la Guinée ! Ils ont quitté ou ils n'ont pas quitté ? » Souleymane, 62 ans, a besoin de reposer la question pour en avoir le cœur net. Il habite juste en face de l’ambassade. Est-ce que ça le rend triste d’apprendre qu’elle a fermé ? « [Rires] Ça ne me rend pas triste... C'est une bonne chose ! L'ambassade n'apporte rien à la population, au quartier... Rien, ça ne valait rien, ils peuvent partir ! » s'exclame-t-il.Du cinéma nord-coréen dans les années 70Ces dernières années, les diplomates se faisaient très discrets, vivaient quasiment en vase clos. Rien à voir avec la période faste des années 70. À l’époque, l’ambassade est très active dans le domaine culturel notamment.« Au début, ils invitaient les Guinéens pour venir regarder le cinéma, se souvient Souleymane. C'étaient leurs films sur l'agriculture, comment les gens obéissaient, comment les gens travaillent là-bas. »Dans le centre administratif de Conakry, une construction illustre la relation spéciale entre la Guinée et la Corée du Nord. Ronde et futuriste, c’est une sorte d’immense soucoupe volante posée en plein Kaloum.« Ruée des pays socialistes de l'époque vers la Guinée »« C'est le palais Mohammed V, anciennement appelé palais des Nations. » Boubacar Diallo a été conseiller économique à l’ambassade guinéenne en Chine dans les années 90. L’ambassade qui est chargée des relations avec la Corée du Nord : « C'est un bâtiment qui a été construit dans les années 80 pendant le régime du feu-président Ahmed Sékou Touré »Les architectes et les ouvriers sont nord-coréens. Le bâtiment a été construit pour accueillir un sommet de l’OUA qui n’a finalement pas eu lieu à Conakry. Aujourd’hui, le Palais Mohammed V abrite la présidence. Ce cadeau vient alors matérialiser 25 ans de coopération. « À l'accession de l'indépendance, le 2 octobre 1958, il y a eu une ruée des pays socialistes de l'époque vers la Guinée. Pour la soutenir, la République Populaire de Corée a été l'un des tout premiers pays à nouer des relations diplomatiques avec la jeune République de Guinée », explique Boubacar Diallo.Alors forcément, la fermeture de l’ambassade lui fait « un petit pincement au cœur », car, dit-il, les contacts directs sont toujours plus fructueux.À lire aussiLa Corée du Nord annonce la fermeture de plusieurs ambassades, notamment en Angola et Ouganda
12/20/20232 minutes, 29 seconds
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Éthiopie: à Dollo Ado, les réfugiés somaliens dans la désolation après les inondations [2/2]

Suite (et fin) de notre série de reportages dans le Sud-Est de l’Éthiopie, où les réfugiés somaliens qui fuient la guerre civile dans leur pays sont aussi affectés par le réchauffement climatique. Ils affrontent maintenant le phénomène El Niño. Des pluies diluviennes ont ravagé la zone à la suite d’une sécheresse qui durait depuis plusieurs années. Reportage à la frontière entre les deux pays, à Dollo Ado, où plus de 200 000 réfugiés somaliens subissent la double peine. De notre envoyée spéciale dans la région Somali,À Dollo Ado, autour d’une école réquisitionnée, les abris de fortunes, recouverts de bâches blanches et bleues siglées Nations unies, se multiplient… Ici, les réfugiés ont d’abord fui le conflit au Somaliland, il y a cinq mois, comme Amal Awil qui a fui pour sa vie avec quatre de ses enfants : « Le problème que nous avons maintenant, c’est que nous sommes touchés par les inondations. Nous avons tous quitté l’endroit où nous vivions. Nous n’avons rien, mais au moins, nous sommes dans un endroit sûr, où il y a la paix… »Sahara aussi a fui dans la panique : « On voyait l’eau qui venait sous nos pieds, le sol était imbibé d’eau. On a tout laissé. Il y avait aussi des serpents, des crocodiles. Je vais vous dire la vérité, si on ne peut pas avoir une meilleure vie, autant mourir. On n’a même pas d’eau potable, comment voulez-vous qu’on survive ? »Une pâte à partir de feuille pour unique repasSahara et Amal attendent d’être enregistrées pour avoir le statut officiel de réfugié et être relogées dans un des camps de Dollo Ado, comme Muhammud. Lui vit dans un camp depuis 12 ans. Au milieu des débris de sa maison, il raconte qu’il n’a jamais vu ça : « Il s’est mis à pleuvoir très fort, c’était incontrôlable et la maison s’est effondrée sur nous, ma femme et mes enfants. Des voisins sont venus nous secourir. »Le déluge, après quatre ans de sécheresse. Les réfugiés souffrent surtout de la faim. En guise de repas, ils mangent une pâte faite à partir de feuilles cueillies sur des buissons. Comme cette mère de famille : « Je les cueille près de la rivière et je les vends. Le reste, je le cuisine pour mes enfants, C’est tout ce que j’ai. »« L'eau n'est pas gérée »Dans une région où 80% de la population dépend de l’importation de nourriture, les ONG tentent de trouver des solutions pour réduire la vulnérabilité au réchauffement climatique. Yohannes Zech – chef du sous-bureau de Melkadida, UNHCR Éthiopie (Agence des Nations Unies pour les réfugiés) résume ainsi la situation : « Le peu qu’ils pouvaient faire pousser pour nourrir leur famille a été emporté par les eaux. Nous pouvons essayer de leur apporter de l’aide humanitaire, mais surtout, ce que nous voyons comme solution est vraiment de leur permettre de faire partie de la solution. Comment exploiter le soleil ? Pour permettre à cette population d'avoir accès à une énergie propre, car l'énergie est indispensable pour assurer le développement et l'adaptation au climat. Comment pouvons-nous mieux exploiter l'eau ? Car actuellement, l'eau n'est pas gérée. »Selon les Nations unies, seuls 35% des fonds nécessaires pour venir en aide à ces populations ont été versés pour l’année 2023. À lire aussiÉthiopie: les populations désemparées après des inondations dévastatrices [1/2]
12/19/20232 minutes, 19 seconds
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Éthiopie: les populations désemparées après des inondations dévastatrices [1/2]

Après la sécheresse, les inondations… Plusieurs pays de la corne de l’Afrique ont été frappés par le phénomène El Nino. Des pluies diluviennes s’y sont abattues à la suite d’une longue période de sécheresse. Le sol, très sec, n’absorbe plus l’eau, provoquant des inondations dévastatrices. En Éthiopie, plus de 1,5 million de personnes ont été affectées, 600 000 personnes ont été déplacées. Reportage. De notre envoyée spéciale dans la région Somali,Vu du ciel, les dégâts sont impressionnants : plus de 90 000 hectares, des champs et des villages entiers, baignant dans une eau marron, qui a débordé des rivières et s’est engouffrée dans les vallées. Les populations se sont réfugiées où elles le pouvaient, dans des zones difficiles d’accès où seul l’hélicoptère peut se rendre, comme à Firfir, où Ester Muhammad s’est construit un abri précaire : « Je ne connais pas la situation de ma maison, la dernière fois que j’y étais, il y avait tellement d’eau que je ne pouvais rien voir et je ne sais pas si ça a été emporté. »Après quatre ans de sécheresse, les réfugiés souffrent surtout de la faim : « Si on cuisine un jour, le jour d’après, nous n'avons plus à manger, nous demandons l’aide du gouvernement pour nous aider, car c’est une urgence. »Les flots ont tout ravagé Seuls 30% des personnes affectées ont reçu une assistance dans le pays. Plus au sud, à Kelafo, l’eau s’est retirée. Les habitants, de la boue jusqu’aux genoux, ne peuvent que constater les dégâts. « Je plantais beaucoup de choses : du maïs, de la papaye, des bananes, beaucoup de nourriture, explique un sinistré. Mais il ne reste plus rien, juste des arbres vides. » Une femme raconte les destructions : « Certains objets ont été abîmés, d'autres ont été emportés... L'eau est montée jusqu'au cou, c'était tellement dangereux. »Certains ont essayé de retenir les eaux jusqu’au bout. Comme cet homme, qui décrit les efforts collectifs déployés pour s'en sortir, en vain : « On utilisait des sacs de terre pour retenir l'eau, mais au bout de 20 jours, ce n'était plus possible de contrôler et ça a tout emporté. Beaucoup d’animaux sont morts, les poulets et tous les ustensiles, et quatre personnes âgées sont mortes, on a trouvé leurs corps dans l’eau. »Appel à la communauté internationale En tout, les inondations ont fait une quarantaine de victimes dans la région. Le gouverneur de la zone, Adan Ahmed Soyan, va au contact des habitants. Les discussions sont houleuses, les victimes espèrent recevoir l’aide, qui tarde : « Il n'y a plus école, les établissements de santé ont été dévastés ou emportés, les systèmes d'irrigations détruits... Nous utilisons des hélicoptères et des bateaux pour rejoindre les habitants. Nos ressources ne sont pas suffisantes face aux besoins, mais nous essayons de sauver des vies. »L’eau stagnante expose maintenant les habitants à de nombreuses maladies, comme le choléra, la malaria ou la dengue. Les Nations unies et le gouvernement éthiopien ont lancé un appel à la communauté internationale pour leur venir en aide. À lire aussiLa Corne de l'Afrique frappée par de violentes inondations
12/18/20232 minutes, 11 seconds
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Madagascar: à la Fondation H, plongée dans l'imaginaire de l'artiste tisserande Madame Zo

Direction Madagascar, à la Fondation H, institution culturelle privée d’art contemporain pour découvrir l’œuvre de Madame Zo, artiste tisserande peu médiatisée de son vivant, mais qui a laissé un héritage colossal. La Fondation H a choisi de mettre à l’honneur l’œuvre de la plasticienne, pour son exposition inaugurale intitulée Bientôt je vous tisse tous qui prendra fin le 29 février prochain. Il y a quelques jours, le tout premier catalogue de l’œuvre de Madame Zo a été lancé. Un ouvrage publié dans le cadre de cette exposition posthume émouvante. De notre correspondante à Madagascar,« Cette œuvre s’intitule "Nuages de fer". Là, Madame Zo a utilisé des pailles de fer et des bandes magnétiques », explique l’un des médiateurs du musée au public.En enfilade, suspendues, de monumentales pièces tissées à l’intérieur desquelles sont cachés des trésors que le visiteur peut s’amuser à dénicher. Ici des bandes de K7 audio, là des lanières de plastique, des os de poulet, des pattes de criquet, des circuits imprimés, du mica… Des centaines de matières à base desquelles Zoarinivo Razakaratrimo, dite Madame Zo, a tissé des histoires.« L’enjeu de cette exposition inaugurale, c’était de rendre visible la pratique, l’œuvre d’une immense artiste qui a transformé littéralement l’art du tissage avec un immense courage, et qui a vraiment métamorphosé la vision que l’on peut porter sur cette tradition encore extrêmement vivace à Madagascar », explique Bérénice Saliou la co-commissaire de l’exposition. « Elle a créé un métier à tisser de dimensions hors norme qui lui a permis de dépasser les limites imposées en termes de dimensions et de matières ».Une œuvre philosophique et spirituelleUne affranchie, en quelque sorte. Une femme libre, courageuse, qui a révolutionné l’art du tissage et en même temps transformé le visage de la scène artistique malgache. Et si la discrète Madame Zo discourait peu, explique Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, second co-commissaire, ses œuvres s’exprimaient pour elle.« Tisser, c’est parler. Madame Zo était une "storyteller", ça veut dire qu’elle a raconté des histoires dans son travail qui nous amène dans ce concept de l’oraliture. Les titres de ses travaux sont tellement importants, ça nous donne la possibilité de les comprendre. C’est le côté philosophique et spirituel de son travail, voilà pourquoi elle dit "Je vous tisse tous". »Je me demande, Tsangatanana, Tais-toi et dors, des titres aux noms évocateurs qui invitent le spectateur à remonter les fils tissés et à s’immerger dans l’imaginaire de Madame Zo. Un imaginaire empreint de poésie, de fantaisie et de dureté aussi.« Dans cette salle, la thématique, c'est "Paysages". Elle parle de la pollution de l’environnement et de cette habitude qu’ont les humains de détruire la nature. C’est ce qu’elle veut nous dire avec cette œuvre. Après, l’interprétation dépend de chacun », détaille Bonaventure Soh Bejeng Ndikung.En brisant les conventions, en déconstruisant sans cesse son art pour mieux le réinventer, Madame Zo, décédée prématurément en 2020, laisse derrière elle une œuvre immense à découvrir absolument.À lire aussiMadagascar: le chœur ICanto interprète l’oratorio «Messiah» d'Haendel pour les fêtes de Noël
12/17/20232 minutes, 22 seconds
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Éthiopie: le grand barrage de la Renaissance au cœur de tensions avec l'Égypte et le Soudan

À Addis-Abeba, le troisième round des négociations est sur le point de reprendre entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan sur les modalités de remplissage et de mise en œuvre du grand barrage de la Renaissance. Ce barrage en construction dans l’ouest de l’Éthiopie, dans la région du Benishangul-Gumuz, est voué à devenir la centrale hydroélectrique la plus puissante du continent. Problème : il se trouve à la source du Nil bleu qui assure 75 % de l’approvisionnement en eau douce de l’Égypte, située en aval du fleuve. Le pays craint de perdre le contrôle sur cette ressource indispensable. Côté éthiopien, ce projet pharaonique est une fierté nationale et va permettre au pays de doubler sa production d’électricité. De notre correspondante à Addis-Abeba,Le site est colossal. Un lac bleu artificiel, immense, de 75 milliards de mètres cubes d’eau situé dans les paysages arborés et vallonnés de l’ouest de l’Éthiopie. L'eau est retenue par un barrage de 10 millions de mètres carrés de béton. En son cœur, d’immenses cylindres sont actionnés par la puissance de la pression.« Une fois que l’eau passe dans ce conduit, elle atteint la turbine et ainsi l’énergie devient mécanique et l’eau retourne dans la rivière », explique Ephrem Woldekidan qui est chef de projet adjoint.Pour le moment, deux turbines tournent sur les 13 qui devront produire au final 5 100 mégawatts. « La partie rotative est prête à être assemblée. C’est tellement grand qu’on ne peut pas la ramener directement de l’usine à cause du poids et de la taille donc la majorité sont assemblés ici. »Ce chantier pharaonique emploie 6 000 personnes dont 98 % d’Éthiopiens. Il doit permettre de doubler la production d’électricité du pays : « Plus de 50 % du territoire n'a pas accès à l'électricité donc cela va améliorer la couverture énergétique du pays et cela va aider à attirer de nouveaux investisseurs ».L'Égypte et le Soudan revendiquent un droit historique sur le NilL’eau est relâchée à un débit régulier, moins chargée en sédiments, et fait disparaître la crue saisonnière du Nil. Les autorités égyptiennes refusent de perdre le contrôle sur le fleuve, au centre de son identité nationale. Avec le Soudan, les deux pays revendiquent un droit historique sur les eaux, que refuse l’Éthiopie.« Si vous regardez l'accord de 1959 signé entre le Soudan et l'Égypte, vous verrez qu'il s'agit d'un "accord sur le Nil et sa pleine utilisation". L’expression "pleine utilisation" implique l'utilisation de toutes les eaux du Nil par les pays en aval, l'Égypte et le Soudan, sans aucune attribution d'eau aux pays en amont. Le grand barrage éthiopien de la Renaissance est donc un barrage qui va à l'encontre des fondements mêmes de l'ordre hydropolitique du Nil. Mais c’est une question de justice et d’équité », estime Gashaw Ayferam, chercheur à l'Institut des Affaires étrangères.L’Éthiopie ne compte pas renoncer à son projet. Un accord devra donc être trouvé en cas de tensions sur cette ressource précieuse. « L’export d’électricité aux autres pays de la Corne de l’Afrique va créer une paix énergétique, même s’il y a une longue période de sécheresse qui réduit la quantité d’eau ou d’autres problèmes liés au réchauffement climatique, il peut y avoir des inquiétudes et des contentieux », poursuit le chercheur.Les négociations, jusqu’ici infructueuses, se terminent à la fin du mois. Le chantier quant à lui doit se terminer en 2027.À lire aussiL’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopien
12/16/20232 minutes, 25 seconds
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Côte d'Ivoire: la piscine de Bouaké, un projet de réhabilitation enrayé

Creusée par l’administration coloniale en 1939, puis municipalisée à l’indépendance, la piscine de Bouaké a fait la renommée de la ville jusqu’à la fin des années 1970. Lieu de fête et de prestige, les présidents du Zaïre et de la Centrafrique, Mobutu Sese Seko et Jean-Bedel Bokassa y ont été reçus avec faste par Félix Houphouët-Boigny. À l’abandon depuis la fin des années 1990, la mairie avait lancé un grand projet de réhabilitation en 2020, mais les travaux sont à l’arrêt depuis un peu plus d’un an, soulevant l’incompréhension de ceux qui militent pour sa réouverture.
12/15/20232 minutes, 31 seconds
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Tchad: des champions d'Afrique en route vers les JO de Paris

À quelques mois des JO de Paris 2024, les athlètes s’activent pour les compétitions de ce grand rendez-vous. C’est le cas des Tchadiens Hallas Maria Abaifouta et Israel Madaye. Sacrés champions d'Afrique par équipe mixte en novembre dernier en Tunisie, ils ont à cette occasion validé leur billet pour les Jeux. De retour à Ndjamena, Hallas Maria Abaifouta vient de reprendre l'entraînement, sans gros moyen, mais avec une grande détermination.  
12/14/20232 minutes, 8 seconds
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Tunisie: le premier festival du podcast met en lumière le format

En Tunisie, le format du podcast est encore tout nouveau, mais pour de nombreux néophytes, il est un moyen d’expression libre et intime, en particulier sur des sujets de société ou tabous. Le premier festival de podcast qui s’est tenu du 7 au 9 décembre à Tunis a permis de réunir différents podcasteurs au Maghreb, une première dans le pays et le deuxième festival du genre dans le monde arabe. Dans l’espace culturel du B7L9 à Bhar Lazreg à Tunis, entre débats, master-class et enregistrements publics, le premier festival du podcast en Tunisie met en lumière le format, encore à ses débuts dans le pays, mais très populaire. Raouia Kheder, journaliste radio et productrice de podcast, est l’organisatrice du festival : « On n'est pas si nombreux que ça, mais par contre, on est très actifs et comme les podcasteurs sont un peu éparpillés, on va dire, chacun travaille dans son petit coin, l’idée de ce festival, c'était de réunir tout ce monde, de voir qui est réellement la communauté de podcasteurs en Tunisie, qu’est-ce qu’ils peuvent faire ensemble ? », explique-t-elle. Malgré les pressions qui existent actuellement sur la liberté d’expression, le podcast est un format où la liberté de ton reste possible. « Ça a commencé pour le podcast avec tout ce qui touche à la santé reproductive, à la sexualité des jeunes, à l’orientation sexuelle, à la communauté queer, à la masculinité toxique ou positive, donc tous ces sujets-là aujourd’hui ont leur propre podcast en Tunisie », poursuit-elle.Libérer la paroleLe podcast a permis de libérer la parole sur certains problèmes. Bochra Triki a par exemple offert une plateforme aux femmes victimes de harcèlement via un podcast sur le site en ligne Inkyfada. « Le podcast, ça a été vraiment un outil magique pour pouvoir traiter de sujets qu’on aurait eu du mal à traiter en vidéo ou qui aurait été peut-être moins accessibles en article. Par exemple, on a suivi le mouvement Ena Zeda, donc c’est le #MeToo tunisien. Dès le début du mouvement, on a recueilli énormément de témoignages très difficiles et très lourds de femmes qui parlaient de violences sexuelles et autres. Et donc ce podcast pour moi avait permis aussi de créer une rencontre et une discussion autour de ces sujets-là », dit-elle.Un format en pleine ascensionOuerdia Ousmer, algérienne de 34 ans et co-créatrice du podcast Eclosion qui en est à sa 3ᵉ saison, a voulu montrer des parcours de femmes en Algérie. « L’idée était d’aller à la rencontre de ces femmes qui accomplissent des choses, qui sont cheffes d’entreprises, qui sont artistes, qui sont entrepreneuses et leur donner la parole. De raconter à la fois les succès, mais aussi les échecs et donc de permettre à d’autres femmes et même à des hommes parce que nous sommes écoutées par des hommes, de les inspirer, de les motiver à aller de l’avant », raconte-t-elle.Si le podcast n’a pas encore de modèle économique bien défini au Maghreb, le format est en pleine ascension. Rien qu’en Tunisie, il existe plus d'une soixantaine de podcasteurs indépendants... Les réseaux sociaux leur offrent des audiences élargies.
12/13/20232 minutes, 29 seconds
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Kenya: la lutte pour la dépouille de Dedan Kimathi [3/3]

À l’occasion des 60 ans de l’indépendance du Kenya, troisième volet de notre série sur les Mau Mau. Ces combattants qui se sont battus pour l’indépendance du Kenya dans les années 1950 ont été violemment réprimés par les colons britanniques. Plus d’un millier de personnes ont été pendues. Parmi elles, un des chefs Mau Mau : Dedan Kimathi. Considéré comme un terroriste et traqué par les Britanniques, il a été arrêté en 1956, puis pendu un an plus tard. Depuis, sa famille se bat pour obtenir sa dépouille et lui offrir une sépulture.  De notre correspondante à Nairobi,La statue de Dedan Kimathi trône dans le centre-ville de Nairobi. On le voit debout, en tenue de combat, un fusil à la main. Il porte des dreadlocks, coiffure emblématique des combattants Mau Mau. Le monument a été érigé en 2007, cinquante ans après sa pendaison. Evelyn Kimathi est une des descendantes de l'indépendantiste. « C’est bien, pour notre famille, mais aussi pour tous les combattants de la liberté, car Dedan Kimathi est un symbole pour beaucoup, cette statue a apporté une forme d’apaisement. Mais nous gardons en tête qu’il n’a toujours pas eu droit à un enterrement décent. Donc, la lutte continue », dit-elle.« Nous ne perdons pas espoir »L’on sait que Dedan Kimathi est enterré à la prison de Kamiti, en banlieue de Nairobi, où il a été pendu. Sa veuve s’est battue pour obtenir sa dépouille, jusqu’à son décès en mai dernier. Lors de son enterrement, le président kényan William Ruto s’est engagé à faire exhumer le corps du chef Mau Mau. « On attend toujours de voir cette annonce se concrétiser. C’est le cinquième gouvernement depuis l’indépendance et tous ont fait preuve d’un manque de volonté. Mais nous ne perdons pas espoir, nous en avons besoin pour aller de l’avant. Ce serait comme un tampon qui reconnaîtrait que les Mau Mau ont libéré le pays. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est grâce à eux ! », explique Evelyn.Pour expliquer ce surplace, certains dénoncent des enjeux politiques, alors que la mémoire des Mau Mau reste controversée aujourd’hui. Mais retrouver les restes de l'ancien chef n’est pas simple. C’est ce qu’explique David Anderson, professeur d’histoire africaine à l’université de Warwick au Royaume-Uni. « Sa dépouille a été enterrée au même endroit que celles de tous les Mau Mau qui ont été pendus à la prison de Kamiti : dans le terrain vague à l’arrière du bâtiment. Le problème auquel fait face le gouvernement kényan, c’est qu’il n’y a pas seulement Dedan Kimathi qui y est enterré. C’étaient des fosses communes, tous ceux qui ont été pendus ce matin-là ont été enterrés ensemble et les fosses ne sont pas identifiées. Donc, pour retrouver les restes de Kimathi, il faut d’abord avoir un bon échantillon ADN. Et puis, ensuite, déterrer plusieurs centaines de corps et effectuer des tests ADN sur tous. Personne ne s’est lancé dans le processus. C’est coûteux, difficile et sans garantie de succès. »Dans l’attente d’une sépulture, les hommages au célèbre chef Mau Mau se multiplient. En plus de la statue, une rue porte son nom dans le centre-ville de la capitale. Tout comme une université et un stade à Nyeri, dans la région du Mont Kenya, fief des Mau Mau.► À lire aussi : Kenya: la mémoire des Mau Mau [2/3]► À lire aussi : Kenya: les Mau Mau, figures de l'indépendance du Kenya [1/3]
12/12/20232 minutes, 19 seconds
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Kenya: la mémoire des Mau Mau [2/3]

Ce 12 décembre, le Kenya fête ses 60 ans d’indépendance. Suite de notre série autour des Mau Mau, ce mouvement d’insurrection qui s’est battu pour l’indépendance du Kenya dans les années 1950 et a été violemment réprimé par les colons britanniques. Soixante ans plus tard, la mémoire de cette période reste peu enseignée, au grand regret des historiens. De notre correspondante à Nairobi,Muhia Kamau connaît par cœur les chants des Mau Mau. Ce trentenaire est passionné par ces combattants. Déçu par l’information qu’il trouvait en ligne, il leur a même dédié une page Facebook. Il y décrypte des archives pour ses milliers d’abonnés.« C’est un pan de l’histoire qui est souvent refoulé. À l’école, on nous enseignait surtout l’histoire des six Kapenguria, six figures politiques qui ont été arrêtées lors de l’état d’urgence en 1952. Ces personnes ont été détenues pendant plusieurs années, puis Jomo Kenyatta est sorti de prison et est devenu le premier président. Mais sur les Mau Mau, on avait juste un petit paragraphe. D’ailleurs le commentaire que j’ai le plus sur ma page, c’est "Ah mais on ne nous a pas enseigné ça à l’école !" »Un mouvement illégal jusqu'en 2003 au KenyaÀ l’indépendance, beaucoup d’archives ont été détruites. D’autres emmenées à Londres et restées secrètes jusqu’à il y a une dizaine d’années. Surtout, il a fallu attendre 2003 pour que le mouvement Mau Mau ne soit plus considéré comme illégal au Kenya. Des aspects qui entravent la mémoire d’une période déjà controversée, explique Macharia Munene. Il est professeur d’histoire à l’université internationale des États-Unis à Nairobi.« Le mouvement Mau Mau a divisé des familles. Au sein du même foyer, il y avait des Mau Mau et il y avait des collaborateurs, ceux qu’on appelait les "home guards", qui ont trahi leurs proches. À l’indépendance, Jomo Kenyatta leur a dit d’éviter d’en parler, de ne pas faire remonter l’expérience traumatisante des années 50. C’était martelé et ça a créé une forme de silence, parce que c’était douloureux, parce que ça divisait la famille ou parce que ça pouvait apporter des ennuis. »La Constitution kényane de 2010 rend hommage à ceux qui se sont battus pour la liberté. Elle a instauré un jour férié dédié aux héros de l’indépendance, sans toutefois nommer les Mau Mau. De nombreux survivants aujourd’hui, ou leurs descendants, déplorent un manque de reconnaissance. Ils demandent toujours compensation, notamment pour la perte de leurs terres.« Lors des fêtes nationales, on se souvient des Mau Mau. C’est tout, fin de l’histoire. Ah et pendant les rassemblements politiques, on scande "On s’est battu !". En fait, les Mau Mau sont devenus un slogan politique qui ressort selon l’occasion. »Dans la capitale kényane, quelques initiatives tentent de faire perdurer la mémoire des Mau Mau, au travers de la photographie ou de la poésie.À lire aussiKenya: les Mau Mau, figures de l'indépendance du Kenya [1/3]
12/11/20232 minutes, 22 seconds
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Kenya: les Mau Mau, figures de l'indépendance du Kenya [1/3]

Le 12 décembre 1963, il y a soixante ans, le Kenya déclarait son indépendance de l’empire britannique. Cette déclaration était l’aboutissement d’un processus qui a mené dans les années cinquante à l’insurrection de ceux qu’on appelle les « Mau-Mau ». Les colons avaient alors fait passer plusieurs lois très impopulaires leur donnant les droits sur les terres, notamment celles très fertiles autour du Mont Kenya. Les Mau Mau, majoritairement issus des ethnies Kikuyu, Meru et Embu se sont battus pour leurs terres et pour l’indépendance du Kenya. De notre correspondante à Nairobi,Ils s’appelaient l’Armée pour la liberté et les terres du Kenya. L’origine du nom Mau Mau est contestée, mais c’est ce nom qui est resté. Pour Mavingo Nyaga, il est synonyme de courage. Ce Kényan de 31 ans s’est lancé dans un projet : photographier et filmer des survivants de l’époque coloniale. « Il y a le témoignage de Bernard. Il raconte comment il a été arrêté, car il n’avait pas ses papiers d’identité, mais il avait été jugé trop jeune pour être emprisonné, donc à la place les policiers l’ont battu. Il se rappelle n’avoir pas pu s’asseoir pendant trois semaines après ça ! C’est ce qui l’a poussé à rejoindre les Mau Mau. Il organisait la distribution de nourriture aux combattants et fabriquait des armes », raconte-t-il.En 1952, les Mau Mau, armés de machettes, attaquent ceux qu’ils jugent être une menace pour leur mouvement, africains compris, et investissent des fermes de colons pour y voler armes et ravitaillement. Les Britanniques déclarent l’état d’urgence en octobre. C’est le début de la guerre. David Anderson est historien, auteur d’un livre sur le sujet : « Les Mau Mau sont responsables de la mort de 32 européens au cours de tout le conflit, mais avant même le début officiel de leur insurrection, ils avaient déjà tué 300 africains. Les Britanniques avaient décidé qu’il fallait se débarrasser complètement du problème. Au pic du conflit, plus de 80 000 personnes étaient détenues sans procès. Des lois ont rendu passibles de peine capitale le fait d’avoir prêté serment aux Mau Mau ou de soutenir le mouvement. Plus de 1 000 personnes ont été pendues », explique-t-il.Un rôle crucial dans l’indépendance du paysPlusieurs milliers de Kikuyus se retrouvent enfermés dans des camps. Les Mau Mau se réfugient dans les forêts autour du Mont Kenya. Qualifiés de terroristes, ils sont traqués et perdent peu à peu la guerre. Mais la lutte continue dans les prisons. « Il y avait de la résistance dans les camps de détention, des détenus qui refusaient de travailler ou d’obéir aux ordres. En 1959, les Britanniques n’avaient pas l’intention d’accorder son indépendance au Kenya, du moins pas avant les années 1980. Mais, en mars cette année-là, il y a eu un massacre par les autorités dans le camp de détention d’Hola. Cela a créé des problèmes politiques à Londres et les Britanniques ont décidé dans la foulée de décoloniser le Kenya. Donc les Mau Mau ont eu un rôle crucial dans l’indépendance du pays », ajoute David Anderson.En 1960, l’état d’urgence est levé. Trois ans plus tard, le Kenya déclare son indépendance.
12/10/20232 minutes, 13 seconds
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Dix ans après sa mort, une exposition revient sur l'héritage de Nelson Mandela à Johannesburg

Cela fait dix ans que l'Afrique du Sud a perdu Nelson Mandela. Le père de la nation arc-en-ciel est décédé, à l’âge de 95 ans, le 5 décembre 2013. Célébré pour son œuvre de réconciliation, l’ancien prix Nobel de la paix laisse cependant derrière lui des rêves inachevés. Une exposition autour de son image et son héritage est en ce moment proposée par la Fondation Nelson Mandela de Johannesburg.  De longs panneaux transparents ont été temporairement installés dans deux lieux universitaires du pays. Les étudiants et les passants ont pu inscrire dessus, au marqueur noir, ce que signifie pour eux le fait que Nelson Mandela ne soit plus de ce monde. « On peut lire des choses comme "son héritage a permis que les pauvres restent pauvres, et les riches restent riches". Mais il y en a d’autres qui citent des extraits de la Bible pour comparer Mandela à Jésus par exemple. Il y a celui-là aussi, qui dit : "J’ai l’impression que c’est une figure surfaite", et c’est en effet intéressant d’observer qu’il y a autant de focalisations autour de Mandela, et moins sur le reste », explique Kneo.Ces panneaux font maintenant partie de l'exposition « Nelson Mandela is dead », clin d’œil au célèbre « Dieu est mort » du philosophe Nietzsche. Kneo Mokgopa, qui travaille pour la Fondation de l’ancien leader, a ainsi voulu réfléchir à la place que prend toujours cette figure dans la société, et le vide laissé derrière : « Cette idée de sauveur est un étrange concept de la politique sud-africaine. On voudrait que quelqu’un vienne, pour nous montrer le chemin, pour nous élever. Et très souvent, on nous pose la question : qu’aurait-il dit aujourd’hui, Mandela, qu’aurait-il fait ? C’est une forme de deuil, on aimerait qu’il soit toujours là, et qu’il nous sauve à nouveau, mais il ne le fera plus ! »« Mandela a joué le rôle qu’il pouvait »Menzi Mkiva, 28 ans, considère pour sa part qu’en pointant du doigt les erreurs de Mandela, la jeune génération reste trop passive et devrait prendre son destin en main. « Tout cela devrait nous pousser à l’action, à nous demander ce que cette génération fait pour sortir l’Afrique du Sud de cet état, avec les délestages, les tensions raciales, ces problèmes qui persistent après sa mort. Mandela a joué le rôle qu’il pouvait, et maintenant, il nous a laissé le relais. »Certains reprochent par ailleurs au lauréat du prix Nobel de la paix, d’avoir fait trop de concessions lors de la transition en 1994. Pour la plus ainée de ses petits-enfants, Ndileka Mandela, il faut maintenant aller de l’avant : « Si vous conduisez une voiture, et que vous regardez toujours vers l’arrière, vous allez entrer en collision. Le premier outil, pour décider de notre futur, était le droit de vote. Et leur génération y est parvenu, leur slogan c’était "la liberté, de notre vivant !" Ensuite, le deuxième bloc était de la responsabilité des générations après eux : qu’ont-ils achevé ? »Tous reconnaissent cependant que « Tata Mabida », comme il était affectueusement appelé, n’était pas un homme sans failles, et qu’il est sain que son héritage soit régulièrement revisité.
12/9/20232 minutes, 29 seconds
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Côte d'Ivoire: à Grand-Bassam, les mangroves en voie de disparition

La Côte d’Ivoire a perdu l’essentiel de son couvert de mangroves au cours des dernières décennies. Ces forêts d’arbres aquatiques, composées principalement des palétuviers, jouent pourtant un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des populations locales et dans la préservation de l’environnement. Reportage à Grand-Bassam, ville côtière à 30 km d’Abidjan. De notre envoyée spéciale à Grand-Bassam,Les mangroves étaient une composante essentielle du paysage de Grand-Bassam et des villages alentour. De 500 hectares, ces forêts amphibies n’en couvrent plus qu’une trentaine aujourd’hui. Au village d’Azuretti, le président des jeunes Crépin Akesse se souvient de leur splendeur passée.« Il y a encore 25 ans de cela, toute la berge était couverte de mangroves, toute la berge. Comme ces petites oasis que vous voyez là. Et à l’intérieur des terres, sur au moins 30 mètres, il y avait des mangroves partout. Mais quand il y a eu le développement de la ville ici, les promoteurs immobiliers sont arrivés et ont décapé beaucoup de terrains. Ils ont détruit toute la mangrove. On s’est opposés, avec les moyens qu’on a... Au niveau du village, on a mené des manifestations en 2017 et 2018, on est allé s'opposer à la coupe de mangroves, on a fait des courriers à l’administration… Mais ils sont restés lettre morte. »Des pratiques de pêche néfastesCertaines pratiques traditionnelles peuvent aussi menacer les mangroves. Les palétuviers sont parfois coupés pour être utilisés comme bois de chauffe, ou pour fumer le poisson. En mars dernier, l’Union européenne a financé une opération de sensibilisation et de plantage d’arbres à Azuretti. Le frère du chef du village, François Esou, qui vit sur cette parcelle de terre, doit protéger les jeunes palétuviers contre les pêcheurs, équipés de filets de type « épervier ».« C’est les pêcheurs, souvent quand ils viennent avec leurs pirogues, ils lancent leurs éperviers sur les mangroves… Moi, je leur défends de faire ça. Parce que quand ils les lancent dessus, en tirant les filets, ça déterre les palétuviers. Souvent, ils pêchent la nuit. La nuit, je ne suis pas là pour les surveiller, mais la journée, je m’occupe de ça, je veille sur eux. »Des zones essentielles pour la biodiversité localeLes conséquences de la destruction des mangroves sont dramatiques, à la fois pour les populations locales et pour l’environnement. Ce sont des zones de fret, explique le géographe Séka Fernand Ayenon, où les espèces aquatiques viennent se reproduire.« Ce sont des zones très importantes qui permettent une régénérescence des espèces aquatiques. Vous voyez, regardez au fond, on a une multitude de poissons. Si toutes ces zones de mangroves sont détruites, vous verrez qu’on n’aura même plus de poissons. En plus de cela, ce sont des zones qui captent le carbone. Les mangroves captent dix fois plus de carbone qu’une forêt terrestre. Et en plus de cela, elles empêchent l’érosion côtière. »La Côte d’Ivoire a signé en 1971 la convention internationale Ramsar pour la protection des zones humides, mais seuls deux territoires sont concernés : Fresco au sud-ouest du pays, et les îles Ehotilé près d’Assinie. Les défenseurs de l’environnement espèrent voir le gouvernement étendre cette protection à l’ensemble des mangroves ivoiriennes, pour sauver celles qui peuvent encore l’être.À lire aussiLes zones humides au Bénin, des alliées contre le changement climatique
12/8/20232 minutes, 17 seconds
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Kenya: à l'hôpital Aga Khan de Kisumu, la réduction des émissions carbone avance à grands pas

Dans la lutte contre le réchauffement climatique, tous les secteurs sont amenés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, y compris le secteur de la santé. Le mois dernier, dans la perspective de la COP28 qui se tient actuellement à Dubaï, l'OMS a d'ailleurs dévoilé un nouveau cadre pour construire des systèmes de santé résilients face au changement climatique et à faible émission carbone. À Kisumu, dans l'ouest du Kenya, l'hôpital Aga Khan a déjà amorcé sa transition. De notre envoyée spéciale à Kisumu,Des rangées de panneaux photovoltaïques recouvrent une partie des toits de l’hôpital Aga Khan de Kisumu, d’où l’on aperçoit le lac Victoria. James Onguru, chef de projet, pointe du doigt l’installation la plus proche : « Ceux-là, on s’en sert pour produire de l’eau chaude. Elle est ensuite stockée dans les réservoirs noirs là-bas ».Un peu plus haut, d’autres produisent une partie de l’électricité consommée par le bâtiment : « Quand l’ensoleillement est maximal, ils peuvent couvrir jusqu’à 60 % de nos besoins en énergie ».Des besoins que l’hôpital tente de réduire grâce à des ampoules LED ou des détecteurs de mouvement dans certaines pièces. Mais certains appareils médicaux consomment beaucoup d'énergie. Dans le cadre de ses efforts de décarbonation, l’hôpital a aussi pris des mesures plus spécifiques.Les panneaux solaires servent aussi à faire tourner les machines de ce petit local blanc. Bashir Ahmad, responsable des équipements de santé de l’hôpital, explique de quoi il retourne : « C’est la pièce où l’on produit de l’oxygène. 21 % de l'air est composé d'oxygène. La machine prend l’air ambiant, capture l’oxygène et enlève les autres gaz. En le produisant nous-même, nous évitons des émissions carbone liées au transport ».La technologie comme principale difficultéLes efforts pour lutter contre le changement climatique s’invitent jusque dans le soin des malades : « En anesthésie, il y a aussi certains gaz comme le protoxyde d’azote. Il est utilisé comme un gaz porteur, mais c’est un gaz à effet de serre. Donc, on a réduit l’utilisation du protoxyde d’azote et on utilise de l’air à la place. Cela fonctionne de la même manière et c’est sans danger ».L'une des principales difficultés dans la route vers la décarbonation de l'infrastructure est la technologie, assure Pacifique Mukamusangwa, chargée du projet zéro émission nette : « Beaucoup de technologies qui sont recommandées ne sont pas encore ici sur le marché au Kenya. Et celles qui sont là sont un peu plus chères ».L’hôpital assure avoir déjà réduit de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis 2021. Il vise une baisse d'au moins 80 % d’ici à 2030.À lire aussiAu Kenya, le premier sommet africain sur le climat adopte la «Déclaration de Nairobi»
12/7/20232 minutes, 28 seconds
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Les zones humides au Bénin, des alliées contre le changement climatique

Marais, zones côtières, bords de rivière, lagunes, tourbières… Sur la planète, les zones humides sont souvent méconnues. Pourtant, elles jouent un rôle clé pour lutter contre le réchauffement climatique et ses effets de plus en plus dévastateurs. Des racines qui sortent de l’eau pour respirer et des feuilles qui recrachent le sel. Les capacités surprenantes du palétuvier noir racontent l’écosystème sans pareil que constituent les mangroves, ces forêts qui poussent dans l’eau saumâtre, à l’interface entre terre et mer.Depuis 2019 au Bénin, l’ONG CORDE a replanté 200 000 pieds de palétuviers sur les rives de la lagune côtière près de Ouidah.« La mangrove joue un rôle de frayère. Les poissons viennent déposer leurs œufs au niveau des racines et chassent des palétuviers parce que c'est difficile pour les prédateurs d'entrer au niveau de ces racines », explique Ebenezer Houdjinou, coordinateur de l’ONG.Autre raison pour laquelle l’association et les communautés alentours protègent cette zone humide qu’est la mangrove : elle sert de rempart face aux tempêtes et aux vagues de submersion marine, de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique.Et, bonus, la mangrove stocke le carbone atmosphérique – celui que nous émettons et qui entraine tous ces bouleversements – de manière bien plus efficace que les forêts continentales. « Ça devient un puits de carbone qu'il faut préserver parce que si on le laisse se détruire, c'est que tout ce CO2 absorbé va remonter dans l'atmosphère », précise Ebenezer Houdjinou.Maintenir les zones humides est aussi vital en ville, car elles servent d’éponge en cas d’inondations.Avec Amos Adougbagui et d’autres riverains du marécage de Fifadji à Cotonou, l’association AGIR a réhabilité l’une de ces zones humides au cœur de la capitale économique.« Sans les zones humides, on est en train d'aller vers une noyade complète. Le refuge naturel de l'eau, ce sont les cours d'eau. À plusieurs endroits dans la ville, le cours d'eau a été entrecoupé par des ponts, par des rails, par des franchissements. C'est là où on parle d'inondations temporaires. C'est le moment de saisir l'importance des zones humides », affirme Alfred Houngnon, chercheur et fondateur de l’association AGIR.Et si les zones humides ont été préservées et entretenues, quand revient la saison sèche, elles restituent l’eau emmagasinée aux rivières et rafraîchissent la ville.À lire aussiSoudan du Sud: à Bentiu, un avenir incertain après les inondations [1/3]
12/6/20232 minutes, 17 seconds
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Soudan du Sud: à Bentiu, la peur d'une eau polluée par l'industrie pétrolière [3/3]

Le Soudan du Sud subit de fortes inondations depuis trois ans au nord du pays, à Bentiu. La population locale et les officiels témoignent d’un autre désastre écologique dont les causes et les effets restent méconnus : la pollution pétrolière. L’État d’Unité compte trois champs pétroliers où l’or noir est actuellement exploité. Des fuites sur des pipelines endommagées pendant la guerre civile ou du fait des inondations, auraient-elles conduit à une pollution de l’eau par des produits chimiques ? Avec notre correspondante de retour de Bentiu,Quand les inondations ont frappé en 2021, Mary a perdu tout ce qu’elle possédait. Elle témoigne des « maladies mystérieuses » qui sont arrivées avec l’eau des inondations. « Ces inondations, elles ont tué beaucoup de vaches et de chèvres, et pas seulement par noyade ou par manque d’herbage. Cette eau, elle est venue avec des maladies, déplore-t-elle. Si elle touche le bout des pattes de votre bétail, vous pouvez être sûr qu’il ne survivra pas. Même si vous l’emmenez sur de la terre sèche, il y a de fortes chances que les bêtes meurent. Je ne sais pas quelles sont ces maladies. Mais les inondations ont tué tout notre bétail. »Pour elle, « seul Dieu sait » ce qui a causé la mort de ses bêtes.Pourtant, ici à Bentiu, on parle facilement des craintes inspirées par une possible pollution liée à l’industrie pétrolière. Les champs pétroliers se trouvent seulement à une quinzaine de kilomètres au nord. Certains jours, selon les courants poussés par le vent, des nappes marron orangé se forment à la surface de l’eau des inondations.En bateau sur la rivière Naam, un affluent du Nil, l’ingénieur Gatwech Bipal, directeur au ministère des Transports, des Routes et des Ponts de l’État d’Unité, constate la « dévastation » causée par les inondations. Et affirme que cette eau a apporté avec elle un risque chimique.Des conséquences sur la santé« Au cours des trois dernières années, les habitants de l’État de l’Unité n’ont pas pu cultiver. Même leurs vaches sont mortes à cause des produits chimiques provenant du mélange de l'eau des inondations avec le pétrole. Vous savez que l’État d’Unité est situé dans les zones pétrolières. Ainsi, chaque fois qu’il y a une mauvaise gestion des déchets pétroliers, cela entraîne la mort du bétail. Les gens ont vraiment souffert ici à cause de cette eau », explique Gatwech Bipal.De fait, dans la région, on pêche, on se baigne, on fait tout dans cette eau depuis les inondations.« Quand l’eau va refluer, la fertilité de la terre aura disparu. Car cette eau est contaminée avec des éléments du pétrole. Et donc c’est possible qu’il y ait 3 ou 4 ans pendant lesquels il n’y aura pas de bonne récolte. Tout ça, ce sont les conséquences à long terme des inondations. De même qu’il y a déjà des conséquences sur les êtres humains. Nous pouvons constater dans différents hôpitaux des bébés qui naissent avec des difformités ou des parties manquantes de leurs corps. Tout ça, c’est l’impact de la présence du pétrole par ici », s'inquiète John Juan Buom, directeur de la commission humanitaire du gouvernement régional.Selon nos informations, des audits environnementaux ont été réalisés par le ministère du Pétrole, mais les résultats n’ont pas encore été rendus publics.À lire aussiSoudan du Sud: à Bentiu, face à la montée des eaux, la lutte des femmes pour la survie [2/3]
12/5/20232 minutes, 42 seconds
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Soudan du Sud: à Bentiu, face à la montée des eaux, la lutte des femmes pour la survie [2/3]

Le Soudan du Sud est l’un des pays les plus durement touchés par le changement climatique. Le pays subit des inondations depuis quatre ans, provoquant le déplacement de plus d’un million d’habitants, qui ont perdu leurs moyens de subsistance traditionnels. Dans la capitale de l'État d’Unité, Bentiu, les troupeaux ont été décimés et les champs sont toujours recouverts d’eau. Pour nourrir leurs enfants, les Soudanaises vont dans l'eau, prennent des risques considérables pour ramasser des nénuphars et coupent du bois.  Avec notre correspondante de retour de Bentiu,Sur la digue qui entoure le grand camp de déplacés accolé à la base de l’ONU à Bentiu, les bras se relaient pour décharger les canoës en provenance de la forêt inondée.Une femme coupe du bois. « Je m’appelle Nyagai Ter. J’ai 37 ans et sept enfants ». La mère de famille vend du bois de chauffe pour gagner sa vie, un travail éreintant. « Je vais en canoë jusqu’à l’endroit où il y a encore des branches aux arbres. Je les coupe à la hache, les mets dans le canoë et je les ramène ici pour les vendre. Ça me permet d’acheter de la nourriture à mes enfants. C’est très fatigant, mais je n’ai pas le choix, je fais ça pour survivre. »Quand les rations alimentaires du Programme alimentaire mondial s’arrêtent, comme c’était le cas en septembre et octobre, les femmes de Bentiu se démènent pour trouver de quoi nourrir leurs familles. Les nénuphars, dont le bulbe séché est transformé en farine, permettent de tenir. Encore faut-il s’aventurer dans l’eau pour les cueillir.Une situation dangereuse pour les mèresMary Nyaluony, une représentante des déplacés, insiste sur les nombreux risques auxquels il faut faire face. Elle se souvient du cas de cette femme dont le petit stand sur le marché en bord de route avait été emporté en août 2022, lorsque la digue a rompu. « Elle essayait de sauver ses affaires alors que l’eau était en train de tout emporter, lorsqu’elle a été mordue à la jambe par un serpent qu’on ne connaissait pas jusqu’ici. Et aujourd’hui, sa jambe est paralysée. »Mary Nyaluony n’en peut plus de voir que ces inondations se prolongent dans le temps. « On pensait que ça allait durer un an, mais ça fait déjà 3 ou 4 ans, et l’eau ne baisse pas ! C’est un cauchemar pour nous, les mères. On perd espoir de voir la situation s’améliorer. »Il est loin le temps où, se souvient Martha Nyayieya, « la vie était confortable ». La mère de sept enfants, déplacée en 2021 par les inondations, avait 22 vaches et des chèvres, et ne dépendait pas de l’aide humanitaire. Mais aujourd’hui, elle n’a pas d’autre choix.« Je veux faire passer un message aux humanitaires et à l’ONU. Il faut qu’ils nous aident. Car nous n’avons pas accès à la nourriture. Nous n’avons pas de terres à cultiver, pas de travail, pas d’argent. Nous souffrons beaucoup », déplore-t-elle.Mais les fonds nécessaires à la réponse humanitaire au Soudan du Sud sont en baisse, avec seulement 54% de la somme mobilisée en 2023.À lire aussiSoudan du Sud: à Bentiu, un avenir incertain après les inondations [1/3]
12/4/20232 minutes, 20 seconds
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Soudan du Sud: à Bentiu, un avenir incertain après les inondations [1/3]

Le Soudan du Sud est l’un des cinq pays au monde les plus vulnérables face au changement climatique, selon l’ONU. Depuis quatre ans, le pays se bat contre des inondations catastrophiques et des niveaux anormalement élevés dans le bassin du Lac Victoria, provoqués par des pluies torrentielles. La situation est très difficile à Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays. Les habitants des villages alentours se sont réfugiés derrière des digues construites avec l’aide de l’ONU. Avec notre correspondante de retour de Bentiu,De l’eau jusqu’aux genoux, Nyanhial Luoy, 48 ans, se courbe pour ramasser des plantes dans l’eau stagnante près de Bentiu. Comme des dizaines de milliers d’autres déplacés, elle a tout perdu, et survit en mangeant du poisson et des nénuphars.« Les inondations sont arrivées pendant la nuit. Je me suis réveillée et j'ai découvert que l'eau était déjà dans la maison. Nous sommes partis en catastrophe avec mes dix enfants, mais la route entre notre village et Bentiu était sous l’eau. Sans bateau, nous n’avons rien pu emmener, même pas nos chèvres. Nous avons marché dans l’eau, c’était dangereux à cause des serpents. Nous avons eu beaucoup de mal à arriver ici. Il nous a fallu une semaine », déplore-t-elle.Sur la digue de l’immense camp de déplacés accolé à la base de l’ONU, des canoës accostent et déchargent leur marchandise. L’eau a recouvert la forêt, tout autour, à perte de vue.235 000 déplacés à cause des inondationsMakuei Kong, 40 ans, employé de l’ONG sud-soudanaise Coalition for Humanity, ne peut que constater les dégâts. « Les vaches sont mortes ! À cause des inondations, il n’y a plus d’herbe, il n’y a plus que de l’eau. Sans pâturages, les animaux ne peuvent que mourir de faim ! »Son père lui a raconté l’histoire des inondations qui ont frappé la région dans les années 1960. « Celles-ci sont bien pires ! Nous n’avons jamais fait l’expérience de telles inondations, avec des eaux aussi profondes. Elles ont tout détruit. Si vous demandez aux anciens, ils vous le diront : ces inondations sont énormes et seul Dieu sait quand la situation va s’améliorer », constate Makuei Kong.Une centaine de kilomètres de digues ont été érigés pour protéger de l’eau, pas moins de 235 000 déplacés. Des travaux de maintenance sont en cours, là où le niveau de l’eau est visiblement plus élevé que celui de la terre.Le major Saad Sultan supervise les opérations du contingent d’ingénieurs pakistanais de la Minuss, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud. « Nous avons été préventifs tout au long de la saison des pluies et nous avons constamment réparé les digues. C’est pour cela que nous n’avons pas eu de brèche et que nous avons pu conserver cette route, qui est la seule disponible. »Mais c’est une lutte continue qui n’est pas près de se terminer, puisqu’on attend une nouvelle montée des eaux au Soudan du Sud en milieu d’année prochaine.À lire aussiSoudan du Sud: la Commission des droits de l’Homme de l'ONU pointe un manque de liberté d'expression
12/3/20232 minutes, 19 seconds
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Centrafrique: le PK5, à nouveau symbole du vivre ensemble [3/3]

Le PK5, quartier à majorité musulmane situé dans le troisième arrondissement de la capitale, renaît progressivement de ses cendres. Lassés par des années de crise, les habitants du secteur et les autorités locales avaient appelé au départ des groupes d'autodéfense en 2015. Après les élections présidentielles et législatives de 2016, l'État avait retrouvé son autorité et le quartier ses services publics. Aujourd'hui, on note la présence des forces de l'ordre et des casques bleus de la Minusca. De notre correspondant à Bangui,Il est 10 heures 30 et c'est l'heure de pointe au PK5. Coups de klaxon, embouteillages... commerçants et clients s'entremêlent, chacun dans ces courses.Des commerçants ambulants, appelés ici « Boubanguérés », se baladent partout avec leurs marchandises sur la tête ou dans des pousse-pousse. Parmi les clients, Hervé Aboubacar est flatté par les prix des produits écoulés à l'air libre. « Le marché revient de loin après cette crise. Nous avons beaucoup souffert. Il est temps de tourner la page. Comme vous pouvez le constater, il y a la paix, il y a de l'ambiance et il y a une parfaite cohabitation. Ça fait plaisir de voir comme le marché du PK5 a retrouvé ses couleurs. »À écouter aussiCentrafrique: les habitants du PK5 se souviennent avec mélancolie de la belle époque de leur quartier [1/3]Ici, c'est l'alignement des vendeurs de friperies. Au fond de la ruelle, des couturiers ont installé des machines à pédales. Ils ont pour principale activité les retouches des vêtements.« On a tout fait pour ramener nos habitants ensemble. C'est ce qui a fait que, après la crise, il y a des chrétiens qui ont reconstruit leur maison. Ils sont retournés dans le 3ᵉ arrondissement. Au niveau du marché, nous avons plaidé pour qu'il reprenne vie. Aux abords de l'avenue Koudoukou, c'est tout un tas de mélange qui est là », explique Marie-Joseph Fitalona, conseillère à la mairie du troisième. À l'autre bout du marché, on peut voir les étals des vendeurs de viandes et de légumes bien garnis. Non loin de là, on aperçoit des hommes et femmes qui tiennent des quincailleries. Le marché du PK5 est le véritable poumon économique de la Centrafrique, selon James Koursany, économiste. « Les activités du secteur primaire, du secteur secondaire et du secteur tertiaire se trouvent au sein de ce marché. Nous constatons des ventes en gros et des ventes en détail. Le capital qui circule au sein de ce marché peut être estimé à une centaine de millions par jour, comparativement aux autres marchés de bandits, aux autres marchés de la République centrafricaine », précise-t-il.Après des années de crises, le KM5 va visiblement mieux. Les Banguissois redécouvrent la densité du marché, le goût des méchouis, l'ambiance des orchestres et le vivre ensemble.À écouter aussiCentrafrique: les habitants du PK5 se souviennent de la guerre [2/3]
12/2/20232 minutes, 17 seconds
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Centrafrique: les habitants du PK5 se souviennent de la guerre [2/3]

Le PK5, ce quartier populaire, commercial et culturel, a été durement frappé pendant la crise militaro-politique de 2013. Considéré comme le poumon économique de la Centrafrique, c'est là que transitent tous les produits venant du Cameroun, du Tchad et du Soudan. Le coup d'État de 2013 de la coalition Séléka contre l’ancien président François Bozizé, a plongé ce quartier cosmopolite dans la violence. La paix est revenue, mais les habitants se souviennent de cette page sombre de l'histoire. De notre correspondant à Bangui,KM5. Nous marchons dans la rue Dido, autrefois appelée « Couloir de la mort ». Malgré l'ambiance qui y règne actuellement, l'endroit porte encore les stigmates de la crise.Quelques herbes ont poussé dans les allées bordées de magasins abandonnés, de maisons partiellement détruites, des impacts de balles sur des bâtiments et sur des poteaux électriques. Ousmane Dida, habitant du KM5, se remémore : « Les événements de 2013 étaient dramatiques. Il y avait le couvre-feu entre 20h et 5h du matin. Chaque soir, on entendait des coups de feu, on signalait des cas de braquages, d'assassinats, de viols et de pillages contre des musulmans, tout comme les chrétiens. Entre décembre 2013 et les mois de janvier, février et mars 2014, les milices Séléka et anti-Balaka semaient la désolation ».« Une prison à ciel ouvert »Au temps forts de la crise, les armes circulaient très facilement. Le KM5 échappait au contrôle des forces loyalistes. Certaines personnes le surnommaient « Poudrière » ou encore « Vatican », autrement dit un État dans l’État. Magalie est une habitante de PK5 : « J'ai perdu des parents, des amis et des proches. À cette époque, KM5 avait mauvaise réputation, presque toutes les écoles étaient fermées. Les commerçants et même les habitants étaient rançonnés par les groupes d'auto-défense. On vivait comme dans une prison à ciel ouvert, sans savoir de quoi demain serait fait ».Chapelet en main, grand boubou de couleur jaune, Aoudou Maïkano mâche la cola en sortant de la mosquée centrale. Même si aujourd'hui, il se promène librement, en 2014, il avait quitté le quartier pour se réfugier au Tchad : « KM5 était un quartier dangereux. Les gens étaient kidnappés, tués ou disparaissaient, tout simplement. Les commerces étaient fermés. À cause de l'insécurité, j’avais quitté le KM5 avec ma famille pour trouver refuge ailleurs. Mais aujourd'hui, je suis heureux de réintégrer ma communauté. Je ne souhaite plus revivre ce genre d'événements au KM5 ».Entre 2013 et 2015, plusieurs centaines de personnes avaient perdu la vie dans ce quartier. La crise avait aussi provoqué d'importants dégâts, estimés à plusieurs millions de FCFA. Plusieurs chefs de groupe d'auto-défense ont été tués, d'autres ont été condamnés, et d’autres encore ont fini à l’hôpital psychiatrique.  À lire aussiCentrafrique: les habitants du PK5 se souviennent avec mélancolie de la belle époque de leur quartier [1/3]
12/1/20232 minutes, 16 seconds
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Centrafrique: les habitants du PK5 se souviennent avec mélancolie de la belle époque de leur quartier [1/3]

Situé dans le 3e arrondissement de la capitale, ce quartier populaire de Bangui, majoritairement musulman, est à la fois appelé Km5 ou « Cinq-Kilos ». Entre les années 60 et 90, il était connu pour le dynamisme de sa population, sa diversité et sa densité. Un secteur cosmopolite où tout le monde se retrouvait pour partager le thé, le méchoui et suivre des concerts. De notre correspondant à Bangui,Appuyé sur sa canne, Aladji Cabara marche lentement en chantant l’un des vieux disques des années 70. En compagnie de quelques camarades, cet ancien conducteur de taxi nous amène à la découverte de l’ex-bar dancing Étoiles, construit dans les années 70 et détruit après des années de crises. Né en 1952, Aladji Cabara secoue la tête et verse des larmes nostalgiques : « L’ambiance du KM5 était pure et indescriptible. À l’époque de l’empereur Bokassa, le coût de la vie était moins cher. PK5 était le centre de l’ambiance, parce qu’il y avait une trentaine de bars dancing. Je peux citer entre autres les bars Punch Coco, Étoiles ou encore le Rex. Les grands orchestres comme Vibro Succès, Tropicale Fiesta, Centrafrica Jazz mettaient de l’ambiance partout. La Nostalgie ! »Malgré la chaleur, nous traversons tout le quartier pour visiter des endroits historiques. À côté de la mosquée centrale, assis sur des nattes, Amadou Roufaï partage le chai, une autre appellation du thé, avec ses amis : « Je suis fils des années 60. Pour parler de cette époque, je dirais qu’il y avait une ambiance totale. Les communautés chrétiennes et musulmanes vivaient en parfaite harmonie. Lorsque les Centrafricains de la diaspora arrivaient à Bangui, ils venaient d’abord manger le méchoui de KM5 avant d’aller chez eux. Le meilleur méchoui, c'est au KM5. Même aux heures tardives, les gens venaient manger le méchoui, prendre un verre avant de rentrer chez eux tranquillement. »Le KM5 au rythme de la musiqueDirection le terrain de football de Sagbado. Ici quelques enfants s’entraînent avec le ballon rond. Mais, dans les années 80, ce terrain était un carrefour de la sape. Aladji Ouananga Cabara : « C’est ici que les grands sapeurs de KM5 se retrouvaient avant d’aller aux soirées dansantes. Chacun prenait le soin d’imbiber ses cheveux avec de l’huile de karité avant de les peigner soigneusement. On portait des pantalons gabardine à pattes d’éléphant avec des chaussures très pointues appelées pointinini. La classe ! » À cette époque, il n’y avait pas de couvre-feu, les habitants pouvaient se promener du matin au soir et faire la fête jusqu’à l’aube. En ce temps-là, PK5 vibrait au rythme des styles de musiques tels que : Ndombolo, Rumba, Motenguènè ou encore le Jazz.
11/30/20232 minutes, 28 seconds
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Maurice: à Rivière des Galets, un mur pour lutter contre la montée des eaux

À Maurice, les effets du changement climatique ne sont pas seulement visibles, ils engendrent aussi un nouveau rapport entre les habitants des zones côtières et la mer. Alors que l'érosion impacte de manière significative tout le littoral, à Rivière des Galets, dans le sud de l'île, un mur a été érigé. Il sépare le village de la mer. La montée des eaux constitue un danger notamment pendant la saison cyclonique. « C’est beau ici, il m’est arrivée de voir des dauphins, des baleines depuis ma nouvelle maison. » Steffi, dans la trentaine, se remémore avec émotion les premières années de son mariage lorsqu'elle s'est installée à Rivière des Galets. Depuis sa modeste demeure, elle jouissait d'une vue captivante sur la mer. Cependant, les temps ont évolué.« Auparavant, ceux qui venaient des autres localités, quand ils nous voyaient vivant face à la mer, ils nous disaient : "Oui, on aimerait bien avoir une maison près de la mer". Mais maintenant, il y a un mur devant la maison, il faut faire le tour du mur pour voir la mer. »Depuis huit ans, un mur sépare en effet le village de la mer. Les modestes villageois ne se réveillent plus en face de l'océan. Maintenant, ils doivent grimper par-dessus le mur ou faire le tour. La montée des eaux a privé les villageois de leur plus grand bonheur ; une vue constante sur la mer. Pour les protéger des submersions fréquentes quand la mer est démontée, les autorités n'ont eu d'autre choix que d'élever une barrière de protection en béton.Une montée du niveau de la mer de 5,6 mm par anAssis sur le mur, Daryl, 18 ans contemple l’océan et nous indique les pierres disposées en contrebas pour atténuer la force les vagues.« Durant mon enfance, il y avait du sable ici. L’eau n’était pas si proche. On jouait au foot ici, on nageait. Maintenant, les enfants ne peuvent pas jouer ici. C’est dangereux. »Les pêcheurs doivent désormais amarrer leur pirogue à l’extrémité du village. Mais Prem, la cinquantaine, ne s’en plaint pas. Au contraire : « Maintenant, c’est mieux qu’avant. Le mur nous protège. Avant, l'eau entrait dans la cour et la maison, partout ».Maurice enregistre une accélération de la montée du niveau de la mer. Elle atteint désormais 5,6 mm par an et dépasse la moyenne mondiale qui est de 3,3 mm. L’érosion impacte toutes des zones côtières, avec certaines régions perdant jusqu’à 20 mètres de plage. Selon Météo Maurice, la température moyenne de l’île, des années 1960 à ce jour, a augmenté de 1,40 degré Celsius.À lire aussiLes digues, un exemple de mauvaise adaptation au changement climatique?
11/29/20232 minutes, 13 seconds
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Sénégal: les cahiers de Ponty, témoignages précieux ou matériel pour les colons? (2/2)

Suite et fin de notre série de reportages au Sénégal consacrés à l'école normale William-Ponty. Dans les murs de l’Ucad à Dakar sont précieusement conservés ce que l’on appelle les cahiers de Ponty. Ces devoirs étaient rédigés par les élèves venus de toute l’AOF, l'Afrique-Occidentale française, à partir des années 1930. Ce sont des témoignages riches des rites et coutumes dans ces pays, mais ils s’abîment avec le temps. De notre correspondante à Dakar« Les cahiers sont là ». Dans une armoire métallique, de grandes pochettes en cartons sont ouvertes méticuleusement par El Hadj Birame Diouf, documentaliste à l’Institut Fondamental d'Afrique Noire (Ifan). Des informations précieuses...À partir de 1937, les brillants étudiants de l’école William Ponty les rédigeaient l’été, lorsqu’ils retournaient chez eux aux quatre coins de l’AOF. L’idée était d’africaniser la formation, dans une école dirigée par des professeurs français et avec un enseignement très eurocentré : « En tout cas, on a situé les cahiers. C’était juste pour montrer les réalités africaines, le vécu quotidien des anciens pensionnaires dans les villages les plus reculés », détaille le documentaliste. Dedans, les cahiers de Ponty décrivent en détail de nombreuses coutumes de l’Afrique de l’Ouest : « Par exemple, il y a des cahiers qui parlent de la cuisine, sur l’alimentation, sur les rites funéraires, comment toutes ces manifestations-là étaient organisées. » À écouter aussiSénégal: partager les archives, construire la mémoire... utiles à l'administration colonialePour l’universitaire et critique littéraire béninois Guy Ossito Midiohouan, il faut cependant remettre ces productions dans leur contexte historique, celui de la colonisation française, pour les comprendre : « Cela visait d'abord à faire de ces Africains inscrits des agents de renseignement de l'autorité administrative. Ces élèves permettaient une connaissance plus intime, une connaissance de l'Intérieur du pays à administrer. » La valeur historique des cahiers a été retenue par l’Unesco qui les a intégrés au fonds « Mémoire du monde » en 2015, qui répertorie les archives remarquables du monde entier. Car ils ont aussi été rédigés par des jeunes hommes qui devinrent pour certains de grandes figures politiques en Afrique : « Là, on a aussi l'autre cahier de Diallo Telli, c'est un Guinéen qui a travaillé sur l'alimentation indigène à Poredaka, explique El Hadj Birame Diouf. Boubacar Diallo Telli a été le premier secrétaire général de l'Union africaine ».À écouter aussiDiallo Telli, l'ascension d'un jeune diplomate (1&2)Des cahiers « uniques » et fragilesLes cahiers de Ponty sont régulièrement consultés par des auteurs et des chercheurs, mais ils sont très fragiles : « Il y a certains cahiers écrits sur du papier qui est assez cassant et jaunissant. Ensuite, l'encre qui est utilisée est une encre délébile qui peut s'effacer avec le temps. Ce sont des cahiers qui sont uniques, donc si vous perdez un cahier, c'est pratiquement tout le vécu qui a été raconté par son auteur qui disparaît en même temps. » Les documentalistes de l’Ifan sont en train de les numériser progressivement pour préserver ce patrimoine écrit. À lire aussiDiallo Telli, premier secrétaire général de l'OUA, étoile filante panafricaine
11/28/20232 minutes, 15 seconds
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Sénégal: quel projet de réhabilitation pour l'ancienne école William Ponty?

Pendant une grande partie du XXe siècle, le Sénégal a abrité la fabrique à élites de l’AOF, l’Afrique occidentale française. Un projet colonial français pour former ses cadres localement, mais qui a ensuite permis l’émergence d’une génération de leaders africains. Aujourd’hui, le site qui a abrité l’école le plus longtemps tombe en ruines, et les anciens rêvent de le réhabiliter. De notre correspondante à Dakar,Face au grand amphithéâtre en ruines, Mamadou Kandji, ancien doyen de la faculté de lettres de l’université Cheikh Anta Diop, a des étoiles plein les yeux. Il se souvient de ses années d’étudiant, au milieu des années 1960. « Ce bâtiment date de 1938. Il y avait une salle de conférences en haut, un laboratoire de recherche et d'expérimentation avec des microscopes en bas », décrit Mamadou Kandji.L’école William Ponty est créée en 1903 par la France. C’est alors un instrument pour former ses cadres dans les colonies de l’AOF, l’Afrique occidentale française. « L'école était faite pour former des cadres moyens de l'administration coloniale, parce que la conception qui était faite au nom de la supériorité raciale, les Européens occupent tout ce qui est commandement et aux Africains, on laisse donc ce qu'on appelle les postes subalternes », indique Gana Fall, historien et spécialiste de l’administration.À écouter aussi«Les hussards noirs de la colonie»: les instituteurs avant les indépendancesUn « esprit de Ponty »L’école a vu passer beaucoup de futurs dirigeants africains à partir des années 1930, tels que Modibo Keita pour la Guinée, Abdoulaye Wade, ou encore Hamani Diori au Niger, puis les cadres et professeurs qui feront émerger les pays nouvellement indépendants.On parle d’un « esprit de Ponty » qui liait ces jeunes hommes, qui entraient à l’école vers 18 ans. « Le bâtiment détruit justement, ça a toute une histoire pour moi parce que j'ai logé dans ce dortoir-là, c'était la camaraderie et la bonne camaraderie. Mais sur fond de travail et de saine rivalité », souligne Mamadou Kandji.Aujourd’hui, difficile d’imaginer qu’une fabrique à élites était installée ici à Sébikotane, à une quarantaine de kilomètres de Dakar. L’amphithéâtre et les dortoirs sont détruits. Certains bâtiments ont disparu ou ont été transformés en prisons.Des promesses pour réhabiliter l'ancienne écoleL’Amicale des anciens, créée en 1991, se bat pour la réhabilitation du site. Un projet qui avait failli se réaliser sous Abdoulaye Wade, l’un des illustres anciens élèves. « Je me souviens que, quand on a soumis le projet au président Wade, il s’en était émerveillé et il avait proposé qu'on en fasse une université du futur africain », se rappelle Modou Ndiaye, le président de l’Amicale.Financé par Taïwan, le projet d'université tombe à l’eau à la rupture diplomatique avec le pays. Désormais, les anciens Pontins rêvent d’un nouveau complexe ambitieux bâti sur le site de l’ancienne école. « Il y aura un musée qui va amener des indices sur l'histoire. On n'écarte pas des implantations de locaux fonctionnels d'éducation et de formation, d'animation culturelle et intellectuelle », imagine Issakha Gueye, trésorier de l’amicale.L’Amicale a rencontré l’actuel ministre de la Culture qui leur a promis de plancher sur le sujet. Les anciens organisent aussi des conférences pour réfléchir sur les politiques éducatives au Sénégal.
11/27/20232 minutes, 19 seconds
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RDC: «Le Retour des Fantômes», un spectacle autour de la restitution des restes humains

En 1950, un médecin suisse, Boris Ade, a pour des raisons de recherche, procédé à l'exhumation de 7 corps des membres de la communauté Mbuti et emmené les dépouilles en Europe. La communauté de ces Pygmées vit toujours dans le territoire de Wamba, à l’est de la RDC. 60 ans après, ces squelettes sont encore conservés au laboratoire de l'université de Genève, même si un accord de cession a été signé avec l'université de Lubumbashi en RDC. Faut-il faire revenir les corps, comment organiser le retour ? Des artistes du Groupe 50-50 veulent faire bouger les lignes à travers un spectacle intitulé, le Retour des Fantômes. 
11/26/20232 minutes, 20 seconds
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Afrique du Sud: Body Moves, la danse pour tous les corps

En Afrique du Sud, le centre d’arts de Sibikwa à Benoni, à l’est de Johannesburg, accueille jusqu’à ce dimanche la 2ᵉ édition d’un festival de danse inclusive. Plusieurs compagnies professionnelles, d’Afrique du Sud, du Kenya, de Madagascar et d’Europe, composées de danseurs valides et handicapés, sont venus échanger autour de leurs techniques, et présenter leurs créations au public. Des pas, des mouvements et des chorégraphies, pour montrer que la danse peut être célébrée par tous les corps. De notre correspondante à Johannesburg,Avec agilité et rythme, Tebogo Lelaletse fait virevolter son fauteuil et enchaîne les acrobaties. Cela fait cinq ans que le jeune Sud-Africain handicapé s’est mis à la danse, et lorsqu’il se produit, il donne tout pour son public.« Ce que je ressens surtout, c’est de l’énergie », explique Tebogo Lelaletse. « Quand je suis sur scène, je fais juste ce que je suis censé faire. Je me jette, je ne réfléchis pas, car je sais ce que je dois faire. Et je le fais avec amour et grand plaisir. La danse, c’est pour tout le monde. Même avec un handicap, il ne faut pas rester assis, en se disant “oh mon Dieu, cette personne arrive à faire ces mouvements, j’aimerais tant pouvoir le faire”. Il suffit juste de tout adapter. »Le festival permet aux différentes compagnies de partager comment le handicap se fond dans leurs danses. C’est au tour d’Andile Vellem de montrer que même sans son, le mouvement peut naître. Sourd depuis son enfance, il a développé des chorégraphies autour du langage des signes. Mpotseng Shuping interprète pour nous ses explications signées. « Voici comment je procède : d’abord, j'enseigne le langage des signes, et ensuite, je transforme cet alphabet en mouvements du corps. »Une nouvelle dimension pour les créationsDes techniques qui entrent en écho avec les recherches de la compagnie malgache Lovatiana, qui a pour sa part travaillé autour d’une adaptation de l’alphabet braille. Pour Nacelle Somoh, danser sans voir demande juste davantage de préparation :« J’ai besoin de passer plus de temps sur la scène, pour sentir la scène et tous les coins, s’il y a des petites choses à retenir, et de compter les pas », indique Nacelle Somoh. « Peut-être qu’il nous faut plus de temps pour faire la répétition sur scène. Nous, on fait de la danse contemporaine, c’est de la danse du cœur, de la danse de l’émotion. Ça vient plutôt de l’intérieur. Et tu danses à partir de ton corps, à partir de ta sensation à l’intérieur. »Et selon la chorégraphe Lovatiana Rakotobe, le travail avec des danseurs valides et handicapés apporte une nouvelle dimension à ses créations : « Contrairement à ce qu’on pense, moi, j'ai beaucoup appris avec les danseurs non-voyants, parce qu’ils m’ont donné aussi de l’inspiration. Ça m’a ouvert en fait d’autres possibilités, dans l’exécution des mouvements. Et aussi au niveau de la forme, ça a abouti à de nouvelles propositions. »Cette diversité au sein de la danse avait déjà été sous le feu des projecteurs un peu plus tôt dans l’année, lorsque le danseur unijambiste sud-africain Musa Motha avait fait sensation au cours de l’émission Britain’s Got Talent.
11/25/20232 minutes, 20 seconds
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Guinée: les femmes victimes du 28 septembre 2009 créent une maison des survivantes

Ce samedi 25 novembre, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En Guinée, une initiative originale a vu le jour. Il y a 14 ans, plus d’une centaine de femmes étaient violées au grand stade de Conakry par des militaires guinéens venus interrompre, les armes à la main, un meeting de l’opposition. Pour permettre aux victimes de se reconstruire, des associations guinéennes et une ONG internationale ont créé une maison des survivantes. Inaugurée le 28 septembre dernier, elle se met en route tout doucement. De notre correspondant à Conakry,Il est 7 h du matin, dans la cour de sa concession, la poule et les poussins sont déjà réveillés. Oumou Barry s’apprête à rejoindre la maison des survivantes. Cette grand-mère est une rescapée du stade de Conakry.« J’avais 50 ans quand j’étais au stade. Ce que j’ai subi, c’est inexplicable. Tu vois un enfant qui a le même âge que ton propre garçon qui te fait du mal... », raconte-t-elle. À mots couverts, Oumou Barry raconte son viol.Sans politique de réparation, les femmes ont dû se prendre en main. « Personne ne nous a assistées. Même le gouvernement », dénonce Oumou Barry. « Il faut qu’on soit fortes maintenant. Il n’y a plus de pleurs, si tu pleures, qu’est-ce qu’il y a ? Qui peut t’aider ? »La maison des survivantes est née de cette prise de conscience, de cette révolte. Les femmes ont pu alors compter sur quelques soutiens : celui de l’Association des victimes du 28 septembre 2009, l’Avipa, celui de l’OGDH, l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, et puis une ONG les a aidées : le Global Survivors Fund, fondé par les prix Nobel de la paix Nadia Murad et Denis Mukwege.Une aide médicale, psychologique et juridiqueIl faut un peu plus d’une heure à Oumou Barry pour rejoindre le centre implanté dans le village de Moribayah, à 70 kilomètres de Conakry. Ici, les survivantes ont un local pour leurs activités économiques, mais pas seulement, elles vont pouvoir bénéficier, à terme, d’une aide médicale, psychologique, mais aussi d’une clinique juridique.  Ce jour-là, six femmes fabriquent du savon qui sera vendu sur les marchés. « Après les événements du 28-Septembre, je ne peux pas dire que cela nous a rendues complètement pauvres, mais on a été pour beaucoup des victimes », confie Idiatou Baldé. « Beaucoup d’entre nous ont perdu leur boulot, renvoyées par leur mari, et jusqu’à présent, il y a ces conséquences qui agissent sur nous »Idiatou Baldé répond aux questions avec aplomb. Cette maison des survivantes a permis à toutes ces femmes de reprendre confiance en elles. Les survivantes attendent désormais que l’État prenne le relais et s’engage dans un véritable programme de réparation.
11/24/20232 minutes, 14 seconds
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RDC: à Kisangani, la problématique de l'accès à l'électricité

Alors que la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 20 décembre se poursuit en RDC, l’essentiel des 100 millions de Congolais, dont les 44 millions d’électeurs attendus aux urnes, se heurtent à la problématique de l’accès à l’électricité. Moins de 20 % de la population ayant seulement accès à l’électricité, c’est l’un des taux les plus bas du continent. C’est l’un des sujets de campagne.  De notre envoyé spécial à Kisangani,Au cœur de la commune de Makiso, centre-ville, André et ses employés d’un atelier d’ajustage sont dans une véritable course derrière la montre. Ferrailles, baguettes de soudures, bar de fer... le travail doit vite s’exécuter, car après des jours de coupure de l’électricité, le courant peut être interrompu à tout moment de la journée. « Nous n’avons aucune minute à perdre. Imaginez que notre ligne est l’une des plus privilégiées, mais nous sommes fournis en électricité une à deux fois par semaine. Pour éviter des problèmes avec les clients, nous employons un groupe électrogène. Le litre d’essence se négocie présentement à 4 dollars. Un travail sans bénéfice à cause du manque de l’électricité. Nous souffrons ici et personne ne nous écoute », déplore André.À écouter aussiÉlectricité en RDC: comment donner la lumière aux Congolais?Le manque d'électricité, « le socle de la pauvreté » à KisanganiMême si sa fourniture est médiocre, la Société nationale d’électricité (SNEL) ne se prive pas de facturer ses clients. Derrière un mini-transformateur, Assumani. « C’est malheureux. Ils viennent ici avec des factures sur base de rien. Nous considérons cela désormais comme une taxe. En octobre, nous avons été alimentés deux fois, mais ils nous ont facturé comme si nous étions fournis 30 jours complets », indique Assumani.Les tenanciers des chambres froides et leurs clients en sont les plus grandes victimes. Chaque semaine, Espérance, près du marché central, jette des kilos de chinchards, poulet et autres vivres stockés. « Ce sont d’énormes pertes et c'est tous les jours. Le manque de l’électricité est le socle de la pauvreté dans cette ville. Peut-on imaginer qu'on laisse nos congélateurs branchés et juste espérer qu'on ait de l’électricité la nuit ? Ils nous alimentent pendant 30 minutes et après, plus rien. Il y a de cela quelques mois, les autorités avaient pourtant amélioré la situation, mais en fait cela n'a duré qu'un mois, juste pour nous flatter. »À écouter aussiRDC: dans les rares villages électrifiés, l'activité se développeDélestage impossibleLa ville de deux millions d’habitants dépend de la centrale hydroélectrique de la Tshopo héritée de l’époque coloniale. Kisangani a besoin de 48 mégawatts, mais la centrale n’en fournit que huit actuellement, selon les autorités. Impossible même d’assurer un délestage, estime Gentil Sefu du mouvement citoyen Lutte pour le changement.« La SNEL privilégie d’abord la Bralima qui produit la boisson, cette société a besoin de deux mégawatts sur les huit. Les six restants, on les donne, selon la SNEL, là où il y a les rizeries, postes des soudures et les officiels, alors que ces autorités-là, ce sont celles qui ont des moyens d’acheter des groupes électrogènes, carburant… Les paisibles citoyens manquent même de quoi allumer leurs lampes à la maison. Nous considérons que la ville est dans le noir. Même le délestage, c’est impossible. »Les députés pointés du doigtToute la colère est dirigée contre les députés. Qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, ils sont accusés de n’avoir pas suffisamment porté haut la voix de leurs électeurs.« Nous avons lancé la campagne “Zéro élu réélu pour un Congo fort”, parce que nous nous sommes rendu compte que les élus de 2018 ont failli à leurs missions », assène Maître Christian Kambi de la nouvelle dynamique de la société civile de Kisangani. « Nous ne savons même pas les raisons qui les ont poussés à être députés. Tous sans exception ont failli à leur mission »Les militants demandent la construction d’une autre centrale près du centre-ville ou la réhabilitation complète de celle déjà vétuste installée sur la rivière Tshopo.À lire aussiRDC: des projets de production d'électricité pour aider le secteur minier
11/23/20232 minutes, 49 seconds
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RDC: à Lubumbashi, la hausse des prix des produits de première nécessité n'épargne personne

Dans son discours du 14 novembre dernier devant le Parlement qui était réuni en congrès, le président congolais, Felix Tshisekedi, a reconnu que la RDC connaissait une inflation de plus de 19%. Une inflation qui a des conséquences sur le pouvoir d’achat de ses concitoyens De notre correspondante à Lubumbashi,La commune de Kamalondo à Lubumbashi est réputée pour son ambiance animée, la musique envahit quotidiennement le quartier. Pourtant, sur l’avenue Lunda c’est plutôt calme. Il est 11 heures, et certains élèves sortent déjà de l’école. Gloria, une jeune femme d’une vingtaine d’années est assise au coin de sa maison de deux pièces. Devant elle se trouve son brasero, qu’elle dit avoir allumé il y a quelques heures, mais qui semble désormais éteint : « Nous avons déjà préparé un peu de riz que nous avons mangé le matin. On ne mange le foufou que le soir. »Ne manger le foufou qu’une fois par jour, c’est devenu le quotidien de plusieurs familles à Lubumbashi. Depuis le mois de janvier, le prix de la farine de maïs a doublé, il est passé de 25 000 francs congolais (9,26 euros) à 50 000 francs (18,52 euros). M. Kasongo est réparateur de pneus dans le quartier Karavia, situé à l’ouest de la ville. Aujourd’hui, les clients étaient rares et avec une recette de moins de 10 dollars, il se demande comment il va pouvoir nourrir ses six enfants : « Ici chez nous, l'aliment de base, c’est la farine de maïs. Lorsque j’en ai en stock, je suis sûr que les enfants vont manger et je serai tranquille. Mais le prix du sac de farine est élevé. La vie coute cher surtout avec la dépréciation du franc congolais. »Les prix ont pour la plupart doubléPlus loin, dans le centre-ville de Lubumbashi, Micheline a fini son travail. Elle est femme de ménage dans un centre culturel. Elle aussi se plaint du cout élevé de la vie : « C’est très dur. Aujourd’hui, si j’ai 10 000 francs et que je vais au marché, je ne peux me procurer qu’une portion de farine et du poisson. Impossible d’avoir le charbon, du bois et de l’huile. »Cette situation n’épargne personne, explique également Christelle Ntanga, une informaticienne. Assise derrière son bureau, cette consultante tente toutefois de relativiser : « Je vais donner un exemple simple. La boite de lait que j’achetais au prix équivalant 15$, coute aujourd’hui 17$. » Vous continuez d'en acheter ? « On n’a pas de choix, il faut vivre. »Depuis le début de l’année 2023, les prix de tous les produits de première nécessité sont, pour la plupart, passés, du simple au double.
11/22/20232 minutes, 15 seconds
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RDC: le mauvais état des routes du Sud-Kivu, principale préoccupation des habitants de la région

La République Démocratique du Congo est en campagne électorale depuis dimanche. Et ce qui inquiète les habitants de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, c’est le mauvais état des routes de la province, malgré les nombreuses promesses réitérées depuis les élections de 2006. Ils espèrent cette fois-ci que les engagements pris par les candidats seront tenus. De notre correspondant à Bukavu,Au volant de son taxi jaune, sueur au front, Aganze Mirindi Romain a multiplié les manœuvres sur cette route, l’une des principales de la commune de Kadutu, mais encore une fois rien ne va : « Mon véhicule est tombé en panne sur cette même route récemment. Il sort du garage, j'ai même des photos, mais regarde, le moteur vient de déboîter encore. Et c’est presque toutes les semaines que nos voitures ont ce genre de problèmes. Nos routes sont dans un état très dégradé. D’ailleurs, je prie Dieu pour qu’il ne pleuve parce qu’il suffit de quelques gouttes de pluie pour que la circulation s’arrête ! »Sur la route nationale numéro 2, non loin du Lycée Wima qui surplombe Bukavu, il existe un endroit que les habitants ont surnommé « Yesu - Yesu », « Jésus - Jésus » en français. Les accidents de la route y sont fréquents. Tony Milinganyo est chauffeur de taxi : « Les gens crient Jésus-Jésus à cause des manœuvres que font les voitures lorsqu’elles passent par là. Ils ont peur de l’accident. C’est pourtant une route nationale. On ne comprend pas que les autorités ne voient pas tout ça ? D’ailleurs, je me demande comment ils comptent faire campagne à l’intérieur de la province. Est-ce que les habitants des milieux enclavés auront le courage d’aller voter ? Car là où il n’y a pas d’accès, la vie doit être chère, et ça ajoute de la souffrance à la souffrance ».Seulement 13% des voiries sont en bon état dans le Sud-KivuUn peu plus loin, Cizungu Nyangura Baïgon, la soixantaine, est désabusé :  ​« C’est regrettable de voir que ceux qui ont des postes stratégiques au gouvernement sont originaires de Ngweshe ; lorsqu’ils sont à Bukavu ils passent par ici pour aller chez eux. C’est cette route qui mène au village natal de la Première dame par exemple ! Quelle honte ? Ne me demandez pas d’aller voter pour ces gens-là. »Dans le centre-ville de Bukavu, les conducteurs roulent à gauche ou à droite, c’est selon l’état de la route, car il faut éviter les nids de poules. Georges Onembo est le directeur provincial de l’Office de voirie et drainage du Sud-Kivu. Il s’en remet au Fonds national d’entretien routier FONER qui, depuis quelque temps, s’active pour financer quelques travaux. « La province du Sud-Kivu a 162 311 kilomètres de voirie à entretenir. À peine 13% sont en bon état, 6% sont un état moyen et le reste en mauvais état. Avec le financement du FONER, on commence l’entretien des principaux axes. Nous faisons les réhabilitations en fonction des moyens qui sont mis à notre disposition. »L’office des voiries et drainages précise que les routes à réhabiliter en priorité pour le gouvernement provincial du Sud-Kivu sont notamment les avenues Kibombo, Vamaro, du plateau à Nguba, et les avenues du lac 1 et 2 à Labotte. À lire aussiRDC: la route entre Baraka et Uvira réhabilitée, mais encore dangereuse
11/21/20232 minutes, 31 seconds
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Dans l’est de la RDC, l’obsession sécuritaire

Dans l’est de la RDC, nombreux sont ceux qui ne pourront pas voter le 20 décembre à cause de la situation sécuritaire. Le président Félix Thsisekedi a confirmé en interview sur RFI que le vote n’aura pas lieu dans plusieurs territoires du Nord Kivu. La rébellion du Mouvement du 23 mars, le M23, occupe, contrôle et administre une partie de cette province. Dans la capitale de la région et dans les environs, tous réclament le retour de la paix et la sécurité. Reportage Coralie Pierret. De notre correspondante à Kinshasa, À Kanyaruchinya, dans leur cour d’école, les écoliers côtoient les déplacés. Ils sont près de deux millions et demi à avoir fui la guerre entre M23 et troupes pro-gouvernementales. Ils ont trouvé refuge dans des abris de fortune près de Goma. Parmi eux, Vainqueur, dont le prénom a été modifié. Il vient d’une zone sous contrôle du M23, mais a réussi, malgré l’insécurité, à obtenir une carte d’électeur : « Je suis venu ici à Goma pour m’enrôler parce que je voyais que le futur était sans issue. Je cherchais une carte d’électeur et je l’ai eue. » Dans son village, il n'était pas possible de se faire enrôler : « les machines d’enrôlement n’ont pas pu arriver chez nous, car c’est une zone contrôlée par les rebelles. »  Le 20 décembre, il devrait donc pouvoir voter. Mais dans les camps de déplacés, son cas fait figure d’exception.Difficile d’estimer le nombre d’exclus, mais la plupart des habitants de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo n’ont pas reçu de cartes. Qu’à cela ne tienne puisque les préoccupations sont ailleurs, explique sous une pluie battante Innocent Tumaini, chef du site de déplacés CEPAC : « Nous sommes découragés, les dirigeants que nous avons élus ne nous ont pas rendu service. Depuis que nous les avons élus, ces dirigeants restent à Kinshasa et ne font rien pour nous. De ce fait, nous n’avons pas le courage de participer aux élections. »« Ils sont là pour cambrioler »Dans les environs, mais aussi à Goma, tous réclament le retour de la paix. Dans la ville, sous contrôle gouvernemental, le contexte électoral est propice à l’augmentation de l’insécurité, affirme Emmanuel Kubuya Sitatsi chef de quartier adjoint de Ndosho où sévissent régulièrement des bandes armées : « Ce sont des inconnus qui arrivent en bandes et volent. Ils sont en tenue de militaire, bien armés et sont là pour cambrioler. »L’insécurité est l’une des thématiques centrales de cette élection. À Goma, les affiches ont fleuri dans les rues, mais aucun candidat n’est encore venu y faire campagne.À lire aussiRDC: la machine à voter fait à nouveau polémique
11/20/20232 minutes, 12 seconds
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À Kinshasa, le combat des autorités contre l'urbanisation sauvage

À Kinshasa, les autorités s'efforcent de combattre le fléau de l'urbanisation anarchique et sauvage. La capitale de la RDC est confrontée à une croissance urbaine quasi chaotique et non réglementée. Des habitations sont parfois construites sans les autorisations légales nécessaires, engendrant ainsi une absence totale de planification pour les infrastructures. Ce phénomène est aussi souvent à l'origine d'incidents tragiques. De notre correspondant à Kinshasa, Jean-Marie réside à proximité du cimetière de Kinsuka. Il constate que des habitations, parfois construites en matériaux durables, voient le jour dans cette nécropole, pourtant officiellement fermée depuis 2015. « Ce cimetière que vous voyez est régulièrement vandalisé pendant la nuit. Des individus viennent le casser. Regardez là-bas, vous pouvez même voir les restes de certains cercueils. »Blandine est profondément attristée. Elle se sent désorientée et n'arrive même plus à localiser les tombes de certains membres de sa famille. « Mon beau-frère a été inhumé dans ce cimetière il y a moins d'un an, mais ces individus ont tout saccagé pour ériger des habitations sur ce terrain. »En octobre de l’année dernière, le gouverneur de Kinshasa s'est rendu en personne sur place avec des engins de chantier pour ordonner la démolition de ces maisons. Un an plus tard, d'autres habitations sont toujours présentes.Des répercussions du drame au marché de Matadi KibalaKinsuka n’est pas le seul site concerné. En février 2022, une pluie battante à Matadi Kibala a provoqué la rupture d'un câble haute tension, entraînant la mort de 26 personnes dans un marché et des zones résidentielles. Malgré les annonces de mesures fortes de l'État, notamment la délocalisation du marché, celui-ci persiste aujourd'hui, avec des échoppes qui reprennent leur activité comme si rien ne s'était passé.« Ce qui s’est passé à Matadi Kibala n’est pas un accident comme tel. C’était prévisible. On interdit d’avoir des habitations en dessous de ces câbles, ainsi si le câble cède, on aurait une certaine marge de sécurité. Ces zones sont habitées et certaines autorités octroient des autorisations de bâtir, c’est un problème. C’est ça qu’on appelle urbanisation sauvage », explique Nicolas Patience Basabose, architecte et urbaniste. Sa firme est présente à Kinshasa, à Johannesburg et à Singapour.Au début de cette année, l’hôtel de ville a procédé à la démolition de certaines habitations dans les quartiers populaires. Une décision jugée nécessaire, mais critiquée pour son manque d'application équitable, selon Nicolas Patience Basabose. « C’était nécessaire. Il faut continuer à le faire, mais malheureusement ce sont des opérations politisées. Certaines zones ne sont pas touchées parce que les autorités y vivent. »À cette problématique s'ajoute la pression démographique. Avec environ 2,6 millions d'habitants en 1984, la ville a vu sa population passer à près de 20 millions d’âmes aujourd’hui. Cependant, pour Nicolas Patience Basabose, ce n'est pas le véritable problème. « Il y a des villes qui grandissent. Tokyo et New York ont grandi avec le temps. Seulement, là-bas, la croissance s’est faite dans les règles avec un document qui définit ou va-t-on construire. Ici, on improvise souvent. »La superficie de la ville de Kinshasa est d'environ 10 000 kilomètres carrés, mais les activités se concentrent sur un rayon d’à peine 20%.À écouter aussiEst de la RDC: comment les combats affectent des centres de santé comme celui de Kanyaruchinya
11/19/20232 minutes, 18 seconds
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Côte d'Ivoire: la pression monte à Bouaké avant la CAN

Branle-bas de combat à Bouaké avant la CAN. Les hôtels se préparent à recevoir les supporters, sans pour autant réussir à anticiper leur affluence. Les gérants de maquis sont appelés à assister à des réunions publiques concernant l’hygiène et la mise en place de nouvelles taxes. La cité CAN à Bouaké, construite spécialement pour la coupe d’Afrique, ne satisfait les délégations des équipes du groupe D. Des flammes dansent sous les écailles d’une dizaine de poissons piqués. Nous sommes dans le quartier « poulet chaud », au centre de Bouaké. Renommé ainsi pour ses multiples restaurants de plein air. Un quartier où, à coup sûr, les supporters venus pour la CAN iront s’enjailler. Par conséquent, les autorités surveillent les commerçants en amont de la compétition, raconte Félix Sibabi, gérant du Tontonwa.« On se sent mis sous une pression trop forte, j'ai déjà participé à trois réunions. Notre secteur est sous contrôle des différents ministères de l’État, donc on nous dit d’être en règle, il faut être une bonne visibilité pour l’État. Et si tu n’es pas dans les normes, tu vas devoir fermer, ça, c'est clair », déplore-t-il.Obligation de posséder un frigo pour conserver le poisson, et d’avoir un système d’évacuation des eaux usées, par exemple. Des règles que le Tontonwa observe déjà et accepte. Le gérant se dit davantage surpris par l’instauration d’une nouvelle taxe sur les consommations.« La CAN s’approche, mais il y a tout un tas de choses qui ne concernent pas directement la CAN, comme les impôts. On paie déjà des taxes aux impôts, impôts sur les taxes qu’on va délivrer aux clients. À chaque facture, tu devras prélever 100 francs pour l’État », explique Félix Sibabi.Problèmes logistiquesDans ce quartier, les vendeurs ambulants, non enregistrés, seront également priés de plier boutique.Autre point sensible, à deux mois de la compétition, l’accueil des équipes : l’Algérie a déjà annoncé son intention de ne pas résider dans la cité CAN, construite spécialement pour l’occasion, mais jugée trop petite et inadaptée. Les autres délégations, Burkina Faso, Angola et Mauritanie s’interrogent. Mais auront-elles le choix ? Bouaké comprend 240 hôtels et 3542 chambres disponibles, mais très peu ont la capacité de recevoir une délégation de 50 personnes. Et parmi ceux qui le pourraient, certains y rechignent, comme l’Hôtel Mon Afrik. « Logistiquement parlant, c’est aussi très compliqué de recevoir une équipe, bien que financièrement parlant, c'est plus avantageux. Mais pour un événement de cette ampleur, nous, on est plus intéressés de recevoir des supporters, des gens qui viennent voir les matchs », précise Marushka Prochazka, la directrice de l'hôtel.À Bouaké, un nouvel hôtel de 40 chambres est en construction, tandis que l’Hôtel du Stade, en pleine réfection, devrait accueillir l’équipe d’Algérie. Ailleurs, comme ici à l’Hôtel de l’Art, on s’active pour finaliser les travaux à temps.À lire aussiÉliminatoires Mondial 2026: La Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Tunisie et le Mali tiennent leur rang
11/18/20232 minutes, 24 seconds
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Tunisie: une exposition qui célèbre l'histoire du textile traditionnel

En Tunisie, l’exposition Hirafen propose une plongée dans l’artisanat tunisien, revisité par des artistes contemporains. Leurs travaux montrent l’importance patrimoniale, sociale, économique et environnementale de l’artisanat dans le pays. C’est à Denden, à l’ouest de Tunis, dans un complexe de l’Office national de l’artisanat tunisien, que l’on peut voir les œuvres de l’exposition financée par Talan, un groupe international de conseil spécialisé dans la transformation et l’innovation, grâce à la technologie. De notre correspondante à Tunis,Dans un espace de 2 000 mètres carrés, des installations d’art contemporain accueillent les visiteurs. Un coup de neuf apporté à cet ancien centre public de tissage et de textile, qui a aussi été un complexe de filature de laine puis une station de lavage de tapis. Lors d’une visite guidée, Nadia Jelassi, l’une des commissaires de l’exposition, raconte la rénovation des lieux : « Il n'y avait pas de toit d’abord ici, tout était crado parce que c’était un nid de pigeon. Donc, on a refait le toit, les fenêtres, toute l’étanchéité. »L'urgence de transmettre les savoir-faire traditionnelsCette restauration est en lien direct avec la thématique de l’exposition qui pousse des artistes contemporains à faire sortir de l’oubli l’artisanat tunisien, matière première de leurs travaux. Comme l’indique le titre, Hirafen, un néologisme entre « Hirafi », qui veut dire artisan en arabe, et « fan », le mot qui signifie l’art.À lire aussiTunisie: l'exposition «Regard sur la foi», une invitation à la toléranceAïcha Gorgi, galeriste, a chapeauté le projet : « Je vois que les artistes tunisiens ont une méconnaissance totale de leur propre culture, c’est-à-dire de leur propre artisanat. Donc, c’était intéressant de les confronter avec leur propre savoir-faire. L’artisan, je trouve aussi qu’il ne collabore pas. Il a collaboré pendant très longtemps avec des artistes et plus du tout aujourd’hui. Donc, il y a une espèce de perte d’un côté et de l’autre ».Une « question écologique »En Tunisie, le secteur de l’artisanat représente 5% du PIB et assure près de 400 000 emplois, mais ces savoir-faire ancestraux disparaissent peu à peu faute de transmission, selon Nadia Jelassi, l’une des commissaires de l’exposition : « Par exemple, pour tout ce qui est le travail de la Jebba, le plus jeune artisan de la Jebba a 76 ans. Donc, si on ne documente pas tout, ce sera problématique, donc j’espère que cette exposition va aider un petit peu à créer ce choc ».Dans l'une des deux salles sont suspendues des îlots tissés en alfa, une fibre végétale. L’œuvre représente l’archipel de Kerkennah, à l’est du pays. Pour Ludovic Delalande, un des commissaires, il faut aussi s’interroger sur l’après, car les matériaux utilisés par les artisans sont aujourd’hui menacés par le réchauffement climatique : « Ce qui est intéressant, c'est qu’il y a vraiment cette question écologique qui est très présente. Comment travailler, tisser, si on n'a plus les matières avec lesquelles on a toujours travaillé ». Près d’une vingtaine d’artistes de 13 nationalités différentes sont à découvrir à l’exposition jusqu’au mois de mars 2024.À écouter aussiMaître-bottier à Cotonou au Bénin
11/17/20232 minutes, 28 seconds
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Diasporas africaines à Dubaï [3/3]: Joe, le serial entrepreneur panafricain

À l’approche de la COP 28 qui se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, RFI vous propose d’aller à la rencontre des diasporas africaines installées dans la capitale économique des Émirats arabes unis. Des petites mains aux cadres supérieurs en passant par les entrepreneurs : les Africains sont de plus en plus nombreux à vivre dans l’émirat. Troisième et dernier épisode de notre série : Joe, le serial entrepreneur panafricain. Entre deux rendez-vous, Joe nous rejoint pile à l’heure, une main dans la poche et l’autre tenant sa veste de costume par-dessus son épaule. Lunettes rondes, le bouc barbe bien taillé, ce Nigérian de 55 ans aime se définir comme un serial entrepreneur : « J’ai grandi au Nigeria. J’ai passé une grande partie de ma jeunesse là-bas. Je viens d’une famille plutôt aisée. Ma mère était militaire. Elle a quitté l’armée comme capitaine dans les années 1970. Mon père était comptable. Ils ont tous les deux commencé plus tard leur business dans lesquels j’ai été impliqué très jeune. »Sa mère a en effet ouvert une boulangerie. Son père lui a créé sa propre entreprise automobile. C’est là que Joe, encore étudiant, a vécu sa première expérience de directeur général. Il a ensuite créé ses propres affaires au Nigeria, notamment dans le secteur des télécoms.À lire aussiDiasporas africaines à Dubaï [2/3]: Mohamed et le défi de l’identitéUne communauté d'entrepreneursAprès plusieurs succès entrepreneuriaux, il a décidé de s’installer à Dubaï : « Quand je suis venu ici en 2013, c’est amusant, je suis venu pour presque partir à la retraite. J’ai joué au golf dans tous les émirats pendant six mois. Mais je me suis vite ennuyé, donc j’ai commencé à chercher quelque chose à faire. J’ai eu de la chance, grâce à mon ADN d’entrepreneur, j’ai lancé une affaire dans l’immobilier que j’ai géré pendant quelques années. Après, un ami a lancé un restaurant, mais il a déménagé au Canada. J’ai donc décidé de le reprendre et c’est mon bébé depuis. On a créé une communauté fantastique pour les Africains. Avec ce restaurant, ils peuvent se sentir comme à la maison tout en vivant à l’étranger. »« Montrer l'exemple » à la prochaine génération Ce restaurant, situé en plein cœur de Dubaï, dans le quartier financier, propose une cuisine panafricaine. Au menu, des plats tanzaniens, kényans ou encore sénégalais. C’est une manière selon Joe de raconter l’histoire du continent, mais aussi d’inspirer les plus jeunes « Oh oui, ce qui est important pour nous, c’est l’héritage. On veut donner à la prochaine génération et montrer l’exemple. Les choses peuvent être réalisées de manière excellente. Ça peut leur donner l’audace de dire : oh, mon grand frère a fait ça, donc je peux le faire même mieux. Ici, il y a des Africains dans tous les domaines : de la finance aux institutions, dans l’industrie du pétrole. On a des professionnels très qualifiés qui viennent ici. »De plus en plus d’entrepreneurs africains s’installent à Dubaï. Cette ville est souvent perçue comme un eldorado malgré les conditions qui peuvent parfois être difficiles. Les échanges commerciaux entre l’émirat et le continent ne cessent d’ailleurs de croître.À lire aussiDiasporas africaines à Dubaï [1/3]: Julie, en quête «d’une meilleure vie»
11/16/20232 minutes, 13 seconds
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Diasporas africaines à Dubaï [2/3]: Mohamed et le défi de l’identité

À l’approche de la COP 28 qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, RFI vous propose d’aller à la rencontre des diasporas africaines installées dans la capitale économique des Émirats arabes unis. Des petites mains aux cadres supérieurs en passant par les entrepreneurs : les Africains sont de plus en plus nombreux à vivre dans l’émirat. Aujourd’hui, le deuxième épisode de notre série : Mohamed et le défi de l’identité. C’est entouré de ses deux chatons blancs que Mohamed nous accueille dans son appartement. Avec sa voix rauque et sa carrure imposante, ce Soudanais de 39 ans surnommé « Beegee » s’est fait une petite renommée dans le milieu de l’évènementiel à Dubaï. Il raconte son parcours : « Je viens du Soudan, mais je suis né et j’ai grandi ici aux Émirats. À Sharjah plus précisément, et après, on a déménagé à Dubaï. Mon père est venu ici depuis le Soudan, mais avant ça il était à Beyrouth. À cause de la guerre civile, il a dû rentrer au pays puis trouver un travail ici aux Émirats en 1976. »« Comme un extraterrestre qui a perdu sa planète »Comme ses parents, nombreux sont les Soudanais à avoir migré à Dubaï dès les années 1970 pour fuir des « situations malheureuses », comme le dit Mohamed. Bien souvent, ils ont occupé des postes d’enseignant ou encore de médecin. La culture islamique commune, mais aussi la langue qu’ils partagent, ont facilité leur intégration. Mais pour leurs enfants, tout n’a pas été facile.En cause, le sentiment d’appartenance à un pays qui les a vu naître et grandir, mais auquel ils n’appartiennent pas non plus complètement. Mohamed connaît bien ce sentiment antinomique : « Disons que je me sens comme un extraterrestre qui a perdu sa planète. C’est ce que je dirais. Je n’appartiens pas vraiment à mon pays, le Soudan. Parce que là-bas, je suis comme un touriste. Et ici, je connais tout de A à Z, j’appartiens au pays, mais je ne suis pas Émirien. C’est un gros problème au Moyen-Orient. Même s’ils te traitent comme la famille, qu’ils prennent soin de toi, encore une fois, c’est une question d’identité. »Partagé entre son lieu de vie et son héritage culturelAux Émirats, obtenir la nationalité est un véritable casse-tête quasi impossible à résoudre. Sans ce passeport, son visa de résidence de trois ans pourrait très bien ne pas être renouvelé. Les parents de Mohamed l'ont donc toujours poussé vers ses racines soudanaises. Comme une bouée de sauvetage en cas de malheur : « Ma mère mettait toujours ce parfum, l’encens à la maison. Le vendredi, on mettait la musique soudanaise. On voyageait souvent au pays aussi. La nourriture, tout ça. C’est toujours ici dans mon sang. Je comprends ce que c’est le Soudan, je connais la culture. Je connais tout ça. L’identité est en moi. C’est dans mon sang, ma couleur de peau. Mais comme je te l’ai dit, la terre, c'est la terre. »Mohamed n’est pas retourné au Soudan depuis 2019. Ses plans de vacances ont été contrariés, d’abord par la crise sanitaire mondiale, puis par la guerre qui sévit dans le pays depuis le début d’année.À lire aussiDiasporas africaines à Dubaï [1/3]: Julie, en quête «d’une meilleure vie»
11/15/20232 minutes, 17 seconds
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Diasporas africaines à Dubaï [1/3]: Julie, en quête «d’une meilleure vie»

À l’approche de la COP 28 qui se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, RFI vous propose d’aller à la rencontre des diasporas africaines installées dans la capitale économique des Émirats arabes unis. Des petites mains aux cadres supérieurs en passant par les entrepreneurs, les Africains sont de plus en plus nombreux à vivre dans l’émirat. Aujourd’hui, le premier épisode de notre série de portraits : Julie, en quête « d’une meilleure vie ». C’est lors de son seul jour de congé de la semaine que nous retrouvons Julie. Debout, les bras croisés, elle nous attend le long d’une route dans un quartier populaire de Dubaï.Julie est originaire de Kampala, la capitale ougandaise. Elle a 41 ans et explique les raisons de son départ : « Avant de quitter l’Ouganda, j’avais une petite pharmacie. Mais l’argent que je gagnais avec ce business, ce n’était pas assez pour subvenir aux besoins de membres de ma famille et éduquer mes bébés... »Des agences qui facilitent le départFace à cette situation, Julie a donc souhaité partir. Elle ne voulait pas que ses « bébés », comme elle le répète, aujourd’hui âgés de 15 et 17 ans, aient la même enfance que la sienne. Elle en a donc parlé à ses parents qui ont accepté sans avoir trop le choix. Dubaï s'est vite imposé comme la destination idéale : ni trop loin, ni trop cher. Et puis, après tout, environ 100 000 autres Ougandais vivent déjà ici, s'est-elle dit : « Je suis venue ici avec une agence. Le visa m’a été fourni, je n’ai pas eu à payer. Le billet d’avion aussi, je ne l’ai pas payé, car j’avais trouvé un employeur. Je travaillais comme nounou et je gagnais environ 250 euros par mois. Mais après deux ans, j’ai dû arrêter. Depuis, je travaille comme serveuse dans un café. Ma situation financière est meilleure maintenant. Parce que je gagne un peu moins de 800 euros. Tous les mois, je dépense environ 350 euros : avec le transport, le logement et l’alimentation. »Un « sacrifice » pour une « meilleure éducation »Depuis six ans dans cet émirat, ses dépenses se limitent au strict nécessaire. Tous les mois, Julie arrive à mettre de côté un peu moins de 400 euros. De l’argent qu’elle envoie systématiquement au pays pour sa famille : « Ils savent la situation par laquelle je passe. Maintenant, mes bébés sont avec ma mère. Mais la bonne chose, c’est que je peux me permettre de les mettre dans une bonne école. Je paye les frais de scolarité à temps. Je fais un sacrifice en travaillant pour eux, mais ils auront une meilleure éducation et ils pourront trouver un bon travail plutôt que de devoir venir ici. »En attendant, Julie rejoint quatre autres de ses compatriotes dans la petite chambre qu’elles occupent ensemble. C’est là que ces petites mains du pays passent la majeure partie de leur temps libre.À écouter aussiCanal de Suez / corne de l'Afrique : enjeux stratégiques majeurs
11/14/20232 minutes, 2 seconds
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Sénégal: la difficile réinsertion des migrants de retour d'exil

Au Sénégal, beaucoup de candidats à la migration reviennent au pays de manière forcée ou volontaire. Beaucoup ont honte de ce qu’ils voient comme un échec et ont du mal à se réinsérer, d’autant qu’ils se sont endettés pour partir. Les autorités sénégalaises ont créé des bureaux d’accueil pour leur venir en aide mais les financements sont pour l’instant insuffisants face au nombre de migrants de retour.
11/13/20232 minutes, 14 seconds
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Sénégal: après 10 ans de fermeture, une usine de textile se relance à Louga

Alors que le drame de l’immigration clandestine se poursuit, comment retenir les Sénégalais dans leur pays ? Il faut créer de l’emploi mais c’est loin d’être une tache à facile. À Louga, dans le nord du pays, le chômage explose et les jeunes regardent vers l’Europe. Une grosse usine de textile tente de se relancer après 10 ans de fermeture et d’embaucher, mais avec beaucoup d’obstacles. 
11/12/20232 minutes, 9 seconds
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La galère des Brazzavillois face aux coupures répétées d'électricité

Dans un communiqué, Énergie électrique du Congo (E2C), principale compagnie de fourniture de courant au Congo, a annoncé que jusqu’au 4 décembre prochain, les Brazzavillois devront faire face à des perturbations répétées d’approvisionnement en courant électrique. Raison avancée : les travaux de maintenance à la centrale électrique du Congo qui fournit à elle seule 70% de l’énergie. Les effets de ces désagréments se font déjà sentir chez ceux qui exercent les petits métiers. De notre correspondant à Brazzaville,Rond-point de la pâte d’oie au cœur de Brazzaville. En cette mi-journée, le soleil frappe fort. Les policiers qui régulent la circulation sont sur les nerfs. Les files de voitures sont longues. Faute de courant, aucun feu de signalisation ne marche. À plusieurs dizaines de mètres de là, en face de la direction des examens et concours, des jeunes étudiants sans emploi tiennent des machines à photocopier qui sont toutes à l’arrêt. Boris, 27 ans, qui ne dépend que de cette activité, est désemparé. « Nous devons avoir le courant en permanence. Donc, la situation actuelle ne nous arrange pas. Il serait mieux qu’ils (les fournisseurs) corrigent ces perturbations », se désole-t-il.Son voisin, assis et le dos contre le mur du stade Marchand, est aussi désabusé.« Sans courant, on ne peut pas vivre. Dans un pays comme le nôtre, on rencontre des situations pareilles, cela nous empêche de bien vivre », tempête-t-il.À lire aussiCongo-B : des villageois dans le noir malgré la présence du pétrole et du courantDes quartiers entiers sont plongés dans l’obscurité à la nuit tombée. Ce qui étonne les Brazzavillois, c’est le fait que les réparations à la centrale électrique du Congo, basée à Pointe-Noire et qui fournit plus de 480 mégawatts, interviennent chaque année ou presque. « C’est une question qu’on devait proprement poser au gouvernement. Je pense que cela ne peut pas s’expliquer. Comment ? C’est bizarre », rumine de colère un autre citoyen.La situation agace et inquiète tous les consommateurs. Certains décrivent leurs difficultés quotidiennes, presque les larmes aux yeux. « Je suis arrivé à la maison et j’ai demandé aux voisins. Ceux-ci m’ont fait comprendre qu’il y avait eu coupure depuis le matin : entre 8h et 9h. Je suis rentré chez moi à 20h. Et, jusqu’à 23h quand j’ai fermé l’œil, il n’y avait pas de courant. Donc, j’ai dormi dans le noir. Je ne sais pas à quel moment le courant s’est rétabli. C’est la merde. On vit le chaos. Autrement dit, c’est chaotique », déplore encore un citoyen.Cette situation chaotique, les Brazzavillois vont la vivre jusqu’au 4 décembre prochain, date annoncée pour le retour des choses à la normale.
11/11/20232 minutes, 7 seconds
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Centrafrique: une école sous paillote pour que les enfants de Ngougoua reprennent le chemin de l’école

En Centrafrique, la plupart des établissements scolaires publics de la capitale ont été pillés ou partiellement détruits durant les multiples crises militaro-politiques qui ont secoué le pays. C’est le cas de l’école mixte la fontaine de Ngougoua située à 17 km à l’est de Bangui. Cet établissement construit dans les années 2000 a été complètement détruit en 2020 par des hommes armés. Cette année, le chef du village et certains parents d’élèves ont décidé de construire une école sous paillote, ce qui a permis à certains élèves de reprendre leur scolarité après trois ans d’absence. Rolf Steve Domia-Leu De notre correspondant à Bangui, Au fond de la cour, un élève fait raisonner avec un bâton une jante de voiture accrochée à un manguier. Cette cloche improvisée annonce la fin de la récréation pour les 150 élèves de l’école mixte de Ngougoua. Les pieds blanchis par la poussière, les visages colorés par la craie, les élèves de CP1 et CP2 sont rassemblés sous un même hangar. Ils n’ont pas eu besoin de franchir de porte puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a pas de murs non plus, on aperçoit la brousse, des chiens, des coqs et des chèvres qui passent. Dans cette classe d’une vingtaine de mètres carrés, la toiture en paille est maintenue par des morceaux de bois fixés par des fils d’écorce.Assise à même le sol, Sephora 10 ans, rêve de devenir médecin. « J’étais en classe de CP1 lorsque mon école a été détruite par des hommes armés. L’année qui a suivi, mon père n’a pas voulu m’inscrire parce que l’école la plus proche se trouvait à 10 km. J’ai perdu trois ans à la maison. Je remercie les personnes qui nous ont construit ce hangar même si les conditions sont difficiles », raconte-t-elle.À lire aussiRCA: des petits Centrafricains privés d'école par la guerreCet établissement est tenu par Gladys Ndabalé, une jeune femme dont c’est la première expérience dans l’enseignement. À peine a-t-elle quitté les bancs de l’école de formation qu’elle retrouve un autre banc, cette fois sous un hangar : « Les enfants ont la volonté d’étudier, mais ils avaient perdu trois années sans étudier. C’est difficile pour eux d’avoir un bon niveau après cette longue rupture. Je suis obligée de leur dispenser les cours en langue nationale pour faciliter la compréhension. Je regroupe les élèves de CPI et CP2 sous cette paillote ».À midi, le cours s’achève. Dehors, les parents d’élèves réunis autour d’un tas de briques attendent leurs enfants. Simon est venu chercher sa fille : « Il n’y a pas de tables, pas de bancs dans cette école. Le hangar menace de s’écrouler à tout moment. Les élèves de CP1 et CP2 étudient sous le même hangar. Ils n’ont pas de tableau. Quand il pleut, les enseignants sont obligés de les libérer. Les serpents et d’autres reptiles sont partout dans la brousse. L’éducation doit être la priorité du gouvernement ».Malgré l’insécurité, la peur et les incertitudes sur la réalisation des programmes scolaires, les 150 élèves de l’école mixte de Ngougoua ont soif d’étudier, car ils sont convaincus que l’école représente l’avenir.
11/10/20232 minutes, 12 seconds
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Madagascar: la crise de la vanille plombe l’économie de l’ile [5/5]

À six jours du scrutin présidentiel, l’effondrement des prix de la vanille a laissé des traces dans le nord de l’île. Toute la région de la Sava est affectée et en particulier la ville de Sambava, centre de l’activité de la vanille. Les autorités d’Antananarivo auraient aggravé les effets de la surproduction avec la récente réforme du secteur sur les prix et les exportations.
11/9/20232 minutes, 22 seconds
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Madagascar: la Céni aux commandes de la plateforme d'alerte participative I-Report

Dans la bataille pour la présidentielle malgache – tendue et inédite du fait du refus de la plupart des 13 candidats à participer à cette campagne –, la société civile et ses observateurs, plus que jamais, peuvent jouer un rôle de garde-fou. En observant, en reportant et en dénonçant les cas de fraudes et d’irrégularités authentifiés, les différentes organisations assermentées ont un vrai rôle à jouer dans la crédibilité du scrutin. Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour faciliter la surveillance et la remontée des informations comme la plateforme « I-Report », un « système d'alerte et de réponse précoce » déployé pour le suivi des élections de 2023 et de 2024 sur la Grande île (présidentielle, communales et législatives) et financé par le PNUD. De notre correspondante à Antananarivo,Au bout du téléphone, un membre de l’observatoire des élections Safidy signale un nouvel incident qui est immédiatement enregistré sur la base de données de l’organisation. Mais depuis dix jours, explique Diamondra Andrimbolarisoa, responsable juridique de l’observatoire, les opérateurs reportent également ces manquements sur une seconde plateforme, appelée I-Report. « Certes, ça peut faire doublon, mais ça ne nous dérange pas de reporter deux fois les signalements, si c’est un moyen pour nous de faire savoir à la Céni en temps réel qu’il existe des irrégularités partout à Madagascar », souligne Diamondra Andrimbolarisoa.Car c’est bien la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (Céni), souvent décriée ces derniers mois pour son manque d’impartialité par l’opposition et des organisations non gouvernementales, qui s’est vu attribuer le pilotage de la plateforme par le PNUD. Dans d’autres pays, c’est généralement à la société civile qu’est confié ce rôle. « Non, ce n’est pas paradoxal », explique Tianahanantsoa Rastimandresy, la directrice de la communication, de l’éducation et de la sensibilisation électorale de la Céni.« À travers cette plateforme, nous voulons montrer que nous collaborons avec tous les acteurs pour pouvoir apporter des réponses rapides à chaque incident. L’historique est non effaçable, et chaque incident rapporté est visible par les organisations de la société civile partenaires (Safidy, KMF-CNOE, CNIDH). Nous voulons cette transparence-là pour rassurer l’opinion publique sur ce qu’on fait vraiment », insiste Tianahanantsoa Rastimandresy.À écouter aussiMadagascar: au marché aux zébus d’Antsirabe, les éleveurs promettent un «vote de détresse»La Céni obligée de traiter ces signalementsLa loi impose en effet à la Céni de traiter ces signalements et de saisir les juridictions compétentes en cas d’irrégularités constatées. Au siège de l’organe électoral, dix analystes vérifient et recoupent les informations. L'un d'eux explique la procédure si une irrégularité est avérée :« C’est là que nous décidons d’agir soit directement, soit d’appeler les institutions concernées, parfois les forces de l’ordre ou parfois des sociétés civiles également sur le terrain pour rectifier le tir. C’est le secrétariat exécutif qui décide d’y apporter une réponse, ainsi que le bureau permanent. »Des réponses qui seront évidemment scrutées à la loupe, prévient la société civile. « Et nous, notre rôle en tant qu’observateurs, ce sera aussi de publier un rapport à l’issue des élections qui constatera si oui ou non les responsabilités de chacun ont été prises et si la loi a bien été respectée », explique-t-on.À écouter aussiMadagascar: à Antsirabe, un espace pour sortir les femmes de la précaritéLa Céni plaide pour des signalements dans un cadre réglementéLa Céni semble donc vouloir montrer patte blanche, à une semaine du premier tour. Face aux violences commises par les forces de l’ordre mercredi 8 novembre et samedi lors des manifestations, la Commission regrette cependant que les signalements se fassent essentiellement sur Facebook et encourage donc les organisations de la société civile partenaires à enregistrer ces infractions sur « I-Report » pour que des réponses soient apportées. Et des sanctions soient prises, si faute il y a eu.La Céni affirme également vouloir élargir l’accès à sa plateforme à d’autres organisations, « habituées à faire les signalements sur les réseaux sociaux », afin que la remontée d’information « se fasse dans un cadre réglementé pour que nous puissions réagir vite et de manière adéquate ».À écouter aussiMadagascar: à Antananarivo, la quête des besoins primaires éclipse la campagne présidentielle
11/8/20232 minutes, 24 seconds
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Madagascar: au marché aux zébus d’Antsirabe, les éleveurs promettent un «vote de détresse» [3/5]

À Madagascar, un vent de colère souffle sur le marché aux zébus d’Ivohitra à Antsirabe. Le climat des affaires n’est pas bon pour les éleveurs de bovins… Conséquence de l’inflation : il est de moins en moins intéressant de vendre, et de plus en plus difficile d’acheter une bête. Loin de bouder l’élection présidentielle, ces paysans promettent de se faire entendre le 16 novembre. De notre correspondante à Antananarivo,À l’entrée du marché, 200 bêtes agglutinées : des zébus, reconnaissables à leurs cornes dressées et leurs bosses, mais aussi des taureaux, des vaches et même des porcs. Peu importe l’animal, ici, la question de la hausse des prix, fait consensus entre acheteurs et vendeurs.Edmond, entouré de ses 33 bêtes, possède l’un des plus gros troupeaux du marché. « Le plus gros zébu là-bas coûte 1 700 000 ariarys. Avant, c'était entre un million et 1,2 million d'ariarys. Le coût de la vie a augmenté, c’est pareil pour le prix de bovin. Alors les vendeurs, comme moi, réalisent parfois un léger bénéfice. Mais malheureusement, cela pénalise vraiment les acheteurs, qui souvent sont obligés d’y renoncer », indique Edmond.Quelques mètres plus loin, impossible de louper la silhouette de Janson. Le tee-shirt orange vif de ce vendeur, à l’effigie du président sortant attire l’œil. Mais il ne s'agit en rien d'un tee-shirt d'adhésion, assure-t-il. « Oh non. En vérité, ce tee-shirt ne m'oblige en rien à voter pour Rajoelina, chacun son choix. Le mien, c'est un de mes proches vivant en ville qui me l'a donné après sa distribution gratuite », dit-il.À lire aussiMadagascar: à Antananarivo, la quête des besoins primaires éclipse la campagne présidentielle« On exploite les éleveurs »Pourtant, Janson est loin de se détourner de l’élection présidentielle à venir. Vu la flambée du prix des aliments de base pour ses bêtes, l’insécurité dans les campagnes, il promet un vote de colère : « L'élevage souffre actuellement, la terre est devenue sèche, on n’a presque pas d’eau pour arroser le fourrage ! Le gouvernement ne fait rien pour les éleveurs, au contraire, on les exploite. Vous voyez, par exemple, le carnet du bovin, on doit le changer chaque année en payant 12 000 à 15 000 ariarys. Un carnet dure normalement cinq ans ! », s'exclame-t-il.Martial, lui, slalome avec prudence entre chaque petits groupes, suivi de près par ses bêtes. Le regard inquiet de celui qui n’a pas vraiment l’habitude du marché. « Moi, je débute toute juste dans le métier. Alors ce que j’attends du prochain président, c’est que le gouvernement m’aide à être égal aux autres éleveurs, pour devenir plus professionnel. Ce qui est sûr, j’irai voter, on a ce devoir en tant que citoyen », explique Martial.Au contraire de Martial, de nombreux éleveurs ont dû abandonner leur bétail, frappés de plein fouet par les tensions politiques de 2009, 2018, puis récemment le Covid. Ceux qui restent espèrent aujourd’hui un soutien à la hauteur de leur poids : à Madagascar, les éleveurs bovins représentent plus d’un tiers des ménages.À lire aussiMadagascar: à Antsirabe, un espace pour sortir les femmes de la précarité
11/7/20232 minutes, 27 seconds
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Madagascar: à Antsirabe, un espace pour sortir les femmes de la précarité [2/5]

« Des emplois décents pour tous » et en particulier pour les femmes. C’est le cap fixé par le président sortant Andry Rajoelina dans le Plan émergence Madagascar, document stratégique adopté sous son mandat pour le développement du pays. Mais les avancées sont timides. Bas salaires, sous-emploi, chômage déguisé… Les femmes restent la catégorie la plus touchée par la précarité. Alors comment s’en sortir ? À Antsirabe, la capitale agro-industrielle du pays, l’association Mazava offre à ces femmes un espace de soutien moral et du travail. De notre correspondante à Antananarivo,Un salon de coiffure à l’entrée, une laverie, un poulailler au fond de la cour… Ces espaces abrités par l’association Mazava sont tous dédiés à employer des femmes en difficulté quelques heures par semaine. Marie-Abeline, elle, tisse un panier en raphia, vendu ensuite par l’association. Elle ne quitte pas son crochet des yeux.« Si vous êtes rapides, vous pouvez vous en sortir. Par exemple, ce sac, je le termine en quatre ou cinq jours. Je le vendrai 35 000 ariarys. Je tricote dès que j’ai un temps libre après les tâches ménagères. Je le fais pour ne pas rester dans l’oisiveté et pour renforcer le revenu de mon mari », explique Marie-Abeline.Dans ce quartier, 95 % des femmes seraient sous-employées. Pas assez d’heures de travail pour un revenu décent. Résultat, elles restent au foyer, et là souvent exposées à la violence. En parler, briser le tabou pour s’en sortir, c’est aussi l’un des objectifs de l’association.« Les femmes qui restent au foyer, c’est ça le fond du problème », pointe Sahondraniaina, présidente de l’association Mazava. « Les violences se créent automatiquement quand le couple est dans une impasse économique. Il y a des paroles blessantes du mari et certaines femmes ne supportent plus les violences conjugales, elles préfèrent s’enivrer et deviennent alcooliques. Elles finissent par perdre le contrôle. »À écouter aussiMadagascar: à Antananarivo, la quête des besoins primaires éclipse la campagne présidentielle« C’est le minimum pour survivre »Fandresena, 22 ans, est l’une des plus jeunes du groupe cet après-midi. Ce qu’elle a appris ici ? « Rendre belles » les femmes en les coiffant, résume-t-elle fièrement, en entrant dans son local.« Voici mon petit salon », nous indique Fandresena. « Cela ne rapporte pas beaucoup parce qu’on est à la campagne, n’y a pas beaucoup de gens qui viennent. Ça m’aide juste à gagner pour la nourriture comme ça, mais à part, d’autres activités, je ne peux pas y faire, c’est juste le minimum pour survivre. Quand j’ai eu mon bac, j’ai eu un peu de difficultés à continuer mes études, donc j’ai intégré l’association. »Avec 10 000 ariarys par jour environ, son activité complète pour l’instant le revenu de son mari, laboureur. Mais Fandresena voit plus grand pour l’avenir. « Si c’est possible, j’aimerais bien faire un peu plus que ça, peut-être aller dans les villes pour y faire ma petite entreprise », imagine-t-elle.Des projets que la majorité des femmes rencontrées cet après-midi disent n’avoir jamais osé envisager. Selon une enquête d’Afrobaromètre, deux tiers des Malgaches estiment que les hommes devraient être prioritaires à l’emploi lorsque celui-ci se fait rare.
11/6/20232 minutes, 17 seconds
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Madagascar: à Antananarivo, la quête des besoins primaires éclipse la campagne présidentielle [1/5]

À Antananarivo, la nuit est devenue synonyme de quête d’eau. Une quête qui met les nerfs des habitants à rude épreuve, déjà exténués par les difficultés quotidiennes. Car si la saison des pluies a bien démarré, l’eau, elle, ne coule toujours pas dans les robinets. Aussi, pour les plus démunis, l’élection présidentielle s’annonce comme un événement banal tant la satisfaction des besoins vitaux occupe déjà pleinement le quotidien. De notre correspondante à Antananarivo,« Là, il est 2h50. On est une vingtaine à faire la queue. 2, 4, 6, 9... tous [ces bidons] sont à moi. Il reste une cinquantaine de bidons avant que je puisse remplir mon 3e bidon. » Voilà deux ans désormais que Jacqueline et ses voisins d’infortune du quartier d’Andraisoro passent leur nuit devant la borne fontaine.« On en souffre, on en souffre, parce qu’on attend depuis 20h. Des fois, l’eau n’arrive qu’à minuit et on ne peut remplir qu’un bidon par personne. Et des fois il n’y a rien, alors qu’on veille jusqu’au petit matin ! », s'exclame Jacqueline. « Je suis épuisée... Je ne peux pas récupérer parce qu’en journée, je dois vendre mes poissons séchés au marché pour trouver ensuite de quoi manger. Avant, l’eau coulait régulièrement la nuit, mais là, c’est devenu invivable depuis un an. »Incertitude permanente quant à l’accès à l’eau, manque de sommeil, sensation que tout va de mal en pis. Un cocktail idéal pour que chaque soir, des disputes éclatent entre habitants. « Ce n'est même pas rempli à ras bord ! Et tu arrêtes de remplir ? », demande Jacqueline en interpellant le gardien de la borne. « Si, c’est rempli ! », répond-t-il. « Ne rentre pas dans ce jeu, parce que moi, j’observe ! Tu crois que je ne te vois pas ? », s'emporte Jacqueline.Alors, quand on questionne Jacqueline sur l’élection imminente, la réponse est cinglante : « Je n’ai pas le temps de penser à autre chose. La propagande, les manifestations, tout ça, c’est pas ma priorité. Parce que je suis déjà tellement fatiguée de me battre au quotidien, pour ma survie ... »« Nous, les petits, on nous ignore »A un kilomètre de là, dans le quartier de Nanisana, dans la nuit noire et sous une pluie battante, une ombre frêle s’active. Célestine, porteuse d’eau, empile les bidons qu'elle vient de récupérer sur le palier de porte de ses clients, devant une fontaine où aucune goutte ne coule encore. « Le 16 novembre, oui, je sais qu’il y a l’élection. Mais je ne sais pas qui sont les candidats », explique Célestine, qui ajoute : « Je suis trop occupée à trouver de l’argent pour nourrir ma famille. Je n’ai pas le temps de me renseigner sur eux... »À l’aube, à côté d’une autre file de bidons jaunes vides, madame Perle a installé son maigre étal de légumes sous un parasol flambant neuf, un don de l’un des candidats.« Je vends rarement ma marchandise ces temps-ci. Ce n’est plus comme avant. Tout a augmenté, les gens sont pauvres. Mon bénéfice journalier est descendu à 5 000 ariarys, alors qu’on est 10 à la maison... » déplore madame Perle. « Les politiciens ? Ils ne pensent qu’à conserver leur chaise. Et nous, les petits, on nous ignore. Alors, le parasol n’a rien à voir avec tout ça. Si j’en ai un, ça ne veut pas dire que je soutiens qui que ce soit. Je suis vendeuse : j’ai besoin d’un parasol. On me l’a donné. Je le prends. »Jamais une campagne présidentielle n’aura été aussi éloignée des préoccupations des habitants de la capitale.
11/5/20232 minutes, 27 seconds
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Tunisie: l'Envirofest, un festival pour sensibiliser à la cause environnementale

En Tunisie, depuis six ans, un festival de cinéma environnemental fait sa tournée dans différentes villes de Tunisie pour sensibiliser les enfants aux enjeux du réchauffement climatique et à un comportement éco-responsable. Le pays est en stress hydrique, fait face à des périodes de sécheresse de plus en plus longues et il est le 13ᵉ producteur de produits plastiques en Méditerranée avec un milliard de sacs plastiques produits par an, dont 80 % ne sont pas recyclés, selon des chiffres du Fonds mondial pour la nature. Autant de problématique que le festival Envirofest essaye d’aborder de manière cinématographique et ludique. De notre correspondante à Tunis, Dans le jardin du parc Essaadaa à la Marsa, en banlieue nord de Tunis, parents et enfants jouent à tester leurs connaissances sur les déchets les plus polluants. Mayssa Chabouh, 31 ans, est responsable qualité et environnement dans une entreprise, elle est venue avec ses deux enfants.« Je veux que mes enfants s’habituent à faire des actions qui protègent l’environnement », explique-t-elle. Pour Mayssa Chabouh, la Tunisie manque en sensibilisation. « Je pense que ça manque beaucoup, les gens ne sont pas encore conscients. Par exemple, je travaille dans le domaine de l’environnement dans mon entreprise, ils n'arrêtent pas de me dire : "mais qu’est-ce que tu es en train de faire ?" »Regrouper les militantsC’est pour sensibiliser petits et grands qu’Hisham Ben Khamsa a créé un village environnemental où sont installés des ateliers ludiques et des artisans écologiques. Il fait partie intégrante de Envirofest, un festival cinématographique dédié à l’environnement.« Le village est venu après, ce n’était pas mon idée première, il s’est imposé d’une certaine façon parce que j’ai découvert qu’il y avait pas mal de gens qui militaient, mais qui militaient chacun dans son coin, individuellement », relate Hisham Ben Khamsa. « L’idée de les regrouper pouvait être une bonne idée par rapport au public, mais aussi par rapport à eux-mêmes, pour qu’ils se rencontrent, qu’ils se croisent, qu’ils se reconnaissent. »Festival itinérantIl a choisi de faire un festival itinérant entre les mois de juin et novembre, avec une programmation de films internationaux. « On tourne et on va à l’intérieur du pays », ajoute-t-il. « Entre autres, j’ai choisi d’être dans le bassin minier, je vais à Gabès aussi et à Sfax parce que ce sont des zones extrêmement touchées par la pollution. »Ce jour-là, le film projeté à la fin de la journée est Le Château dans le ciel, du cinéaste japonais Hayao Miyazaki. « C’est une ville qui est entièrement engloutie par la fumée des cheminées et commandée par un inquisiteur qui a décidé que tout le monde devait être la tête baissée et ne pas penser à voir les étoiles. » Un film à la fois sur l’environnement et sur la politique. « S’il y a des messages pour les enfants, il y a des messages pour les adultes aussi », souligne Hisham Ben Khamsa.Une projection sous les étoiles de Tunis, en attendant les autres éditions dans d’autres villes du pays.
11/4/20232 minutes, 25 seconds
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Le slam, genre artistique incontournable à Abidjan

Au croisement de la poésie et de l’art de la scène, le slam s’est imposé en Côte d’Ivoire comme un genre artistique incontournable, à la popularité solide. Pour comprendre ce succès, RFI a tendu son micro aux slameurs d’Abidjan, sur scène et en dehors. De notre correspondante à Abidjan,Le public du slam est un public fidèle. Il donne la réplique aux artistes, connaît leurs gimmicks et leurs mélodies. Car le slam, c’est de la poésie, mais pas seulement : des interactions avec le public, de l’improvisation parfois, des textes murmurés, scandés ou rapés, une mise en scène, de la musique…Le slam connaît à Abidjan un succès jamais démenti depuis le début des années 2000, et s’est progressivement professionnalisé. « Ça évolue bien ! Nous, on a commencé avec deux spectateurs, et aujourd’hui, on arrive à faire 600 places, 800 places, 1500 places, fait valoir le doyen Bee Joe, slameur depuis 1990 et président de la Fédération ivoirienne de slam. Et quand on va en compétition internationale, on se classe parmi les meilleurs. On a été 3ᵉ au niveau mondial, demi-finalistes cette année. Je pense que c’est dû à notre diversité. D’un slameur à un autre, le champ est large. Ici, il y a du rythme, de l’impact, de la percussion. »À lire aussiAutorité orale: le slam de microMega« Ça slame du tonnerre ! »Le secret de son succès ? Parvenir à se réinventer sans cesse. Ainsi, ce milieu très masculin a vu naître ces dernières années une nouvelle étoile, une jeune femme, Amee, qui porte sur scène des textes politiques et féministes. « C’était rare à l’époque de voir une femme prendre la parole sur cet angle. Et puis, le fait que j’ai des textes très engagés, qui parlent de la condition de la femme, c’est juste le reflet de ce que j’ai vécu, de ce à quoi j’ai assisté au quotidien. C’est assez masculin, mais étrangement, c’est l’un des milieux où les femmes sont le plus respectées, le plus à leur aise », explique-t-elle.Le collectif Au Nom du Slam, présidé par Amee, organise tous les ans le festival Babi Slam, qui attire des artistes internationaux. Cette année, pour la 7ᵉ édition, une jeune Française, Chloé M, était invitée à participer au jury : « À partir du moment où on m’a dit “Tu vas aller slamer en Côte d’Ivoire”, j’ai dit oui dans la seconde ! Je trouve ça génial, parce qu’en France, le slam n’est pas forcément très développé, tout le monde ne connait pas encore. Je me disais déjà qu’il fallait faire connaître le slam en France, et je ne me rendais pas compte que dans plein d’autres pays, il y avait des slameurs ! Notamment les pays d’Afrique, ça slame du tonnerre en fait ! »La scène en Côte d'Ivoire compte près de 200 artistes répertoriés par la Fédération. Auquel s’ajoutent des centaines de slameurs amateurs et de passionnés.À lire aussiRFI Musique: Les reflets intimes de Grand Corps Malade
11/3/20232 minutes, 38 seconds
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Le REJI, nouveau réseau du journalisme d'investigation sur le continent africain

Le Réseau Dupont-Verlon pour le journalisme d’investigation est une association créée mercredi 1ᵉʳ novembre 2023 par les lauréats de la Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Porté par la quête incessante de l’information, le REJI accueille les 18 lauréats et une centaine de stagiaires et ouvre sa porte aux professionnels des médias qui travaillent à la recherche de la vérité en Afrique et dans le monde. C’est un moment historique, chargé en émotion. La salle de conférence de l’Institut supérieur de technologie de Côte d'Ivoire accueille ce mercredi 1ᵉʳ novembre 2023 les lauréats, les stagiaires, les proches de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, des professionnels des médias et une équipe de France Médias Monde. Et pour commencer, une minute de silence est observée.C’est un instant émouvant et pour certains, difficile de retenir ses larmes. Toute la journée, témoignages et partages d’expériences vont se succéder. Lauréate de la bourse en 2016 dans la catégorie journaliste, Cécile Goudou, robe en pagne multicolore et cheveux courts, est la première présidente du REJI : « Tous les lauréats de la bourse qui ont adhéré au REJI sont membres, tous les stagiaires sont membres. Même ceux qui n'ont pas été stagiaires, les journalistes et techniciens qui n'ont pas été stagiaires de la bourse peuvent adhérer au REJI. C'est ouvert à tous les professionnels qui ont simplement envie de partager et d'informer. »Des sujets qui touchent la population africaineLes 18 lauréats, originaires de 10 pays africains francophones, sont unis autour d’une devise : se former, former et informer. Pour valoriser leurs productions, ils ont créé une plateforme en ligne baptisée Ond'actives. « Nous nous sommes dotés de cette plateforme-là afin de pouvoir atteindre un grand nombre de publics, explique Marina Djava, lauréate de l’édition 2018. L'investigation est le cœur même de cette association. Nous voulons mettre en lumière certains sujets qui touchent particulièrement la population africaine, qui sont importants sur le continent, mais également pour le monde entier. »Le REJI s’investit aussi pour la liberté de la presse et la lutte contre les infox sur le continent. Toutes les productions de ce réseau sont disponibles en ligne sur Ond’actives. « Ond'actives est une plate-forme sur laquelle on a des podcasts, des éditos, tout ce que l'on fait dans la presse écrite, tout ce que l'on fait à la radio, développe Sidi Mohamed, lauréat 2014 dans la catégorie technicien de reportage. Mais aussi d'autres médias où nous menons des reportages, mais cela serait déposé sous forme de podcast. » Dix ans après la disparition de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le REJI est porteur d’espoir pour le continent. Le projet a obtenu le parrainage de Marie-Solange, la maman de Ghislaine Dupont.À lire aussiEn hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon: «Journalisme en Afrique, la rançon du métier»
11/2/20232 minutes, 22 seconds
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L'Afrique à l'honneur du salon du livre d'Alger

La 26e édition du Salon international du livre d'Alger se poursuit. La plus grande manifestation culturelle du pays est marquée par une forte affluence. Le salon est une occasion de faire connaître de nouveaux auteurs et d'évoquer les difficultés de l'édition en Algérie et en Afrique.  À lire aussiAux origines de la littérature algérienne: cinq questions à Hervé Sanson
11/1/20232 minutes, 13 seconds
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Kenya: des victimes exigent des compensations après un incendie causé par l’armée britannique

Au Kenya, la visite du roi Charles III marquée par plusieurs controverses. Dont, celle autour de la présence d’un camp d’entrainement britannique dans la ville de Nanyuki, à 200 kms de Nairobi. Des soldats anglais viennent s’y entrainer avant d’être déployés à l’étranger. Mais leur présence est entachée par plusieurs scandales. Il y a notamment cet incendie déclenché en mars 2021 lors d’un entrainement dans la réserve privée de Lolldaiga. 4 800 hectares de terrain ont brûlé, avec des conséquences sur le mode de vie des communautés pastorales et agricoles vivant aux alentours. Depuis, elles se battent pour obtenir des dédommagements. De notre correspondante de retour de Nanyuki,Saituk Kaituto Kaparo vit près de la réserve de Lolldaiga. Cet éleveur masaï de 68 ans était aux premières loges lors de l’incendie de mars 2021. Il a tout fait pour tenter de sauver son bétail, mais sur ses 200 vaches, il ne lui en reste plus que 4. Il en garde un souvenir amer : « Le feu venait de cette colline juste derrière, on le voit, on vit à côté. Tout ici était recouvert par de la fumée, on ne pouvait rien voir. Les soldats britanniques avaient tous les équipements nécessaires, mais pour nous c’était différent, précise l’éleveur, on récupérait des branches et on essayait de combattre le feu avec. Quand ça devenait incontrôlable, on se mettait à courir ».Saituk dit ne presque plus voir aujourd’hui à cause de la fumée qui a abimé ses yeux. Il n’a pas les moyens de se payer les soins nécessaires. Il fait partie des 7 000 plaignants qui demandent une compensation aux autorités britanniques. Une compensation pour répondre aux problèmes médicaux et à la perte des récoltes et de bétail. L’affaire est entre les mains d’un comité de médiation, avec des représentants des deux pays. Mais le processus stagne, explique Saituk Kaituto Kaparo : « Ils doivent nous payer des dédommagements avant de reprendre leurs entrainements, la situation est très difficile pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui, qui avons beaucoup perdu dans l’incendie. C’est particulièrement douloureux de voir les soldats, les responsables de l’incident, continuer à s’entrainer ici. »« Une stratégie tirée de l'époque coloniale »En 2002, Londres avait déjà versé plus de 4 millions de livres sterling, soit environ 5 millions d’euros, à plus de 200 familles masaï dont les proches avaient été blessés ou tués par des munitions abandonnées. Kelvin Kubai a grandi à Nanyuki, en côtoyant ces soldats. Ce jeune avocat défend pro-bono les victimes de l’incendie : « Leur stratégie est tirée de l’époque coloniale. On retarde le processus encore et encore et on espère que les victimes vont se fatiguer. Certains de ces soldats britanniques sont très jeunes, ils arrivent au Kenya avec des préjugés racistes, avec un complexe de supériorité, ils ne considèrent pas les locaux comme leurs égaux. On les retrouve dans des bagarres dans les bars du coin et finalement, ils sont protégés. »Les plaignants ont adressé une lettre ouverte au gouvernement britannique. Ils l’appellent, ainsi que le roi Charles III à, je cite, « cesser de traiter le Kenya comme un avant-poste colonial ». Le gouvernement britannique, de son côté, affirme que seule les terres de la réserve privée de Lolldaiga ont été affectées, et qu’une étude, financée par le gouvernement britannique, a conclu que l’incendie n’avait « pas eu d’impact significatif permanent sur la terre, l’eau ou l’air ».À lire aussiPour Charles III, «il ne peut pas y avoir d'excuse» aux abus coloniaux des Britanniques au Kenya
10/31/20232 minutes, 14 seconds
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Rwanda: des étudiants en médecine soudanais poursuivent leurs études à Kigali

Après le début du conflit le 15 avril dernier à Khartoum, ils ont dû fuir leur pays et mettre sur pause leurs études en médecine. Mais depuis presque deux mois, plus d’une centaine d’étudiants soudanais ont posé bagage au Rwanda, à Kigali, où un partenariat avec leur université leur permet de poursuivre leur apprentissage dans des hôpitaux de la capitale. De notre correspondante à Kigali,Dans l’une des salles de l’hôpital King Faisal, Mehaira Ahmed consulte les dossiers de ses patients. Après avoir quitté le Soudan au début du conflit pour rejoindre sa famille aux Émirats arabes unis, elle craignait de ne pas pouvoir poursuivre sa 4ᵉ année d'études en médecine.« Quand je suis arrivée aux Émirats, le problème de ce qui allait se passer ensuite se posait. Les transferts pour des étudiants en médecine sont presque impossibles. Heureusement pour nous, notre université a trouvé des solutions. »La solution, un partenariat avec l’université du Rwanda pour accueillir quelque 160 étudiants soudanais pendant les huit mois de leur année universitaire. Au programme : une immersion dans différents hôpitaux de Kigali la semaine et des cours en ligne le week-end. Dans son service, Mehaira participe activement aux activités de soins.« On fait les rondes dans les chambres, on enregistre les patients, puis il y a également des réunions, des séminaires, et l’enseignement au chevet du patient, donc on est assez chargé ! L’idée est qu’on passe un mois dans chaque spécialité. Nous avons déjà terminé la pédiatrie, et maintenant, on est en médecine interne. »« L'un des obstacles, c'est la barrière de la langue »Après plus d’un mois à Kigali, dans son appartement, Alfaisal Salah s’est rapidement habitué au fonctionnement des établissements rwandais. Assigné à l’hôpital militaire, le jeune homme de 23 ans se réjouit de la confiance accordée aux étudiants soudanais.« Au Rwanda, un étudiant en médecine est considéré comme un docteur et il est responsable de tout ce qu’il fait. Mais l’un des obstacles pour nous, c’est la barrière de la langue qui est l’une de nos plus grandes difficultés. Donc, nous essayons de demander de l’aide à un autre collègue, ou un étudiant rwandais pour qu’il traduise pour nous. »Pour le docteur Suzan Homeida, installée depuis trois ans à Kigali et membre du conseil d’administration de l’université de Sciences et de Technologie de Khartoum, difficile pour le moment de réfléchir à un retour rapide au Soudan.« Malheureusement notre campus est depuis le premier jour occupé par les miliciens. De ce que nous voyons en ce moment au Soudan, et la situation actuelle du pays, je ne pense pas que ces étudiants puissent revenir maintenant, alors nous espérons qu’ils vont continuer leur éducation jusqu’au jour où ils pourront rentrer en sécurité. »Des étudiants en dernière année sont également accueillis en Tanzanie. L’université soudanaise est désormais en contact avec différents pays afin de trouver des solutions pour les autres niveaux de formation.
10/30/20232 minutes, 19 seconds
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Tunisie: l'inquiétude des étudiants palestiniens, coupés de leurs familles à Gaza

En Tunisie, 519 étudiants palestiniens font leurs études dans le pays qui octroie le plus gros quota de ses bourses internationales pour ces derniers. Beaucoup viennent de Gaza et sont envoyés après leur baccalauréat poursuivre leurs études en Tunisie. Les formations médicales, paramédicales, mais aussi le journalisme sont parmi les formations très demandées. Avec la guerre, les bombardements continus sur Gaza et les annonces quotidiennes des pertes humaines et du nombre de blessés qui augmentent, beaucoup vivent dans la peur permanente de perdre leurs proches.  De notre correspondante à Tunis,Mohamed Abu Jabal et Mohamed Shafi discutent autour d’une boisson gazeuse dans le café adjacent à leur foyer universitaire de la Manouba, à l’ouest de Tunis. Les deux jeunes hommes étudient le journalisme depuis trois ans à Tunis, mais leur quotidien a été bouleversé depuis les bombardements sur Gaza après l’attaque du Hamas.Mohamed Abu Jabal raconte le quotidien de sa famille sur place : « Ma famille est partie rejoindre ma sœur à une douzaine de kilomètres de chez nous, car nous habitons dans le nord, la partie la plus bombardée, mais leur quotidien reste très dur », explique-t-il. « Ils n’ont pas d’eau ni d’électricité. Dès qu’ils sortent dehors, ils sont face à la destruction de la ville et aux martyrs de ceux qui ont été tués lors des bombardements. Il y a également un début de famine, car les ressources pour trouver à manger se font de plus en plus rares. Certains membres de ma famille font la queue près de cinq heures durant la journée pour trouver du pain et de quoi manger. »À lire aussiGuerre Israël-Hamas: au Chili, la communauté palestinienne entre colère et inquiétudeMohamed Shafi, lui, se réveille chaque jour sans pouvoir se concentrer pour aller en cours, inquiet du sort de sa famille.« On dit toujours que nous, en tant que Palestiniens, dès que la nuit tombe, on dort en se sentant coupable, car on pense à nos familles qui sont là-bas. Personnellement, je n’arrive plus à dormir depuis le début des bombardements, je dors seulement deux à trois heures par jour maximum. Et dès que je me réveille, mon premier geste, c'est d’aller sur mon téléphone pour essayer d’appeler ma famille que j’ai souvent du mal à joindre », raconte Mohamed Shafi.Une assistance psychologique mise en placeFace à l’ampleur de la guerre, le ministère de l’Enseignement supérieur à Tunis a pris des mesures d’exception pour les étudiants palestiniens, comme l’explique Malek Kochlef, directeur de la coopération internationale« L’assistance psychologique fait partie des mesures phares prises par le ministère, en particulier parce que nous avons eu un retour d’information du terrain sur des situations réellement dramatiques. Nous avons des étudiants qui ont perdu des membres de leur famille, proche ou éloignée suite aux bombardements, et beaucoup parmi les non-boursiers ont et auront des difficultés financières. »Le ministère a ouvert les foyers universitaires gratuitement pour les étudiants de Gaza, ne pouvant plus payer leur loyer et une extension de bourse au niveau Master a été proposée, face à l’incertitude d’un retour à Gaza ou même la possibilité de revoir un jour leurs proches.
10/29/20232 minutes, 20 seconds
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Le Ti-Î Festival, un événement culturel majeur de la scène centrafricaine

Dans le but de revaloriser les cultures centrafricaines des années 1980-1990 et promouvoir le vivre ensemble, l'icône de la musique centrafricaine Idylle Mamba a rassemblé ses compatriotes autour du Ti-Î Festival qui s'est tenu du 26 au 28 octobre pour une troisième édition.
10/28/20232 minutes, 20 seconds
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Boxe: sur les traces de Francis Ngannou dans son premier club parisien

La star du MMA Francis Ngannou passe de la discipline des arts martiaux mixtes à la boxe anglaise. Le Camerounais affronte ce 28 octobre un monument : le Britannique Tyson Fury, multiple champion du monde et considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de l’histoire. Ce genre de combat, Francis Ngannou en a rêvé depuis le début de son ascension. Une trajectoire qui s’est accélérée au moment de son arrivée Paris il y a une dizaine d’années, notamment dans son club : le Kajyn.
10/27/20232 minutes, 15 seconds
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L'humour en Afrique de l'Ouest: «On rit des choses de la vie !»

Qu’est-ce qui fait rire l'Afrique de l'Ouest ? Peut-on rire de tout et surtout des mêmes choses d’un pays à l’autre ? Pendant trois jours, une quinzaine d’humoristes se sont frottés à ces questions lors d’une Masterclass organisée par le Dycoco Comedy Club ivoirien à Dakar.
10/26/20232 minutes, 18 seconds
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Madagascar: le quotidien des habitants d'Antananarivo perturbé par les grèves

Depuis plus d’un mois, Antananarivo vit au rythme des manifestations du « Collectif des 11 ». Mercredi 25 octobre, les candidats de l’opposition ont donné rendez-vous à leurs partisans à Anosizato, à l’ouest de la capitale. Le quartier a vécu quelques heures inhabituelles. De notre correspondante à Antananarivo,À l’entrée du quartier, habitants et commerçants sont suspendus aux va-et-vient des militants. Certains se réjouissent d’avoir aperçu les candidats à leur arrivée. Pourtant, cette effervescence n’est pas une bonne nouvelle pour Tsisimalahelo, vendeur de noix de kola et de pistache : « On n’a plus de quoi s’acheter à manger quand ils passent par là ! Parce qu’on n’arrive plus à vendre, à cause de la manifestation qui distrait les clients. Moi, vous savez, peu m’importe la politique, j’ai juste besoin de gagner mon pain. En temps normal, mon chiffre d’affaires c’est 70 000 ariary, mais aujourd’hui je n’ai vendu que pour 25 000 ariary ! »Devant la pharmacie d’Anosizato, les moteurs de bus et voitures grondent. Erick est le chef du personnel de l’officine. Il assiste aux embouteillages formés depuis ce matin, mais surtout, impuissant, à la fuite de sa clientèle : « Notre clientèle a beaucoup baissé. Les gens n’osent pas venir, ils ont peur des échauffourées, ils préfèrent aller dans d’autres pharmacies loin de la manifestation. Je comprends les revendications des candidats. Il n’empêche que c’est toujours le petit peuple qui paye alors que les leaders, eux, ont les moyens. »À écouter aussiAndry Rajoelina, président de Madagascar: «L'opposition essaye de manœuvrer pour qu'il n'y ait pas d'élection»Le long de la route empruntée par le collectif, certains ont tout de même profiter d’une affluence exceptionnelle pour ce quartier périphérique de la capitale. Hantavola, gérante d’une échoppe, a vendu près d’une soixantaine de bouteilles d’eau. « D’habitude, on peine même à vendre une ou deux bouteilles d’eau par jour. Aujourd’hui, ça a vraiment très bien marché, on a presque épuisé notre stock d’eau. En plus de ça, on a écoulé tout ce qui est jus de fruits... et même des glaces ! »Qu’ils aient été perdants ou gagnants, il ne s’agissait pour les habitants que d’une parenthèse de quelques heures. La société civile s’inquiète en revanche de conséquences à plus long terme pour la population. Ce jeudi, la plus grande plateforme syndicale de Madagascar a menacé de bloquer le pays si le président sortant et l’opposition ne parvenait pas à dialoguer.À lire aussiMadagascar: l’opposition exige un nouveau report de la présidentielle  
10/25/20232 minutes, 5 seconds
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En Guinée, les journalistes menacés: «Il pointe son fusil sur mon visage et dit: "Je vais te tuer"»

Lundi 16 octobre, en Guinée, une manifestation de journalistes a été violemment dispersée par les forces de sécurité. Les protestataires réclamaient la levée des restrictions d’accès au site d’informations Guinée Matin. Depuis la mi-août, il est en effet impossible de se connecter au journal en ligne. Lors de l’intervention des autorités, des journalistes ont été malmenés, y compris ceux qui étaient venus couvrir l’évènement. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Ces derniers mois, sur le terrain, les cas de journalistes pris à partie par les forces de sécurité se sont multipliés. Témoignage d’Abdoulrahmane Bah, correspondant de TV5 Monde en Guinée. Au mois de mai, il a été agressé par des militaires.
10/24/20232 minutes, 29 seconds
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Congo-Brazzaville: une exposition pour témoigner de la métamorphose du paysage urbain

La capitale de la République du Congo célèbre en ce mois d’octobre son 143e anniversaire. Pour célébrer cet événement, l’Institut français du Congo accueille une exposition de photographies qui montre l’évolution de l’architecture urbaine congolaise depuis 60 ans. À titre d’illustration, les plus hautes tours jumelles de Brazzaville ont été mises en service lundi 23 octobre par les autorités congolaises. De notre correspondant à Brazzaville,Hall de l’Institut français du Congo. Edwige, la trentenaire en tee-shirt et jean, baskets aux pieds, slalome entre les grands tableaux sur lesquels sont affichées les photographies. Elle est frappée par la façon dont la capitale s’est transformée en s’enrichissant de différents apports africains. « Il y a beaucoup d’immeubles qui ont poussé par-ci par-là. Il y a aussi l’architecture qui nous vient de la mixité avec l’Afrique de l’Ouest, parce qu’il y a beaucoup de commerçants ouest-africains installés ici. Brazzaville, c'est beaucoup de facettes. C’est un mixage de beaucoup de choses. Brazza est un ensemble. »Principal auteur des photographies de l’exposition, le photographe congolais, Lebon Chansard Ziavoula, alias Zed, est également d’avis que la ville bâtie sur la rive droite du majestueux fleuve Congo n’a cessé de se métamorphoser sur le plan architectural : « Au fil du temps, certains bâtiments ont subi des modifications, vu l’évolution de la société. »« Mixité architecturale »Les deux grandes tours jumelles de Brazzaville, par exemple, culminent à plus de 135 mètres de hauteur. Jean-Omer Ntadi, expert en patrimoine, a suivi l’évolution des constructions ces dernières années. « À partir des relations que nous avons établies avec certains pays, notamment la Chine et l’ex-URSS, nous avons eu de nouveaux bâtiments du genre : palais des congrès, l’Enam (École nationale d’administration et de magistrature).  En passant, il y a aussi la maternité mère et enfants, Blanche Gomes. Ce sont des courants architecturaux nouveaux », se réjouit-il.Jean-Omer Ntadi cite là pêle-mêle des édifices publics. Mais les particuliers ont fait également bouger les choses. « La tendance est de copier toutes les innovations qui font jour. Il se trouve qu’à un certain moment un courant était né : la tendance de faire des toits en pente, explique le spécialiste du patrimoine. Maintenant, nous sommes répartis vers un autre courant : les toits coniques. Il y a une espèce de cônes au milieu (des maisons). Généralement, ce sont deux ou quatre pentes qui se croisent au sommet. »Actuellement, dans les quartiers résidentiels de Brazzaville, les maisons à étages poussent comme des champignons, tandis que les nouvelles zones d’habitation connaissent une urbanisation anarchique. Le cadastre est presque dépassé.À lire aussiCongo-Brazzaville: l’urbanisation accélérée à l'origine de la crise du logement
10/23/20232 minutes, 22 seconds
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La Mauritanie organise son premier festival du film international à Nouakchott

La première édition du Festival International du Film de Nouakchott présidé par le célèbre réalisateur international mauritanien Abderrahman Lahi s'est tenu du 15 octobre au 17 octobre dans la capitale mauritanienne. Un évènement culturel plutôt rare dans la capitale. Au programme : 28 longs et courts métrages de réalisateurs venus d’une douzaine de pays dont celui d’un jeune réalisateur mauritanien prometteur : Abdoulaye Sall. La soirée a débuté à Nouakchott par la projection du court métrage jeune réalisateur mauritaniens, d’Abdoulaye Sall, accueilli par les applaudissements du public. Présenté au dernier festival de Cannes, son court métrage raconte entre autres les difficultés au quotidien d’un vendeur ambulant revenu travailler au pays pour nourrir sa famille. Une fiction quelque peu inspirée du vécu du cinéaste mauritanien d’origine peul : « C’est l’histoire d’amour entre un couple peul et aussi des jeunes qui partent et qui ont envie de rester…. C’est l’histoire de mon enfance, de mon quartier, toutes ces choses-là que j’essaie de retracer. En tant que réalisateur, j'ai aussi eu des doutes, rester ou partir ? »Une fierté et une consécration pour ce passionné qui a suivi une formation de monteur dans un prestigieux centre de post-production au Sénégal. L’occasion selon lui de promouvoir le cinéma mauritanien à l’international et de le développer davantage dans son pays : « J’ai compris une chose c’est que je pouvais rêver. Au départ, je me suis auto-produit. Avec des amis on a cherché des fonds et on a fait le film. On voit rarement des films mauritaniens et rarement des subventions. Il y a un gros travail à faire pour que le cinéma mauritanien soit représenté. »L’occasion aussi, selon Mohamed El Moustapha El Bane, président du Festival international du film de Nouakchott, d’encourager la formation de jeunes talents locaux.  Sur les 28 films projetés pendant le Festival 7 ont été réalisés lors d’ateliers spécialement mis en place pour l’occasion. « C’est nous qui avons organisé les formations pour les jeunes. À la fin du stage, ils ont réalisé sept films pour cette jeunesse des 7 moughataas de Nouakchott.  En Mauritanie il y a beaucoup de talents, il faut aider ces jeunes. Et le public de Nouakchott et nous, cinéastes, nous avons besoin du festival pour voir les films. »Le festival international du film de Nouakchott a été interrompue jusqu'à nouvel ordre pour deuil national dans le pays en hommage aux victimes de l'hôpital de Gaza. Il s’achèvera par la remise des prix des meilleurs courts et longs métrages internationaux. Mais aussi de ceux réalisés sur place au smartphone et lors des ateliers. 
10/22/20232 minutes, 6 seconds
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En Tunisie, une résistance culturelle pour la cause palestinienne

En Tunisie, les Journées cinématographiques de Carthage, le plus vieux festival de cinéma en Afrique, ont été annulées en solidarité avec la situation en Palestine. La Tunisie a pourtant toujours été un vivier culturel pour la cause palestinienne. Et jusqu’à aujourd’hui, les deux pays partagent une histoire culturelle très riche qui permet de résister, d’une autre manière. De notre correspondante à Tunis,C’est un concert où l’ambiance n’est pas forcément festive, mais plutôt commémorative. Des chansons autour de la cause palestinienne résonnent dans la salle de l’Opéra à la Cité de la Culture à Tunis, pour ce concert de soutien, vendredi 20 octobre, devant un public ému.Les bénéfices du concert vont être entièrement reversés au Croissant-Rouge tunisien afin de soutenir l’effort humanitaire. Mais pour Samar Tlili, professeure universitaire, il s’agit aussi d’un autre combat. « Nous essayons de faire connaître à tout le monde la réalité des Palestiniens à travers la traduction des informations, la création de contenus et le partage de leur culture. C’est pour cela que je suis venue aujourd’hui. Il n’y a plus beaucoup d’espaces d’expression libre en Tunisie, mais au moins, ici, c'est une forme de militantisme pour la cause palestinienne », confie-t-elle.Elle rejette l’annulation des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), décidée par le ministère des Affaires culturelles le jeudi 19 octobre. « Je ne comprends pas cette décision. Au début, l’annulation des évènements en marge des JCC, qui ont un caractère festif, je pouvais la comprendre. Mais annuler le festival, je trouve que c’est n’importe quoi. On aurait pu saisir l’opportunité pour le transformer en une session dédiée à la cause palestinienne, justement. Surtout que c’est un festival qui a toujours été très engagé politiquement », déplore Samar Tlili.À lire aussiTunisie: le festival de Carthage officiellement annulé en soutien à GazaDes actions culturelles en soutien à la cause palestiniennePour Teycir Kerkenni, future avocate, assister à des évènements culturels qui soutiennent la cause palestinienne renforce la mobilisation dans la rue. « En fait, je trouve que cela permet de s’interroger, de réfléchir à l’histoire de ce peuple à travers d’autres médiums, et cela peut convaincre les plus réticents d’aller soutenir aussi les Palestiniens dans des manifestations », propose-t-elle.D’autres ont modifié leur programmation, comme le CinéMadart à Carthage, qui a remis à l’affiche le film Alam du réalisateur palestinien Firas Khoury, sorti au printemps dernier. « Notre seule arme, ce sont les images que l’on peut montrer, les voix que l’on peut donner à entendre. On l’a programmé tous les jours pour essayer aussi d’offrir un espace, un lieu et une occasion de débattre, et de voir d’autres images que celles que l’on voit dans les médias », explique Kais Zaied, le responsable du cinéma.Autant d’actions culturelles qui se joignent aux manifestations politiques en solidarité avec la cause palestinienne. Elles réunissent des centaines de personnes presque chaque jour depuis le début des bombardements sur Gaza.
10/21/20232 minutes, 33 seconds
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Le Musée National de Guinée fait peau neuve

Bâtiments en chantier et collection en cours de numérisation… Le Musée National de Guinée fait peau neuve. Dans son histoire, il n’a jamais connu de modernisation aussi rapide. Les autorités de transition ont décidé de refonder cette institution installée à la pointe de la péninsule de Conakry depuis la fin des années 1970, pour qu’elle redevienne un haut lieu de la culture guinéenne. De notre correspondant à Conakry,Les parpaings sont montés au rythme des chansons populaires. Hamza Kaba salue les ouvriers, il est le directeur du Musée National de Guinée. À son arrivée, il a découvert un site en décrépitude. « Comme vous le voyez, nous sommes en chantier, nous avons voulu retaper la salle d'exposition. Quand on a enlevé la toiture le 22 octobre 2022, tout le bâtiment s'est écroulé », explique-t-il. Alors, il a fallu repartir de zéro et les autorités ont vu les choses en grand. 800 mètres carrés pour la future salle d'exposition qui doit être inaugurée en janvier. C'est le triple de la surface de l'ancien édifice. L'aménagement global du musée a coûté un peu plus d'un million d'euros. « Le Musée National de Guinée connaît aujourd'hui une nouvelle ère, pas seulement vis-à-vis des travaux ou des rénovations. Nous sommes en train de faire la numérisation », précise Hamza Kaba.Des œuvres exposées dans un musée virtuelGrâce à la numérisation, des œuvres seront d'ici à un an et demi exposées sur Internet dans un musée virtuel. Une entreprise française, Archéovision, a été choisie pour commencer le travail, qui sera poursuivi par les cadres guinéens du ministère de la Culture. Mikaël Rouca est venu transmettre les techniques de numérisation 2D et 3D. « Il y a deux volets pour la numérisation, il y a une partie que l'on va dire "muséale", dans le but de valoriser des objets pour aller présenter éventuellement sur Internet. Et il y a une partie technique qui va permettre à d'éventuels scientifiques de pouvoir étudier l'objet sans forcément les déplacer pour la sécurité de l'objet, etc », indique-t-il.Les objets sont photographiés sous toutes les coutures. Le ministre de la Culture, Alpha Soumah, suit de près les opérations. « Cette phase de numérisation est une phase importante parce que ça nous permet d'abord de mettre côte à côte les biens que nous avons ici en Guinée et puis dans d'autres pays. Une fois que tout cela est numérisé sur un portail virtuel, on peut voir tout de suite notre richesse culturelle. »Des œuvres guinéennes se trouvent aujourd'hui dans des musées étrangers, en France notamment. L'objectif pour Conakry est de favoriser leur restitution. « Il y a des préalables pour récupérer un bien qui a séjourné des années ailleurs, il faut déjà sécuriser là où on le reçoit. La première étape, c'est déjà de réhabiliter ce musée, de faire l'extension pour un musée plus grand et un autre projet de musée est prévu [dans le quartier de] Koloma, à 15 km d'ici, où l'on va faire un musée des civilisations », annonce Alpha Soumah.
10/20/20232 minutes, 25 seconds
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Francophonie en Afrique: à Maurice, le français a toujours la cote sur l’île du multilinguisme [5/5]

Si l’anglais est la langue des institutions et de l’administration, après le créole, c’est le français qui est le plus parlé à Maurice. La langue de Molière a su résister à plus d’un siècle et demi de présence britannique. Et elle conserve une grande vitalité, qui passe, dans cette île multiculturelle, par un métissage avec les autres langues.  De notre correspondant à Port-Louis,Lorsque Dan Maraye, ancien gouverneur de la Banque de Maurice, s'adresse aux journalistes lors d'une séance d'échanges au siège du Défi Média Group, à Port-Louis, il utilise naturellement le français, malgré une formation professionnelle et une pensée académique fondamentalement britanniques. Un choix courant dans les milieux d'affaires et éducatifs mauriciens, où il est bien vu d'utiliser le français à l'oral. La Constitution mauricienne ne prévoit pas de langue officielle. Mais difficile ici d’oublier que Maurice, colonisé près d’un siècle par les Français, s’appelait autrefois l'« Isle de France ». Car malgré sa capitulation face aux Anglais en 1810, la langue de Molière a tenu bon face à celle de Shakespeare. Selon l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le français est aujourd’hui parlé par les trois quarts de la population mauricienne.Emprunts, métissage et « faux amis »Pendant la conversation, le vétéran de la finance utilise également des termes anglais avec la même aisance. Pas de quoi affecter son auditoire, au contraire. À l’oral, les Mauriciens sont habitués à cette gymnastique entre deux langues internationales. Elle est le reflet du bagage académique des locuteurs.Le même phénomène existe à un degré moindre à l’écrit. Le choix de termes anglais est intentionnel et assumé, car il permet d'éviter les ambiguïtés. Une pratique courante, en particulier dans la presse. Par exemple, pour évoquer une « avancée majeure » dans le contentieux territorial entre Port-Louis et Londres concernant l'archipel des Chagos, l'éditorialiste Lindsay Rivière, qui maîtrise à la fois l'anglais et le français, parle d'un « breakthrough » dans un article en français. « Cela fait partie de notre identité », souligne Lindsay Rivière, auteur de Redevenir l'Isle de France ? Un Récit politique, publié en 2021. De son point de vue, les emprunts dans les différentes langues dans le français écrit mauricien constituent un enrichissement et une ouverture. Car en réalité, dans cette île multiculturelle où se mêle une population de 1,2 million aux ancêtres d’origine indienne, africaine, européenne ou chinoise, le multilinguisme fait partie intégrante de l’identité mauricienne. Ainsi, le français, langue des médias par excellence, cohabite aujourd’hui avec l’anglais, qui est celle du Parlement et de l’administration, et le créole, la langue maternelle parlée par 90% des Mauriciens. Après le créole, le français est considéré comme la langue la mieux comprise et parlée par les Mauriciens.Assez répandue, mais moins visible, l'utilisation de « faux amis » et autres anglicismes et créolisme dans le français mauricien témoigne également de l’influence de l’anglais. L'interaction entre l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Maurice et les journalistes en offre encore une illustration. En se présentant, les jeunes journalistes présents, pour la plupart formés dans des universités anglophones locales, déclarent détenir un « degré » en communication et journalisme. Utilisé en lieu et place du mot « diplôme », ce terme pourrait créer la confusion pour un francophone natif, mais pas pour les Mauriciens. Créolisé et prononcé « dégré » le terme s'est imposé dans le français mauricien. « Nous pensons en créole, nous écrivons en français en empruntant à l’anglais »Même Jean-Claude de l'Estrac, réputé dans l'île pour sa culture, la qualité de son verbe et la finesse de sa plume en tant qu'ancien éditorialiste et écrivain, n'échappe pas à cette influence des « faux amis ». Comme lorsque celui qui fut candidat au poste de secrétaire général de l’OIF parle de « fonction » pour évoquer la cérémonie de lancement de son nouveau livre Un dimanche sur le quai de Manikarnika. Un anglicisme issu du terme « function » (en français, « réception », « cérémonie »). Un usage répandu dans la presse mauricienne, comme lorsqu'on dit qu'un ministre était présent à une « fonction ».« Nous confondons également le mot anglais “academic” avec “académicien” », observe Christina Chan-Meetoo, une universitaire parfaitement à l'aise en français comme en anglais. Dans la presse mauricienne, l'expression « éducation tertiaire » est souvent utilisée à la place d’« éducation supérieure », un autre faux ami qui a migré de l'anglais « tertiary education » vers le français. Et la liste est longue.« Il fut un temps où de telles erreurs en français suscitaient des réactions indignées des lecteurs. Mais ce temps est révolu. Nous pensons en créole, nous écrivons en français en empruntant à l'anglais », déplore Pradeep Daby, journaliste au Défi Quotidien et partisan d’une « écriture française plus conforme » dans la presse mauricienne. Dans le registre journalistique, « le plus important est que les Mauriciens comprennent. Le message passe », souligne pour sa part Yvan Martial, ancien rédacteur en chef du quotidien L'Express, qui dirige aujourd'hui une impressionnante collection appelée Répertoire de la Presse mauricienne.À lire aussi«Plus de 60% de ceux qui utilisent le français au quotidien se trouvent en Afrique»Faut-il s'inquiéter de ces influences ou y voir un joyeux mélange ? « Plus de 150 ans de présence britannique n’ont pas effacé la langue française à Maurice », répond Yvan Martial. La colonisation britannique a duré de 1810 à 1968, date de l'indépendance de Maurice. Mais des clauses dans le traité de cession de l'ancienne Isle de France à la Grande-Bretagne en 1814 garantissaient le respect de la religion, des lois et de la langue des habitants. Dans l’île plurilingue, le français mauricien a trouvé de nombreux raccourcis en s'appuyant sur ce qu'il y a de plus intelligible dans les différentes langues pratiquées. Il n'est pas étonnant de croiser dans les rues de la capitale des jeunes en pleine conversation dans un créole agrémenté de mots français, d'anglais, voire de bhojpuri, une langue indienne très présente dans les localités rurales de Maurice. Cette manière de s'exprimer n'est pas nouvelle, mais elle s'accentue avec l'influence des réseaux sociaux sur les nouvelles générations, notamment dans les milieux estudiantins.Les expressions anglaises, en particulier, prennent progressivement le pas sur le créole et le français. « Les mots anglais nous viennent plus naturellement, car nos études ont été en anglais à l'école et à l'université. De plus, la communication sur les réseaux sociaux nous semble plus directe en anglais, surtout qu'il n'y a pas d’accents », explique Avishka, une trentenaire employée d'une société de distribution à Pailles. Depuis son indépendance, Maurice a maintenu le modèle éducatif britannique. Avishka a utilisé l'expression « more straight forward » pour dire « plus direct ».  Au cours de la conversation, elle a également utilisé à plusieurs reprises l'expression « like », qui se traduit ici par « vous voyez ».Langue de la presse et de la littératureMalgré ces métissages, le français reste la langue de choix des Mauriciens. La presse mauricienne, qui célèbre cette année ses 250 ans d'existence, témoigne de cette vitalité. De même, la littérature mauricienne est dominée par des écrits en français. Un dimanche sur le quai de Manikarnika (Pamplemousses Éditions), de Jean-Claude de l'Estrac, en est la preuve concrète pour la plus grande satisfaction de l’ambassadrice de France d’alors, Florence Caussé-Tissier, présente lors du lancement.Le français s'impose même comme la langue de l'économie. L'économiste Eric Ng Ping Cheun a choisi d'écrire Maurice la cigale (Pamplemousses Éditions) en français en 2019. L’ouvrage vise à alerter l'opinion sur une île qui vit désormais au-dessus de ses moyens et s'endette de plus en plus en puisant dans ses réserves financières.Dans la littérature francophone contemporaine, des auteurs tels qu'Ananda Devi, Natacha Appanah et Barlen Pyamootoo jouissent d'une belle reconnaissance alors que de nouvelles voix se font entendre. Davina Ittoo, enseignante de littérature française, fait partie de ces autrices. Elle a remporté trois prix pour ses ouvrages : La proscrite et autres nouvelles, Prix Jean Fanchette 2015, Misère (Atelier des Nomades), Prix Indianocéanie 2019 et Lorsque les cerfs-volants se mettront à crier, prix Vanille 2022. « C'est une littérature vivante et riche, mais c'est très dommage que les auteurs mauriciens ne soient pas enseignés dans les écoles », déplore Barlen Pyamootoo. « Ils sont enseignés ailleurs, mais pas à Maurice », ironise Alain Gordon Gentil, écrivain et éditeur. Il est très rare en effet qu'un auteur mauricien soit invité dans une école publique mauricienne pour parler de son œuvre. Les Mauriciens ont bien conscience que leur multilinguisme est une chance. « C'est un atout dans leur CV, et le bilinguisme explique pourquoi ils sont recrutés à travers le monde », souligne Rama Sithanen, ancien ministre des Finances. Cette polyglossie fait partie intégrante de l’identité mauricienne. Il n'est pas surprenant de rencontrer des Mauriciens à l'aise dans quatre langues : le créole (parlé aujourd'hui par 90% de la population), le français (langue médiatique par excellence), l'anglais (langue parlementaire et administrative) et une langue asiatique, notamment le bhojpuri, l'hindi, l'ourdou, le tamoul, l'arabe, ainsi que les dialectes chinois hakka et mandarin.Dans Écrits sur les Langues, publié en 2015 et préfacé par Louis-Jean Calvet, le linguiste Issa Asgarally expliquait ainsi avoir voulu « raconter comment des hommes et des femmes relèvent quotidiennement à Maurice le défi de Babel ».
10/19/20232 minutes, 25 seconds
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Francophonie en Afrique: au Sénégal, le wolof monte en puissance face au français [4/5]

Langue officielle du Sénégal, le français n’est maîtrisé que par un tiers des Sénégalais. Au pays de Leopold Sedar Senghor, la langue de Molière s’est laissée progressivement distancer au profit du wolof, la langue nationale la plus partagée par les Sénégalais. De notre correspondante à Dakar,À 13 heures tapantes, le jingle de Sud FM est lancé. Après une longue inspiration, le présentateur Maodo Faye se lance dans les titres de son journal en langue wolof. De l’autre côté de la vitre du studio, en régie, les journalistes s’agitent pour finaliser le mixage d’une traduction. « Le ministre Samba Ndiobène Ka s’est exprimé en français, nous devons le doubler en wolof pour cette édition », explique la rédactrice en chef, Ndeye Mareme Ndiaye.Sud FM, première radio privée du Sénégal créée en 1994, a été précurseur en diffusant des journaux en wolof, langue nationale la plus parlée dans le pays, signe d’une perte de vitesse de la langue de l’ancien colon, pourtant officiellement inscrite dans la Constitution. « À l’époque, il y avait une seule radio d’État, la RTS, il fallait démocratiser l’accès à l’information et faire participer les populations au débat public. Et cela passait par l’introduction du wolof », remet dans le contexte Baye Oumar Gueye, directeur général de Sud FM depuis cinq ans.Toute la journée, pendant les moments forts d’information, les présentateurs des journaux alternent entre le français et le wolof. Le reste du temps d’antenne est occupé principalement par des programmes en langue nationale, même si des émissions de grandes écoutes comme Objection sont toujours en français. « Nous avons des courbes qui démontrent que l’audience monte dès que nous sommes dans le journal en wolof, c’est toujours un pic d’audimat, car c’est plus clair dans cette langue pour les auditeurs, qui maîtrisent ainsi davantage les sujets », observe M. Gueye.À lire aussi«Plus de 60% de ceux qui utilisent le français au quotidien se trouvent en Afrique»Et cela s’explique, car tout le monde parle et comprend le wolof dans toutes les régions du Sénégal, alors que beaucoup ne parlent pas le français, surtout dans les villages à l’intérieur du pays où le taux d’analphabétisation est élevé. « Nous avons introduit d’autres langues nationales dans les stations régionales, comme le diola, le sérère ou le peul. Mais c’est le wolof qui domine au niveau national », explique le patron de la radio, M. Gueye, qui rappelle que le français avait été imposé par le colonisateur.« J’utilise des mots étymologiquement français qui sont wolofisés »À la présentation, Maodo Faye – El Hadj Malick Faye de son vrai nom – reprend en wolof le même journal que l’édition en français. C’est dans cette même langue qu’il s’occupe d’une émission qui ouvre le micro aux auditeurs et du desk religieux. « L’islam a une place capitale dans notre société à 95% musulmane, et les khalifes généraux à la tête des confréries parlent le wolof », explique le présentateur, fidèle de Sud FM depuis plus de vingt ans.Mais il est parfois difficile de tout traduire. « J’utilise des mots étymologiquement français qui sont wolofisés, car il n’existe pas de réelle traduction comme pour les mots comme “la montre”, “l’avion” ou des termes économiques », admet M. Faye. Sans compter les sujets tabous qu’il est plus difficile d’aborder dans la langue locale. « En français, on peut parler de tout, comme de la sexualité. Mais en wolof, les mots sont trop tabous », estime-t-il.Alors pour construire une matinale et des journaux, la rédactrice en chef Ndeye Mareme Ndiaye, qui coordonne la rédaction dans les deux langues, compte sur une équipe de journalistes entièrement bilingue. « Parfois, nos reporters reviennent avec des témoignages uniquement en wolof, car les gens sont plus à l’aise et s’expriment mieux dans leur langue maternelle. Nous sommes donc obligés de faire une traduction pour l’édition en français », témoigne la journaliste, qui a commencé à Sud FM en 2001.« Parfois, nous ne connaissons pas certains mots en wolof, donc nous devons utiliser des mots en français au milieu d’une phrase, mais je pousse aussi les journalistes à se performer, à chercher la traduction précise en utilisant une paraphrase, explique la rédactrice en chef. Nous avons aussi des collaborateurs qui ont étudié le wolof à l’université et nous faisons appel à eux pour qu’ils nous corrigent. » « Le rôle des médias est important dans le développement et l’enrichissement d’une langue et de son vocabulaire », renchérit le directeur général, M. Gueye.Le niveau de français en déclinCe ne sont pas que les journaux et l’information qui sont en wolof, mais tout l’univers radiophonique de l’antenne, que ce soient les jingles, les bandes-annonces ou les publicités commerciales. « Les émissions avec des invités comme des maires ou des députés se font généralement en wolof », note Mme Ndiaye, alors que la politique connaît le même phénomène de déclin du français. Car pour se faire comprendre et pour gagner en légitimité, les hommes politiques prennent l’option du wolof afin de gagner la confiance des électeurs.« La meilleure façon de faire passer un discours politique, c’est de passer par la langue véhiculaire [langue qui permet les échanges entre des groupes parlant des langues différentes, ndlr] majoritaire qui est le wolof compris un peu partout au Sénégal », analyse Adjaratou Oumar Fall, chercheuse au laboratoire linguistique de l'Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.À lire aussiLe fran-wolof sur les réseaux sociauxElle observe alors que le phénomène est global : « Dans le paysage linguistique actuel, le français a perdu en vitesse, notamment à l’université où le niveau d’écriture et de rédaction a beaucoup baissé. » Dans les couloirs du campus, elle entend désormais les étudiants parler entre eux en wolof. De même dans les salles de classe, où les instituteurs expliquent le programme d’abord en langue nationale avant de passer au français. Une tendance qui s’observe aussi sur les panneaux publicitaires ou sur les réseaux sociaux, où les jeunes ont délaissé le français pour écrire principalement en wolof.« Cette expansion s’observe dans toutes les régions, même en Casamance ou à Kédougou qui étaient très attachées à leurs langues régionales », observe Mme Sall. Selon elle, le wolof a pu s’imposer, car il est ouvert et contient beaucoup d’emprunts. La chercheuse d’analyser : « Les Wolofs sont des commerçants, donc c’est une langue de mouvement qui est beaucoup plus facile d’accès que le français, compliqué à apprendre ».À lire aussiLa Wolof Académie promeut l'enseignement du wolof, la langue la plus parlée au Sénégal
10/18/20232 minutes, 15 seconds
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Francophonie en Afrique: en Algérie, la langue française, un «butin de guerre» en mauvaise posture? [3/5]

En Algérie, depuis septembre 2022, l'anglais est enseigné dès l'école primaire, faisant perdre au français son statut de seule « langue étrangère » des programmes scolaires aux côtés de l’arabe et du tamazigh. Alger a-t-il décidé de rompre avec l'héritage de la colonisation ? De notre correspondant à Alger,« Good morning ! », « hi ! ». Moussa, Nassim et Wafa, élèves de la troisième année de primaire, s'appliquent à répéter. Wafa, 9 ans, a déjà une longueur d'avance puisque sa grande sœur est diplômée en littérature anglaise de l'université d'Alger. « Je sais comment dire les chiffres de 1 à 10 », annonce-t-elle fièrement.« L'anglais est une langue très importante. C'est la langue du monde, s'enthousiasme la professeure. Elle est parlée dans tous les pays, en Grande-Bretagne, aux États-Unis. Dans la classe, j'ai trouvé les élèves très excités à l'idée d'apprendre l'anglais. » Sakina, enseignante à l'école Hussein-Dey, à Alger, a été recrutée pour enseigner l'anglais après une brève formation. Comme elle, ils sont 5 000 enseignants contractuels à avoir été engagés par le ministère de l'Éducation nationale pour la rentrée de septembre 2022 après la décision, à peine trois mois avant, du président Abdelmadjid Tebboune d'introduire l'anglais dès le cycle primaire. Jusque-là, le français, était la seule « langue étrangère » enseignée dès l'école primaire au côté de l'arabe et du tamazight, les deux langues officielles en Algérie.Troisième pays francophone en nombre de locuteursC'est dans les années 1960 que la langue française a été adoptée dans le système scolaire. « Paradoxalement, c'est après l'Indépendance que l'usage du français s'est étendu. Les immenses efforts de scolarisation déployés par le jeune État algérien expliquent aisément l'expansion de la langue française depuis 1962. Le recours à tous les Algériens diplômés ou instruits (et, dans leur grande majorité, ils l'étaient en langue française) et à la coopération étrangère (surtout française), a entraîné l'institution d'un état de bilinguisme de fait, sinon de droit, dans le système éducatif et dans la société en général », précisait la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi, dans une étude parue en 1995.Ce n'est qu'en 1978 qu'a commencé l'arabisation graduelle de l'école. Et depuis la fin des années 1980, le français est enseigné comme langue étrangère, au même titre que l'anglais, l'espagnol ou l'allemand dans les cycles moyen et secondaire.Selon l'Unesco, l'Algérie est le troisième pays francophone au monde après la France et la RDC avec près de 15 millions de personnes maîtrisant la langue française, soit 33% de la population. Mais le pays, qui n'est pas membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), considère désormais comme prioritaire l'usage de l'anglais dans le système scolaire. « L'Algérie doit rejoindre le mouvement du monde. Il est vrai que la langue française est un “butin de guerre”, mais l’anglais est une langue internationale. C'est la langue de l'économie », justifiait Abdelmadjid Tebboune en juillet 2022.« Pas d'hostilité » envers la langue françaiseEn août 2023 encore, le président algérien affirmait que la question de l'enseignement de l'anglais à l'école primaire était posée depuis plusieurs années. « Si l'on veut aller à la création des start-ups, à la science, il faut utiliser la langue anglaise. L'anglais est la langue des chiffres et des théories physiques. Les parents d'élèves veulent que leurs enfants apprennent l'anglais », a appuyé Tebboune.Alors qu'avant l'enseignement de l'anglais commençait seulement au collège, désormais il cohabite avec le français dès le primaire. Une décision qui ravive le débat linguistique dans le pays sur la place de la langue française, encore grandement associée à sa dimension coloniale.Défenseur de la « fierté linguistique », le linguiste Salah Belaid, président du Haut conseil de la langue arabe (HCLA), estime que plus de 60 pays utilisent la langue de William Shakespeare. « Il faut donc s'ouvrir davantage sur la langue anglaise et en faire un support pour la langue arabe, tout en préservant nos particularités », soutient-il. Même si celui qui est membre de l'Académie de langue arabe de Sharjah (Émirats arabes unis) et enseignant à l'université de Tizi Ouzou se défend de toute hostilité envers la langue française, il déclarait dans une interview, le 18 décembre 2022, Journée mondiale de la langue arabe : « Nous sommes contre la francisation et contre la Francophonie qui est un organisme politique sous couvert linguistique. »L'écrivain et dramaturge Kateb Yacine, auteur entre autres du célèbre roman Nedjma, considérait le français comme « un butin de guerre ». « L'usage de la langue française ne signifie pas qu'on soit l'agent d'une puissance étrangère, et j'écris en français pour dire aux Français que je ne suis pas Français », déclarait-il en 1966, quatre ans après l'indépendance de l'Algérie.« La langue de Molière jouit d’une place prestigieuse dans notre société. Elle fait partie du paysage linguistique algérien. Néanmoins, ce butin de guerre est perçu par certains comme un signe d’aliénation culturelle », commente le journal en ligne Dzair Daily, après ces décisions.La bataille linguistique se mène aussi dans les ambassades. François Gouyette, ex-ambassadeur de France à Alger et arabophone, célébrait cette journée avec le personnel de la représentation diplomatique et avec les étudiants. Une première. De son côté, l'ambassade des États-Unis travaille pour « le renforcement » de l'enseignement de l'anglais en Algérie. Le 10 juin 2023, elle organisait à Alger la finale d'un « concours national d'orthographie anglaise » avec la participation d'une vingtaine de candidats.La loi sur la « généralisation de la langue arabe » réactivéeLe pouvoir algérien veut-il en finir avec l'héritage de la langue française ? Difficile en tout cas de ne pas y voir de volonté politique. D'autant que cette décision n'est pas sans rappeler la politique d'arabisation menée par le président Houari Boumédiène dans les années 1970. Un mouvement qui se poursuit. Fin 2021, à la suite d'une crise diplomatique entre Paris et Alger déclenchée par les propos d'Emmanuel Macron sur l'histoire de l'Algérie, les ministères de la Jeunesse et des Sports, du Travail et de la Formation professionnelle ont interdit l'usage du français dans les documents administratifs, les communications, les correspondances et les courriers. « C’est un secteur qui est géré par des jeunes appartenant à la génération de l’indépendance, donc ils maîtrisent tous l’arabe », a soutenu Abderrezak Sebgag, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports.À lire aussiAlgérie: «Le français, c'est une belle langue, mais l'anglais la devance»Le ministère de la Culture et des Arts a pour sa part exigé, en 2022, l'utilisation exclusive de la langue arabe dans toutes les activités et les correspondances, à l'exception des échanges avec l'étranger. L'usage du français est désormais « interdit » dans ce département. Une note interne a rappelé les dispositions de la loi 05/91 du 16 janvier 1991 portant « généralisation de la langue arabe », et l'article 3 de la Constitution qui stipule que « l'arabe est la langue nationale et officielle » en Algérie. Les frontons de plusieurs départements ministériels, dont celui de la Défense nationale, sont écrits en arabe et en anglais depuis deux ans.Quant au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, il a décidé de remplacer progressivement l’enseignement des programmes en français par l’anglais dans les universités. Un plan de formation des enseignants recourant aux techniques de l'apprentissage intensif a été lancé à cet effet. Jusque-là, les sciences techniques (médecine, technologie, informatique, génie mécanique, architecture, hydraulique, biologie, etc) étaient toujours enseignées en français alors que les sciences humaines ont été complètement arabisées (sociologie, philosophie, histoire, psychologie, économie, etc.).« On est encore loin de l'idée d'une dernière génération de francophones en Algérie »Pourquoi un tel rejet de la langue française ? « La langue française est victime de son "statut" social avant tout, répond Adlène Meddi, journaliste et écrivain algérien, établi à Alger. C’est la langue de ceux qu’on présente comme "dominants". Pratiquer l’anglais est une sorte de revanche sociale de la périphérie suburbaine et de la jeune génération. Au-delà des décisions politiques – par ailleurs mal préparées – il y a une transition générationnelle qui soutient ce "switch" vers l’anglais. »Waciny Laredj, écrivain, auteur d'une douzaine de romans en langue arabe, et enseignant à Alger puis à la Sorbonne à Paris, minimise la volonté affichée par les autorités algériennes de s'éloigner progressivement de la langue française. « L'algérien est tellement imprégné de la langue française qu'il est difficile de penser autrement. On peut toujours faire appel à l'anglais comme troisième langue avec l'arabe et le français. Ce n'est pas contradictoire, ça enrichit la pensée, ça permet aux Algériens de voir autrement au-delà de la langue française. Mais la langue française est là. Je partage l'idée de Kateb Yacine », confie-t-il.Le journaliste arabophone Kada Benamar estime que la décision de donner plus de place à l'anglais dans l'enseignement ne relève pas d'une volonté de « se séparer » du français ni de mettre les deux langues en concurrence. « Tout le monde est d'accord que l'anglais est une langue internationale et que le français est toujours présent ici. On est encore loin de l'idée d'une dernière génération de francophones en Algérie. Il faut aborder la question des langues à partir d'un angle culturel, intellectuel et linguistique. Il est préférable de s'éloigner autant que faire se peut de la politisation de cette question et de la débattre avec une certaine neutralité », plaide-t-il. Ahmed Cheniki, ancien maître de conférences de littérature de langue française à l'université de Annaba, va dans le même sens en soulignant la nécessité de « consulter » les linguistes avant toute décision politique se rapportant aux langues. « Les linguistes ont un autre rapport avec les langues, analyse-t-il. L'anglais est parlé en Grande-Bretagne, aux États-Unis et ailleurs. Finalement, l'anglais est la langue nationale de quel pays ? Le français n'est pas la langue de la France. Il n'y a pas de langue coloniale. » 
10/17/20232 minutes, 18 seconds
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Francophonie en Afrique: au Rwanda, de nouveaux efforts pour relancer l'apprentissage du français [2/5]

Après avoir semblé vouloir en terminer avec l'héritage francophone, le réchauffement des relations avec la France a relancé l'intérêt du Rwanda pour la langue française, avec de nouveaux programmes d'apprentissage et une nouvelle stratégie gouvernementale. De notre correspondante à Kigali,« Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage », récite difficilement en français l’une des élèves du club francophone du Teacher Training Centre (TTT) de la ville de Muhanga, à l’ouest de la capitale Kigali. Sur l’estrade du large hall où sont réunis tous les apprenants de cette école publique, également centre de formation pour enseignants, les élèves en niveau secondaire du professeur sénégalais Mohamed Coly défilent pour réciter chansons, poèmes et débats, préparés en classe pour être présentés devant leurs camarades, dans un événement animé en trois langues : le français, l’anglais et la langue nationale, le kinyarwanda. Le professeur, installé au Rwanda depuis 2022, fait partie de la cinquantaine de volontaires employés par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et répartis dans des établissements des différentes régions du pays pour développer l’apprentissage du français au Rwanda. Programme inédit, lancé en 2020 par l’institution dirigée par l’ancienne ministre des Affaires étrangères rwandaise Louise Mushikiwabo, l’objectif est de renforcer et d’accompagner les effectifs de professeurs de français du pays des Mille Collines. À peine 6% de locuteurs francophones« Nous partageons avec nos collègues rwandais les méthodes d’enseignement du FLE [français langue étrangère NDLR], plus adaptées au niveau des élèves que l’enseignement du français comme langue secondaire jusqu’ici utilisé, trop poussé pour la plupart des apprenants », détaille Mohamed Coly. Depuis l’abandon du français comme langue d’enseignement en 2008 au profit de l’anglais, et face à la prédominance du kinyarwanda, les locuteurs francophones au Rwanda se font rares. En 2018, l’OIF estimait que seuls 6% de la population nationale parlait français. « Comme très peu d’élèves ont des membres de leur famille avec qui ils peuvent pratiquer, c’est un handicap dans leur processus d’apprentissage », poursuit l’enseignant.Une affirmation partagée par Védaste Ntibarikure, l’un des professeurs rwandais de français d’une école secondaire de Muhanga suivi par le volontaire de l’OIF. « Le grand défi, c’est que les élèves n’ont pas de bases. Ils nous disent qu’à l’école primaire, ils n’ont rien appris en français. Alors c’est difficile d’adapter les cours à leur niveau », regrette-t-il. Si plusieurs heures de français par semaine sont au programme dans les différentes années de primaire, de nombreuses lacunes sont observées à leur entrée en secondaire. « Certains professeurs ne maîtrisent pas bien la langue, alors c’est difficile d’enseigner la matière », justifie l’enseignant.Réchauffement diplomatiqueDepuis quelques années, de nouvelles mesures ont été mises en place pour renforcer l’apprentissage de la langue française dans le pays. En mai 2021, la visite du président français Emmanuel Macron au Rwanda marque le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays, souligné par la reconnaissance du chef d’État de la « responsabilité accablante » de la France dans le génocide contre les Tutsis en 1994. Le Centre culturel francophone de Kigali est inauguré durant son séjour, sept ans après la fermeture de l’Institut français et la nomination de l’ambassadeur de France au Rwanda, Antoine Anfré, est validée par le conseil des ministres quelques semaines plus tard, six ans après le départ de son prédécesseur.  Moins d’un an plus tard, le 1er avril 2022, le ministère rwandais de l'Éducation lançait un plan national de développement de l’apprentissage du français. « C’est une volonté politique du gouvernement rwandais, également suite à la visite d’Emmanuel Macron », explique Johann Robinet, employé par Expertise France pour accompagner le ministère dans la mise en place de ce plan. Objectif principal : développer des tests de niveau et des formations par pallier pour les professeurs de français, dont le lancement est prévu en début d’année prochaine. « On espère que tous les enseignants à moyen terme pourront en bénéficier », affirme-t-il. À lire aussi«Plus de 60% de ceux qui utilisent le français au quotidien se trouvent en Afrique»Un engagement renouvelé par les autorités rwandaises le 20 mars dernier pour la Journée internationale de la Francophonie.« Nous sommes fiers d'être membres de la communauté francophone et j’encourage tous les enseignants de français à développer et à moderniser leurs méthodes d’enseignement pour que cette langue soit parlée par la plupart de nos enfants et pour le développement économique du pays », affirmait la ministre de l’Éducation, Dr Valentine Uwamariya.Pour le Rwanda, au carrefour entre l’Afrique francophone et anglophone, l’objectif est également de devenir un hub plurilinguistique, réunissant, en plus du français et de l’anglais, le swahili, parlé par plus de 200 millions de personnes, principalement en Afrique de l’Est et centrale. « Le mieux, c’est de commencer par les plus petits, à la racine. Maintenant, on a pris les cours en chemin, mais si c’était possible de commencer au primaire, dans un long processus, dans le durable, nous pourrions asseoir un changement qui serait consistant », conclut le volontaire Mohamed Coly.À lire aussiFrancophonie en Afrique: en RDC, l'avenir du français tout tracé? [1/5]
10/16/20232 minutes, 26 seconds
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Francophonie en Afrique: en RDC, l'avenir du français tout tracé? [1/5]

En République démocratique du Congo, le français est la seule langue officielle au milieu de centaines de dialectes. Une position qui fait, sur le papier, de l'ancienne colonie belge le deuxième pays francophone au monde après la France. Pourtant, la langue de Voltaire n’est plus perçue comme un passeport assurant l'ascension sociale. De notre correspondant à Kinshasa,Il est presque 8h sur le boulevard du 30-Juin, au pied d’un des « sauts-de-mouton » de Kinshasa, comme l’on désigne ici ces ponts urbains censés aider à décongestionner la capitale congolaise. À proximité du Congo American Language Institute (CALI), les parkings sont déjà saturés, les véhicules occupent une partie du trottoir, empiétant sur la chaussée. Des dizaines de personnes se pressent pour assister aux cours. « Ma journée, je la commence ici, indique Nathalie Sekabuhoro, foulard autour du cou, la trentaine révolue. J'ai pris la vacation 8h-10h. Je suis mes cours, et après, je vaque à d’autres occupations. » Depuis environ un an, sa vie est rythmée par ce programme qu’elle juge capital après 17 ans passés sur les bancs de l’école, entre le primaire et l’université.Les cours sont onéreux, mais l’école, vieille de 60 ans, a vu ses chiffres exploser ces cinq dernières années, s’enthousiasme le directeur du CALI, Dodo Mbenga. « On avoisine les 10 000 élèves par an. En 2021, on était autour de 1 600, 1 700 apprenants. Les gens viennent pour plusieurs raisons. C’est vrai que la RDC est un pays francophone, mais l’environnement professionnel est plus anglophone. La plupart des investisseurs dans ce pays sont des anglophones dans presque tous les secteurs, le monde humanitaire a aussi renforcé ce phénomène : dans toutes ces organisations, la langue de travail, c'est l’anglais. Apprendre l’anglais est donc devenu une nécessité », explique le responsable.S’il n’existe pas de données officielles concernant l’engouement des Congolais pour l’anglais, ces dernières années, les formations comme celle dispensée au CALI ont fleuri partout. On y rencontre des travailleurs, des étudiants, mais aussi des chômeurs à la recherche d’un emploi. Et même des hommes politiques.À lire aussiLe français à Kinshasa: une langue vivante et turbulenteDans l’un des pays les plus pauvres du monde, où le chômage des jeunes est très élevé, l'anglais est perçu comme un passeport pour une meilleure intégration professionnelle. « Je suis une femme entrepreneure, et dans le monde des affaires, on regarde beaucoup plus les anglophones », assure Nathalie alors que les cours commencent. « L’anglais, c'est un atout majeur de nos jours. Lorsque vous ne parlez pas anglais, c’est comme si vous étiez “analphabète”. Je suis ici pour booster ma carrière. Dans le monde du travail aujourd’hui, on exige de vous d’avoir une certaine connaissance en anglais. Sinon, vous êtes disqualifié d’office. »Langue commune de communicationDepuis la colonisation belge il y a un siècle et demi, le français est la seule langue officielle en République démocratique du Congo, aux côtés des quatre langues nationales reconnues par la Constitution – le kiswahili (parlé dans l’est du pays), le lingala (parlé dans le Nord), le tshiluba (parlé dans les zones centrales) et le kikongo (parlé surtout dans l’Ouest) et des dizaines de langues locales.Aucune n’étant parlée sur toute l’étendue de ce territoire grand comme quatre fois la France, la langue de Molière a été utilisée comme langue commune de communication et choisie comme langue d’enseignement, bien qu'elle ne soit pas comprise par l'ensemble de la population.À lire aussi«Plus de 60% de ceux qui utilisent le français au quotidien se trouvent en Afrique»Selon l’Observatoire de la langue française (OIF), 78% des 100 millions d’habitants parlent aujourd’hui le français, ce qui fait de la RDC, sur le papier, le deuxième pays francophone au monde en nombre de locuteurs. Le français ne semble donc pas avoir de souci à se faire, d’autant que, toujours selon les données de l’OIF, il affiche l’un des plus gros taux de progression du nombre de francophones.Néanmoins, quand on évoque l’évolution de cet idiome en RDC, les réactions ne sont pas si optimistes. Sans parler de désaffection, on s’alerte souvent d’une baisse du niveau. « Le français est perçu comme une science complexe, il donne plus de fil à retordre aux jeunes, avec les accords, la ponctuation, le vocabulaire et les figures de style, affirme Laurent Makiese, enseignant d’anglais dans un collège catholique. L’anglais est plus simple à enseigner et à apprendre. Les règles ne sont pas aussi compliquées qu’en français. Il est possible d’avoir des gens qui ne savent ni lire, ni écrire en français, mais qui s’en sortent pas mal en anglais. »L’enseignant assure avoir connu « beaucoup d’étudiants qui s’expriment toujours mal en français malgré plus de dix ans passés à l’école et qui parlent mieux l’anglais au bout d’une année et demie de formation ».Pour Raoul Ekwampok, professeur à la faculté des lettres de l’université pédagogique nationale, le français est « en perte de vitesse ». « Il n’y a pas de décision politique, mais il y a un grand engouement pour l’apprentissage de l’anglais. Le français n’est plus bien maîtrisé, il n’est plus prisé comme avant. Quant aux langues locales, précise-t-il, elles sont dans un processus de créolisation : quand on les parle, elles sont truffées de mots français. »En finir avec l'hégémonie du françaisLe français a beau avoir été adopté comme langue commune au Congo après l’indépendance, pour beaucoup ici, il reste la langue du colonisateur, celle des élites aussi. Son usage n’est pas neutre. La volonté de se démarquer en parlant une autre langue, locale ou étrangère comme l’anglais est réelle.Au Parlement, où les députés et sénateurs sont autorisés à intervenir en langue nationale lors des séances plénières, cette question linguistique est prise au sérieux. Même si aucune initiative d’envergure n’a été entreprise, la sénatrice Francine Muyumba, elle-même polyglotte, murit l’ambition de faire de l’anglais une autre langue officielle. Mais il faudrait pour cela réviser la Constitution. « En attendant, nous sommes en train de voir les voies et moyens de permettre à nos enfants de pouvoir étudier en anglais, explique-t-elle. J’aime beaucoup la langue française parce que nous sommes dans la francophonie, néanmoins nous avons également le droit d’ajouter d’autres langues qui peuvent permettre à la RDC de décoller. Le Rwanda préside la Francophonie alors que le pays a le kinyarwanda comme langue officielle, puis l’anglais et le français. »La sénatrice plaide, elle aussi, pour promouvoir les langues nationales dans cette tour de Babel qu’est le Congo. « Chez nous, les gens considèrent parfois que bien parler français, c'est être intelligent. Mais ça n’a rien à voir ! », s’agace-t-elle. « Nous sommes aussi en train de voir comment promouvoir nos langues nationales et permettre que les services administratifs puissent les utiliser. »La concurrence de l’anglais ne date pas d’hier, estime Laurent Makiese. Mais pour lui comme pour d’autres, c’est l’hégémonie du français dans l’enseignement qu’il faut remettre en question. « Dans les écoles privées, l’anglais s’apprend dès l’école primaire jusqu’à l’université. Dans les écoles publiques, qui comptent le plus grand nombre d’élèves, les langues nationales ne sont enseignées qu’au niveau du primaire, l’anglais prend le relais au secondaire jusqu’à l’université. Cette concurrence doit avoir provoqué chez les élèves ou étudiants un goût d’inachevé qui les poussent à envahir les centres d’apprentissage devenus aussi un business florissant à travers le pays », commente-t-il.Pour Raoul Ekwampok comme pour les autres linguistes congolais, l’avenir du français en RDC passera par la cohabitation avec les autres langues. Pour cela, « il est important que la francophonie revoie ses méthodes pour voir comment faire cohabiter la langue française avec les autres langues, notamment les nôtres ». Depuis 2012, le programme Elan de l’OIF, expérimenté dans certaines régions, vise à favoriser l’apprentissage de base dans une langue nationale en parallèle du français dès les premières années de l'école primaire. Un enseignement bilingue, jugé bénéfique pour l’ensemble de la scolarité, qui doit se généraliser. Mais passé les premières années, les langues locales tendent à disparaître de l’enseignement.Si le français a encore de beaux jours devant lui en RDC, son avenir est intimement lié à celui du système éducatif, en crise. Depuis quatre ans, une réforme a rendu l’enseignement primaire gratuit. Les autorités espèrent ainsi réduire le taux d’analphabétisme. Quand on sait que, selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) datant de 2020, près de 30% des Congolais ne savent ni lire ni écrire, le défi à relever est de taille.
10/15/20232 minutes, 28 seconds
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Centrafrique: réhabilitation du parc Saint Floris, portrait d'une écogarde [3/3]

Dans la réserve animalière de Manovo-Gounda Saint Floris au nord-est de la Centrafrique, le quotidien atypique d'une écogarde. Une femme dans un contingent d'hommes dont le métier est de protéger la faune et la flore. Dans cette réserve animalière de 17 400 km2, elle effectue des patrouilles, pourchasse les braconniers et protège les espèces animales qui reviennent petit à petit dans le parc. Qui est cette femme qui risque sa vie pour protéger celles des animaux en voie de disparition   Dans ce camp de deux hectares, les écogardes disposent chacun d’un abri. Des cases sommaires construites avec du bois de la forêt et de la paille. Ce matin, Bertille, 20 ans, ferme soigneusement sa porte et se dirige vers le lieu du rassemblement. 1 mètre 60, cheveux courts, tenue de camouflage, ses compagnons d'arme l’ont surnommée Bamara, lionne en français. Bertille porte un sac de 30 kg dans lequel on trouve une tente, une natte, une torche, une boussole, des bouteilles d'eau et quelques boîtes de conserves : « Je commence toujours ma journée avec le sport. Ensuite, je fais quelques travaux ménagers. Après le petit déjeuner, je pars directement au travail. Chaque équipe effectue des patrouilles pédestres par rotation dans tout le parc pendant une semaine. C'est difficile, mais je n'ai pas peur. »Ce matin, elle rejoint son équipe dont la mission est de rechercher des empreintes d'éléphants et des traces de braconniers. Même si c'est dur, c'est tout ce qu'elle aime : « J'ai 20 ans et depuis deux ans, je consacre ma vie à la sauvegarde de ce patrimoine. Nous avons certains animaux qui sont uniques au monde, qui peuvent être un pilier pour le développement de notre pays grâce au tourisme. »« C'est une guerrière ! »La saison des pluies inonde de nombreuses zones du parc, obligeant les écogardes à marcher plusieurs heures dans des endroits marécageux. Ludovic, un écogarde, admire la bravoure de Bertille : « C’est un travail difficile et, habituellement, les femmes ne sont jamais motivées pour le faire. Pour protéger notre vie et celles des animaux, nous avons suivi une formation quasi-militaire. Nous affrontons régulièrement des braconniers armés, mais elle se défend toujours bien. C'est une guerrière ! »Bertille se souvient de son frère qui rêvait de devenir écogarde pour préserver ce patrimoine, mais il a été tué dans la fleur de l'âge en 2013 par des hommes armés dans le champ de ses parents : « Ce qui est certain, c'est que mon frère décédé voulait être un héros de la conservation. Pour honorer sa mémoire, j'ai décidé de poursuivre le combat jusqu'au bout. Je pense qu'il est fier de moi là où il est. »Alors que le parc Manovo-Gounda Saint Floris est classé au patrimoine mondial de l'Unesco en péril, Bertille et ses compagnons travaillent d'arrache-pied pour sauver ce joyau.À écouter aussiReportage Afrique - Centrafrique: la lutte du parc national Manovo-Gounda Saint Floris contre le braconnage [2/3]
10/14/20232 minutes, 9 seconds
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Centrafrique: la lutte du parc national Manovo-Gounda Saint Floris contre le braconnage [2/3]

La réserve animalière du parc national Manovo-Gounda Saint Floris, situé au nord-est de la Centrafrique, est en phase de restructuration depuis trois ans. En partenariat avec l’Unesco et l’ONG Wildlife Conservation Society Program, le gouvernement centrafricain, grâce au financement de la Norvège, fait de son mieux pour sauver la faune et la flore. Des écogardes s’impliquent également pour protéger ce parc des braconniers étrangers et des chasseurs locaux. Il est 1h du matin, derniers préparatifs pour les écogardes avant leur mission nocturne. Un groupe de braconniers armés vient d'être filmé par les caméras de surveillance. L'équipe se rassemble sous le drapeau pour recevoir les consignes du chef. Dans cette forêt profonde et dense, la météo annonce des pluies torrentielles dans les prochaines heures. Mais les écogardes ont un mental d'acier. Sabone Fortus est chargé de la lutte anti-braconnage. « Là, c'est notre travail, on organise des patrouilles partout dans le parc. La faune et la flore sont des richesses, et une richesse mérite d'être protégée. Si on n'arrive pas à protéger cette richesse, nous ne rendons pas service à notre pays. »Arrestation de braconniersÉquipés de kalachnikovs, d’appareils de communication satellitaire et de lampes torches fixées sur la tête, ces hommes ont reçu l’ordre de capturer les braconniers. Les armes chargées en position de tir, les éclaireurs balaient la zone et surprennent les traqueurs.Ces écogardes – hommes et femmes – possèdent une excellente connaissance du territoire. Dans sa tenue couleur kaki, Bertille est satisfaite de la mission accomplie. « En tant qu'écogarde, je me dois de protéger les animaux de mon pays jusqu'aux trois dernières gouttes de mon sang. Si les braconniers tentent, ils m’auront sur leur chemin. »Sous le ciel étoilé, les trois braconniers arrêtés sont amenés vers la zone d'extraction où un véhicule 4×4 les attend. Alain Camille est le chef de troupe. « Ils seront transférés à la justice pour être sanctionnés en fonction de leurs fautes. Nous avons fait notre travail, c'est à la justice de faire le reste. »Chaque année, les écogardes arrêtent une centaine de braconniers locaux et étrangers venus du Tchad, du Yémen, du Niger et du Soudan qu’ils remettent aux gendarmes. Et même si les conditions de vie sont dures, ces hommes savent qu'ils sont les yeux, les oreilles et les gardiens de ce patrimoine.À écouter aussiReportage Afrique - Centrafrique : la difficile renaissance du parc national Manovo-Gounda Saint Floris [1/3]
10/13/20232 minutes, 3 seconds
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Centrafrique: la difficile renaissance du parc national Manovo-Gounda Saint Floris [1/3]

Créée en 1933, la réserve animalière Manovo-Gounda Saint Floris a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1988. Mais depuis le coup d’État de 2013 et la longue période d’insécurité qui a suivi, les braconniers étrangers, les groupes armés et les chasseurs locaux y déciment les espèces protégées de ce parc et poussant l’Unesco à le classer parmi les patrimoines en périls. En 2019, grâce au financement de la Norvège, le gouvernement centrafricain, en partenariat avec l’Unesco et l’ONG Wildlife Conservation Society Program (WCS), a lancé un vaste projet pour sauver ce patrimoine. Le jour se lève progressivement sur la réserve animalière du Manovo-Gounda Saint Floris. Comme par enchantement, un calao vient se poser sur la pancarte de l'entrée du parc et chante la bienvenue.Ce joyau de la nature s’offre sur une étendue de 17 400 km2. Abandonné après la crise militaro-politique de 2013, il est aujourd’hui classé parmi les patrimoines en péril de l'Unesco. Lui redonner une seconde vie, c’est à quoi se sont attelés le gouvernement et ses partenaires. Jérémie Ndallot-Olobanda est expert à la direction Générale des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche.« L'état a jugé mieux de signer un accord de partenariat public et privé avec WCS pour gérer durablement le complexe des aires protégées, qui était un écosystème fragile. WCS est en train de faire un travail soigné et les animaux qui avaient fui le parc commencent à revenir. Nous sommes en train d'aller vers une gestion durable de nos biodiversités, notamment la faune et la flore. »Mais sur le terrain, la mission de la Wildlife Conservation Society s'avère difficile. Felin Twagirashyaka, directeur Pays de WCS RCA évoque les défis à relever.  « Le parc étant déjà abandonné depuis plusieurs années, nous sommes en train de le récupérer petit à petit. Nous espérons que d'ici à deux ou trois ans, nous allons récupérer la totalité. Parce que si on ne fait pas ça, le site risque de perdre son statut. Notre principal défi reste la sécurité parce qu'elle est encore volatile dans la zone. »« Un retour progressif de la faune »L'équipe de l'Unesco a constaté des avancées significatives. Aujourd'hui, le site est sécurisé sur un rayon de 8 000 km2, le braconnage a baissé grâce au travail des écogardes, les infrastructures détruites sont en cours de réhabilitation. Des caméras de surveillance ont même signalé le retour de populations d'éléphants, de lions, de léopards, de girafes, de buffles et autres.« Ce sont des signes probants qui témoignent du retour progressif de la faune. Lors de la 45e session du patrimoine mondial, l'échéance a été donnée jusqu'en 2025 à la RCA pour évaluer l'état de la faune et le progrès réalisé, et surtout d'avoir un programme réaliste pour le retrait du parc Saint Floris de la liste du patrimoine mondial en péril », confie Dodé Houehounha, Chef du Secteur Culture de L'Unesco pour l’Afrique centrale. Mais un autre défi majeur s'impose. Dans cette zone, les communautés vivent essentiellement de chasse, de pêche et de cueillette. Grâce au financement de la Norvège, L'Unesco et WCS continuent de sensibiliser les autorités locales ainsi que les habitants sur la préservation de la faune et de la flore tout en développant des activités socioprofessionnelles pour donner du travail à cette population démunie.
10/12/20232 minutes, 20 seconds
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Sénégal: en Casamance, des épis pour lutter contre l'érosion

Sur les côtes de la Casamance, au sud du Sénégal, et sur les nombreuses îles du fleuve Casamance, des dizaines de mètres sont grignotés chaque année par l’érosion. Une nouvelle méthode douce est expérimentée pour limiter ce phénomène avec de bons résultats : des épis à base de bois et de feuilles de palmier sont installés sur le rivage pour retenir le sable.
10/11/20232 minutes, 21 seconds
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Nettoyage ethnique à l'ouest du Darfour: les viols comme arme de guerre [3/3]

Au Darfour occidental, dont la capitale El-Geneina borde le Tchad voisin, la guerre a pris une tournure ethnique. Alors que l’armée régulière est restée cantonnée dans son quartier général, la zone est sous le contrôle quasi intégral des paramilitaires et des milices arabes qui leur sont affiliées. La plupart des 420 000 réfugiés qui ont fui au Tchad sont Massalit. Ils dénoncent une opération de nettoyage ethnique. Parmi eux, de nombreuses femmes ont été victimes de viol. De notre correspondant dans la région,Dans la cour d’une école désaffectée, nous retrouvons Rabab. Elle ne donnera pas son vrai prénom. La jeune femme de 23 ans est artiste. Elle peignait des fresques révolutionnaires sur les murs de sa ville. Alors que les combats faisaient rage à El-Geneina, elle s’est réfugiée sous un lit dans l’internat de l’université. « Des soldats sont entrés dans l’internat. Ils avaient une liste. Ils cherchaient des gens en particulier. Mon nom était sur la liste », raconte-t-elle. « Ils portaient l’uniforme des Forces de soutien rapide, des armes et des turbans. Ils m’ont embarquée dans leur voiture. Sur le chemin, ils nous frappaient. Ils disaient « ta famille, tu ne les retrouveras plus jamais ». Ils nous avaient bandé les yeux. Je me suis retrouvée dans un « furgan », un campement des Arabes nomades. Nous étions 50 filles. Ils faisaient du commerce de filles avec d’autres miliciens. Certaines étaient violées, d’autres détenues contre une rançon, et certaines étaient mariées de force. »À lire aussiNettoyage ethnique à l'ouest du Darfour: des fossoyeurs pour cacher des crimes de guerre« J'étais au milieu d'eux. Je ne pouvais pas m'échapper »Au bout de 10 jours de captivité, Rabab, est parvenue à s’échapper. D’autres victimes témoignent. Mariam a été ciblée, car son mari était un militant des droits de l’homme. « Le 15 juin au matin, les Forces de soutien rapide sont venues avec leurs voitures. Ils ne viennent pas au hasard. Ils savaient où étaient les maisons des activistes. Moi, depuis 10 jours, je ne savais pas où était mon mari, s’il était vivant ou mort », se souvient-elle. « Ce matin-là, j'étais juste avec la famille, mes grands-mères, des enfants. Ils ont mis le feu à la maison, pillé nos affaires. Ensuite, ils sont venus vers moi. Me demandaient : “où est ton mari ?! On va te brûler vivante”. Il y avait quatre soldats autour de moi. L’un d’eux m’a mis un couteau sous ma gorge. J’étais au milieu d’eux. Je ne pouvais pas m’échapper. »« Le viol fait partie d'une stratégie »Dans les camps de réfugiés, presque aucune aide psychologique n’existe pour ces victimes. Zahra est l’une des rares à proposer son soutien. Elle travaille depuis 15 ans dans une organisation qui lutte contre les violences faites aux femmes.« Ils utilisent le viol comme un outil de nettoyage ethnique. C’est un acte de provocation envers les communautés qu’ils jugent inférieures », explique Zahra. « Ils se targuent d’avoir violé dans telle tribu 100 ou 200 femmes, c’est une fierté pour eux. Le viol fait partie d’une stratégie. Ils utilisent tous types de violence pour atteindre les gens psychologiquement, pour toucher leur futur, leur famille, leur communauté. »À lire aussiNettoyage ethnique à l'ouest du Darfour: témoignages de rescapésDu 24 avril au 20 mai, Zahra et ses collègues ont recensé 60 cas de viols. Puis, il leur était impossible de compter face à la violence des combats. Dans les camps se trouvent des centaines de victimes, estime Zahra. Beaucoup se terrent dans le silence. Depuis 2003 au Darfour, le viol a été systématiquement utilisé comme arme de guerre. En toute impunité. 
10/10/20232 minutes, 34 seconds
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Nettoyage ethnique à l'ouest du Darfour: des fossoyeurs pour cacher des crimes de guerre [2/3]

Au Darfour occidental, dont la capitale El-Geneina borde le Tchad voisin, la guerre a pris une tournure ethnique. Alors que l’armée régulière est restée cantonnée dans son quartier général, la zone est sous le contrôle quasi intégral des paramilitaires et des milices arabes qui leur sont affiliées. Dans les camps de réfugiés au Tchad, notre correspondant a rencontré plusieurs témoins qui racontent comment les paramilitaires ont organisé l’enterrement de centaines de corps dans des fosses communes. De notre correspondant dans la région,Nous l’appellerons Ahmed. Cet étudiant d’El-Geneina, réfugié au Tchad, craint pour sa sécurité. Au mois de juin, il a fait partie du groupe de personnes chargées de ramasser les cadavres qui jonchaient les rues de la ville.   « Il y avait des corps le long des routes, dans les maisons aussi. Il y avait beaucoup d’enfants, des femmes, des vieillards, mais surtout des jeunes hommes », explique-t-il. « Moi, je travaillais chaque jour entre 8h et 14h. J’ai ramassé une quantité inimaginable de corps. Chaque jour, on remplissait la benne d’un camion pouvant transporter plus d’une cinquantaine de cadavres. On en remplissait jusqu’en haut. Certains jours, le camion faisait plusieurs allers-retours. »Selon plusieurs témoins qui ont tous souhaité rester anonymes, des chefs de milices arabes, en coordination avec les Forces de soutien rapide, ont missionné les équipes du Croissant-Rouge soudanais pour nettoyer la ville. Les équipes de fossoyeurs avaient l’interdiction de prendre des photos et de décompter le nombre de morts. « Un jour, je me suis échappé jusqu’à la fosse commune. Je me suis faufilé entre la cabine du chauffeur et la benne du camion. Les gardes des Forces de soutien rapide ne m’ont pas vu », ajoute Ahmed. « Le chauffeur a pris la direction d’un site appelé Turab el-Ahmar, à l’ouest d’El-Geneina. Il y avait une pelleteuse qui creusait le trou. Puis, un camion arrivait, levait la benne, et déversait les corps et ainsi de suite. »À lire aussi Nettoyage ethnique à l’ouest du Darfour : témoignages de rescapésAu moins 13 fosses communesLes Nations unies ont affirmé détenir des preuves crédibles de l’existence d’au moins 13 fosses communes autour d’El-Geneina. Arbab Ali, membre d’une organisation de défense des droits humains, estime que plus de 4 000 cadavres auraient pu être ensevelis. Sur son téléphone, une vidéo montre un camion déversant des dizaines de corps, jetés comme des ordures sans aucun rite funéraire.  « À partir du 20 juin, les FSR et les milices arabes ont commencé une opération de dissimulation des crimes commis. Ils ont formé un comité qui avait l’ordre de collecter les cadavres et de les enterrer dans des lieux éloignés des regards », dit Arbab Ali. « Aujourd’hui, grâce aux satellites, il est possible d’identifier certains lieux. Il va être très compliqué pour les FSR de nier les crimes commis alors qu’il y a des milliers de témoins, de photos et de vidéos. Ce sera à la Cour pénale internationale ou bien à une Cour nationale de trancher, si un jour, elle est constituée pour faire la lumière sur les crimes commis à El-Geneina. »La Cour pénale internationale a annoncé en juillet l’ouverture d’une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Darfour. Elle vient s’ajouter aux investigations démarrées en 2005 suite au conflit précédent qui avait fait plus de 300 000 morts dans la région. Mais les réfugiés ici dans les camps sont sceptiques face à la lenteur de la justice internationale. 20 ans plus tard, aucune condamnation n’a encore été prononcée. Ils craignent que l’histoire se répète. 
10/9/20232 minutes, 31 seconds
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Nettoyage ethnique à l'ouest du Darfour: témoignages de rescapés [1/3]

En un peu plus de cinq mois, la guerre qui oppose l’armée régulière soudanaise du général al-Burhan aux Forces paramilitaires de soutien rapide du général Hemetti, a fait des milliers de morts civils et déplacé plus de 5 millions de personnes. Si Khartoum est l’épicentre des combats, les affrontements se sont étendus à presque tout le pays, et notamment au Darfour, région meurtrie par les conflits depuis 2003. Au Darfour occidental, dont la capitale el-Geneina borde le Tchad voisin, la guerre a pris une tournure ethnique. Alors que l’armée régulière est restée cantonnée dans son quartier général, la zone est sous le contrôle quasi intégral des paramilitaires et des milices arabes qui leur sont affiliées. Plus de 420 000 personnes ont franchi la frontière du Tchad. Dans les camps de réfugiés, les rescapés racontent les massacres et dénoncent un « nettoyage ethnique ». De notre correspondant dans la région,Dans l’enceinte de l’hôpital d’Adré, un homme se tient péniblement sur des béquilles. Sa jambe est enroulée de bandages. Il s’appelle Al-Saddiq, il était pompiste à el-Geneina dans une station essence du quartier Jamarik. Le 15 juin, deux soldats des Forces de soutien rapide ont défoncé la porte de sa maison et lui ont tiré dessus. Une balle a traversé sa cuisse. Pendant cinq jours, il s’est vidé de son sang. « Au début, la guerre a commencé entre l’armée et les paramilitaires. Mais à el-Geneina, c'est devenu un conflit où les tribus arabes, les Janjawids, se sont unies avec les paramilitaires, pour cibler une seule communauté : la tribu Massalit. Et plus largement, tous ceux qui ont la peau noire et qu’ils considèrent comme des esclaves », raconte-t-il.À lire aussiAu Tchad, les réfugiés disent l'horreur du Darfour: «Notre quotidien, c’étaient les tirs, le viol et la mort»Rassembler des preuves qui attestent des crimes de guerreConstitués en groupes d’auto-défense, certains Massalit ont pris les armes pour défendre leur communauté. Ils ont été dépassés en nombre, à court de munitions, et le conflit a pris la tournure d’un véritable carnage entre le 15 et le 17 juin, après l’assassinat du gouverneur Massalit détenu par les paramilitaires. En quelques jours, près de 100 000 personnes ont pris la fuite vers le Tchad. Des centaines de blessés affluaient dans les hôpitaux.Sous un préau en paille, Arbab Ali fait défiler des photos sur son téléphone. On y voit des corps jonchant les rues, des images d’obus et de mortiers tombés sur des habitations et quartiers peuplés de civils. « Nous réunissons tout type de preuves nous permettant d’attester que des crimes de guerre ont été commis contre des civils dans cette région du Darfour occidental et que les communautés Massalit ont subi une opération de nettoyage ethnique et de génocide pour la deuxième fois depuis 2003 en un temps record. Nous mettrons ces informations à disposition de la justice, le jour où elle se penchera sur cette question et que sonnera l’heure pour les criminels de rendre des comptes », explique Arbab Ali.À lire aussiGuerre au Soudan: une situation humanitaire alarmante dans la ville tchadienne d'AdréUn registre des morts, blessés et disparusSur des feuilles volantes, ces activistes tiennent un registre des morts, des blessés, des disparus au cours des évènements. Des milliers de noms sont recopiés soigneusement à la main. Parmi eux, apparaissent ceux de personnalités influentes de la communauté Massalit, systématiquement visées, dénonce Taha Abdallah, membre de l’association Juzur. « Pendant les évènements, nous avons été témoins d’une opération d’élimination ciblant les activistes, les défenseurs des droits humains, les élites dans différents domaines : qu’ils soient médecins, professeurs ou ingénieurs », décrit Taha Abdallah. « Les miliciens avaient constitué des listes présentes à chaque check-point des Forces de soutien rapide. Ils avaient les photos et les noms des personnes recherchées. S’ils trouvent ton nom sur la liste, c’est fini pour toi. »Les Forces de soutien rapide du général Hemetti nient toute implication dans ce qu’ils décrivent comme un conflit tribal. Pourtant, ils contrôlent aujourd’hui une ville, el-Geneina, vidée de la plupart de ses habitants.
10/8/20232 minutes, 34 seconds
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Élections au Liberia: le regard de la jeunesse sur la politique [3/3]

Au Liberia, selon la Commission nationale électorale, près de la moitié des électeurs sont des jeunes. Parmi eux, certains n’ont jamais voté avant. Comment cette génération post-guerre civile va-t-elle se positionner ? Quelles sont ses attentes ? De notre envoyée spéciale à Monrovia,Abednego a 21 ans. Il fait partie de ces jeunes, qui n’ont pas connu la guerre civile. Cet étudiant ira voter pour la première fois mardi : en parallèle, il veut s’investir personnellement dans le développement de son pays. « Au Liberia, souvent, les gens qui travaillent dans le secteur public, n’ont pas une bonne application correcte des consignes instruites par le gouvernement. J’ai donc choisi d’étudier l’administration publique pour que les programmes du gouvernement soient effectivement mis en œuvre, afin que tous les Libériens en bénéficient ».  « C'est important de voter »À près de deux heures de route, parsemée de nid de poules, au nord-ouest de Monrovia, se dresse Brewerville. Georgina Kouso a 21 ans : baccalauréat en poche, cette jeune a dû interrompre sa scolarité, suite à la naissance de sa fille, âgée maintenant de deux ans et qu’elle continue d’éduquer, avec l’aide ses parents. « C’est important de voter. C’est un droit de citoyen. Après le vote, j’espère qu’il y aura des changements, notamment en matière d’éducation. J’espère que l’on va construire des routes et relancer l’économie. »À écouter aussiLiberia: un système de santé toujours à bout de souffleÀ quelques encablures, à l’abri d’une boutique en tôle, Edouard Johnson, un jeune diplômé au chômage, joue aux dames avec d’autres jeunes sans emploi. Pour lui, quelle que soit la personne élue, il/elle devra assainir l’environnement. « Nous avons besoin d’un nouveau Liberia. Pour cela, il nous faut lutter contre la corruption, poursuivre les personnes qui ont vidé les caisses de l’État depuis plusieurs années déjà ». Des jeunes divisésEn 2017, de nombreux jeunes avaient soutenu le président sortant. Mais aujourd’hui, le contexte a changé, comme le constate le politologue Abdullah Kiatamba.« Les jeunes majeurs seront divisés. Comment cela va se répartir : je ne le sais pas encore. Il y a d’un côté, les jeunes qui admirent l’image de Weah comme étant une icône du football. De l’autre, lors des meetings de campagne, j’ai constaté que de nombreux jeunes ont basculé du côté de l’opposant Joseph Boakai, parce qu’il y a un fort sentiment de déception parmi ces jeunes vis-à-vis du président sortant. » Signe de cet intérêt des jeunes pour la politique : ils étaient nombreux sur le terrain, à se mobiliser, pour animer les meetings lors de cette campagne électorale.À écouter aussiAu Liberia, l'absence de justice hante les victimes des guerres civiles
10/7/20232 minutes, 16 seconds
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Liberia: un système de santé toujours à bout de souffle [2/3]

Après l’électrochoc causé par l’épidémie du virus Ebola en 2014 qui avait révélé les insuffisances des structures hospitalières, le Liberia s’est confronté à la pandémie de Covid-19. A-t-on tiré les leçons de ces crises ? Reportage au centre de santé de Benson ville, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Monrovia. De notre correspondante à Monrovia,Visite guidée du centre de santé de Bensonville. Tenneh Brochius, la responsable de cette structure nous conduit d’abord vers la sage-femme : ici, les consultations se font trois fois par semaine. Nous entrons ensuite dans la section de la médecine interne. Et comme tous les services de cette structure, le personnel se heurte à un blocage : le manque de matériel. « Les conditions de travail ici sont difficiles, témoigne un médecin qui a voulu garder l'anonymat. Il y a d’abord la distance. Ensuite, nous n’avons pas tous les outils de travail. Quand il nous manque des médicaments, nous devons les acheter. Si les médicaments ne sont pas disponibles, nous donnons aux malades une ordonnance pour qu’ils aillent les acheter eux-mêmes. »      « Nous sommes dans la salle des vaccins. Voici deux congélateurs. Ce sont des dons de l’Unicef. » Ces deux congélateurs sont les seuls acquis de la crise Ebola. Car depuis, ce centre de santé manque de tout, malgré l’appui du gouvernement, qui vient ponctuellement faire la liste des besoins. « Concernant le paludisme, c’est une maladie prise en charge par le gouvernement, et nous sommes sûrs à 80-90 % que nous serons pourvus en traitement. En revanche, les médicaments essentiels ne sont pas toujours disponibles », regrette Tenneh Brochius, responsable de la structure. Un manque de personnel qualifiéCette situation préoccupe les professionnels de ce domaine. « Depuis la crise du virus Ebola, seulement 17% des personnels de santé ont été formés, se désoleDeemit Dearzrua, secrétaire général des travailleurs de la santé. Nous voulons suivre des formations continues. Car toutes les maladies ont leurs propres propriétés. »   Depuis l’épidémie d’Ebola, les autorités affirment miser sur la prévention, mais elles se heurtent à des difficultés. « Nous ne parvenons pas à instituer des frais : les consultations sont gratuites. Par ailleurs, l’état des routes est un facteur de blocage. Parfois, nous avons des approvisionnements de médicaments dans le centre de Monrovia, mais la distribution pose parfois problème », signale Varfee Tulay, vice-ministre de la Santé chargé de la Planification au ministère de la Santé. Le ministère de la Santé libérienne a déposé une proposition de loi, afin d’améliorer la couverture médicale dans le pays.  À lire aussiLes Libériens en difficulté face à l'inflation avant les élections générales
10/6/20232 minutes, 25 seconds
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Au Liberia, l'absence de justice hante les victimes des guerres civiles [1/3]

Si des procédures judiciaires ont été enclenchées en Suisse, en France et aux États-Unis, les survivants des guerres civiles qui ont déstabilisé le Liberia entre 1989 et 2003 restent traumatisées et frustrées de ne voir qu’aucun ancien chef de guerre n’a été jugé dans leur propre pays. De notre correspondante à Monvoria,Esther Dahn se déplace difficilement sur ses deux béquilles. Cette vieille femme de 68 ans a perdu une jambe lors du massacre survenu le 29 juillet 1990 dans l’église luthérienne Saint-Pierre de Monrovia. Ses deux bras, blessés par balles, sont toujours fragiles. De ce massacre, où près de 600 personnes ont été tuées par les hommes des Forces armées du Liberia, une seule image reste dans sa tête : « Avec mon mari et mes six enfants, nous nous sommes réfugiés dans l’église luthérienne Saint-Pierre, pensant y être en sécurité. Mais les hommes armés y sont entrés, ils ont tué mon mari et quatre de mes enfants. »Esther Dahn tremble encore de douleur en évoquant cet épisode. Elle ose à peine envisager un procès de ses agresseurs. « Je ne me souviens plus de leur visage. Je ne pense pas qu’on puisse les juger. De toute façon, j’ai trop peur. Je souffre encore de tout ça. »À lire aussiUn ancien militaire libérien placé en détention provisoire en FranceL'impunité des anciens chefs de guerrePeterson Sonyah a perdu son père dans cette église. Il avait 16 ans. Aujourd’hui, il dirige l’association des survivants de la guerre civile, qui soutient 4 800 victimes. Son combat : plaider pour la création d’une Cour capable de juger ces crimes au Liberia. « Les leaders politiques qui ont dirigé le pays jusqu’à présent ont évité de résoudre cette question de la justice. La culture de l’impunité règne dans le pays. Le système judiciaire ne fonctionne pas. Il faut créer une Cour pour juger les crimes de guerre : les survivants en ont besoin. »Les anciens chefs de guerre jouent encore un rôle dans la vie politique et ne semblent pas inquiétés par la justice. Le rapport de la Commission vérité et réconciliation est resté lettre morte. Résultat : la culture de l’impunité s’est banalisée. « Tant que l’on ne résout pas la question des crimes commis pendant la guerre civile, la culture de l’impunité va continuer de se développer, affirme Adama Dempster, défenseur des droits de l’Homme. L’État de droit n’est pas appliqué. Il y a de plus en plus de cas de morts suspectes et il n’y a pas d’enquête. Le fait que d’anciens enfants-soldats ne soient pas passés par un processus de réhabilitation, cela a eu un impact négatif sur la jeune génération, qui s’est habituée à consommer de la drogue. »Sur 20 candidats à l’élection présidentielle, au moins deux ont mentionné le devoir de justice dans leur programme de campagne.À lire aussiLiberia: une histoire douloureuse
10/5/20232 minutes, 19 seconds
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Présidentielle à Madagascar: la politique est loin d'être la priorité des étudiants

Le vote des jeunes devrait être, comme en 2018, convoité par les 13 candidats à l'élection présidentielle prévue le 9 novembre prochain à Madagascar. Et pour cause : sur la Grande Île, 65% de la population a moins de 25 ans. Mais pour nombre d'entre eux, la politique est loin d'être la priorité. C'est le cas des étudiants de l'université d'Antananarivo, durement touchés par la hausse du coût de la vie et le manque de moyens alloués à l'enseignement supérieur. Et sur le campus d'Ankatso, la rentrée a été particulièrement difficile. De notre correspondante à Antananarivo,Téléphone à la main, les étudiants photographient les affiches qui tapissent les murs de l’université. Les résultats des examens de l’année passée sont tombés. Mitantsoa, 18 ans, est étudiante en médecine. Elle fait partie des déçus du jour : « J’ai déjà eu les résultats, je redouble la première année. J’ai pleuré aux résultats. Je ne m’y attendais pas du tout. »Une incompréhension et un certain sentiment d’injustice. Entre la hausse du coût de la vie, des bourses distribuées en retard, Luc, président de l’Association des étudiants en droit, pointe des conditions intenables : « Il y a des étudiants qui viennent le ventre vide, seulement avec un peu d’eau. Donc ils sont obligés de trouver une autre source de revenus. Ils cherchent une alternative de survie, pour ne pas mourir à la fac. Alors, ils doivent délaisser un peu les études. Ils ne peuvent pas étudier complètement. »« Ils ne vont pas aller voter »À quelques mètres seulement des couloirs de l’université, Léonce, étudiant en deuxième année d’économie, enfile une tout autre casquette. Il est à la tête d’un multiservice, un centre d’impression et de photocopie accolé à la faculté. Cette activité lui rapporte 7 000 ariary par jour, juste de quoi financer ses fournitures scolaires. « Pour l’instant, cette situation me convient, car je peux à la fois étudier et travailler, confie-t-il. J’envisage de recruter une autre personne qui assurera le service quand je dois aller en cours. Je survis grâce à ce travail, mais quand j’obtiendrai mon diplôme, je trouverai un emploi mieux rémunéré. »Léonce ne compte pas sur l’élection présidentielle pour améliorer sa situation. Un sentiment largement partagé à l’université, estime, de son côté un autre responsable d’association étudiante, qui pointe une instrumentalisation du vote des jeunes : « Je ne cache pas qu’il y a des politiciens qui viennent ici pour nous parler, ils nous proposent de l’argent pour faire des manifestations. C’est un phénomène récurrent ici à l’université. En ce moment, en contexte présidentiel, ça prend beaucoup plus d’ampleur. Mais les étudiants, eux, nous sommes sûrs et certains qu’ils ne vont pas aller voter. »Le 9 novembre prochain, les 18-35 ans représenteront à eux seuls près de la moitié des électeurs, selon les chiffres de la Commission électorale nationale indépendante.À lire aussiMadagascar: les candidats à l’élection présidentielle s'affrontent par médias interposés
10/4/20232 minutes, 20 seconds
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À Tunis, le musée du Bardo rouvre ses portes après deux ans de fermeture

Le plus grand musée de Tunisie, le deuxième d’Afrique et surtout l’une des plus grandes collections de mosaïques antiques au monde rouvre ses portes. Le musée du Bardo avait été fermé en juillet 2021, au moment où le président Kaïs Saïed s’était emparé des pleins pouvoirs. Jouxtant le Parlement, le site était considéré comme sensible. Sa réouverture fait la joie des visiteurs, mais surtout de sa directrice. De notre correspondante à Tunis, En cette matinée de début de semaine, les visiteurs arrivent par petites grappes. Des Tunisiens établis à l’étranger, quelques étudiants et des touristes. Puis arrive Fatma Naït Yghil, la directrice du musée. Impossible de la rater, elle et son grand sourire : « Dès le premier jour, c’était un grand bonheur, on a eu une croisière, on a accueilli à peu près 800 voyageurs. Il y a eu 14 bus de touristes. Il y a des Tunisiens aussi qui sont venus, on a eu tous les âges. Les enfants, les adultes, les retraités. C’était un vrai bonheur d’assister à cette renaissance. »Fermé à la suite de la prise des pleins pouvoirs par Kaïs Saïed en 2021, endeuillé par un attentat en 2015, le musée du Bardo – installé dans un ancien palais beylical – a une histoire intimement liée à celle de la Tunisie. Pas question de parler politique, la directrice préfère insister sur le fait qu’elle et ses équipes ont su transformer l’épreuve de la fermeture en opportunité : « On en a profité pour faire les travaux d’entretien, de rénovation qu’on ne pouvait pas faire quand il était ouvert au public. Et vous allez découvrir cela avec nous, vous allez voir qu’il y a eu beaucoup de rénovations, souligne la directrice du musée. Il n’y avait pas ces vitrines avant. C’est la poterie de Sejnene qui est classée sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. »À lire aussiL’Afrique des musées: Le musée national du Bardo en TunisieUne fermeture pour une nouvelle jeunesseLumières, peintures, scénographie, le musée s’est refait une jeunesse. De nouvelles salles ont également été ouvertes. Dans les dédales du musée, les époques se mêlent. Les langues aussi. Dès qu’ils ont appris que le musée rouvrait enfin, Jean-Michel et son épouse, deux touristes venus de la Drôme en France, n’ont pas résisté à la tentation de le découvrir. « On vient de passer une heure avec notre guide et là il nous a laissé un petit moment tranquille pour prendre des photos et revoir certaines pièces qui nous intéressaient. Il y avait bien sûr Ulysse attaché à son mât avec les sirènes, Neptune. Je trouve ça extrêmement riche en histoire. Les mosaïques sont magnifiques, je suis même étonné qu’on puisse marcher sur certaines. C’est un travail d’entretien et de restauration qui est vraiment très bien fait », s’enthousiasme Jean-Michel.Avant la fermeture du musée, l’établissement tablait sur un million d’entrées par an. Des chiffres probablement trop ambitieux désormais. Pas de quoi éclipser le sourire de la directrice, trop heureuse de voir, comme elle dit, « la vie revenir » dans son musée.
10/3/20232 minutes, 30 seconds
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Sénégal: ces pêcheurs qui plongent avec des bouteilles d'oxygène malgré les risques

Au Sénégal, chaque jour, les pirogues clandestines continuent de partir vers l’Espagne. Certaines arrivent à destination, d’autres sont interceptées par les autorités ou disparaissent en mer. L’une des raisons de la recrudescence des départs cette année est la raréfaction du poisson, et la difficulté à faire face à la montée des prix. À Dakar, certains pêcheurs prennent le risque de chasser les poissons en plongée sous-marine avec des bouteilles d'oxygène, malgré les nombreux accidents, et l’impact négatif sur l’environnement. 
10/2/20232 minutes, 22 seconds
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«Et vint la liberté», le film mythique de l'indépendance guinéenne, conté par son réalisateur

C’est un film mythique que tous les Guinéens ont déjà vu. Et vint la liberté est un documentaire de 40 minutes, une fresque historique qui raconte la longue lutte des Guinéens contre le colonialisme français et pour l’indépendance de leur pays. Chaque 2 octobre, à l’occasion de la fête de l’indépendance, le film est diffusé à la télévision nationale. Rencontre avec Sékou Oumar Barry, son réalisateur, l'un des pionniers du cinéma guinéen. 
10/1/20232 minutes, 33 seconds
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Côte d'Ivoire: les pagnes commémoratifs, de véritables morceaux d'histoire

Imprimés à l’occasion de grands événements, les pagnes commémoratifs déroulent chacun un pan de l’histoire africaine. De notre correspondante à Abidjan,Inutile de chercher des pagnes commémoratifs dans les rues d’Abidjan. Les étals des vendeuses sont réservés au neuf ! C’est ce qu’explique madame Anno, une couturière qui tient boutique aux II Plateaux, à Cocody. Pour trouver des pagnes des grands événements, une seule solution : « On peut les trouver chez nos mamans ! Nos mamans, ce sont les dames d’avant, elles gardent toujours les vieux souvenirs. Ce genre de pagnes, nos mamans en ont beaucoup dans leurs placards… »Ce sont les femmes ivoiriennes de la génération de l’indépendance, du parti unique, puis des débuts du multipartisme, qui ont gardé les pagnes de ces événements historiques dans leurs cantines, avec les tissus de la dot et les bijoux de famille.Marie-Thérèse Camille N’Guessan est l’une d’elles. Dans son appartement d’Adjamé, elle déplie des tissus impeccables, à peine marqués aux pliures par le passage du temps… Orné d’un portrait de Henri Konan Bédié, un pagne édité à l’occasion de son accession au pouvoir.« C’est deux morceaux de pagne. J’ai cousu un ensemble avec ça. Il y a le haut, et puis le bas fendu, là. Bon, ce modèle-là, c’est un modèle de grand-mère ! Ça date de 1994 ? 1995 ? Je l’ai porté pour la cérémonie, puis je ne l’ai plus jamais porté, je l’ai gardé dans mes affaires. Et voilà que l’occasion se présente pour que je le sorte à nouveau de ma valise ! »La forte charge symbolique du pagneDes supports historiques, chargés de valeur affective, mais aussi d’une forte charge symbolique. Norbert Yao Kouassi est dessinateur chez Uniwax depuis 40 ans. C’est lui qui a créé le premier pagne du président de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny.« J’ai fait le portrait du président, vous voyez là ? Voilà comment je l’ai travaillé. En trame, à la main. Et quand je l’ai fini, on a essayé de construire la maquette, en mettant le café-cacao comme contre-fond. Quand on dit contre-fond, c’est le dessin qui va habiller le motif. En ce moment, c’était le parti unique. C’était un hommage au président Houphouët-Boigny, qui a développé le café-cacao. Tous les paysans ont porté ce pagne, en son temps. »La pratique a perduré, et s’est démocratisée… Les partis politiques, les Églises et même les particuliers, à l’occasion des grands événements comme les enterrements et les mariages, éditent des tissus à leurs couleurs… La CAN de football 2024, organisée par la Côte d’Ivoire, aura aussi droit à son propre pagne !À écouter aussiRDC: le pagne, toute une histoire
9/30/20232 minutes, 14 seconds
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RDC: le pagne, toute une histoire

Les pagnes en RDC, c’est toute une histoire. C’est souvent l’histoire, voire la tradition de tout un peuple que ces étoffes racontent à travers leurs différents motifs. Quelques femmes africaines nous racontent.  De notre correspondant à Kinshasa,Elle a été l’une des figures les plus marquantes du régime du président Mobutu Sese Seko. Vice-présidente du comité central du Mouvement populaire de la révolution, le parti unique, Catherine Nzuzi wa Mbombo, a aujourd’hui 77 ans. Pour elle, le pagne, c'est, depuis la nuit des temps, une mode propre à la femme congolaise. « Le pagne, c'est notre accoutrement. C'est notre façon de nous habiller. Depuis l'indépendance, c'est une tradition », souligne-t-elle.Madame Catherine Nzuzi wa Mbombo rappelle qu’il y a des pagnes frappés à l’effigie des personnalités qui ont marqué l’histoire du pays. « Lorsqu'on voulait faire plaisir au président de la République dans le cadre de la propagande, on faisait les tissus avec son effigie pour distribuer aux militants, pendant les grandes manifestations », se souvient-elle. « On pouvait les porter, et cela faisait plaisir. Le pagne du maréchal, j'ai mes propres pagnes. J'en porte toujours de temps en temps quand j'ai envie de penser à eux, de penser à lui, je porte le pagne à son effigie. »Des pagnes pour connaître l'histoireBlandine Kasongo appartient à une autre génération. Elle travaille pour le mécanisme national de suivi de l’accord d’Addis-Abeba et, pour elle, le pagne, c’est aussi une manière de faire connaître l’histoire à la population.« En voyant une maman porter un pagne avec cette effigie, ça pourrait d'emblée être une curiosité pour d'autres femmes. Elles pourraient se poser la question “c'est qui sur le pagne ?” Cela donnerait peut-être cette envie-là d'expliquer “celui-ci c'est le roi belge, celui-là c'est Lumumba”, etc. », estime Blandine Kasongo.Mais qu’en est-il des pagnes à l’effigie des personnalités étrangères que l’on trouve au Congo ? Catherine Nzuzi wa Mbombo a sa petite idée : « Le roi Baudoin est parti depuis longtemps. Et puis je ne suis pas Belge pour pouvoir continuer à porter le pagne avec l'effigie d'un Belge », dit-elle.Autres générations, autres vêtementsAncienne hôtesse de l’air, Vichy Ngalula évoque d’autres souvenirs. Le pagne a, selon elle, permis de faire avancer certains sujets de société. « J'étais encore trop jeune à l'époque. Les choses changent. Ça, c'était l'époque de nos mamans. »C’est ainsi que la robe courte, le cycliste, la mini-jupe et le pantalon, qui avaient été interdits sous le régime de Mobutu, ont pu faire leur retour au Congo.
9/29/20232 minutes, 11 seconds
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Guinée: optimistes au début de la transition, les journalistes dénoncent une liberté de la presse malmenée

Quelques mois après l’arrivée de la junte au pouvoir, la Guinée gagnait 25 places dans le classement de Reporters sans frontières, passant de la 109ᵉ place l’année précédente à la 84ᵉ, en mai 2022. Un an plus tard, en 2023, elle perdait un rang. Si les militaires avaient suscité des espoirs chez les journalistes, certains dénoncent aujourd’hui les atteintes à la liberté de la presse. Depuis le mois d’août, deux sites d’information sont inaccessibles en Guinée. ► Pour aller plus loin : Pour contourner les difficultés d’accès à Guinée Matin et à l’Inquisiteur, Reporters sans Frontières a créé des sites miroirs :LiensGuinée Matin L'Inquisiteur
9/29/20232 minutes, 14 seconds
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Dans l'Extrême Nord du Cameroun, la formation professionnelle comme remède au terrorisme

Au Cameroun, des centaines de jeunes sont formés sur des chantiers dans la région de l'Extrême Nord, marquée par un contexte économique fragile et une situation sécuritaire dégradée due à la récurrence des conflits armés autour du bassin du lac Tchad. Dans le Logone et Chari, les jeunes apprennent un métier pour éviter le piège du terrorisme. Dans le village de Arkis, à une dizaine de kilomètres de Kousseri, une bâtisse imposante faite de briques de terre cuite, se dresse majestueusement au milieu des cases. Le bruit de la table vibrante trouble le calme habituel du Sahel. Ousmanou est apprenti. Il fabrique les derniers pavés de la journée. « J'ai besoin d'une quantité de sable, d’une quantité de gravier, de ciment. Je dois mélanger tout ça ensemble, ajouter de l’eau, avant de placer le tout dans un moule qui va lui donner cette forme. Avant d'arriver ici, je ne savais pas faire tout ça. »Nous sommes sur le futur site du magasin de stockage de Arkis. Au moins 150 jeunes déscolarisés et sans emploi du Logone et Chari ont été formés pendant six mois et ont participé à la construction de ce magasin. Ils ont été initiés à la fabrication des pavés, des blocs de terre cuite et des tuiles. « Au vu de ce que nous avons observé, ces jeunes sont opérationnels, témoigne Camille Bounkeu, l'un de leurs formateurs, membre de la Mission de promotion des matériaux locaux. À les voir faire ce qu'ils ont appris, nous pouvons dire qu'ils sont prêts à exercer le métier. Qu’il s’agisse de produire les matériaux, ou de les assembler. Apprendre un métier est un privilège dans cette zone quasi désertique où les opportunités sont rares. »Réduire la pauvretéLutter contre le terrorisme et encourager l'entrepreneuriat, telle est l'ambition du Programme national de développement participatif (PNDP) dans la région de l'Extrême Nord du Cameroun. Depuis près de dix ans, le Programme occupe des jeunes avec la construction de mares, de routes ou de maisons. « L'objectif est de réduire la pauvreté à la base. Il a été mis en place pour que les jeunes ne soient pas attirés par l'appât du gain de la secte Boko Haram », explique Roger Eyenga, qui coordonne le PNDP dans la région.Sur les rives du Logone, des jeunes désœuvrés cèdent parfois à l'appel du terrorisme. La secte Boko Haram a déjà perpétré plusieurs attaques dans cette partie du pays. La mairie de Kousseri souhaite que de telles initiatives soient multipliées. « Si le gouvernement permet l’implantation de ce type de projets dans tout le département, c’est une bonne chose parce que nos jeunes ne seront plus désœuvrés, car ils seront employés dans ces différents projets. Et surtout voir le terrorisme reculer », avance Toudjani Alifa, adjoint au maire.Au total, plus de 6 000 jeunes ont bénéficié de ces programmes ces dix dernières années, selon le PNDP. Des programmes financés à hauteur de 1,4 milliard de FCFA, soit environ 2 millions d'euros.Cameroun : Sur les traces de Boko Haram  
9/27/20232 minutes, 14 seconds
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Dans le nord du Bénin, la gestion des parcs nationaux dans un contexte de pression terroriste [3/3]

Depuis 2019, le nord du pays a été le théâtre d’attaques, d’abord contre les forces de sécurité, puis contre les civils. Selon le bilan global donné par l’armée, elles ont tué 25 soldats et une quarantaine de civils. 63 terroristes ont été neutralisés. Les militaires de l’opération Mirador, déployée début 2022 pour lutter contre les terroristes et sécuriser les frontières, ont récemment accepté d’emmener plusieurs médias avec eux dans le Nord, dont RFI. De notre envoyée spéciale,Près de l’entrée du W Bénin, une plaque en pierre. Dix noms y sont inscrits, dont ceux de plusieurs rangers d’African Parks, l’ONG chargée de la gestion du parc, tués lors d’attaques il y a moins de deux ans : « Vous savez que nous sommes dans le parc national du W Bénin, dans la base opérationnelle d’Alpha Boira, à partir de laquelle nous déployons les opérations de conservation. »Le nom du W vient de la forme que prend le fleuve Niger, tout au nord. Dans sa partie béninoise, ces 7 000 km2 de nature constituent une zone sauvage dont les terroristes peuvent tirer profit et qui est donc surveillée par l'armée. La formation des rangers a dû être adaptée. « Nous ne pouvons pas rester dans un contexte qui a changé sans aussi changer un peu notre façon de fonctionner, mais aussi donner aux équipes, surtout aux rangers, des attitudes pour pouvoir opérer dans un contexte aussi particulier en toute discrétion et en évitant les zones dangereuses », explique Abdelaziz Bello, le directeur du parc.   Faune exceptionnelle Le parc de la Pendjari, plus à l'ouest, est également confronté à ce nouveau contexte sécuritaire. Il y a moins de deux semaines, African Parks annonçait la mort d'un de ses rangers dans une attaque qui a aussi tué deux soldats, à la limite de la Pendjari. Mais là aussi, l'ONG poursuit ses actions de conservation d'une faune exceptionnelle. « Nous avons plus de 360 espèces d’oiseaux et plus de 160 espèces de mammifères, décrit Orlus. En termes d’animaux phare, nous avons le lion, nous avons également les dernières populations de guépards, mais aussi de léopards, nous avons aussi la plus grande population d’éléphants en Afrique de l’Ouest. »Les populations, un aide préciseuseUne peau de guépard sèche sur le sol, devant un bâtiment orangé presque comme la terre. « Pour le moment, même s'il n'y a plus de touristes temporairement, nous faisons en sorte que les activités de conservation se poursuivent. Et que les communautés locales comprennent l'utilité de ces activités, indiqueHabteyesus Mathewos, le directeur du parc. Nous travaillons toujours avec les communautés, parce qu'elles peuvent parfois faire partie des problèmes, mais elles peuvent aussi être d'une grande aide, à condition qu'elles en tirent des bénéfices. »Parmi les défis, dans les grands parcs du Bénin et les alentours : l'accès aux ressources naturelles pour les populations. Pour éviter que naissent des conflits qui peuvent constituer un terreau fertile pour les terroristes.À écouter aussiDans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste
9/26/20232 minutes, 24 seconds
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Dans le nord du Bénin, l’impact économique du spectre terroriste [2/3]

Depuis 2019, le nord du pays a été le théâtre d’attaques, d’abord contre les forces de sécurité, puis contre les civils. Selon le bilan global donné par l’armée, elles ont tué 25 soldats et une quarantaine de civils. 63 terroristes ont été neutralisés. Les militaires de l’opération Mirador, déployée début 2022 pour lutter contre les terroristes et sécuriser les frontières, ont récemment accepté d’emmener plusieurs médias avec eux dans le Nord, dont RFI. De notre envoyée spéciale,« Je ne suis pas guide touristique, mais lorsque l’on veut sécuriser un lieu, il faut savoir au moins ce que l’on veut sécuriser. » Un militaire de l’opération Mirador, en treillis, nous fait visiter le Pendjari Lodge pendant que des soldats patrouillent dans cet hôtel emblématique du parc, désormais vide.La terrasse offre une vue saisissante sur l’immensité verte et ses nombreux animaux mais il n’y a plus de visiteurs pour les observer. Depuis le début de l’année dernière, l’activité touristique est suspendue en raison du contexte sécuritaire dans le parc de la Pendjari, qui accueillait en moyenne 6 000 visiteurs par an.Pour y arriver, nombre d’entre eux passaient par Natitingou et ses collines verdoyantes. C’est dans cette ville du nord-ouest que Sanny Kassim tient un restaurant. Pour lui, qui gérait aussi une agence de tourisme, l’impact de la fermeture du parc se fait sentir : « Actuellement, c'est tendu. La fermeture du parc nous a grillés 92% de notre activité. J’ai dû revendre toutes mes voitures safari. Mais d’un côté, j’ai financé des formations pour mieux me relancer quand les activités reprendront. »Tourisme et agriculture perturbésAfrican Parks, l’ONG chargée de gérer la Pendjari, estime les pertes de revenus à 300 millions de FCFA par an, en moyenne, soit environ 460 000 euros. Dans ce département agricole, l’insécurité perturbe aussi l’accès aux champs, comme le confie ce cultivateur de Koalou, zone litigieuse entre le Bénin et le Burkina Faso où l’armée béninoise a installé une position, il y a quelques mois pour qu’elle ne serve plus de base arrière aux terroristes. « Cela va faire maintenant deux  ans qu'il n'y a pas la paix, à cause des gens de brousse. Ils posent des mines, nos gens vont au champ et ils marchent dessus. Depuis l'an passé, on n'a pas pu vendre parce qu'il n'y a pas de bonnes récoltes. Parfois, quand tu veux aller récolter, on te dit que ces gens de brousse sont venus et donc tu ne peux pas y aller. Maintenant, il y a beaucoup de choses qui se sont gâtées dans les champs.», explique-t-il.En attendant de pouvoir reprendre une vie normale, des travaux sont en cours dans la Pendjari pour relancer le tourisme dès que possible. Un secteur dans lequel l’État béninois a réalisé d’importants investissements. À écouter aussi aussiDans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste   
9/25/20232 minutes, 15 seconds
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Dans le nord du Bénin, les populations inquiètes face au retour des jihadistes [1/3]

Depuis 2019, le nord du Bénin a été le théâtre d’attaques contre les forces de sécurité, puis contre les civils. Le bilan global donné par l'armée fait état de 25 soldats et d'une quarantaine de civils tués, et de 63 terroristes neutralisés. Les militaires de l'opération Mirador, déployés début 2022 pour lutter contre les terroristes et sécuriser les frontières, ont récemment accepté d'emmener plusieurs médias avec eux dans le nord, dont RFI.  De notre envoyée spéciale à Banikoara,Face à un groupe de journalistes, le capitaine Pascal Syota, commandant du sous groupement tactique interarmes de Banikoara, raconte les attaques qui ont eu lieu dans la zone. Celle qui a visé les forces de défense et de sécurité, il y a moins de deux ans, près du pont de Mékrou, juste devant nous, et la dernière en date, cette fois contre des civils. « C'était la nuit du 2 au 3 mai 2023. J'ai été alerté par un riverain, et il me faisait comprendre qu'il y a des éléments qui sont rentrés dans un hameau et très tôt, on a réagi. À notre arrivée, ils avaient déjà pris la fuite et on a constaté qu'ils avaient tué trois personnes. Je me dis que c’est pour, peut-être, faire mal à l'État ou au Bénin. Ils s'en prennent donc aux populations qui ne sont même pas armés. » À Banikoara, ces violences, même si elles n'ont jamais touché la ville même, ont marqué les esprits. « Les terroristes ont trop frappé Banikoara. En ce temps-là, il y a un village qu’on appelle Gimbagou, les terroristes sont venus, ils ont tué. Et depuis ce jour-là, les gens ont quitté Gimbagou pour venir au centre, ici. ». Madjid travaille dans le centre-ville de Banikoara. Le mécanicien reçoit ses clients dehors, pour réparer leurs motos, à l’ombre des arbres : « Avant, je travaillais jusqu'à 23h ici. Maintenant, ce n'est pas bon... Les militaires sensibilisent les gens pour qu’ils ne restent pas dehors jusqu'à minuit ou 1h. » Malgré le couvre-feu, les civils prudentsÀ quelques mètres de là, nous croisons André. Le jeune commerçant est venu se ravitailler en carburant, avant de retourner dans le quartier Aviation où il travaille. Lui aussi ferme maintenant plus tôt le soir, en raison du couvre-feu : « Dans la ville de Banikoara, il y a du stress quand on entend le mot terroriste. Banikoara est proche du parc W. On entend qu'ils sont là-bas. Avant, j’y allais régulièrement, parce que j'avais des amis et autres. Mais maintenant… » Maintenant, André ne s’aventure plus là-bas. La présence des militaires, dit-il, le rassure, mais il ne se sent pas à l’abri, même s’il n’a jamais pensé à quitter Banikoara : « Je dirais que c'est à l'État de mener les actions pour lutter contre ce fléau. Il y a aussi la population qui est là. Il faut communiquer avec la population. » L’armée béninoise a lancé cette année un recrutement exceptionnel de 5 000 hommes pour renforcer encore ses effectifs, pour une durée de cinq ans. À lire aussiComment le Bénin répond depuis 2022 aux activités terroristes au nord de son territoire
9/24/20232 minutes, 20 seconds
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Centrafrique: le fléau de la prostitution chez les jeunes filles mineures [3/3]

En Centrafrique, la prostitution est considérée comme un sujet tabou. Mais de plus en plus de jeunes filles, dont l’âge varie de 12 à 16 ans, la choisissent comme moyen de subsistance. Orphelines pour la plupart, elles ont perdu leurs parents pendant les crises militaro-politiques qui ont secoué le pays et se retrouvent sans repères. Reportage dans la capitale. De notre correspondant à Bangui,La nuit tombe sur Tiringoul. Situé dans le 5e arrondissement de Bangui, ce croisement abrite de nombreux kiosques, buvettes et maquis à forte fréquentation. C’est aussi l’un des endroits de la capitale où la prostitution est particulièrement développée. Peu après 20h, une vingtaine de jeunes filles âgées de 12 à 16 ans envahissent les lieux. Vêtues de robes très courtes, on les voit au bord de la route et à l’entrée de maisons inachevées.Bouteille de whisky dans la main droite, cigarette dans l’autre, Achetou, 14 ans, est en quête de potentiels clients. « Ça fait six ans que j’ai perdu mes parents dans la crise et il n’y avait personne pour s’occuper de moi. La prostitution est devenue mon gagne-pain. Pendant les fêtes, je peux coucher avec sept hommes. Ce que je gagne varie entre 15 000 et 40 000 FCFA (environ 61 euros) en une seule journée », explique-t-elle. Presque toutes ces jeunes filles ont des histoires similaires, et sont persuadées que c’est le seul moyen pour elles de retrouver une place au sein de la société. Mais elles s’exposent aux maladies sexuellement transmissibles. Gisèle, 13 ans, a été testée séropositive en 2021. « Actuellement, je dors chez une amie. Après la mort de mon père, ma mère s’est remariée, mais son nouveau mari me déteste, sans raison. Il me traitait de sorcière, me frappait et me maltraitait tous les jours. J’ai décidé de m’enfuir. Et pour survivre, je dois vendre mon sexe », confie-t-elle.    Tenter de « changer la mentalité de ces jeunes filles »Le taux de VIH-Sida chez les jeunes est de 30%, selon une étude de l’Association centrafricaine de marketing social (Acams). Pour lutter contre le fléau de la prostitution, l'association Soleil de Centrafrique propose des activités génératrices de revenus à ces filles.« Nous souhaitons vraiment les encourager à quitter le milieu dans lequel elles se trouvent et de les ramener à la raison, explique Epiphanie Nambozouina, coordonnatrice de l'Acams. Nous souhaitons les accompagner et les intégrer dans les activités génératrices de revenus qu'on va leur proposer. Par exemple, fabriquer des sacs avec des perles, faire de l'hôtellerie, faire de la couture, tout cela selon la vocation de la fille en question. Mais le plus important, c'est de changer la mentalité de ces jeunes filles. » Même si la loi centrafricaine assimile la prostitution des mineurs à la pédophilie, il est difficile de mettre la main sur les clients afin de les traduire en justice.
9/23/20232 minutes, 18 seconds
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Centrafrique: à Bangui, des jeunes dans la spirale de la consommation de chanvre indien [2/3]

Comme dans d’autres pays d'Afrique ou du monde, la Centrafrique est confrontée à une hausse inquiétante de la consommation du chanvre indien. Vendu à bas prix au marché noir, facile d'accès, très addictif et surtout très dangereux, il fait des ravages, notamment chez des mineurs. Certains consomment le chanvre indien par suivisme tandis que d’autres le prennent pour se sentir fort.
9/22/20232 minutes, 3 seconds
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Centrafrique: à Bangui, l'appel de victimes pour mettre fin aux «voleurs jaguars» [1/3]

En Centrafrique, ils sont devenus un cauchemar pour les Banguissois, car ils ont l’habitude d’arracher téléphones et sacs à main. Il s’agit des voleurs jaguars, une expression courante pour désigner le vol à l’arrachée. Des braqueurs utilisant des motocyclettes pour agresser les passants dans les rues à la tombée de la nuit. Cette forme de banditisme s’est accentuée ces dernières semaines dans la capitale. Dépassées, les victimes appellent les autorités judiciaires et militaires à une action rapide pour y mettre fin.  De notre correspondant à Bangui,Il n’est pas encore 20 heures. Alors qu’il revient d’une visite familiale, Brillant Ndakpanga marche tout seul sur l’avenue Conjugo de Bangui. Il s’apprête à traverser le pont de l’Unité lorsqu’une moto arrive derrière lui. Parvenu à sa hauteur, le conducteur tente de lui arracher son téléphone pendant qu’il est en pleine conversation téléphonique. Choqué, Brillant raconte cette mésaventure.« J’ai échappé à ça parce que j’ai été prudent. J’en appelle à la prudence de tout un chacun afin de ne pas en faire les frais », alerte-t-il. « En tout cas, c’est de la délinquance. La manière à laquelle ils opèrent doit nous interpeller. Étant donné que c’est un vol, si jamais ils tombent dans le filet de la justice, je pense que le mode opératoire pourrait servir dans le cadre d’une circonstance aggravante. La sanction pourrait servir de leçon aux autres. » À la nuit tombéeCes voleurs jaguars opèrent tous les soirs, avec des stratégies dignes d’un film d’action. Ils se postent généralement sur une ruelle, une avenue ou dans un couloir dans le noir avant d’attaquer leurs proies. Stève a déjà assisté à une scène pareille.« Ils étaient deux sur une moto. En passant, le conducteur a coincé une fille qui était au bord de la route », explique-t-il. « Ils ont arraché son sac et la fille a crié au voleur. Heureusement qu’on a pu les attraper. On a récupéré le téléphone et ça s’est tourné en vinaigre parce que les voleurs ont été sauvagement battus. Je pense que la police doit faire son travail. Nous sommes dans un État de droit. Ils doivent s’organiser pour mettre de l’ordre dans la ville et mettre ces jeunes voyous hors d’état de nuire. »Les femmes, cibles privilégiéesCertains voleurs jaguars utilisent également des armes pour menacer leurs victimes. Les femmes sont les cibles privilégiées, car elles sont les plus vulnérables. Début septembre, Myriam a été victime. « Ce jour-là, je rentrais du travail », se souvient Myriam. « Il nous a agressées, moi et ma grande sœur. Il a pris mon téléphone et il nous a battues. En tout cas, ce n’est pas normal et c’est triste parce qu’il n’y a que les jeunes qui font ça. Présentement, j’ai peur de me promener la nuit, on peut toutefois me violer, car dans l’insécurité tout est permis. »Tous les soirs, une dizaine de vols à l'arraché sont signalés dans les rues de Bangui. Ces bandits sont souvent traqués par l'Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB). Pour cette année 2023, selon une source judiciaire, plus de 20 présumés voleurs jaguars inculpés à la prison centrale de Ngaragba attendent d'être jugés.
9/21/20232 minutes, 18 seconds
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Congo-Brazzaville: les principales artères de Brazzaville de plus en plus obscures

Ces 20 dernières années, Brazzaville a multiplié ses sources de production d’électricité et augmenté ses capacités. Mais la capitale congolaise vit un grand paradoxe : bon nombre de ses artères manquent d’éclairage. Ce qui rend la tâche de plus en plus difficile aux automobilistes, notamment à la nuit tombée. De notre correspondant à Brazzaville,Place du célèbre rond-point Mazala, centre-ouest de Brazzaville. Il est 20 heures passées. Le taxi qui embarque pour le Centre national de radio et de télévision (CNRTV) parcourt les sept kilomètres de l’avenue de l’Union africaine dans une obscurité indescriptible.Tous les lampadaires installés le long de cette artère sont hors d’usage. Ils sont alimentés par l’énergie solaire. Ce qui étonne Bienvenu, notre chauffeur taxi : « En pleine ville de Brazzaville, il y a des panneaux solaires. Ce n’est pas normal. Les panneaux solaires sont réservés pour la campagne », dit-il.Une possible cause d’accidentsL’avenue de l’Union africaine n’est pas la seule voie qui est dans cet état. Nombreuses sont celles qui présentent ce triste décor, selon Éric, un autre chauffeur. « Les yeux nous font mal parce qu’on force la vue (faute de lumière, NDLR). Je prends le cas de l’avenue de l’OUA qui part du CCF (ex-Centre culturel français, actuellement Institut français du Congo) : jusqu’au pont du Djoué, il n’y a pas assez de lumière ; l’avenue de la Base jusqu’à la mairie de Mfilou, on a des problèmes ; de la mairie de Mfilou à Moukondo, il n’y a pas de lumière. On s’efforce tous, y compris même les piétons », décrit-il.Pour Bienvenu, le manque d’éclairage cause des accidents au même titre que l’excès de vitesse ou encore l’abus de l’alcool. « Quand on est au volant et que celui qui vient en face vous donne des phares, c’est une cause d’accident. Or, s’il y a assez de lumière, il n’y aura pas beaucoup d’accidents sur la voie publique », explique-t-il. Cyr Sylvestre Batina tient une carrosserie. Son travail au quotidien ? Remettre en état les voitures accidentées. « Nous avons constaté qu’il y a trop d’obscurité à telle enseigne que les véhicules que nous recevons sont accidentés à cause du manque d’éclairage sur la voie publique », confirme-t-il.Aménager la lumière sur la voie publiqueLes transporteurs, eux, demandent plus d’attention aux autorités. « Avec tout le respect, nous demandons à notre gouvernement de faire plus d’efforts pour aménager la lumière sur la voie publique », plaide l’un d’eux. Cyril Ndzoundou, président du syndicat des transporteurs, est très inquiet. « Aujourd’hui, nous avons constaté que partout, même les petites avenues qui étaient éclairées sont en train de devenir obscures. Nous ne pourrions pas travailler dans l’obscurité. Il y a non seulement les accidents, mais aussi l’insécurité qui s’oppose à nous », s’alarme-t-il.L’obscurité est d’autant plus dangereuse pour les véhicules que les transporteurs font également face à des nids de poule géants, véritables obstacles notamment pendant grande saison pluvieuse qui approche.
9/20/20232 minutes, 26 seconds
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Mauritanie: la saison des pluies, l'occasion pour les citadins de renouer avec la nature

De juillet à octobre, pendant la saison des pluies qu'on appelle aussi « l’hivernage », les Mauritaniens quittent les grandes villes comme Nouakchott pour prendre l'air et se reconnecter à la nature, à la vie de bédouin : c’est la saison de Lekhriv. À Tiguent, petite ville à une centaine de kilomètres de la capitale, des milliers de citadins affluent chaque week-end. De notre correspondante à Nouakchott,À quelques kilomètres de la ville de Tiguent, Mohamed Lemine, Nouakchottois, se réveille en musique avec ses proches au sommet des dunes recouvertes de végétations. Comme des milliers de Mauritaniens, il a déserté la capitale et son humidité le temps d’un week-end pour dormir à la belle étoile et profiter de la nature en cette saison.« Changer d'air un peu, loin de Nouakchott, des moustiques et des mauvaises odeurs... Boire le thé sur cette couverture végétale sous le ciel clair. Voir la vie bédouine, la vie natale, la vie primaire, là où les gens sont simples, loin des grandes villes », explique-t-il.Des moments simples très appréciésLa saison des pluies, ou Lekhriv en hassania, est l’occasion pour ces vacanciers de se reconnecter aux traditions nomades. Souvent sous les khaimas, les tentes mauritaniennes, ils peuvent ainsi partager le mouton, le thé et boire le lait frais fraichement traité par les éleveurs comme Ahmed, éleveur de chameaux.« Pendant la saison des pluies, l’alimentation du bétail est de meilleure qualité grâce à la végétation abondante qui remplace l’alimentation industrielle, ce qui donne un meilleur goût au lait », souligne l'éleveur. « Comme il fait très chaud, les Mauritaniens aiment boire le lait de chamelle avec des glaçons pour se rafraîchir. » Des moments simples très appréciés par les visiteurs venus de tout le pays. « J'adore les traditions de la brousse : boire du lait frais de chamelle ou de vache. Je suis sortie de Nouakchott pour ça, pour me reposer et profiter », raconte Leila, une citadine.Mena, originaire de Rosso, vient « pour l'hivernage, pour le repos. » Il dit également avoir acheté un petit mouton pour sa famille. « La campagne, c’est la vie ancienne : la nature, la liberté », ajoute Mohamed Lemine. « Tous les Mauritaniens, bien que sédentarisés, rêvent toujours de revivre un peu la vie ancienne. »Une aubaine pour le secteur du tourismeChaque week-end, pendant la saison, Tiguent, ville d'environ 15 000 habitants selon le dernier recensement, voit sa population tripler. Un tourisme essentiel pour les professionnels du secteur comme Ali, gérant d’une auberge.« Aujourd’hui, nous sommes encore complets, même s’il y a quelques départs », constate l'aubergiste. « Pendant l’hivernage, les gens recherchent de la fraîcheur, du repos, changer de climat. Les autres périodes de l’année, il y a beaucoup moins de passage. » Des campements éphémères ont même été installés aux mois de juillet et août pour accueillir les vacanciers. La saison se prolongera jusqu’en octobre, date de la rentrée scolaire mauritanienne.
9/19/20232 minutes, 19 seconds
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En Afrique du Sud, des jeunes de milieux défavorisés se forment aux métiers du vin

En Afrique du Sud, le marché du vin et les terres restent, en très grande majorité, entre les mains de la population blanche minoritaire. Pour aider à transformer le secteur, la Pinotage Youth Development Academy (PYDA) forment les jeunes des townships et des milieux défavorisés aux métiers du vin, pour que ce monde leur devienne accessible.  De notre envoyée spéciale à Stellenbosch,Ce matin, le nez des étudiants de la Pinotage Academy est mis à contribution. Ils ont en leur possession de petites fioles, et doivent deviner les arômes qui s’en échappent. Okuhle, 23 ans, se penche sur son flacon : « On va sentir celui-là. Je crois que ça sent les clous de girofle. » Mais il n’est pas évident pour lui de reconnaître certains arômes.« Il faut dire que c’est dur de reconnaître des choses qu’on a jamais mangées. Quand on parle de groseilles, je me dis : "Wahou, c’est quoi des groseilles ?" Ce n’est pas évident quand on vient de milieux défavorisés. Mais ici, à l’école, ils nous encouragent à essayer des aliments que l’on ne connait pas », explique-t-il.  Pendant neuf mois, l’école forme chaque année une cinquantaine d’étudiants qui n’ont pas eu les moyens de poursuivre leurs études après le secondaire. Un pas dans la bonne direction pour transformer le secteur, selon Rudy Oosterwyk, en charge de l’innovation au sein de l’académie : « Plus de 390 millions de litres de vin sont produits par an dans un rayon de huit kilomètres autour de cette école. Les Sud-Africains noirs en possèdent moins de 1%. Sur ces 30 dernières années, il n’y a pas eu de vrais changements structurels au niveau économique. Il y a eu bien sûr quelques exemples de réussites, et c’est super, mais ces exemples n’ont pas permis de vraiment transformer le secteur en profondeur. Notre rôle consiste à proposer des travailleurs sud-africains les mieux formés possibles, pour qu’ils ne soient pas pris parce qu’ils sont noirs, mais parce qu’ils sont très bons. »À lire aussiAfrique du Sud : les vins sud-africains connaissent un rebond à l'exportDu vin sud-africain par les Sud-africainsDésormais, Okuhle n’hésite pas à rêver en grand. « J'adore tout ce qui a trait au vin, et je peux déjà imaginer la suite alors que je vous parle. Continuer mes études ici, aller à l’étranger, et puis un jour avoir ma propre marque et mon domaine », confie-t-il.Tout juste diplômée, Ziyanda Njalo encadre pour sa part la fabrication du vin de l’académie, l'Ulutsha, le vin « des jeunes », un pinotage vinifié en partenariat avec un vignoble local. « Lorsque j’ai commencé à annoncer aux gens autour de moi que l’on allait créer notre propre marque de vin, tout le monde était très fier, étant donné que le secteur est dominé par des professionnels plus âgés et blancs. Nous, nous sommes jeunes et noirs. Nous avons de nouvelles idées à apporter », assure-t-elle.Depuis sa création, l’académie a déjà formé près de 500 étudiants aux métiers du vin, et propose d’autres programmes dans les secteurs touristiques et agricoles. 
9/18/20232 minutes, 20 seconds
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Guinée: entre la junte et la jeunesse de Hamdallaye, l'échec d'une réconciliation

Entre les habitants de la route Le Prince et la junte au pouvoir, le divorce est consommé. Aux premières heures de la transition, Mamadi Doumbouya avait multiplié les signes d’apaisement en direction des quartiers frondeurs de cette voie rapide qui traverse le nord de Conakry. Deux ans plus tard, les Forces vives de Guinée, alliance d’opposition, tiennent la comptabilité macabre de la répression sur « l’Axe ». Selon les FVG, plus d’une trentaine de personnes ont été tuées, majoritairement par balle et lors de manifestations. Hamdallaye est le quartier le plus touché, il concentre un tiers des victimes. Matthias Raynal s’est rendu sur place pour donner la parole aux manifestants.
9/18/20232 minutes, 14 seconds
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En Éthiopie, la crise économique met fin à l'âge d'or du khat

Dans l’est de l’Oromia, des villes entières dépendent de la vente du khat. En 2020, la production de cette plante psychotrope, aux effets proches de l’amphétamine, représentait 4% des recettes d'exportation du pays et 9,4% des exportations totales de marchandises. Désormais, les prix ont chuté et beaucoup d’agriculteurs se retrouvent sans revenus.  De notre envoyée spéciale à Aweday, Dans l’est de l’Oromia, les arbustes de khat recouvrent les paysages vallonnés. La petite feuille verte produite ici est l’une des plus réputées au monde. Mais depuis quelques mois, les prix ont chuté presque de moitié, et les agriculteurs luttent pour leur survie. « Une collecte n’est même pas suffisante pour acheter un sac de riz, se désole Haron Oumar, cultivateur de khat de génération en génération. Un seul sac de riz vaut 1 900 birr. Avant, on vendait un seul kilo entre 10 000 et 20 000 birr. Maintenant, c'est 2 000. »La plante cultivée est envoyée à Awaday, puis vers toute l’Éthiopie et exportée dans les pays frontaliers grands consommateurs, Djibouti et la Somalie. Dans la ville, tous le disent, la crise vient du doublement des taxes à l’export imposé par les autorités régionales en octobre dernier et prélevé sur les routes. « Dans le business du khat, la principale revendication est d’enlever les checkpoints. On ne peut plus exporter aux endroits où on le faisait avant à cause de ça », explique Tofik Muktar, livreur de khat.« Le khat, c'est notre vie »Les exportateurs se retrouvent étranglés par les taxes et achètent donc moins de khat aux producteurs. Comme Ramzi Abdallah qui est passé de quatorze à sept employés. Pour lui, le khat est un mode de vie qui fait tourner toute l’économie locale : « Ce ne sont pas seulement les acheteurs et les vendeurs qui en vivent. Il y a ceux qui nettoient qui en vivent, ceux qui portent les sacs. C’est pour ça qu’on a l’habitude de dire que le khat, c'est notre vie. » La production du khat n’est pas subventionnée par l’État à la différence des denrées alimentaires. Face à la crise, des alternatives sont possibles, selon Muluguta Girma, chercheur à l’université de Diredawa : « C'est un défi, mais le gouvernement peut encourager la culture d'aliments, de légumes et d'autres plantes qui peuvent facilement pousser dans la région d'Harare. Cela nécessite un dialogue avec la communauté, à long terme et à court terme, pour initier un projet avant de décider de la fin du khat ou de faire pousser quoi que ce soit d’autre dans cette région. »La crise, aggravée par l’inflation, marque la fin d’un âge d’or qui avait permis à de nombreux vendeurs de khat de faire fortune.À écouter aussiChronique des matières premières : en Éthiopie, le khat supplante le café
9/16/20232 minutes, 14 seconds
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Au Togo, un programme contre le risque d'exclusion sociale des jeunes déscolarisés

Au Togo, les autorités s’efforcent de lutter contre les problèmes d’insertion citoyenne et professionnelle des jeunes à travers le programme « Volontaires d’engagement citoyen » (VEC), ouvert à des jeunes déscolarisés ou sous-scolarisés, que l'on retrouve à la tâche dans les 117 communes du pays. Dans la commune Lacs 1, ces jeunes volontaires entretiennent l’environnement.  De notre envoyé spécial à AnéhoÀ côté du pont de Zébé, dans l’espace vert aménagé, c’est munis de râteaux et de crocs qu’ils sont au travail. « Nous sommes appelés à nettoyer la ville, rendre propre les endroits qui sont sales », explique une jeune femme prénommée Godly.Plus loin, à l’entrée de Glidji, un petit village après la localité d’Aného, un groupe de jeunes reconnaissables par leurs gilets orange, bottes et matériel de travail débroussaillent à l’aide de coupe-coupes. Après un an de formation, ils sont déployés sur le terrain pour six mois. « Nous faisons le désherbage, le sarclage et nous entretenons aussi des jardins publics, des espaces verts et des forêts urbaines. Nous ramassons aussi des déchets plastiques », détaille Essodewedeou, engagé comme volontaire d’engagement citoyen dans la commune Lacs 1.Le programme des volontaires d’engagement citoyen vise à faire face à un problème croissant au Togo : celui de la déscolarisation d’un nombre de plus en plus important de jeunes avec un risque d’exclusion sociale. Alors se pose le problème de prise en charge. « Les jeunes qui abandonnent le cursus scolaire sont des charges. Ils rentrent dans la délinquance donc ils sont désorientés et ils abandonnent », observe le professeur Bernard Atchrimi, sociologue, directeur de l’institut Afrique-Europe de l’innovation et des métiers à l’université de Lomé.Permettre aux jeunes d'être utiles « au sein de leur commune »Face à ces difficultés, le programme des volontaires d’engagement citoyen propose à des jeunes sous-scolarisés ou déscolarisés une opportunité de se former sur la citoyenneté, les valeurs républicaines, mais aussi d’acquérir des compétences professionnelles.Ce sont des jeunes envoyés sur le terrain pour participer à des activités d’intérêt public, explique Omar Agbangba, directeur de l’agence nationale du volontariat au Togo : « Nous avons voulu traduire tout ce qu'il y a comme opportunité de travail à faire. Les jeunes aussi qui existent, qui n'aspirent qu'à faire quelque chose, les mettre à contribution pour faire quelque chose d'utile au sein de leur commune. »  Ils sont ainsi près de 6 500 jeunes déployés dans les 117 communes du pays. Le programme leur attribue une allocation qui leur permet de vivre quand ils sont sur le terrain. Certains observateurs regrettent le manque de suivi des jeunes une fois leur période d'engagement terminée.À lire aussiAu Togo, 255 écoles pourraient ne pas ouvrir à la rentrée
9/15/20232 minutes, 19 seconds
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Maroc: Tafeghaghte, un village ravagé par le séisme

Le village de Tafeghaghte a été balayé comme tant d’autres par le séisme du 8 septembre. Situé sur les hauteurs d’Amizmiz, à flanc de colline au sud de Marrakech, les habitants de ce hameau tentent de sauver ce qui peut l’être. Reportage.
9/14/20232 minutes, 13 seconds
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Sénégal: malgré les naufrages, les pirogues clandestines continuent de voguer jusqu'aux Canaries

Au Sénégal, les départs de pirogues clandestines vers les îles espagnoles des Canaries continuent ainsi que les naufrages et sauvetages. Quelque 168 sénégalais secourus au large de la Mauritanie viennent d’être rapatriés le 30 aout au Sénégal. Parmi les régions touchées par le phénomène de la migration irrégulière : celle de Thiès et particulièrement sur le littoral comme dans le village de pêcheur de Fass Boye, à 150 km au nord de Dakar.
9/13/20232 minutes, 20 seconds
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RDC: quand les habitants d'un quartier de Kolwezi creusent chez eux à la recherche de cobalt [3/3]

Les habitants d’un quartier de Kolwezi, dans l'est de la RDC, se sont transformés en mineurs artisanaux. Ils creusent chez eux dans leur jardin à la recherche de cuivre et de cobalt. La demande pour ces minerais – utilisés dans les batteries – a fortement augmenté ces dernières années, avec le marché des véhicules électriques. Il y a un an encore, un kilo de cobalt pouvait atteindre les 100 dollars, ce qui a poussé de nombreux habitants du quartier de Mutoshi, à proximité d’une mine officielle, à se lancer dans cette activité.
9/12/20232 minutes, 30 seconds
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RDC: à Kamilombe, une coopérative minière œuvre pour des conditions décentes [2/3]

La majeure partie du cobalt congolais est extraite de mines industrielles géantes, mais 10 à 20% de ce cobalt provient de mines artisanales. Une production qui a parfois mauvaise presse, associée au travail d’enfants, à des violations de droits de l’homme. Reportage à Kamilombe, une mine artisanale collée à la ville de Kolwezi, gérée par la Coopérative minière pour le développement social.
9/11/20232 minutes, 27 seconds
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RDC: les compagnies minières polissent leur image

La République démocratique du Congo produit plus de 70% du cobalt mondial. La très grande majorité de ce minerai (80%) est exploitée par de grosses compagnies minières : chinoise, suisse, kazakh, indienne... souvent accusées par la population locale de ne pas contribuer au développement du pays. Les compagnies minières se défendent. De notre envoyée spéciale dans la région,TFM – Tenke Fungurume Mining – est l'une des plus grandes concessions minières de la RDC, avec 1 600 km2, exploitée par la société chinoise CMOC. Le groupe emploie plus de 17 000 personnes dont 90% de Congolais. Et pourtant, à Kolwezi, les retombés économiques ne sont pas visibles, dénonce Aimé Banza Mwapé, de la société civile.« Où vont tous ces revenus ? Nous sommes dans une province qui se dit capitale mondiale du cobalt, mais dans les faits, les citoyens que nous sommes n'en bénéficions pas. La ville manque d'eau, ou encore d'électricité... », déplore-t-il.Un Code minier en faveur du développement du paysLe Code minier – revu en 2018 – oblige les compagnies minières à participer au développement du pays. Redevance minière, fond sociaux pour des projets communautaires, cahier des charges, les exemples sont multiples, explique le professeur Éric Swana, directeur de développement communautaire chez TFM.« Nous avons signé le cahier des charges avec les deux entités territoriales décentralisées, à savoir la commune de Fungurume et la chefferie de Bayeke pour la période de 2021 à 2025 pour un budget global de plus de 31 millions de dollars et qui couvrent les secteurs de la santé et de l'éducation, des infrastructures... Nous avons déjà construit deux centres de santé de référence que nous allons visiter... »Mélissa, infirmière généraliste, indique qu'il existe différents services, de la pédiatrie à la clinique en passant par les urgences, par exemple. Pour le docteur Jean Jacques, « ce partenariat a été une aide. [Nous] avons plus de 20 malades par jour parce que nous sommes un hôpital de référence. Parfois, on nous amène des cas difficiles. »« Le consommateur est devenu beaucoup plus exigent »À quelques kilomètres de là, le groupe minier suisse Glencore finance lui aussi des projets similaires : écoles, hôpitaux et même une pépinière pour reboiser des sites qui ne sont plus utilisés, explique Marie-Chantal Kaninda, présidente de Glencore RDC.  « Aujourd'hui, le consommateur est devenu beaucoup plus exigent et nous devenons également beaucoup plus exigent. Tous les programmes d'environnement que l'on met sont pour nous assurer qu'il n'y a aucun effet négatif par rapport aux communautés. On parle beaucoup plus de responsabilité sociétale », déclare la présidente.Toutes les compagnies minières se plient-elles à la loi ?  Non, seules les plus importantes qui font attention à leur image, se désole la société civile qui ajoute que l’argent issu de l’exploitation minière est souvent mal géré ou détourné par les autorités aux dépens de la population.
9/10/20232 minutes, 28 seconds
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Tunisie: les jeunes mariés se détournent de l'or en raison de la crise économique [3/3]

En Tunisie, pendant plusieurs décennies, les futurs époux avaient pour habitude d’offrir de l’or à leur promise. Une parure ou plusieurs bijoux traditionnels du patrimoine, selon les régions, chacun sa coutume. Il s’agissait d’un capital pour le couple qui peut revendre ensuite l’or en cas de coup dur dans la vie. Aujourd’hui, avec la crise économique et le prix du gramme d’or qui a triplé, cette pratique se fait de plus en plus rare. De notre correspondante à Tunis,Dans la Médina de Tunis, un samedi midi, le souk El Berka où les bijoutiers proposent aux passants de leur acheter de l’or, les rues sont peu animées. Cette année, la saison des mariages n’a pas été fructueuse pour les commerçants.Sadok, 62 ans, travaille depuis quatre décennies dans le souk. « Normalement, pendant le week-end, on a du mouvement. On voit des fiancés venir chercher des parures. Là rien. On sent que le citoyen tunisien a un budget de plus en plus restreint avec la crise. Avant, j’arrivais à vendre deux ou trois parures par semaine. Maintenant, j’ai de la chance si j’en vends une. »Pour Mohamed Nasfi, 51 ans, qui répare une bague dans sa boutique, ce n’est pas seulement le budget qui manque, mais aussi les mentalités qui ont changé. « Vous avez des gens qui n’hésitent pas à dépenser des milliers d’euros pour la cérémonie de leur mariage, mais qui ne vont plus investir dans l’or. Alors que c’est un vrai capital. La cérémonie dure une soirée alors que l’or va vous durer toute une vie et vous aider en cas de problème. »À écouter aussiTunisie: quand la crise économique affecte les mariagesManque de moyensPour beaucoup, préserver les apparences de richesse dans les mariages est plus important même si les moyens manquent. « J’ai des jeunes couples qui rentrent dans la boutique, achètent juste la bague de fiançailles puis regardent les parures et me demandent où ils peuvent se procurer le même modèle en argent ou carrément du faux », poursuit Mohamed. « Ils me disent que pour eux, ce n’est pas important, mais que c’est pour maintenir l’illusion auprès des familles, le jour de la cérémonie. »Dans le souk, à défaut d’acheteurs potentiels, les bijoutiers voient défiler l’ancienne génération qui vient revendre des bijoux en or, pour faire face à la crise. « Là, pour le coup, des revendeurs, j’en ai qui viennent tous les jours », souligne Mohamed. « Ce sont des gens qui justement vendent leurs pièces en or petit à petit ces dernières années. Ils viennent en général, avant une occasion comme la fête de l’Aïd ou le baccalauréat de leur enfant, pour pouvoir échanger de l’or contre de l’argent en cash. »À écouter aussiEn Tunisie, malgré la crise, le boom de la mise en beauté pour le mariageL'argent plutôt que l'orLes bijoutiers confient que la seule clientèle qui achète encore, habite à l’étranger. Il s’agit de Tunisiens de la diaspora qui achètent des modèles précis pour leur mariage. Au sud tunisien, à Djerba, les parures traditionnelles sont très importantes lors des noces.Feiza, 50 ans, vient de négocier pour 40 euros une parure traditionnelle brodée sur du tissu, mais en argent trempé dans de l’or. « En fait, je suis obligée d’acheter ça pour le mariage d’une amie, car lors de la cérémonie de la Jelwa à Djerba, une sorte de parade qui marque la seconde journée du mariage, la mariée a des habits traditionnels recouverts de parures en or et en argent, c’est un passage obligé. Donc on achète en argent faute d’acheter de l’or. »Si dans le sud, certains investissent encore, à Tunis, les ventes de parures ont baissé de 50% cette année, selon les bijoutiers du souk El Berka.
9/9/20232 minutes, 36 seconds
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En Tunisie, les futures mariées dépensent sans compter pour leur mise en beauté

En Tunisie, l’écosystème autour du mariage s’est beaucoup développé avec les maisons de robes de mariées haute couture et les forfaits « spécial mariage » proposés par les salons de beauté. Si les futures mariées font moins de soirées qu’autrefois, les femmes dépensent plus pour la mise en beauté le jour J. Plusieurs enseignes tunisiennes sont devenues célèbres ces dernières années grâce à la saison des mariages. De notre correspondante à Tunis,C’est dans un show-room de marbre et de murs immaculés sur trois étages que Fatma Bouchiba styliste et fondatrice de la maison de couture du même nom, reçoit les visiteurs. Les essayages se font uniquement sur rendez-vous. L’enseigne propose des tenues de mariage à la location dont les prix s’élèvent à plusieurs centaines d’euros. Des tenues sophistiquées, mais différentes des costumes traditionnels de mariage à l’ancienne.« On sent que c’est traditionnel, mais on n’a plus le traditionnel d’autrefois. Donc, on a allégé la pièce, on a allégé la matière. D’ailleurs, en dessinant ou en imaginant le modèle, je pense directement au côté pratique. De nos jours, les mariées aiment bouger, aiment danser, aiment s’éclater. » Fatma a remarqué une émancipation de la mariée durant cette dernière décennie.« Les cérémonies du mariage, avant, c’était pour la famille. D’ailleurs à mes débuts, la mariée venait avec ses parents et il fallait que la maman valide. Et là, avec le temps, après une quinzaine d’années, je me rends compte que la mariée vient toute seule, avec ses amies, et après seulement, elle ramène sa maman pour lui faire plaisir. Mais elle a déjà choisi sa robe, donc la mariée pense à elle-même. »« Les idées ont changé »En s’adaptant à la mode et aux nouveaux goûts, Fatma Bouchiba a quand même gardé une marque de fabrique tunisienne : les broderies faites à la main, un hommage au patrimoine vestimentaire tunisien. Dans l’atelier, au sous-sol, les pièces en cours sont disposées sur des plans de travail. « C’est la nouvelle collection, elle est entièrement faite à la main, c’est la robe perlée. Pour la broderie, ce sont des femmes d’un certain âge, mais malheureusement, elles n’ont pas pu faire passer le savoir. Les jeunes apparemment manquent de patience. »À quelques encablures, le salon de beauté Feryel Studio gère en moyenne trois à sept mariées par jour pour la mise en beauté. Là aussi, les désirs ne sont plus les mêmes qu’avant, comme l’explique la fondatrice Feryel Ben Hou Hou : « C’est sûr que les idées ont changé. Le maquillage artistique, il s’impose plus. Le nude, le no make-up, la simplicité. »Les forfaits mariage qui incluent maquillage, coiffure et soins coûtent entre 400 et 600 euros. Un budget important pour la future mariée en période de crise économique. Mais malgré l’augmentation des prix de 30% sur les produits cosmétiques dans le pays, Feryel a maintenu les mêmes tarifs ces dernières années.À écouter aussiReportage Afrique : Tunisie : quand la crise économique affecte les mariages
9/8/20232 minutes, 26 seconds
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Tunisie: quand la crise économique affecte les mariages

En Tunisie, la saison des mariages touche à sa fin. Chaque été, de nombreux couples se marient dans des fêtes qui allient souvent tradition et modernité. Dans le pays, il est fréquemment de coutume de faire plusieurs fêtes et de célébrer en grandes pompes l’union sacrée. Mais la crise économique pèse de plus en plus sur les familles et les couples. Ces contraintes redessinent les budgets et envies de chacun. Le son de la fête s’entend depuis la rue de la maison de Manel. Dans le quartier de l’Ariana, au nord de Tunis, la famille de la jeune mariée célèbre les préparatifs. Manel revient tout juste du Hammam, une étape traditionnelle des noces avec uniquement les femmes proches de l’épouse. Elle porte une tenue typique de Mahdia, la région dont ses parents sont originaires.« J’aime tout ce qui est traditionnel et relié à ma région, pour moi, c'est essentiel de mettre ces tenues. Là ce que je porte contient plusieurs couches. Il y a une sorte de chemise avec un pantalon large et un tissu avec des broderies dans lequel je suis enveloppée, et après pour la soirée, je change encore de tenue. »Pour son père, Jamel Belhaj Fradj, 65 ans, entrepreneur en construction, malgré la crise économique dans le pays, il faut consacrer un budget conséquent pour le mariage de sa fille et préserver cette tradition.« Nous, dans notre famille élargie, pour les mariages, tout le monde s’entraide. Même ceux qui n’ont pas trop d’argent. Ils aident par leur présence ou en aidant aux préparatifs. Moi, je suis l’aîné dans la famille et j’ai financé en partie les mariages de sept frères, donc pour celui de ma fille, chacun aide. »« Même en achetant un an à l’avance, les prix avaient déjà augmenté de 30% »À Zaghouan, au nord de la Tunisie, Inès Mnirsi, 35 ans, a également choisi de faire un hammam avec son entourage avant son mariage : « Je pense que pour les futures épouses, ça reste un moment important où l’on prend soin de soi et on s’entoure des femmes qui vont ensuite rester avec nous pendant tout le déroulé du mariage. C'est un peu comme un moment de recueillement où la mariée peut s’amuser et aussi se relaxer. »Mais le hammam coûte cher, comme d’autres fêtes. C'est pourquoi à Tunis, Maha Bouali, designer de 29 ans, a décidé de répartir autrement son budget pour son mariage avec Ayoub Hidoussi, producteur. « Rien que la salle de fête pour la cérémonie, si vous ne voulez pas avoir quelque chose de moche avec des chaises cassées, c’est au minimum 2 400 euros, sachant que les prix augmentent entre l’hiver et l’été. Concrètement, tout était cher par rapport à ce que nous avions évalué. »Pour Ayoub et elle qui n’ont pas voulu s’endetter en démarrant leur vie à deux, le coût du mariage a également représenté une charge mentale parce qu’il est coutume que les couples, en se mariant, investissent aussi dans le mobilier de leur futur foyer. « Nous nous sommes pris à l’avance en allant acheter par exemple des meubles à la foire annuelle où il y a les prix d’usine, et même en achetant un an à l’avance, les prix avaient déjà augmenté de 30% par rapport à l’année précédente. »À écouter aussi8 milliards de voisins - Quel sens donner au mariage dans nos sociétés actuelles ?Même Si Maha et Ayoub ont fait un mariage à leur image, simple, sans artifices, la pression reste bien là : « Notre génération a un vrai problème avec le paraître. Vous aurez toujours un ami qui va venir dans votre appartement de jeune marié et qui sera étonné que vous n’ayez pas pris l’écran de télévision dernier cri. »Dans le pays, un mariage coûte en moyenne 10 000 euros et le taux des unions a considérablement baissé ces dernières années avec une baisse de 33% des contrats de mariage en 2022.
9/7/20232 minutes, 31 seconds
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Centrafrique: à Bangui, une église orthodoxe financée par la Russie

En République Centrafricaine où les habitants pratiquent majoritairement le catholicisme, différentes formes de protestantisme, l’islam et l’animisme, une nouvelle forme de chrétienté a fait son apparition : l’orthodoxie. Fondée en 2013 dans un quartier périphérique de la capitale Bangui, L'église Saint-André, toute première paroisse orthodoxe de Centrafrique, connaît un élan de vitalité depuis le déploiement de la société militaire privée Wagner dans le pays comme un nouveau signe de l’influence grandissante de la Russie.  De notre correspondant à Bangui,Les cantiques s’élèvent dans les fumées d’encens, les fidèles embrassent la croix sous les icônes. Monseigneur Régis Sinclair Voyemawa baptisé « Sergueï » découvre l'orthodoxie lors de ses études au Cameroun. Il est alors choisi pour devenir le premier « pope » de Centrafrique.« Mais l'église appartient déjà à l'Église orthodoxe russe, donc nous sommes des Russes Centrafricains parce que nous avons notre siège. Et à Moscou, sur le plan religieux, nous sommes les représentants de l'Église orthodoxe russe en Centrafrique. »Elisabeth, fidèle de l’église Saint-André : « Vous savez, la RCA a traversé des périodes difficiles. Et en ce moment, on n'en a pas fini. Il y a les rebelles un peu partout, et je crois que la Russie est intervenue, et intervient encore en ce moment. Donc le groupe Wagner nous aide un peu à faire fuir les rebelles. Pourvu qu'on soit en paix. »À lire aussiCentrafrique : un cadre de Wagner assure que les activités du groupe se poursuivent dans le paysSergueï se défend de tout lien avec les mercenaires dont les exactions sur les civils sont aujourd’hui largement documentées. C’est « une campagne de désinformation », dit-il. Mais depuis son allégeance au patriarcat de Moscou l’an dernier, les finances de son église se portent nettement mieux.« Allez dans les écoles, vous allez voir. Vous qui êtes des médias, qu'est-ce que la France fait de concret en Centrafrique ? Rien. Et aujourd'hui, je suis devenu orthodoxe russe, mais j'ai eu un bâtiment en moins d'un an, un petit bâtiment. Déjà ça, c'est un geste. »La Russie finance également les bourses de deux étudiants en théologie, les salaires des enseignants ainsi qu’une aide sociale aux plus démunis, dont une douzaine d’orphelins qu’il recueille à son domicile.« Les Centrafricains sont comme les orphelins de la France, abandonnés à leur propre sort. Et c'est vrai que les gens peuvent dire l'influence russe sur la France, mais ce n'est pas la faute des Centrafricains. On est totalement abandonné à notre propre sort. Si vous avez un enfant qui ne mange pas bien, il n'est pas en sécurité, il peut se retrouver chez le voisin, ce n'est pas la faute du voisin. »Opération d’influence ou simple coopération religieuse, la première paroisse orthodoxe de Centrafrique revendique aujourd’hui plus de 700 fidèles.
9/6/20232 minutes, 20 seconds
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Jeux vidéo: au Cameroun, l'e-sport se professionnalise

Un premier club e-sport professionnel a été créé à Yaoundé. Un champion d'Afrique fait partie de la quinzaine de joueurs de ce club. Malgré les préjugés sur les jeux vidéo de compétition, ces athlètes d'e-sport veulent croire en leur discipline. De notre correspondant à Yaoundé,Dans cette salle sombre, le générique à fond dans les oreilles, Arex 16 ans, répète ses gestes techniques comme le ferait tout sportif. Les yeux rivés sur un écran, ses doigts pianotent à toute vitesse sur une manette. « C'est à travers la Coupe du monde Fortnite que j'ai pris cette passion pour le jeu. Pour un jeune de mon âge, l'e-sport permet d'entrer dans les milieux compétitifs, même si on ne fait pas dans le basket et le foot… », explique-t-il.Arex s'entraîne 5 jours sur 7 au club Insomnia à Bastos, un quartier huppé de Yaoundé. Souvent sous le regard attentif de Boris, son entraîneur. Boris a pour mission de le préparer avant les compétitions e-sport comme c'est le cas en ce moment.« C'est une sorte de répétition, comme tout sport, l'e-sport a des athlètes, soutient Boris. Là maintenant, nous sommes en train d'effectuer des simulations. Vous êtes à la base un joueur ou un stratège ? Je suis plutôt une personne passionnée m'y connaissant très bien dans le milieu avec pour vocation d'accompagner les personnes capables de faire le travail mieux que moi sur ce plan. »À lire aussiFortnite, les raisons d'un cartonOusseyni Sali, la fierté d'InsomniaInsomnia est le premier club professionnel de e-sport au Cameroun. Il compte une quinzaine de joueurs pro, à l'instar de Ousseyni Sali, double champion d'Afrique. Un jeune homme timide qui se déchaine quand retentit le générique de Street Fighter, son jeu favori. Ce champion est une fierté du club.« J'ai commencé depuis que je suis très petit. En continuant dans ma passion, cela m'a mené à des choses formidables », raconte Ousseyni Sali qui poursuit : « Être champion d'Afrique ouvre d'autres perspectives. J'aimerais qu'au Cameroun il y ait un peu plus d'infrastructure, et que le gouvernement essaye de faire en sorte que les joueurs camerounais puissent participer à plus de compétition parce qu'on a beaucoup de mal à faire les déplacements. »À écouter aussiE-sport et jeux vidéo, la nouvelle passion africaineUne discipline d'avenir au potentiel économique non négligeableOlivier Nkotto est le premier manager de carrière professionnel e-sport au Cameroun, il manage le potentiel du joueur, trouve des compétitions et s'occupe du volet administratif. Pour lui, le e-sport est encore embryonnaire au Cameroun, il estime que les entreprises devraient s'investir dans l’e-sport, car il s’agit d’une discipline d'avenir qui peut générer dans certaines conditions autant d'argent que le cinéma.« Le e-sport au Cameroun est malheureusement encore inexistant. On voit toujours le gamer comme une espèce de voyou, or dans d'autres pays, c'est quelque chose qui rapporte presque comme le cinéma. »Loin de l'engouement médiatique et sans soutien des autorités du pays, les athlètes e-sport camerounais creusent leur sillon. Il y a peu de temps, deux joueurs camerounais ont brillé dans une compétition internationale en Arabie saoudite, en terminant cinquième et septième sur une soixantaine de nations présentes.À lire aussiParis Games Week: «Le jeu vidéo africain, c'est possible !»
9/5/20232 minutes, 19 seconds
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Quand la Chine investit dans le numérique au Sénégal

La Chine est l’un des principaux investisseurs dans le secteur du numérique au Sénégal. Depuis la reprise de leurs relations diplomatiques en 2005, la Chine a construit l’intranet gouvernemental, a installé 4 500 km de fibre optique et a construit les réseaux 3G et 4G, et peut-être bientôt la 5G. Dernier gros projet en date financé par la coopération chinoise : le « data center », l’un des plus gros centres publics de stockage de données en Afrique de l’Ouest, en service depuis deux ans.
9/4/20232 minutes, 23 seconds
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Comment la Zambie s'est rendue dépendante aux prêts chinois

En Zambie, la Chine a prêté énormément d'argent pour aider le pays à développer ses infrastructures. Routes, aéroport, stades... Ces projets profitent à la Chine qui les finance et les construit pour accentuer son commerce avec la Zambie. Problème : la Zambie a fait défaut sur sa dette en 2020, incapable de rembourser ses créanciers en plein Covid-19. La Zambie a-t-elle été trop gourmande ? De notre envoyé spécial de retour de Lusaka,Le boom des infrastructures devrait réjouir Diego Casilli. Ce promoteur immobilier, très bon connaisseur de l'économie zambienne, y voit pourtant une forme de gaspillage. « C'est une bonne décision d'investir dans les infrastructures, mais beaucoup d'argent est parti dans les mauvais projets », déplore Diego Casilli. « On n'avait pas besoin de routes goudronnées partout. Et puis le prix au kilomètre, le coût de ces infrastructures était probablement trois fois plus cher que ce qu'on aurait pu obtenir du secteur privé, on n'avait pas besoin de se tourner vers les Chinois pour obtenir de très chères infrastructures. »Si l'ancien gouvernement s'est tourné vers la Chine, c'est pour obtenir des prêts aux conditions avantageuses. C'est ce que défend le député Mulenga Francis Fube, du Front patriotique qui a perdu les élections en 2021. Il nous reçoit dans le hall de l'Assemblée nationale lors d'une session parlementaire. « Les prêts chinois étaient meilleurs que les prêts soumis à de rudes conditions », souligne Mulenga Francis Fube. « Comme ceux du FMI, dont les conditions étranglent l'économie. Le FMI exige que vous mettiez fin aux subventions des carburants, alors que c'est vital pour l'économie ! »À lire aussiLa Zambie espère une restructuration de la dette la plus rapide possibleDes prêts chinois sous quelles conditions ?Mais ces prêts chinois, si faciles à obtenir, cachent-ils des conditions défavorables pour la Zambie et qui n'ont pas été dévoilées ? « Le nouveau gouvernement avait l'habitude de mentir en disant que les Chinois allaient s'emparer de notre souveraineté parce qu'on leur a vendu des entreprises étatiques... Mais maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils sont bien incapables d'appuyer leur propos », avance Mulenga Francis Fube. « Si les prêts étaient accompagnés de conditions défavorables cachées, les Zambiens seraient au courant aujourd'hui. »Pourtant, si la Chine prête de l'argent facilement, ce n'est pas sans arrière-pensées, insiste l'économiste Trevor Hambayi rencontré dans un grand hôtel de Lusaka. « Ils veulent avoir accès aux matières premières qui sont essentielles pour leur développement, comme nos minerais, mais aussi le bois qu'ils importent, donc ils veulent pouvoir signer des accords commerciaux bilatéraux entre les deux pays », explique Trevor Hambayi. Des échanges commerciaux qui profitent principalement à la Chine qui exporte massivement ses produits vers la Zambie.À lire aussiLes «nouvelles routes de la soie» en Chine, dans les yeux du correspondant de RFI
9/3/20232 minutes, 12 seconds
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Tunisie: des technologies virtuelles pour former le personnel médical

Au sein de l’université centrale, un centre de simulation médicale offre des formations aux étudiants et personnels paramédicaux. Il s’agit du Medical Simulation Center du réseau Honoris United Universities. Au cœur du cursus : des simulations sur des mannequins améliorés par la technologie et la réalité virtuelle. Des malaises, des arrêts cardiaques et même des accouchements sont reconstitués pour éviter que le jeune paramédical ne fasse sa première expérience sur un patient en vie. Reportage de notre correspondante à TunisLa chambre est exactement comme celle d’un hôpital, le matériel et le patient qui transpire semblent réels tout comme l’infirmière qui s’apprête à faire une piqûre.Derrière une vitre teintée, une personne simule la voix du patient, pilote le mannequin et déclenche différents symptômes. L’infirmière est une étudiante en pleine formation. Ibrahim Amara, technicien en pédiatrie au centre de simulation médicale, explique cette mise en scène :« La simulation médicale permet de créer dans n’importe quel moment des situations de soins complexes ou rares. Donc, l’étudiant ne peut pas voir ces situations dans ses stages par exemple. La simulation permet donc de gérer le stress. »Gérer le stress et la communication émotionnelle dans une situation plus vraie que nature. Alors que l’étudiante peine à réagir face au malaise vagal de sa patiente, sa supérieure rentre dans la chambre pour l’aider.« Elle va lui dire qu’elle a fait une erreur ?- Oui, elle va dire qu’il faut aider la patiente, surélever les jambes, c’est la prise en charge correcte. »Une fois le scénario exécuté, la scène a été filmée en direct et les étudiants dans une salle mitoyenne débriefent avec leur professeur.« Vous avez expliqué vos gestes à la patiente à chaque fois que vous faites le badigeonnage, vous serrez le garrot, vraiment on vous a suivi ici. Quelle était la difficulté dans votre gestuelle ?- Mon problème, c’est que je n’ai pas tout de suite trouvé la veine. »Cette formation, dispensée aux professionnels, fait partie du groupe Honoris Universities, qui regroupe 60 campus en Afrique. Depuis sa création en 2018, le centre a vu défiler près de 5 000 apprenants. Mais malgré sa qualité, la formation ne permet pas de retenir dans le pays les jeunes diplômés. La majorité d'entre eux partent exercer à l’étranger une fois leur diplôme en poche. En 2022, ils étaient 1 250 cadres médicaux et paramédicaux à partir pour de meilleurs salaires et conditions de travail.
9/2/20232 minutes, 26 seconds
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Sénégal: à Thiaroye-sur-Mer, on rêve toujours d'Europe

Avec l’arrivée de la saison des pluies au Sénégal, les départs de pirogues clandestines ont repris de plus belle vers l’Espagne. Quelque 260 Sénégalais en détresse ont été secourus dans les eaux marocaines début juillet. Mais de nombreuses pirogues disparaissent des radars. À Thiaroye-sur-Mer, un port de pêche proche de Dakar, c’est un phénomène bien connu et qui ne faiblit pas. Un ancien candidat à la migration essaye difficilement de décourager au départ.
9/1/20232 minutes, 30 seconds
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Kenya: quel accès à la santé pour les jeunes marginalisés?

Une partie de la population de Mombasa, deuxième ville portuaire la plus importante du Kenya, à majorité musulmane, est marginalisée dans l’accès aux soins de santé. C’est le cas notamment des jeunes vivant à la rue, des travailleurs et travailleuses du sexe, des personnes transgenres ou autres minorités sexuelles. Une exclusion qui a des conséquences sur leur santé, notamment sexuelle et reproductive. Médecins sans frontières, en collaboration avec le département de la Santé du comté de Mombasa, tente de combler cette carence.  De notre correspondante de retour de Mombasa,Quelques chaises et tables en plastique. Des espaces de consultation derrière des rideaux. Et du personnel de santé aux petits soins. Pour quelques heures, cette place du quartier populaire de Ganjoni à Mombasa a été transformée en dispensaire éphémère.« Le thème principal du jour, c’est la contraception et l’hygiène menstruelle », relate Caroline Mugun, infirmière, responsable des activités médicales pour MSF. « Ici, le clinicien peut recevoir le patient et avoir une consultation en privé. Aujourd’hui, nous avons fait pas mal de dépistages du cancer du col de l’utérus, des retraits d’implants contraceptifs et d’injections de contraceptifs longue durée, ce qui correspondait à des demandes que nous avions reçues. »À écouter aussiKenya : comment la pandémie a pénalisé la lutte contre le VIH et le paludisme« Nous arrivons à déconstruire »Les soins sont gratuits pour les patients âgés de 10 à 24 ans. Venir directement au contact d’une jeunesse marginalisée, c’est l’objectif de cette délocalisation. « Ce lieu est très stratégique parce qu’il y a beaucoup de personnes à la rue, de toxicomanes et de travailleurs et travailleuses du sexe. Ces personnes ont souvent peur d’aller dans certains centres de santé où il y a beaucoup de stigmatisation », explique Caroline Mugun. « En voyant par exemple un homme qui a des relations sexuelles avec des hommes, certains cliniciens peuvent se dire “ma religion ne valide pas ça”, ou alors, il y a une peur de devenir séropositif, d’être converti… Tout ça, au final, ce sont des appréhensions personnelles liées à un manque de connaissances, mais dès que nous échangeons avec eux, nous arrivons à les déconstruire. »« À l’hôpital, je ne me sens pas bien traitée… »Husna Aisha est venue chercher des contraceptifs et faire des tests de dépistage de maladies sexuellement transmissibles. Âgée de 23 ans, elle est travailleuse du sexe depuis sept ans, après s’être retrouvée à la rue au décès de ses parents. Mère de quatre enfants, la jeune femme privilégie désormais ces espaces adaptés à ses besoins. « À l’hôpital, je ne me sens pas bien traité. Ils disent “Ah... Husna est travailleuse du sexe, elle est jeune, pourquoi elle fait ça, elle devrait être à l’école”. Je me sens humiliée, je n’aime vraiment pas la façon dont je suis reçue », ressent Husna Aisha. « Donc même si j’attrape le VIH, je préfèrerais ne pas y aller, il y a trop de discriminations de la part des médecins. Alors qu’ici, c’est plus privé, ne serait-ce que parce que les cliniciens viennent directement là où nous sommes. »À écouter aussiAu Kenya, la pilule qui révolutionne le traitement du VIH chez les enfantsAvec ces actions, MSF et le comté de Mombasa espèrent reconnecter ces jeunes marginalisés au système de santé. Quelques dispensaires de la ville offrent aussi désormais des services adaptés avec du personnel sensibilisé aux vulnérabilités de cette jeunesse.
8/31/20232 minutes, 16 seconds
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Afrique du Sud: la popularité des films d’arts martiaux sous l’apartheid [4/4]

Les films d’arts martiaux venus de Hong-Kong ont connu un grand succès dans les townships en Afrique du Sud à partir des années 1970 1980. Des films qui  parvenaient à se frayer un chemin sur les écrans malgré la censure mise en place sous l’apartheid. Et ils ont connu beaucoup d’échos au sein des populations réprimées par le régime. De notre correspondante à JohannesburgDans le quartier de Mofolo, au sein de Soweto, se dresse toujours une façade emblématique. Le Eyethu cinema, désormais en rénovation, était, sous l’apartheid un des rares lieux de divertissement de la zone, et a permis à des générations du township de découvrir des films sur grand écran. Lindi Tshabalala est la fille du fondateur de ce cinéma historique, et elle se souvient très bien de l’arrivée des premiers films d’arts martiaux.« Il y avait beaucoup de petits magasins chinois, et c’est comme ça que ma sœur trouvait ces films et les ramenait à Soweto. Les gens adoraient ces combats, surtout les enfants. Oh Jackie Chan ! Bruce Lee ! Surtout eux ! On mettait des pubs sur les murs, et ils pouvaient voir que Jackie Chan allait arriver, avec ses jambes dans les airs ! Notre cinéma était alors plein à craquer, c’était incroyable, vraiment. C'étaient toujours les plus populaires. »Des films qui ont su échapper à la censure du régime de l’apartheid, comme le rappelle le chercheur Cobus van Staden qui s’est penché sur le sujet : « C’était une censure à la fois sur le plan de la morale, où les images sexuelles étaient proscrites ainsi que la violence, mais aussi sur le plan politique, où il fallait bloquer les messages révolutionnaires. Beaucoup de films de Bruce Lee étaient assez anti-coloniaux, de façon explicite, mais parce qu’ils étaient perçus comme une forme de divertissement bas de gamme, ces messages ont pu passer sous les radars. »À 72 ans, Abraham garde encore de très bons souvenirs des films de cette période, qu’il regardait pour sa part sur cassettes : « Pour nous, la communauté noire, c'étaient nos héros, ils nous divertissaient beaucoup plus que les autres films. » Et ses fils, Medupi et Thato, qui ont grandi avec ces films d’arts martiaux, se rappellent encore des gestes qu’ils tentaient de reproduire dans les rues de Soweto.Des films toujours programmés sur le petit écran« Les Chinois nous prouvaient que l’on pouvait vaincre toute une armée juste avec nos mains. Ils nous inspiraient beaucoup, se souvient son fils Medupi. Ceux perçus comme inférieurs nous montraient qu’ils étaient capables battre les meilleurs grâce à leur intelligence et juste avec ce qu’ils avaient. »Pour Thato : « Moi, je me souviens d’avoir regardé le film où un combattant américain doit combattre Bruce Lee. Devinez qui ils ont choisi ? Chuck Norris ! Bruce Lee est le seul homme capable de battre Chuck Norris. »Signe de leur popularité, encore aujourd’hui : les films d’arts martiaux, anciens et récents, continuent d’être programmés le vendredi soir, sur l’une des chaînes publiques de la télévision sud-africaine.À écouter aussiOuganda: les films d'arts martiaux de Wakaliwood, un cinéma d'action à budget serré [3/4]
8/30/20232 minutes, 26 seconds
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Ouganda: les films d'arts martiaux de Wakaliwood, un cinéma d'action à budget serré [3/4]

En Ouganda, ils ont inventé un nouveau style de films d’arts martiaux. Les Ramon Films Productions sont plus connues sous le nom de Wakaliwood, du nom du bidonville de Wakaliga où ils sont situés à Kampala. Lancé en 2005, Wakaliwood, ce sont des films d’action où le kung-fu prend une place de choix.  De notre correspondante de retour de Kampala,Des bandits contre un jeune héros masqué. Devant la caméra, les acteurs échangent quelques coups avant de se lancer dans une course poursuite dans les rues de Wakaliga : « On fait un film d’action, on tourne l’une des scènes qu’on a travaillée, et le film sera bientôt sur le marché », nous confie Ronald Ssebagenyi qui joue l’un des criminels. Acteur des Ramon Films Productions depuis plus de cinq ans et coach sportif de profession, le jeune homme a découvert les arts martiaux à travers les films d’action de Wakaliwood quand il était enfant : « Le kung-fu, à l’origine, c’est de la self-defense, de la discipline, et maintenant, on l’utilise dans les films. Moi, je voulais être une star du cinéma. Et maintenant, je fais aussi des compétitions, c’est très important pour moi. »La suite de Who killed Captain Alex est en cours de tournageÀ la caméra, Isaac Nabwana, fondateur des studios de Wakaliwood, des studios rendus célèbres en 2010 par le succès de Who killed Captain Alex, production au budget minimaliste d’une centaine de dollars mais comptant plus de huit millions de vues sur YouTube. Après une pause durant la longue période de pandémie de coronavirus, le réalisateur a repris les tournages cette année « Je commence avec Clan Leader, que je tourne maintenant. Mais je travaille aussi sur Who Killed Captain Alex 2. J’ai déjà tourné quelques scènes. J’ai l’habitude de tourner deux ou trois films en même temps, pour ne pas être dans la monotonie », précise le réalisateur.Fausses armes et accessoires faits maisons, longues scènes d’actions explosives et de combats sanglants inspirés des films de Bruce Lee : la recette du succès wakaliwoodien n’a pas changé. L’objectif pour Isaac Nabwana : créer un nouveau genre pour son audience : « Moi et les gens de mon âge, on a grandi avec Schwarzenegger et d’autres. Nous n’avons jamais vu de films ougandais, ou même africains quand on était jeune. C'étaient toujours des films occidentaux. Ce qui m’est venu à l’esprit, c’est, pourquoi ne pourrait-on pas créer une nouvelle scène pour que, quand les enfants grandissent, ils puissent voir des acteurs qui leur ressemblent. »Dans les studios, les plus jeunes viennent désormais s’initier aux différentes techniques d’arts martiaux, dans l’espoir, eux aussi, de devenir des stars du grand écran ougandais.À lire aussiOuganda: Wakaliwood, le cinéma des bidonvilles de Kampala
8/29/20232 minutes, 17 seconds
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Centrafrique: les films d’art martiaux toujours très populaires dans les salles de Bangui [2/4]

En Centrafrique, ceux qui aiment le cinéma asiatique et qui ont grandi dans les années 70, 80 et 90 ont tous été bercés par les films d'arts martiaux. Cette attirance envers ces films se transmettent de génération en génération. De nos jours, beaucoup de jeunes centrafricains regardent les films d'arts martiaux à longueur de journée dans les « Dâ ti film » les « maisons de film » en français, des petites salles dans lesquelles on se retrouve autour d'une vidéo sur cassette VHS ou sur DVD. Découvrons les raisons de ce grand intérêt dans ce reportage de Rolf-Steve Domia-Leu.  De notre correspondant à Bangui,Dans la « maison de film » baptisé « Kung Fu » au quartier Fouh, il y a quelques adultes et beaucoup de jeunes, une cinquantaine de personnes en tout. Il est 14 heures précises et c'est l'heure où un film d'arts martiaux est projeté.Les téléspectateurs prennent place sur une trentaine de bancs de 4 mètres, alignés les uns derrières les autres en trois rangées. Adelphe est passionné des films d'arts martiaux :« Ces films sont très populaires parce qu'il y a des gestes attrayants et des actions sensationnelles que nous aimons. Les techniques de combats sont vraiment approfondies et bien pratiquées par des acteurs comme Jean-Claude Van Damme, Arnold Schwarzenegger, Jet Li pour ne citer que ceux-là. Moi-même, j'ai pratiqué les arts martiaux quand j'étais très jeune, donc c'est très bien de regarder ces films. »À écouter aussiCôte d'Ivoire: comment les films d'arts martiaux ont créé le mouvement Ziguéhi?Au premier rang, Allayam, 23 ans est entouré de ses camarades. Les yeux rivés sur l’écran situé à deux mètres, celui qui rêve de devenir policier, ne manque jamais les films d'arts martiaux :« J'aime beaucoup les films d'arts martiaux parce que je rêve de devenir policier. Quand on veut devenir policier, on doit maîtriser les tactiques qui relèvent de ces arts martiaux. Si un jour, dans l'exercice de notre travail, on se confronte à un bandit qui est plus colossal que nous, à travers ces techniques, on peut se défendre. Ces films éloignent de moi le stress, les ennuis et les mauvaises réalités de la vie. »Des films qui ont du succèsCes films sont projetés avec des DVD ou des cassettes. À chaque fois qu'il programme des films d'arts martiaux, Alain, propriétaire de cette salle, gagne beaucoup d'argent : « Quand je programme des films d'arts martiaux, ça marche très bien. Les gens adorent vraiment ce genre de films. Ils préfèrent les acteurs comme Jet Li, Nico, Van Damme et même ceux des anciens films d'arts martiaux. À force de regarder ces films, beaucoup de personnes se sont engagées dans le sport. Chaque jour, je programme six films d'arts martiaux et la salle est toujours remplie. »Ce genre de salle, on en compte un millier dans tous les quartiers de Bangui. Beaucoup de jeunes regardent ces films pour se forger un caractère et surtout d'avoir un équilibre psychologique et physique.
8/28/20232 minutes, 15 seconds
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Côte d'Ivoire: comment les films d'arts martiaux ont créé le mouvement Ziguéhi? [1/4]

Le mouvement ziguéhi naît dans les rues d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, dans les années 1980. Il s’inspire des films d'action popularisés à l'époque par Sylvester Stallone, Bruce Lee ou autre Jean-Claude van Damme. Beaucoup de jeunes urbains ivoiriens désœuvrés s'adonnent à la musculation et aux arts martiaux pour se faire un nom et « briller » dans la rue. Au fur et à mesure, des groupes s'organisent à la manière de gangs américains et se lancent dans des guerres de territoire. De notre envoyé spécial à Abidjan,C’est dans la commune de Treichville que l’association Ziguehi Force One s’est installée. Coincée entre le grand marché et le pont Charles de Gaulle, la petite salle de musculation est investie par des jeunes et moins jeunes, qui se relaient sur les machines en comparant leur biceps.À bientôt 50 ans, le secrétaire général adjoint Youssouf Sidibé, dit Baya, fait partie des premières générations de Ziguéhis. Il se souvient que c’est dans les années 80 qu’émergent les premiers groupes qui se livrent des guerres de territoire : « Les bagarres de rue, c’est par quartier, avec Treichville, Marcory, Abobo… Nous partions défier les gens qui étaient les plus forts de là-bas. On partait les défier. On s’est bagarrés avec des machettes, couteaux, tout ! On se battait souvent et d'autres "restaient dedans". Quand je dis "restaient dedans", c’est qu’il y avait mort d'homme. Un chef doit montrer qu'il est le chef. Quand on dit que telle personne, qui est là-bas, a la force, toi, tu dois aller le défier pour lui dire que c'est un enfant. Et une fois qu’il y a une victoire, c’est la joie. »« Nous sommes des hommes au grand cœur »Aujourd’hui père de famille, Baya est devenu entraîneur de rugby et de muay-thaï. Pendant son temps libre, il participe aux activités de l’association et vient faire de l’exercice dans la salle. Il y a aussi des athlètes, comme le jeune – mais massif – OB Champion, professionnel de powerlifting (force athlétique, en français). Il incarne la nouvelle génération de Ziguéhis, pour qui le culte du corps a remplacé la violence : « Il y a des Ziguéhis qui sont avocats, d’autres qui sont gendarmes. Le Ziguéhi n'est pas synonyme de banditisme. Il défend, il protège. Si tu ne fais pas ça, tu n’es pas un Ziguéhi, tu es un bandit, on doit te frapper. Nous sommes des hommes au grand cœur. »À lire aussiCôte d’Ivoire: le festival de Blockhaus, l'occasion d'initier les visiteurs à la culture atchanHistoriquement, le mouvement ziguéhi naît au tout début des années 1980. Après deux décennies d’un développement fulgurant, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise économique. Avec la hausse de la criminalité, des groupes d’autodéfense s’organisent dans les quartiers d’Abidjan. Dans le même temps, des salles de cinéma apparaissaient à travers le territoire. Les films d’action cartonnent et imprègnent l’imaginaire des jeunes.Un mouvement désormais intégré aux cultures urbainesSéverin Kouamé est sociologue à l’université de Bouaké : « C’était aussi une sorte de connexion au monde. Donc justement, on voyait ce qui se passait aux États-Unis avec les guerres de gangs. On voyait bien comment, par exemple, on construisait la masculinité, de la virilité et certaines compétences personnelles à travers les arts martiaux. Donc tous les Jacky Chan, les Bruce Lee, étaient les modèles de l'époque, et ces jeunes gens se sont construits à travers ces modèles-là. C'était une forme de culture urbaine qui s'enracinait malgré tout dans une forme de violence contestataire de l'ordre social. »De nos jours, le mouvement ziguéhi est considéré comme précurseur des cultures urbaines ivoiriennes. À tel point que les légendes et les mythes du phénomène sont célébrés bien au-delà des frontières du pays.À lire aussiMusiques: en Côte d'Ivoire, comment le rap local a supplanté un coupé-décalé en perte de vitesse
8/27/20232 minutes, 26 seconds
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Le takkball, un sport inventé en Côte d'Ivoire

Ce sport aérobic créé en 2022, inspiré du badminton, du tennis et et du tennis de table, a su séduire les établissements scolaires. Fort de 500 licenciés, la jeune fédération nationale de takkball, dirigée par son créateur, l’entrepreneur ivoirien Charles Abycé, espère conquérir toute la sous-région.
8/26/20232 minutes, 25 seconds
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Centrafrique: le trou de Maïgaro, lieu de culte à l'histoire atypique

Reportage Afrique nous emmène en Centrafrique, à la découverte du très impressionnant trou de Maïgaro (village situé à 7 kilomètres de Bouar dans la Nana-Mambéré), dans l’ouest du pays. La cavité fait la particularité de la région, avec son histoire atypique, fondée sur des pratiques ancestrales : selon les sages, cette fosse représente le tombeau de leurs ancêtres. Chaque année, les habitants de Bouar et des villages environnants y célèbrent des cultes, pour obtenir la faveur des ancêtres (afin d’éviter la sècheresse, la malédiction ou encore le mauvais sort).
8/25/20232 minutes, 3 seconds
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Centrafrique: le CICR au secours des groupements agricoles de la Nana-Mambéré

En Centrafrique, la situation de la sécurité alimentaire demeure inquiétante à la suite des violences armées. Le calendrier agricole est sévèrement perturbé ces cinq dernières années dans plusieurs préfectures. Ce qui ne favorise pas un meilleur rendement. Pour y faire face, le CICR vole au secours des groupements agricoles de la Nana-Mambéré, préfecture située dans l'ouest du pays, pour la multiplication des semences dans l'optique d'en avoir de bonnes qualités et favoriser une meilleure production pour lutter contre l'insécurité alimentaire. De notre correspondant à Bangui,Sous un ciel nuageux, la pluie se fait menaçante dans l'immense forêt du village Kpockté à 15 km dans l’est. Dans le sillage des pistes qui serpentent, on peut voir 12 hectares de terre irrigués. À perte de vue, des plantations de manioc.Chapeau de paille sur la tête, combinaison bleue, Albert Adamou, superviseur du groupement « Tabita » et ses membres nettoient les champs de manioc avec des machettes et des houes. « Ce sont des boutures qui totalisent seulement un an, mais comme vous voyez, elles dépassent déjà deux mètres », explique Albert Adamou. « Le manioc a beaucoup d’avantages. On peut obtenir des tubercules, faire des couscous de maniocs, des beignets et on peut même cuire les tubercules et on les mange directement. »« Le champ, c'est ma vie »En voiture, nous prenons la direction du village Zegonta à l'ouest. Un peu plus loin, au milieu des hautes herbes et sur des terrains accidentés, s'étendent sept hectares d’arachides, six hectares de maïs et cinq hectares de manioc. Ces plantations qui produiront des semences sont celles du groupement « Yong né her ».Deka Alice, 60 ans, est très motivée : « Tous les jours, je travaille ici. Le champ, c’est ma vie », assure-t-elle. « Dans notre groupement, on produit des variétés de maniocs, de maïs et d’arachide. Nous sommes déterminés de relever ce défi parce que notre pays a beaucoup souffert de l’insécurité alimentaire. »Des formations dispensées pour une meilleure productionTous les groupements ont bénéficié en amont d'une formation sur les techniques d'agriculture avant le semis. Pacifique Habonimana, du CICR, présente les statistiques de production annuelle.« Sur une superficie de 14 hectares seulement, on a pu produire jusqu'à 12 000 kilos de semences de maïs, 4 000 kilos de semences d'arachide. Tout cela a permis d'avoir auprès de ces groupements des revenus avoisinants les 17 millions [de francs CFA]. C'est vraiment très important pour ces communautés qui essaient d'avoir une activité génératrice de revenus tout en restant dans leur terroir pour produire des bonnes choses pour la population. »Après la récolte, le CICR va racheter ces semences pour les distribuer aux cultivateurs de la Nana-Mambéré et ceux des autres régions du pays.
8/24/20232 minutes, 16 seconds
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Kenya: les communautés Kipsigi et Talaï toujours en quête de réparations

Au Kenya, les communautés Kipsigi et Talaï, violemment chassées de leurs terres ancestrales par les colons britanniques dans les années 1940, réclament toujours justice. Il y a un an, des représentants de ces communautés déposaient une plainte gouvernement britannique devant la Cour européenne des droits de l’homme dans le but d’obtenir des excuses et des réparations, sans avancées pour le moment. Parmi les victimes et leurs descendants, les blessures sont pourtant toujours vives. De notre envoyée spéciale à Kericho,De sa maison, Elizabeth Chepkwony, 84 ans, aperçoit au loin les hauts plateaux fertiles qui l’ont vue naître et dont elle fut chassée une nuit avec ses parents par des colons britanniques. Elle avait 7 ans.« Ils ont tout brûlé : nos maisons, nos affaires… Ils avaient des armes à feu et des fouets », se souvient Elizabeth. « Ils ont battu mon père et ma mère sous mes yeux. Ils ont aussi tué tout notre bétail et j’ai été frappée pour avoir essayé de protéger une chèvre. Regardez, j’ai encore la trace », montre-t-elle.Sur ces terres fertiles ainsi accaparées au prix d’incendies, de meurtres et de viols, les colons ont planté du thé, toujours exporté aujourd’hui dans le monde entier par des multinationales britanniques. Elizabeth et sa famille, eux, ont été relégués comme des milliers d’autres dans ce qu’on appelait alors une « réserve autochtone ». Des terres peu cultivables.« Je ressens beaucoup d’amertume quand je pense aux terres de mes ancêtres. Cela me fait de la peine de voir qu’elles rapportent tant d’argent, mais que nous, nous n’en bénéficions absolument pas. Parfois, je retourne sur place et je pleure, car depuis qu’on nous en a chassé, nous vivons dans la pauvreté », se désole la vieille femme.« Les Britanniques essaient de fuir leurs responsabilités »Elizabeth fait partie des 150 000 victimes que représente l’avocat kenyan Joel Kimutai Bosek. C’est lui qui a porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme l’an dernier, sans résultat pour le moment. L’ONU a eu beau dénoncer en 2021 « l’échec » des autorités britanniques à affronter ses crimes coloniaux, l’avocat affirme que Londres continuer à les ignorer.« Les Britanniques essaient de fuir leurs responsabilités, mais nous disons aussi que le gouvernement britannique et les multinationales tirent profit de crimes et de violations des droits de l’homme depuis trop longtemps, et qu’ils doivent rendre des comptes », assène l’avocat.Les victimes pointent aussi la responsabilité du Kenya. Joel Kimeto est l’un des représentants de la communauté Kipsigi. Selon lui, Nairobi aurait dû rétrocéder ces terres à son peuple à l’indépendance du pays en 1963. « Les terres qui ont été spoliées représentent presque la moitié des terres kipsigis. Nous voulons que ces terres reviennent à leurs propriétaires légitimes », ajoute Joel Kimutai Bosek.« C’est une bombe à retardement », assure-t-il, car le ressentiment se transmet de génération en génération. En mai dernier, une centaine de jeunes ont été arrêtés pour avoir envahi des plantations de thés et incendié une partie des routes, des outils de productions.
8/24/20232 minutes, 21 seconds
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Diasporas africaines en Afrique [3/3]: en RDC, les Tanzaniens de Lubumbashi

La diaspora tanzanienne est l’une des plus importantes diasporas africaines basées à Lubumbashi, dans le sud de la RDC. La plupart des Tanzaniens vivant à Lubumbashi sont dans le petit commerce, la petite restauration et surtout dans le transport. Et pour renforcer les relations entre la Tanzanie et le sud de la RDC, il y a plus de deux ans, un consulat tanzanien a ouvert ses portes à Lubumbashi. Une compagnie aérienne et une autre routière permettent par ailleurs la liaison directe entre Lubumbashi et Dar es Salaam. De notre correspondante à Lubumbashi,Le Sekela Restaurant, avenue M’siri à Lubumbashi, est le lieu de rencontre de la communauté tanzanienne.Il est 10 heures du matin, quelques clients sont déjà attablés. Certains commandent de la soupe au poulet, un plat typiquement tanzanien. « Si tu veux un bon plat tanzanien avec tous les ingrédients de chez nous, c’est ici chez Mme Sekela. Cet endroit est unique dans la ville, il n’y en a pas deux comme ça », assure l'un deux.Les réticences des débutsLa propriétaire, Mme Sekela Mandela, a ouvert son restaurant il y a plus de dix ans. Le gros des aliments et des épices provient de son pays d’origine. « Au début, j’ai eu des difficultés, car les Congolais ne voulaient manger que du foufou alors que chez nous, l’aliment principal, c’est le riz, se souvient-elle. Mais là, ils sont devenus friands du riz, plus que les Tanzaniens ! Voilà, j’ai des clients aussi bien tanzaniens que congolais. »À écouter aussiDiasporas africaines en Afrique[1/3]: en Égypte, les Soudanaises du CaireBeby Manyanya, une jeune femme rencontrée au restaurant, vend divers articles en provenance de Tanzanie. Pour s’intégrer, elle a dû apprendre quelques mots de français.« Les relations sont parfois compliquées avec les Congolais qui ne sont jamais venus chez nous, ils nous traitent comme des personnes de basse classe, déplore-t-elle. Nous leur faisons comprendre que Tanzaniens et Congolais sont pareils. »Un lien économique entre Lubumbashi et Dar es SalaamÀ quelques kilomètres de là, au quartier Kisenvere, M. Chenza Habiri, un autre Tanzanien, travaille dans les transports. Son entreprise, Chenza Agri Congo, assure le convoi des marchandises entre son pays et la RDC, mais également autour de Lubumbashi.Les échanges économiques entre la Tanzanie et la RDC sont pour lui essentiels au développement de son activité. « Entre Lubumbashi et Dar es Salaam, notre capitale, les activités commerciales marchent bien, car le gros des marchandises qui inondent le marché de Lubumbashi transite par le port de Dar es Salaam, explique-t-il. Et le gouvernement tanzanien a ouvert ici à Lubumbashi la représentation du port. Donc un Congolais peut faire des opérations de dédouanement de sa marchandise sans avoir à se rendre physiquement à Dar es Salaam. »Malgré l’hospitalité de la RDC, la plupart de ces Tanzaniens retournent dans leur pays au moins deux fois par an, surtout en période de fêtes.À écouter aussiDiasporas africaines en Afrique [2/3]: en Côte d’Ivoire, les Guinéens d’Abidjan
8/22/20232 minutes, 15 seconds
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Diasporas africaines en Afrique [2/3]: en Côte d’Ivoire, les Guinéens d’Abidjan

Près de 3 millions de Guinéens vivent en Côte d’Ivoire, selon Kaba Sekou, le président du Haut Conseil de la diaspora section Côte d’Ivoire. Guinéens et Ivoiriens sont proches par la géographie, la langue, la culture et même la gastronomie. Reportage à Adjamé, l’un des quartiers de prédilection de la diaspora guinéenne d’Abidjan. Avec notre correspondante à Abidjan,Mariam Diallo vit en Côte d’Ivoire depuis 20 ans. Dans ce coin de rue d’Adjamé, au centre d’Abidjan, elle vend des plats bon marché qu’elle maintient au chaud sur son petit stand. Les Guinéens sont nombreux dans ce quartier populaire, raconte-t-elle, ainsi qu’à Yopougon et à Treichville. Leurs secteurs de prédilection ? Le commerce, la couture et surtout, la restauration. « Je me sens bien ici, les affaires vont bien. J’ai mon petit restaurant où je vends du riz, des sauces feuilles, du mafé. C’est de la cuisine guinéenne. Mais j’ai des clients ivoiriens, des clients guinéens, des clients nigériens… Tout ! »Les Ivoiriens associent le nom de « Diallo », l’un des plus répandus en Guinée, aux boutiquiers et surtout aux kiosquiers. Ils servent le matin du pain et du café, et toute la journée, des spaghettis, des rognons et des petits pois. Une tradition culinaire qui n’est ni totalement guinéenne, ni totalement ivoirienne, mais née précisément dans cette diaspora. Un symbole de l’intégration, se félicite Abdoulaye Sow, résident de Côte d’Ivoire depuis 1992, qui tient l’un de ces kiosques. « Les débuts étaient difficiles pour nous ici, les étrangers subissaient des tracasseries policières, mais les choses se sont améliorées et maintenant les Guinéens et les Ivoiriens vivent en bonne intelligence : "Sans problème". »Pendant les différentes crises politiques de Côte d’Ivoire, les Guinéens ont moins été ciblés que les autres ressortissants de la sous-région, comme les Burkinabés et des Maliens, explique Ahmadou Lamarana Diallo, 39 ans, commerçant et professeur de fulfulde à l'Académie ivoirienne des langues maternelles. En revanche, la Guinée n’est pas membre de l’Uemoa, et ses ressortissants peuvent parfois en pâtir. « La Guinée, c’est un pays voisin de la Côte d’Ivoire, mais d’une certaine manière, un peu éloigné. Appeler à Conakry, c’est plus cher qu’appeler au Niger. Les étudiants guinéens ici, qui sont hors Uemoa, nous payons parfois six fois plus cher que les Ivoiriens. Pour un master ici, il faudra débourser 400 000 francs CFA, tandis qu’un Ivoirien, c’est 60 000, et un Malien, c’est 100 000. Pour une licence, le Guinéen paie 300 000 et le Malien, 100 000. Nous souhaiterions que cela se règle. Il y a beaucoup de jeunes ici, qui ont le bac ivoirien, qui sont nés et ont grandi ici, ils ne peuvent pas continuer leurs études dans les institutions de l’enseignement supérieur public au même titre que leurs voisins maliens ou nigériens. »Les premiers Guinéens de Côte d’Ivoire étaient des intellectuels et des réfugiés politiques, raconte Ahmadou Lamarana Diallo, qui fuyaient le régime de Sékou Touré. Mais aujourd’hui, la plupart des membres de la diaspora s’y sont installés pour des raisons économiques. Ils rêvent de retourner finir leurs jours en Guinée, en laissant leurs enfants en Côte d’Ivoire, pour poursuivre leurs activités.À écouter aussiDiasporas africaines en Afrique: en Égypte, les Soudanaises du Caire [1/3]
8/21/20232 minutes, 13 seconds
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Diasporas africaines en Afrique[1/3]: en Égypte, les Soudanaises du Caire

280 000 personnes ont fui le conflit soudanais vers l'Égypte, selon les derniers chiffres communiqués par le Haut-Commissariat aux réfugiés. Beaucoup s'installent dans les quartiers en périphérie du Caire, en espèrant y trouver l'aide de leurs compatriotes arrivés là depuis des années. Parmi les réfugiés, une majorité de femmes, rentrées dans le pays, seules avec leurs enfants. Au nord de la mégapole, celles qui ont fui la guerre, il y a quelques semaines, se retrouvent dans un petit salon de beauté du quartier d'Aïn Shams. Quelques banquettes installées dans une petite pièce sans fenêtres, des accessoires de coiffure accrochés au mur, le modeste salon de beauté d’Aziza est devenu un point de repère pour ses compatriotes soudanaises. Elles se retrouvent entre « sœurs », et tentent d'oublier, le temps d'une coiffure ou d'un tatouage au henné, la douleur de la guerre et de la migration forcée.« Ici, c’est un salon soudanais, on fait du henné, des épilations, des coiffures rastas… à la soudanaise ! c’est mieux que n’importe quel autre travail, je me sens un peu comme au Soudan », explique Aziza l’esthéticienne qui dessine quelques fleurs au henné sur la cheville de Mariam, une jeune cliente.  Elle est arrivée en Égypte en juin après avoir fui la guerre au Soudan : « Le Soudan c’est comme ma mère, l’Égypte, disons que c’est une tante, mais je suis bien ici au salon, entre femmes, je fais du henné pour me sentir encore femme, oublier un peu les soucis et le stress. » Mais très vite, ses pensées vont à sa famille restée au pays : « Mes frères m’ont contactée hier de Khartoum, le réseau téléphonique est très mauvais et il y a d’importants raids aériens. Je suis là, mais mon cœur n’est pas serein, j’ai laissé mes parents et mes frères là-bas. »Le salon devient un lieu d’entraideLes clientes du salon sont toutes dans le même cas, arrivées ici, il y a quelques mois sans leur mari. Salma ne s’en sort plus financièrement : « Mon mari n’a pas obtenu de visa d’entrée, pour d’autres les passeports étaient coincés dans les bureaux fermés. J’ai six enfants avec moi ici, je veux leur offrir une belle vie, mais je n’ai pas d’argent. »Alors le salon devient un lieu d’entraide. Les plus anciennes aident les nouvelles, si elles entendent parler d’un emploi ou d’un hébergement : « Je viens ici pour retrouver mes sœurs », lance l'une d'elle. « Elle vient demander de l’aide pour trouver un appartement », explique une autre.À quelques rues du salon, Alnoor dirige l’association Dajo d’aide à la communauté soudanaise : « La majorité de nouveaux arrivants depuis le 15 avril, ce sont des femmes qui ont laissé leur mari au Soudan. Avant le conflit aussi d’ailleurs, ajoute Alnoor. Ces mères de famille étaient aidées par leurs familles restées au pays, mais il n’y a plus de travail là-bas à cause du conflit. Cette catégorie de femmes souffre beaucoup du tarissement des ressources financières. »Son association va prochainement proposer des formations dédiées aux femmes en propos des   cours d’anglais, d’informatique, de coiffure et de tatouage au henné.À lire aussiGuerre au Soudan: comment au 5e mois la situation est devenue désastreuse et l’aide internationale insuffisante
8/20/20232 minutes, 17 seconds
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De mystérieux massacres à Goré, sud du Tchad: colère et crainte d’une escalade [2/2]

Au printemps dernier, près d’une centaine de personnes ont trouvé la mort dans une mystérieuse série de massacres qui ont touché les régions méridionales du Tchad. Des groupes armés bien organisés, au méthodes particulièrement cruelles mais dont l’identité exacte reste incertaine, ont semé la terreur dans plusieurs villages. Tout a commencé par l’attaque d’un campement peul par un groupe de rebelles tchadiens basé en Centrafrique voisine. Le drame a déclenché un cycle de représailles qui ravivent les tensions entre les communautés ainsi que la défiance entre des populations locales envers les autorités. Suite de l’enquête de notre correspondant au Tchad. De notre correspondant au Tchad,Parmi les survivants du massacre de Don victimes d’une razzia menée par de mystérieux cavaliers parlant arabe ou peul, la colère gronde. Notamment contre les autorités locales parfois, propriétaires de bétail et qu’ils accusent d’armer les éleveurs pour protéger leurs troupeaux.Claudine Nkoutou : « Ils ont tué mon mari, mes enfants, mes neveux et mes petits-enfants, toute ma famille. Je n’ai plus rien, pas même une bâche pour me protéger de la pluie. J’aurais préféré qu’ils me tuent avec les autres plutôt que de vivre comme ça. "Je veux que tu portes ma voix pour que le monde sache ce que j’ai subi". Les autorités ne disent rien, elles ne se soucient même pas de notre cas. »Ils s’estiment persécutés pour des raisons politiques car la zone est réputée favorable à l’opposition : « Les coupables sont toujours en liberté, s’insurge Janvier Bogota, survivant de Don. C’est pourquoi nous accusons les autorités d’être de mèche avec les éleveurs pour nous massacrer. Ils nous tuent en disant que nous sommes des bandits et des rebelles, mais c’est faux. Nous ne sommes que des pauvres agriculteurs, devenus réfugiés ».Pour le préfet de la Nya Pendé, Abdelkerim Tahir, Les coupables seraient issus d’un groupe rebelle tchadien mu par des ambitions politiques : « C’est un scénario qui a été joué par ces bandits sans foi ni loi qui veulent gouverner ce pays. Ils veulent créer des troubles – soit disant le gouvernement ne peut pas vous protéger. Ces personnes veulent rendre le Tchad invivable et ingouvernable et ce sont les mêmes bandits qui ont tué les éleveurs et qui sont venus au village pour perpétrer ce massacre. »Crainte de conflits entre éleveursL’armée tchadienne est entrée en Centrafrique pour détruire un camp de rebelles après l’attaque d’un campement peul qui a fait des dizaines de morts, dont des vieillards et des enfants.Cette communauté vit aujourd’hui dans la crainte des représailles, comme nous explique Ali Moussa, chef de ferrick : « Nous n’avons rien à voir avec ça, mais nous sommes victimes. Ceux qui ont massacré à Don sont venus d’ailleurs. C’est absurde que nous nous entretuions comme ça. Nous sommes des Tchadiens, et tous les Tchadiens sont égaux. Qu’on arrête de dire que le Sud, c’est pour les sudistes et le Nord pour les nordistes, ça n’apportera rien de bon »Avec la fin de la saison des pluies et le début de la transhumance, les analystes craignent que les conflits entre éleveurs et agriculteurs ainsi que les échéances politiques au Tchad n’exacerbent les tensions. À écouter aussiDe mystérieux massacres à Goré, sud du Tchad: une attaque durant la messe [1/2]
8/19/20232 minutes, 15 seconds
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De mystérieux massacres à Goré, sud du Tchad: une attaque durant la messe [1/2]

Au printemps 2023, près d’une centaine de personnes ont trouvé la mort dans une mystérieuse série de massacres qui ont touché les régions méridionales du Tchad. Des groupes armés bien organisés, aux méthodes particulièrement cruelles, mais dont l’identité exacte reste incertaine, ont semé la terreur dans plusieurs villages. Tout a commencé par l’attaque d’un campement peul par un groupe de rebelles tchadiens basé en Centrafrique voisine. Le drame a déclenché un cycle de représailles qui ravivent les tensions entre les communautés ainsi que la défiance entre des populations locales envers les autorités. Enquête de notre correspondant au Tchad. Dans l'église des frères de Goré, le sermon porte sur l'apocalypse. Boram a déjà traversé l'enfer et ne peut retenir ses larmes lorsqu'il se remémore ce matin du 8 mai : « 5h, c'est l'heure où nous sommes déjà à l'église. On a entendu un coup de feu vers l'est au lever du soleil. Le village est inondé de tueurs et à notre surprise, les gens jonchés à terre. » L'église est alors prise d'assaut. « Le diacre a aussi pris les flèches et il est tombé pour être égorgé, raconte Boram. D'un coup de machette, ils lui ont coupé la main droite. On m'a crié de m'asseoir. Je sentais la mort venir vers moi. »Boram en réchappe de justesse. Les assaillants prennent la fuite à l'arrivée des militaires tchadiens. Il est réquisitionné pour enterrer les morts, « sur la place publique, à l'ombre d'un gros manguier, à creuser des fosses tout l’après-midi, jusqu’à la nuit ». Il a également noté leurs noms dans son carnet. « Ce carnet peut se nommer "le carnet rouge", c'est-à-dire le sang de toute la population qui a coulé. » ReprésaillesLes mystérieux cavaliers parlant arabe ou peul ont méthodiquement pillé le village et incendié de nombreuses cases. Ils seraient venus venger l'assassinat d'un riche propriétaire de bétail une semaine plus tôt. Le drame déclenche un cycle de représailles à travers la région, obligeant Ndjamena à déployer son armée pour sécuriser la zone. « Nous avons créé un nouveau poste pour faire les patrouilles tout au long de ce village et à la frontière, explique Abdelkarim Tahir, préfet de la Nem Pende. Nous avons cherché à aller en profondeur de la Centrafrique pour chercher ces bandits et les arrêter pour les traduire en justice. On a présenté à la presse tous ces bandits. »Des milliers de Tchadiens ont fui vers la Centrafrique, selon des sources humanitaires. D'autres ont trouvé refuge dans les camps du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Tchad.À lire aussiTchad: incompréhension dans le sud-ouest du pays où les violences se poursuivent
8/18/20232 minutes, 31 seconds
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Gabon: des barrières électriques pour éloigner les éléphants des plantations

Au Gabon, le conflit humain-éléphant dure depuis des années. Les éléphants s’approchent trop des villages, dévastent les champs, cassent des maisons, attaquant même parfois les habitants. Les populations concernées accusent les hommes politiques de protéger ces animaux au détriment des humains. Pour résoudre ce conflit, le gouvernement indemnise les victimes, et s’est lancé dans un vaste programme de construction de barrières électriques pour sécuriser les plantations des villageois. Sur la route de Cocobeach, dans le village Nouayon, certains ont déjà bénéficié de ces barrières. À lire aussiGabon: coup de filet dans un réseau de trafiquants d'ivoire
8/17/20232 minutes, 23 seconds
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Les séries télés qui ont fait le buzz [4/4]: la série marocaine «L'Maktoub»

Ce feuilleton diffusé depuis deux ans, juste après la rupture du jeûne, pendant le ramadan, a rassemblé près de 10 millions de téléspectateurs chaque soir. L’Maktoub (en français, « le destin ») raconte l’histoire de Hind, une jeune femme issue d’une famille populaire dont la maman est une Cheikha, des chanteuses et danseuses marocaines souvent vues comme des artistes aux mœurs légères, libres et honnies par la société. La jeune Hind croise le chemin d’un homme bourgeois et fortuné qui souhaite l’épouser, mais les enfants de ce dernier s’y opposent. La série a fait un carton au Maroc. De notre correspondante à Rabbat,Un Marocain sur quatre s’est pressé devant son petit écran dès les premières notes du générique de la série L’Maktoub, et cela, tous les soirs pendant les 30 jours du ramadan. Une histoire de famille, d’héritage, d’inceste, de coups bas et de vengeances entre des personnages issus de deux mondes aux antipodes. D’un côté une lignée bourgeoise et fortunée, de l'autre, une famille populaire et pauvre. C’est ce qui a retenu l’attention de Dounia et l’a poussée à regarder.« Ça fait partie des meilleures séries que j'ai regardées sur la télévision marocaine, explique la téléspectatrice. Mais au début, la population marocaine l'a critiquée parce qu'on ne dit pas Cheikha. Mais après, on a aimé l'histoire qui donnait une autre vision sur les Cheikha marocaines. Ça dit qu'elles ne sont pas de mauvaises femmes. »L’un des personnages centraux est celui de Halima, une Cheikha. C'est une danseuse et chanteuse populaire qui élève sa fille seule. Bien qu’elles fassent partie du patrimoine populaire marocain, les Cheikha souffrent d’une mauvaise réputation dans une société marocaine conservatrice qui attache à celles qui exercent ce métier une image de femmes aux mœurs légères travaillant dans des cabarets fréquentés par des hommes alcoolisés.L’actrice Meryem Zaïmi, qui joue le rôle de Batoul, l’une des principales rivales de l’héroïne de la série, sentait que le feuilleton allait réussir à parler aux téléspectateurs sans pour autant prédire un tel succès. « Quand on était en tournage, on s'attendait à ce que la série soit bien, mais on ne s'attendait pas à ce succès, raconte Meryem Zaïmi. C'est énorme ! La série L'Maktoub a vraiment cartonné, que ce soit pour la première saison ou pour la deuxième. Et aussi, ça a ouvert d'autres horizons dans la télé marocaine. »Pour le moment, l’équipe de la série ne garantit pas la réalisation d’une troisième saison, mais pour son réalisateur et ses acteurs, l’après L’Maktoub s’annonce prometteur.
8/16/20232 minutes, 7 seconds
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Les séries télés qui ont fait le buzz [3/4]: «Un homme à marier»

Qui, en Côte d'Ivoire, ne connaît pas Un homme à marier ? La série produite et incarnée par Konnie Touré suit les mésaventures amoureuses d'une femme trentenaire qui cherche à se marier. La première saison de 20 épisodes a été distribuée par TV d'Orange, puis par LifeTV et TV5 Monde. Outre son succès commercial en Côte d'Ivoire, elle était présente cette année en compétition au Fespaco. Reportage. De notre correspondante à Abidjan,« Je regarde ça souvent, soit à la maison, soit au travail ici. J'aime l'histoire de Konnie, et j'aime l'humour. » Adrienne Ama Appiah, employée dans un petit salon de coiffure aux Deux-Plateaux, est une fan inconditionnelle de la série Un homme à marier, qui passe souvent sur la télévision de la boutique. Son épisode préféré ? « Le fils à maman ».« Sa maman ne voulait pas que son fils soit avec [le personnage joué par] Konnie Touré, parce qu'elle aimait son fils, développe Adrienne. Si Konnie prenait son fils, elle allait perdre son fils. J'ai beaucoup aimé. Et puis ça faisait rire ! La manière dont elle se comportait avec son fils, tout ça, ça me faisait rire. »L'humour, principal ingrédient du succès de la sérieLe format est inspiré des télénovelas, avec des épisodes d'une demi-heure diffusés tous les jours. Mais le réalisateur Jean-Jules Porquet, également acteur dans la série, a voulu adapter le contenu aux attentes des téléspectateurs ivoiriens. En commençant par l'humour.« Les gens ici aiment bien rigoler, explique le réalisateur. On a tellement de problèmes, quand on rit, ça permet de déstresser un peu… Ce sont des stéréotypes. On joue là-dessus. C'est un peu ce qui se passe ici. On se base sur ce qu'il y a ici, et puis on développe. On pousse les personnages à fond, de telle sorte à faire rigoler les gens. »Les 20 épisodes portent chacun le nom d'un stéréotype masculin : « Le vendeur d'illusions », « Le gigolo », « Le playboy »... Le secret de sa réussite : un équilibre entre les références ivoiriennes et des thématiques universelles, comme l'injonction faite aux femmes de se marier jeunes.Un scénario « à l'Ivoirienne »« Ce film, on l'a fait à l'Ivoirienne, comme on dit, explique Nastou Traoré, second rôle et coscénariste de la série. Mais on a fait de sorte que ça puisse passer un peu partout. Tout le monde se sent concerné par la série, parce que c'est l'histoire de tout le monde… Même si tu ne l'as pas vécue, tu as une cousine ou une amie qui vit cette histoire. Donc ce sont des choses de tous les jours, de notre société et tout. Ce qui fait que facilement, les gens s'y retrouvent. C'est ça qui fait le succès de cette série ! »Après la première saison, Konnie Touré s'est mariée. Une seconde saison est désormais en préparation, et cette fois, les rôles seront inversés : ce sera au tour d'un protagoniste masculin de chercher « une femme à marier ».
8/15/20232 minutes, 40 seconds
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Les séries télés qui ont fait le buzz [2/4]: «Country Queen», une production kényane

Country Queen, une série kényane sortie en 2022, raconte l’histoire d’Akisa, une organisatrice d’évènements qui vit à Nairobi. Lorsque son père tombe malade, elle retourne dans son village natal. Elle le découvre déchiré entre ceux qui luttent contre l’exploitation de leurs terres par une compagnie minière et ceux qui veulent en tirer profit. Mêlant drames amoureux et familiaux, corruption et conflits fonciers, la série rend compte des multiples expériences de la vie au Kenya. De notre correspondante à Nairobi,« Voleurs, expropriateurs de terres. » Dès le premier épisode de Country Queen, le ton est donné. Un individu interrompt un évènement organisé par la compagnie minière, accusant l’entreprise d’avoir volé des terres. Quelques minutes plus tôt, les spectateurs découvraient un triangle amoureux. L’audience le comprend vite : Country Queen mélange drame et politique.« Les télénovelas sont très populaires au Kenya, explique Vincent Mbaya, le réalisateur de la série. L’idée, c'était d’attirer l’audience grâce à des éléments de "soap" pour ensuite amener des problématiques plus profondes. Une des premières choses que le téléspectateur découvre, c'est le triangle amoureux, ce qui le captive, puis, au fil des épisodes, la série évoque des sujets plus graves. C’était l’objectif voulu : toucher à plusieurs thèmes pour inciter l’audience à réfléchir. » Les six épisodes balaient de multiples thématiques : les conflits autour des terres, l’espoir d’une vie meilleure dans la capitale, la place des femmes dans la société, la corruption et surtout l’exploitation des plus pauvres par de grandes entreprises. À l’image d’une des scènes, dans laquelle un professeur à la retraite tente d’expliquer les théories de Karl Marx à des jeunes des rues. « Le capitalisme exploite les pauvres au profit des riches », dénonce l'enseignant, avant de définir la bourgeoisie et le prolétariat. « Que peut-on faire ? », s’interroge l’un des jeunes. « Rien, lui répond un autre. Si tu essaies de faire quelque chose, tu vas être battu par la police. »Les dialogues font alterner anglais, swahili ou kamba, une des multiples langues du Kenya. Car si la série est diffusée sur une plateforme internationale, elle a été pensée pour une audience kényane. « Nous nous sommes baladés dans plusieurs régions avec mon équipe et nous avons demandé aux habitants ce qu’ils voulaient regarder, explique Kamau wa Ndung’u, le producteur. Ils nous disaient "nous voulons plus d’histoires du pays". Car la plupart des productions télévisées sont en zone urbaine, tout est très glamour avec de grosses voitures, des grandes maisons... Les Kényans veulent des séries auxquelles ils peuvent s’identifier. Et les retours ont été vraiment positifs ! » Sur les réseaux sociaux, les fans s’impatientent : quand vont-ils pouvoir regarder la saison 2 ? L’histoire est déjà là, mais il faut trouver du budget, explique Kamau wa Ndung’u.► Country Queen, disponible sur Netflix au Kenya et sur Arte en France (titre français : Pour l’or de Tsilanga).
8/14/20232 minutes, 9 seconds
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Côte d'Ivoire: pour «Pâquinou», la ville de Daoukro célèbre la tradition et le partage

En Côte d’Ivoire, on célébrait tout ce week-end la fête de Pâques, surnommée « Pâquinou ». En marge de cette fête, à Daoukro, en pays baoulé, le Festival international de la culture et des arts de Daoukro (Ficad) est depuis 18 ans l’occasion de mettre l’accent sur les danses et mets traditionnels en voie de disparition. Pendant plusieurs jours, c’est un moment de retrouvailles.
4/9/20232 minutes, 21 seconds
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Sénégal: un centre de prise en charge d'enfants atteints de troubles de l'autisme et de trisomie

L’association Enfants Soleil a ouvert début mars un centre qui s'occupe d'enfants atteints de trouble du spectre de l’autisme, de trisomie 21 ou d’infirmité motrice cérébrale (IMC). Le centre de soins médicaux et paramédicaux offre des bilans psychomoteurs gratuits aux enfants et vise à les intégrer dans la société en faisant de la sensibilisation sur ces handicaps visibles ou invisibles, encore très stigmatisés au Sénégal. ► À lire aussi : Sénégal: la prise en charge des enfants des rues pendant la pandémie de coronavirus
4/8/20232 minutes, 20 seconds
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En Côte d’Ivoire, le processus de «certification» gagne les plantations d’hévéa

Afin de respecter les critères plus contraignants imposés par la législation européenne sur l’importation des matières premières, la certification - déjà très présente dans le cacao - pourrait se développer dans le secteur du caoutchouc ivoirien. L’ONG Forest Stewardship Council (FSC) a regroupé des acteurs du secteur à Grand-Bassam pour rappeler les grands principes de la certification FSC à l’aide d’un jeu de stratégie réaliste sur la chaîne de valeur.
4/7/20232 minutes, 22 seconds
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«220 logements», tranches de vies théâtrales sur fond de crises ivoiriennes

La pièce de théâtre intitulée 220 logements, produite par La Fabrique culturelle, est projeté ce soir et demain, à l’Institut français d’Abidjan. C’est une comédie musicale, qui décrit le quotidien d’un groupe d’habitants soudés, dans la commune d’Adjamé. Histoires d’amour, petites querelles. Le premier épisode se déroule de 1990 à 2000 et aborde les révoltes estudiantines et la mort du premier président Félix Houphouët Boigny. Le second épisode, que notre correspondante a suivi, suit le quotidien de ce petit groupe d’habitants, de 2000 à 2010. Une période marquée par plusieurs crises qui ont divisé le pays.  De notre correspondante à Abidjan, Autour du maquis Faro Faro de tonton Samy, les habitants de la cité « 220 logements » se retrouvent pour parler des nouvelles du pays. Ce soir-là, dans la nuit du 19 septembre 2002, une tentative de coup d’État éclate. Le pays est ensuite coupé en deux. Les habitants de cette petite cité racontent, à leur manière, les entraves vécues au quotidien.   Sylvain Baka joue le rôle du fonctionnaire. Généreux, il invite régulièrement ses voisins au maquis et conserve l’argent de son ministère chez lui. Car en temps de guerre, dit-il, les banques sont fermées.     « La guerre a fait des malheureux, mais lui, fonctionnaire qu'il était, tenait un bon poste. Il avait un budget, alors il s'est dit qu'il profite de cette situation pour garder le budget des constructions des hôpital, des écoles, que ce n’est pas lui qui a provoqué la guerre. Donc il s'est dit qu'il est “un dommage collatéral”, comme bien d'autres », explique Sylvain Baka. Lumière sur les difficultés du quotidien Pour Chantal Djédjé, auteure de cette pièce, il était important de mettre en avant les difficultés les habitants. « J'ai pris des événements qui impactaient directement sur la population, l'individu dans son quartier par exemple. La pénurie de nourriture, ça, on l'a vécu, plus de médicaments également dans les pharmacies... Donc mon choix a été guidé par ça : qu'est-ce qui a impacté directement sur la vie des gens au quotidien ? », explique-t-elle. Le rôle de la presse Tensions politiques, rejet de la présence française, scandale écologique, crise post-électorale en 2010… pendant près de deux heures, cette pièce montre comment une cité est totalement bouleversée par tous ces événements. Avec un outil, qui rythme l’histoire : les titres des journaux.  « La presse a joué un rôle très important dans la crise de 2000 à 2010, sur les informations sur la façon de traiter ces informations là et la psychose que ces informations ont créé », rappelle Souleymane Sow, le metteur en scène de cette pièce. « Donc c'était une histoire de la guerre aux informations. Elles étaient traitées en fonction de ce qui arrangé chaque partie, sachant que chaque journaux avait été lié à un parti politique bien précis. » 220 logements se referme sur une note d’espoir : celle d’une nouvelle période marquée par la reprise des activités et la question de la réconciliation.   
4/7/20232 minutes, 31 seconds
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Soudan du Sud: à Juba, le Centre pour la jeunesse menacé de disparition

Lieu historique et unique en son genre à Juba, le Centre pour la jeunesse et le développement social (Youth Centre for Social Development) a été construit en 1972, à la fin de la première guerre civile soudanaise. Mais les autorités ont récemment alloué près d'un tiers de l’espace à un entrepreneur privé pour la construction d'un nouveau complexe sportif, inauguré le 21 mars. Une nouvelle réalité qui témoigne de la menace grandissante de privatisation des espaces publics dédiés à la jeunesse dans la capitale du Soudan du Sud. De notre correspondante à Juba, Comme tous les jours en fin d’après-midi, les kickboxeurs, garçons et filles, sont venus s’entraîner. Leur coach Puro Okello Obob est un ancien professionnel. Il est convaincu du pouvoir du sport pour « dépasser le tribalisme et les divisions sociales », et donne des cours au Centre pour la jeunesse bénévolement depuis 2009 : « Vous ne pouvez pas faire de développement communautaire sans le sport. Le sport, c’est le meilleur terrain pour unir les gens », assure-t-il. En lieu et place du grand espace ouvert faisant face au préau dédié au kickboxing, un haut mur se dresse désormais, restreignant l’accès au nouveau complexe sportif. L’entraîneur ne cache pas sa déception : « Je suis totalement opposé à ce projet, parce que vous ne pouvez pas construire un mur d’enceinte à l’intérieur d’une structure existante. Cela n’a aucun sens ! », s'emporte Puro Okello Obob. « Ce lieu est ouvert à tous les jeunes, il a été construit pour unir les Sud-Soudanais revenant de la guerre. Et maintenant, le centre est divisé en deux ! » « Ce projet n'a rien à voir avec nous » Mawa Moses, un haltérophile habitué du Centre, est lui aussi opposé à la nouvelle structure : « Ce projet n’a rien à voir avec nous. C’est un terrain de foot commercial. Il faut payer pour y accéder. Nous, nous proposons des entraînements gratuits : la salle de sport, les cours de boxe, de kickboxing, de taekwondo et de karaté, tout est entièrement gratuit », dit-il. Le nouveau complexe sportif prive de fait le quartier d’un grand espace où mariages, festivals, performances de danses traditionnelles pouvaient avoir lieu. Stephen Ochalla, fondateur du groupe de musique et de danse Orupaap basé au sein du Centre pour la jeunesse depuis 2011, ne cache pas son amertume : « L’espace est maintenant réduit. Avant, jusqu’à 3 000 personnes pouvaient venir passer du bon temps ici, pour des expositions, des festivals, des danses traditionnelles… Mais tout ça maintenant, c’est fini... », souffle-t-il. L'inquiétude de voir le centre entièrement disparaitre Ketty Luka, une danseuse du groupe Orupaap, s’inquiète de l’avenir : « J’ai peur qu’à l’avenir, ils occupent tout l’espace du centre. Ce serait terrible. J’espère que cela n’arrivera pas. Car cela signerait l’arrêt de toutes les animations, et ce centre est le seul dans tout Juba à proposer ces activités. » Les autorités de l’État d’Equatoria Central, qui sont en charge du Centre pour la jeunesse, n’ont pas répondu à nos questions.
4/4/20232 minutes, 15 seconds
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Maroc: à la découverte du patrimoine architectural et culturel des quartiers historiques

La balade guidée se déroule de nuit à l’occasion de la troisième édition des Nocturnes du patrimoine de Casablanca organisées par l’association Casamémoire, qui milite pour la préservation du patrimoine architectural de la ville depuis 1995. Une expérience conviviale et culturelle qui permet aux participants de découvrir ou de redécouvrir la ville et ses ambiances un soir de ramadan.
4/3/20232 minutes, 21 seconds
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Au Rwanda, des réfugiés burundais partagés entre l'espoir et la crainte du retour au pays

Au Rwanda, le programme de rapatriement volontaire des réfugiés burundais suit son cours, quatre ans après sa mise en place. Mais un certain nombre d'entre eux s'inquiètent toujours de la situation sécuritaire dans leur pays. Reportage dans le camp de réfugiés de Mahama, le plus grand au Rwanda, dans le sud-est du pays. De notre envoyée spéciale, Dans sa petite maison au centre de Mahama, Geoffrey passe ses derniers jours dans le camp de réfugiés. Après huit ans d’exil, depuis la crise électorale de 2015 au Burundi, le jeune homme s’est inscrit pour le prochain convoi de rapatriement volontaire. « Je n'ai pas peur. Ce qui est nécessaire, c’est de revoir ma famille. Quelle que soit la situation là-bas, le plus important est de rester concentré sur ma famille que je n'ai pas pu voir pendant huit ans. Les malheurs existent. Même ici, on peut avoir des accidents. On doit croire que tout ira bien là-bas », espère Geoffrey. Quelques jours plus tard, le jeune Burundais est parti, avec une centaine d’autres réfugiés, dans le premier bus de rapatriement de l’année. Des rapatriements organisés au Rwanda depuis 2019, au début presque toutes les semaines avec plus de 30 000 retours, mais qui se sont largement réduits depuis. La peur du retour au pays En 2022, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, moins de 1 000 Burundais exilés au Rwanda sont repartis dans leur pays natal. Anita, résidente du camp de Mahama craint encore de rentrer : « J’ai une fille âgée de 8 ans. Elle ne connaît même pas l’image de son père resté au Burundi, car elle était trop petite quand on est arrivé ici. Pour moi, je ne peux même pas penser à repartir au Burundi. Je ne peux pas y retourner. J’ai décidé que je vivrai n’importe où le HCR m'enverra ». Une délégation du gouvernement burundais s’est rendue dans le camp en décembre dernier afin de convaincre leurs ressortissants de revenir au Burundi. Mais pour Pierre Niyiragira, secrétaire du comité des réfugiés de Mahama, les conditions ne sont pas encore réunies pour un retour apaisé : « Presque tous les réfugiés qui sont ici dans ce camp ne pensent pas que la raison de leur départ soit réglée dans leur pays natal. Ce sont des réfugiés qui ne se sentent pas encore à l’aise, qui ont toujours peur de retourner dans leur pays parce que ce qui les a fait fuir est encore là ». Selon le HCR, plus de 50 000 réfugiés burundais vivent encore au Rwanda.  ► À lire aussi : Burundi: les «putschistes» réfugiés à Kigali restent une épine dans les relations avec le Rwanda
4/2/20232 minutes, 16 seconds
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Les contes, sauvegarde du patrimoine oral au Sénégal

Au Sénégal, les contes et les histoires sont une richesse, qui se transmet de génération en génération, sous l’arbre à palabres ou dans les cours des maisons. Mais l’espace et le temps accordés aux contes se sont faits de plus en plus rares, leur existence a même semblé être menacée, il y a quelques années. Mais à Dakar, une structure se bat pour conserver ces histoires. De notre correspondante à Dakar, Calebasse à la main, la conteuse Oumy l’africaine est venue interpréter un conte sur le mariage forcé devant une centaine d’enfants. Elle est l’un des visages d’une jeune génération de griots. Pour sa consœur Yacine, ces histoires sont essentielles pour véhiculer des valeurs morales. « Toujours s'entraider, cultiver la solidarité, avoir de la patience, ne pas être jaloux, cultiver toujours la paix intérieure en soi », énumère-t-elle. Comme Oumy et Yacine, Moussa Kalamou était comédien avant de passer au conte. Mais le goût était là depuis longtemps. « Moi, j'aime le conte depuis que je suis petit. J’ai été élevé par ma grand-mère, c'est elle qui me racontait les histoires, j’ai grandi avec ça. En devenant artiste-comédien, je me suis dit “mais, attends, moi, j'ai quelque chose en moi ! » ► À lire aussi : «Contes populaires africains réinventés»: Netflix met six jeunes réalisateurs du continent en avant C’est la maison de l’oralité Kër Leyti de Dakar qui organise la représentation du jour. La structure qui existe depuis 2009 est très active : ses membres parcourent le pays pour récolter des contes. Mais leur rôle va plus loin. « C'est d'abord un travail de sensibilisation des communautés sur l'intérêt de sauvegarder ce qui reste en tant qu'élément du patrimoine immatériel avant que les possédants ne disparaissent du fait de leur âge », explique le professeur Massamba Gueye, créateur de Kër Leyti. Les contes sont enregistrés dans toutes les langues à l’aide de smartphone ou d’enregistreurs, et la mission continue de retour à Dakar. « Une fois que nous avons collecté ces contes-là, créer des podcasts, aller amener ces contes sur les réseaux sociaux pour permettre au public jeune d'en bénéficier », poursuit-il. La maison de l’oralité édite aussi des livres de contes illustrés et propose des formations pour les apprentis conteurs. Oumy en a suivi une : « J'ai été là-bas. On a des résidences pour bien apprendre le conte, après c'est ça qui m'a poussé à bien intégrer dans le métier du conte. Il faut apprendre à le faire parce que ce n'est pas un métier comme les autres métiers. » Pour que ce patrimoine oral continue à traverser les générations, le professeur Massène Sène, sémiologue, plaide pour que le conte ait sa place à l’école : « La transmission ne pourra être facile qu'avec les programmes scolaires. Il faut que les curriculars fassent de la place aux contes au même titre que les romans, que la poésie, c'est aussi simple que ça. C'est de la production littéraire. » Les enfants ce jour-là semblent déjà conquis.  ► Écouter le podcast : L'Afrique en contes
4/1/20232 minutes, 20 seconds
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En Afrique du Sud, de petits insectes contre le fléau de la jacinthe d'eau

Si ses fleurs violettes peuvent être agréables à l’œil, il ne faut pas s’y tromper : la jacinthe d’eau, plante invasive dans de nombreux pays et notamment en Afrique, est devenu un fléau des cours d’eau et des lacs. Certains pays tentent d’en tirer parti, en la transformant pour la valoriser, mais en Afrique du Sud, on parie sur un petit insecte pour tenter d’empêcher sa propagation. De notre correspondante, Julie Coetzee fait face à un tapis de plantes vert fougère qui recouvre une partie du lac d’Hartbeespoort. Dès que les températures remontent, la jacinthe d’eau se propage à la surface. Originaire d’Amérique latine, sa croissance très rapide la rend difficile à contrôler et à éradiquer. Un problème pour les activités touristiques, mais aussi pour l’écosystème, selon cette chercheuse du Centre pour le biocontrôle de l’université de Rhodes : « Les oiseaux ne peuvent pas accéder aux poissons. De plus, comme la lumière ne pénètre pas, les phytoplanctons, qui produisent de l’oxygène, ne peuvent pas le faire correctement. Donc on obtient un plan d’eau sans vie ». La jacinthe d’eau a fait son apparition dans les années 60 sur cette retenue artificielle. Les pouvoirs publics ont d’abord mis l’accent sur les herbicides pour la contrôler, mais cette stratégie a été arrêtée en 2017, pour désormais miser sur des insectes, qui, en Amérique latine, se nourrissaient de cette plante. Une intervention faite avec beaucoup de précautions, selon Julie Coetzee : « Nous devons d’abord tester ces insectes, de façon isolée, pour s’assurer qu’ils sont bien spécifiques à leur hôte : c’est-à-dire qu’ils peuvent se nourrir et compléter leur cycle de vie uniquement grâce à la plante visée ». La méthode, déjà testée aux États-Unis, consiste à introduire, entre autres, un petit insecte de la famille des Delphacidae à chaque printemps. Un adversaire redoutable pour cette plante invasive, selon la chercheuse Rosali Smith : « Voici les adultes, qui sautent un peu partout, ils font environ 2,5 millimètres. Ils vont aspirer toute l’eau sucrée que la jacinthe produit. Au printemps, les graines germent et la plante qui occupait 5% du lac va se déployer sur 40%. Nous relâchons alors les insectes responsables du biocontrôle, et on observe en général qu’ils réduisent à nouveau le taux d’occupation de la jacinthe à 5% ». Et pour que suffisamment d’insectes soient réintroduits chaque année, des riverains mettent la main à la pâte, en hébergeant sur leur propriété de petites serres d’élevage de Delphacidae, à l’image de Dries Botha, directeur des opérations d’un complexe résidentiel en bord du lac : « Au début, cette méthode nous semblait étrange, car on était habitué à l'ancienne façon de faire avec des herbicides, mais désormais, je suis l’ami de ces insectes, j’ai été convaincu ». Cependant, les chercheurs préviennent que ces insectes ne traitent que l’un des symptômes de la pollution des eaux, et des plantes invasives continueront à se développer tant que ce problème ne sera pas réglé.
3/31/20232 minutes, 19 seconds
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En Guinée, opération sauvetage pour la maison de Miriam Makeba

Érigée au sommet d’une colline du Fouta Djalon, la villa de Miriam Makeba domine Dalaba. Un collectif voudrait aujourd’hui sauver l’héritage de la chanteuse sud-africaine à Dalaba. La villa pourrait être rénovée.  « Ce tableau a été offert à Sekou Touré qui l’a offert à Myriam Makeba ». Très attentif aux explications de son guide, l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Lekoa Solly Mollo, découvre, avec émotion, la maison de Miriam Makeba, construite sur le modèle de la case traditionnelle. « C’est un sentiment partagé à cause de l’état de ce bâtiment. Si l’on considère l’icône, l’héroïne qu’elle a été, l’importance de sa contribution pour l’humanité, que l’on voit à quel point on a été négligent et on l’a vite oubliée, tout cela nous donne un sentiment de culpabilité », confie-t-il. C’est ici que la chanteuse sud-africaine avait choisi de résider durant son exil en Guinée, entre 1969 et 1985. À l’époque, son activisme politique dérangeait en Occident. Engagée contre le racisme et l’apartheid, elle avait trouvé refuge au pays de Sékou Touré, ce compagnon de la révolution. La villa a été presque abandonnée depuis la mort de la chanteuse en 2008. Seuls les habitants se sont occupés de l’endroit, avec leurs moyens limités. Le 31 décembre était organisée une visite avec les autorités locales. « Je me sens vraiment triste. Mais je me sens aussi nostalgique et reconnecté à elle ici », explique Lekoa Solly Mollo. Un magnétisme puissant se dégage de ce lieu où les meubles tombent en poussière, grignotés par les termites, mais où rien n'a réellement changé.  ► À lire ou à écouter : Viva "Mama Afrika"! « Voir ce bijou valorisé » Un collectif vient d’être créé pour rénover la villa. « C’est un grand collectif, c’est vraiment un grand ensemble, ce sont les habitants de Dalaba, c’est l’ambassade de l’Afrique du Sud, c’est la fondation Miriam Makeba. Il y a un intérêt à voir ce bijou valorisé, il y a vraiment un intérêt patrimonial et touristique », souligne Fadia Diallo qui est architecte. « Au sein du collectif d’architectes, on est sur les études de restauration. On estime que ce n’est pas si alarmant que ça l’état de dégradation de la structure, ça tient encore ! », estime Fadi Diallo. À côté de lui, le gardien des lieux, Oumar Telli Diallo, 76 ans : « Elle était très sociable et à chaque fois qu’elle faisait des tournées à l’international, quand elle revenait, elle mobilisait tout le monde. Il y a même des gens des villages environnants qui venaient. Elle organisait des festins et parfois, elle revenait avec des présents. » ► À lire ou à écouter : Miriam Makeba, la «Mama Africa» qui passait d'une langue à l'autre
3/30/20232 minutes, 45 seconds
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Dix ans après, Maurice se souvient des pires inondations de son histoire

Habituée aux cyclones, Maurice doit désormais s’attendre à subir aussi des inondations, de plus en plus fréquentes dans l’île. Un événement symbolise l’apparition de ce nouveau phénomène provoqué par le réchauffement climatique. C’était il y a dix ans jour pour jour : le samedi 30 mars 2013, des inondations subites et violentes submergeaient une partie de la capitale, Port-Louis, engendrant la mort de onze personnes. L’île a tiré les leçons de ce douloureux épisode, en entreprenant depuis cette date de grands travaux d’évacuation de l’eau pluviale. De notre correspondant à Port-Louis, Ce samedi après-midi du 30 mars 2013, l’attention de cet habitant de Canal Dayot, Port-Louis, est attirée par une pluie violente accompagnée d’un grondement inhabituel. Bouck Pillay Vithylingum est pris de court par une crue subite du ruisseau qui traverse son quartier. « On dirait qu'à ce moment-là, l’eau était très en colère. Elle faisait un bruit et on entendait les rochers qui roulaient et secouaient les branches », se souvient-il. « Entre-temps, la montée des eaux. C'est arrivé là, à hauteur de presque deux mètres de haut ; bien plus, trois mètres ! » Ce photographe de presse de 78 ans, a assisté impuissant au déferlement de l’eau dans sa demeure et à la destruction de ses archives vieilles de quatre décennies. Bien que le ruisseau ait été agrandi, Bouck Pillay Vithylingum et ses voisins peinent à chasser leur mauvais souvenir. « Ils savent le danger qui guette les habitants. Ils sont sur le qui-vive malgré les travaux, en période de pluie toute la nuit, ils surveillent la rivière. » Des travaux en cours depuis dix ans Ailleurs dans le centre d’affaires de la capitale, également traumatisé par les inondations du 30 mars 2013, la mairie mène depuis dix ans de grands travaux de restauration des ruisseaux et des drains. Elle a aussi revu sa politique d’assainissement. « Le nettoyage se fait quasi quotidiennement avec l'arrivée des grosses pluies. Et puis nous avons sensibilisé les habitants afin qu'ils ne jettent plus les ordures dans les drains », explique Nahida Peerbaccus, cheffe inspectrice à la mairie de Port-Louis. Dans son plan anti-inondation, la mairie de Port-Louis s’attèle désormais à la partie la plus sensible des travaux. Le lord-maire, Mahfouz Moussa Cadersaib, annonce la démolition de certaines infrastructures privées et publiques. « On va procéder avec la démolition des structures qui se trouvent sur le ruisseau du Pouce. Là, pour l'instant, il y a cinq places qui sont concernées, on va démolir la première la semaine prochaine. Les travaux vont démarrer. » Sur la liste de démolition à entreprendre au cœur de la capitale, un fast-food d’une chaine internationale, des échoppes et des aires de stationnement construits sur des passages naturels des eaux pluviales.
3/29/20232 minutes, 1 second
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Guinée: le développement urbain menace les forêts classées de Labé

La Guinée dispose de nombreuses forêts classées qui datent le plus souvent de la période coloniale. Dès cette époque, il y avait eu une prise de conscience face à la dégradation du milieu naturel. Au Fouta-Djalon, dans cette région du centre du pays, les zones boisées se font rares désormais. Certaines se sont retrouvées, sous l’effet de l’étalement urbain, au cœur des villes. La préfecture de Labé est particulièrement concernée. Son chef-lieu est une ville moyenne dont le développement menace aujourd’hui d’engloutir des pans entiers de végétation.
3/29/20232 minutes, 12 seconds
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Madagascar: dans le sud-est du pays, la malnutrition aigüe frappe à l'abri des regards

Les populations de ces régions enclavées de l’île, abandonnées par les pouvoirs publics, subissent depuis un an une double peine : en l’espace d’une année, trois cyclones intenses (Batsirai, Emnati, Freddy) ont atterri dans leur zone, détruisant maisons et moyens de subsistance. 60 à 90% des superficies dédiées aux cultures vivrières et de rente ont été endommagées. Conséquence : les humanitaires estiment qu’un quart de la population du Sud-Est connaît actuellement une insécurité alimentaire aiguë. En d’autres termes, la vie de ces personnes est en péril parce qu’elles ne sont pas en mesure de s'alimenter correctement. 15 jours après le passage du cyclone Freddy, notre correspondante s’est rendue à l’hôpital du chef-lieu de la région Vatovavy, à Mananjary, où des enfants faméliques ont été admis en soins intensifs. De notre correspondante de retour de Mananjary, Dans une chambre de l’hôpital de Mananjary, trois bébés et leurs mamans. Dans les bras de sa mère, la minuscule Soaravo gémit. Pesant à peine 2 kilos, l’enfant ressemble à une prématurée. Pourtant, quand on demande son âge à Iavosoa, sa maman, elle nous révèle que la petite vient en fait d’avoir 10 mois. L’enfant est en situation de malnutrition aigüe sévère. Son pronostic vital est engagé. À son âge, son poids devrait être 4 à 6 fois plus élevé. Ces enfants sont ici depuis cinq jours. Ils ont été découverts à une cinquantaine de kilomètres de Mananjary, par l’équipe de Médecins du Monde, que coordonne Joachin Noterdaeme. « Ce sont des enfants qu’on a ramenés de notre exploration sur la RN 11, partie à l’ouest de Mahaela, Ambohitsara, qui est une zone très enclavée, très difficile d’accès », explique-t-il. « On est parti faire l’évaluation de cinq communes et des centres de santé, et on a rencontré ces cas de malnutrition aigüe sévère, qu’on a ramenés avec nous pour être pris en charge, ici au Créni, le Centre de réhabilitation et d’éducation nutritionnel intensif, un centre pour les enfants malnutris aigus, sévères, avec complications. Les centres de santé qu’on a visités sur le terrain n’étaient pas en capacité de faire une prise en charge, même si les complications ne sont pas forcément très graves pour ces cas-là, donc on a préféré les ramener ici à Mananjary. » ► À lire aussi : Madagascar: opération de lutte contre la malnutrition « La partie émergée de l'iceberg » Ici, les enfants et leur parent sont pris en charge par plusieurs ONG humanitaires, qui œuvrent en collaboration avec le ministère de la Santé. La petite Soaravo va rester deux mois en soins intensifs le temps de reprendre du poids. « Pourquoi ma fille est dans cet état ? Parce qu’on n’a pas assez de nourriture, là où on habite. J’ai eu la dysenterie. Je n’avais presque plus de lait, j’étais exténuée. Étant seule, sans parents ni mari, je n’ai pas pu me soigner. Et elle est tombée malade à son tour. Puis est arrivé le cyclone qui a ravagé notre hameau et détruit entièrement notre maison », explique Iavosoa, sa mère. ► À écouter aussi : Madagascar: retour à Ankilimarovahatsy, où la famine a tué neuf habitants entre juin et août 2020 Ces enfants, accueillis au centre, ne seraient que « la partie émergée de l’iceberg » affirment des médecins de l’hôpital. « En brousse, la situation nutritionnelle est catastrophique. Et même en ville, les cas inquiétants se multiplient » chuchotent-ils hors micro. L’ordre leur a été donné de ne pas en parler. Difficile pourtant de cacher la réalité. « C’est une situation d’urgence nutritionnelle, clairement », explique sans détours Jean-François Basse, le représentant de l’Unicef à Madagascar. « Nous avons vu que dernièrement les rapports sont de plus en plus alarmants, notamment sur la partie que nous venons de visiter, sur Ikongo. Mananjary et Manakara, toutes ces localités font aussi partie des zones où nous avons une urgence nutritionnelle. Nos équipes sont sur le terrain pour essayer de répondre à ces besoins-là. Mais il y a des insuffisances partout, honnêtement, il faut le reconnaître », souligne Jean-François Basse. Une situation alimentaire extrêmement inquiétante dans cette partie du Sud-Est qui conduit de plus en plus de familles désespérées, comme ont pu le confirmer nos confrères de France 24 dans leur récent reportage, à mettre en vente leurs enfants.
3/26/20232 minutes, 22 seconds
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Tunisie: une messe avec les migrants à Tunis pour apporter de l'apaisement

En Tunisie, les violences et les arrestations contre les migrants subsahariens ont diminué, un mois après les propos polémiques du président Kaïs Saïed. Après un retour au calme relatif, ceux qui ont choisi de rester en Tunisie tentent de reprendre leurs habitudes, malgré leurs conditions de vie précaires. La messe du dimanche, pour une partie de la communauté migrante catholique, apporte un apaisement. Du fait du modus vivendi entre l’Église et l’État en vigueur dans le pays depuis l’indépendance, les représentants cléricaux ne peuvent pas intervenir dans la politique, mais ils tentent d’aider comme ils peuvent les paroissiens en situation de détresse. De notre correspondante à Tunis, À l’église Saint-Cyprien de Carthage, Prisca Barachi, 23 ans, étudiante congolaise, savoure la messe du dimanche 19 mars, trois semaines après les propos du président Kaïs Saïed. Comme d’autres migrants subsahariens, elle a eu peur, face aux témoignages d’agressions et aux nouvelles de rapatriement de nombreux migrants dans leurs pays. « Venir à l’église, ça nous a permis de nous retrouver en communauté, de voir les autres et de savoir que ça va, que je peux compter sur des gens », explique Prisca Barachi. Justine, Ivoirienne de 40 ans, installée depuis dix ans en Tunisie, mais sans carte de séjour, n’a pas été expulsée de chez elle, car elle avait un contrat de location, mais elle a ressenti le changement dans le regard des gens. « Ça m’a cassé le moral franchement », souffle-t-elle. Justine n’est pas venue assister à la messe pendant deux semaines, par peur de se faire agresser en chemin. « On a dit “Dieu est partout”, donc on a écouté les messes en ligne, tranquille. C’est la première fois que je reviens après les évènements quoi. Le temps de laisser les choses se calmer, comme ça on sort plus librement quoi », ajoute-t-elle. À la question de savoir si cela lui a fait du bien de revenir, Justine répond : « Oui, ça nous a fait du bien, parce qu’en tant qu’enfant de Dieu, c’est la Bible, la parole de Dieu qui nous rend fort en fait. » Le temps de l'apaisement Pour le père Jawad, qui a officié la messe, le temps est à l’apaisement, surtout avec le début du mois de ramadan, une période de solidarité. « Il n’y a pas eu que de mauvaises choses. Il y a des Tunisiens qui étaient aussi très proches de nous, qui nous ont conseillés qui nous ont aidés. Il y a eu beaucoup de solidarité aussi », tient à signaler l'homme d'Église. À la cathédrale Saint-Paul, dans le centre-ville de Tunis, une grande partie de la communauté subsaharienne est également revenue. Un bon signe pour le père Sylvio qui dit compter entre 300 et 400 paroissiens subsahariens réguliers. « On a eu beaucoup de paroissiens qui ont subi des violences, bien-sûr et puis je me suis rendu dans les maisons où ils habitaient et j’ai vu de mes propres yeux tout ce qui leur était arrivé », déclare-t-il. Le père Sylvio tente de sensibiliser sur la problématique migratoire en Tunisie. « Là, nous avons aussi entamé des contacts avec des diocèses en Afrique pour expliquer la réalité. Leurs curés ou leurs évêques pourraient leur dire “sachez que là-bas, ce n’est pas un paradis non plus” », explique-t-il. Pour la fin de la période du carême, le père Sylvio va mettre à contribution les fidèles de la cathédrale pour aider les migrants qui sont encore dans une situation précaire face à la perte de leur logement ou de leur travail.
3/25/20232 minutes, 20 seconds
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Rwanda: la technologie pour adapter les pratiques agricoles face aux sécheresses

Face au problème de l’irrigation, certaines entreprises tentent de trouver des solutions pour les coopératives fermières afin d’optimiser les rendements agricoles et résister aux périodes de sécheresse, plus violentes à l’est du Rwanda. À Kagitumba, à l’extrême nord-est, région frontalière avec la Tanzanie et l’Ouganda, les agriculteurs utilisent désormais leur téléphone pour connaître les besoins en eau de leurs champs. De notre correspondante à Kigali,                                    Sur l’une des parcelles de la coopérative, Jean-Marie Birigirimana s’approche d’un des capteurs blancs installés dans le champ, téléphone à la main : « Ici, l’application BazaFarm nous montre que l’humidité est suffisante, la température est aussi suffisante ; donc on n’a aucun problème. Tous les paramètres sont au vert ». Durant cette saison, seuls quelques plants de légumes sont encore arrosés par des systèmes de pivot central. L’objectif des capteurs : apporter aux plus de 1 000 fermiers de la coopérative les moyens technologiques d’adapter quotidiennement l’irrigation aux besoins du sol afin d’optimiser les récoltes. « Avant qu’on nous amène ces infrastructures, la production de notre coopérative était basse, mais ces infrastructures nous ont permis d’augmenter les rendements, explique Jean-Marie Birigirimana. On faisait de l’agriculture traditionnelle, certains amenaient leurs vaches et chèvres dans le champ ; donc on ne connaissait rien de l’agriculture moderne. Mais maintenant, on a tellement augmenté la production qu’un agriculteur peut récolter entre 7 et 8 tonnes de maïs par hectare », se réjouit Jean-Marie Birigirimana. Un programme créé en 2020 Le programme a été installé en 2020 dans cette coopérative de l’extrême nord-est du pays, l’une des régions les plus affectées par la sécheresse au Rwanda. Wilson Ndayisaba, directeur technique de l’entreprise STES, à l’origine du projet. « Les fermiers peuvent visualiser les données sur l’interface destinée aux utilisateurs de notre application. De cette façon, ils peuvent voir quand irriguer et en quelle quantité. Nous avons formé environ 115 de ces fermiers sur comment utiliser l’application. Tous ne sont pas formés, on a surtout formé ceux qui ont des responsabilités dans le groupe ». Pour l’instant, seules deux coopératives bénéficient du programme dans le pays, mais l’entreprise espère étendre leur nombre dans les prochaines années. Au Rwanda, seuls 9,2% des foyers utilisent une forme d’irrigation pour l’agriculture. ► À lire aussi : Miracle ou mirage rwandais : faut-il croire aux bienfaits de la révolution verte ?
3/24/20232 minutes, 6 seconds
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La rééducation des enfants malnutris en Centrafrique [2/2]

En Centrafrique, la crise humanitaire continue de s’exacerber, comme l’a relevé l’ONU, selon qui plus de la moitié de la population du pays aura besoin d’aide cette année. Parmi les conséquences prévisibles, la malnutrition infantile. À Bangui, en plus d’une prise en charge médicale d’urgence, les enfants peuvent bénéficier d’une rééducation pour tenter d’en limiter les effets et stimuler leur autonomie. De notre correspondant à Bangui,  Sur de petits bancs de bois du CHRAM, le Centre de rééducation pour handicapés moteurs, dans le 4e arrondissement de la capitale, des mères attendent, leur enfant dans les bras, l’heure de la séance. Julienne, la maman de Privas, âgé de deux ans, vient de Damara une fois par semaine. « Mon fils avait beaucoup maigri, ses cheveux étaient devenus fins et étaient tombés, c’est un signe de malnutrition aiguë sévère. Donc, on nous a envoyé à l’hôpital de Begoua, puis là-bas, le médecin a constaté qu’il pouvait à peine se tenir assis, et on nous a référé ici. Depuis, on suit les séances de rééducation, on lui fait des massages avec la pommade baume des nerfs pour qu’il reprenne du tonus. » S’il ne parvient pas encore à se tenir debout seul, grâce aux séances, Privas commence à faire du quatre pattes et à se déplacer. Dans le box du centre, géré par la plateforme des confessions religieuses de Centrafrique, c’est sœur Grace qui est en charge des massages ce matin : elle frotte vigoureusement afin de stimuler le système musculaire et nerveux, « pour qu'il puisse avoir du tonus » explique la soignante. Après le massage, place aux exercices « de mobilisation, de posture, stationnement debout, et puis après, apprentissage de la marche ». Et pour sœur Grace, ce programme finit par faire ses preuves : « Cet enfant-là, avant, il n'était pas comme ça. Il était fatigué. Mais avec la séance et avec ce qu'il a mangé, il commence à avoir de la force. » « Que l'enfant soit autonome » Pour les nouveaux arrivants, passage par le bureau de sœur Martine. C’est elle qui gère les diagnostics et ajuste les séances selon les cas. Après un interrogatoire avec la mère, elle analyse le cas d'un enfant atteint d'une infirmité motrice cérébrale : « Je pose la question "Comment l'accouchement s'est passé ?", surtout dans le cas de son enfant. C'est un IMC - infirmité motrice cérébrale. Donc moi, je lui pose la question pour savoir est-ce que c'est à l'accouchement que ça s'est passé. Est-ce qu'à l'accouchement, s'il y a eu souffrance fœtale, parce qu'il y a un manque d'oxygène au niveau du cerveau, il y a une lésion au niveau du cerveau. Donc c'est pour savoir : est-ce que c'est à l'accouchement, ou bien est-ce que c'est après que l'enfant est tombé malade ? Parce que la crise de paludisme ou la méningite, aussi, peuvent amener l'enfant dans cet état. L'objectif, c'est qu'il acquiert son autonomie, c'est tout ce qu'on cherche. L'enfant gardera des séquelles, bien sûr. Mais au moins que l'enfant soit autonome. C'est le but de la rééducation. » Action contre la faim prend en charge 50 séances pour les enfants qui souffrent de retard de développement cérébral. Les amener à l’autonomie permettra de limiter l’ostracisme et de décharger les familles qui connaissent déjà de lourdes contraintes socio-économiques. ► À lire aussi : La prise en charge médicale des enfants malnutris en Centrafrique [1/2]
3/23/20232 minutes, 26 seconds
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La prise en charge médicale des enfants malnutris en Centrafrique [1/2]

En Centrafrique, la crise humanitaire continue de s’exacerber, comme l’a relevé l’ONU, selon qui plus de la moitié de la population du pays aura besoin d’aide cette année. Parmi les conséquences prévisibles, la malnutrition infantile. À Bangui, au centre hospitalier universitaire pédiatrique, une unité nutritionnelle thérapeutique soutenue par Action contre la faim prend en charge les enfants atteints de malnutrition aigüe sévère avec complications, c'est-à-dire en danger de mort.  De notre correspondant à Bangui,  Sur un des lits du service d’urgence du CHUPB, une petite fille de 14 mois tâche de dormir malgré sa sonde nasale et son cathéter, sous le regard de sa maman et sous la surveillance du Dr Jean-Pierre Muhimana : « C’est un enfant qui est venu de Maka avait des diarrhées et des vomissements et on l’a mis sous oxygène. On procède au « remplissage » pour corriger la déshydratation. Si l’enfant avait été pris en charge correctement à la maison, cet enfant devait peser au moins 8,2 kilos ». Dans le lit voisin, la petite Karine s’agite… sa maman est venue en urgence quand elle s’est retrouvée dans un état critique : « Je suis venue en raison des diarrhées et des vomissements de mon enfant. Après la prise en charge médicale, ça s’est stabilisé. Ma fille se porte mieux maintenant. On en est là parce que je n’ai pas de moyens, pas d’emploi ». En saison sèche, l’UNT n’affiche pas complet. C’est à partir du mois de mars que les 80 lits se remplissent de jeunes patients atteints de complications comme le paludisme, la tuberculose ou le sida. Une fois l’urgence médicale passée, une prise en charge psychologique des enfants et des parents est prévue par l’équipe du Dr Jean-Richard Youkou. « Il y a la salle de jeux pour ressouder les liens. Force est de constater que certains parents ne jouent pas avec leurs enfants et cela créée une division. Ça peut entrainer l’enfant vers la dépression. Cela nous permet de voir également la tonicité de l’enfant et éventuellement identifier un retard psychomoteur ». 70 000 enfants de moins de 5 ans menacés de malnutrition sévère La petite Esther va mieux, elle va être bientôt déchargée. Vanessa, sa maman, est venue écouter les conseils de l’équipe : « Mon enfant ne veut pas manger depuis toute petite. Ça l’a mis dans cet état de malnutrition. Heureusement, avec le traitement, elle reprend du poids. On m’a expliqué le protocole : du lait thérapeutique et de l’eau seulement pour le moment. Et puis on verra par la suite, je serai à l’écoute de ce que diront les médecins. J’ai reçu de bons conseils et je vais essayer de corriger mes erreurs pour qu’elle soit en meilleure santé ». Pour l’équipe du CHUPB, la priorité est désormais de structurer le soutien psycho-social, afin d'améliorer le suivi du protocole médical par les familles, et de limiter les hospitalisations répétées dans des états graves. 
3/21/20232 minutes, 20 seconds
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Côte d'Ivoire: Yamoussoukro, la belle endormie

Le 21 mars 1983, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, vote le transfert de la capitale à Yamoussoukro. Le président d’alors, Félix Houphouët-Boigny, voulait ainsi désengorger Abidjan qui, en 1983, comprenait déjà 20% de la population. Yamoussoukro bénéficie d’un plan d’urbanisme, d’un aménagement extensif. Mais 40 ans plus tard, l’objectif est loin d’être atteint.
3/20/20232 minutes, 24 seconds
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Sénégal: «Zéro Faute», une chronique radio éducative

Depuis une dizaine d’années, la journaliste Astou Mbène Thioub propose sur la radio privée RFM une chronique éducative dédiée à la langue française : Zéro Faute, à destination des enfants.  De notre correspondante à Dakar, Sa voix à la radio reflète bien son tempérament. Avec bienveillance et enthousiasme, Astou Mbène Thioub enregistre ce matin-là des chroniques avec des élèves de CM1 et CM2 à l’école « Mamadou et Bineta » de Dakar. La journaliste de 40 ans a deux passions : la langue et les enfants. « Les échecs, nous en connaissons tous. Moi, personnellement, j'en ai connu. J'ai pu me relever grâce aux livres, grâce à la langue et j'adore l'univers des enfants. C'est l'univers des adultes que je trouve très compliqué », explique-t-elle. « Cette émission me permet d'aller dans les écoles, partager un peu de lecture, quelques règles de grammaire, d'orthographe et de conjugaison » ajoute Astou Mbène Thioub. C'est un héritage de son père, le professeur Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Tous les samedis à 12 heures, papa me remettait un livre que je devais lui rendre le samedi suivant avec un résumé, les citations-clés, les mots les plus difficiles avec leur définition, synonymes, antonymes, paronymes... Tout ce qui tourne autour des mots », se souvient-elle. Support éducatif À son tour désormais de transmettre. La chronique Zéro Faute est diffusée juste avant le journal de 7h sur la radio RFM. « Ça apprend beaucoup de choses, surtout aux enfants qui ne peuvent pas aller à l'école », estime un élève. « C'est compliqué, parce que je parle plus français que wolof. Donc parfois, je mélange un peu les deux », explique une autre élève. Entre le français, langue officielle, et les langues nationales, pas toujours facile de s’y retrouver pour les élèves, souligne Djibril Ndiaye, directeur adjoint de l’école primaire Mamadou et Bineta. Pour lui, les émissions éducatives sont un support. « L'enfant apprend d'abord sa langue maternelle avant d'apprendre le français qui est une langue secondaire chez nous. Ce qui fait qu'il y a quelques interférences au niveau des langues. L'émission Zéro Faute est une manière d'accompagner ce que font les écoles dans le domaine de l'apprentissage de la langue française qui est la langue d'enseignement, mais qui est aussi un medium d'apprentissage » Pour Astou Mbène Thioub, il n’y a pas de « blocage » entre les langues nationales et le français. Pour elle, « cette diversité est une richesse ».
3/19/20232 minutes, 24 seconds
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Sénégal: à Dakar, une formation pour que les femmes se fassent une place dans le milieu du graffiti

Un collectif de street-artistes a proposé une formation 100% féminine début mars. Dans ce milieu encore très masculin, les femmes commencent à se faire une place. Pendant une semaine, les volontaires ont été formées aux techniques de dessin, mais aussi à l’entrepreneuriat pour tirer des revenus du graffiti. De notre correspondante à Dakar, Devant un grand mur blanc, recouvert de brouillons de graffitis colorés, une vingtaine de femmes tracent des grandes lettres, pinceaux et bombes à la main. Yanka est rappeuse et danseuse dans la vie. C’est la première fois qu’elle peint sur un mur et l’expérience est un peu intimidante. « Quand je dessinais au crayon, je faisais des ronds pour donner un peu de perspective, mais là, c'est un peu différent. Ce n'est pas la même chose, on va pratiquer », dit-elle, pleine de volonté. C’est la septième fois que la formation Passer'elle est organisée par le collectif de graffeurs et graffeuses Doxandem Squad. Parmi les participantes, Kiné Diop, 30 ans. Elle travaille comme agent de développement, et fait de la teinture en parallèle. Elle a sauté sur l’occasion. « J'aime dessiner, j'aime créer, j'aime bricoler... Je suis dégourdie ! (rires) C'est une opportunité pour moi de toujours parfaire mon expérience sur l'art. Pourquoi ne pas faire du graffiti sur des boubous, du tissu », lance-t-elle. Faire changer les mentalités Au programme, cours de lettrages, de dessin de visages… Mais c’est surtout pour les cours d’entrepreneuriat culturel que Yanka a choisi de suivre cette formation gratuite. « On a vu comment monter un projet, comment le structurer, comment faire un plan de financement, à qui faire appel pour les subventions, à quel organisme on peut faire appel au Sénégal pour avoir des aides ». Yanka accorde aussi de l'importance au développement personnel, « parce que pour aller toquer aux portes pour revendre son projet, il faut avoir confiance, être convaincue et être convaincante. » Le collectif n’a reçu qu’une trentaine de candidatures. Il existe encore quelques barrières dans les mentalités. « Ma famille n'était pas d'accord pour que j'intègre ce milieu », explique Neye Mareme Fall. À 20 ans, elle en est à sa deuxième formation de graffiti. « Ils croyaient que c'était un milieu désastreux, ils croyaient que les graffeurs fumaient de la drogue », ajoute t'elle. « Ce sont les clients qui viennent vers moi » Pourtant, on peut faire carrière dans le graffiti. C’est le cas d’Aïda, nom d’artiste Dasha, qui est venue encadrer les étudiantes. Diplômée des beaux-arts, elle est l’une des premières graffeuses du pays. « De mon côté, je n'ai jamais démarché de clients. Ce sont les clients qui viennent vers moi. » raconte Dasha. « J'ai travaillé avec l'ONU tout récemment. J'ai aussi des marchés qui sont privés. C'est quelque chose qui paie, parce que c'est connu actuellement. Surtout au Sénégal », souligne-t-elle. Le projet de fin de formation des apprenties graffeuses : une grande fresque qui représente une reine traditionnelle, une lingère, à côté d’une ingénieure d’aujourd’hui. Pour montrer que tout est possible pour les femmes.
3/19/20232 minutes, 18 seconds
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Madagascar: l’alliance française d’Antananarivo, premier centre d'examen de langue française au monde

Selon l’Académie Malagasy, moins de 16% de la population de cette ancienne colonie française parlerait aujourd’hui français. Si à l’échelle du pays, de moins en moins de jeunes parlent donc la langue de Molière, ils sont cependant chaque année plus nombreux à s’inscrire à l’examen « Delf/Dalf » de français, organisé par les Alliances françaises du pays. Avec un objectif : obtenir le précieux diplôme, émis par le ministère de l’Éducation nationale français et reconnu internationalement pour poursuivre leurs études à l’étranger. Reportage en pleine session d’examen à l’Alliance française d’Antananarivo, le plus gros centre d’examen Delf/Dalf du monde qui a accueilli l’an dernier 7 700 candidats, avec notre correspondante Sarah Tétaud « Je réitère, j’insiste. Est-ce que tout le monde a bien émargé ? C’est très important sinon votre examen ne sera pas validé » rappelle un surveillant au micro. Ce jour-là, à l’Alliance française d’Antananarivo, ils sont 1 200 candidats concentrés, prêts à en découdre avec l’épreuve orale collective. Devant sa table, Célia, 20 ans, est étudiante en psychologie : « J’aimerais continuer mes études à l’étranger, il me faut le diplôme B2 minimum. » De l’autre côté de l’allée, Tefinanao, 22 ans, étudie la gestion : « C’est nécessaire pour les dossiers, pour certaines universités, dans les pays francophones. » Deux rangées devant, Floriniaina, 54 ans, fait presque figure d’exception : « Si je suis là aujourd’hui, pour passer l’examen, c’est parce que je suis enseignante au collège secondaire. Je veux augmenter le salaire et l’échelon. » Si l’examen attire pas mal de fonctionnaires, qui peuvent, en cas d’obtention du diplôme, bénéficier d’une modification dans leur avancement de carrière, les candidats du jour sont, pour plus de 50%, des étudiants. De quoi réjouir Patrick Bosdure, le conseiller de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France à Madagascar, venu observer le déroulement de l’examen : « La priorité, c’est bien évidemment l’attractivité de notre enseignement supérieur et de faire en sorte que la plupart d’entre eux puissent partir en France, étudier, soit en sciences humaines, ou en sciences dures, mais surtout partir en France, puis revenir ici à Madagascar avec une formation à la française, pour commencer une carrière pro. Non, ce n’est pas encourager la fuite des cerveaux, puisqu’ils doivent revenir ! » Ce diplôme de langue française, rappelle Patrick Bosdure, ne facilite pas l’obtention d’un visa, mais seulement l’inscription à l’université. Toutefois, selon lui, les étudiants de la Grande Île ont la cote : « Les Malgaches qui partent étudier en France réussissent généralement très bien. Donc, ils bénéficient d’une excellente réputation dans notre système d’enseignement supérieur, donc leur candidature est très largement vue de façon très favorable. » Chaque année, 1 000 nouveaux étudiants malgaches arrivent en France. Jean-Patrice Rakoto Ramiarantsoa, professeur de français à l’Alliance française depuis 10  ans, se plaît à penser que certains des 4 500 étudiants actuellement présents dans l’Hexagone sont passés par sa classe : « Ils sont conscients qu’on a vraiment besoin de la langue française aujourd’hui. » Mais après cinq décennies marquées par des changements de politiques vis-à-vis de l’apprentissage et de la place du français dans la société, même réhabilité aujourd’hui, il demeure, 130 ans après son arrivée sur l’île, une langue de l'élite.
3/18/20232 minutes, 23 seconds
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Côte d'Ivoire: l'aire marine protégée de Grand-Bereby, une coquille vide ? [2/2]

La première aire marine protégée de Côte d’Ivoire a été créé officiellement en juillet 2022 dans le but de protéger la biodiversité de la baie de Grand-Bereby où l’on trouve un récif corallien et plusieurs espèces protégées comme la tortue marine, le requin marteau ou la raie-guitare. Mais en l’absence de décrets d’application, aucune sanction ne peut être prise contre les responsables des pêches irresponsables et irrespectueuses des communautés locales. La police maritime se cantonne à des actions de « sensibilisation ». Légalement, rien n'empêche les chalutiers de pénétrer dans l’aire marine. De notre correspondant à Abidjan, Dans le petit bureau de l’ONG Conservation des Espèces Marines, des affiches célébrant la création de l’aire marine protégée habillent les murs. Pour son président, Alexandre Dah, la réserve doit maintenant se doter rapidement d’un plan et d’un organe de gestion. « Tant que ce n'est pas mis en place, on navigue un peu dans un flou, pour tout le reste de la population ici à Grand-Bereby et pour ceux qui viennent d’ailleurs, ils voient l’aire marine protégée sur un papier. Ils se disent qu’ils ne voient pas concrètement qui gère, ce qui est fait... », dit Alexandre Dah. À ce jour, en l’absence de décrets application, les chalutiers, accusés de pratiques irresponsables, sont toujours légalement autorisés à pénétrer dans la réserve « Ils font de la surpêche, ils détruisent les fonds marins », dit José Gomez, co-fondateur de l’ONG. ► À lire aussi : Côte d'Ivoire: À Grand-Bereby, la lutte contre la pêche irresponsable s'organise Une pêche encore trop proche de l'aire marine protégée Selon les chiffres de l’organisation, 8 chalutiers ont été arraisonnés au cours de l’année passée. Problème : les textes ne permettent pas d’infliger une amende ou une sanction aux responsables de ces bateaux. « Malheureusement, l’interdiction de pêcher n’a pas encore été prise en compte par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, qui continue de délivrer aux chalutiers des licences qui leur permettent de pêcher à partir de 3 miles nautiques n’importe où dans les eaux ivoiriennes y compris dans l’aire marine protégée de Grand-Bereby », regrette José Gomez. Trois miles nautiques, soit un peu plus de 5 km. L’ONG demande que cette limite soit repoussée à 22 kilomètres, et réclame une interdiction totale de la pêche au chalut au sein de l’aire marine protégée. Pour un meilleur contrôle des pêcheurs artisanaux Selon le plan de gestion en cours de rédaction, les pêcheurs artisanaux doivent également être mieux contrôlés. Leur nombre a fortement augmenté ces dernières années. On compte environ 150 pirogues avec ou sans moteur à Grand-Bereby. Ata Koffi Yao, le chef des pêcheurs fanti, appelle lui-même à l’interdiction des filets en nylon. « Franchement, les filets en nylon, gâtent l'eau. Ça pourrit et ça éloigne le poisson. En tant que chef, je veux qu'on enlève ces filets et qu'on diminue le prix du filet en coton pour permettre aux pêcheurs de pêcher avec le coton », souhaite-t-il. Sans subvention ou aide à la production, les pêcheurs pourraient difficilement se séparer de leur filet en nylon, moins cher et plus robuste que les filets en coton. « Avant, avec les filets en coton, le travail était bon, mais maintenant, ce n'est plus trop ça. C'est cher. C'est pour ça que nous tous, on utilise le nylon », explique Koffi, pêcheur en pirogue. En cas de respect d’un plan de gestion précis et détaillé de l’aire marine protégée, les défenseurs de l’environnement espèrent que la population de poisson cesse de diminuer, voire augmente, d'ici à deux ou trois ans.
3/16/20232 minutes, 23 seconds
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Côte d'Ivoire: À Grand-Bereby, la lutte contre la pêche irresponsable s'organise (1/2)

Ces dernières années, la présence de chalutiers « chinois » près des côtes de Grand-Bereby irrite les quelque 2 000 pêcheurs de la zone. La mise à disposition d’une vedette de patrouille à la police maritime par une ONG de protection de l’environnement aurait permis de réduire leurs incursions. Ces bateaux accusés de surpêche et pratiques irresponsables continuent toutefois de pénétrer dans la première aire marine ivoirienne protégée, au large. Le reportage de François Hume-Ferkatadji. La vedette file à vive allure sur une mer calme et azur. À son bord, le lieutenant Guivé, chef de la police maritime de Grand-Bereby, équipé d’un fusil kalachnikov rouillée en tout point. Il salue la mise à disposition de ce bâteau : « C'est important parce que l'aire marine protégée a été créée. Donc il fallait un matériel de mobilité pour pouvoir contrôler et surveiller la mer. Parce que, lorsque les Chinois viennent, vous voyez qu’ils râclent tout le poisson. Donc, il y a une aire dans laquelle ils ne doivent pas pêcher. » La première aire marine protégée de Côte d’Ivoire a été créé en juillet 2022 et fait la taille d’un département. Le bateau de la police maritime permet la surveillance d'une infime partie de cette espace : de 5 à 10 kilomètres des côtes maximum. « Heureusement pour nous, il n'y a plus de bateaux qui viennent, poursuit le lieutenant Guivé. Parce qu'avant on pouvait se retrouver avec 5 bateaux, 6 bateaux, 7 bateaux. Mais maintenant, quand on y va, on ne les voit pas non plus ». Les bateaux de pêche s’éloignent désormais des côtes ou se reportent sur les zones de Tabaoulé ou Sassandra. Pour protéger la baie, la collaboration des pêcheurs artisanaux est essentielle. Koffi, pêcheur d’origine ghanéenne, s’autorise un temps de repos sur la plage après une nuit en mer : « Avant les pêches en bateau nous fatiguait beaucoup. Maintenant, avec la police maritime, j’ai leur numéro. Donc, si je vois les chalutiers quelque part, je les appelle, ils sont là et ils n'ont qu'à venir. Grâce à ça, les bateaux se sont un peu éloignés. Mais, souvent, ils se cachent pour venir voler dans l'endroit où c'est interdit d’aller pêcher. » À Grand-Bereby, la population de poisson diminue drastiquement Pour les pêcheurs, les chalutiers « chinois » représentent la principale menace. Mais d'autres éléments viennent troubler leur activité.  Les tortues marines et les dauphins déchirent leurs filets. Devant nos yeux, deux dauphins tentent de pénétrer dans un grand filet, qu’une quinzaine de pêcheurs remontent à la force des bras. L’ONG CEM (Conservation des espèces marines) a mis en place un système de compensation pour les pêcheurs, contre la promesse de ne pas tuer ces espèces protégées. Mais à Grand-Bereby, le constat est toujours le même : la population de poisson diminue drastiquement. Les défenseurs de l’environnement demandent désormais la publication de décrets d’application pour réglementer plus précisément la pêche et l’aire marine protégée.
3/16/20232 minutes, 33 seconds
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Pape Diouf, le premier fabricant de planches de surf au Sénégal

Dakar est le lieu incontournable pour les amoureux du surf en Afrique de l’Ouest, mais toutes les planches étaient importées ou bien achetées d’occasion pour les surfeurs sénégalais. Pape Diouf un jeune professeur de surf a décidé de se lancer et a appris à fabriquer des boards de surf avec des matériaux locaux et en recyclant des vieilles planches. Une première dans le pays. Ses planches sont faites à la commande et totalement customisées. Portrait de ce jeune créateur, pleins de rêves.
3/13/20232 minutes, 20 seconds