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Grand reportage

French, Political, 1 season, 172 episodes, 2 days, 21 hours, 5 minutes
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L'actualité sur le terrain avec les reportages et enquêtes de nos correspondants. RFI propose, du lundi au vendredi, un grand reportage et des enquêtes réalisés par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde.  
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Somaliland : une quête pour la reconnaissance

Le 1er janvier 2024, l’Éthiopie et le Somaliland annoncent la signature d’un protocole d’accord. Il offre un accès à la mer à Addis Abeba, en échange de sa reconnaissance du Somaliland qui s’est séparé de la Somalie en 1991. L’accord prévoit un partenariat commercial mais surtout, la location de 20 km de côte pour une base navale éthiopienne. Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans toute la Corne d’Afrique et le monde arabe. « Somaliland : une quête pour la reconnaissance », un Grand reportage de Gaëlle Laleix.
2/5/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Bénin, dans le berceau du vaudou et La cohabitation réussie des ours dans les Asturies

Bénin, dans le berceau du vaudouLa fête du vaudou, c’est chaque année au Bénin au mois de janvier. Cette année, les autorités ont organisé les « Vodun days » : deux jours de festivités dans la ville de Ouidah (à une quarantaine de kms à l’ouest de Cotonou). Objectif : attirer les touristes et déconstruire ces clichés négatifs qui collent au vaudou. Alors pour mieux comprendre de quoi il s’agit, nous vous  emmenons à la découverte de cette religion séculaire et des traditions qui l’accompagnent, parties intégrantes de l’identité béninoise.Un Grand reportage de Magali Lagrange qui s'entretient avec Patrick Adam. La cohabitation réussie des ours dans les AsturiesC’est l’histoire d’ une renaissance, il y a 30 ans, l’animal était en danger critique d’extinction. Aujourd’hui au nord-est de l’Espagne, dans la cordillère Cantabrique, vivent environ 370 ours. La cohabitation de ces animaux sauvages et des êtres humains se développe donc depuis quelques années, faisant des Asturies un modèle à suivre, car ici à la différence de la France, l’ours n’est presque plus considéré comme une menace, mais plutôt comme une chance.Un Grand reportage de Diane Cambon qui s'entretient avec Patrick Adam.
2/4/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Mineurs non accompagnés, une jeunesse abandonnée et Chypre-Nord : 50 ans après, les espoirs vains d’une réunification

Mineurs non accompagnés, une jeunesse abandonnéeEn langage administratif, on les appelle des MNA, des mineurs isolés. Dans la réalité, des jeunes, pour beaucoup venus d’Afrique et qui se retrouvent notamment à Marseille dans le sud de la France,  livrés à eux-mêmes. En France, près de 15.000 ont été identifiés en 2022. C’est à chaque département de les prendre en charge à condition qu’ils soient bien mineurs, c’est en général l’objet d’une bataille juridique. Très souvent déboutés en première instance, la majorité de ces jeunes sont reconnus majeurs en appel. Human Rights Watch dénonce des évaluations arbitraires qui privent les enfants de leurs droits au logement, à la santé et à l’éducation.Un Grand reportage de Justine Rodier qui s'entretient avec Patrick Adam.   Chypre-Nord : 50 ans après, les espoirs vains d’une réunificationEn juillet 1974, il y a cinquante ans, ou presque. L’armée turque envahit le nord de Chypre, officiellement pour protéger la population turcophone d’une tentative de coup d’État de la junte militaire grecque et stopper les massacres intercommunautaires. Depuis, Chypriotes grecs et turcs vivent divisés de part et d’autre d’une ligne de cessez-le-feu. Mais dans l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord, la population vit asphyxiée par les embargos internationaux et s’inquiète de l’ingérence croissante d’Ankara. Les habitants espèrent une réunification, les pourparlers, eux, sont au point mort.Un Grand reportage de Marion Chapelain qui s'entretient avec Patrick Adam.  
2/3/202448 minutes, 30 seconds
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Mineurs non accompagnés: non-assistance à personne en danger?

À Marseille, entre 150 et 200 personnes se déclarant mineurs dorment dehors. Le département doit les prendre en charge mais se dit débordé et prêt à se mettre « hors la loi » en les refusant. En France, 16 700 mineurs étrangers sont arrivés en 2019 et 14 700 en 2022, après une baisse durant les années covid. Dans le hall d’un bel immeuble du boulevard Longchamp, à Marseille, un brouhaha monte des escaliers. En bas des marches, des néons tressautent et tentent d’éclairer les deux pièces exiguës du sous-sol. Une cinquantaine de jeunes attend d’atteindre l’une des deux bénévoles. « Et hier c’était pire ! », crie Monique Cherel depuis l’autre bout de la cave.Deux fois par semaine, le Collectif 59 Saint-Just oriente les jeunes, fait le point sur leur situation, distribue des cartes téléphoniques. Parfois aussi, des tickets alimentaires de l’Abbé Pierre. C’est en réalité ce que beaucoup de jeunes sont venus chercher. « Je n’ai pas mangé depuis hier… » Mais Monique n’a plus de ticket, tout a été distribué la veille. « Je sais, j’étais là. Mais on était trop, je n’en ai pas eu.»Leurs visages sont creusés, parfois à l’extrême, les yeux rougis, le regard vide. Un jeune garçon sautille sur place, compulsivement. « Tu n’as pas besoin de parler, regarde juste leur tête : tu vois que ça ne va pas », souffle un garçon. À défaut de pouvoir manger, ils essaient de se réchauffer. Entre 150 et 200 personnes dorment dans la rue ou dans des squats à Marseille, selon les collectifs. Une majorité, reconnus mineurs en recoursLes jeunes se succèdent devant « Madame Catherine » qui remplit des fiches : « Tu as quel âge ? Tu dors où ? » Alassane* a 16 ans, il dort dans une tente. « Je vais faire une demande d’avocate pour toi. Tu as déjà fait l’évaluation de ta minorité avec l’Addap 13 ? »L’Addap 13 est l’association mandatée par le département des Bouches-du-Rhône (13) pour prendre en charge les mineurs non accompagnés (MNA). Mais ici comme ailleurs, les départements sont débordés. Pourtant, en 2022, le nombre de MNA est inférieur à celui de 2019, avant la crise sanitaire. De 16 700 à 14 700.Quand une place se libère, les jeunes sont logés à l’hôtel puis convoqués pour réaliser une « évaluation », durant laquelle le Département vérifie qu’ils sont mineurs. David Lemonnier, directeur général adjoint de l’Addap 13 admet que la plupart des évaluations conduisent à « la majorité » : 7 jeunes sur 10 sont déboutés en 2022. Politique de découragementCes jeunes attendent alors que leur demande de minorité soit réévaluée par le juge des enfants. En recours, 75% finissent finalement par avoir gain de cause, selon les associations. Une « politique de découragement », selon Jeanne, collectif 113. Ils ne sont pas les bienvenus : on les déclare majeurs pour qu’ils quittent le territoire. » Le sérieux des évaluations est aussi contesté. Sur celle de Moussa*, il est écrit : « L’intéressé ne semble pas intimidé par l’évaluateur [...], son langage et sa posture ne font pas ceux d’un adolescent mais d’un adulte [...]. Il ne présente pas les caractéristiques physiques d’un adolescent de 15 ans. » Sur la dernière page du dossier, la photocopie intégrale de son acte de naissance.David Lemonnier réfute toute subjectivité : « Nous sommes régulièrement contrôlés et la procédure est conforme. Et l’Addap 13 n’a aucune consigne du Département. » Mais pour Marlène Youchenko, avocate, le fait que les départements soient juges et parties pose un problème d’impartialité.En attendant leur recours, les jeunes ne sont plus protégés, sauf si le juge des enfants délivre une ordonnance de placement, ce qui arrive de moins en moins souvent, déplore l’avocate. « Juridiquement, c’est un trou dans la raquette », admet David Lemonnier. « Ils passent 6 mois ou un an dehors, dénonce Jeanne. Sans les bénévoles, ils mourraient et seraient en proie à tous les trafics. C’est de la non assistance à personne en danger. » Crise de l'accueilUn bras de fer se joue déjà entre les départements et l’État. L’Ain (01) a indiqué ne plus accueillir de MNA pendant trois mois. Martine Vassal, présidente du Conseil départemental (13) est prête à se mettre « hors la loi ». Ça ne serait pas la première fois : elle a déjà été plusieurs fois condamnée par le tribunal administratif. La question des MNA ne figure pas dans la loi immigration, ce que déplore l’Assemblée des départements de France (ADF). Gérald Darmanin leur a promis des aides financières.La question des moyens est indéniable. Mais les collectifs dénoncent unanimement un manque de volonté politique, alors que Martine Vassal revendique de fortes positions anti-immigration. En septembre, avant l’arrivée du Pape à Marseille, 40 jeunes ont occupé une église. Pour éviter le scandale, le département les a relogés en quelques jours. « On entend parler d’une “crise migratoire”, il s’agit en réalité d’une crise de l’accueil », estime Jeanne. Au milieu du champ de bataille, des jeunes essaient de ne pas mourir. « Je ne pensais pas que ça allait être si difficile », murmure Joël*, assis dans la cave du boulevard Longchamp. Après avoir quitté sa famille, traversé le désert et la mer sur une embarcation de fortune, il ne pensait pas dormir à la gare. « Là-bas, des inconnus nous donnent 5 euros pour manger. Le lendemain ils reviennent et nous proposent de vendre de la drogue. On refuse, mais on va manger comment ? » À l’autre bout de la cave, comme un disque fatigué, Monique Cherel répète en boucle : « Nous-n’av-ons pas-de-tic-kets-au-jour-d’hui ! ». Mais les jeunes ne peuvent pas l’entendre : « On a besoin d’aide », implorent-ils en se faisant passer une boîte de Nesquik trouvée on-ne-sait-où qu’ils vident par poignées affamées.*prénoms d’emprunt.
2/1/202419 minutes, 30 seconds
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Bénin : dans le berceau du vaudou

Les « Vodun days » : deux jours de festivités dans la ville de Ouidah (à une quarantaine de kms à l’ouest de Cotonou). Objectif : attirer les touristes et déconstruire ces clichés négatifs qui collent au vaudou. Alors pour mieux comprendre de quoi il s’agit, nous vous emmenons à la découverte de cette religion séculaire et des traditions qui l’accompagnent, parties intégrantes de l’identité béninoise. « Bénin : dans le berceau du vaudou », un Grand reportage de Magali Lagrange.
1/31/202419 minutes, 30 seconds
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La cohabitation réussie des ours dans les Asturies

C’est l’histoire d’une renaissance. Il y a 30 ans, l’animal était en danger critique d’extinction. Aujourd’hui, au nord-est de l’Espagne, dans la cordillère Cantabrique, vivent environ 370 ours. La cohabitation de ces animaux sauvages et des êtres humains se développe donc depuis quelques années, faisant des Asturies un modèle à suivre, car ici à la différence de la France, l’ours n’est presque plus considéré comme une menace, mais plutôt comme une chance. « La cohabitation réussie des ours dans les Asturies », un Grand reportage de Diane Cambon.
1/30/202418 minutes, 37 seconds
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Chypre Nord : 50 ans après les espoirs vains d'une réunification

En juillet 1974, il y a 50 ans ou presque, l'armée turque envahit le nord de Chypre officiellement pour protéger la population turcophone d'une tentative de coup d'État de la junte militaire grecque et stopper les massacres intercommunautaires. Depuis, Chypriotes grecs et turcs vivent divisés de part et d'autre d'une ligne de cessez-le-feu. Mais dans l'autoproclamée République turque de Chypre Nord, la population vit asphyxiée par les embargos internationaux et s'inquiète de l'ingérence croissante d'Ankara. « Chypre Nord : 50 ans après les espoirs vains d'une réunification », un Grand reportage de Manon Chapelain.
1/29/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Cameroun : l'assassinat de Martinez Zogo, un an après et Donald Trump, l'insubmersible

Cameroun : l'assassinat de Martinez Zogo, un an aprèsIl y a un an, le 22 janvier 2023, au matin, les Camerounais apprennent la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo, de son vrai nom, Arsène Salomon Mbani Zogo, animateur d’une émission de radio très populaire à Yaoundé. Il avait 51 ans, une femme, des enfants...Tous les matins, en semaine, dans son émission « Embouteillages », il invectivait, dénonçait, vitupérait contre les maux de la société camerounaise et contre les puissants, à l’exception du président, Paul Biya, qu’il encensait.Un Grand reportage d'Amélie Tulet qui s'entretient avec Patrick Adam.   Donald Trump, l'insubmersibleAprès sa défaite électorale face à Joe Biden en 2020 et l’attaque du Capitole de Washington, certains prédisaient la fin politique de Donald Trump. Trois ans plus tard, l’ancien président, cerné par les affaires, semble plus populaire que jamais. Trump fait même l’objet d’une adoration quasi-religieuse de ses partisans. Deux-tiers des militants républicains pensent encore que la victoire lui a été volée, au lieu de freiner sa campagne pour sa réélection, les poursuites judiciaires l’ont en fait renforcé au sein de la droite. Dans la primaire républicaine, Donald Trump écrase toute opposition et personne ne semble en mesure de l’arrêter.Un Grand reportage de David Thomson qui s'entretient avec Patrick Adam.
1/28/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Kirkenes, dans l’Arctique norvégien et le temple d'Adyodhya en Inde

Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégienNous sommes à Kirkenes, dans l’extrême Nord norvégien, une ville frontalière avec la Russie. Depuis la guerre en Ukraine et la dégradation des relations entre l’Europe et la Russie, le quotidien est chamboulé. Dans cette petite ville de 3 500 habitants, on assiste en plein Arctique, au retour du rideau de fer, après 30 ans de cohabitation avec les Russes. La coopération transfrontalière était synonyme d’espoir et de prospérité dans la région, mais depuis février 2022, tout s’est arrêté ou presque. Un Grand reportage de Carlotta Morteo qui s'entretient avec Patrick Adam.   Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politiqueLundi 22 janvier 2024, Narendra Modi a clos ce qu’il appelle un douloureux chapitre de l’histoire indienne. Le Premier ministre indien a inauguré, dans la ville d’Ayodhya, un temple dédié au dieu Ram, qui aura fait couler beaucoup d’encre et de sang. Il est en effet construit sur les ruines d’une mosquée détruite par les mouvements extrémistes hindous en 1992.Pour les nationalistes hindous, cette inauguration marque un tournant civilisationnel, et Ayodhya doit devenir la nouvelle capitale spirituelle du monde. Mais entre les murs de la cité millénaire, tout le monde n’est pas unanime, ni dupe d’un événement qui intervient en pleine campagne électorale.Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/27/202448 minutes, 30 seconds
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Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politique

Lundi 22 janvier 2024, Narendra Modi a clos ce qu’il appelle un douloureux chapitre de l’histoire indienne. Le Premier ministre indien a inauguré, dans la ville d’Ayodhya, un temple dédié au dieu Ram, qui aura fait couler beaucoup d’encre et de sang. Il est en effet construit sur les ruines d’une mosquée détruite par les mouvements extrémistes hindous en 1992.Pour les nationalistes hindous, cette inauguration marque un tournant civilisationnel, et Ayodhya doit devenir la nouvelle capitale spirituelle du monde. Mais entre les murs de la cité millénaire, tout le monde n’est pas unanime, ni dupe d’un événement qui intervient en pleine campagne électorale. « Le temple d'Ayodhya ou le triomphe de l'hindouisme politique », un Grand reportage de Côme Bastin. 
1/25/202419 minutes, 30 seconds
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Donald Trump, l’insubmersible

Après sa défaite électorale face à Joe Biden en 2020 et l’attaque du Capitole de Washington, certains prédisaient la fin politique de Donald Trump. Trois ans plus tard, l’ancien président, cerné par les affaires, semble plus populaire que jamais. Trump fait même l’objet d’une adoration quasi-religieuse de ses partisans. Deux-tiers des militants républicains pensent encore que la victoire lui a été volée, au lieu de freiner sa campagne pour sa réélection, les poursuites judiciaires l’ont en fait renforcé au sein de la droite. Dans la primaire républicaine, Donald Trump écrase toute opposition et personne ne semble en mesure de l’arrêter.  « Donald Trump l’insubmersible », un Grand reportage de David Thomson.
1/24/202419 minutes, 30 seconds
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Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégien

Nous sommes à Kirkenes, dans l’extrême Nord norvégien, une ville frontalière avec la Russie. Depuis la guerre en Ukraine et la dégradation des relations entre l’Europe et la Russie, le quotidien est chamboulé. Dans cette petite ville de 3 500 habitants, on assiste en plein Arctique, au retour du rideau de fer, après 30 ans de cohabitation avec les Russes. La coopération transfrontalière était synonyme d’espoir et de prospérité dans la région, mais depuis février 2022, tout s’est arrêté ou presque.  « Kirkenes, à l’ombre du rideau de fer dans l’Arctique norvégien », un Grand reportage de Carlotta Morteo. 
1/23/202419 minutes, 30 seconds
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Cameroun : l’assassinat de Martinez Zogo, un an après

Il y a un an, le 22 janvier 2023, au matin, les Camerounais apprennent la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo, de son vrai nom, Arsène Salomon Mbani Zogo, animateur d’une émission de radio très populaire à Yaoundé. Il avait 51 ans, une femme, des enfants...Tous les matins, en semaine, dans son émission « Embouteillages », il invectivait, dénonçait, vitupérait contre les maux de la société camerounaise et contre les puissants, à l’exception du président, Paul Biya, qu’il encensait. Un an après, l’enquête en est à son troisième juge d’instruction. Une vingtaine de suspects ont été arrêtés. Dont des membres de la DGRE, les renseignements camerounais.  « Cameroun : l’assassinat de Martinez Zogo, un an après », un Grand reportage d'Amélie Tulet, réalisation : Victor Uhl. 
1/22/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Le marché lucratif des perruques et la fin des visas Schengen pour le Kosovo

Le marché lucratif des perruquesAu Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main. Ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher.Un Grand reportage de Théa Ollivier qui s'entretient avec Patrick Adam.Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exodeDepuis le 1er janvier 2024, les citoyens du Kosovo peuvent enfin voyager librement dans tout l'espace Schengen. Une mesure attendue depuis très longtemps, mais qui pourrait bien accélérer l'exode massif qui saigne le le petit pays des Balkans depuis de longues années. Les maigres salaires, la corruption et le manque de sécurité poussent les plus jeunes à tenter leur chance ailleurs.Un Grand reportage de Jean-Arnault Dérens et Simon Rico qui s'entretiennent avec Patrick Adam. 
1/21/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Le Chiapas (Mexique) s'enfonce dans la violence et Pénurie en eau à Omourtag (Bulgarie)

Le Chiapas (Mexique) s'enfonce dans la violenceChaque jour, la violence semble y gagner du terrain… Au sud du Mexique, l’État du Chiapas… La guerre entre les cartels qui se disputent le territoire fait vivre un enfer à la population. Le Chiapas est la région la plus pauvre du Mexique, oubliée des pouvoirs publics, victime de la corruption. Face à la menace sécuritaire, seule l’armée renforce sa présence, mais au Chiapas traumatisé par les massacres du passé, la population craint les militaires.Un Grand reportage de Gwendolina Duval qui s'entretient avec Patrick Adam.   À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinetL'eau sera un des grands enjeux du monde de demain. Le cycle de l'eau est complètement bouleversé par les changements climatiques. En plus de devoir faire face à cette nouvelle réalité, la Bulgarie doit également repenser la gestion stratégique de ses ressources hydriques. À commencer par l'accès à l'eau qui fait défaut depuis des décennies dans certaines régions du pays. Et trouver une solution est plus facile que de l'appliquer.Un Grand reportage de Damian Vodénitcharov qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/20/202448 minutes, 30 seconds
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Le Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violence

Chaque jour la violence semble y gagner du terrain… Au sud du Mexique, l’État du Chiapas… La guerre entre les cartels qui se disputent le territoire fait vivre un enfer à la population. Le Chiapas est la région la plus pauvre du Mexique, oubliée des pouvoirs publics, victime de la corruption. Face à la menace sécuritaire, seule l’armée renforce sa présence, mais au Chiapas traumatisé par les massacres du passé, la population craint les militaires. « Le Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violence », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
1/18/202419 minutes, 30 seconds
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À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinet

L'eau sera un des grands enjeux du monde de demain. Le cycle de l'eau est complètement bouleversé par les changements climatiques. En plus de devoir faire face à cette nouvelle réalité, la Bulgarie doit également repenser la gestion stratégique de ses ressources hydriques. À commencer par l'accès à l'eau qui fait défaut depuis des décennies dans certaines régions du pays. Et trouver une solution est plus facile que de l'appliquer.  « À Omourtag, l’eau n’arrive pas jusqu’au robinet », un Grand reportage de Damian Vodénitcharov.
1/17/202419 minutes, 30 seconds
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Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exode

Depuis le 1er janvier 2024, les citoyens du Kosovo peuvent enfin voyager librement dans tout l'espace Schengen. Une mesure attendue depuis très longtemps, mais qui pourrait bien accélérer l'exode massif qui saigne le le petit pays des Balkans depuis de longues années. Les maigres salaires, la corruption et le manque de sécurité poussent les plus jeunes à tenter leur chance ailleurs. « Fin de visas Schengen pour le Kosovo, la crainte d'un nouvel exode », un Grand reportage signé Jean-Arnault Dérens et Simon Rico. 
1/17/202419 minutes, 30 seconds
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Le marché lucratif des perruques

Au Sénégal, des voleurs ont été arrêtés avec 91 perruques de seconde main… ils ont été condamnés fin septembre 2023 à deux ans de prison, dont trois mois ferme. Un phénomène récurrent dans la capitale sénégalaise alors que les perruques de cheveux naturels coûtent très cher. « Le marché lucratif des perruques », un Grand reportage de Théa Ollivier.
1/15/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêt et les grands incendies de cet été au Québec

Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêtLe Canada a subi en 2023 la pire saison des feux de son histoire, avec 18,4 millions d'hectares brûlés. Dans l'ouest du pays, dans la ville de West-Kelowna située au bord du lac Okanagan, les habitants ont été particulièrement touchés. Des centaines de bâtiments ont été détruits ou endommagés dans la vallée. Après une telle catastrophe, vouée à se reproduire, les habitants tentent de panser leurs blessures et de trouver des solutions.Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.  La forêt québécoise après les grands incendies de cet été« Ici dans le rang 8, on a vraiment eu peur. J’étais très inquiète car j’avais peur pour la sécurité de mes pompiers… On a réussi à sortir notre camion. Il était temps qu’ils sortent de là. ». Doris Drolet, la chef pompier du village de Normetal cerné par les flammes en juin 2023, n’est pas près d’oublier son combat contre cet incendie qui a duré plusieurs semaines... Jamais en 100 ans, la forêt aménagée du Québec n’avait subi un pareil désastre. Le manque d’humidité dû à des températures élevées au printemps, conjugué à la foudre ont provoqué d’énormes incendies... Depuis, c’est la course contre la montre pour aller couper le bois brûlé avant que les insectes ne le ravagent. Et les chercheurs tentent de comprendre ce qui va pouvoir repousser désormais.Un Grand reportage de Pascale Guéricolas qui s'entretient avec Patrick Adam.
1/14/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Les années rennaises de Laurent Pokou et alerte sécheresse au lac Titicaca

Les années rennaises de Laurent PokouLe Stade de San Pedro, ainsi que le ballon officiel de la Coupe d'Afrique des Nations porteront son nom. À quelques jours du début de la CAN en Côte d’Ivoire, son aura n'a pas faibli. Laurent Pokou est mort, en novembre 2016, mais le souvenir de l'ancien attaquant des Éléphants de Côte d'Ivoire demeure. Une reconnaissance posthume pour celui qui fut l’homme d’Asmara, en référence à ses performances lors de la Coupe d’Afrique des nations en Éthiopie en 1968 et restée célèbre aussi pour son quintuplé face aux Éthiopiens, deux ans plus tard lors de la CAN au Soudan...Longtemps empêché de quitter la Côte d'Ivoire, celui que le roi Pelé lui-même avait désigné comme son successeur avait fini, sur le tard, par exporter son talent. Et contre toute attente, alors que de très nombreux clubs lui faisaient les yeux doux, c'est en Bretagne, à Rennes qu'il atterrit. Le début d'une aventure sportive et humaine de 5 ans... Sur une terre bretonne qui garde encore aujourd’hui le souvenir de l’attaquant ivoirien.Un Grand reportage d'Antoine Grognet qui s'entretient avec Patrick Adam.   Alerte sécheresse au lac TiticacaLe lac Titicaca, plus haut lac navigable au monde, à cheval entre le Pérou et la Bolivie, est en alerte sécheresse depuis quatre mois (mois de juillet 2023). Son niveau est historiquement bas. à cause du manque de pluies et de températures anormalement hautes. Une source d’inquiétude pour les habitants de la région de l’Altiplano. Grand reportage sur les rives du lac, côté péruvien.Un Grand reportage de Juliette Chaignon qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/13/202448 minutes, 30 seconds
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La forêt québécoise après les grands incendies de cet été

« Ici dans le rang 8, on a vraiment eu peur. J’étais très inquiète car j’avais peur pour la sécurité de mes pompiers… On a réussi à sortir notre camion. Il était temps qu’ils sortent de là. ». Doris Drolet, la chef pompier du village de Normetal cerné par les flammes en juin 2023, n’est pas près d’oublier son combat contre cet incendie qui a duré plusieurs semaines... Jamais en 100 ans, la forêt aménagée du Québec n’avait subi un pareil désastre. Le manque d’humidité dû à des températures élevées au printemps, conjugué à la foudre ont provoqué d’énormes incendies... Depuis, c’est la course contre la montre pour aller couper le bois brûlé avant que les insectes ne le ravagent. Et les chercheurs tentent de comprendre ce qui va pouvoir repousser désormais. « La forêt québécoise après les grands incendies de cet été », un Grand reportage de Pascale Guéricolas.
1/11/202419 minutes, 30 seconds
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Au Canada, la résilience des habitants meurtris par les feux de forêt

Le Canada a subi en 2023 la pire saison des feux de son histoire, avec 18,4 millions d'hectares brûlés. Dans l'ouest du pays, dans la ville de West-Kelowna située au bord du lac Okanagan, les habitants ont été particulièrement touchés. Des centaines de bâtiments ont été détruits ou endommagés dans la vallée. Après une telle catastrophe, vouée à se reproduire, les habitants tentent de panser leurs blessures et de trouver des solutions. De notre correspondant à West-Kelowna,À quatre heures de route depuis Vancouver, voici West-Kelowna, dans la région de l'Okanagan. Des arbres brûlés, piliers noirs et sinistres, accueillent le visiteur. Juste à l'entrée de la ville, des murs sans toit se dressent, des habitations détruites, des carcasses fondues. Un terrain attire l'œil, complètement rasé, comme s'il n'avait jamais été construit. C'est ici que Tiffany Genge, une mère au foyer de 41 ans, avait sa maison, avec son mari et ses deux enfants.Trois mois après l'incendie, relogée à une dizaine de minutes en voiture, Tiffany panse encore ses blessures. Dans son immense salon, elle raconte : « J'ai attendu le dernier moment quand ils nous ont dit " vous devez partir maintenant ". J'ai dit aux enfants : "OK, on y va. Retournez dans vos chambres, choisissez un jouet dont vous ne pouvez absolument pas vous passer ". »Moins d'une heure après leur départ de la maison, le système de sécurité relié à son smartphone lui indique que la maison surchauffe, puis perd la connexion. « C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que la maison avait disparu », se souvient Tiffany.Aujourd'hui, plus que ses affaires, ce sont les souvenirs qui lui manquent. Relogée dans une grande maison, un ancien Airbnb réquisitionné par la ville, elle s'y sent comme étrangère : « C'est ce sentiment de se sentir chez moi qui me manque. En tant que mère, c'est comme un nid, n'est-ce pas ? Et donc j'y pense parfois… Ceci est une maison temporaire, et nous l'avons rendue aussi confortable et accueillante que possible, mais c'est là-bas que mes enfants ont appris à ramper, c'est là-bas qu'ils ont appris à marcher, qu'ils ont dit leur premier mot ». Les souvenirs qui apparaissent sur Facebook et sur son téléphone la prennent régulièrement aux tripes et lui rappellent ce qu'elle a perdu, confie-t-elle.Quelques jours seulement après le drame d'août 2023, l'assurance a pris le relais. Tiffany peut désormais penser à l'après : pas question de quitter sa région, renommée « Smokanagan », un jeu de mot entre l'Okanagan et « smoke », « fumée » en anglais. Ils ont été parmi les premiers à obtenir le permis de démolir la maison en ruines, et l'autorisation de commencer les travaux au printemps 2024. « C'est la partie la plus excitante de tout cela. Le fait de ne plus voir tout en noir, c'est excitant pour moi et pour les enfants parce qu'ils se disent : « Oh, on va avoir de nouveaux trucs !!! », s'esclaffe Tiffany.Une saison exceptionnelleWest-Kelowna est habituée aux feux de forêts. Mais celui du mois d'août a bien failli emporter toute la municipalité, et la ville située en face, Kelowna. Pour la première fois, les flammes ont traversé le lac Okanagan, et ravagé plus de 200 habitations sur les deux rives.Depuis l'école de Mount Boucherie, Paige, 15 ans, piercing au nez, sourire aux lèvres, voyait même encore les fumerolles en allant en cours début septembre : « On en parlait plus à la rentrée, on se disait quelle maison avait brûlé, ou pas. Mais les incendies sont devenus une chose tellement normale à West-Kelowna, que nous n'en avons plus vraiment reparlé ».La plupart des amis de Paige ont été évacués cet été, quand les flammes sont arrivées. « Nous prenions des nouvelles les uns des autres tous les jours (...) et j'essayais de les soutenir avec des phrases un peu banales, comme (...) "ce ne sont que des objets, au moins on a perdu personne, n'est-ce pas ?" », raconte Paige.La jeune fille admet que la crise climatique la préoccupe beaucoup encore plus depuis que les phénomènes météorologiques locaux changent : moins de neige l'hiver en Okanagan, et des incendies tous les étés.Toute la région de l'Okanagan a subi de plein fouet cette saison estivale catastrophique : de la fumée, partout, tout le temps. Les flammes qui se rapprochent des maisons, qui réveillent pendant la nuit et qui paralysent le cours normal des choses. Assise dans un café à quelques kilomètres de West-Kelowna, Mélanie confie avoir perdu beaucoup d'argent cet été :  «Je suis peintre en bâtiment et j'avais des travaux à l'extérieur que je fais normalement en été : ils ont tous été annulés. Personne n'était intéressé, et je ne leur en veux pas. Moi-même, ça ne m'intéressait pas d'être à l'extérieur, c'était déjà assez difficile de respirer pour se déplacer et faire ses tâches quotidiennes. »La travailleuse estime avoir perdu 15 000 dollars de bénéfices, le temps de la saison des feux. Mélanie est loin d'être un cas isolé : de nombreux secteurs subissent les conséquences des feux, dont le tourisme, évidemment.Le tourisme frappé de plein fouetAu centre d'accueil des visiteurs de West-Kelowna, désert, il y a un musée consacré à la foresterie, un thème au cœur de l'identité de la ville. Pour le secteur touristique, les pertes économiques sont énormes. Jeremiah Rider est le directeur de l'Office de tourisme de West-Kelowna : « Nous avons constaté une baisse de fréquentation de 90 % ici. Dans l'Okanagan, nous en sommes au point où nous sommes presque excités lorsqu'il n'y a pas d'incendie. »Le professionnel du tourisme rappelle que les feux ne touchent pas que le tourisme : ils pèsent aussisur le marché du logement, déjà très tendu dans l'Okanagan, en réduisant le nombre de maisons disponibles.  Pour se donner du courage, Jeremiah pense à la communauté de West-Kelowna… Cet été, elle a fait preuve de résilience et de solidarité. Le directeur du musée montre fièrement une immense caisse en bois, posée devant l'accueil visiteurs et remplie de boîtes de conserves, de pâtes, et autres aliments essentiels. « C'est une boîte à dons pour la Banque alimentaire. Nous avons récolté près de 1 300 dollars en dons en espèces, sans compter la nourriture. »Une radio locale a même récolté près de 15 000 dollars de dons pour la Banque alimentaire et différentes collectes de fonds étaient en cours début novembre 2023. « Les gens se mobilisent pour aider les personnes touchées, et pour récompenser les pompiers, car c'est un travail énorme qu'ils ont eu, en particulier, le chef des pompiers Brolund, et le travail qu'il a dû faire pour maintenir la communauté en vie, pour que tout le monde reste positif et que tout le monde soit en sécurité », ajoute Jeremiah, admiratif.Des pompiers déterminésLa caserne des pompiers de Jason Brolund surplombe, sur une colline, la ville de West-Kelowna. Le chef des pompiers se dirige vers le garage immense et les camions rutilants, mais s'arrête en chemin, téléphone à la main pour montrer une image d'un immense panache de fumée : « Cette photo a été prise d'ici. C'est le jour où l'incendie a éclaté. C'était le 16 août. Aujourd'hui, c'est évidemment très différent, car nous sommes passés soudainement à l'automne ici. »Jason Brolund a été sur tous les fronts, coordonnant les centaines d'hommes mobilisés sur le terrain, dormant peu, craquant même parfois en direct à la télévision, en larmes. Tout l'été, sa caserne des pompiers est devenue sa deuxième maison. « Pour moi et la centaine de pompiers de mon département, nous continuions à venir tous les jours parce que c'est notre communauté. Nous vivons ici. Nos familles vivent ici. Nos parents vivent ici. Nous sommes allés à l'école ici. Nos professeurs habitent au coin de la rue… Nous voulons protéger cette communauté et lui montrer que nous sommes là pour elle. C'est ce qui nous a permis de rester motivés. »En septembre 2023, Jason Brolund a été invité à l'ONU par le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour parler de son expérience de terrain. Résoudre le dérèglement climatique, ce n'est pas de son ressort. Lui parle de ce qu'il voit dans sa région natale : plus de feux, plus forts, plus difficiles à gérer avec des étés plus arides. Et il y a des leçons à tirer de cette saison. « Si la première ligne de défense est laissée aux pompiers, il est bien trop tard. Nous ne pouvons pas mettre en place des services d'incendies suffisamment importants pour arriver à arrêter des feux de cette taille, avant qu'ils ne brûlent des maisons. Il faut investir en amont, comme avec FireSmart par exemple », assène le chef des pompiers.Apprendre les bons gestesPour atténuer ces feux de forêt, il y a une première solution : sensibiliser la population. L'initiative dont parle Jason Brolund, « FireSmart » ou Intelli-Feu en québécois, est un programme gouvernemental pour nettoyer les jardins et réduire le risque qu'ils s'enflamment.Direction le nord de West-Kelowna, à une centaine de kilomètres, où le même feu a dévasté plusieurs zones urbaines. Évacué cet été, un café posé au bord de la route, en bordure de forêt, se remet tout juste du désastre. Dan Stevens, un géant au grand sourire et à la verve passionnée, est déjà en train de commander sa boisson chaude. Il coordonne la sensibilisation pour FireSmart en Colombie-Britannique, et travaille aussi pour la Société des Services d'Urgences pour les Premières Nations de Colombie-Britannique.Dan Stevens était à Kelowna au moment où l'incendie a commencé à se propager. Il est donc rentré chez lui pour appliquer les principes de prévention des incendies de FireSmart à sa propre maison : « J'ai enlevé une partie de la végétation autour de ma maison, créé une zone intermédiaire autour de mon bâtiment, afin qu'il n'y ait pas de végétation inflammable. J'ai éloigné certains de mes meubles de jardin de la maison et de ma terrasse, juste au cas où des braises ou des tisons arriveraient. Car le vent peut souffler des tisons jusqu'à deux kilomètres aux alentours et cela peut déclencher des incendies lorsqu'ils se déposent sur des combustibles extérieurs ».Impossible de connaître le nombre de personnes qui utilisent le programme FireSmart, lancé par le gouvernement, il y a plus de 30 ans. Mais pour Dan, il est vital que ses principes soient connus et appliqués par tous. « Nous essayons d'atteindre toutes les communautés parce que 'l'enjeu n'est pas de savoir si le feu de forêt va arriver, mais quand il va arriver, et nous devons être préparés pour cela », rappelle-t-il, un regard inquiet par la fenêtre.Adapter les forêts mitoyennesLa deuxième solution, complémentaire de FireSmart, est de mieux entretenir les forêts, car de nombreux terrains forestiers appartiennent à des entreprises privées, situés parfois à quelques mètres seulement des habitations.Si ces parcelles ne sont pas entretenues, que du combustible est disponible au sol, elles risquent de s'enflammer encore plus vite. Coulter Roberts fait partie d'une entreprise de gestion forestière, Ntytix, qui s'inspire des anciennes pratiques des peuples autochtones du pays pour réduire l'intensité des feux aux abords des maisons.Casquette de son entreprise vissée sur la tête, le jeune homme a donné rendez-vous dans une forêt traitée par Ntytix et située sur les hauteurs de Kelowna… Elle a brûlé en 2021, sans atteindre les maisons. « L'objectif d'un projet comme celui-ci est de réduire les combustibles au sol qui vont porter le feu jusqu'à la couronne des arbres et provoquer un incendie plus intense », explique Robert Coulter en déambulant dans la forêt, le nez en l'air.Dans les bois proches des maisons, un grand nombre de branches d'arbres ont été élaguées jusqu'à trois mètres de hauteur. Les combustibles au sol ont été empilés et brûlés, un projet réalisé à la main par des équipes, avec des tronçonneuses et des scies d'élagage.Un projet comme celui de Ntytix coûte 8 000 dollars, pour 45 hectares de forêt traités, sans compter le coût en main-d'œuvre, qui rend impossible le traitement de toutes les forêts du Canada. « Il n'est pas réaliste d'arrêter tous les feux avec l'un de ces traitements. Ce n'est pas le but du projet. Il s'agit surtout de réduire l'intensité d'un incendie s'il se produit », rappelle Robert Coulter.Après une saison catastrophique, West-Kelowna se relève doucement de son traumatisme et cherche des solutions. Car les mois sont comptés : des feux brûlent encore sous la neige, et dès mars 2024, ils ressortiront, d'un bout à l'autre du Canada. L'arrivée du phénomène El Niño, annoncée par les scientifiques, pourrait aggraver la prochaine saison.
1/10/202419 minutes, 30 seconds
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Alerte sécheresse au lac Titicaca

Le lac Titicaca, plus haut lac navigable au monde, à cheval entre le Pérou et la Bolivie, est en alerte sécheresse depuis quatre mois (mois de juillet 2023). Son niveau est historiquement bas. à cause du manque de pluies et de températures anormalement hautes. Une source d’inquiétude pour les habitants de la région de l’Altiplano. Grand reportage sur les rives du lac, côté péruvien. « Alerte sécheresse au lac Titicaca », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
1/9/202419 minutes, 30 seconds
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Les années rennaises de Laurent Pokou

Le Stade de San Pedro, ainsi que le ballon officiel de la Coupe d'Afrique des Nations porteront son nom. À quelques jours du début de la CAN en Côte d’Ivoire, son aura n'a pas faibli. Laurent Pokou est mort, en novembre 2016, mais le souvenir de l'ancien attaquant des Éléphants de Côte d'Ivoire demeure. Une reconnaissance posthume pour celui qui fut l’homme d’Asmara, en référence à ses performances lors de la Coupe d’Afrique des nations en Éthiopie en 1968 et restée célèbre aussi pour son quintuplé face aux Éthiopiens, deux ans plus tard lors de la CAN au Soudan... Longtemps empêché de quitter la Côte d'Ivoire, celui que le roi Pelé lui-même avait désigné comme son successeur avait fini, sur le tard, par exporter son talent. Et contre toute attente, alors que de très nombreux clubs lui faisaient les yeux doux, c'est en Bretagne, à Rennes qu'il atterrit. Le début d'une aventure sportive et humaine de 5 ans... Sur une terre bretonne qui garde encore aujourd’hui le souvenir de l’attaquant ivoirien.« Les années rennaises de Laurent Pokou », un Grand reportage d’Antoine Grognet.
1/8/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE 9 tirailleurs de retour au Sénégal et responsabiliser les auteurs de violences conjugales

Neuf tirailleurs de retour au Sénégal85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France.Un Grand reportage de Sylvie Koffi qui s'entretient avec Patrick Adam.    Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidiveC’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni.Un Grand reportage deLise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/7/202448 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Métis de la colonisation belge et Europe cherche lithium désespérément

Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies briséesIls ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays.Un Grand reportage de Laure Broulard qui s'entretient avec Patrick Adam.   Europe cherche lithium désespérémentIl y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine. Un Grand reportage de Justine Fontaine qui s'entretient avec Patrick Adam.  
1/6/202448 minutes, 30 seconds
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Las Vallas, l’école perdue au milieu des Andes

C’est une petite bâtisse rose perchée à plus de 3 000 m d’altitude dans la Cordillère des Andes. L’école de Las Vallas, dans la province de Catamarca en Argentine, accueille les enfants de la communauté autochtone Diaguita qui vit presque coupée du monde dans cette vallée proche de la frontière avec le Chili. À Las Vallas, pas de route ni de signal téléphonique. Le village le plus proche est à plusieurs heures de marche. Pour s’y rendre, les cinq professeurs de cette petite école traversent chaque semaine la réserve naturelle de Sierra de Belén. Sur place, ils sont à la fois enseignants, infirmiers et assistants sociaux. Une forme de sacerdoce pour ces hommes et ces femmes qui mettent de côté leur vie de famille pour garantir le droit à l’éducation de ces enfants.Rediffusion du 27 septembre 2022. « Las Vallas, l’école perdue au milieu des Andes », un Grand reportage de Théo Conscience.
1/5/202419 minutes, 30 seconds
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Oman : voyage aux sources de l'encens

Véritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens.Rediffusion du 23 novembre 2023. L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. « Oman : voyage aux sources de l'encens », un Grand reportage d'Isabelle Chenu. Réalisation : Jérémie Boucher.
1/4/202419 minutes, 30 seconds
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La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano

Des Andes, on connaît surtout les lamas, aussi les alpagas, mais on connaît moins la vigogne. Plus petite et plus fine, elle est sauvage, avec des allures de gazelle. Si la laine d’alpaga est très recherchée, celle de la vigogne est hors de prix, pour ne pas dire inestimable. L’animal aujourd’hui est protégé, dans tous les pays andins où il vit, son espèce n’est plus menacée. Direction la Bolivie où la saison de la tonte des vigognes a démarré en septembre et durera jusqu’en décembre.  «La fibre de vigogne, ce trésor de l’Altiplano», un Grand reportage d'Alice Campaignolle. (Rediffusion du 24 octobre 2022)
1/4/202419 minutes, 30 seconds
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Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France.Rediffusion du 16 mai 2023. Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir. «9 tirailleurs de retour au Sénégal», un Grand reportage de Sylvie Koffi.En images
1/3/202419 minutes, 30 seconds
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Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines

À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union Européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. « Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.Rediffusion du 10 avril 2023.
1/2/202419 minutes, 30 seconds
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Sports de combat: quand le MMA se fait une belle place en France

De sport paria, il y a encore trois ans, à véritable phénomène de société, le MMA, les arts martiaux mixtes, s’est fait une place de choix sur le territoire français. Le public est au rendez-vous, lors des différents événements organisés à Paris, les combattants font partie des plus grandes ligues mondiales. Comment le MMA est-il en train de s’imposer véritablement comme un sport majeur en France, son avenir est-il aussi radieux que ce qu’on lui prédit ?Rediffusion du 1 novembre 2023. Samedi 2 septembre 2023 à l’Accor Hôtel Arena de Paris Bercy. Près de 16 000 personnes se sont réunies pour suivre la soirée UFC (Ultimate Fighting Championship), la plus grande ligue mondiale d’arts martiaux mixtes. Ce soir-là, les combattants français ont brillé et le public a donné de la voix. De simples cris à des « Marseillaise » reprises en chœur, l’ambiance a tout du souvenir inoubliable pour la mère d’un des athlètes présents sur la carte, William Gomis. « C’était une très belle soirée, pleine de rebondissements et d’ambiance. De voir tout cet engouement pour du MMA en France, c'est beau à voir, j’espère que l’UFC reviendra rapidement ».En deux éditions, l’UFC a fait de Paris, et de la France, une nouvelle terre de MMA. Tout porte à croire que le marché national est florissant, insiste avec fierté le vice-président de la fédération américaine, David Shaw : « L’Arena a réalisé un bénéfice de 4 millions de dollars en billetterie, ce qui est un record. Il faut savoir que 70% des billets achetés le sont par des fans qui habitent en dehors de Paris », avant de renchérir avec le sourire : « On ne peut pas être plus satisfait de la manière dont l’UFC s’est implanté en France. J’étais au téléphone avec des collègues de Las Vegas juste après la soirée, ils m’ont dit à quel point le public était bruyant vu de l’écran. »« Les jeunes veulent faire comme les footballeurs »Depuis la légalisation de la pratique en France, en janvier 2020, la vague MMA engloutit tout sur son passage. Pour mieux comprendre le phénomène, il faut retourner à l’essence de ce sport, au contact des pratiquants amateurs. Située en plein cœur de Paris, la salle du Maccabi est une référence dans le milieu. Établissement moderne conçu sur deux étages, le Maccabi propose une multitude de cours de sports de combat, dont le MMA. Les inscriptions ont explosé depuis trois ans, le profil des combattants amateurs a évolué à l’image de Mory, 18 ans : « J’avais en tête de commencer par le MMA, mais depuis je pratique d’autres disciplines pour me perfectionner », explique-t-il en reprenant son souffle. Pour Romain, pratiquant de MMA depuis 2 ans, il y a une logique de voir des jeunes ne jurer que par les arts martiaux mixtes : « Effectivement, il y a de plus en plus de jeunes de 15-16 ans qui débutent par le MMA, c’est vrai qu’à l’instar des footballeurs, quand les jeunes regardent les stars du MMA, ils veulent faire comme eux. »Assommé de coup de téléphone, Benjamin Attia, le cousin de gérant de la salle, se plie en quatre pour réorganiser le planning de cours et faire de la place au MMA : « C’était timide au début, mais depuis le début de cette année on a eu plus de 1200 inscrits. L’année d’avant, c'était dans les 800, on a augmenté de près de 50% », se réjouit le jeune homme à l’impressionnante carrure : « C'est un sport qui parle aux jeunes, qui est en train d’entrer dans leurs mœurs. L’arrivée de l’UFC à Paris nous a aussi permis de nous développer, tout comme l’avènement de nouvelles stars de la discipline comme Ciryl Gane ou Greg. »Greg, c’est le diminutif de Grégory Bouchelaghem, professeur de MMA et combattant professionnel de 46 ans, connu sur YouTube sous le nom de GregMMA. Avec près d’un million d’abonnés, celui qui vient de reprendre sa carrière de combattant tente, à sa manière, d’expliquer le développement fulgurant de la pratique : « Le MMA correspond bien à l’époque actuelle, c’est le métissage globalisé, le mélange des cultures. C'est le pragmatisme à l’américaine donc c’est normal que ça cartonne », martèle-t-il.« J’ai trouvé cette haine injuste »Un sport qui cartonne en France, mais qui n’est pas sans côtés sombres. Avec des fans déchaînés, dans le public et sur les réseaux sociaux, difficile de faire la part des choses, même si l’on est adulé comme Cyril Gane, porte-drapeau de la discipline et star de l’UFC. Sa défaite rapide contre l’Américain Jon Jones en mars dernier a laissé des traces sur Internet : « Je suis conscient de ce que sont les réseaux sociaux, j’étais armé pour ça », souligne le colosse de 115 kilos, affalé dans son fauteuil de chambre d’hôtel. Le poids lourd français ajoute : « J’ai eu de la peine pour les haineux, j’ai trouvé ça injuste. »Une bonne dose d’ingratitude, conséquence d’un sport en pleine métamorphose. À Nice, Aldric Cassata en sait quelque chose. Le manager de Manon Fiorot, française la plus proche d’une ceinture mondiale à l’UFC, a combattu lorsque le MMA était honni. Dorénavant dirigeant de la Boxing Squad, une petite salle, située au quatrième étage d’un bâtiment en périphérie de la ville, le vétéran se souvient : « On n’était pas du tout vu par les Français, il n’y avait pas les réseaux. C’était du défraiement, pas de la rémunération. On nous prévenait une semaine avant pour combattre. C’est l’envie martiale qui primait et rien d’autre », relate-t-il, couché sur les tatamis après une séance de boxe avec Manon Fiorot.Les réseaux sociaux, l’arme fatale du MMA, celle qui fait passer un combattant dans une autre dimension. Le Français Morgan Charrière, 28 ans, en est le parfait exemple. Nouveau venu à l’UFC, le Parisien qui s'entraîne désormais à l’US Métro Bizot, une salle moderne dans le style américain, s’est d’abord fait un nom sur YouTube : « Je me suis mis sérieusement à la création de vidéos en 2017. Je voulais faire ce travail en amont pour me faire connaître et faire connaître mon sport. Quand une forte communauté te suit, tu es pris plus au sérieux par les organisations, on te met plus en avant. C’est une vraie force de frappe. »Tous les feux sont au vert pour que le MMA devienne incontournable sur le territoire, au point de détrôner des sports plus établis comme le football et le rugby ? Pas si sûr, à en croire le journaliste spécialiste des sports de combat à l'Équipe, Jean-Charles Barès : « La réglementation actuelle fait qu’il est impossible de diffuser du MMA sur une chaîne gratuite avant 22 H 30. Modifier cette règle aiderait à développer la discipline, mais on ne va pas faire la fine bouche, c'est le début d’une histoire », analyse-t-il. Et pourquoi pas les Jeux Olympiques ? « C'est tout à fait possible, car le format est adapté. La question pourrait se poser d'ici à quelques années ».
1/1/202419 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE La question du climat au Groënland et dans la campagne présidentielle en Californie

Le Groënland, la plus grande île du monde, s’étend sur un peu plus deux millions de km², dont 81 % recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants, c’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde. Il appartient au royaume du Danemark mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse, qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources souterraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  « Groënland : les enjeux politiques du changement climatique », un Grand reportage de Carol Isoux « Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies. Quatre-vingt-dix-sept morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties. Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique.Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge, À un an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ?Rediffusion du 12 novembre 2023.
12/31/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Production de cocaïne en Colombie et une vie au travail en Corée du Sud

La Colombie, c’est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. Un Grand reportage de Najet Benrabaa.  « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas RoccaCombien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. Rediffusion du 11 novembre 2023.
12/30/202348 minutes, 30 seconds
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William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites coloniale

L’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives. Un Grand reportage de Juliette Dubois, réalisation : Jérémie Boucher.Rediffusion du 28 novembre 2023.
12/28/202319 minutes, 30 seconds
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Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive

C’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni. «Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive», un Grand reportage de Lise Verbeke.
12/27/202319 minutes, 30 seconds
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Europe cherche lithium désespérément

Il y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine. Rediffusion du 10 octobre 2023. À quelques centaines de mètres du village d’Echassières, dans le paysage vallonné du centre de la France, un grand cratère blanc pourrait voir s’installer l’une des plus importantes mines de lithium d’Europe. Pour l’instant, le site est une carrière de kaolin, une roche friable utilisée pour la porcelaine. Sous les gradins sillonnés par quelques machines de chantier se trouve un des plus grands gisements de lithium d’Europe. « Voilà l’entrée prévue de la galerie pilote qui permettrait d’alimenter notre usine pilote et de finir nos tests à l’échelle semi-industrielle, explique Benjamin Barré, géologue du groupe français Imerys, qui prévoit d’ouvrir une mine de lithium sous cette carrière en 2028. Nous sommes déjà en relation avec un bureau d’études pour nous aider à avoir des réponses pour la mine industrielle, la future mine ». Pour l’instant, des travaux d’exploration sont toujours en cours. Des salariés de l’entreprise sont en train d’extraire, avec l’aide d’une carotteuse, de longs cylindres de granit – des carottes dans le jargon de la géologie - qui seront ensuite analysés, pour évaluer leur richesse en lithium. La future mine souterraine n’a pas encore obtenu toutes les autorisations nécessaires. L’investissement prévu par Imerys est toutefois très important : plus d’un milliard d’euros, pour extraire la roche, la broyer, puis l’envoyer à quelques dizaines de kilomètres de là, vers une usine de raffinage, qui ne gardera que le lithium presque pur. « En France, je pense qu’il n’y a pas eu d’ouverture de mine ces 50 dernières années », avance Vincent Gouley, directeur de la Communication et du Développement durable pour les projets liés au lithium chez Imerys. « Quand vous trouvez un gisement de cette qualité au fond de votre jardin, il serait dommage de ne pas l’exploiter. Quelque part, nous avons de la chance d’avoir mis la main sur un tel gisement, sous un site existant », s’enthousiasme-t-il. Il a fait le voyage depuis Paris pour rencontrer des élus locaux et pour défendre le projet de mine. « En l’état de nos connaissances, il permettrait de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium chaque année, sur au moins 25 ans. Cela correspond aux besoins en lithium de 700 000 véhicules électriques par an, c’est-à-dire la moitié de la production française [de voitures électriques] aujourd’hui. C’est un gisement significatif au niveau français et au niveau européen », se réjouit-il.  Un enjeu politique et de souveraineté Comme celui d’Imerys, les projets autour du lithium se multiplient en Europe : usines de batteries en France et en Allemagne, projets de mines au Portugal, en Espagne, en Finlande, ou encore au Royaume-Uni. Une réponse aux estimations du niveau de la demande en lithium dans les années à venir : celle-ci pourrait être multipliée par 25 d’ici à 2050, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). De quoi inciter le président français Emmanuel Macron à promouvoir l’extraction de lithium dans son pays, comme lors de cette interview sur la chaîne France 2, en octobre 2022.  « On n’a pas de pétrole, mais on a du lithium. Donc si on fait des batteries – et on en fera en France deux millions par an à la fin du quinquennat – il faut pouvoir sécuriser les approvisionnements. Car le coût d’une batterie est à 80% lié aux matériaux comme les terres rares, etc. C’est pour ça qu’on va rouvrir des mines de lithium. On évitera à nos enfants des crises comme on est en train de la vivre. Car on ne dépendra plus du pétrole qui vient d’autres pays, [on dépendra] beaucoup moins du gaz venant d’autres pays, et beaucoup moins des batteries électriques faites en Chine », assurait le président français. Aujourd’hui, près de la moitié du lithium produit dans le monde vient de mines australiennes. Un tiers vient de lacs salés des hauts plateaux du Chili, dans le désert d’Atacama. Enfin, la Chine extrait sur son sol 15% de la production mondiale. Une concentration qui inquiète les dirigeants européens, échaudés par la guerre en Ukraine, qui a mis en évidence la dépendance du continent vis-à-vis du gaz russe.  Pour tenter d’assurer une souveraineté européenne pour l'approvisionnement en lithium et autres minerais indispensables à la transition énergétique, la Commission européenne a lancé en 2022 une nouvelle législation sur les matières premières critiques. Des minerais « critiques » et des terres rares, « il y en a en Europe, mais maintenant il faut se donner les moyens de les extraire. Et ne pas dire ‘nous en Europe nous allons consommer et assembler, mais laisser les autres extraire’. Car nous savons bien qu’extraire est compliqué », tonnait en mars 2023 Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. L’Union européenne s’est ainsi fixé des objectifs : « Sur l’extraction, l’objectif est [d’extraire sur le sol européen] 10% [des quantités de matières premières critiques dont nous aurons besoin] à l’horizon 2030. Certains diront que c’est peu mais nous sommes à 3% seulement aujourd’hui, donc c’est quand même un objectif ambitieux, estime Thierry Breton. Sur le raffinage 40% de nos besoins en 2030 doivent être faits en Europe. Et enfin nous avons un objectif de 15% de recyclage », concluait-il lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Or, concernant le raffinage par exemple, aucune usine n’est opérationnelle à ce jour en Europe. De la mine à la batterie À Lauterbourg, à deux pas de la frontière franco-allemande, la start-up Viridian prévoit d'en installer une, en bordure d’un port industriel, le long du Rhin. La construction n’a pas encore commencé. Nous rencontrons donc le co-fondateur de Viridian lors d’un de ses passages à Paris.Le projet a obtenu 12 millions d’euros de subventions publiques, pour effectuer l’une des étapes intermédiaires entre les mines et les producteurs de batteries électriques. « En amont, le producteur de lithium extrait ce métal depuis de la roche dure ou de saumure [de l’eau salée]. Ensuite, il faut raffiner. Certains producteurs le font eux-mêmes. D’autres préfèrent l’envoyer chez des raffineurs indépendants tels que Viridian pour le transformer ou le purifier davantage, explique Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian. Puis, ce lithium est donné aux constructeurs de cathodes, pour construire des cellules de batteries. Ces cellules sont mises dans des packs de batteries et enfin on place ces packs de batteries dans des véhicules électriques », précise-t-il. Viridian espère ouvrir sa raffinerie en 2026, avec une centaine de salariés. La start-up est en négociations avec Verkor (qui prévoit d’ouvrir une grande usine de batteries du nord de la France) pour lui fournir du lithium. Quelles conséquences pour l’environnement ? L’Europe prévoit d’interdire les voitures à moteurs thermiques dès 2035. Cependant, avec les projets déjà connus aujourd’hui, la production de lithium ne suffirait pas à répondre à la demande mondiale de batteries électriques estimée pour 2030, anticipe l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Malgré l’enthousiasme des dirigeants européens, les élus locaux ne sont pas tous à l’aise avec ces projets. Dans la région où Imerys veut creuser sa mine de lithium, certains n'ont pas souhaité nous parler. À Echassières, le village où la mine pourrait voir le jour, le maire a tout de même accepté de nous recevoir dans un petit bâtiment moderne où il est seul ce jour-là. Sur le principe, Frédéric Dalaigre est plutôt favorable à la mine, qui promet de créer près de 500 emplois directs, dont 300 à Echassières. Un chiffre énorme pour ce village d’à peine 400 habitants, dans une région rurale. « À l’échelle d’Echassières, c’est bien évidemment un projet de très grande taille », dit-il. « D’un point de vue économique, c’est évidemment positif pour la commune car si l’exploitation de lithium se fait, on aura des créations d’emplois sur la commune. Qui dit création d’emplois dit potentiellement plus d’habitants pour la commune et toutes les communes voisines. Cela veut dire plus de gens pour faire tourner nos commerces et plus d’enfants à l’école », souligne le maire. « Sur l’aspect environnemental, là, il y a une vigilance à apporter, notamment concernant la disponibilité en eau. L’eau est une préoccupation majeure partout en France. C’est le cas également dans l’Allier [le département où se trouve Echassières]. On attend des réponses à ce niveau-là, pour savoir où ils [Imerys] vont prendre l’eau, quelles sont les disponibilités locales, et où ils vont aller la chercher. » Dans le seul restaurant du village, face à l'église en pierre, un groupe d’amis finit de déjeuner. « Ce projet est une bonne nouvelle pour la commune », estime Kevin Fayol, qui élève des vaches à quelques centaines de mètres de la future mine. « Ça ne peut qu’apporter du travail en plus et davantage de population pour notre village », pense celui qui est aussi conseiller municipal. Autour de la table, tous sont favorables au projet, comme Eric Brun, conseiller municipal d’une commune voisine et agriculteur lui aussi. « On ne peut pas voir que les inconvénients, ce n’est pas possible. On nous parle tous les jours du local : ça c’en est, du local. Alors pourquoi être contre ? », avance-t-il. Pour autant, les habitants des alentours sont divisés. « Non à la mine », « Lithium non merci »... Voici les messages qu’on peut lire sur la route menant à Echassières. Nous retrouvons Xavier Thabarant quelques centaines de mètres au-dessus du site d’Imérys. Il est guide naturaliste, adhérent de France Nature Environnement et fait partie de « Préservons la forêt des Colettes », une association locale opposée à la mine. Dans cette forêt domaniale classée Natura 2000, « l’une des plus belles hêtraies de la région », selon Xavier Thabarant, un panneau signale la présence de la rosalie des Alpes, un insecte menacé.  « C’est cet insecte qui est en photo, bleu et noir, qui pond dans les hêtres. C’est notre insecte rare sur la forêt, et protégé. On est à deux pas de la mine, quand on regarde là derrière, on voit le haut [de la carrière]. J’espère que les arbres ne mourront pas mais s’ils meurent, l’insecte disparaîtra lui aussi [des lieux] », craint-il.  Pour son projet, Imerys aura besoin de puiser 600 000 mètres cubes d'eau par an*, assure l'entreprise. Soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de 11 000 Français environ. L’eau serait puisée à plusieurs kilomètres de la mine. L’endroit précis n’a pas encore été défini. Mais c'est l’un des points qui inquiète le plus les riverains. Sans compter la pollution à long terme habituellement générée par l’activité minière. Des nuisances que Xavier Thabarant n’accepte pas de voir justifiées par l’argument de la souveraineté. « C’est vrai qu’on a du lithium ici [en France] mais pour faire une batterie il faut aussi du cobalt, du manganèse... On a peut-être la moitié de ce dont on a besoin, donc on n’aura jamais l’indépendance énergétique », souligne-t-il. Pour les adhérents de Stop mines 03, une association qui se mobilise également contre le projet d'Imerys, les promesses de mine responsable avancées par Imerys, ne sont pas crédibles. « Même Imerys dit qu’il y aura des impacts environnementaux », souligne Sara Monimart, l’une des membres de l’association, qui se mobilise pour éviter que la mine voie le jour. « Ils [reconnaissent qu’ils] vont juste les minimiser. Cela veut dire qu’ils seraient capables de les minimiser ici mais qu’ils ne le font pas à l’étranger car ce n’est pas Europe et qu’il n’y a pas les mêmes normes ? C’est d’un cynisme monstrueux », dit-elle. En Serbie, en janvier 2022, la mobilisation de dizaines de milliers d’habitants a fini par mettre un coup d’arrêt à un projet de mine de lithium porté par la multinationale Rio Tinto. Les riverains - et les manifestants qui les soutenaient - craignaient des conséquences sur leur santé, et sur l’environnement. Lithium et géothermie En plus des mines de lithium issu de roche ou de lacs salés, il existe une autre manière de produire ce métal si recherché : la géothermie. En Europe, une dizaine de projets ont déjà été annoncés dans la vallée du Rhin. En effet, du lithium a été découvert dans les saumures (dans l’eau salée) du sous-sol de la région. Près de la frontière franco-allemande, à la sortie de la ville de Landau, 50 000 habitants, des ouvriers de la start-up australienne Vulcan appliquent de l’isolant en aluminium sur un impressionnant dédale de tuyaux. « C’est pour protéger les salariés de la chaleur dégagée par la saumure, l’eau salée issue de la géothermie », et puisée à plusieurs kilomètres de profondeur, explique Courtney Mahar, qui dirige la construction de cette usine pilote. « De l’autre côté de ce muret, ce sont nos voisins de la centrale de géothermie qui nous fournit des saumures. Là, dans ce cube gris se trouve le puits de forage. Et là, au fond du terrain le tuyau rejoint notre site. C’est comme ça que nous récupérons la saumure chargée en lithium », précise l’ingénieur. L’eau salée est filtrée pour en extraire le métal, avant de renvoyer le reste de l’eau et des minéraux dans le sous-sol. Le projet a commencé en 2018. Vulcan a levé près de 400 millions d’euros jusqu’à maintenant, sur un projet estimé à 1,5 milliard. La production de cette usine pilote doit débuter entre fin octobre et début novembre 2023. « Il y a trois étapes de production chez nous, explique Horst Kreuter, l’un des cofondateurs de l’entreprise. La première, c’est de forer des puits de géothermie [profonde] pour extraire de l’eau salée, de la saumure, dans le sous-sol. Ensuite, il faut séparer le lithium du reste de la saumure. On obtient alors un sel de lithium mais ce sel ne peut pas encore aller dans les batteries : il faut donc une étape supplémentaire, le raffinage, qui aura lieu à Francfort, dans une zone industrielle. » Après cette usine pilote, l’ambition de Vulcan est de passer à l’échelle industrielle, avec une usine environ 200 fois plus grande, qui produirait 24 000 tonnes de lithium chaque année, progressivement, à partir de 2026. « Plus de 30 usines de batteries sont en train d’être construites en Europe et ont besoin désespérément de lithium. Elles veulent se fournir sur le continent de lithium neutre en carbone. Et c’est exactement ce que nous faisons », se réjouit Horst Kreuter. La « neutralité carbone » à l’échelle d’une entreprise – dont se réclame Vulcan pour ses projets de lithium - est un concept contesté notamment par l’Ademe, l’agence française de la Transition écologique.Pour autant, les promesses d’une production moins polluante que les mines de roche dure conventionnelles font recette. « Nous avons déjà vendu toute notre production prévue pour les cinq prochaines années, alors que nous n’avons pas encore commencé à produire, poursuit Horst Kreuter. Nos clients sont Stellantis, Renault, Wolkswagen le groupe belge Umicore et puis LG, le deuxième plus grand fabricant de batteries au monde. » Cette méthode de production de lithium enthousiasme Valentin Goldberg et Fabian Nitschke, des chercheurs spécialisés dans la géothermie. Nous les rencontrons sur le campus de l’Institut technologique de Karlsruhe, à une trentaine de kilomètres de l’usine pilote de Vulcan.  Valentin Goldberg est doctorant au département de Géothermie. Il souligne les avantages d’extraire du lithium par la géothermie plutôt que dans de la roche ou dans des lacs salés d'Amérique du Sud.  « L’utilisation de ces saumures de la vallée du Rhin, les saumures de géothermie, est une forme d’extraction très peu invasive, dit-il. Car il y a juste deux petits puits de quelques centimètres de diamètres. Cela utilise moins de surface au sol, moins d’énergie et le grand avantage est que le marché se trouve ici [en Europe] : il n’y a quasiment pas besoin de transporter le lithium. Son impact environnemental est donc beaucoup moins important. Si l’exploitation se concrétise à l’échelle industrielle, ce serait donc plus propre que les mines conventionnelles », assure le doctorant. « Jusqu’à maintenant, nous avons toujours importé nos matières premières et notre énergie, comme le pétrole et le gaz, poursuit Valentin Goldberg. Nous exportions donc les dommages environnementaux que cela cause. Si nous avons la possibilité de produire notre propre énergie et nos propres matières premières, nous devrions prendre nos responsabilités et en assumer l’impact ici, là où nous les consommons, plutôt que de laisser à d’autres pays les dégâts que cela peut engendrer. » La construction des centrales de géothermie, qu’elles permettent ou non d’extraire du lithium, comporte tout de même des risques. « Nous avons constaté dans le passé que si les choses ne sont pas faites correctement, par exemple en allant trop vite, en appliquant des pressions trop fortes lors du forage, cela peut créer de l’activité sismique, qui peut être ressentie par la population. À Vendenheim [dans l’est de la France], mais aussi à Bâle [en Suisse, en 2006], il y a aussi eu des dommages limités, sur des maisons », souligne Fabian Nitschke, chercheur senior et directeur du Laboratoire de recherche dans lequel travaille Valentin Goldberg. Les habitants des alentours de Vendenheim, en banlieue de Strasbourg, ont en effet senti la terre trembler plusieurs fois à partir de la fin 2019. Dans un rapport commandé par les autorités françaises, des scientifiques ont conclu en 2022 que cette série de séismes avait été causée par le groupe français Fonroche, qui effectuait des forages pour construire une centrale de géothermie.  « Dans le cas de Vendenheim, les personnes qui ont subi des dommages n’ont pas été indemnisées de manière automatique et facile, souligne Fabian Nitschke. Ce qui a fait diminuer nettement l’acceptation de cette technologie » dans la région. Gionni Cuomo a ressenti plusieurs de ces tremblements de terre dans la banlieue de Strasbourg. « On s’est bien fait secouer », explique cet Alsacien qui participe à Vigiclimat, un collectif d’associations locales opposées aux projets de géothermie profonde (qu’ils permettent ou non d’extraire du lithium). « Le dernier en date, c’était en juin 2021 [mesuré à 3,9 sur l’échelle de Richter]. J’ai même eu le temps de me lever, sortir de mon lit et d’aller dans la chambre des enfants, cela tremblait toujours. », se souvient-il. À ce moment-là, il cherchait déjà « plus de terrain pour [ses] enfants », mais les séismes ont motivé « en grande partie notre décision de voir si l’herbe était plus verte ailleurs », dit-il. C’est à dire de déménager, à 45 min de voiture plus au nord. Pour constater « qu’il n’y a pas un seul projet de géothermie sur notre nouveau territoire mais une quinzaine de projets potentiels », regrette-t-il. ► À consulter : [Avis de l'Ademe] Tous les acteurs doivent agir collectivement pour la neutralité carbone, mais aucun acteur ne devrait se revendiquer neutre en carbone « Europe cherche lithium désespérément », un Grand reportage de Justine Fontaine, réalisé par Nicolas Benita.*Lors de l'interview, l'entreprise a indiqué avoir besoin de 500 000 mètres cubes d'eau par an pour sa mine industrielle et d'un apport 5 fois plus important au démarrage du projet. Par la suite, Imerys a souhaité corriger cette information et précisé qu'elle aura besoin de 600 000 mètres cubes par an, sans nécessiter de « remplissage initial significatif » en eau au démarrage de la mine. « Le besoin net en eau devrait même en toute logique être inférieur aux 600 000 mètres cubes évoqués plus haut les premières années de mise en service (il devrait atteindre cette cible progressivement) », assure l'entreprise.
12/26/202319 minutes, 30 seconds
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Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies brisées

Ils ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays.Rediffusion « Métis de la colonisation belge : racines brouillées, vies brisées », un Grand reportage de Laure Broulard.   
12/25/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Les victimes oubliées du château d'Hartheim en Autriche et les Mau Mau au Kenya

En Autriche, les victimes oubliées du château de HartheimDurant la Seconde Guerre mondiale, le château de Hartheim fut l’un des centres de mise à mort de l’opération d’euthanasie forcée des personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps physiques et mentaux, mise en œuvre par le régime nazi. Entre 1940 et 1944, 30 000 personnes y furent assassinées. Des victimes longtemps restées dans l’oubli.Un Grand reportage de Isaure Hiace qui s'entretient avec Patrick Adam.  Kenya: les Mau Mau, de la lutte pour l'indépendance aux défis de la mémoireIl y a 60 ans, le 12 décembre 1963, le Kenya déclarait son indépendance de l’Empire britannique. Un processus qui s’est accéléré avec l’insurrection des Mau Mau dans les années 1950… Ce mouvement s’est rebellé contre l’administration coloniale, se battant contre l’expropriation des terres et pour l’auto-détermination du pays. Les Mau Mau ont été très violemment réprimés par les colons britanniques. À l’indépendance, leur lutte a été plongé dans le silence. 60 ans plus tard, les vétérans et leurs descendants se battent toujours pour obtenir compensation et une meilleure reconnaissance.Un Grand reportage d'Albane Thirouard qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/24/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Guerre dans l'est de la RDC et Taïwan, l'île de Kinmen

Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable ?Comment pacifier l’est de la RDC ? La partie orientale du pays reste profondément déstabilisée. Une myriade de conflits impliquant un millefeuille d’acteurs armés prolifère depuis une trentaine d’années, les tensions entre le Rwanda et la RDC n’ont jamais été aussi élevées. Les affrontements entre les rebelles et l’armée congolaise alliée à des milices locales ont repris de plus belle début octobre 2023. La sécurité, ce sera l’un des grands défis du prochain président.Un Grand reportage de Coralie Pierret qui s'entretient avec Patrick Adam. Taïwan: l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentaleLe chant des obus continue de marquer les esprits des anciens à Kinmen. À trois semaines de la présidentielle à Taiwan, RFI vous emmène dans cette petite île taïwanaise située à portée de vue des côtes chinoises. L’ancienne ligne de front de la guerre froide voit aujourd’hui le bras de mer qui la sépare de la Chine continentale, comme un terrain d’échanges plus que d’affrontements, et attend avec impatience le retour des touristes du continent. Un Grand reportage de Stéphane Lagarde qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/23/202348 minutes, 30 seconds
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Taïwan: l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentale

Le chant des obus continue de marquer les esprits des anciens à Kinmen. À trois semaines de la présidentielle à Taiwan, RFI vous emmène dans cette petite île taïwanaise située à portée de vue des côtes chinoises. L’ancienne ligne de front de la guerre froide voit aujourd’hui le bras de mer qui la sépare de la Chine continentale, comme un terrain d’échanges plus que d’affrontements, et attend avec impatience le retour des touristes du continent. « Taïwan : l'île de Kinmen, de bastion militaire avancé à Cheval de Troie de la Chine continentale », un Grand reportage de Stéphane Lagarde.
12/21/202319 minutes, 30 seconds
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Kenya: les Mau Mau, de la lutte pour l'indépendance aux défis de la mémoire

Il y a 60 ans, le 12 décembre 1963, le Kenya déclarait son indépendance de l’Empire britannique. Un processus qui s’est accéléré avec l’insurrection des Mau Mau dans les années 1950… Ce mouvement s’est rebellé contre l’administration coloniale, se battant contre l’expropriation des terres et pour l’auto-détermination du pays. Les Mau Mau ont été très violemment réprimés par les colons britanniques. À l’indépendance, leur lutte a été plongé dans le silence. 60 ans plus tard, les vétérans et leurs descendants se battent toujours pour obtenir compensation et une meilleure reconnaissance. « Les Mau Mau, de la lutte pour l’indépendance aux défis de la mémoire », un Grand reportage d’Albane Thirouard.
12/20/202319 minutes, 30 seconds
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En Autriche, les victimes oubliées du château de Hartheim

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château de Hartheim fut l’un des centres de mise à mort de l’opération d’euthanasie forcée des personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps physiques et mentaux, mise en œuvre par le régime nazi. Entre 1940 et 1944, 30 000 personnes y furent assassinées. Des victimes longtemps restées dans l’oubli. « Ce que vous voyez là, c’est le mur d’origine », désigne Walter Brezina, 86 ans, devant le château de Hartheim. « C’est à cet endroit qu’on faisait descendre les personnes du bus, elles devaient ensuite se déshabiller et entrer dans la soi-disant salle de douche, où elles étaient gazées. 30 000 personnes ont été assassinées ici, une folie ! » Comme chaque année, Walter a fait le voyage depuis Vienne avec ses deux enfants, Norbert et Brigitte, pour rendre hommage à sa mère, Marie, qui fut gazée à Hartheim le 15 juillet 1940, à l’âge de 32 ans. « Ici c’est le seul lieu où je sais qu’elle a vraiment été, alors c’est important pour moi de venir. C’est lui rendre justice », explique Walter.En 1937, Marie Brezina a tenté de se jeter par la fenêtre. C’est ce geste de désespoir qui la conduira dans un asile viennois, puis à la mort, au château de Hartheim. Elle fut l’une des nombreuses victimes du programme « Aktion T4 » mis en place par les nazis dès 1939, qui visait à « euthanasier » -  selon la terminologie national-socialiste - les handicapés physiques et mentaux, des personnes considérées comme inutiles par les nazis.Un tournant dans la Seconde Guerre mondialeHartheim eut un rôle essentiel dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Par l’ampleur du nombre de victimes d’abord : « le château de Hartheim a été l'établissement du programme « Aktion T4 » qui a fonctionné le plus longtemps et enregistré le plus grand nombre de victimes », explique Florian Schwanninger, historien au mémorial de Hartheim depuis 2005. Certes, en 1941, face aux protestations de l’Église et d’une partie de la population, le programme « Aktion T4 » est stoppé, mais les meurtres, eux, ont continué : « les meurtres se sont déplacés. Les personnes souffrant de maladies psychiques et de handicaps ont été assassinées dans les établissements où elles se trouvaient à l'aide de médicaments. Elles ont également été victimes de la faim. (...) Ces personnes n'ont donc plus été assassinées à Hartheim à partir de 1941, mais les nazis ont trouvé un nouveau groupe cible : les détenus des camps de concentration, souvent des détenus malades ou invalides. » Ainsi, entre 1940 et 1941, 18 000 personnes souffrant de maladies psychiques ou de handicaps ont été gazées à Hartheim et entre 1941 et 1944, 12 000 autres, des détenus de camps pour la plupart, soit 30 000 personnes en tout.Outre l’ampleur du nombre de victimes, c’est la méthode avec laquelle elles ont été assassinées qui fait de Hartheim un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. « C’est la première fois dans l'histoire de l'humanité que des personnes sont assassinées dans des chambres à gaz sur une base quasi-industrielle », explique Herwig Czech, historien à l’Université de médecine de Vienne. « ‘L’Aktion T4’ est en fait le moment où cette méthode d'assassinat est développée : non seulement l’utilisation de chambres à gaz, mais aussi ce processus de dissimulation avec un examen soi-disant médical et des salles de douche. Cette méthode sera ensuite mise en oeuvre à une plus grande échelle, à partir de 1941, dans la Pologne occupée, dans les camps d'extermination de Treblinka, Sobibor et de Belzec. »Interroger le rôle de la médecineUne étude, publiée le 9 novembre 2023 dans la revue scientifique britannique The Lancet, pointait le « rôle central » joué par le corps médical dans les crimes des nazis. Selon l’étude, les programmes eugénistes, d'euthanasie et les « expériences humaines brutales » mis en œuvre dans un cadre médical ont fait au moins 230 000 morts, parmi les handicapés, les patients juifs et les déportés. À Hartheim, c’était en effet deux médecins qui encadraient ce programme d’euthanasie forcée. C’est aussi cet aspect qu’il ne faut pas oublier selon Herwig Czech : « Hartheim est un sujet important parce qu'il permet d'apprendre beaucoup de choses sur certains dangers inhérents à la médecine et en particulier sur les dangers liés au fait d’opposer certains groupes de la société à d’autres en fonction de leur prétendue valeur biologique ou sociale. »En 2003, le château de Hartheim est devenu un mémorial ainsi qu’un lieu d’apprentissage et de mémoire, que l’on peut visiter. L’exposition permanente, intitulée « Valeur de la vie », interroge notre perception de la « normalité », dans le passé mais aussi aujourd’hui : « il est important de ne pas considérer cette période du national-socialisme comme détachée et dissociée du reste de l'histoire », avance Irene Zauner-Leitner, qui travaille au mémorial de Hartheim. « Cela faciliterait les choses pour nous aujourd'hui, car nous pourrions alors dire : ‘c'était avant, cela n'a plus rien à voir avec nous’. Mais ce n'est pas le cas. C'est pourquoi il est très important de regarder ce qui s'est passé et de se demander quelles sont les continuités au cours de l'histoire. » Comme un symbole, divers objets et effets personnels des victimes de Hartheim ont été découverts par hasard lors de fouilles aux abords du château en 2001 et 2002. L’endroit est depuis devenu un cimetière, un lieu où chacun peut venir se recueillir et rendre hommage à ces 30 000 vies arrachées.
12/19/202319 minutes, 30 seconds
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Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable ?

Comment pacifier l’est de la RDC ? La partie orientale du pays reste profondément déstabilisée. Une myriade de conflits impliquant un millefeuille d’acteurs armés prolifère depuis une trentaine d’années, les tensions entre le Rwanda et la RDC n’ont jamais été aussi élevées. Les affrontements entre les rebelles et l’armée congolaise alliée à des milices locales ont repris de plus belle début octobre 2023. La sécurité, ce sera l’un des grands défis du prochain président. « Dans l’est de la RDC, comment mettre fin à une guerre interminable ? », un Grand reportage de Coralie Pierret.
12/18/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Les matatus de Nairobi et le harcèlement scolaire en France

 Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidienReportage à bord des matatus de Nairobi, ces bus archidécorés, archibruyants, œuvres d’art ambulantes, presque des discothèques roulantes. Une exposition qui leur était consacrée s’est refermée cette semaine à Nairobi Un Grand reportage d'Albane Thirouard qui s'entretient avec Patrick Adam.   Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ?En deuxième partie, le harcèlement scolaire en France, nous entendrons ces paroles de jeunes, par cette déferlante de violence, physique ou verbale, et même anonyme sur les réseaux sociaux. Mais on ira au-delà du constat, comment protéger les victimes, c’est la priorité.Un Grand reportage de Lise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/17/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI L'héritage de Nelson Mandela en Afrique du Sud et la sécheresse en Amazonie brésilienne

Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ? 10 ans après la mort de Nelson Mandela, que reste-t-il de celui qui a bouleversé l’histoire de son pays, un héritage ou bien juste une image ? Les jeunes d’aujourd’hui brûlent les icônes et réclament des comptes, au moins le droit à inventaire. Qui vacille, l’homme ou le parti ?Un Grand reportage de Claire Bargelès qui s'entretient avec Patrick Adam.  L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire2ème volet de l’émission en Amazonie au bord du rio Negro, au Brésil, c’est inédit depuis un siècle, jamais le fleuve n’avait été aussi bas. Alors pêcher, se déplacer, tout devient compliqué.Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Patrick Adam. 
12/16/202348 minutes, 30 seconds
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Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidien

Musique tonitruante, lumières disco, la carrosserie recouverte de graffitis, des conducteurs qui sifflent les passants à chaque coin de rue. Et surtout un indispensable du quotidien pour de nombreux kényans… Les matatus, ces bus de transport en commun privé, sont des incontournables de la capitale kényane. À tel point qu’une exposition leur a été dédiée dans une galerie d’art du bidonville de Kibera. Peintures, photographies, sculpture… elle a présenté différentes créations autour de l’univers des matatus. « Les matatus de Nairobi, quand le divertissement s’invite dans les transports du quotidien », un Grand reportage d’Albane Thirouard.
12/14/202319 minutes, 30 seconds
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Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ?

Nicolas, 15 ans ; Lucas, 13 ans ; Lindsay, 13 ans… Ce sont les prénoms d’enfants qui se sont récemment suicidés en France, à cause du harcèlement scolaire qu’ils subissaient. Dans le pays, un élève sur 10 en serait victime, voire même un sur 5, selon une récente étude de l’Ifop. Un fléau, récemment porté en priorité nationale par la Première ministre. « Harcèlement scolaire, comment protéger les victimes ? », un Grand reportage de Lise Verbeke.
12/13/202319 minutes, 30 seconds
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L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire

Au mois d’octobre 2023, le rio Negro, l’un des principaux affluents du fleuve Amazone, a atteint le plus bas niveau de son histoire, avec 13 mètres de profondeur. Une catastrophe pour cette région où l’eau est nécessaire pour se déplacer, pêcher, cultiver son alimentation, ou tout simplement boire. Livrés à eux-mêmes, les habitants de cette région sont inquiets pour les années à venir. « L’Amazonie brésilienne vit la pire sécheresse de son histoire », un Grand reportage de Sarah Cozzolino, réalisation : Diego Tenorio.
12/12/202319 minutes, 30 seconds
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Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ?

Figure mythique de la lutte contre l'apartheid, héros national qui a passé 27 ans en prison, père de la nation arc-en-ciel et premier président noir du pays. Nelson Mandela a disparu, il y a 10 ans, quelle image les Sud-Africains gardent-ils de lui ? Que reste-t-il de Nelson Mandela en Afrique du Sud ? Un Grand Reportage signé Romain Chanson et Claire Bargelès. 
12/11/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Montée des eaux au Soudan du Sud et Objectif 100% électricité renouvelable

 Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eauxVoilà 4 ans que le Soudan du Sud se bat contre les inondations. Les marais de la plaine inondable du Nil, au cœur du pays, ont triplé de surface. L’eau a privé des centaines de milliers de Sud-Soudanais de leurs champs, de leurs forêts et de leurs troupeaux. À Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, c’est du jamais vu : l’agglomération est devenue une île. Les villageois des alentours se sont réfugiés à l’abri des digues construites avec l’ONU et tentent de s’en sortir, au jour le jour.Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick AdamObjectif 100 % d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 : c’est l’objectif que s’est fixé le Kenya. Un projet ambitieux qui semble pourtant à portée de main. Selon les chiffres officiels, 87,5 % de l’énergie produite dans ce pays d’Afrique de l’Est en 2022 était déjà générée par le vent, l’eau, le soleil ou la géothermie. Alors comment le pays compte-t-il atteindre son but ? Sur quel modèle économique repose ce déploiement ?Un Grand reportage d'Albane Thirouard et de Pauline Gleize. Entretien avec Patrick Adam. 
12/10/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Érosion côtière au Bénin et Fossile envers et contre tout en Norvège

Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ?L’érosion côtière – le fait que la mer grignote les côtes et les effrite - est un phénomène naturel lié aux vents, aux tempêtes, aux courants marins et aux glissements de terrain. Mais le réchauffement climatique amplifie ce phénomène à mesure que le niveau des océans s’élève et que les tempêtes se multiplient et s’intensifient. Et l’urbanisation croissante aggrave le phénomène. Une situation  particulièrement critique en Afrique de l’Ouest où le tiers de la population vit sur le littoral. Au Bénin, des maisons, des hôtels, des infrastructures ont déjà été emportés par la mer… et ce n’est que le début.Un Grand reportage de Lucile Gimberg qui s'entretient avec Patrick Adam   Norvège, fossile envers et contre toutLa Norvège est le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Sans abandonner ses activités, le pays s’est engagé à diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Comment la Norvège va-t-elle répondre au défi climatique tout en préservant sa principale source de revenus ?Un Grand reportage d'Anne Verdaguer qui s'entretient avec Patrick Adam  
12/9/202348 minutes, 30 seconds
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Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ?

L’érosion côtière – le fait que la mer grignote les côtes et les effrite - est un phénomène naturel lié aux vents, aux tempêtes, aux courants marins et aux glissements de terrain. Mais le réchauffement climatique amplifie ce phénomène à mesure que le niveau des océans s’élève et que les tempêtes se multiplient et s’intensifient. Et l’urbanisation croissante aggrave le phénomène. Une situation  particulièrement critique en Afrique de l’Ouest où le tiers de la population vit sur le littoral. Au Bénin, des maisons, des hôtels, des infrastructures ont déjà été emportés par la mer… et ce n’est que le début. « Érosion côtière au Bénin : quelles solutions ? », un Grand reportage de Lucile Gimberg. En images
12/7/202319 minutes, 42 seconds
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Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eaux

Voilà 4 ans que le Soudan du Sud se bat contre les inondations. Les marais de la plaine inondable du Nil, au cœur du pays, ont triplé de surface. L’eau a privé des centaines de milliers de Sud-Soudanais de leurs champs, de leurs forêts et de leurs troupeaux. À Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, c’est du jamais vu : l’agglomération est devenue une île. Les villageois des alentours se sont réfugiés à l’abri des digues construites avec l’ONU et tentent de s’en sortir, au jour le jour. « Soudan du Sud : à Bentiu, la lutte des habitants face à la montée des eaux », un Grand reportage de Florence Miettaux.
12/6/202319 minutes, 30 seconds
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Objectif 100 % d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan

100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 : c’est l’objectif que s’est fixé le Kenya. Un projet ambitieux qui semble pourtant à portée de main. Selon les chiffres officiels, 87,5 % de l’énergie produite dans ce pays d’Afrique de l’Est en 2022 était déjà générée par le vent, l’eau, le soleil ou la géothermie. Alors comment le pays compte-t-il atteindre son but ? Sur quel modèle économique repose ce déploiement ? « Objectif 100% d'électricité renouvelable dès 2030 : le modèle kenyan », un Grand reportage d’Albane Thirouard et Pauline Gleize. DIAPORAMA
12/5/202319 minutes, 30 seconds
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Norvège, fossile envers et contre tout

La Norvège est le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Sans abandonner ses activités, le pays s’est engagé à diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Comment la Norvège va-t-elle répondre au défi climatique tout en préservant sa principale source de revenus ? Au-delà de l’image d’Epinal, et des brochures touristiques, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Car si le pays est le paradis des fjords, des aurores boréales, ou encore de la voiture électrique, la Norvège n’en est pas moins le premier fournisseur de gaz vers l’Europe, ainsi que le 11e producteur mondial de pétrole. L’extraction des hydrocarbures représente aujourd’hui une manne colossale et 33 % du PIB.Pour Silje Lundberg, chef de campagne pour la mer du Nord chez Oil change international « La Norvège est le pays le plus hypocrite d’Europe quand il s’agit des questions climatiques. Car tant que l’on aura besoin de pétrole et de gaz, la Norvège sera le dernier pays au monde à en produire ! La raison principale, c'est que cela rapporte beaucoup d’argent et que cela permet d’employer beaucoup de monde. Donc il est plus facile pour les politiciens de garder une forme de statu quo, en ne faisant que des changements de surface, sans jamais s’attaquer jamais aux vrais enjeux du changement climatique ».Ces dernières années, le débat sur la façon dont la Norvège et son tissu industriel doivent s'adapter au changement climatique s'est intensifié. Témoin direct du dérèglement climatique, la Norvège est le pays champion de la voiture électrique, mais ne souhaite pas sortir de l’extraction fossile.Pour Jonas Quittelsen, d’Extinction Rébellion Norvège « La Norvège a toujours eu l’image d’une nation verte, et notre pays a d’ailleurs toujours pris position en matière environnementale, mais la réalité est bien différente et nous sommes les plus grands greenwashers au monde ! Si l’on regarde seulement cette année, la Norvège a octroyé 15 nouvelles licences de forage de pétrole et de gaz. Depuis 2 ans, on a atteint des records ! La nouvelle bataille à présent se situe en Arctique, car la Norvège veut aller forer de plus en plus au nord là où elle n’a jamais été car les ressources s’épuisent dans le sud. »Stavanger, sur la côte ouest de la Norvège est la capitale du pétrole. Elle est aussi le berceau d’Equinor, la compagnie pétrolière norvégienne contrôlé à 67 % par l’État. Elle est aussi le lieu où se trouve le musée du pétrole où RFI a rencontré Bjorn Lindberg, son conservateur qui explique que dans la 3e ville de Norvège, « le commerce de la sardine a été énorme pendant des années, jusqu’à arriver à la fin de son heure de gloire dans les années 1960. Puis le grand chamboulement est arrivé en 1969 quand Ekofisk a été découvert »En octobre 1969, alors que les essais de forage en mer se multiplient sans succès pour Philips Petroleum, la compagnie pétrolière américaine, décide de forer un dernier trou dans un réservoir crayeux. Du pétrole jaillit du fond des mers. Ekofisk, le premier et l’un des plus grands gisements pétroliers en mer du Nord est découvert avec un potentiel d’extraction d’en moyenne 164 000 barils par jour.Et le pays, qui est à l’époque l’un des plus pauvres d’Europe avec la Grèce, entre dans une nouvelle ère : celle de l’abondance. Les hydrocarbures s’affirment comme la colonne vertébrale de l’économie du petit royaume de 5,5 millions d’habitants.Alors, la Norvège verra-t-elle un jour la fin du pétrole et du gaz ? Pas avant une centaine d’années, prédit l’industrie pétrolière norvégienne. En attendant, il faut préparer l’avenir et pour la Norvège, cela passera sans doute par la capture et le stockage de carbone. Près de Bergen, à 350 km au nord de Stavanger, Northern Lights, le plus grand site de stockage de CO2 est en train de voir le jour, il est financé en grande partie par l’État norvégien et a été lancé par Equinor, Shell et Total, il sera opérationnel en 2024.Sverre Overa est le directeur du projet Northern Lights: « Chaque compagnie pétrolière a ses raisons pour investir dans la capture et le stockage de carbone, certaines le font pour leur réputation, d’autres veulent faire partie de la solution et ne veulent pas seulement faire partie du problème. Et la troisième raison, c’est que l’extraction du gaz et du pétrole a une fin en raison du besoin de réduire les émissions et cette nouvelle industrie de la décarbonation pourra se servir des compétences de ces compagnies pétrolières donc c’est une façon d’aller vers la transition énergétique et le futur ».La technique dite du CCS est aujourd’hui reconnue comme un moyen essentiel de réduire les émissions de CO2. Mais les écologistes y voient, au contraire, une excuse pour poursuivre l’exploitation des énergies fossiles. Pour Klimentina Radkova de Greenpeace Norvège, « la capture et le stockage du carbone est une fausse solution et ce n’est pas une alternative. C’est une distraction, et les compagnies pétrolières investissent massivement dans ce procédé, car cela leur donne le droit de continuer à polluer, et de produire un produit qui est nocif pour le climat. La manière la plus rapide, sûre et économique de stocker du carbone est de le laisser sous terre ».Soumis à des pressions croissantes pour réduire leurs émissions de CO2, les pays exportateurs de pétrole et de gaz comme la Norvège sont face à un défi colossal. La transition énergétique vers un monde bas-carbone où la part du pétrole serait limitée implique une totale révolution de leur modèle économique. À quel rythme, c'est toute la question.
12/4/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Enquête sur une secte multinationale du tantrisme et William Ponty au Sénégal

 Atman, enquête sur une secte multinationale du tantrismeLa police française a mené, mardi 28 novembre 2023, une large descente contre une secte internationale de yoga tantrique, la fédération Atman, et arrêté des dizaines de ses cadres pour traite de personnes, endoctrinement et séquestration. Parmi eux, se trouve son gourou, Gregorian Bivolaru, un Roumain qui poussait les adeptes féminines à coucher avec lui pour une prétendue élévation spirituelle. Notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis, a enquêté pendant deux mois et parlé avec plusieurs victimes. Il révèle comment cette secte procède.Un Grand reportage de Sébastien Farcis qui s'entretient avec Patrick Adam William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites colonialeL’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives.Un Grand reportage de Juliette Dubois qui s'entretient avec Patrick Adam.
12/3/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI La stratégie environnementale des Émirats et les retards de croissance au Pakistan

La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatieElle est souvent présentée comme la ville de la démesure. Dubaï, la capitale économique des Émirats arabes unis, accueille à partir d’aujourd’hui (30 novembre 2023) la COP28 sur les changements climatiques. Un paradoxe pour certains. Car la monarchie du Golfe est l’un des principaux producteurs de pétrole au monde. Mais les autorités multiplient aussi en parallèle les annonces environnementales. Sans perdre de vue pour autant leurs intérêts économiques et leur soft power.Un Grand reportage de Nicolas Keraudren qui s'entretient avec Patrick Adam    Les retards de croissance, un fléau pakistanaisUn retard de croissance chez un enfant, ce sont des conséquences irréversibles s’il n’est pas traité avant l’âge de 2 ans. Dans la province du sind au Pakistan, au moins dans certains villages, chez les moins de 5 ans, 2 enfants sur 3 sont concernés, le chiffre ne cesse d’augmenter... Au point que la Banque mondiale s’alarme et presse les autorités du Pakistan à prendre des mesures d’urgence, il s’agit bien d’une crise sanitaire majeure. Ce qui suit est parfois difficile à entendre.Reportage dans le Sind de Sonia Ghezali avec la collaboration de Shahzaib Wahlah et Sameer Chandio.Un Grand reportage de Sonia Ghezali qui s'entretient avec Patrick Adam 
12/2/202348 minutes, 30 seconds
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La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatie

Elle est souvent présentée comme la ville de la démesure. Dubaï, la capitale économique des Émirats arabes unis, accueille à partir d’aujourd’hui (30 novembre 2023) la COP28 sur les changements climatiques. Un paradoxe pour certains. Car la monarchie du Golfe est l’un des principaux producteurs de pétrole au monde. Mais les autorités multiplient aussi en parallèle les annonces environnementales. Sans perdre de vue pour autant leurs intérêts économiques et leur soft power. « La stratégie environnementale des Émirats, au-delà du climat, les affaires et la diplomatie », un Grand reportage de Nicolas Keraudren.
11/30/202319 minutes, 30 seconds
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Atman: enquête sur une secte multinationale du tantrisme

La police française a mené, mardi 28 novembre 2023, une large descente contre une secte internationale de yoga tantrique, la fédération Atman, et arrêté des dizaines de ses cadres pour traite de personnes, endoctrinement et séquestration. Parmi eux, se trouve son gourou, Gregorian Bivolaru, un Roumain qui poussait les adeptes féminines à coucher avec lui pour une prétendue élévation spirituelle. Notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis, a enquêté pendant deux mois et parlé avec plusieurs victimes. Il révèle comment cette secte procède. De notre correspondant en Inde, La musique est douce et planante. La lumière du coucher de soleil irradie la salle, située en haut d’un hôtel de Rishikesh, une ville sainte du nord de l’Inde. Au centre de la pièce, une cinquantaine de jeunes en habits décontractés avancent les yeux fermés, les uns après les autres, dans une allée formée par leurs compagnons. D’un pas hésitant, chacun se laisse alors caresser par les mains des autres pratiquants. « Connectez-vous à vos sensations, déconnectez votre esprit et ressentez les énergies d’amour des autres », encourage la professeure, Purusha Ananda, vêtue d’une tunique rouge. Cette « marche de l’ange » représente le premier exercice d’un cours de yoga tantrique, offert par l’école Mahasiddha. Une séance d’introduction pour inciter ces jeunes à suivre un stage de trois jours, qui commence le lendemain matin : « l’énergie érotique est la source de notre puissance intérieure, explique la professeure d’une voix suave. Et je vais vous enseigner comment contrôler cette énergie pour mieux faire l’amour, et pour purifier vos émotions jusqu’à la transcendance et la communion avec Dieu ». La gratification sexuelle du maîtreCette proposition semble alléchante. Mais elle cache un visage plus obscur : celui d’une secte du tantrisme, la fédération Atman, qui pousse des centaines de jeunes femmes vers des relations sexuelles débridées. Avec un but ultime : la gratification sexuelle de son maître, Gregorian Bivolaru. Comme l’a révélé RFI, ce gourou roumain de 71 ans a été arrêté ce mardi 28 novembre dans la région parisienne, avec 40 autres membres de son réseau. Il est poursuivi pour traite de personnes, séquestration en bande organisée, abus de faiblesse en bande organisée par les membres d’une secte, et viol. Il encourt jusqu’à trente ans de prison. Plusieurs victimes ont accepté de révéler à RFI, sous couvert d’anonymat, leur parcours traumatisant dans cette galaxie du tantrisme. Des orgies forcées entre adeptesPour Silke, tout commence en octobre 2019, à Rishikesh, justement, par ce cours d’introduction de Mahasiddha, l’une des dizaines d’associations affiliées à la fédération Atman. Cette Allemande, âgée alors de 21 ans, est happée par le discours « sans tabou » sur la sexualité, agrémenté d’une forte dose de spiritualité mêlant les dieux hindous et les anges chrétiens. « Je viens d’un milieu athéiste, et tout cela était excitant et intriguant pour moi, explique Silke. J’étais aussi vulnérable, car je sortais de l’université et je cherchais un but à ma vie ». Elle rejoint cette nouvelle famille, pendant trois ans en Allemagne, puis en Roumanie, où elle est invitée pour le camp estival le plus important de la fédération, organisé par MISA, une association fondée par Gregorian Bivolaru en 1990. « Dès que vous arrivez, ils prennent des photos et vidéos de vous nue, relate Silke. Puis on vous demande quand vous voulez rencontrer Grieg », surnom donné à Gregorian Bivolaru dans la fédération. « Et c’est impossible de dire non à tout cela, car si vous le faites, on vous exclut du camp ».Pendant les deux semaines de ce stage mené à Costinesti, au bord de la mer Noire, les enseignements sont de plus en plus sexuellement explicites : les femmes doivent écouter des récits enflammés d’accouplements, et à la fin, elles sont poussées à pratiquer une orgie entre elles. « Tout cela est fait pour éroder vos limites ou votre honte à parler et entendre parler de sexe, explique Silke. Il doit aussi être normal de penser à Grieg comme votre amoureux, pour vous préparer à accepter de coucher avec lui. »  MISA dément la prise de clichés nus, et reconnaît seulement demander des images en maillot de bain, « pour montrer les transformations physiques et de l’harmonie du corps attendues par la pratique du Hatha Yoga ». L’organisation qualifie du reste la tenue d’orgie de « mythe ». Une séquestration à Paris pour rencontrer Gregorian BivolaruCe camp de yoga de MISA sert, en tout cas, selon ces anciennes adeptes interrogées par RFI, de centre de recrutement de jeunes femmes pour Gregorian Bivolaru. Peu après y avoir participé, Stella, une Anglaise, a été emmenée à Paris pour rencontrer ce maître du mouvement de tantra, pour une « initiation sexuelle ». Un voyage qui prend rapidement des formes de traite de personnes : Stella a d’abord rendez-vous dans une station essence parisienne. Là, deux Roumains la placent dans une camionnette et lui mettent des lunettes opaques et un chapeau sur la tête, qui lui empêchent de voir où elle va. Elle arrive alors dans une grande maison de la banlieue de Paris. « Ils fouillent mon sac et prennent mon passeport, mes cartes de crédit ainsi que mon téléphone, qu’ils enroulent dans du papier aluminium », raconte Stella, d’une voix encore nerveuse. « Je dois aussi signer de nombreux documents assurant que je n’ai pas été violée ni fait l’objet de traite ». Pourtant, pendant les deux semaines qu’elle attendra sur place, Stella n’aura le droit de sortir qu’une fois seule de cette maison, et ne pourra appeler qu’une fois ses proches, lors d’une conversation contrôlée par les Roumains, depuis un téléphone qu’ils lui prêtent, et pendant laquelle elle ne pourra révéler où elle se trouve ni avec qui.  La déification du maître de la « secte »Elle est enfin appelée par Gregorian Bivolaru. « Quand je le vois, je me dis tout de suite qu’il est frêle et vieux, et que je ne veux pas coucher avec cet homme, se souvient Stella. Et en même temps, j’entends cette voix d’endoctrinement dans ma tête, qui me dit que je suis superficielle, que je dois le voir comme l’être divin qu’il est, et que c’est une grande opportunité pour moi. » La déification de ce maître, ainsi que la culture accrue du secret, sont deux des éléments qui font dire aujourd’hui à ces anciennes adeptes que le mouvement Atman est une « secte ». « Pendant la pénétration, il a gardé les yeux fermés, et je me suis dit qu’il méditait, raconte Stella. Mais dans cet acte, le plus important pour lui, c’est de boire l’urine. Il m’a donc fait boire son urine, et il a bu la mienne. Et ensuite, il s’est allongé, et s’est endormi. En ronflant. » Silke a également rencontré Gregorian Bivolaru dans ce lugubre appartement parisien. Mais ce qui l’a plus choqué, c’est d’y voir une mineure. « C’était une Hongroise de 16 ans, et elle était venue avec sa mère, qui vivait dans l’école depuis des décennies, affirme Silke. Et Gregorian Bivolaru lui a crié dessus, car la fille ne voulait pas le sucer assez longtemps. C’est là que je me suis dit que ce n’était vraiment pas normal ».  La fédération Atman n’a pas répondu à nos multiples demandes de réponses à ces accusations.Pour Silke comme pour Stella, cette relation contrainte avec Gregorian Bivolaru a brisé l’endoctrinement, et entamé le long processus de sortie de cette secte.  Pour retrouver l’intégralité des témoignages et l'enquête, écoutez la version audio de ce Grand Reportage.Réalisation : Victor Uhl
11/29/202319 minutes, 30 seconds
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William Ponty au Sénégal, histoire d'une fabrique à élites coloniale

L’École normale William Ponty au Sénégal a laissé sa trace sur toute une période de l’histoire. Créée en 1903 pour éduquer des cadres africains à l'époque coloniale, elle a aussi formé beaucoup des dirigeants post-indépendance. Nostalgiques, les anciens élèves rêvent de restaurer le site et d’influencer les politiques éducatives. Un Grand reportage de Juliette Dubois, réalisation : Jérémie Boucher.
11/28/202319 minutes, 30 seconds
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Les retards de croissance, un fléau pakistanais

Un retard de croissance chez un enfant, ce sont des conséquences irréversibles s’il n’est pas traité avant l’âge de 2 ans. Dans la province du sind au Pakistan, au moins dans certains villages, chez les moins de 5 ans, 2 enfants sur 3 sont concernés, le chiffre ne cesse d’augmenter... Au point que la Banque mondiale s’alarme et presse les autorités du Pakistan à prendre des mesures d’urgence, il s’agit bien d’une crise sanitaire majeure. Ce qui suit est parfois difficile à entendre. Reportage dans le Sind de Sonia Ghezali avec la collaboration de Shahzaib Wahlah et Sameer Chandio.Réalisation : Jérémie Boucher.
11/27/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Le Bassin du Congo, une expédition au cœur des tourbières et une histoire qui reste à écrire

Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières (Épisode 1)Deuxième plus grande forêt équatoriale au monde, le bassin du Congo est pourtant l’une des régions les plus méconnues de la science. En 2017, des chercheurs y ont découvert les plus grandes tourbières tropicales au monde. C’est dans cette partie immergée de la forêt que nous retrouvons Corneille Ewango, célèbre botaniste congolais qui s’attelle aujourd’hui à étudier la végétation et l’histoire ancienne de cet écosystème délicat. Avec le soutien de la National Geographic Society.Un Grand reportage de Mélanie Gouby qui s'entretient avec Patrick Adam La science du bassin du Congo : une histoire qui reste à écrire (Épisode 2)Deuxième poumon de la planète, le bassin du Congo demeure pourtant l’une des régions les plus méconnues au monde, un manque de connaissances et de données scientifiques qui limite les initiatives pour le protéger. Désormais une jeune génération de scientifiques africains s’attelle à étudier la forêt. À la station de Yangambi, un ancien centre de recherche construit pendant la colonisation belge, ces scientifiques s’approprient cet héritage pour en faire un tremplin pour l’avenir du bassin du Congo. Avec le soutien de la National Geographic Society.Un Grand reportage de Mélanie Gouby qui s'entretient avec Patrick Adam 
11/26/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Le droit à l'avortement en Russie et le voyage aux sources de l'encens à Oman

Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’ÉtatLe droit à l’avortement est un acquis très ancien pour les Russes : l'Union soviétique a été le premier pays au monde à l’autoriser en 1920. Ensuite interdit pendant un temps, il est très largement aujourd’hui considéré comme un acquis, mais avec désormais des remises en question. Dans un pays travaillé jusqu’au sommet du pouvoir par le déclin démographique, certains font le lien entre la possibilité d'avorter et la natalité en berne. Un Grand reportage d'Anissa El Jabrii qui s'entretient avec Patrick Adam   Oman : voyage aux sources de l'encensVéritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens.L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. Un Grand reportage d'Isabelle Chenu qui s'entretient avec Patrick Adam  
11/25/202348 minutes, 30 seconds
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Oman : voyage aux sources de l'encens

Véritable carrefour entre trois continents, l'histoire d'Oman -niché en bordure de la péninsule arabique- se confond depuis l'Antiquité avec celle des routes commerciales... Vers la Chine pour la soie et la vaisselle, vers l'Inde pour les épices. Mais aussi vers l'Afrique de l'Est (le Mozambique pour le commerce de l'or et de l'ivoire, puis Mombassa et Zanzibar pour celui du clou de girofle). Toutes ces routes ont également permis la diffusion du plus vieux parfum du monde : l'encens. L'arbre à encens -le Boswellia sacra- ne pousse que dans cette région qui va de la Somalie à Oman en passant par le Yémen. C'est toujours aujourd'hui une des bases essentielles de la parfumerie mondiale... mais à Oman qui se présente comme « le pays de l'encens » cette culture millénaire  -autrefois activité prospère- a été délaissée. La richesse apportée, depuis les années 70, par le gaz et le pétrole ont transformé la société. Le pays cherche désormais à reconquérir ce patrimoine. « Oman : voyage aux sources de l'encens », un Grand reportage d'Isabelle Chenu. Réalisation : Jérémie Boucher.
11/23/202319 minutes, 30 seconds
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La science du bassin du Congo : une histoire qui reste à écrire (Épisode 2)

Deuxième poumon de la planète, le bassin du Congo demeure pourtant l’une des régions les plus méconnues au monde, un manque de connaissances et de données scientifiques qui limite les initiatives pour le protéger. Désormais une jeune génération de scientifiques africains s’attelle à étudier la forêt. À la station de Yangambi, un ancien centre de recherche construit pendant la colonisation belge, ces scientifiques s’approprient cet héritage pour en faire un tremplin pour l’avenir du bassin du Congo.  « La science du bassin du Congo, une histoire qui reste à écrire, épisode 2 », un Grand reportage de Mélanie Gouby. Avec le soutien de la National Geographic Society.
11/22/202319 minutes, 30 seconds
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Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières (Épisode 1)

Deuxième plus grande forêt équatoriale au monde, le bassin du Congo est pourtant l’une des régions les plus méconnues de la science. En 2017, des chercheurs y ont découvert les plus grandes tourbières tropicales au monde. C’est dans cette partie immergée de la forêt que nous retrouvons Corneille Ewango, célèbre botaniste congolais qui s’attelle aujourd’hui à étudier la végétation et l’histoire ancienne de cet écosystème délicat. « Bassin du Congo : une expédition au cœur des tourbières, épisode 1 », un Grand reportage de Mélanie Gouby. Avec le soutien de la National Geographic Society.
11/21/202319 minutes, 30 seconds
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Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’État

Le droit à l’avortement est un acquis très ancien pour les Russes : l'Union soviétique a été le premier pays au monde à l’autoriser en 1920. Ensuite interdit pendant un temps, il est très largement aujourd’hui considéré comme un acquis, mais avec désormais des remises en question. Dans un pays travaillé jusqu’au sommet du pouvoir par le déclin démographique, certains font le lien entre la possibilité d'avorter et la natalité en berne. « Russie : quand le ventre des femmes devient l’affaire de l’État », un Grand reportage d'Anissa El Jabri.
11/20/202319 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Retour sur le Projet Rafael en Colombie et les mangeurs de cuivre du Katanga

 Colombie : les voisins maudits de la mineRFI s’est associé au consortium international d’enquête « Forbidden Stories » pour reprendre le travail de Rafael Moreno, journaliste colombien, tué le 16 octobre 2022, dans des circonstances encore non élucidées. L’un des sujets sur lesquels il enquêtait : l’impact de la grande industrie minière sur l’environnement et la santé des populations dans sa région d’origine, le département de Cordoba. En 2017, la justice colombienne a obligé l’opérateur de la mine de nickel Cerro Matoso S.A à agir pour limiter ces effets nocifs. Six ans après, les dégâts sont toujours là parmi les communautés voisines de la plus grande mine à ciel ouvert de nickel du continent.Un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi et Angélica Perez. Elles témoignent au micro de Patrick Adam   Les mangeurs de cuivre du KatangaOn les appelle les mangeurs de cuivre. Nous sommes au Katanga, en RDC réputée depuis plus d’un siècle pour ses mines de cuivre et de cobalt, où se ruent les multinationales sur place. La dynastie du peuple Basanga, c’est elle qui fond le cuivre. Grâce à un four traditionnel, ce peuple du Katanga a produit différents objets en cuivre, dont le plus symbolique est la Croisette qui, au fil des années, a été utilisée par les peuples du sud de la RDC jusqu'en Afrique Centrale comme monnaie.Un Grand reportage de Denise Maheho qui s'entretient avec Patrick Adam
11/19/202348 minutes, 30 seconds
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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI À l'arrière du front en Ukraine et les mines en Argentine

 Ukraine : le Sud à l'arrière du frontEn Ukraine, après bientôt deux ans de guerre, la situation semble stagner sur le terrain, avec une contre-offensive ukrainienne qui semble au point mort. Après cinq mois d'efforts, le chef des armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, a lui-même récemment évoqué une « impasse », dans une interview accordée à nos confrères britanniques du magazine The Economist. Un Grand reportage de Jean-Jacques Héry qui s'entretient avec Patrick Adam  À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en ArgentineVaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. Un Grand reportage de Stefanie Schüler qui s'entretient avec Patrick Adam 
11/18/202348 minutes, 30 seconds
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À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine

Vaca Muerta, au nord de la Patagonie argentine. Ses sols abritent l’un des plus grands gisements de gaz et de pétrole de schiste au monde. Depuis dix ans, l’État argentin et toutes les grandes multinationales exploitent ce site exceptionnel. Un nouvel Eldorado qui attire des travailleurs de tout le continent et qui transforme à marche forcée cette ancienne région agricole. Mais l’extraction controversée de ces hydrocarbures non-conventionnels n’est pas sans conséquences pour l’environnement et les populations locales. « À l’ombre de Vaca Muerta : le boom du schiste et ses dégâts en Argentine », un Grand reportage de Stefanie Schüler. 
11/16/202319 minutes, 30 seconds
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Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche

C’est l’un des effets palpables du réchauffement climatique. Au Pérou, les glaciers reculent, avec une perte d’environ un tiers de leur surface depuis les années 2000. Le phénomène est particulièrement visible au coeur de la Cordillère blanche, dans le nord-ouest du pays. Connue pour ses sommets de plus de 6 000 mètres, la cordillère est menacée par la fonte des glaciers, qui accentue le risque d’inondations et d’éboulements destructeurs. (Rediffusion) « Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
11/15/202319 minutes, 30 seconds
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Ukraine : le Sud à l'arrière du front

En Ukraine, après bientôt deux ans de guerre, la situation semble stagner sur le terrain, avec une contre-offensive ukrainienne qui semble au point mort. Après cinq mois d'efforts, le chef des armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, a lui-même même récemment évoqué une « impasse », dans une interview accordée à nos confrères britanniques du magazine « The Economist ».  Au vu de ce contexte, et alors que l'hiver arrive, comment vit-on cet effort de guerre à l'arrière du Front, dans la perspective d'une guerre qui s'annonce inéluctablement longue, coûteuse ? Qu'est-ce que vivre en Ukraine aujourd'hui ? « Ukraine, le Sud à l'arrière du front », un Grand reportage de Jean-Jacques Héry. Ce reportage a été réalisé à l’occasion d’un voyage de presse proposé et organisé par la DG Echo, la direction générale pour l’aide humanitaire et la protection civile de la Commission européenne, qui n’a pas demandé à relire les textes avant publication.  En images
11/14/202319 minutes, 30 seconds
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Les mangeurs de cuivre du Katanga

On les appelle les mangeurs de cuivre. Nous sommes au Katanga, en RDC réputée depuis plus d’un siècle pour ses mines de cuivre et de cobalt, où se ruent les multinationales sur place. La dynastie du peuple Basanga, c’est elle qui fond le cuivre. Grâce à un four traditionnel, ce peuple du Katanga a produit différents objets en cuivre, dont le plus symbolique est la Croisette qui, au fil des années, a été utilisée par les peuples du sud de la RDC jusqu'en Afrique Centrale comme monnaie. « Les mangeurs de cuivre du Katanga », un Grand reportage de Denise Maheho.
11/13/202319 minutes, 30 seconds
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La question du climat au Groënland et dans la campagne présidentielle en Californie

Le Groënland, la plus grande île du monde, s’étend sur un peu plus deux millions de km², dont 81 % recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants, c’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde. Il appartient au royaume du Danemark mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse, qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources souterraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  « Groënland : les enjeux politiques du changement climatique », un Grand reportage de Carol Isoux « Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies. Quatre-vingt-dix-sept morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties. Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique.Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge, À un an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ?
11/12/202348 minutes, 30 seconds
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Production de cocaïne en Colombie et une vie au travail en Corée du Sud

La Colombie, c’est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. Un Grand reportage de Najet Benrabaa. (Rediffusion) « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas Rocca (Rediffusion).Combien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. 
11/11/202348 minutes, 30 seconds
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Colombie : les drogues de synthèse bouleversent le narcotrafic

La Colombie est le premier pays producteur de cocaïne au monde, c’est là que se cultive la feuille de coca, la base de production de cette drogue. Mais, depuis quelques années, le trafic de la cocaïne est bousculé par l’arrivée des drogues synthétiques. Les autorités d’ailleurs s’inquiètent, ces drogues font plus de dégâts parmi les consommateurs, comme le tusi, un nouveau cocktail de produits très à la mode. « Colombie, les drogues de synthèse bouleversent le narcotrafic », un Grand reportage de Najet Benrabaa.
11/9/202319 minutes, 30 seconds
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Groënland : les enjeux politiques du changement climatique

Le Groënland, la plus grande île du monde s’étend sur un peu plus de 2 millions de km2, dont 81% recouverts de glace, avec une population de seulement 57 000 habitants. C’est l’un des territoires les moins densément peuplés au monde, il appartient au royaume du Danemark, mais les revendications d’indépendance y prennent de l’ampleur, notamment chez une partie de la jeunesse qui revendique de plus en plus son appartenance à la culture Inuit, le peuple indigène du Groënland. De nombreuses questions demeurent, notamment celle de la viabilité financière du projet indépendantiste puisque l’île est encore très dépendante des subventions du gouvernement danois. Le réchauffement climatique, plus rapide, plus ravageur là-bas qu’ailleurs sur la planète, puisque la zone se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe, met en danger le mode de vie traditionnel des chasseurs, des communautés, des chiens de traîneau, mais en ouvrant de nouvelles routes maritimes et en offrant un accès à des ressources sous-terraines inédites, il ouvre des perspectives de mannes financières qui rendent les rêves d’indépendance désormais palpables.  
11/8/202319 minutes, 30 seconds
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En Corée du Sud, une vie au travail

Combien d’heures travaillez-vous par semaine ? 40, 45, 50 ? Plus ? En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol a proposé de pouvoir aller jusqu’à 69 h de travail par semaine. L’idée est d’offrir aux entreprises la possibilité d’augmenter les heures travaillées en période de forte activité, et de permettre aux employés de se rattraper ensuite avec plus de congés ou des semaines allégées. Mais la mesure a été rejetée massivement par la jeunesse. Car la Corée du Sud est déjà l’un des pays où l’on travaille le plus au monde, plus de 1 900 heures par an en moyenne. Près de 400 de plus que la France et 300 de plus que le voisin japonais. « En Corée du Sud, une vie au travail », un Grand reportage de Nicolas Rocca.
11/7/202319 minutes, 30 seconds
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Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle

Cet été, l’actualité américaine s’est focalisée sur les incendies... 97 morts à Hawaï, mais aussi les 18 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, des fumées que tous les États-Unis ont vues et senties… Des incendies qui témoignent de l’accélération de la crise climatique. Même en Californie, État le plus en pointe dans la lutte contre le réchauffement, on s’interroge. À un an de l’élection présidentielle aux États-Unis, est-ce que la question du climat va-t-elle peser sur les votes ? « Comment la Californie veut imposer la question du climat dans la campagne présidentielle », un Grand reportage de Thomas Harms. Réalisation : Guillaume Buffet.
11/6/202319 minutes, 30 seconds
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«Canal Istanbul», le dernier projet fou d’Erdogan

Un pont, une mosquée de 60 000 places, un gigantesque aéroport… À Istanbul, les grands chantiers s’enchainent, l’objectif c’est de finir une série de projets pour le centenaire de la République, date symbolique célébrée le 29 octobre 2023. Aux commandes depuis près de vingt ans, Recep Tayyip Erdogan veut marquer son empreinte sur la Turquie d’aujourd’hui. Autre projet : un canal pour doubler le détroit du Bosphore. Ce « projet fou », des mots du président turc lui-même, a beaucoup fait parler depuis son annonce en 2011. Mais au lendemain du centenaire, il ressemble plus à une chimère. Il n’y a toujours ni canal ni chantier, seulement les plans de son tracé. Et autour des quartiers, des terres agricoles et des forêts qui se font raser.« Canal Istanbul, le dernier projet fou d’Erdogan », un Grand reportage de Manon Chapelain.
11/2/202319 minutes, 30 seconds
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Sports de combat: quand le MMA se fait une belle place en France

De sport paria, il y a encore trois ans, à véritable phénomène de société, le MMA, les arts martiaux mixtes, s’est fait une place de choix sur le territoire français. Le public est au rendez-vous, lors des différents événements organisés à Paris, les combattants font partie des plus grandes ligues mondiales. Comment le MMA est-il en train de s’imposer véritablement comme un sport majeur en France, son avenir est-il aussi radieux que ce qu’on lui prédit ?  Samedi 2 septembre 2023 à l’Accor Hôtel Arena de Paris Bercy. Près de 16 000 personnes se sont réunies pour suivre la soirée UFC (Ultimate Fighting Championship), la plus grande ligue mondiale d’arts martiaux mixtes. Ce soir-là, les combattants français ont brillé et le public a donné de la voix. De simples cris à des « Marseillaise » reprises en chœur, l’ambiance a tout du souvenir inoubliable pour la mère d’un des athlètes présents sur la carte, William Gomis. « C’était une très belle soirée, pleine de rebondissements et d’ambiance. De voir tout cet engouement pour du MMA en France, c'est beau à voir, j’espère que l’UFC reviendra rapidement ».En deux éditions, l’UFC a fait de Paris, et de la France, une nouvelle terre de MMA. Tout porte à croire que le marché national est florissant, insiste avec fierté le vice-président de la fédération américaine, David Shaw : « L’Arena a réalisé un bénéfice de 4 millions de dollars en billetterie, ce qui est un record. Il faut savoir que 70% des billets achetés le sont par des fans qui habitent en dehors de Paris », avant de renchérir avec le sourire : « On ne peut pas être plus satisfait de la manière dont l’UFC s’est implanté en France. J’étais au téléphone avec des collègues de Las Vegas juste après la soirée, ils m’ont dit à quel point le public était bruyant vu de l’écran. »« Les jeunes veulent faire comme les footballeurs »Depuis la légalisation de la pratique en France, en janvier 2020, la vague MMA engloutit tout sur son passage. Pour mieux comprendre le phénomène, il faut retourner à l’essence de ce sport, au contact des pratiquants amateurs. Située en plein cœur de Paris, la salle du Maccabi est une référence dans le milieu. Établissement moderne conçu sur deux étages, le Maccabi propose une multitude de cours de sports de combat, dont le MMA. Les inscriptions ont explosé depuis trois ans, le profil des combattants amateurs a évolué à l’image de Mory, 18 ans : « J’avais en tête de commencer par le MMA, mais depuis je pratique d’autres disciplines pour me perfectionner », explique-t-il en reprenant son souffle. Pour Romain, pratiquant de MMA depuis 2 ans, il y a une logique de voir des jeunes ne jurer que par les arts martiaux mixtes : « Effectivement, il y a de plus en plus de jeunes de 15-16 ans qui débutent par le MMA, c’est vrai qu’à l’instar des footballeurs, quand les jeunes regardent les stars du MMA, ils veulent faire comme eux. »Assommé de coup de téléphone, Benjamin Attia, le cousin de gérant de la salle, se plie en quatre pour réorganiser le planning de cours et faire de la place au MMA : « C’était timide au début, mais depuis le début de cette année on a eu plus de 1200 inscrits. L’année d’avant, c'était dans les 800, on a augmenté de près de 50% », se réjouit le jeune homme à l’impressionnante carrure : « C'est un sport qui parle aux jeunes, qui est en train d’entrer dans leurs mœurs. L’arrivée de l’UFC à Paris nous a aussi permis de nous développer, tout comme l’avènement de nouvelles stars de la discipline comme Ciryl Gane ou Greg. »Greg, c’est le diminutif de Grégory Bouchelaghem, professeur de MMA et combattant professionnel de 46 ans, connu sur YouTube sous le nom de GregMMA. Avec près d’un million d’abonnés, celui qui vient de reprendre sa carrière de combattant tente, à sa manière, d’expliquer le développement fulgurant de la pratique : « Le MMA correspond bien à l’époque actuelle, c’est le métissage globalisé, le mélange des cultures. C'est le pragmatisme à l’américaine donc c’est normal que ça cartonne », martèle-t-il.« J’ai trouvé cette haine injuste »Un sport qui cartonne en France, mais qui n’est pas sans côtés sombres. Avec des fans déchaînés, dans le public et sur les réseaux sociaux, difficile de faire la part des choses, même si l’on est adulé comme Cyril Gane, porte-drapeau de la discipline et star de l’UFC. Sa défaite rapide contre l’Américain Jon Jones en mars dernier a laissé des traces sur Internet : « Je suis conscient de ce que sont les réseaux sociaux, j’étais armé pour ça », souligne le colosse de 115 kilos, affalé dans son fauteuil de chambre d’hôtel. Le poids lourd français ajoute : « J’ai eu de la peine pour les haineux, j’ai trouvé ça injuste. »Une bonne dose d’ingratitude, conséquence d’un sport en pleine métamorphose. À Nice, Aldric Cassata en sait quelque chose. Le manager de Manon Fiorot, française la plus proche d’une ceinture mondiale à l’UFC, a combattu lorsque le MMA était honni. Dorénavant dirigeant de la Boxing Squad, une petite salle, située au quatrième étage d’un bâtiment en périphérie de la ville, le vétéran se souvient : « On n’était pas du tout vu par les Français, il n’y avait pas les réseaux. C’était du défraiement, pas de la rémunération. On nous prévenait une semaine avant pour combattre. C’est l’envie martiale qui primait et rien d’autre », relate-t-il, couché sur les tatamis après une séance de boxe avec Manon Fiorot.Les réseaux sociaux, l’arme fatale du MMA, celle qui fait passer un combattant dans une autre dimension. Le Français Morgan Charrière, 28 ans, en est le parfait exemple. Nouveau venu à l’UFC, le Parisien qui s'entraîne désormais à l’US Métro Bizot, une salle moderne dans le style américain, s’est d’abord fait un nom sur YouTube : « Je me suis mis sérieusement à la création de vidéos en 2017. Je voulais faire ce travail en amont pour me faire connaître et faire connaître mon sport. Quand une forte communauté te suit, tu es pris plus au sérieux par les organisations, on te met plus en avant. C’est une vraie force de frappe. »Tous les feux sont au vert pour que le MMA devienne incontournable sur le territoire, au point de détrôner des sports plus établis comme le football et le rugby ? Pas si sûr, à en croire le journaliste spécialiste des sports de combat à l'Équipe, Jean-Charles Barès : « La réglementation actuelle fait qu’il est impossible de diffuser du MMA sur une chaîne gratuite avant 22 H 30. Modifier cette règle aiderait à développer la discipline, mais on ne va pas faire la fine bouche, c'est le début d’une histoire », analyse-t-il. Et pourquoi pas les Jeux Olympiques ? « C'est tout à fait possible, car le format est adapté. La question pourrait se poser d'ici à quelques années ».
11/1/202319 minutes, 30 seconds
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40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, lutter encore et toujours

Le 15 octobre 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme part de Marseille… ce jour-là, ils sont 32 à prendre le départ. Leur objectif : Paris, en passant par Montélimar, Lyon ou encore Strasbourg. Au fil des kilomètres, les rangs grossissent. Après deux mois et demi de marche et 1 200 kilomètres, le cortège arrive le 3 décembre à Paris, ils sont 100 000 plusieurs décennies plus tard, crimes racistes, violences policières et conditions de vie indignes dans les cités : où en est-on ? « 40 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, lutter encore et toujours », un Grand reportage de Justine Rodier.
10/31/202319 minutes, 30 seconds
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La Cité internationale de la langue française, le grand projet de Macron

Ouverture aujourd’hui (30 octobre 2023) de la Cité Internationale de la langue française par le président de la République. C’est effectivement le gros chantier des deux quinquennats. Emmanuel Macron a voulu ce premier lieu dédié à la langue française qui prend place dans le château de Villers-Cotterêts construit par François 1er et dans la ville de naissance d’Alexandre Dumas dans l’Aisne à moins d’une heure de Paris. Le château abandonné et en ruines renaît de ses cendres après 5 ans de travaux. Il retrouve sa magnificence : c’est un bijou de la Renaissance à la lisière d’une forêt d’exception, la forêt de Retz. Le public peut à présent accéder gratuitement aux deux cours du château et le traverser pour rejoindre la forêt. Un parcours permanent s’empare de l’histoire de la langue française et de son rayonnement dans le monde. Une histoire relatée avec ses bons côtés, mais qui ne néglige pas pour autant la part violente de cette propagation à travers les colonies.« La Cité internationale de la langue française, le grand projet de Macron » un Grand reportage de Muriel Maalouf.
10/30/202319 minutes, 30 seconds
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Loin de l’Hexagone, Mayotte a soif

Mayotte, petit archipel volcanique de l’océan Indien niché entre Madagascar et le Mozambique ; sa barrière de corail, son lagon turquoise et ses bidonvilles. L’île aux fleurs est le département le plus pauvre de France et la délinquance y est jugée « hors norme » par l’Insee, l’Institut national des statistiques. L’accès aux soins et à l’éducation est difficile, l’immigration clandestine est très élevée. Et aux crises sociale et sécuritaire, s’ajoute depuis plusieurs mois une crise de l’eau. L’île subit sa plus importante sécheresse depuis 1997, désormais les Mahorais vivent au rythme des coupures d’eau.  « Loin de l’Hexagone, Mayotte a soif », un Grand reportage de Jeanne Richard.
10/27/202319 minutes, 30 seconds
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Nouvelle-Zélande: les conséquences des compensations carbone

Depuis une vingtaine d’années, la Nouvelle-Zélande s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux dans la revente de crédits CO2. À l’autre bout du monde, des sociétés comme Ikea, Shell ou Boeing s’offrent donc un « droit à polluer » en rachetant le carbone absorbé par les forêts néo-zélandaises, dédiées aux compensations carbone. Pour la plupart monocultures, elles sont constituées uniquement de pins exotiques, qui absorbent plus rapidement le CO2 mais résistent peu aux tempêtes et cyclones australes. À chaque catastrophe naturelle, des milliers d'arbres s’échouent sur les plages, les fermes et les habitations, affectant plusieurs régions à travers le pays. (Rediffusion)De notre correspondant en Nouvelle-Zélande,« Ici, on élève de l’air frais ! », s’amuse Warrick James. Située au milieu des Alpes du Sud, la plus grande chaîne de montagne en Nouvelle-Zélande, la ferme de Warrick et sa femme Cece a récemment changé de visage.Il y a quelques années, ils ont troqué la moitié de leur bétail pour se lancer dans les compensations carbone. Sur plus de 500 hectares, le couple a planté une forêt de pins dédiée à la revente de crédits CO2 : « avec les hauts et les bas dans le secteur de l’élevage, au moins le carbone nous a donné une certaine stabilité ».Car avec les réductions d’émissions de CO2 imposées aux grandes entreprises à travers le monde, le prix du carbone s’envole. Chaque année, les forêts de Warrick absorbent 50 tonnes de CO2 par hectare. Des tonnes, reconverties en unités et rachetées une trentaine d’euros par le système d’échange de droits d’émissions. « J’ai toujours cru que je n’étais qu’un fermier du sud avec ses vaches et ses moutons, je n’aurais jamais pensé que j’allais un jour avoir des arbres pour absorber du carbone », plaisante Warrick. Et si le couple garde le sourire, c’est parce que l’année dernière, ils ont empoché près de 800 000 euros grâce aux compensations carbone.Une reconversion qui séduit de plus en plus les éleveurs de bétail. En 2022, 50 000 hectares de fermes d’élevage ont été reconvertis en forêts de compensations carbone.Au nord du pays, sur la côte Est, Gisborne et sa région appelée en māori, Tairāwhiti. Ici, les fermes de compensations carbone ont eu un impact considérable sur la population. Récemment marqué par les cyclones Hale et Gabrielle durant l’été austral, ce district est constamment affecté par la chute d’arbres provenant de ces forêts. « On en a marre de ce chaos ! », affirment Bridget et son mari Mike.Ce couple d’horticulteurs a perdu la quasi-totalité de leur ferme de kiwis, dévastée par des tonnes de troncs d’arbres. « En cinq ans, nous avons été affectés trois fois par ces fermes de carbone. Les arbres se sont échoués sur nos terres et notre maison était encerclée par les pins. Et tous ces arbres viennent des forêts de compensations carbone situées 25 kilomètres plus haut. »Un désastre économique, mais aussi écologiqueDans ce décor cataclysmique, où la vase et les arbres recouvrent les rivières et les fermes locales, une voix s’élève, celle de Hera Ngata Gibson. Cette habitante de Tolaga Bay, a vu en l’espace d’une génération, sa région être totalement dévastée par l’industrie du carbone.Il y a quelques mois, elle a lancé une pétition pour qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur les effets néfastes de cette activité dans la région. Une initiative rejetée plusieurs fois par le ministre néo-zélandais de l’Industrie forestière. « Ce que j’ai réalisé avec cette expérience, c’est que le gouvernement et cette industrie n’ont aucune idée de ce qui est important pour nos populations dans ce genre de communauté. L’environnement est ce nous avons de plus cher et cela a affecté toute notre manière de vivre. On se sent submergé par ces débris de bois qu’il y a partout autour de nous… à chaque grande marée, les arbres finissent de nouveau sur les plages. Puis une fois en mer, ils détruisent nos fonds marins. Pour cette petite communauté, au mode de vie très modeste, la mer est l’une de nos ressources principales pour manger, mais aujourd’hui, c’est devenu impossible. »Car le problème pour cette région de Nouvelle-Zélande, est surtout lié à sa géologie. La côte est de l’île du Nord possède le taux d’érosion le plus élevé au monde. Des sols fragiles et non adaptés à ces monocultures de pins exotiques. Un aspect sur lequel certaines compagnies forestières ont préféré fermer les yeux, face au prix attractif de ces terres.Pour Renée Raroa, elle aussi originaire de cette région, le futur des compensations carbone passe par un retour aux arbres endémiques de Nouvelle-Zélande. Une problématique qu’elle est allée porter jusqu’au siège des Nations unies, à New-York. Au cours des derniers mois, elle a développé, avec l’aide d’autres organisations, un modèle durable de forêt dédiée au carbone. « Ces forêts de monocultures dans cette région ne sont plus viables. Cependant, ces forêts de pins offrent pour le moment la meilleure rentabilité pour les compensations carbone. Alors, sur plus de 900 hectares, nous avons mis en place un nouveau modèle qui observe les données d’une forêt native qui sert à régénérer ces terres mais aussi à offrir des compensations carbones. Avec ces données qui prouvent que l’on peut avoir une activité économique tout en respectant l’environnement, on veut démontrer qu’il est possible de changer cette industrie pour se tourner vers un système de compensation carbone plus durable. »Aujourd’hui, 90% des fermes de compensation carbone en Nouvelle-Zélande sont composées de pins exotiques.Une tendance dont certaines communautés souhaitent changer. Quoi qu'il en soit, la Nouvelle-Zélande espère atteindre 2 millions d'hectares de forêts consacrées aux compensations carbone dans les cinq prochaines années.
10/26/202319 minutes, 30 seconds
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À Marseille, «mon enfant tué, ma famille abandonnée»

L’année dernière (2022), 35 personnes ont perdu la vie dans des homicides à Marseille. Cette année, elles sont déjà 23. Les évènements sont toujours aussi violents, si ce n’est plus et se passent parfois le jour. Les armes sont lourdes et les victimes de plus en plus jeunes. Après ces meurtres, que deviennent les familles ? À ce jour, quelques dispositifs psychologiques existent mais restent plutôt méconnus… Alors que les proches reçoivent parfois des menaces, les familles expriment leur besoin de déménager, mais restent souvent vivre sur le lieu du drame… À Marseille, « mon enfant tué, ma famille abandonnée », un Grand reportage de Justine Rodier. (Rediffusion)
10/25/202319 minutes, 30 seconds
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Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit

Être prêt, toujours, à la guerre… La Finlande, qui vient de rejoindre l’Otan, n’a jamais cessé de se préparer à un éventuel conflit avec la Russie, un voisin avec qui elle partage 1 340 km de frontière terrestre et qu’elle a toujours jugé menaçant et imprévisible. Service militaire obligatoire, abris antiatomiques, stocks de blé, de pétrole, de médicaments… Sa politique dite de « défense totale » implique non seulement les armées, mais les entreprises et la société civile. « Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit », un Grand reportage de Carlotta Morteo. (Rediffusion)
10/24/202319 minutes, 30 seconds
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Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie?

Alors que la France a procédé ce mardi (4 juillet 2023) à une 4ème opération de rapatriement en un an, RFI donne la parole aux professionnels qui prennent en charge les enfants de retour de Syrie en Seine-Saint-Denis. Ce département d’Ile-de-France, point d’entrée des rapatriés via l’aéroport de Roissy, a longtemps été le seul à s’occuper de ces mineurs. Depuis fin 2016, 99 enfants ont ainsi été suivis par les acteurs de la protection de l’enfance du 93, qui ont développé un protocole d’accompagnement qui fait aujourd’hui école dans d’autres départements. En quoi consiste-t-il ? Avec plus de 5 ans de recul, que peuvent dire ces professionnels de l’évolution des enfants ?« Quelle prise en charge pour les enfants de retour de Syrie ? », un Grand reportage de Laura Martel.  (Rediffusion)
10/23/202319 minutes, 30 seconds
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Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora, en Amérique du Nord

Au moins 853 migrants sont morts à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en 2022. C’est le double des années précédentes et un bon nombre de ces décès survient dans le désert de Sonora, en Arizona. Empêchés par les politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants tentent de trouver d’autres voies d’accès plus furtives, mais aussi plus dangereuses pour entrer sur le territoire américain.  En proie à un environnement hostile et des températures extrêmes, certains ne terminent pas la route. Le désert se transforme alors en un cimetière qui réduit les corps à l’état de squelettes en quelques jours… À Tucson, un groupe de bénévoles, « los capellanes del desierto » (« aumôniers du désert ») organisent fréquemment des opérations de recherche pour retrouver les corps des disparus. Avec l’aide des médecins de la morgue, ils s’efforcent de redonner un nom aux migrants morts dans le désert.  « Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora », un Grand reportage de Gwendolina Duval. (Rediffusion du 25 mai 2023)
10/20/202319 minutes, 30 seconds
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Neuf tirailleurs de retour au Sénégal

85, 88 ou 95 ans… Ces anciens combattants sont âgés. Ils sont neuf, tous résident à Bondy, en banlieue nord de Paris. Tous sont originaires du Sénégal. Ce sont les survivants de la 3ème et la dernière génération de tirailleurs qui ont combattu pour la France dans les guerres de décolonisation : l’Indochine et l’Algérie notamment. Le gouvernement français a pris une mesure qui leur permet de percevoir leur minimum vieillesse sans obligation de séjourner la moitié de l’année en France. Ils vont enfin pouvoir retourner dans leur pays d’origine. Sylvie Koffi a fait le voyage avec les neuf premiers à partir. « 9 tirailleurs de retour au Sénégal », un Grand reportage de Sylvie Koffi. (Rediffusion) En images
10/19/202319 minutes, 30 seconds
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Cracolândia, 30 ans du crack au coeur de São Paulo

Le nom peut être trompeur, mais Cracolândia n’a rien à voir avec Disneyland. En plein coeur de la plus grande métropole d’Amérique Latine, et à cheval sur plusieurs quartiers historiques, le territoire de Cracolândia concentre depuis près de 30 ans toute la misère de São Paulo. Entre 1 000 et 1 500 personnes vivent dans des conditions très précaires : sans eau, sans toilettes, sans abris, et sur un territoire devenu une grande scène ouverte de consommation de tous types de drogues. Alors que les toxicomanes se concentraient auparavant sur une place, la police de la ville a désormais pour ordre de les forcer à se déplacer en permanence. C’est donc devenu un « flux », mouvant, qui entraîne de nombreux problèmes pour les habitants et commerçants du centre, comme pour les toxicomanes eux-mêmes.  « Cracolândia, 30 ans du crack au coeur de São Paulo », un Grand reportage de Sarah Cozzolino, réalisation : Pauline Leduc. 
10/18/202319 minutes, 30 seconds
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Malaise au Pendjab, la terre des Sikhs en Inde

Depuis un mois, l’Inde et le Canada affichent leur dispute autour de l’indépendantisme Sikh. Le Canada accuse l’Inde d’avoir assassiné un partisan d’un État indépendant pour les Sikhs en Inde, baptisé Khalistan. L’Inde nie en bloc et accuse le Canada d’héberger des terroristes. Alors qui sont les Sikhs et quelles raisons les poussent à envisager de sortir de l’Inde ? S’ils représentent moins de 2% de la population, Les Sikhs sont un symbole. Ils ont nourri les rangs de l’armée Indienne, et nourri aussi les ventres, en transformant leur État, le Pendjab, en grenier à blé de l’Inde.Mais pour certains d’entre eux, l’Inde les a trahis : elle refuse de leur accorder une réelle autonomie politique, elle empoisonne leurs terres avec l’agriculture intensive, elle instrumentalise le traumatisme qu’ils ont vécu lors de la partition en 1947, qui coupa leur empire en deux.   « Malaise au Pendjab, la terre des Sikhs en Inde », un Grand reportage de Côme Bastin.
10/17/202319 minutes, 30 seconds
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La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens

« Jamais la première fois sur un patient ». La simulation en santé est aujourd’hui une méthode pédagogique incontournable pour les étudiants et professionnels de santé. Cela consiste à reproduire des situations de soins pour s’entraîner à des gestes techniques, apprendre à gérer les risques, poser des diagnostics, etc. Sur des mannequins, en réalité virtuelle, ou avec des faux patients qui simulent. À Amiens, dans le nord de la France, le centre Simusanté existe depuis 10 ans. Il a été pionnier en Europe dans le domaine de la simulation médicale et il est l’un des plus grands du genre.« La simulation en santé, un centre précurseur à Amiens », un Grand reportage de Lise Verbeke. (Rediffusion)
10/16/202319 minutes, 30 seconds
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Les réfugiés birmans dans le sas malaisien

En Malaisie, l’UNHCR, le haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés estimait le nombre de réfugiés birmans à plus de 158 000, à la fin de l’année 2022… Ce chiffre ne reflète pas la stricte réalité, mais plutôt le nombre de réfugiés birmans que l’UNHCR a pu enregistrer, sachant que la majorité vit dans le pays depuis très longtemps, bien avant le coup d’état de 2021. Beaucoup sont des rohingyas, mais pas seulement. Ces réfugiés, n’ont pas la possibilité de travailler légalement, et ne peuvent pas suivre une éducation formelle non plus. Dans ce contexte, les birmans de Malaisie s’organisent comme ils peuvent pour vivre leur vie… dans l’attente de s’établir ailleurs, pour enfin tourner la page d’un passé, souvent violent.  « Les réfugiés birmans dans le sas malaisien » un Grand reportage de Juliette Juliette Pietraszewski.
10/13/202319 minutes, 30 seconds
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Les racines du PiS en Pologne

8 ans. 8 ans que le parti populiste, ultraconservateur et nationaliste Droit et Justice dirige la Pologne. Une période pendant laquelle, le PiS, en polonais, s’est fait des ennemis. L’opposition lui reproche un contrôle trop important sur les médias publics et le tribunal constitutionnel. Les manifestations se sont aussi multipliées dans les grandes villes du pays, notamment pour protester contre la loi sur l’avortement, quasiment illégal maintenant en Pologne. Pourtant, le parti s’est ancré, dans les campagnes et dans les villes. Assez pour qu’à quelques jours des élections parlementaires il reste en tête dans les sondages.   « Les racines du PiS en Pologne » C’est un Grand Reportage de Martin Chabal. 
10/12/202319 minutes, 30 seconds
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Colombie: le tourisme social comme moyen de survie

Grand reportage nous emmène aujourd'hui dans le nord-ouest de la Colombie, dans les marais de la Ciénaga. Une ville de pêcheurs nommée La Nueva Venecia, comprenez « la Nouvelle Venise » en référence à la ville d’Italie, est en train de devenir un site touristique hors normes. Car là-bas, tous les habitants vivent sur l’eau et se déplacent en embarcation. Ils sont coupés du monde mais les touristes arrivent jusqu’à eux. Ce tourisme dit « social » les aide à améliorer leurs conditions de vie. « Colombie: le tourisme social comme moyen de survie », un Grand reportage signé Najet Benrabaa.
10/11/202319 minutes, 30 seconds
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Europe cherche lithium désespérément

Il y a l’or noir – le pétrole - et désormais l’or blanc, comme certains appellent le lithium. Extrêmement léger, très conducteur d’électricité, ce métal blanc est de plus en plus recherché, tant il est indispensable à la fabrication des voitures électriques, en pleine transition énergétique. Aujourd’hui, le lithium vient principalement de mines australiennes et chinoises, ou bien de lacs salés des hauts plateaux d'Amérique du Sud. Mais en cette période de tensions diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, et après la pandémie de Covid (qui avait entrainé des pénuries dans l’industrie), l’Europe cherche à assurer sa souveraineté dans ce domaine.  À quelques centaines de mètres du village d’Echassières, dans le paysage vallonné du centre de la France, un grand cratère blanc pourrait voir s’installer l’une des plus importantes mines de lithium d’Europe. Pour l’instant, le site est une carrière de kaolin, une roche friable utilisée pour la porcelaine. Sous les gradins sillonnés par quelques machines de chantier se trouve un des plus grands gisements de lithium d’Europe. « Voilà l’entrée prévue de la galerie pilote qui permettrait d’alimenter notre usine pilote et de finir nos tests à l’échelle semi-industrielle, explique Benjamin Barré, géologue du groupe français Imerys, qui prévoit d’ouvrir une mine de lithium sous cette carrière en 2028. Nous sommes déjà en relation avec un bureau d’études pour nous aider à avoir des réponses pour la mine industrielle, la future mine ». Pour l’instant, des travaux d’exploration sont toujours en cours. Des salariés de l’entreprise sont en train d’extraire, avec l’aide d’une carotteuse, de longs cylindres de granit – des carottes dans le jargon de la géologie - qui seront ensuite analysés, pour évaluer leur richesse en lithium. La future mine souterraine n’a pas encore obtenu toutes les autorisations nécessaires. L’investissement prévu par Imerys est toutefois très important : plus d’un milliard d’euros, pour extraire la roche, la broyer, puis l’envoyer à quelques dizaines de kilomètres de là, vers une usine de raffinage, qui ne gardera que le lithium presque pur. « En France, je pense qu’il n’y a pas eu d’ouverture de mine ces 50 dernières années », avance Vincent Gouley, directeur de la Communication et du Développement durable pour les projets liés au lithium chez Imerys. « Quand vous trouvez un gisement de cette qualité au fond de votre jardin, il serait dommage de ne pas l’exploiter. Quelque part, nous avons de la chance d’avoir mis la main sur un tel gisement, sous un site existant », s’enthousiasme-t-il. Il a fait le voyage depuis Paris pour rencontrer des élus locaux et pour défendre le projet de mine. « En l’état de nos connaissances, il permettrait de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium chaque année, sur au moins 25 ans. Cela correspond aux besoins en lithium de 700 000 véhicules électriques par an, c’est-à-dire la moitié de la production française [de voitures électriques] aujourd’hui. C’est un gisement significatif au niveau français et au niveau européen », se réjouit-il.  Un enjeu politique et de souveraineté Comme celui d’Imerys, les projets autour du lithium se multiplient en Europe : usines de batteries en France et en Allemagne, projets de mines au Portugal, en Espagne, en Finlande, ou encore au Royaume-Uni. Une réponse aux estimations du niveau de la demande en lithium dans les années à venir : celle-ci pourrait être multipliée par 25 d’ici à 2050, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). De quoi inciter le président français Emmanuel Macron à promouvoir l’extraction de lithium dans son pays, comme lors de cette interview sur la chaîne France 2, en octobre 2022.  « On n’a pas de pétrole, mais on a du lithium. Donc si on fait des batteries – et on en fera en France deux millions par an à la fin du quinquennat – il faut pouvoir sécuriser les approvisionnements. Car le coût d’une batterie est à 80% lié aux matériaux comme les terres rares, etc. C’est pour ça qu’on va rouvrir des mines de lithium. On évitera à nos enfants des crises comme on est en train de la vivre. Car on ne dépendra plus du pétrole qui vient d’autres pays, [on dépendra] beaucoup moins du gaz venant d’autres pays, et beaucoup moins des batteries électriques faites en Chine », assurait le président français. Aujourd’hui, près de la moitié du lithium produit dans le monde vient de mines australiennes. Un tiers vient de lacs salés des hauts plateaux du Chili, dans le désert d’Atacama. Enfin, la Chine extrait sur son sol 15% de la production mondiale. Une concentration qui inquiète les dirigeants européens, échaudés par la guerre en Ukraine, qui a mis en évidence la dépendance du continent vis-à-vis du gaz russe.  Pour tenter d’assurer une souveraineté européenne pour l'approvisionnement en lithium et autres minerais indispensables à la transition énergétique, la Commission européenne a lancé en 2022 une nouvelle législation sur les matières premières critiques. Des minerais « critiques » et des terres rares, « il y en a en Europe, mais maintenant il faut se donner les moyens de les extraire. Et ne pas dire ‘nous en Europe nous allons consommer et assembler, mais laisser les autres extraire’. Car nous savons bien qu’extraire est compliqué », tonnait en mars 2023 Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. L’Union européenne s’est ainsi fixé des objectifs : « Sur l’extraction, l’objectif est [d’extraire sur le sol européen] 10% [des quantités de matières premières critiques dont nous aurons besoin] à l’horizon 2030. Certains diront que c’est peu mais nous sommes à 3% seulement aujourd’hui, donc c’est quand même un objectif ambitieux, estime Thierry Breton. Sur le raffinage 40% de nos besoins en 2030 doivent être faits en Europe. Et enfin nous avons un objectif de 15% de recyclage », concluait-il lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Or, concernant le raffinage par exemple, aucune usine n’est opérationnelle à ce jour en Europe. De la mine à la batterie À Lauterbourg, à deux pas de la frontière franco-allemande, la start-up Viridian prévoit d'en installer une, en bordure d’un port industriel, le long du Rhin. La construction n’a pas encore commencé. Nous rencontrons donc le co-fondateur de Viridian lors d’un de ses passages à Paris.Le projet a obtenu 12 millions d’euros de subventions publiques, pour effectuer l’une des étapes intermédiaires entre les mines et les producteurs de batteries électriques. « En amont, le producteur de lithium extrait ce métal depuis de la roche dure ou de saumure [de l’eau salée]. Ensuite, il faut raffiner. Certains producteurs le font eux-mêmes. D’autres préfèrent l’envoyer chez des raffineurs indépendants tels que Viridian pour le transformer ou le purifier davantage, explique Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian. Puis, ce lithium est donné aux constructeurs de cathodes, pour construire des cellules de batteries. Ces cellules sont mises dans des packs de batteries et enfin on place ces packs de batteries dans des véhicules électriques », précise-t-il. Viridian espère ouvrir sa raffinerie en 2026, avec une centaine de salariés. La start-up est en négociations avec Verkor (qui prévoit d’ouvrir une grande usine de batteries du nord de la France) pour lui fournir du lithium. Quelles conséquences pour l’environnement ? L’Europe prévoit d’interdire les voitures à moteurs thermiques dès 2035. Cependant, avec les projets déjà connus aujourd’hui, la production de lithium ne suffirait pas à répondre à la demande mondiale de batteries électriques estimée pour 2030, anticipe l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Malgré l’enthousiasme des dirigeants européens, les élus locaux ne sont pas tous à l’aise avec ces projets. Dans la région où Imerys veut creuser sa mine de lithium, certains n'ont pas souhaité nous parler. À Echassières, le village où la mine pourrait voir le jour, le maire a tout de même accepté de nous recevoir dans un petit bâtiment moderne où il est seul ce jour-là. Sur le principe, Frédéric Dalaigre est plutôt favorable à la mine, qui promet de créer près de 500 emplois directs, dont 300 à Echassières. Un chiffre énorme pour ce village d’à peine 400 habitants, dans une région rurale. « À l’échelle d’Echassières, c’est bien évidemment un projet de très grande taille », dit-il. « D’un point de vue économique, c’est évidemment positif pour la commune car si l’exploitation de lithium se fait, on aura des créations d’emplois sur la commune. Qui dit création d’emplois dit potentiellement plus d’habitants pour la commune et toutes les communes voisines. Cela veut dire plus de gens pour faire tourner nos commerces et plus d’enfants à l’école », souligne le maire. « Sur l’aspect environnemental, là, il y a une vigilance à apporter, notamment concernant la disponibilité en eau. L’eau est une préoccupation majeure partout en France. C’est le cas également dans l’Allier [le département où se trouve Echassières]. On attend des réponses à ce niveau-là, pour savoir où ils [Imerys] vont prendre l’eau, quelles sont les disponibilités locales, et où ils vont aller la chercher. » Dans le seul restaurant du village, face à l'église en pierre, un groupe d’amis finit de déjeuner. « Ce projet est une bonne nouvelle pour la commune », estime Kevin Fayol, qui élève des vaches à quelques centaines de mètres de la future mine. « Ça ne peut qu’apporter du travail en plus et davantage de population pour notre village », pense celui qui est aussi conseiller municipal. Autour de la table, tous sont favorables au projet, comme Eric Brun, conseiller municipal d’une commune voisine et agriculteur lui aussi. « On ne peut pas voir que les inconvénients, ce n’est pas possible. On nous parle tous les jours du local : ça c’en est, du local. Alors pourquoi être contre ? », avance-t-il. Pour autant, les habitants des alentours sont divisés. « Non à la mine », « Lithium non merci »... Voici les messages qu’on peut lire sur la route menant à Echassières. Nous retrouvons Xavier Thabarant quelques centaines de mètres au-dessus du site d’Imérys. Il est guide naturaliste, adhérent de France Nature Environnement et fait partie de « Préservons la forêt des Colettes », une association locale opposée à la mine. Dans cette forêt domaniale classée Natura 2000, « l’une des plus belles hêtraies de la région », selon Xavier Thabarant, un panneau signale la présence de la rosalie des Alpes, un insecte menacé.  « C’est cet insecte qui est en photo, bleu et noir, qui pond dans les hêtres. C’est notre insecte rare sur la forêt, et protégé. On est à deux pas de la mine, quand on regarde là derrière, on voit le haut [de la carrière]. J’espère que les arbres ne mourront pas mais s’ils meurent, l’insecte disparaîtra lui aussi [des lieux] », craint-il.  Pour son projet, Imerys aura besoin de puiser 600 000 mètres cubes d'eau par an*, assure l'entreprise. Soit l’équivalent de la consommation annuelle domestique de 11 000 Français environ. L’eau serait puisée à plusieurs kilomètres de la mine. L’endroit précis n’a pas encore été défini. Mais c'est l’un des points qui inquiète le plus les riverains. Sans compter la pollution à long terme habituellement générée par l’activité minière. Des nuisances que Xavier Thabarant n’accepte pas de voir justifiées par l’argument de la souveraineté. « C’est vrai qu’on a du lithium ici [en France] mais pour faire une batterie il faut aussi du cobalt, du manganèse... On a peut-être la moitié de ce dont on a besoin, donc on n’aura jamais l’indépendance énergétique », souligne-t-il. Pour les adhérents de Stop mines 03, une association qui se mobilise également contre le projet d'Imerys, les promesses de mine responsable avancées par Imerys, ne sont pas crédibles. « Même Imerys dit qu’il y aura des impacts environnementaux », souligne Sara Monimart, l’une des membres de l’association, qui se mobilise pour éviter que la mine voie le jour. « Ils [reconnaissent qu’ils] vont juste les minimiser. Cela veut dire qu’ils seraient capables de les minimiser ici mais qu’ils ne le font pas à l’étranger car ce n’est pas Europe et qu’il n’y a pas les mêmes normes ? C’est d’un cynisme monstrueux », dit-elle. En Serbie, en janvier 2022, la mobilisation de dizaines de milliers d’habitants a fini par mettre un coup d’arrêt à un projet de mine de lithium porté par la multinationale Rio Tinto. Les riverains - et les manifestants qui les soutenaient - craignaient des conséquences sur leur santé, et sur l’environnement. Lithium et géothermie En plus des mines de lithium issu de roche ou de lacs salés, il existe une autre manière de produire ce métal si recherché : la géothermie. En Europe, une dizaine de projets ont déjà été annoncés dans la vallée du Rhin. En effet, du lithium a été découvert dans les saumures (dans l’eau salée) du sous-sol de la région. Près de la frontière franco-allemande, à la sortie de la ville de Landau, 50 000 habitants, des ouvriers de la start-up australienne Vulcan appliquent de l’isolant en aluminium sur un impressionnant dédale de tuyaux. « C’est pour protéger les salariés de la chaleur dégagée par la saumure, l’eau salée issue de la géothermie », et puisée à plusieurs kilomètres de profondeur, explique Courtney Mahar, qui dirige la construction de cette usine pilote. « De l’autre côté de ce muret, ce sont nos voisins de la centrale de géothermie qui nous fournit des saumures. Là, dans ce cube gris se trouve le puits de forage. Et là, au fond du terrain le tuyau rejoint notre site. C’est comme ça que nous récupérons la saumure chargée en lithium », précise l’ingénieur. L’eau salée est filtrée pour en extraire le métal, avant de renvoyer le reste de l’eau et des minéraux dans le sous-sol. Le projet a commencé en 2018. Vulcan a levé près de 400 millions d’euros jusqu’à maintenant, sur un projet estimé à 1,5 milliard. La production de cette usine pilote doit débuter entre fin octobre et début novembre 2023. « Il y a trois étapes de production chez nous, explique Horst Kreuter, l’un des cofondateurs de l’entreprise. La première, c’est de forer des puits de géothermie [profonde] pour extraire de l’eau salée, de la saumure, dans le sous-sol. Ensuite, il faut séparer le lithium du reste de la saumure. On obtient alors un sel de lithium mais ce sel ne peut pas encore aller dans les batteries : il faut donc une étape supplémentaire, le raffinage, qui aura lieu à Francfort, dans une zone industrielle. » Après cette usine pilote, l’ambition de Vulcan est de passer à l’échelle industrielle, avec une usine environ 200 fois plus grande, qui produirait 24 000 tonnes de lithium chaque année, progressivement, à partir de 2026. « Plus de 30 usines de batteries sont en train d’être construites en Europe et ont besoin désespérément de lithium. Elles veulent se fournir sur le continent de lithium neutre en carbone. Et c’est exactement ce que nous faisons », se réjouit Horst Kreuter. La « neutralité carbone » à l’échelle d’une entreprise – dont se réclame Vulcan pour ses projets de lithium - est un concept contesté notamment par l’Ademe, l’agence française de la Transition écologique.Pour autant, les promesses d’une production moins polluante que les mines de roche dure conventionnelles font recette. « Nous avons déjà vendu toute notre production prévue pour les cinq prochaines années, alors que nous n’avons pas encore commencé à produire, poursuit Horst Kreuter. Nos clients sont Stellantis, Renault, Wolkswagen le groupe belge Umicore et puis LG, le deuxième plus grand fabricant de batteries au monde. » Cette méthode de production de lithium enthousiasme Valentin Goldberg et Fabian Nitschke, des chercheurs spécialisés dans la géothermie. Nous les rencontrons sur le campus de l’Institut technologique de Karlsruhe, à une trentaine de kilomètres de l’usine pilote de Vulcan.  Valentin Goldberg est doctorant au département de Géothermie. Il souligne les avantages d’extraire du lithium par la géothermie plutôt que dans de la roche ou dans des lacs salés d'Amérique du Sud.  « L’utilisation de ces saumures de la vallée du Rhin, les saumures de géothermie, est une forme d’extraction très peu invasive, dit-il. Car il y a juste deux petits puits de quelques centimètres de diamètres. Cela utilise moins de surface au sol, moins d’énergie et le grand avantage est que le marché se trouve ici [en Europe] : il n’y a quasiment pas besoin de transporter le lithium. Son impact environnemental est donc beaucoup moins important. Si l’exploitation se concrétise à l’échelle industrielle, ce serait donc plus propre que les mines conventionnelles », assure le doctorant. « Jusqu’à maintenant, nous avons toujours importé nos matières premières et notre énergie, comme le pétrole et le gaz, poursuit Valentin Goldberg. Nous exportions donc les dommages environnementaux que cela cause. Si nous avons la possibilité de produire notre propre énergie et nos propres matières premières, nous devrions prendre nos responsabilités et en assumer l’impact ici, là où nous les consommons, plutôt que de laisser à d’autres pays les dégâts que cela peut engendrer. » La construction des centrales de géothermie, qu’elles permettent ou non d’extraire du lithium, comporte tout de même des risques. « Nous avons constaté dans le passé que si les choses ne sont pas faites correctement, par exemple en allant trop vite, en appliquant des pressions trop fortes lors du forage, cela peut créer de l’activité sismique, qui peut être ressentie par la population. À Vendenheim [dans l’est de la France], mais aussi à Bâle [en Suisse, en 2006], il y a aussi eu des dommages limités, sur des maisons », souligne Fabian Nitschke, chercheur senior et directeur du Laboratoire de recherche dans lequel travaille Valentin Goldberg. Les habitants des alentours de Vendenheim, en banlieue de Strasbourg, ont en effet senti la terre trembler plusieurs fois à partir de la fin 2019. Dans un rapport commandé par les autorités françaises, des scientifiques ont conclu en 2022 que cette série de séismes avait été causée par le groupe français Fonroche, qui effectuait des forages pour construire une centrale de géothermie.  « Dans le cas de Vendenheim, les personnes qui ont subi des dommages n’ont pas été indemnisées de manière automatique et facile, souligne Fabian Nitschke. Ce qui a fait diminuer nettement l’acceptation de cette technologie » dans la région. Gionni Cuomo a ressenti plusieurs de ces tremblements de terre dans la banlieue de Strasbourg. « On s’est bien fait secouer », explique cet Alsacien qui participe à Vigiclimat, un collectif d’associations locales opposées aux projets de géothermie profonde (qu’ils permettent ou non d’extraire du lithium). « Le dernier en date, c’était en juin 2021 [mesuré à 3,9 sur l’échelle de Richter]. J’ai même eu le temps de me lever, sortir de mon lit et d’aller dans la chambre des enfants, cela tremblait toujours. », se souvient-il. À ce moment-là, il cherchait déjà « plus de terrain pour [ses] enfants », mais les séismes ont motivé « en grande partie notre décision de voir si l’herbe était plus verte ailleurs », dit-il. C’est à dire de déménager, à 45 min de voiture plus au nord. Pour constater « qu’il n’y a pas un seul projet de géothermie sur notre nouveau territoire mais une quinzaine de projets potentiels », regrette-t-il. ► À consulter : [Avis de l'Ademe] Tous les acteurs doivent agir collectivement pour la neutralité carbone, mais aucun acteur ne devrait se revendiquer neutre en carbone « Europe cherche lithium désespérément », un Grand reportage de Justine Fontaine, réalisé par Nicolas Benita.*Lors de l'interview, l'entreprise a indiqué avoir besoin de 500 000 mètres cubes d'eau par an pour sa mine industrielle et d'un apport 5 fois plus important au démarrage du projet. Par la suite, Imerys a souhaité corriger cette information et précisé qu'elle aura besoin de 600 000 mètres cubes par an, sans nécessiter de « remplissage initial significatif » en eau au démarrage de la mine. « Le besoin net en eau devrait même en toute logique être inférieur aux 600 000 mètres cubes évoqués plus haut les premières années de mise en service (il devrait atteindre cette cible progressivement) », assure l'entreprise.
10/10/202319 minutes, 30 seconds
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Face aux inondations dans la ville d’al-Marj: une population livrée à elle-même

De monstrueuses quantités d’eau sont tombées et des coulées de boue ont ravagé plusieurs villes, en particulier, la ville de Derna, dévastée par la rupture de deux barrages. Plus de 4 200 morts et de 10 000 disparus. C’est le bilan toujours provisoire de la catastrophe qui a frappé la région du Djabal al-Akhdar en Libye, dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023. Outre le bilan humain, les pertes dans le domaine de l’élevage et de l’agriculture pourraient menacer la sécurité alimentaire du pays. La ville d’al-Marj est située dans une vallée fertile, à mi-chemin entre Benghazi et al-Bayda dans l’Est libyen. Une ville elle aussi martyre.«Face aux inondations dans la ville d’al Marj : une population livrée à elle-même», un Grand reportage de Houda Ibrahim.
10/9/202319 minutes, 30 seconds
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En France, le fléau grandissant des punaises de lit

Après avoir disparu dans les années 50, les punaises de lit sont de retour et leur présence s’est accrue ces dernières années. Selon une étude réalisée en 2021 par le cabinet Ipsos, près de 5 millions de Français et Françaises ont été confronté.e.s à ce problème depuis 2016. Ces insectes ne sont pas vecteurs de maladie, mais provoquent des problèmes dermatologiques parfois graves et engendrent une dégradation de l’état de santé psychologique comme l’insomnie, ayant ainsi des répercussions sur la vie professionnelle, familiale et sociale. (Rediffusion) «En France, le fléau grandissant des punaises de lit», un Grand reportage de Justine Rodier.
10/6/202319 minutes, 30 seconds
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Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche

C’est l’un des effets palpables du réchauffement climatique. Au Pérou, les glaciers reculent, avec une perte d’environ un tiers de leur surface depuis les années 2000. Le phénomène est particulièrement visible au coeur de la Cordillère blanche, dans le nord-ouest du pays. Connue pour ses sommets de plus de 6 000 mètres, la cordillère est menacée par la fonte des glaciers, qui accentue le risque d’inondations et d’éboulements destructeurs. « Au Pérou, la fonte des glaciers de la Cordillère blanche », un Grand reportage de Juliette Chaignon.
10/5/202319 minutes, 30 seconds
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Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt: au programme, art et démocratie

 Ça y est ! Le Théâtre de la Ville au cœur de Paris rouvre ses portes après 7 ans de fermeture. 7 ans de travaux et de difficultés de toutes sortes… On n’y croyait plus et pourtant le revoilà, ce bâtiment fin XIXè reprenant de surcroît son appellation d’origine Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt, du nom de la grande tragédienne qui l’a dirigé et y a joué durant 24 ans jusqu’à sa mort en 1923. Un théâtre riche aussi des plus grands noms du spectacle vivant. Pina Bausch, la grande chorégraphe allemande, y a donné près de 40 pièces, Patrice Chéreau y a réalisé ses mises en scène, de célèbres musiciens y ont joué comme le virtuose pakistanais Nusrat Fateh Ali-Khan. Autant d’artistes dont l’aura habite encore les lieux. Un théâtre, symbole de démocratie aussi, qui se défait de sa salle à l’italienne en 1968 au profit d’un gradin où tous les spectateurs ont une bonne visibilité. Et c’est toujours avec cet esprit de théâtre populaire qu’il perdure avec une volonté de s’ouvrir sur l’espace public, sur cette place du Châtelet au centre de Paris.«Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt: au programme, art et démocratie», un Grand reportage de Muriel Maalouf.
10/4/202319 minutes, 30 seconds
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Enfants asthmatiques à Londres, le combat des mères contre la pollution

On l’appelle le tueur invisible. C’est la plus grande menace environnementale pour la santé, on la connaît bien. On l'ignore souvent. La pollution de l’air. Un poison qui s’installe dans nos poumons, particulièrement dans ceux des enfants. Plus d’1 million développent de l’asthme au Royaume-Uni. Une maladie aggravée par la pollution liée aux émissions de nos véhicules ou encore au chauffage au bois. Un projet de loi actuellement discuté au Parlement britannique propose de faire de l’air pur un droit. S’il est voté, on l’appellerait la loi Ella. En hommage à une petite fille décédée après une grave crise d’asthme. « Enfants asthmatiques à Londres, le combat des mères contre la pollution », un Grand reportage de Marie Boëda.
10/3/202319 minutes, 30 seconds
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Être Haïtien en République Dominicaine

Une frontière fermée et une situation tendue entre la République Dominicaine et Haïti, depuis le 15 septembre 2023, on ne passe plus. La République Dominicaine a fermé la frontière en réaction à la construction d’un canal par Haïti, sur la rivière Massacre, partagée par les deux pays. Ces dernières années, l’ambiance est de plus en plus pesante pour les Haïtiens qui vivent de l’autre côté de la frontière, où ils seraient entre 500 et 700 000. Ils fuient la crise dans leur pays et se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité en République Dominicaine. Impossibilité de faire leurs papiers, pourchassés par les services de migration, discriminés au quotidien, montrés du doigt par des courants politiques nationalistes.«Être Haïtien en République Dominicaine», un Grand reportage d’Alice Campaignolle.
10/2/202319 minutes, 30 seconds
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Gabon: après les années Bongo, la promesse d’un renouveau

Au Gabon, il y a un mois, le 30 août 2023, les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions mettaient fin à plus d'un demi-siècle de présidence « Bongo ». Sans effusion de sang, le président Ali Bongo Ondimba était renversé à Libreville dans les heures, suivant l’annonce de sa réélection pour un troisième mandat. Une « révolution de palais », selon certains observateurs, mais tout de suite applaudie par de nombreux Gabonais. Le meneur de ce coup, désormais président de la transition, est le patron de la Garde républicaine. Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema dénonce la corruption du régime, promet de « restaurer les institutions » et de conduire le pays vers des élections démocratiques.« Gabon : après les années Bongo, la promesse d’un renouveau », un Grand reportage à Libreville de François Mazet et Amélie Tulet. Réalisation : Jad el Khoury et Pauline Leduc.
9/29/202319 minutes, 30 seconds
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Marseille se souvient des crimes racistes de 1973

À l’été 1973, une vague d’assassinats racistes sans précédent déferle sur la France. En quatre mois, une cinquantaine d’Algériens principalement sont tués, dont 17 à Marseille, épicentre de ces ratonnades. Des enquêtes bâclées, des auteurs rarement identifiés... Des crimes restés impunis et niés jusqu’au plus haut sommet de l’État. Nous sommes alors 11 ans après la fin du conflit algérien. 50 ans après, l’absence de justice reste douloureuse pour les familles. Mais des témoins de l’époque, des historiens, des élus tentent de faire sortir ces assassinats de l’oubli. Un travail de mémoire a débuté. « Marseille se souvient des crimes racistes de 1973 », un Grand reportage de Baptiste Coulon.
9/28/202319 minutes, 30 seconds
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Séisme dans le Haut-Atlas: quand la solidarité est plus forte que la tristesse

3 000 morts, 5 700 blessés. Dernier bilan officiel du séisme qui a frappé le Haut-Atlas au Maroc, dans la nuit du 8 au 9 septembre. 23H11, 20 secondes d’effroi pour les communautés des montagnes, notamment ceux de la vallée d’Al Haouz particulièrement touchée. C’est dans ces vallées escarpées, dans ces villages isolés, avec ces populations que se trouvaient nos envoyés spéciaux : au cœur des secours, de cette mobilisation exceptionnelle pour sauver les blessés, appuyer les sinistrés. « Séisme dans le Haut-Atlas : quand la solidarité est plus forte que la tristesse », un Grand reportage de Julien Boileau et Guillaume Thibault.
9/27/202319 minutes, 30 seconds
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Métis de la colonisation belge: racines brouillées, vies brisées

Ils ont été arrachés à leur famille maternelle et placés dans des institutions religieuses à cause de leur couleur de peau. C’est l’histoire des métis de la colonisation belge, ces milliers d’enfants issus d’une mère noire et d’un père blanc, nés en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi entre 1910 et 1960. Il y a quatre ans, la Belgique s’est officiellement excusée pour la « politique de ségrégation ciblée et d’enlèvements forcés » menée à leur encontre. Depuis, le gouvernement a lancé un projet de recherche visant à éclairer davantage cette page sombre de l’histoire du pays. « Métis de la colonisation belge : racines brouillées, vies brisées », un Grand reportage de Laure Broulard.   
9/26/202319 minutes, 30 seconds
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Dans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste

En mai 2019, l’enlèvement de deux Français au Bénin, et l’assassinat de leur guide béninois, fait monter le niveau d’alerte sécuritaire dans les départements du Nord. Depuis, le pays fait face à des attaques de terroristes implantés au Sahel qui cherchent à étendre leurs actions vers les pays du Golfe de Guinée. Pour contrer cette menace et sécuriser les frontières, l'armée a lancé, début 2022, l'opération Mirador. 3 000 militaires, dans ces zones dont certaines sont devenues difficiles d’accès pour les journalistes. L’état-major béninois a accepté d’y emmener plusieurs médias, dont RFI, pendant une semaine.  « Dans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste », un grand reportage de Magali Lagrange.
9/25/202319 minutes, 30 seconds
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Le combat pour les langues locales menacées

Au Sénégal, une trentaine de langues minoritaires sont menacées de disparaître, ainsi que la culture et les traditions orales qui y sont associées. Mais, différents acteurs se mobilisent pour les sauvegarder. « Le combat pour les langues locales menacées », un Grand reportage de Théa Ollivier. (Rediffusion)
9/22/202319 minutes, 30 seconds
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Incendies en Grèce: à qui la faute?

En Grèce, l’été qui s’achève a été marqué par deux vagues de violents incendies, en juillet, puis en août 2023. Les flammes ont notamment fait rage sur l’île de Rhodes - entraînant près de 20.000 évacuations, dont celle de nombreux vacanciers - et sur le mont Parnès, considéré comme le « poumon » de la capitale Athènes. Dans le nord du pays, le feu qui a dévasté fin août la région d’Alexandroupoli, a même hérité du titre de « plus gros incendie jamais enregistré » en Europe, depuis plus de 20 ans. Pointées du doigt pour leur manque d’anticipation d’un phénomène pourtant saisonnier, les autorités grecques – à commencer par le Premier ministre grec que vous venez d’entendre – accusent elles en premier lieu le changement climatique… mais aussi les migrants. «Incendies en Grèce : à qui la faute ?», un Grand reportage de Joël Bronner. 
9/21/202319 minutes, 30 seconds
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Accra, poubelle de la fast fashion mondiale

Grand reportage, direction le Ghana. Ce qui était le haut-lieu du marché de la fripe, depuis des décennies, en Afrique est devenu la poubelle mondiale de toutes les marques. Ainsi, va la vie à Kantamanto, marché monumental à Accra, la capitale, et qui fait tourner des milliers de boutiques et fait vivre des dizaines de milliers de personnes. Mais la fast et l’ultra-fast fashion, la mode jetable qui s’est imposée dans l’industrie du textile a décuplé les quantités et diminué drastiquement la qualité. En bout de chaîne, l’impact est sidérant, Accra et ses habitants sont submergés d’habits inexploitables, devenant des déchets polluant les sols, l’air, l’eau et les plages de cette métropole. On estime que 40% de la fripe mondiale arrivant à Accra ne pourra être recyclée, faisant payer le prix fort à ses habitants. Certain(es) sur place tentent de renverser ce système de domination imposée.« Accra, poubelle de la fast fashion mondiale », un Grand reportage de Mehdi Meddeb. 
9/20/202319 minutes, 30 seconds
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En Afrique du Sud, le goût des cuvées post-apartheid

Depuis 1994 et la fin de l’apartheid, une poignée de vignerons issus des communautés noires et métisses ont commencé à émerger en Afrique du Sud. Alors qu’auparavant, ces populations étaient confinées au rôle d’ouvriers agricoles, certains sont parvenus à trouver leur place au sein des chais et à créer leurs propres vins. Même si la route est encore longue, puisque la très grande majorité des terres reste aux mains de la communauté blanche minoritaire, ces vigneronnes et vignerons pionniers commencent à transformer le paysage.   «En Afrique du Sud, le goût des cuvées post-apartheid», un Grand reportage de Claire Bargelès.
9/19/202319 minutes, 30 seconds
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Taïwan: la campagne présidentielle lancée sous l'œil de la Chine

Direction Taïwan, archipel démocratique de 24 millions d'habitants, 21ème puissance économique mondiale, revendiqué par Pékin. En janvier 2024, les Taïwanais éliront leur président et leurs députés. Trois candidats principaux sont sur la ligne de départ, et la question du rapport avec la Chine est au cœur des débats. La campagne est scrutée dans le monde entier, alors que Pékin ne cesse d’augmenter sa pression militaire sur l'archipel. «Taïwan, la campagne présidentielle lancée sous l'œil de la Chine», un Grand reportage d'Adrien Simorre.
9/18/202319 minutes, 30 seconds
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Le Rassemblement national, en ordre de marche vers 2027

Marine Le Pen est-elle aux portes du pouvoir en France ? Alors que le parti fait sa rentrée ce week-end à Beaucaire, dans le Gard, Grand reportage vous invite à une immersion dans la machine du Rassemblement national, au service de Marine Le Pen. Trois fois, elle s’est présentée à la présidentielle. Deux fois, elle est arrivée au second tour, en 2017 et 2022. Alors, l’élection de 2027, dans quatre ans, sera-t-elle la bonne ? C’est tout un parti, des dizaines d’élus, des milliers de militants qui sont tournés vers ce seul et unique objectif. « Le Rassemblement national, en ordre de marche vers 2027 », un Grand Reportage de Pierrick Bonno.
9/15/202319 minutes, 30 seconds
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Au Chili, le combat sans fin des familles pour retrouver les disparus de la dictature

Cette année, le Chili commémore les 50 ans du coup d’État mené par le général Augusto Pinochet, en 1973, contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende, alors premier au monde élu démocratiquement. Pendant les 17 années qu’a ensuite duré la dictature, plus de 3 200 personnes ont été tuées et près de 1 200 n’ont toujours pas été retrouvées. 5 décennies plus tard, les familles de ces disparus poursuivent leur lutte pour tenter de retrouver leurs défunts et connaître la vérité sur leur sort. Souvent, ce sont aujourd’hui les enfants, et parfois même les petits-enfants, qui continuent le dur labeur initié par leurs mères et leurs grands-mères.  «Au Chili, le combat sans fin des familles pour retrouver les disparus de la dictature», un Grand reportage de Naïla Derroisné.  
9/14/202319 minutes, 30 seconds
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RDC: la quête d’un cobalt éthique

Grand Reportage, direction la République démocratique du Congo où la demande mondiale en véhicules électriques a fait exploser le marché du cobalt… ce minerai indispensable dans la fabrication de batteries électriques. Une aubaine pour la République Démocratique du Congo qui, selon l’institut du Cobalt, possède plus de 70% des réserves mondiales de ce minerai. Mais si la majorité de ce cobalt congolais est extraite de mines industrielles géantes, 10 à 20% de la production provient de mines artisanales souvent associées à la corruption, au travail d’enfant et à toutes sortes d’abus.  «En RDC, la quête d’un cobalt éthique», un reportage d’Alexandra Brangeon, dans la province du Lualaba, dans l’est de la République Démocratique du Congo. 
9/13/202319 minutes, 30 seconds
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Aux îles Salomon, les fractures de la percée chinoise dans le Pacifique

Septième et dernier épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Le projet phare de Xi Jinping s’étend dans le Pacifique et vient bousculer l'échiquier géopolitique de la région. Aux Îles Salomon, le rapprochement avec la Chine, lancé sans concertation par le Premier ministre Manasseh Sogavare, divise la classe politique et électrise la société sur fond d’accusations de corruption.   Ce 17 juillet 2023, Manasseh Sogavare revient de Chine, où les pontes du Parti communiste lui ont déroulé le tapis rouge. Le chef du gouvernement salomonais a vu Xi Jinping, le président chinois, et signé neuf nouveaux accords avec Pékin en matière d’agriculture, d’aviation, de tourisme, de commerce, de climat et de maintien de l’ordre. A ses yeux, c’est un triomphe, et il ne cache plus ses ambitions : il veut aligner la stratégie de développement des Salomon sur les « nouvelles routes de la soie ». Dès sa descente d’avion, il organise une conférence de presse à l’aéroport d’Honiara et se félicite devant les journalistes d’un déplacement « extrêmement fructueux ». Mais très vite, l’exercice d’autocélébration tourne au règlement de compte et les mots du Premier ministre claquent comme des gifles, qu’il lâche mâchoires serrées, droit dans son costume sombre. « Permettez-moi de répondre aux articles que j'ai pu lire, relayant l'inquiétude de l'Australie et des États-Unis à propos de la coopération policière entre la Chine et les îles Salomon. Cette diplomatie réductrice et coercitive qui consiste à cibler nos relations avec Pékin n'est rien d'autre qu'une forme d'interférence dans nos affaires internes. La Chine n'est pas en train d'envahir ou de coloniser un État étranger. La Chine subvient à nos besoins en matière de maintien de l'ordre et nous sommes en demande de solutions nouvelles à l'ensemble de nos problèmes. Depuis 45 ans, nous sommes laissés de côté et traités comme la basse-cour de nos voisins. Nous devons briser le joug et les chaînes de la dépendance. » Au sens de l’ONU, les Salomon font partie des pays les moins avancés, au même titre que l’Afghanistan, Haïti ou le Soudan. Le produit intérieur brut plafonne à 2 200 dollars par habitant et la population, en majorité rurale et sous-éduquée, vit sous perfusion étrangère depuis l’indépendance concédée par la tutelle britannique en 1978. Incapable de boucler son budget, l’archipel a très vite eu besoin de soutien économique et s’est tourné vers son grand voisin, l’Australie, qui reste un partenaire incontournable. Entre 2009 et 2019, les programmes d’assistance australiens ont encore représenté 65% de l’aide internationale versée aux îles Salomon. Pendant des années, les Australiens ont mis la main au pot sans arrière-pensée, pensant n’avoir rien à craindre de la région Pacifique, une zone sans enjeux stratégiques (« strategically benign », disait-on à Canberra), considérée comme stable, neutre et isolée, que l’Australie chapeautait de loin, sous le regard bienveillant de son vieil allié américain. Avant l’an dernier, elle n’avait jamais négocié de traités de défense bilatéraux avec les micro-États du voisinage, comme les Fidji ou les Tonga, car la nécessité d’un filet de sécurité fabriqué maille par maille au nord des côtes australiennes, ne s’était jamais fait sentir.Présence militaire chinoise à trois heures de Brisbane ?A tort. La percée de la Chine aux Salomon fait désormais planer l’hypothèse d’une présence militaire chinoise à trois heures de vol de Brisbane et vient contrarier l’idée d’un espace indopacifique « libre et ouvert » promue par l’administration Biden. Humiliée dans son jardin, en pleine guerre d’influence avec les autorités chinoises, la Maison Blanche s’est dépêchée de rouvrir début 2023 son ambassade des États-Unis à Honiara, après 30 ans d’absence.  Quant au gouvernement australien, il s’est appuyé sur une recette bien connue : accroître, en désespoir de cause, la coopération avec l’exécutif salomonais pour limiter l’emprise de Pékin sur les domaines régaliens. Depuis que les Salomon avaient appelé l’Australie au secours au début des années 2000 pour rétablir l’ordre après plusieurs épisodes de tensions ethniques et de conflits fonciers,  l’entraînement des policiers faisait partie de son pré carré. Et les omniprésents 4x4 à l’emblème kangourou remplis de formateurs « aussie » s’étaient fondus dans le paysage.  Mais la lune de miel entre la Chine et l’équipe Sogavare a grippé la mécanique et l’atmosphère bon enfant du « Police Open Day ». La journée portes ouvertes des forces de l’ordre qui se tient chaque année en plein air dans la capitale, n’est plus tout à fait la même. Sans doute à cause de l’énorme canon à eau anti-émeute offert par les autorités chinoises, qui trône au milieu du pré. « Bien sûr, on a de l’équipement chinois, nous confie Anseto Maeai, un agent de la Police Response Team, devant son stand d’exposition. Ils nous ont donné des matraques télescopiques, des pinces d’immobilisation, et ici, devant vous, il y a les boucliers tactiques financés par l’Australie et des ensembles balistiques. La police australienne nous aide toujours, dans le cadre de la SIAF, la Force internationale d'assistance à la sécurité. Pour le reste, vous savez, on ne peut pas se permettre de refuser de l'aide, on prend tout ce qu'on nous offre. J'ai moi-même suivi la formation au tir avec les policiers chinois, qui a commencé l'an dernier. C'est assez proche de ce que l’on faisait déjà avec les Australiens, sauf que les Chinois ont leurs propres méthodes d'enseignement, ce n’est pas toujours facile. Avec les Australiens, on peut interagir. Avec la Chine, ça passe par des traducteurs ». La commissaire-adjointe qui prend la parole sur scène ce jour-là dans son uniforme de gala se nomme Evelyn Thugea. Elle a la particularité d’avoir organisé l’événement, censé renouer le lien entre la police et les citoyens, et d’avoir passé un mois en Chine dans le cadre d’un séminaire de formation destiné aux officiers. La question est simple : quelle est exactement l'étendue des services offerts par la police chinoise à son homologue salomonaise depuis la signature de leur protocole d’entente ? « Nous sommes organisés en différents services, avec plusieurs directions. Chaque direction de la police travaille avec différents partenaires étrangers et je ne ferai aucun commentaire là-dessus, car je ne travaille pas directement avec chacune de ces directions. » OpacitéUne fois de plus, les Salomon refusent de rendre public un texte ultra-sensible signé avec Pékin, dont le contenu alimente les pires fantasmes. « Imaginez que des policiers chinois soient appelés à encadrer les prochaines élections où Sogavare joue sa peau, nous glisse un diplomate occidental en poste à Honiara. Quelles garanties de sincérité pour le scrutin ? » La même opacité avait entouré l’accord de sécurité conclu en 2022. Un document explosif, dont seule une version provisoire circule sur les réseaux sociaux, selon laquelle les îles Salomon pourront faire appel à des forces armées chinoises et autoriseront leurs navires à stationner dans l’archipel. Le Premier ministre a beau nier toute militarisation rampante et promettre à la communauté internationale que la Chine n’est pas là pour ça, personne n’est en mesure de le vérifier. Pas même le patron de l’opposition, Matthew Wale, qui s’y est cassé les dents lorsqu’il a demandé des explications officielles. « Chez nous, l'exécutif peut signer des traités internationaux sans passer par le Parlement, il n'a aucune obligation de communiquer avec les élus. C'est un système très particulier, qui n'avait jamais posé problème auparavant. Mais il en pose depuis cet accord de sécurité signé avec la Chine l'an dernier, qui a rendu l'Australie et les États-Unis très nerveux et qui nous place au beau milieu des rivalités régionales. Personne ne sait ce que contient ce texte ni quels seront ses effets. » « En réalité, moins le Premier ministre fait preuve de transparence à propos de ces accords, plus cela provoque d'hostilité, estime Matthew Wale. C'est contreproductif, à la fois de la part du gouvernement et de la part des Chinois, alors qu’il y a de la place pour la Chine. Il y a ce sentiment dans la population que si des pays comme l'Australie, les États-Unis ou la France font copain-copain avec Pékin pour des raisons commerciales et profitent de l'argent chinois, pourquoi pas nous ? Ce qui est important, c'est la façon dont on mène cette relation, et la transparence doit en être un élément primordial. » « Cadeau d’anniversaire pour Pékin »Le péché originel, c'est la bascule qui s’est produite en septembre 2019, quand Manasseh Sogavare a décidé d'établir des relations diplomatiques avec la Chine au détriment de Taïwan, l'allié historique des îles Salomon. Du jour au lendemain, sans explication, le gouvernement salomonais a enterré trois décennies de coopération avec les autorités taïwanaises et fait un choix précipité, clivant, voire suspect, selon le député Peter Kenilorea Jr, qui y voit une manipulation grossière de l’appareil politique. « Cela faisait 36 ans que nous étions du côté de Taïwan, regrette l'élu. Et pour beaucoup de gens, Taïwan n'avait rien fait de mal, rien qui justifiait d'être jeté dehors. Par ailleurs, c'est un sujet qui n'avait jamais été abordé pendant les dernières élections. Délaisser Taïwan au profit de la Chine ? Personne n'avait fait campagne sur ce thème. Pourtant, dès son arrivée au pouvoir, c'est devenu la priorité du gouvernement et cela a laissé bon nombre d’électeurs perplexes. Dans la phase qui a précédé le scrutin, la Chine poussait de manière très agressive et je pense que des promesses ont été faites en coulisses. Certains groupes politiques ont dû s'engager à reconnaître la Chine s'ils gagnaient les élections. » « Pour moi, soutient Peter Kenilorea Jr, c'est devenu évident à la lecture de leur première recommandation : il fallait à tout prix passer de Taïwan à Pékin avant le 1er octobre 2019, parce que le 1er octobre coïncidait avec les 70 ans de la Chine communiste fondée par Mao en 1949. Absolument aucun Salomonais n'aurait pu écrire ça, c'est sorti de nulle part. Et là, j'ai compris que la reconnaissance était juste un pur cadeau d'anniversaire pour Pékin. » Ce que cet ancien cadre des Nations unies suggère avec ses mots choisis, Ruth Liloqula nous le confirme au bazooka entre deux conférences dans un hôtel du centre-ville. D’après cette figure de la société civile salomonaise, plusieurs fois primée pour son combat contre la corruption et représentante aux îles Salomon de l’ONG Transparency International, le chef du gouvernement s’est laissé acheter par le régime chinois. « La Chine fournit de l'argent liquide pour consolider le parti de Sogavare, accuse-t-elle. 250 000 dollars par tête. J'ai vu de mes propres yeux la liste contresignée par le Premier ministre stipulant qui devait être payé pour survivre à la motion de censure déposée contre lui en 2021. 250 000 dollars pour chaque membre du Parlement prêt à soutenir son action. Aujourd’hui, la plupart de ces élus font partie du gouvernement. Tout le monde en parle mais il va falloir que quelqu'un se lève et s'engage à aller jusqu'au bout. Or, ceux qui détiennent ces informations et pourraient servir de témoins crédibles ne sont pas prêts à y aller, parce que s'ils le font, ils perdront leur emploi. » Manasseh Sogavare n'a pas souhaité nous recevoir, mais son directeur de la Communication, George Herming, nous accueille au siège de l’exécutif à Honiara. Selon lui, cette liste n’a jamais existé et le système de pots-de-vin dont tout le monde parle est une invention de l’opposition. « On attend toujours des preuves concrètes. Ces accusations ont toujours été proférées pour des raisons politiques par des personnes opposées à la ligne du gouvernement. Si vous avez la preuve que la Chine nous soudoie ou a soudoyé des députés afin d'acheter leur vote, je vous en prie, levez-vous et portez plainte auprès des autorités compétentes, afin que le personnel corrompu soit poursuivi et condamné. Jusqu'ici personne n'a porté plainte, personne n'a d'éléments montrant que telle ou telle personne a reçu telle ou telle somme d'argent. Ce ne sont que des mots, sans aucune preuve tangible ». Émeutes et communauté chinoise traumatiséeInvérifiable, impossible de suivre la trace d'une valise de billets, mais ces rumeurs et ce climat délétère ont fait des dégâts bien réels au mois de novembre 2021, quand des émeutes ont éclaté à Honiara. Les manifestants ont envahi le Parlement, incendié un commissariat de police et débarqué dans le quartier de Chinatown, qu'ils ont réduit en cendres. L'explosion de violence a fait trois morts et traumatisé la communauté chinoise. Dix-huit mois plus tard, sous couvert d'anonymat, un commerçant que nous surnommerons M. Chan accepte de nous emmener sur place, dans ce quartier chinois d’Honiara qui ne comprend qu’une seule artère, désormais déserte, où les bâtiments noircis et éventrés ont à peine été nettoyés. Ses ancêtres arrivés de Chine il y a plusieurs générations avaient fondé leur magasin ici après la Seconde Guerre mondiale. Tout a brûlé, y compris les souvenirs de famille. Entre deux soupirs fatalistes, M. Chan souffle qu’il se bat toujours contre un syndrome de stress post-traumatique. « Il n’y a rien plus à voir. C'était un vieux magasin en bois des années 1950. Le jour des émeutes, des amis m'ont prévenu, ils m’ont envoyé la vidéo. Les gars ont mis le feu à ce magasin-là, ça s’est propagé à côté et c’est venu jusqu’au nôtre. Aux Salomon, les gens utilisent avant tout les manifs pour casser, pour voler ou pour piller. La plupart de ces émeutiers n’étaient pas de vrais manifestants, ils se sont juste dit que c'était l’occasion de piquer des trucs. Le prétexte, c'est "on n’est pas d'accord avec la politique du gouvernement", etc. Mais le plus stupide là-dedans, je vous le pose là : qui les a élus, ces politiciens ? Ce ne sont pas les Chinois qui ont voté pour eux. » Les troubles ont débouché sur une centaine d'arrestations et polarisé encore un peu plus la société salomonaise, incapable de déterminer par elle-même si les « nouvelles routes de la soie » constituent une aubaine ou un poison pour les îles Salomon. « Peu importe le donneur »Même les vieux sages comme Johnson Honimae, journaliste et chef de la radio publique salomonaise, que nous rencontrons sur le campus de l'Université d'Honiara, ont du mal à crever l’abcès. « Il y a des doutes parce que la Chine est une nouvelle venue dans la région. Beaucoup de gens ont des a priori. Aux Salomon, nous sommes chrétiens, ce n'est pas le cas de la Chine. Nous sommes un pays démocratique, nous tenons à ces valeurs, ce n'est pas vraiment le cas de la Chine. » « Mais au bout du compte, poursuit Johnson Honimae, la question, c'est de savoir qui va nous aider le plus possible, parce que nous avons des bouches à nourrir, des besoins de développement considérables et pas assez de revenus. Le commerce du bois s'est écroulé, et grosso modo, même si nous nous asseyons sur une partie de nos convictions, la nécessité à la fin du mois, c'est de joindre les deux bouts. » En ville, tous les immeubles en dur sont financés et construits par des entreprises étrangères. Les Américains ont aménagé le nouveau Parlement national, Taïwan a offert le siège de l'opposition et le dernier centre de conférences, près de l’aéroport, est une réalisation indonésienne. Il y a tant à faire, routes, ponts, hôpitaux, communications… Pourquoi s’étonner que la Chine vienne d’emporter un nouveau marché auprès de la Banque asiatique de développement afin de rénover le port international d’Honiara et deux débarcadères en province ?  « Peu importe le donneur, tous les gens qui travaillent dans le secteur du développement ici vous le diront, tempère Thierry Nervale, le directeur français de l’Autorité maritime des îles Salomon, un organe indépendant du gouvernement. Il y a effectivement des projets qui sont menés par des entreprises chinoises comme la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC). Mais dans la majorité des cas, ce n’est pas la Chine qui en est à l’origine, c’est la Banque asiatique de développement qui monte des projets, lance un appel d’offres et choisit les candidats. Et visiblement les entreprises chinoises sont compétitives puisqu’elles sont souvent sélectionnées pour travailler en Asie et dans le Pacifique. » Pas de raz-de-marée, en tout cas pas pour l'instant. À terme, le gouvernement des Salomon n'exclut pas de travailler directement avec la Chine dans des domaines aussi sensibles que les télécommunications, l'installation de câbles internet sous-marins ou les infrastructures énergétiques. « À la lumière du dernier déplacement de notre Premier ministre à Pékin, il y a des discussions à venir autour des "nouvelles routes la soie", cela dépendra de nos besoins, prévient George Herming, le porte-parole de l’exécutif. Pour ce qui est de l’assistance militaire, ce n’est pas à l’ordre du jour, mais c’est une possibilité. Nous devons nous inspirer de que la Chine a été capable de faire pour se développer. »À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie» 
9/12/202319 minutes, 30 seconds
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La Hongrie, porte d'entrée des «nouvelles routes de la soie» en Europe

Sixième épisode de notre série « Les nouvelles routes de la soie, 10 ans après ». La conquête chinoise de l’Europe passe par Budapest. La Hongrie a été le premier pays européen à signer, en 2015, un accord de coopération avec Pékin dans le cadre de « l’Initiative de la ceinture et de la route ». Parmi les projets phares de ce partenariat : la ligne ferroviaire entre Budapest et Belgrade en construction, prévue pour faire circuler des trains remplis de marchandises chinoises depuis le port grec du Pirée, jusqu’à l’Europe centrale.   De son jardin, situé à quelques mètres des rails, István observe le ballet des engins de chantier. Cet ancien employé des chemins de fer hongrois suit attentivement l’avancée des travaux de rénovation de la ligne Budapest-Belgrade autour de la petite gare de Kelebia, fermée depuis près d’un an, pour travaux. Dans la grande plaine méridionale, cette localité de quelque 2 400 habitants, est la dernière avant la frontière serbe et la ville de Subotica.Un camion benne déverse du gravier autour des traverses en béton qui portent les rails. La ligne à voie unique, en service depuis 150 ans, doit être modernisée et transformée en ligne à double voie. Mais devant la maison d’István, il pourrait y avoir jusqu’à six voies. « Ici, le train s’arrêtera devant les locaux de la gare de la police aux frontières, un peu plus loin, il y aura la douane et la brigade financière. Selon le projet, des portiques seront installés : les trains passeront à vitesse réduite pour y être scannés, comme cela se fait déjà pour les camions aux postes-frontière », explique le maire de Kelebia, József Maczkó.Comme István, plusieurs dizaines de personnes vivent tout près de la voie de chemin de fer. Murs anti-bruit, décorations végétales : les initiateurs du projet vont s’efforcer de minimiser les nuisances, assure l’édile : « Lorsque les voyageurs arriveront par le train, ils ne verront pas une zone industrielle lugubre ou une clôture, mais une zone plus verte, luxuriante. Ça a l’air de rien comme ça, mais c’est important et ça n’est pas donné : on parle de centaines de millions de forints [soit plus d’un million d’euros, Ndlr]. » Le coût du chantier et son financement, c’est justement ce qui préoccupe une partie des résidents de Kelebia. « J’ai très peur que ce chantier coûte beaucoup plus cher que ce qu’ils ont convenu. Ici, on voit clairement que c’est une affaire d’oligarques. On donne du travail aux bons copains, sans savoir s’ils s’y connaissent et s’ils feront du bon boulot », s’emporte Gyulia, un habitant, dans un café du village. « On ne sait rien de ces travaux. Ils nous présentent ce projet en disant que ce sera merveilleux ! Mais on ne sait rien des coulisses », renchérit la propriétaire de l’établissement.La construction de la section hongroise de la ligne ferroviaire Budapest-Belgrade, soit quelque 150 km sur un total de 350, a été confiée à un consortium rassemblant des groupes chinois et la holding Opus Global. Cette dernière appartient à l’homme le plus riche de Hongrie, l’oligarque Lőrinc Mészáros, ami d’enfance du Premier ministre Viktor Orban. Le coût du projet estimé à près de deux milliards d’euros, est financé à 85% par un prêt chinois. « On parle d’un crédit chinois mais c’est surtout un investissement hongrois. Nous aurions volontiers emprunté de l’argent à l’Europe de l’Ouest, mais ni Siemens, ni Alstom n’étaient intéressés par ce projet et le résultat, c’est que les Chinois ont saisi cette opportunité », soutient le député du Fidesz, Gábor Bányai, fervent défenseur du projet.Kelebia a tout intérêt à ce que les trains de marchandises passent par ici, souligne pour sa part le maire József Maczkó, se réjouissant à l’avance de l’activité commerciale qui pourrait en découler : « On va accueillir ici l’un des centres de fret de la compagnie nationale de chemins de fer. On percevra aussi la taxe professionnelle. Plus le transport de marchandises sera important, plus il y aura de produits à contrôler et plus la municipalité en tirera profit. » Contrat secretLe Parlement hongrois a voté en faveur de la mise au secret pour dix ans des détails du contrat de financement par la Chine de la ligne ferroviaire Budapest-Belgrade. Le flou a aussi été maintenu sur l’étude de faisabilité. Le gouvernement défend cette absence de transparence dans cet investissement d’infrastructure le plus important jamais réalisé en Hongrie, par la volonté de ne pas « mettre en danger la politique étrangère hongroise ». « Certaines questions sont si importantes pour un État qu'il n'est pas possible de les rendre publiques. Et dans ce projet, ce sont précisément les effets à long terme qui sont les plus importants », souligne Ágoston Sámuel Mráz, directeur de Nézőpont Intézet, un groupe de réflexion pro-gouvernemental.Pour autant, ce prêt dont les détails restent entourés de mystère, comporte des risques. « La Hongrie a déjà contracté des emprunts, par exemple pour la centrale nucléaire construite par les Russes. Ce projet risque donc d'alourdir considérablement la dette de la Hongrie », note Agnes Szunomar, professeure d’économie spécialiste de la Chine à l’université Corvinus de Budapest. Autre question qui se pose : le projet est-il viable financièrement ? Pour ses opposants, ses avantages apparaissent bien maigres, au vu de l’argent dépensé. Des économistes ont fait le calcul : il faudrait attendre 2 400 ans avant que cette ligne de chemin de fer ne devienne rentable pour la Hongrie.Bien qu’étant un projet privé qui ne dépend pas directement du grand plan de Xi Jinping pour faciliter les exportations chinoises via de nouvelles infrastructures, le plus grand des terminaux intermodaux terrestres d'Europe, inauguré en octobre 2022 à Fényeslitke, à proximité immédiate de la frontière entre la Hongrie et l'Ukraine, se targue d’être « la porte occidentale des "nouvelles routes de la soie” », selon  l’expression de Janos Talosi, PDG de l’entreprise East-West Gate, interrogé par Le Monde.Étant donné sa situation géographique centrale en Europe, la Hongrie de Viktor Orban souhaite jouer un rôle de plus en plus important dans « l’Initiative de la ceinture et de la route ». En réalité, Budapest cultive ses relations avec Pékin depuis le début des années 2000. La Hongrie a été le premier pays de l'UE à adhérer au projet des « nouvelles routes de la soie ». « Le gouvernement socialiste qui a précédé celui de Viktor Orban, était, lui aussi, ouvert et amical envers la Chine », rappelle Agnes Szunomar.L’ancien Premier ministre Péter Medgyessy a facilité la première vague d'investissements économiques chinois dans le pays. Aujourd’hui, la Hongrie accueille de nombreuses institutions culturelles chinoises, un cercle de réflexion, cinq instituts Confucius, une école bilingue, un établissement de médecine traditionnelle chinoise et de nombreuses organisations culturelles. C’est sous le gouvernement de l’actuel Premier ministre que la Hongrie « est devenue l'un des pays de la région les plus vulnérables à l'influence chinoise », note l’Institut Carnegie dans un rapport. « Il semblerait qu'Orban considère le gouvernement chinois - qui donne la priorité aux principes de souveraineté de l'État et de non-intervention dans les affaires intérieures de ses partenaires diplomatiques - comme une alternative à l'Occident libéral, où ses homologues se sont montrés très critiques à l'égard du recul démocratique de la Hongrie. »Si au début du siècle, « l'objectif principal était de stimuler les relations économiques [sous le gouvernement Orban], on est probablement passé d'une logique économique à une logique plus politique dans les relations », selon la professeure d’économie spécialiste de la Chine à l’université Corvinus.Université Fudan à Budapest ?La construction d’un campus de la prestigieuse université Fudan de Shanghai à Budapest participe de cette logique. L’établissement devrait ouvrir en 2024 et accueillir 6 000 étudiants et 500 enseignants. Mais sur la friche industrielle du IXe arrondissement de la capitale hongroise, rien ne bouge autour de l’immeuble rouge brique à l’abandon, qui doit constituer le bâtiment principal de Fudan. Le projet, qui a rencontré une vive opposition, a été suspendu.La maire de l’arrondissement, Krisztina Baranyi, aurait préféré faire construire à la place une cité universitaire pour y accueillir les étudiants des universités budapestoises. Mais cela ne sera pas possible tant que le projet Fudan n’aura pas été officiellement enterré : « Il a été suspendu avant les législatives d’avril 2022. Mais la fondation montée pour superviser cette université est toujours là, ils ne l’ont pas fait disparaitre. Elle continue de recevoir des milliards d’argent public. Cette fondation est une coquille vide, on ne sait pas vraiment ce qu’ils y font », raconte l’édile, qui a pris part à plusieurs manifestations contre le projet.Les opposants pointent, entre autres, les modes de financement troubles. Le gouvernement a décidé de fournir gratuitement un terrain de 26 hectares, estimé à 2,2 millions d’euros, à l’université Fudan. Selon le média d’investigation Direkt36, l’opération serait presque entièrement financée par un prêt d’1,3 milliard d’euros accordé par la Chine à la Hongrie et il serait principalement construit par des entreprises chinoises. Krisztina Baranyi redoute aussi que ce projet ne se transforme en outil d’influence voire de surveillance pour Pékin. « Nous savons pertinemment comment fonctionnent certaines organisations chinoises, telles que les instituts Confucius ou d’autres instituts d’éducation », dit la maire du IXe arrondissement de Budapest, redoutant que cet établissement chinois ne devienne « un cheval de Troie sur le territoire de l’Union européenne ». Certains universitaires hongrois craignent, en outre que le projet Fudan ne dilue le budget de l'État consacré à l'enseignement supérieur et ne contribue à étouffer la liberté académique.Pour s’opposer au projet et marquer clairement son opposition à la Chine et au régime communiste au pouvoir à Pékin, la mairie de Budapest a renommé quatre rues entourant le site du futur campus : « voie des martyrs ouïghours », « avenue de Hong Kong libre » , « avenue du Dalaï-lama » et « rue Xie Shiguang », du nom d’un ex-évêque catholique chinois, arrêté plusieurs fois de son vivant pour s’être opposé au contrôle de la religion par les autorités. Ce geste, critiqué par Pékin, pourrait être l’une des raisons pour lesquelles l’université Fudan a suspendu son projet, selon le politologue Agoston Samuel Mraz : « j’ai le sentiment que les partenaires chinois, considèrent qu’il n’est plus très intéressant pour eux de venir s’installer à Budapest parce qu'ils ne sont pas à l’aise dans cette situation où la ville ne soutient pas le projet. Ça n'est plus une question économique, c'est devenu une question politique ». L’affaire n’est pas enterrée pour autant, tant les relations avec les Chinois sont importantes pour l’équipe Orban, estime, pour sa part Krisztián Takács, conseiller municipal du IXe arrondissement et membre du parti centriste Momentum. « Ce gouvernement a chassé de Budapest l'Université d'Europe centrale, qui était l'une des meilleures universités de Hongrie et il en fait venir une autre de Chine. Pourquoi expulser une université européenne, qui est là depuis longtemps, et en faire venir une autre de Chine ? », s’interroge l’élu.Le gouvernement de Viktor Orban déroule également le tapis rouge aux entreprises chinoises et sud-coréennes de batteries électriques pour automobiles. Mais cette stratégie se heurte à des résistances locales.Eva Kozma, mère de famille, milite activement au sein de « l’Association des mamans de Mikepércs », contre l’installation d’une gigantesque usine de batteries, à l’orée du village paisible et verdoyant, où elle a déménagé il y a une bonne quinzaine d’années, soucieuse d’offrir un cadre de vie plus sain à ses enfants. Le fabricant chinois CATL a choisi ce site, à deux heures et demie de route de Budapest, près de Debrecen, la deuxième ville du pays, à quelques kilomètres d’une usine en construction de BMW. Un autre fabricant chinois de batteries au lithium, Eve Energy, a annoncé en juin qu’il s’apprêtait à investir 1,4 milliard de dollars dans la construction d’une usine dans la région.Redoutant que l’installation d’une usine de batteries ne s’accompagne de pollution sonore, de l’air et des eaux, les associations locales se mobilisent. « On a épluché toutes les autorisations et toutes les données que l’entreprise a bien voulu nous fournir. Le représentant de l’usine nous a dit des choses qui sonnaient bien. Mais ils ne construisent pas un atelier de chocolat ! », s’emporte Eva Kozma. Révolte des riverainsLes opposants au projet craignent particulièrement que l’usine ne menace l’approvisionnement en eau de la ville. Avec des besoins à hauteur de 3 000 à 6 000 mètres cubes par jour, la demande en eau de l’usine sera supérieure à celle de toute la ville de Debrecen. À Budapest, le représentant hongrois du géant chinois se veut rassurant : « Nous envisageons la possibilité d'utiliser les eaux grises, c'est-à-dire les eaux usées traitées, à la place de l'eau potable ou d'autres eaux dites techniques. Nous sommes ouverts à l'utilisation de ce type d'eau pour couvrir plus de 70 % de nos besoins », affirme Balázs Szilágyi, directeur des affaires publiques de CATL Hongrie.Des substances toxiques trouvées dans des puits de la ville de Göd, qui accueille une usine de batterie Samsung, a donné de nouveaux arguments aux militants de Mikepercs. « Ces cas ne sont pas avérés et nous n'avons aucune preuve de l'existence d'un quelconque incident sur d'autres sites, balaye Balázs Szilágyi, le représentant du fabricant chinois. Dans le cas de l’usine CATL, il ne sera pas possible de déverser de tels produits dans les eaux souterraines, tout simplement parce qu'il y aura un système d’isolation. Les produits ne pourront tout simplement pas y pénétrer. Nous aurons aussi 12 puits de surveillance des eaux souterraines : il y aura donc un contrôle continu et il sera facile de prouver qu'il n'y a pas de pollution. » Pas de quoi rassurer Zoltan Timar, le maire de Mikepercz, lui aussi, opposé à la construction de l’usine chinoise. Dans le potager communal qui fournit la cantine municipale en fruits et légumes biologiques, il envisage de créer un jardin témoin. « Nous ferons des prélèvements réguliers pour les faire analyser dans des laboratoires agréés. Si on trouve quoi que ce soit, on se tournera immédiatement vers les autorités, d’autant que le maire de Debrecen a déclaré qu’en cas de constatation d’une contamination, il pourrait faire fermer l’usine. »Autre inquiétude du maire de Mikepercz : l’arrivée sans doute massive de travailleurs étrangers. Après la crise économique de 2008, la région a connu un exode massif vers l’ouest de l’Europe et affronte aujourd’hui une importante pénurie de main-d’œuvre. « Notre localité paisible et familiale n’y est pas préparée. Je ne veux pas que des foyers de travailleurs s’installent ici », martèle Zoltan Timar, inquiet de la transformation d’un pavillon de sa commune en foyer, où des travailleurs chinois du chantier de l’usine de batterie, s’entassent à 6 ou 8 par chambre. « Je n’ose pas imaginer les risques sanitaires qui peuvent exister dans ces logements. Mais malheureusement, on est impuissant », regrette le maire.Balázs Szilágyi répond aussi aux craintes concernant l’emploi de travailleurs étrangers : le recrutement se fera, à terme, au niveau local, assure le représentant de CATL. « Nous n'embauchons pas en Chine, soutient-il. Nous ne faisons que transférer temporairement quelques personnes de là-bas, parce qu'elles ont les connaissances nécessaires pour lancer une usine et que nous avons besoin d'elles au début. »Bien que membre du Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban, Zoltan Timar s’oppose à un projet qui s’inscrit dans la stratégie d’ouverture de la Hongrie vers la Chine. Ce qui risque de lui valoir sa carrière politique. Il a d’ailleurs déjà fait les frais d’une campagne de dénigrement, destinée à le discréditer auprès de ses administrés hostiles à l’usine. Conscient de commettre un « suicide politique », il ne compte pas abandonner ce combat, qu’il sait pourtant « voué à l’échec ».
9/11/202319 minutes, 30 seconds
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La Turquie, au carrefour des «nouvelles routes de la soie»

Cinquième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». La Turquie occupe une place centrale, entre l’Europe et l’Orient. La Chine l’a bien compris en investissant massivement dans ce pays. Un partenariat qui lui est souvent avantageux. Mais le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont rebattu les cartes.  Il faut traverser le Bosphore, détroit qui relie la mer Noire à la mer de Marmara, pour se rendre d’une rive à l’autre d’Istanbul. La plus grande ville de Turquie est à cheval entre le continent européen et asiatique. Côté européen, dans le quartier historique de Sultanahmet, les touristes chinois ont refait leur apparition après le Covid. Ils visitent Sainte-Sophie, le Palais de Topkapi ou encore le grand bazar. En se perdant dans ses ruelles bordées d’échoppes colorées, on trouve des traces ancestrales de la présence chinoise.La boutique d’antiquités d’Adnan, 40 ans de métier, renferme plus d’un trésor dont deux vases anciens en porcelaine de Chine, bleue et blanche. « Ils datent du XIXè siècle-début XXè, raconte le vendeur, et servaient à transporter de l’eau de zamzam, l’eau sacrée de la Mecque en Arabie saoudite. Les Chinois ont beaucoup produit de céramique blanche et bleue à partir du XVè siècle pour le palais de Topkapi, où se trouve encore aujourd’hui la collection la plus importante et la plus luxueuse au monde de porcelaine blanche et bleue datant de la période Ming », assure Adnan. De la porcelaine chinoise pour le sultan qui vivait dans le palais de Topkapi, à l’époque où Istanbul s’appelait encore Constantinople. Il fallait pour acheminer ces trésors, emprunter les routes terrestres de la soie avant qu’elles ne soient progressivement supplantées par les voies maritimes.Le port de Kumport, près d’Istanbul, racheté par les ChinoisAujourd’hui, la Chine envoie toujours une partie de ses produits par la mer vers la Turquie, passage obligatoire entre l’Orient et l’Occident. Et pour assurer ses débouchés, elle s’est même payé le luxe d’acheter le troisième port de marchandises en Turquie: Kumport, à une heure d’Istanbul. L’armateur chinois Cosco en a fait l’acquisition en 2015, en rachetant 65% des parts. Depuis, le port fonctionne à plein régime, voire au-delà de ses capacités, selon Hakan Yakupoglü, responsable des douanes pour l’entreprise de fret maritime Narin. «  Presque toutes les entreprises chinoises utilisent le port de Kumport, 80 à 90% des bateaux arrivent ici », explique-t-il, devant un ballet incessant de camions transportant des conteneurs. « Cela crée une suractivité qui peut ralentir l’arrivée et l’envoi de conteneurs, avec des retards de 2 ou 3 jours parfois ».Les marchandises chinoises arrivent en Turquie par bateau, sur ce port racheté par les Chinois, mais pas seulement. Dans le cadre des « nouvelles routes de la soie » lancées, il y a 10 ans, par le président Xi Jinping, la Chine a investi dans des voies ferrées, des autoroutes, des ponts. « Pékin veut profiter de la place centrale de la Turquie pour rayonner en Méditerranée orientale », résume Tolga Bilener, spécialiste de la Chine au département de relations internationales de l’Université Galatasaray d’Istanbul, et toucher un marché turc fort de 85 millions de consommateurs  ». Les échanges commerciaux ont bondi, passant de 10 milliards de dollars en 2010 à 45 milliards de dollars aujourd’hui, selon le chercheur, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de la Turquie, mais avec un net avantage pour les entreprises chinoises qui exportent bien davantage de produits qu’elles n’en importent.La Chine, troisième partenaire commercial de la TurquiePour s’en rendre en compte, il suffit de se rendre au salon Beauty Eurasia, qui a eu lieu mi-juin près d’Istanbul. Les exposants chinois sont venus en force et ils vendent de tout : des emballages pour cosmétiques, des faux ongles, et des équipements laser. Ces machines multifonctions qui épilent, réduisent la cellulite et enlèvent les tatouages, sont fabriquées en Chine, explique sur son stand Rock Duan, directeur des ventes de Perfect laser : « En Chine, nous avons des usines qui fabriquent tous les composants pour ce genre de machines, des ingénieurs qui ont un savoir-faire de 10 à 20 ans, et des coûts de fabrications moins élevés, ce sont des avantages ». L’entreprise cherche des distributeurs en Turquie, un marché avec une population importante. Le pays occupe également une place centrale « proche du Moyen-Orient et de l’Europe, en plein milieu ! », précise-t-il.Sohar qui travaille à la tête de Nikarich system, un distributeur de ce genre de machines en Turquie s’intéresse de près aux produits chinois : « Nous utilisons beaucoup de produits chinois en Turquie, car malheureusement les équipements qui viennent d’Europe ou d’Amérique sont trop chers pour le marché turc. Avant je travaillais beaucoup avec des entreprises russes, mais au niveau des douanes c’est plus simple entre la Turquie et la Chine, pour envoyer nos paiements en Chine aussi ». Facilités dans les procédures, prix moins élevés, les avantages sont nombreux mais, selon Sohar « il faut aussi reconnaître que les produits fabriqués en Chine ne sont pas forcément de bonne qualité, on les choisit parce qu’ils sont moins chers ». La Turquie, en pleine crise économique a besoin de la Chine, de son commerce et de ses investissements. Mais les produits chinois ne font-ils pas concurrence aux produits turcs ? Yaman Ungan, directeur général d’Opontia, qui vend plusieurs gammes de cosmétiques turcs, tient un stand au salon Beauty Eurasia. Et selon lui, la Turquie a des atouts pour résister face à la Chine : la qualité des produits turcs et le « softpower culturel » qui permet à son entreprise de séduire les clients au Moyen-Orient. Avec la dépréciation de la monnaie turque, le pays est également devenu plus attractif : « c’est un nouveau centre de production, la Turquie est un peu devenue la Chine de l’Europe, sans être la Chine », affirme Yaman Ungan.Relocalisations en TurquieAprès le Covid et la hausse des coûts de transports, plusieurs entreprises occidentales ont en effet préféré relocaliser une partie de leur production en Turquie, plutôt que de produire en Chine. Mais certaines entreprises chinoises ont, semble-t-il, également adopté cette stratégie. Ces investissements font partie du programme des « nouvelles routes de la soie ». En 2021, plusieurs entreprises de téléphonie mobiles chinoises ont installé des usines de fabrication en Turquie pour être au plus près des consommateurs.Tecno est l’une d’entre elles. Installée dans le quartier de Pendik, sur la rive asiatique d’Istanbul, elle emploie plusieurs centaines de personnes, mais est aussi le théâtre de manifestations ces derniers mois, comme ce jour-là où une poignée de syndicalistes vêtus d’une tunique bleue, la couleur du syndicat Türk Metal, sont venus protester contre les conditions de travail chez Tecno. Ils dénoncent une pression permanente sur les ouvriers. « Ils n’ont pas le droit de se parler, leurs chefs sont toujours sur leur dos, il y a des caméras partout », affirme Serkan Gül, président de Türk Metal à Istanbul-rive asiatique. Selon lui, la liberté syndicale n’est pas non plus respectée. « Si un ouvrier se syndique, il est immédiatement renvoyé ». Difficile de vérifier ces affirmations, les entreprises chinoises communiquent très peu.Le dossier ouïghour empoisonne les relations sino-turquesInvestissements dans les infrastructures, dans les entreprises, les relations économiques sino-turques se sont développées depuis le lancement des « nouvelles routes de la soie ». « C’est dans la tradition de la diplomatie turque de ne jamais mettre les œufs dans le même panier et de diversifier ses partenaires, décrypte Tolga Bilener de l’Université Galatasaray d’Istanbul, tout en sachant que 60% du commerce turc se fait encore avec l’Union européenne et la Russie aussi est un partenaire important ». Mais ces relations trouvent leurs limites aujourd’hui. « On peut parler d’une stagnation. En décembre 2022, le ministre turc des Affaires étrangères a parlé devant le Parlement d’un ralentissement après une période de réchauffement avec la Chine et il a lui-même donné la raison : le dossier ouïghour ».Le dossier ouïghour est au cœur des relations en dents de scie entre Pékin et Ankara. Cette minorité musulmane et turcophone persécutée en Chine, a trouvé massivement refuge en Turquie, qu’elle considère comme un pays frère, ce qui exaspère Pékin. À Istanbul, ils sont des milliers de Ouïghours à vivre dans le quartier de Zeytinburnu et ses barres d’immeubles sans charme.Voilée de noir, Mukerem Habit tient une boutique de vêtements traditionnels ouïghours. Cela fait six ans qu’elle vit à Istanbul après avoir quitté la région du Xinjiang en Chine que les Ouïghours appellent encore le Turkestan oriental. « Je suis partie car j’étais opprimée par le gouvernement chinois à cause de ma religion. Mon mari et une de mes filles sont en prison, une autre de mes filles a été internée dans un camp de rééducation », témoigne-t-elle, visiblement émue. Elle se dit en sécurité en Turquie, elle a acquis la citoyenneté du pays.Les Ouïghours se sentent généralement protégés en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a été un des premiers à dénoncer un génocide commis contre cette communauté par les autorités chinoises. Mais les relations entre Ankara et Pékin varient au gré des intérêts économiques et en 2017, le Parlement chinois a ratifié un accord d'extradition avec la Turquie, ce qui inquiète Abdusselam Teklimakan, président d’une association ouïghoure, qui a peur un jour d’être renvoyé en Chine, et de subir le même sort que sa famille : l’internement dans des camps. « Bien sûr, cet accord d’extradition nous inquiète, même si pour l’instant seul le parlement chinois l’a ratifié, pas le Parlement turc, précise-t-il. Tant que le Parlement turc ne l’acceptera pas, nous nous sentirons en sécurité, assène-t-il. S’il le fait, on ne sait pas ce qu’il pourrait arriver à notre communauté. »Après la guerre en Ukraine, la Turquie nouveau pôle d’attractivitéLes questions politiques et économiques sont étroitement liées dans les relations entre la Turquie et la Chine. Et la question ouïghoure n’est pas le seul point de désaccord entre les deux pays. « Les deux pays sont en compétition en Asie centrale, il y a des divergences au Moyen-Orient sur la Syrie, sur le dossier kurde, rappelle Tolga Bilener, et puis le fait que la Turquie fasse partie de l’Alliance occidentale est déjà un frein naturel pour le développement de ces relations ».Mais Ankara peut aussi s’en affranchir. Après le Covid et la guerre en Ukraine, la Turquie a renforcé sa place centrale dans la région. La Turquie a été à la manœuvre dans l’accord entre la Russie et l’Ukraine, en juillet 2022, pour l’exportation de céréales ukrainiennes vers le reste du monde et cela « grâce à la force de sa politique étrangère mais aussi sa géographie centrale », rappelle Ahmet Faruk Içik, qui travaille sur les liens avec la Chine au sein de DEIK, une organisation patronale turque.Du haut de son gratte-ciel dans le quartier d’affaires d’Istanbul, il parie à l’avenir sur le développement de la route transcaspienne, comme « nouvelle route de la soie ». « Avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la route du Nord [qui va de la Chine à l’Europe en passant par la Russie, Ndlr] a perdu de sa pertinence car il n’y a plus de stabilité. Donc la route transcaspienne qui est stable, elle, est devenue une bonne alternative. Elle va du Kazakhstan à la mer Caspienne à un port d’Azerbaïdjan et ensuite par voie ferrée de la Géorgie à la Turquie. »Les « nouvelles routes de la soie » lancées, il y a dix ans, par Xi Jinping se trouvent à moment crucial pour la Turquie. Le pays a le choix entre privilégier ses relations avec la Chine, devenue incontournable, rester tourné vers l’Occident, ou ménager tous ses partenaires, quitte à jouer les équilibristes.
9/8/202319 minutes, 30 seconds
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Les «nouvelles routes de la soie» en Afrique: l’heure du scepticisme?

Quatrième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Des centaines de « méga-projets » financés par Pékin ont vu le jour en Afrique où ils suscitent l'optimisme des populations mais aussi parfois le scepticisme. Le partenariat « gagnant-gagnant » vanté par la Chine a-t-il réellement profité aux pays partenaires ? Réponse au Kenya, en Zambie, en Ouganda et au Sénégal, où Albane Thirouard, Romain Chanson, Lucie Mouillaud et Théa Olivier ont emprunté ces « nouvelles routes de la soie ». Il faut compter cinq à six heures de train pour relier Nairobi, la capitale kényane, à Mombasa, ville portuaire de la côte Est. La ligne, lancée en 2017, est le plus grand projet chinois au Kenya : 3,2 milliards de dollars, financés presque intégralement par un prêt de Pékin.Cet après-midi, au départ de Nairobi, le wagon est rempli. Lilith Omboko, l’une des passagères, travaille à Mombasa. Elle prend le train toutes les deux semaines. « C’est beaucoup mieux que ce que nous avions avant, se réjouit-elle. Le train prenait beaucoup plus de temps, jusqu’à 12 heures. Alors les gens utilisaient surtout le bus, parfois l’avion mais c’est plus cher. »Il faut compter 1 000 shillings kényans soit sept dollars pour un ticket en classe économique. À l'entrée du wagon, le drapeau de la Chine trône à côté de celui du Kenya. À Mombasa, les voyageurs sont accueillis par la statue du grand explorateur chinois du XIVe siècle, Zheng He. Un personnage historique aujourd’hui figure de proue des « nouvelles routes de la soie ».Moins de profits qu’attenduEn 2022, la ligne a permis de transporter plus de deux millions de voyageurs mais aussi des marchandises. Son point de départ, le port de Mombasa, est stratégique pour Pékin. « L’intérêt pour le pays s’inscrit dans l’objectif à long-terme de Pékin, qui est de connecter l’océan Indien avec l’intérieur du continent africain, explique Peter Kagwanja, à la tête du think-thank kényan Africa policy institute. L’idée est de débarquer ses biens à Mombasa, de les acheminer jusqu’au Congo puis d’atteindre la côte atlantique et ainsi de faire du commerce avec l’Amérique ».Le développement du port de Mombasa a toutefois été entaché par des affaires de corruption et de mauvaise gestion. Des critiques régulières contre les projets financés avec des prêts chinois au Kenya et aux bénéfices très décevants. C’est le cas de la ligne Nairobi-Mombasa, déplore Michael Mchege, économiste à l’Université de Nairobi.« Nous nous retrouvons à devoir utiliser l’argent du contribuable pour rembourser le prêt alors que 60% des revenus de l’État vont déjà dans le remboursement de la dette. Cette dette, ce n’est pas que la Chine d’ailleurs. La part de la Chine c’est environ 20%. Mais le problème, c’est que les autres bailleurs sont prêts à s’asseoir pour négocier un rééchelonnement de la dette, mais pas Pékin. »À Mombasa, les habitants rencontrés semblent, eux, loin de ces débats. Ces critiques n’ont pas empêché non plus le président kényan William Ruto d’évoquer de futurs projets avec la Chine en juillet dernier (2023) lors d’une rencontre avec Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise.Emprunts chinois en Zambie : « On en a payé les conséquences »Nous mettons maintenant le cap vers la Zambie où l'influence de la Chine est financière. Nous arrivons au terminal 2 de l'aéroport international de Lusaka, financé et construit par des Chinois. La Chine détient la moitié de la dette zambienne. Dans un premier temps, ce recours massif à l'emprunt a favorisé le développement du pays. Éric Rambeloson est un entrepreneur français qui vit à Lusaka depuis plus de 20 ans, il a vu l'évolution de la Zambie et ses dérives.« En 2011, il y a eu un changement de parti. Le président de l’époque [Michael Sata] a voulu se focaliser sur l’investissement d’infrastructures. La Chine étant présente, ils se sont tournés vers Pékin. On en a payé les conséquences par la suite. »Le 18 novembre 2020, en pleine pandémie du Covid-19, les autorités annoncent ne plus être en mesure de rembourser ses créanciers. La dette, et le défaut de paiement qui a suivi, ont profondément fragilisé l'économie zambienne, explique Peter Mumba, coordinateur de l’Alliance de la dette, une organisation de la société civile.« La dette a eu des conséquences sur quasiment l'ensemble des Zambiens. Si vous regardez le budget du pays pour 2022, près de la moitié est consacrée au remboursement de la dette. Ce fardeau a eu un effet sur des éléments fondamentaux de l'économie comme l'inflation, le taux de change et par conséquent, la hausse du coût de la vie. »Flambée des prixAu City Market, le plus grand marché de Lusaka, la question du coût de la vie fait consensus entre clients et commerçants : les produits de base sont trop chers. Anna Muvenga vend du pain de mie sur un coin de rue. « Le prix du pain augmente, le coût de la vie est de plus en plus cher... On se bat pour survivre. Il y a beaucoup de produits qui deviennent chers, ça fait deux ans que ça dure. »Robert Mwansa est un passant qui ne comprend pas comment la Zambie, un pays riche en ressources naturelles comme le cuivre, se retrouve à manquer d’argent. « La Zambie produit énormément d'argent chaque année, plus de 20 milliards de dollars par an, donc je ne comprends pas pourquoi cette dette fait souffrir le peuple. On a assez de ressources pour effacer cette dette, l'Afrique est le continent le plus riche du monde, la Zambie est aussi une terre de richesses. »Robert Mwansa reconnaît que le pays manquait cruellement d'infrastructures et que les nouveaux aménagements sont les bienvenus. Mais une limite a été franchie.Si j’avais l’occasion de recommencer, je ferais la même choseCe ressentiment s'est d’ailleurs exprimé dans les urnes en 2021, lorsque le président Edgar Lungu a dû laisser sa place à Hakainde Hichilema, moins proche des Chinois. Brian Mundubile, ancien membre du gouvernement et chef des députés du Front patriotique était aux premières loges pour observer la dette enfler. Nous le rencontrons à l’Assemblée nationale. « Si j'avais l'occasion de recommencer, dit-il, et bien je ferais la même chose. Je suis sûr que vous avez atterri dans un très bon aéroport, tout le monde l'aime, nous aussi ! J'aime également notre réseau de télécommunications dans tout le pays. Ces emprunts étaient nécessaires. »Le plan ne s'est pas déroulé comme prévu, dit pudiquement Brian Mundubile. Les retombées économiques espérées ont été empêchées par les ravages d'une sécheresse, puis du Covid-19.En juin 2023, la Chine a fini par accepter de venir à la table des négociations pour restructurer la dette zambienne. Une bulle d'oxygène qui doit permettre à l'économie du pays de se relancer. Les prévisions de croissance sont bonnes. Les « nouvelles routes de la soie » chinoises ne feront pas de détour, elles continuent de passer par la Zambie.L’Ouganda « devait créer un compte bancaire avec du cash »Kampala, la capitale ougandaise, est une autre étape incontournable de l’itinéraire tracé par Pékin. Sur de nombreux chantiers de travaux publics, des inscriptions en mandarin fleurissent, signe de la domination des entreprises chinoises dans le secteur.Ces contrats juteux inquiètent pour leur manque de transparence. Fin 2021, un média local révèle les conditions du prêt accordé par Pékin pour l'agrandissement de l’aéroport d’Entebbe, seul aéroport international du pays. Certaines de ces modalités sont jugées « scandaleuses » par Jane Nalunga.« Le gouvernement chinois devait approuver le budget et le plan stratégique de l’Autorité civile d’Aviation ougandaise, qui est l’autorité en charge de l'aéroport, détaille la directrice d’un think-tank en recherche économique. Le budget devait d’abord être approuvé, avec peu de dépenses programmées car il fallait rembourser ! Ensuite, le gouvernement ougandais devait créer un compte bancaire où il déposait du cash dans le cas où il échouerait à rembourser l’emprunt et manquait à ses obligations. La Chine avait le droit de saisir cet argent. »Le ministre ougandais des Finances Mattias Kasaija avait à l’époque bien reconnu des « failles » dans les négociations. Des négociations qu’il avait toutefois défendues devant les députés en novembre 2021. « Nous avons vu que c’était l’alternative la moins chère, et nous avons sauté sur l’occasion, avait-il déclaré. Je pourrais m’excuser et dire que nous n’aurions pas dû accepter certaines de ces clauses, mais comme je vous l’ai dit, le prix, c’est que c’est à prendre ou à laisser ! »Au Sénégal, un data center équipé par le géant chinois HuaweiCap à l’ouest du continent, où les « nouvelles routes de la soie » atteignent le Sénégal. Dans le pays, l’influence de la Chine est numérique. Hautes barrières, fils électrifiés, gendarmes à l’entrée. Le très sécurisé data center se trouve au milieu des chantiers de Diamniadio, ville nouvelle à une trentaine de kilomètres de Dakar. Inauguré en juin 2022, ce centre a été financé par la coopération chinoise.Derrière une porte sécurisée, se trouve le cœur du data center. Au milieu d’une salle de 250 m2, trois conteneurs – des modules confinés dans le jargon – renferment des serveurs qui stockent les précieuses données. 80 à 90% d’entre elles viennent des ministères, des agences nationales, des mairies ou des préfectures, le reste venant du privé.Certains serveurs sont marqués d’un logo Huawei. Le géant du numérique chinois soupçonné d’espionnage par les États-Unis a en effet équipé le data center. Seydi Cheikh Fall est le responsable de la maintenance et du support. « Il n’y a pas forcément que du Huawei, il y a aussi du Nutanix, du Cisco… L’idée c’est d’avoir un mix qui permet de casser le monopole et de ne pas dépendre d’un constructeur. Côté sécurité, ça permet de ne pas s’ouvrir lorsqu’il y a des attaques qui visent ces failles-là. »Compte tenu de la sensibilité des données, Ousmane Bop, manager des lieux, se veut rassurant sur le choix de travailler avec Huawei. « Huawei est intervenu uniquement dans la construction du data center, dans l’exploitation Huawei n’intervient pas du tout, assure-t-il. On fait un travail d’homologation et de normalisation. La normalisation permet de voir tous les équipements installés au niveau du site, de les tester, de voir les failles et d’être sûrs qu’ils peuvent accueillir les services de nos clients ».Il est clair que la question de la dépendance numérique se poseEn plus du data center, la Chine a installé 4 500 km de fibre optique au Sénégal, construit les réseaux 3G et 4G, et peut-être bientôt la 5G. Cela fait de Pékin le principal partenaire étranger dans le secteur mais pas le seul explique, Cheikh Bakhoum, directeur général de Sénégal Numérique. « Nous avons reçu des investissements de la Chine, mais également d'autres pays, comme Israël, les États-Unis, ou ceux de l'Union européenne. Aujourd'hui, la Chine est un des acteurs majeurs avec qui nous travaillons dans le domaine du numérique. Mais au Sénégal, il n'y a pas d'exclusivité. Nous sommes ouverts à tous les pays. »Nous terminons notre route africaine de la soie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à la rencontre d’Ibrahima Niang, spécialiste des relations Chine-Sénégal. « Les groupes qui étaient avant présents sur le marché tels qu’Alcatel, ou Ericsson ne le sont plus parce que Huawei est parvenu à gagner des parts de marché. Il est clair que la question de la dépendance numérique se pose à partir de ce moment », explique-t-il.Pour les pays africains intégrés aux « nouvelles routes de la soie », la dépendance est avant tout d’ordre économique. Plusieurs observateurs estiment que la Chine peut tout à fait être un partenaire choisi, mais qu’elle ne doit pas être le seul, au risque pour ces États africains de rester en marge des chaînes de valeur et du commerce mondial.
9/7/202319 minutes, 30 seconds
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Sri Lanka: les «nouvelles routes de la soie», la dette et l’éléphant blanc

Troisième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après » au Sri Lanka et plus précisément au sud de l’île au 22 millions d’habitants, l'ancien fief du président déchu Gotabaya Rajapaksa. Coup de projecteur sur le port d’Hambantota, construit avant le lancement des « nouvelles routes de la soie » et devenu au fil du temps le symbole des dérives mégalomaniaques des Rajapakse, qui ont plongé le pays dans le chaos et l’une des pires crises économiques et politiques de son histoire. Pour rejoindre la pointe Sud de l’île depuis la capitale Colombo, il ne faut désormais plus que 3h30. Flambant neuve, inaugurée en 2015, l’extension de l’autoroute du Sud financée et construite par les Chinois est tout un symbole. La première autoroute du pays, qui relie aujourd’hui les ports de Colombo et d’Hambantota et les deux aéroports internationaux de Colombo et de Mattala, fait partie des nombreux projets d’infrastructures développés à coup de milliards de dollars de crédit, et aujourd’hui sous le label des « nouvelles routes de la soie ».Le cas du port en eau profonde d’Hambantota est encore plus emblématique. Pour rembourser une partie de ses dettes, le Sri Lanka a dû accorder une concession de 99 ans sur les activités commerciales du port à une entreprise publique chinoise (CMPH). Ces projets sont qualifiés « d’éléphant blanc », une expression tirée d’une légende thaïe pour désigner tous ces investissements démesurés qui ont contribué à ruiner le pays. Et dans le cas d’Hambantota, à exacerber le conflit entre l’homme et la faune sauvage.Un écosystème chambouléDepuis la construction du port d’Hambantota, la coexistence ancestrale entre les humains et les éléphants n’est plus du tout pacifique. Début juillet, en seulement trois jours, quatre villageois ont perdu la vie suite à des attaques d’éléphants sauvages. Ces comportements hostiles s’expliquent par la déforestation et la dégradation de l’habitat naturel des pachydermes, qui les obligent à rechercher des ressources vitales en dehors des forêts et des zones protégées. A Hambantota, les villageois rapportent la mort tragique de 17 personnes en un peu plus d’un mois. Au niveau national et selon les données officielles, 2022 a connu une mortalité record avec 145 décès d’humains et 433 décès d’éléphantsA Gonnoruwa, un village à une dizaine de kilomètres au nord du port, Nanini vient d’apprendre la mort de son fils, piétiné par un pachyderme alors qu’il se rendait à son travail. Le jeune homme avait emprunté comme chaque matin un raccourci, créé par l’entreprise qui a construit l’autoroute pour acheminer son matériel et qui traverse une réserve forestière. L’aire censée être une zone protégée est gérée par le bureau de la faune sauvage. Les villageois dénoncent une absence totale de signalisation ou de clôtures électriques pour protéger les humains. Sur ces terres à majorité cinghalaise et bouddhiste et dont près de la moitié des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté, la vie ne tient qu’à un fil.Roshan Rajika peut en témoigner. Ce passionné d’environnement reçoit chaque jour des appels de villageois paniqués pour lui signaler la présence d’éléphants dans leurs rizières ou à proximité de leur maison. Une nuit, tous les rouleaux électriques des petits commerces dans un des villages ont été saccagés. Un éléphant affamé était passé par là.Le quadragénaire a filmé des centaines de vidéo de ces créatures majestueuses. Il se souvient du temps où la zone de Karagan Lewaya abritait une riche biodiversité. Autrefois visité par des oiseaux migrateurs et des troupeaux d’éléphants, l’espace est désormais occupé par le complexe portuaire et un gigantesque terrain qui sera transformé à terme en zone industrielle. Roshan en veut beaucoup aux autorités. « Je n’ai rien contre le développement, mais il n’y a eu aucune étude de faisabilité, de protection de la nature ou de stratégie pour éviter le conflit actuel homme-faune. Tous ces projets ont été initiés par notre gouvernement. Quand la construction du port a débuté, les autorités ont bâti des villages pour reloger les fermiers sans tenir compte des éléphants. La construction du port et des nombreux villages a grignoté leur habitat naturel et ce avec la bénédiction des politiciens locaux. »Des éléphants blancsC’est aussi l’avis de Saman Sudarashana, le secrétaire de l’association des fermiers de la région, qui dénonce les incohérences du gouvernement. « Notre district compte environ 450 éléphants. Le gouvernement a reconnu la région comme une zone de conservation de l’habitat des éléphants tout en lançant des projets de développement comme l’aéroport de Mattala, l’autoroute, un stade de cricket ou encore un gigantesque centre de conférence. Tout cela a été construit au beau milieu des aires protégées poussant les éléphants à venir se nourrir sur les terres agricoles. » Le secrétaire de l’association souligne le ras-le-bol de la population locale. « Personne ne se soucie de notre bien-être ni de celui des animaux. À cause de tous ces projets mal planifiés, des gens perdent leur vie, des maisons sont saccagées. Et les récoltes, cultivées au prix de nombreux sacrifices, sont détruites. Ce n’est pas la faute des éléphants, ce sont les élus qui ont mal géré la situation. Malgré les fréquentes manifestations et plusieurs grèves de la faim, les fermiers savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Dans cette zone sèche qui souffre de problèmes chroniques d’approvisionnement en eau potable, l’un des enjeux majeurs sera de trouver des financements pour construire un réservoir d’eau pour les éléphants, seule solution viable et durable, estime Saman Sudarashana.Ces éléphants blancs ont non seulement ruiné le pays mais aussi bouleversé la vie de centaines de familles, expropriées de leurs terres et relocalisées à des kilomètres plus au nord en échange de maigres compensations. Piyadasa 75 ans tient une petite épicerie en bord de route. C’est aussi le domicile de sa fille et de ses deux petits enfants. Le septuagénaire vivait à l’emplacement du port et cultivait des noix de cajou bio, destinées à l’export. La production lui permettait de vivre très correctement.  « Avant 2007, nous pouvions subvenir à nos besoins, vivre de notre travail. J’avais près de six hectares de terres cultivables, se souvient-il nostalgique. Aujourd’hui j’ai tout perdu. Je ne gagne que 10% de ce que je gagnais avant. Toute la région s’est transformée en zone semi-urbaine. Près de 180 familles dont une trentaine qui étaient mes voisins sur le site du port ont été relocalisées dans le village. Et je n’ai eu que 3 200 euros de compensation. »Impact économiqueInterrogé sur ce qu’il pense de la famille Rajapaksa, dont Hambantota est le fief ancestral, l’épicier répond sans ambages. « Tous les politiques sont pareils. Vous savez, j’ai des liens familiaux avec les Rajapaksa du côté paternel. Mon père m’a toujours dissuadé de voter pour eux. Il me disait : "les Rajapaksa sont tous des escrocs !" Moi, je suis pour Sajith Premadasa, le chef de l’opposition. Je ne soutiens pas non plus l’actuel président Ranil Wickremesinghe car il a des liens de parenté avec la femme de Mahinda Rajapaksa. Ils sont tous corrompus et se protègent les uns les autres. »Le district d’Hambantota compte environ 600 000 habitants, dont la majorité vit de l’agriculture et de la pêche. Le port de pêche avec son marché se situe à environ 3 km à vol d’oiseau du port international d’Hambantota.Le regard fatigué, vêtu d’un sarong et d’une chemise à carreaux, Jaufer Moulana, 57 ans, pêche depuis l’âge de 12 ans. Sa vie aussi a été chamboulée depuis la construction du port en eau profonde, qui se trouve sur la route stratégique des cargos entre l’Europe et l’Extrême-Orient.« Les cargos nous créent pas mal de problèmes. Avant, on pêchait à l’emplacement du port et on attrapait beaucoup de poissons. Aujourd’hui, la Marine nous interdit de nous y attarder à cause du passage des navires. Dans l’idéal, on aimerait pouvoir y aller le soir et rester jusqu’au matin, mais si un navire passe à ce moment-là, nos filets sont détruits. C’est déjà arrivé trois fois cette année. » Jaufer se plaint de l’énorme manque à gagner. « On nous oblige à quitter la zone, avant même d’avoir réussi à attraper assez de poissons. Vous ne pouvez même plus y planter un hameçon ! Je n’arrive plus à rentrer dans mes frais. » Et de fait, ce matin, le pêcheur n’a rien gagné, il n’a même pas pu couvrir ses dépenses d’essence, entre 10 et 15L qu’il a dû acheter à crédit.Pour comprendre ce sentiment d’abandon et l’inaction des élus, nous avons tenté de rencontrer le secrétaire de la mairie du district, M. Sumanasekara. L’entretien sera de courte durée. Le regard fuyant et le ton sec, l’agent du gouvernement a refusé de répondre à nos questions. Il nous a invité à écrire au ministère de l’Information pour obtenir une autorisation.Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre, disait le célèbre écrivain espagnol Cervantès. Cette règle ne s’applique malheureusement pas à Hambantota. Sous un faux prétexte, la visite du port géré par la compagnie China Merchants Port Holdings, pourtant acceptée des semaines en amont et avec à l’appui une liste de questions que nous souhaitions poser, a été annulé à la dernière minute. Selon le service de presse du port, la personne dont on n’a jamais eu le nom et qui était chargée de nous faire visiter le port a dû quitter le pays de manière impromptu pour assister à des réunions urgentes.« No Go Zone »Le complexe portuaire ressemble à une base militaire. Les quatre routes menant aux terminaux sont coupées par des check points, truffés de caméras et surveillées par des agents privés et parfois aussi la marine sri-lankaise. Impossible de s’en approcher. Notre chauffeur de tuk-tuk a dû s’arrêter à deux reprises pour un contrôle routier aux abords du complexe portuaire.Un salarié du port a tout de même accepté de répondre à quelques questions par téléphone et sous couvert d’anonymat. Le jeune homme a confirmé que l’activité principale du port était le transbordement de véhicule. Combien de navires accostent le quai ? Entre dix et quinze selon lui, sur les trois derniers mois et les deux premiers de l’année. C’est la période où le trafic est le plus intense. L’écrasante majorité des employés sont des locaux. Tandis que les Chinois, quelques dizaines, travaillent dans le bâtiment de l’administration portuaire, auquel les Sri-Lankais n’ont pas accès.Notre interlocuteur ajoute que les salaires sont satisfaisants et que les repas sont fournis par l’entreprise. Une ombre au tableau toutefois : depuis que le port est géré par les Chinois, les promotions se font très rares et l’incertitude demeure étant donné que les contrats sont renouvelés tous les ans. Globalement et pour conclure, l’employé du port voit un impact plutôt positif sur sa vie et celles des jeunes de son village. Une cinquantaine ont pu être embauchés dans le port.Monsieur 10 %Frappés par une crise économique sans précédent depuis plus d’un an, les villageois résignés, reconnaissent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Le malaise est profond à Hambantota. Un mot revient dans toutes nos conversations : la corruption. Une corruption endémique en particulier dans les sphères du pouvoir et autour du clan politique des Rajapaksa.Aruna Kulantuga, économiste politique à Colombo dénonce la cupidité des élites. À titre d’exemple, il cite le nom de l’un des frères de l’ex-président : Basil Rajapaksa, ancien ministre des Finances, communément appelé « Monsieur 10 % ». On l’a affublé de ce surnom en raison des commissions qu’il a perçues sur tous les contrats signés ces dernières années.  Et dans le cas d’Hambantota, l’économiste revient sur un épisode de 2014, lorsque l’ancien gouvernement Sirisena étranglé par les dettes cherchait une issue de secours.« Le coût du crédit pour la construction du port était estimé à 1,2 milliard de dollars. Mais l’entreprise qui a construit le port a révélé que la construction avait coûté 900 millions. Où sont passés les 300 millions restants ? Personne ne le sait. Une enquête diligentée en 2014 et menée jusqu’en 2019 a simplement conclu que tout cet argent avait disparu. Il ne se trouve pas dans le pays, ni même en Chine. Cet argent apparaît sur des comptes à Dubaï ou dans des propriétés luxueuses en Grande-Bretagne. Des centaines de millions de dollars ont été blanchis sans qu’on ait pu apporter des preuves. »Piège de la dette ?En moins de 20 ans, les investissements chinois au Sri Lanka ont augmenté à près de 12 milliards de dollars. Aujourd’hui, le pays doit 10 % de sa dette totale et 20 % de sa dette publique à la Chine seule, soit la plus haute proportion parmi ses nombreux prêteurs.Etranglé par les prêts, Colombo a dû se résoudre à céder à la Chine l’exploitation de son port du Sud pour 99 ans. Hambantota est ainsi devenu l’exemple par excellence en Occident du « piège de la dette », un terme utilisé pour la première fois en juin 2018 dans une enquête du New York Times et qui a depuis été largement diffusé dans la presse occidentale et parmi les chercheurs pour dénoncer la stratégie prédatrice de la Chine. Le cas du Sri Lanka a dans le même temps écorné les grandes ambitions de prospérité véhiculées par Pékin dans sa promotion des mégaprojets associés aux « nouvelles routes de la soie ».Mais pour l’analyste économique Thilina Panduwawala, le terme de « piège de la dette » est inapproprié dans le cas du port d’Hambantota. Son travail de recherche consiste comme il dit à séparer « les mythes de la réalité ». Il revient sur les étapes successives du projet. « Les principaux bailleurs sont les Chinoises Exim Bank et China Development Bank. Les emprunts ont débuté vers l’an 2000. Entre 2007 et 2014, le Sri Lanka a emprunté 1,2 milliard pour la construction du port d’Hambantota. Dès 2016, il devient évident que le pays est incapable de rembourser ses dettes. Ranil Wickremesinghe alors Premier ministre évoque au Parlement le lourd fardeau de la dette. Il décide de louer le port à China Merchants Port Holdings en échange de 930 millions de dollars, afin de renflouer les caisses vides en devises étrangères, et d’éviter de contracter de nouvelles dettes. »C’est à partir de là que l’on commence à parler de confiscation des avoirs par la Chine. Or, en réalité, aucune clause de ce type n’existe dans le contrat, souligne Thilina Panduwawala qui affirme avoir consulté le contrat que lui et son équipe rendront public prochainement. « Le crédit contracté auprès d’Exim Bank continue d’être remboursé, la dette n’a pas été effacée et l’argent perçu par la signature du bail à servi à accroitre les réserves de change », conclut-il.Aruna Kulatunga réfute également la théorie du piège de la dette. Ce dernier explique comment le clan Rajapaksa, tout puissant au sortir de la guerre civile en 2009-2010, a cherché à asseoir sa popularité en se lançant dans des projets trop coûteux. « Si l’on regarde les chiffres, plus de la moitié des emprunts provient de créances privées, c’est-à-dire du marché obligataire, accordés à des taux assez élevés entre 4 et 8 %, tandis que les taux des prêts bilatéraux étaient plutôt bas de l’ordre de 3 ou 4 %. Le leadership de l’époque a été frappé par un égo démesuré. Pour perpétuer cette adoration, ils ont investi tous azimut sans se soucier des conséquences. »Toute la responsabilité repose, selon l’économiste politique, sur les autorités sri-lankaises. « Ce ne sont pas les Chinois qui sont arrivés pour nous dire prenez, prenez l’argent, c’est nous qui avons emprunté. On le sait maintenant, car les données commencent à sortir, que les Chinois nous ont conseillé d’aller doucement, de ne pas nous précipiter. »Principe de neutralitéLe résultat est là. La Chine contrôle désormais le port septentrional et Aruna Kulatunga craint les conséquences géopolitiques de cette situation. « Lorsque vous regardez la carte de l’Asie du Sud, vous voyez un port chinois au Pakistan, au Bangladesh et dans le sud du Sri Lanka. Ces ports forment un triangle parfait qui encercle l’Inde. Notre voisin a donc toutes les raisons de s’inquiéter. Car en cas de confrontation, et c’est possible, on ne peut pas l’exclure, l’Inde sera encerclée. Pourquoi avons-nous accepté cela ? Nous n’aurions jamais dû, ce n’était pas dans notre intérêt. »L’expert rappelle le principe de neutralité que son pays s’est toujours imposé dans l’histoire contemporaine. « Nous n’aurions jamais dû être entraînés dans cette rivalité. Nous aurions dû garder une politique d’ouverture de nos ports, de nos eaux territoriales, de notre espace aérien. Et non pas vendre ou louer. Et puis 99 ans, c’est long ! On dit que le centre d’affaires Port City à Colombo est un bail de 99 ans. En réalité, c’est bien plus : une partie restera chinoise à tout jamais ! »Selon Aruna Kulatunga, la Chine compte prochainement investir 4 milliards de dollars supplémentaires, notamment dans la construction d’une raffinerie de pétrole uniquement destinée à l’export. Parmi les candidats sont cités le Chinois Sinopec, le plus grand raffineur d’Asie, ou encore Aramco, le géant pétrolier saoudien.Pour comprendre l’importance du port d’Hambantota il suffit de regarder une mappemonde. Le port se situe à seulement 10 miles nautiques de la route maritime commerciale Est-Ouest la plus fréquentée au monde. Pour comprendre les enjeux de ce port sur la carte des « nouvelles routes de la soie », nous avons interrogé Yasiru Ranaraja, le directeur de BRI SL. Cette organisation internationale de développement et de conseil s’intéresse de près aux projets en lien avec les « nouvelles routes de la soie » au Sri Lanka et dans la région.« Les navires chinois qui transportent du pétrole passent par le détroit de Malacca. La Chine achète la grande majorité du pétrole à l’Arabie saoudite, ses navires empruntent la route maritime ouest/est qui passe par Hambantota, puis le détroit de Malacca jusqu’à la mer de Chine du Sud. S’il arrivait quelque chose, la Chine aurait un grave problème. »Selon Yasiru Ranaraja, l’initiative chinoise comporte plutôt des aspects positifs pour son pays. « Le Sri Lanka pourrait devenir à l’avenir l’emplacement idéal, une base pour le commerce de l’énergie dans la région. Je pense que le port est stratégiquement important aussi bien pour la Chine que pour nous. Le Parlement sri-lankais avait dès les années 1970 des projets pour ce port, ce n’est donc pas nouveau. »Le district d’Hambantota, considéré comme l’une des régions les plus pauvres du Sri Lanka, a bénéficié d’un flux d’investissements considérables. À ce jour, le port et ses 60 km2 de terrain n’ont pas produit les recettes escomptées. Les activités du complexe portuaire sont encore très loin du rêve de Colombo de transformer l’île en hub régional. Pour développer la région et rendre le port viable et lucratif, Pékin devra injecter dans les prochaines années des milliards de dollars supplémentaires. Des projets titanesques à mille lieux des préoccupations et des attentes de la population.
9/6/202319 minutes, 31 seconds
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La Malaisie, point de passage vital des «nouvelles routes de la soie», mais à quel prix?

Deuxième épisode de notre série « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». La Malaisie est un point de passage vital pour le commerce maritime mondial, et en particulier pour la Chine. Pékin y construit des ports et des chemins de fer pour éviter le détroit de Malacca, contrôlé par les Américains. C’est la justification première des « nouvelles routes de la soie ». Mais où est l’intérêt de la Malaisie ? Les populations locales affectées par les projets chinois souffrent du manque de transparence et de la corruption des élites.  En Asie du Sud-Est, la Malaisie occupe une place stratégique. Son versant Ouest longe le détroit de Malacca, qui sépare le pays de l’Indonésie. Il est le passage obligé des routes commerciales maritimes qui relient l'Europe et le Moyen-Orient à l'Asie. Entre le tiers et la moitié des flux mondiaux de marchandises transitent par ce détroit. La Malaisie est donc centrale dans tout projet qui vise à faciliter l'intégration de la région au commerce mondial. « Cela permet également de faciliter le commerce entre les pays de l’Asean ainsi qu'entre l’Asean, la Chine et d'autres parties du monde », explique Liew Chee Yoong, économiste spécialisé en gouvernance d'entreprise et développement financier à l’université de UCSI de Kuala Lumpur. Cela découle de l'augmentation de la connectivité induite par les projets des « nouvelles routes de la soie ». « Ces projets seront en fait très positifs et peut être très fructueux, compte tenu de ce qui se passe actuellement dans divers pays de l’Asean. »Un millier de bateaux empruntent le détroit de Malacca chaque jour - et faire passer les marchandises à travers la Malaisie pourrait faire gagner des jours entiers. Afin que les marchandises puissent être transportées plus rapidement et plus efficacement de la côte Est en Ouest, une ligne ferroviaire traversant le pays est en cours de construction, permettant ainsi d’éviter le détroit de Malacca. Nouvelle voie terrestreC’est à Kuantan, sur la côte Est du pays, ville incontournable sur les « nouvelles routes de la soie », qu’ont débuté les travaux de construction d’une ligne de chemin de fer nommée ECRL (East Coast Railway Link), ou ligne ferroviaire de la côte est, et de gares afin de faciliter le transport des marchandises.  Sauf que ces projets ne font pas l'unanimité auprès des populations locales. À une cinquantaine de kilomètres au nord de Kuantan, la maison de Rokamar, dame âgée au visage souriant, est plantée au milieu d’un grand terrain sur lequel se trouvent des poulaillers, des ateliers de construction… Tout ce que sa famille a bâti depuis plus de 40 ans sera réduit à néant pour faire place à une route bétonnée. « Nous avons été pris au dépourvu dès le début du projet. Les responsables ne sont venus ici que lorsque les choses ont été finalisées, nous confie Rokamar. Il n'y a donc rien que l’on puisse faire, nous devons accepter ce que Dieu nous a imposé. Je suis en colère que nous soyons forcés d’accepter ces projets et que nous soyons obligés de céder nos terres. »Sulung, son mari, peau burinée à force de travailler en extérieur, voudrait que le projet soit déplacé de quelques kilomètres. « À proximité, il y a des milliers de kilomètres carrés de marécages, ils pourraient construire là-bas, dit-il en tendant le bras vers un espace vide. Ce n'est pas que nous soyons contre le progrès, mais ils pourraient déplacer la ligne ferroviaire dans la zone marécageuse, il n'y a rien du tout là-bas. Lorsqu'ils sont venus faire des relevés et des mesures, ils nous ont dit que c'était pour construire une route d'accès à la gare. Il ne s'agit même pas d’y installer la voie de chemin de fer, mais une voie d'accès ! »Rokamar exprime tout haut ce que tous dans leur village pensent tout bas. « Pour moi, ceux qui ne sont pas directement touchés peuvent facilement parler des avantages de l'ECRL. S'ils étaient frappés de plein fouet, comme nous, ils sauraient à quel point c’est un bouleversement de devoir tout changer à sa vie. »Quelles indemnisations ? Le couple, parents de huit enfants, a toutefois une chance que d’autres n’ont pas : un titre de propriété de leur terre, garantissant un minimum d’indemnisation pour leur perte. Mais pour Razali, qui vit à moins de 5 km de là, ce n’est pas le cas. « Ils disent qu'ils paieront une somme, je cite, “symbolique”, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose avec… Je ne peux pas reconstruire ma maison avec une somme symbolique ! » explique le vieil homme, assis en tailleur sur un tapis dans son salon. « S'ils m'indemnisent correctement, je pourrai, après l’expropriation, aplanir le terrain derrière ma maison, qui est pour le moment un marécage et y construire ma nouvelle maison. S'ils ne m'indemnisent qu'un peu, je pourrai seulement me permettre de drainer ce marécage. Mais je n’aurai pas assez pour construire une maison. Alors je suppose que je vais simplement rester là, assis sur le sol. J'ai fait appel mais ils ne veulent plus m'écouter, alors je n'ai plus d'options. Je veux pouvoir reconstruire ma maison, car je ne peux plus travailler, je suis un vieil homme. » Sa femme Zakaria a le regard triste, rempli d’incompréhension face à une situation qui les dépasse. « Mon cœur n'est pas en paix, confie-t-elle après un moment d’hésitation. Notre maison, nous y avons vécu si longtemps. C'est comme si on plantait un arbre et que, lorsqu'il porte des fruits, quelqu'un venait l'abattre. C'est difficile pour nous de perdre notre logement, tout s'écroule. Ce fut un sacrifice de toute une vie. Depuis notre jeunesse, on a gagné péniblement notre vie, en faisant des petits boulots pour construire cette maison. Aujourd'hui, nous approchons de la fin de notre vie, nous n'avons plus la force. Ils viennent soudainement tout démolir, cela m'attriste. » Leur voisine, Wan Zainab, tient une échoppe non loin de là. Elle aussi sera détruite pour laisser place à la construction de la voie ferrée. « C'est triste parce que nous sommes là depuis si longtemps. J'ai démonté les étagères, la plupart des affaires sont maintenant sur le sol, ça ne paye pas de mine, nous dit-elle en montrant le parterre encombré. À ce stade, je n'ai pas d'autre source de revenus si le magasin est démoli. Mais je dois quand même gérer une affaire, trouver un autre endroit. Vendre des choses est la seule chose que je sais faire, je ne connais rien d'autre. »Wan Zainab a tenté de faire entendre les problèmes qu’elle rencontrait. « Je suis allée au bureau du cadastre. Nous avons demandé ce qu'il en était pour les terres sans titres, et ils ont répondu qu'ils accorderaient une compensation de 30 %. Comment reconstruire avec 30 % de la valeur du bâtiment ? Est-ce suffisant ? »Des projets qui ne cessent de s’agrandir De retour à Kuantan, nous rencontrons Bakar, une représentante de la communauté locale. Selon elle, l’arrivée des investissements chinois est une bonne nouvelle, même si, ce qui l’inquiète, c’est le Malaysia-China Kuantan Industrial Park situé à Kuantan. Cette entité économique est jumelée au China Malaysia Qinzhou Industrial Park en Chine - un nouveau modèle d'exploitation des capacités de production internationales baptisé « Deux pays, deux parcs ».« Ce qui est un peu inquiétant, c’est qu'il s'étend, s'étend, s'étend… Il en est maintenant à la troisième ou quatrième phase d’expansion, raconte-t-elle. Le fait que le parc s’étende à ce point signifie que de plus en plus de nos terres sont convoitées par le gouvernement chinois. Mais la réalité qui se cache derrière est discutable et douteuse. Pourquoi ? Parce que nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles le bail pourrait nous échapper car ils ont déjà dépensé beaucoup d’argent. »Cela entraîne d'autres problématiques, souligne-t-elle, qui affectent les Malaisiens. « Ils n'embauchent pas beaucoup de locaux : ils ont leurs propres structures, des condominiums de cinq blocs où vivent tous leurs travailleurs qui viennent de Chine travailler ici. Ils restent à l'intérieur. Cela ne crée donc pas d'emploi, ou très peu. Et puis à l'intérieur, c'est comme en Chine. Ils ont des distributeurs automatiques qui utilisent des yuans, la monnaie chinoise. Ils ont leur propre supermarché. C'est pratiquement comme une ville chinoise ici. Leurs travailleurs ne viennent pas en ville. Ils sont juste confinés à l'intérieur. Nous ne savons pas ce qui se passe à l'intérieur. On voudrait de la transparence. » Ce constat n’étonne pas l’économiste Liew Chee Yoong. Mais il pense qu’au bout du compte, ceux qui sont affectés par ce développement finiront par le voir sous un meilleur jour : « Je pense qu'il faut penser aux retombées économiques, et qu'il faut se projeter sur le long terme. Cette connectivité peut apporter de nombreux avantages économiques en stimulant l'hôtellerie, le tourisme, les industries logistiques et ainsi de suite, malgré les incertitudes économiques mondiales. »Malgré toutes les opinions et effets négatifs potentiels, l’économiste estime que les avantages l'emportent. Selon lui, de nombreux pays impliqués dans ce projet en tireront d'énormes bénéfices d'un point de vue économique. Y compris la Malaisie. Malacca, port en haute merLa ligne de chemin de fer en cours de construction à Kuantan aura pour destination la capitale Kuala Lumpur. Mais elle fera également la jonction avec un autre grand port de la côte ouest, Malacca. Le plus ancien des ports de Malaisie est marqué par près de 130 ans de colonisation portugaise, et l’on peut apercevoir dans son centre l’héritage de cette époque coloniale. Mais tout autour, ce qui est frappant, ce sont les immeubles abandonnés, les chantiers en cours un peu partout aux abords de la ville. Ce que déplore Jane, dont le nom a été modifié car elle travaille pour une entreprise sino-malaisienne. Elle a grandi à Malacca et pour elle, le visage de la ville a complètement changé. « Si vous traversez les quartiers de la ville, vous verrez des bâtiments abandonnés. Pourquoi ne pas faire revivre ces bâtiments ? s’interroge-t-elle. Nous sommes une ville historique. La ville est vide partout. Personne ne vient s'y installer. Alors qui gagne de l'argent ? Le nombre de touristes venant à Malacca a considérablement baissé par rapport aux cinq dernières années. »Elle ne comprend pas la façon dont les travaux s’organisent. « Comme vous avez des yeux, vous pouvez voir tous ces bâtiments abandonnés. Dans un tel état, pourquoi creusent-ils encore ? Si vous voulez vraiment vous développer, il faut peupler et donc remplir d'abord les espaces vides. »Ce qui l’inquiète le plus, c’est la perte d’identité de sa ville natale. « Ce n'est plus Malacca. Maintenant, il y a des magasins chinois partout. Vous avez une rue où il y a une prédominance de personnes qui ne sont pas de votre pays. Qu’il y ait un quartier chinois, c’est très bien. Mais à présent, tout le monde ne parle que le mandarin. C'est l'une des choses dont je me suis rendue compte et qui a changé tout l'écosystème ici : c’est la langue. »L’économiste Liew Chee Yoong modère cependant les choses. Selon lui, blâmer uniquement les investisseurs chinois à Malacca n’est pas raisonnable. « Je pense que ces magasins vides et ces nombreux bâtiments sont davantage la conséquence de l'environnement économique du pays, ce qui n'est pas seulement le cas à Malacca, mais aussi ailleurs dans d'autres États de la Malaisie. »Aux yeux de Liew, cette responsabilité particulière incombe également au gouvernement de l'État de Malacca. Il ne s'agit pas seulement du côté chinois, mais de la manière dont l'ensemble du projet est mis en œuvre et des parties prenantes qui doivent communiquer en premier lieu, et il souligne que le gouvernement local aurait pu faire beaucoup mieux. « Je ne rejetterai donc pas la faute à 100 % sur les Chinois. Oui, ils pourraient avoir une part de responsabilité, mais je pense que le gouvernement de Malacca pourrait en réalité intervenir pour mieux gérer le projet dès les premières étapes. Avant que le projet ne commence, ils devraient mener une enquête auprès de toutes les parties prenantes concernées. »  Manque de transparenceLe quartier historique de la ville est devenu un quartier chinois. Tout est écrit en mandarin. D’innombrables lanternes rouges et jaunes décorent les immeubles et l’une des plus grandes attractions de la ville est le plus vieux temple bouddhiste de Cheng Hoon Teng, dans un pays majoritairement musulman. D’ailleurs, pour qui regarde sa géolocalisation sur son téléphone, il est inscrit Jīcháng jiē - Jonker Street - en caractères chinois. C’est là que nous rencontrons Lim, un ancien journaliste local doué d’une connaissance approfondie des projets chinois à Malacca. Comme Jane, il est effaré de la rapidité du développement de la ville sans planification appropriée. « Il n'y a pas beaucoup d’informations disponibles publiquement, déplore-t-il. Ils ne divulguent pas vraiment ce qu'ils font. Ils disent qu'il s'agit d'un port en eau profonde, entièrement géré par une société chinoise, la China Communications Construction Company (CCCC). »  « Qui est donc aussi impliqué ? Qui bénéficie des contrats ? Nous devrions avoir plus d'informations à ce sujet, poursuit Lim. Il n'y a pas de transparence. Nous disposons d'informations, mais très limitées. Beaucoup de choses ne sont pas encore terminées. Et certains chantiers sont simplement bloqués, arrêtés à mi-chemin. Par ailleurs, les locaux, quelle que soit l'ampleur des investissements, sont confrontés aux problèmes liés au coût de la vie : si vous n'augmentez pas les salaires pour qu'ils atteignent un niveau adéquat, vous ne pourrez pas bénéficier des projets. Or le coût de la vie a augmenté, mais pas les salaires. À Malacca, le niveau de vie est encore très bas. » La crainte de Lim : et si les choses tournaient mal pour l’économie malaisienne ? « Le Sri Lanka est le meilleur exemple de la façon dont les choses peuvent mal tourner si vous ne contrôlez pas vos infrastructures essentielles, compare-t-il. Ils construisent un port en eau profonde ici. Que se passera-t-il si nous suivons la voie du Sri Lanka ? Pouvons-nous vraiment rembourser si les choses tournent mal ? Nous ne voulons pas suivre la voie du Sri Lanka. Et je pense qu’il n'est pas le seul. Le Pakistan a également des problèmes, l'Afghanistan, et quelques autres pays d'Asie centrale, ont déjà des difficultés à rembourser la Chine. »Cependant, souligne Lim, le ton a changé depuis une dizaine d’années. « La Chine est dure en affaires. La situation était très différente sous Hu Jintao, les choses ont changé lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir. Xi s'enhardit maintenant parce qu'il a un contrôle absolu. Sous le règne de Hu Jintao, tout était encore négociable, mais sous Xi Jinping, les choses sont très, très opaques. On ne sait pas ce qu'il va faire. Qui sait, il pourrait même retirer ses investissements. »La question de l’absence de transparence revient souvent. Ce qui, selon l’économiste Liew Chee Yoong, témoigne d’une différence culturelle. « Si vous faites des affaires en Chine, et pas seulement dans le cadre des "nouvelles routes de la soie", les Chinois ont tendance à se concentrer davantage sur l'établissement de relations pour commercer. Et, en Chine, les règles ne sont pas non plus très claires. C’est pour cela que ces questions de transparence sont soulevées, ce que je ne conteste pas, je pense que c'est en partie vrai. Mais si vous ne pouvez pas rembourser le prêt, vous ne devriez pas le contracter en premier lieu. Je ne pense pas qu'il faille rejeter la responsabilité à 200 % sur la Chine elle-même. Je pense que les pays concernés doivent gérer correctement leurs finances avant de s'engager. Un pays doit s’engager quand il est prêt, c'est la meilleure stratégie. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas attendre trop longtemps, parce que nous avons besoin de compétitivité économique. » Craintes pour le patrimoineDans le quartier portugais de la ville, nous retrouvons Martin Theseira, ancien pêcheur qui lutte contre l'appropriation de ses terres par les investisseurs chinois. Amoureux de la mer, il nous explique que les îles que nous apercevons dans le port sont artificielles, qu’elles ont été créées de toutes pièces, en peu de temps, avec du sable et de la végétation, en attendant d’y voir de nouveaux complexes de loisirs pousser…Ces îlots qui détruisent son horizon lui laissent un goût amer. « Ce qui motive des projets comme ça, c'est l'avidité pure et simple, pointe-t-il entre ses dents. Les autorités sont irresponsables d'autoriser de telles constructions parce que, premièrement, ce n'est pas durable. Les dommages causés à l'environnement et à la communauté côtière sont irréversibles. Les biologistes marins nous disent qu'il s'agit d'une diversité marine unique. Notre communauté est affectée car notre mode de vie dépend de la mer. Pour nous, la mer est notre bouée de sauvetage. En réalité, nous nous battons depuis le premier jour et nous sommes toujours dans la même situation. Il n'y a pas d'amélioration réelle parce qu'il n'y a pas d'engagement sérieux. »Sa grande crainte est la disparition de sa communauté, de son patrimoine et de son héritage. « Je pense que tout disparaîtra dans les dix à vingt prochaines années. Pouvez-vous compenser la perte de l’accès à la mer pour la communauté ?  Vous ne pouvez pas. On ne peut pas la remplacer. Aucune somme d'argent ne peut remplacer la disparition de ressources pour la communauté. L'argent n'est pas une compensation qui peut tout régler. »Les changements sont perceptibles ailleurs, souligne Martin, ce qui appuie son argument. « Nous constatons les changements dans la région, les tensions avec les États-Unis. Les Chinois se montrent très audacieux en mer de Chine méridionale. Mais que pouvons-nous vraiment faire ? Ce sont des superpuissances qui sont en train de montrer leurs muscles. » L’économiste Liew Chee Yoong souligne cependant que la compétition économique, quelle qu’elle soit, n’est pas une mauvaise chose. « Si l’on parle de commerce économique, d'expansion vers d'autres pays, il s'agit plutôt pour la Chine de montrer son soft power au reste du monde. Ce n’est pas une mauvaise dynamique. Nous-mêmes essayons de nous engager économiquement avec d'autres parties du monde, mais la Chine l'a fait plus tôt que d’autres. Si vous regardez les pays d'Afrique, vous verrez qu'ils ont beaucoup bénéficié des investissements de la Chine sur le continent. Au fil des années, les Chinois se sont développés au Kenya, au Nigeria ou en Tanzanie. La Chine aide d'autres pays à se développer économiquement, et l'Europe et les États-Unis peuvent aussi le faire, il n'y a rien de mal à cela. »Personne en Malaisie n'ignore la compétition économique mondiale qui se joue ici entre la Chine et les États-Unis. Face au projet tentaculaire des « nouvelles routes de la soie » qui dispose d'importantes réserves de liquidités, les États-Unis ont lancé leur pilier asiatique. Dans l'Indo-Pacifique, Washington multiplie les partenariats économiques avec des dizaines de pays, dont la Malaisie.À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie»
9/5/202319 minutes, 30 seconds
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Le grand écart du Kazakhstan, coincé entre l’ours russe et le dragon chinois

Premier épisode de notre série « Les nouvelles routes de la soie, 10 ans après ». C’est au Kazakhstan que Xi Jinping lançait il y a exactement une décennie ce que Pékin appelle son « projet du siècle ». Le poids lourd des cinq républiques de l’Asie centrale, a-t-il su en profiter ? L’ex-république soviétique reste aujourd’hui sous influence de son mentor historique russe. Mais la guerre en Ukraine pousse le Kazakhstan davantage dans les bras de la Chine qui convoite ses hydrocarbures et sa position géostratégique. Sur un parking, des dizaines de voitures chinoises rutilantes sont garées l’une à côté de l’autre, en attendant d’être chargées sur des trains de fret. Elles traverseront le Kazakhstan sur des milliers de kilomètres pour arriver, neuf jours plus tard, à leur destination finale : Duisbourg en Allemagne. Nous sommes dans la zone économique spéciale (ZES) de Khorgos, un vaste parc industriel planté au beau milieu de la steppe kazakhe. C’est ici, à la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, que les deux pays ont créé un nœud ferroviaire et routier, destiné à devenir un carrefour du commerce mondial, trait d’union entre la Chine et l’Europe.« Jusqu’en 2014, il n’y avait que des dunes ici, affirme Serguali Seitkazine, habillé d’un gilet orange, casque de chantier vissé sur la tête. Depuis, nous avons aplani le terrain et installé l’eau, les canalisations et l’électricité. » Un producteur de couches pour bébé, un fabricant de nourriture pour bétail et dix autres usines sont déjà implantées et 30 autres doivent suivre, indique le directeur des relations avec les investisseurs. À l’avenir, confie-t-il les yeux brillants, un aéroport international verra le jour, et le géant chinois du commerce en ligne Alibaba livrera ses marchandises dans le monde entier à partir d’un nouvel et immense entrepôt de distribution.La mer est à 2 500 kilomètresPourtant, rien ne s’y prête. L’endroit est situé près du point eurasiatique de non-accessibilité : la mer la plus proche se trouve à plus de 2 500 kilomètres d’ici. La Chine pouvait difficilement choisir une région moins accueillante pour réaliser ce que le président Xi Jinping appelle « le projet du siècle » : les « nouvelles routes de la soie ». L’objectif : désenclaver l’Ouest chinois pour exporter les produits fabriqués dans l’usine du monde vers les marchés internationaux.Dix ans après l’annonce par Xi Jinping des « nouvelles routes de la soie », Khorgos peine à attirer les multinationales. Seuls 700 sur les 4500 hectares sont occupés, et cela malgré les réductions d’impôts et les terrains mis à disposition gratuitement aux investisseurs. Mais Hicham Belmaachi y croit : « Quand Khorgos est sorti de terre, beaucoup de professionnels du monde de la logistique n’étaient pas convaincus, affirmant que c’était un projet fou ; mais aujourd’hui, il a son utilité primordiale pour desservir cette région, soutient cet homme d’affaires franco-marocain, envoyé au Kazakhstan en 2015 par son entreprise Dubaï DP World, troisième opérateur portuaire mondial. C’est un projet qui restera dans les livres d’histoire et ce n’est que le début : on va créer une véritable ville très dynamique aux portes de la Chine. »Cette ville nouvelle s’appelle Nurkent, entourée de vastes plaines de sables, fouettée par des vents de sables en été et des températures qui descendent à moins 20 dégrées en hiver. Avec ses aires de jeux envahies d’herbes folles et ses façades en plâtre déjà défraichies, le triste ensemble de barres d’immeubles ne donne guère envie d’y vivre. À terme, 100 0000 personnes doivent y habiter. Mais jusqu’à présent, seuls 4 000 ouvriers du rail et des douaniers ont élu domicile ici. Parmi eux, Aïmane et sa famille, venue de l’est du Kazakhstan, attirée par les salaires stables et des logements mis à disposition par l’employeur : « Nous travaillons pour la société nationale des chemins de fer. Nous sommes très heureux, parce que nous gagnons bien mieux notre vie ici que chez nous. » Seule attraction dans ce coin perdu pour Aïmane et ses voisins : le grand centre commercial « Duty free » transfrontalier, une immense zone franche sino-kazakhe où l’on peut acheter des produits hors taxe, pour la plus grande partie de fabrication chinoise.Le lait de chamelle kazakh côtoie des sacs Armani Après avoir passé quatre postes de contrôles et la zone militaire clôturée et équipée d’une myriade de caméras de vidéosurveillance, le visiteur est projeté dans un univers bien étrange et décidément chinois. Des écrans géants diffusent des publicités pour des rouges à lèvres aux couleurs criantes. Dans les boutiques climatisées, du lait de chamelle en poudre côtoie des sacs Armani. Tous les prix sont affichés en yuan, la monnaie chinoise. La grande carafe en cristal Baccarat de cognac Louis XIII coûte 240 000 yuans, soit 30 000 euros.À l’horizon, du côté chinois de la frontière, des gratte-ciels d’une trentaine d’étages frappent le regard, comme si Pékin était déterminé à bâtir ici, dans ce désert, une mégapole à l’image de Shenzhen ou de Shanghai.Un vrai corridor pour relier la Chine et l’EuropeDifficile de s’imaginer les caravanes de chameaux passer par cet endroit à l’époque des anciennes Routes de la soie. Mais, aujourd’hui, des siècles plus tard, ce point sur la carte a la même importance stratégique cruciale pour la Chine. « Khorgos est située sur la frontière chinoise : c’est le point d’entrée vers l’Asie centrale, et l’idée de la Chine était d’établir un vrai corridor pour relier la Chine et l’Europe, explique Hicham Belmaachi. Quand je suis arrivé ici en 2015, le volume de conteneurs était à 150 000 unités. Aujourd’hui, nous en sommes à 600 000 conteneurs. »Dans la gare d’Altinkhol avec ses bâtiments massifs de style vaguement romain qui ne voient jamais de passagers, des dizaines de conteneurs sont alignés sur la voie ferrée, bourrés de produits « made in China ». China Shipping, Cosco ou encore Maersk, les grands noms du transport mondial ne manquent pas. Le transport par train entre la Chine et l’Europe coûte bien plus cher que le bateau, mais il ne met que deux semaines là où la voie maritime prend deux mois. Les trains partent pleins, mais dix ans après la promesse par le numéro un chinois Xi Jinping de « nouvelles routes de la Soie » bénéfiques pour tous, une partie des trains revient toujours à vide.Dans le port sec de Khorgos, l’un des plus grands au monde, des ouvriers du rail s’activent sur d’immenses portiques. Tout ici ressemble à un port, sauf que tout autour, il n’y a ni la mer ni un fleuve. Juste une vaste plaine où, de temps en temps, apparaît un cavalier en train de faire brouter son cheval. C’est ici que les trains chinois sont déchargés et transbordés vers le rail kazakh, plus large. Pour un train classique de 50 conteneurs, cette opération prend environ une heure. « Nous déchargeons 16 voire 17 trains par jour ici, explique Serguali Seitkazine. C’est quatre fois plus qu’avant la pandémie de Covid-19. La Chine avait fermé la frontière, seul le passage des trains était autorisé. Le chemin de fer a donc fait ses preuves. »La pandémie a donné un coup d’accélérateur à ce port sec détenu à 49% par le géant chinois du transport maritime Cosco et une autre société chinoise. « Le commerce en ligne a vécu un boom, confirme Hicham Belmaachi. Les navires ayant atteint leur capacité maximale, il a donc fallu se rabattre sur d’autres voies, et le ferroviaire a connu une croissance fulgurante. » La guerre en Ukraine rebat les cartes La guerre en Ukraine a, elle aussi, redistribué les cartes en Asie centrale et permis à la Chine de s’engouffrer dans la brèche laissée par une Russie affaiblie. « Depuis la guerre, beaucoup d’entreprises internationales se sont retirées de la Russie, et les grandes compagnies maritimes y ont interrompu leur escale, confirme Hicham Belmaachi. Donc il a fallu redessiner complètement la logistique dans cette région du monde, et depuis, les Kazakhs, les Ouzbeks et les Kirghizes se sont tournés directement vers la Chine. »La Russie demeure le premier fournisseur du Kazakhstan, et lorsqu’en 2022, des émeutes ont secoué le pays, le président Kassym-Jomart Tokaëv a appelé son allié historique Moscou à l’aide. Mais depuis la guerre en Ukraine, les choses évoluent en faveur de la Chine qui étend son influence en Asie centrale.En 2022, le commerce entre la Chine et le Kazakhstan a augmenté de 34%, c’est plus que pendant les 30 dernières années. De plus en plus de transports de marchandises contournent d’ailleurs déjà la Russie, via la mer Caspienne vers l’Azerbaïdjan et la Turquie. Sur cette voie, la Trans-Caspian International Transport Route (TITR), les exportations ont quasiment triplé depuis début 2023. Une manière pour le Kazakhstan de se détourner de son allié historique, la Russie. Mais cela prendra du temps. « La Russie a encore des moyens de pression sur le Kazakhstan. Nos exportations de pétrole transitent toujours par le territoire russe, analyse le politologue Dossym Satpaïev, directeur du Risk Assessment Group, une organisation non gouvernementale de conseil. Une partie du territoire du Kazakhstan dépend de l'approvisionnement en électricité de la Russie, et nous recevons du gaz de la Russie. » Mais pour ce consultant en affaires internationales, il est en effet crucial pour son pays de se trouver un contrepoids géopolitique, en exploitant au mieux sa proximité avec ses deux grands voisins et en gardant de bonnes relations avec la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis.Comme beaucoup de ses compatriotes, Abzal Dostiyar voit le rapprochement entre son pays et la Chine d’un mauvais œil. L’opposant au régime du président Kassym-Jomart Tokaëv a organisé plusieurs manifestations contre les investissements chinois. Il a été arrêté et emprisonné à maintes reprises. Il craint de voir son pays passer sous emprise chinoise après avoir vécu sous la tutelle soviétique : « Le Kazakhstan compte bien peu à leurs yeux. Le projet des "nouvelles routes de la soie" n’a été bénéfique que pour les Chinois, et nous, on accumule les dettes. Pour gérer les 56 usines construites par la Chine, ils sont venus avec leurs propres ouvriers. Et pour financer une nouvelle avenue dans la capitale Astana, le prêt n’a été disponible que pour des sociétés chinoises. » Si l’on en croit les statistiques officielles, l’Etat ne croule pas sous des dettes chinoises qui ne s’élèveraient qu’à 2% du PIB. Mais selon le centre de réflexion américain AidData, le Kazakhstan serait en réalité endetté à plus de 10% de son produit intérieur brut vis-à-vis de la Chine, au même niveau que la République démocratique du Congo, le Laos ou le Mozambique.Pour réduire ses propres risques et garantir ses investissements, Pékin mise d’ailleurs sur ce que l’on appelle « le modèle angolais ». Cela signifie que le jour où le Kazakhstan ne peut plus rembourser en espèces, il doit rembourser ses dettes avec des ressources naturelles en donnant accès à son gaz, son pétrole ou encore son uranium. La Chine s’appuie sur nos régimes corrompus pour gagner en influence.Lorsqu’en mai dernier, Xi Jinping a accueilli les dirigeants de l’Asie centrale en grande pompe à Xi’an pour leur promettre de nouveaux investissements et les inviter « à monter à bord du train express de son développement pour bâtir ensemble un avenir meilleur », certains ont pris peur. À l’instar d’Aïna Shormanbaeva, présidente de l’ONG International Legal Initiative : « Nous assistons à une pression de plus en plus forte sur la société civile au Kazakhstan, au Kirghizistan et dans les autres républiques d’Asie centrale, estime cette militante des droits de l’homme. Le projet des "nouvelles routes de la soie" ne fait que renforcer l’influence de la Chine qui s’appuie sur les régimes corrompus dans nos pays afin de gagner en influence. » Mieux vaut alors se méfier des ogres qui convoitent l’uranium, le gaz et le pétrole du Kazakhstan, mais aussi sa position géostratégique. « En prenant nos distances avec l'ours russe, il ne faut pas tomber dans les griffes du dragon chinois », avertit Dossym Satpaïev. Si l’on en croit cet universitaire, le Kazakhstan a quelques atouts dans ce grand jeu des puissances : c’est particulièrement vrai depuis la guerre en Ukraine, mais aussi à cause de la tension qui croît de jour en jour dans le détroit de Taïwan, voie maritime majeure pour le commerce mondial.« La Chine sait très bien que s'il y a un conflit militaire autour de Taïwan, alors la route terrestre qui passe par le Kazakhstan doit pouvoir remplacer la voie maritime qui sera bloquée », assure Dossym Satpaïev. Il en est convaincu : le Kazakhstan a toutes les cartes en main pour tenir tête à l’ours russe comme au dragon chinois.À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie»
9/4/202319 minutes, 31 seconds
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Les «nouvelles routes de la soie» en Chine, dans les yeux du correspondant de RFI

C’est le prologue de la série spéciale de RFI : « nouvelles routes de la soie, dix ans après ». Qui aurait pu prévoir que ce projet, lancé par le président chinois Xi Jinping le 7 septembre 2013 au Kazakhstan, allait devenir un réseau mondial tentaculaire ? En une décennie, la Chine a dépensé des centaines de milliards d’euros, de l’Asie à l’Europe en passant par l’Afrique, dans les infrastructures mais pas seulement. Désormais, plus de 150 pays adhèrent à ce qui est devenu un label. Stéphane Lagarde, correspondant de RFI à Pékin, a suivi du début à aujourd’hui ce grand projet. Retour avec lui sur dix ans de reportage, entre propagande et réalité, avec un périple le long de l’ancienne route de la soie. À lire aussiRetrouvez l'intégralité de notre dossier sur les «nouvelles routes de la soie»
9/3/202357 minutes, 18 seconds
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La traque des œuvres spoliées aux juifs par les nazis

En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 100 000 œuvres d’art ont été spoliées aux juifs par les nazis. Des tableaux, des sculptures, des objets d’art, parfois des instruments de musique… volés, pillés, et qu’il a fallu retrouver et rendre après la guerre. Près de 80 ans après la Libération, certaines œuvres n’ont toujours pas retrouvé leur propriétaire, ou plutôt les descendants de leur propriétaire. Des historiens consacrent leur carrière à la traque de ces œuvres qui, souvent, sont exposées, aux yeux de tous, dans les musées. Les identifier, prouver leur spoliation, puis les rendre, est un travail minutieux qui peut durer des années. (Rediffusion) Une odeur de tabac flotte dans le salon de May Monteux. La pièce n’est pas si petite, mais elle apparaît étriquée : elle est encombrée de meubles, les étagères débordent de livres, de sculptures, de bibelots. Chaque centimètre carré de mur est couvert de tableaux qui ont, pour certains, une histoire particulière : ils ont été volés par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale.Leur propriétaire était Marcel Monteux, le grand-père de May. Ce collectionneur d’art a été spolié, parce qu’il était juif. « Il a été arrêté, interné au camp de Drancy le 31 juillet 1944 et déporté vers Auschwitz, par le convoi n°77, raconte sa petite-fille, assise devant une tasse de café et de vieilles photographies. Il n’a pas eu de chance, car le lendemain, il y avait la grève des cheminots et les trains ne sont plus partis. Il est mort à peine arrivé, il a attrapé le typhus et n’a pas survécu. » Aujourd’hui, May, 90 ans, poursuit le combat de sa grand-mère, son « idole » qui, à la Libération, a réussi à se faire restituer de nombreuses œuvres d’art qui appartenaient à Marcel Monteux. Le collectionneur est d’ailleurs lui-même immortalisé sur une toile : un jeune homme élégant, en costume et nœud papillon, pose avec un cigare et un journal. Le tableau trône dans le salon de May, en face du canapé.Pour retrouver les œuvres spoliées qui ne sont pas revenues à sa famille, la retraitée est aidée par l’historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du marché de l’art sous l’Occupation. Elles ont, pour cela, épluché les archives familiales, aidées notamment des notes : « Elle avait une liste assez vague, car mon grand-père, son mari, était très joueur, très flambeur, sourit malicieusement May. Par exemple, quand il empruntait de l’argent, il donnait en gage un tableau. Alors dans le doute, elle avait fait une liste. » Une sorte d’inventaire, donc, de la collection de Marcel Monteux.Grâce à ces notes griffonnées sur du papier jauni, May et Emmanuelle Polack ont pu trouver une preuve supplémentaire pour se faire restituer un tableau : Bord de rivière reflété dans l’eau de Camille Bombois. Ce tableau est accroché dans un musée de Passau, en Allemagne. L’historienne avait repéré, lors de ses travaux, cette toile dont la provenance était suspecte. Elle s’est alors rapprochée de la descendante du collectionneur. Un deuxième tableau, exposé dans le même musée allemand, a aussi été identifié comme appartenant à la famille Monteux, il représente d’ailleurs Jean-Paul Monteux, le père de May, peint par Maurice Denis. Ce sont donc deux œuvres qui ont été retrouvées et devraient être restituées dans les semaines à venir.« Une grande razzia »À son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler ne tarde pas à mettre en place des spoliations d'œuvres d’art ou d’autres biens, visant particulièrement les juifs. En France, dès l’été 1940, « il y a une grande razzia, explique Emmanuelle Polack, experte du sujet. Environ 450 caisses [remplies d'œuvres d’art, NDLR] vont aller au sein de l’ambassade d’Allemagne. Très vite, il n’y aura pas assez de place, le Louvre proposera trois salles, puis c’est finalement le musée du Jeu de paume qui deviendra le lieu de stockage des œuvres spoliées ».À la Libération, 60 000 objets culturels spoliés sont retournés en France, grâce au travail de la résistante Rose Valland. Une grande partie a pu être restituée, mais environ 2 000 tableaux, sculptures, objets d’art dont le propriétaire n’a pu être identifié ou retrouvé, ont été confiés à des musées français. « Ces œuvres n’appartiennent pas aux musées nationaux, précise Emmanuelle Polack. Ils n’en sont que les seuls protecteurs. À charge pour eux de poursuivre les recherches de provenance. »« Travail de mémoire »Depuis quelques années, l’historienne aide ainsi le musée du Louvre à restituer, dans ses collections, des œuvres identifiées comme spoliées, ou dont la provenance est suspecte. Elle accompagne les conservateurs des départements dans leurs recherches, les aiguille notamment vers des fonds d’archives qui pourraient fournir des preuves, par exemple un catalogue de vente aux enchères sous l’Occupation qui attesterait d’une vente forcée.Mais la recherche de provenance se complique d’année en année : les propriétaires des œuvres, ou leurs descendants, disparaissent, ou ignorent que leur famille a été victime de spoliation. Emmanuelle Polack en est consciente : « On ne pourra jamais restituer toutes les œuvres, mais ce qui est très important, c’est de faire ce travail de mémoire. Il me semble que nous le devons à la mémoire des victimes des exactions de la Seconde Guerre mondiale. »Aujourd’hui, en France, même quand une œuvre est identifiée comme spoliée dans un musée français, il est nécessaire de passer devant la justice pour la restituer, car les collections nationales sont inaliénables. Il faut donc créer une dérogation à la loi pour chaque œuvre. Mais cette situation pourrait bientôt changer : cette année, le Parlement pourrait adopter une loi-cadre facilitant les restitutions.
9/1/202319 minutes, 30 seconds
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Portugal: les gardiennes du Sado

Le Sado est un fleuve au sud de Lisbonne et avant de se jeter dans l’océan Atlantique, il se transforme en baie. Réserve naturelle, étape migratoire des oiseaux, activités de pêche, mais aussi industrielles se partagent l’estuaire, poumon aquatique menacé. Sur l’immense plan d’eau, des femmes accompagnent la marée chaque jour pour, au bout de six heures d’un travail éreintant, ramener à terre un monstre marin, le mouron, un ver de vase qui sert à la pêche de loisirs.  Elles luttent à leur manière pour protéger un art de vivre particulier. Comme en réponse, à l’autre extrémité de la baie, une biologiste lutte pour préserver l’environnement délicat de la baie.« Portugal : les gardiennes du Sado », un Grand reportage de Marie-Line Darcy.(Rediffusion)
8/31/202319 minutes, 30 seconds
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Colombie: les voisins maudits de la mine

RFI s’associe au consortium international d’enquête « Forbidden Stories » pour reprendre le travail de Rafael Moreno, journaliste colombien, tué le 16 octobre 2022, dans des circonstances encore non élucidées. L’un des sujets sur lesquels il enquêtait : l’impact de la grande industrie minière sur l’environnement et la santé des populations dans sa région d’origine, le département de Cordoba. En 2017, la justice colombienne a obligé l’opérateur de la mine de nickel Cerro Matoso S.A à agir pour limiter ces effets nocifs. Six ans après, les dégâts sont toujours là parmi les communautés voisines de la plus grande mine à ciel ouvert de nickel du continent. « Colombie: les voisins maudits de la mine », un Grand reportage d'Aabla Jounaïdi et Angélica Perez. (Rediffusion)
8/30/202319 minutes, 30 seconds
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Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit

Être prêt, toujours, à la guerre… La Finlande, qui vient de rejoindre l’Otan, n’a jamais cessé de se préparer à un éventuel conflit avec la Russie, un voisin avec qui elle partage 1 340 km de frontière terrestre et qu’elle a toujours jugé menaçant et imprévisible. Service militaire obligatoire, abris antiatomiques, stocks de blé, de pétrole, de médicaments… Sa politique dite de « défense totale » implique non seulement les armées, mais les entreprises et la société civile. (Rediffusion) « Défendre la Finlande, plus qu'une politique, un état d'esprit », un Grand reportage de Carlotta Morteo.
8/29/202319 minutes, 30 seconds
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S'unir pour exister: le combat des rappeuses féministes d’Amérique latine

Facile de donner des noms de rappeurs... Ça l'est beaucoup moins quand on veut citer des rappeuses. Un manque de visibilité qui se retrouve au niveau mondial et notamment en Amérique latine. Ici, quand on est une femme, féministe, c’est quasi mission impossible d’atteindre une certaine renommée dans les grands réseaux de distribution de la musique rap. La faute à des portes fermées, aux préjugés, un manque de moyens et un sentiment de ne pas être légitime…  Alors, pour se faire connaître, les rappeuses d’Amérique latine passent par des organisations féministes puissantes, en réseaux, intercontinentales. Elles misent sur l’entraide et refusent de faire partie de la grande distribution musicale pour garder leur authenticité. «S’unir pour exister : le combat des rappeuses féministes d’Amérique latine», un Grand reportage de Maud Calvès. (Rediffusion)
8/28/202319 minutes, 30 seconds
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Fidji, des îles du Pacifique en première ligne

Élévation du niveau de la mer, réchauffement et acidification de l’océan… sans compter les inondations, sécheresses et catastrophes naturelles à répétition, les nations du Pacifique sont en danger de disparition totale, comme l’alerte le dernier rapport du GIEC. Les regards des pays insulaires sont tournés vers la COP. Aux îles Fidji, la santé et la sécurité alimentaire des 900 000 habitants sont déjà en danger. Les conséquences du réchauffement climatique, c’est pour eux le quotidien. (Rediffusion) De notre envoyée spéciale aux Fidji,Le petit village de Narikoso, sur l’île d’Ono, dans l’archipel de Kadavu, petit bout de paradis au bord de l’eau bleu turquoise, n’est accessible que par bateau. À peine le pied posé à terre, force est de constater que l’océan s’est déjà frayé un chemin entre les maisons faites de planches de bois et de toits en taule.Katerina Ravasea, la chef du village, a le regard espiègle, mais la voix triste, lorsqu’elle explique que depuis quelques années, l’océan ne cesse de se rapprocher de sa maison. « On voit l’eau monter, de plus en plus, et les vagues passent par-dessus le mur de pierre que nous avons construit pour empêcher l’eau de nous envahir. C’est ma maison ici, c’est ici que je veux mourir malgré tout. » Le gouvernement s’est rendu dans le village et a promis d’aider les habitants à déménager. « Sur les 23 maisons que le gouvernement nous a promis de déplacer, seulement sept l’ont été. Nous attendons qu’on vienne pour les autres, depuis des mois. Ce qui me blesse, c'est qu’on nous a promis des choses et nous attendons toujours ». Katerina Ravasea explique qu’une équipe de scientifiques est venue inspecter les sols et ils ont fait état de la présence d’eau en dessous des maisons du village. La chef sait que quoi qu’il arrive, il faudra déplacer tout le monde. Certains habitants du village ont déjà déménagé. C’est le cas de Joseva Rabonu, père de deux enfants. Il habitait sur le bord de mer, sa maison est à présent située un peu plus haut, sur une colline. « J’ai voulu déménager, car les anciens du village qui vivaient ici n’avaient pas de problèmes, mais nous, on voit bien la différence, observe-t-il.Ceux de ma génération, on sait très bien que le changement climatique existe, je vois de mes propres yeux le niveau de la mer monter. Vous voyez le mur de pierres là-bas ? Avant, il était au sec, maintenant la mer est passée par-dessus. »Sa crainte principale aujourd’hui, c’est de savoir où ses enfants pourront vivre. « Je pense qu’il sera difficile de vivre ici pour eux. C’est pour ça qu’on se relocalise plus haut, même si je porte toujours mon ancienne maison dans mon cœur. Mais l’eau monte à une vitesse folle et on constate aussi l’érosion du sol. Mieux vaut vivre plus haut. Même si maintenant, il faut tout porter en haut de la colline… Quand on va pêcher, c’est ça le plus difficile, la distance. »Catastrophes naturelles plus fréquentesLes villages en bord de mer sont affectés par la montée du niveau de la mer, mais ceux qui se trouvent en hauteur subissent aussi les conséquences du réchauffement climatique, car les rivières le long desquelles ils se sont installés ne cessent de grossir, notamment à cause de l’érosion des sols, provoquant des inondations sans précédent.   C’est le cas dans le village de Naqali, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Suva, la capitale des îles Fidji. Dans cette verdure luxuriante, une rivière gonflée traverse les plantations longées de bananiers. « Avant je pouvais franchir cette rivière à pied, si facilement, mais maintenant, c'est trop large et trop profond », explique Mosese Vosabeci, le représentant du village. Vêtu de sa chemise traditionnelle bleue et fleurie et de son sulu, la jupe noire que portent les hommes aux Fidji, il nous emmène devant les champs qui appartiennent au village. D’un geste de la main, il montre là où l’eau s'engouffre lors de grandes crues. « Ce qui est dangereux, c’est que la rivière monte et recouvre nos plantations qui se trouvent un peu plus bas que nos maisons. Sauf que lorsque nos plantes sont touchées, ce sont nos provisions qui le sont aussi, car nous dépendons de nos plantes pour nous nourrir, mais aussi pour les vendre au marché, c’est ce qui nous rapporte de l’argent, et c’est ce qui nous permet d’envoyer nos enfants à l’école ». Maritana Korosinu, une jeune femme d’une trentaine d’années, vit à Naqali depuis dix ans. Ici, elle cultive du taro, le cousin polynésien de la pomme de terre. Le changement climatique, pour elle, cela veut parfois dire tout reconstruire et repartir à zéro. « Ces plantations, c'est notre source de revenus, c'est grâce à ces plantes que nous aidons nos enfants et notre famille à se nourrir et à gagner de l'argent. Quand les cyclones nous frappent, nous sommes durement touchés. »Elle raconte qu’elle voit le changement de climat comparé à l’époque où elle est arrivée à Naqali. « Maintenant, tout a changé, il y a plus de cyclones, nous luttons beaucoup plus qu’avant. Quand un cyclone arrive ici, nos moyens de subsistance sont complètement détruits parce que nous dépendons entièrement de nos cultures pour gagner notre vie et élever nos enfants. » Préparer le territoireLe changement climatique est une réalité bien présente aux îles Fidji, comme partout ailleurs dans le Pacifique. Parmi les solutions possibles pour lutter contre de trop grands changements, il y a celles basées sur la nature, comme planter des mangroves. « La mangrove joue un rôle important dans l'écosystème côtier et marin. C'est là que les poissons viennent et pondent leurs œufs. La plupart des poissons viennent pondre dans les zones de mangrove et repartent vers les zones de récifs, donc la mangrove est un trésor dans les zones côtières », explique Etika Qica, qui travaille au sein de l’UICN, un réseau qui réunit et mobilise les connaissances et les ressources de plus de 1400 organisations environnementales à travers le monde. « Elles empêchent l'érosion côtière, s’il y a de fortes pluies qui secouent la mer, les vagues frappent d'abord la mangrove avant d'atteindre le récif, c'est pourquoi la mangrove n'est pas un endroit agréable pour se promener, c'est très boueux, mais ces boues sont vraiment planifiées stratégiquement par la nature pour absorber tous les polluants avant qu'ils n'atteignent le récif corallien. Enlevez la mangrove et vous tuez tous vos magnifiques récifs coralliens à côté. Et bien sûr, toutes les formes de vie qui s’y trouvent », prévient-il.Mais planter de la mangrove n’est pas suffisant selon lui. Il est temps de penser à des solutions adaptées. « Ce qui nous inquiète tous, c'est de savoir où nous allons aller, où nous vivrons. On prévoit que la plupart de nos îles seront sous l'eau dans les 50 prochaines années. Vous l'entendez, mais vous n'y croyez pas vraiment. Si vous vivez sur un atoll, l'augmentation du niveau de la mer est une réalité, d'autant plus quand vous avez les grandes marées. Mais je pense que même nos solutions basées sur la nature ne pourront pas relever le défi. Nous avons besoin maintenant d'aider la nature. Il est temps que nous trouvions des infrastructures vertes pour aider nos zones côtières. Planter des mangroves ne suffira pas. »L’UICN collabore avec les locaux pour construire des murs marins, aider à la reconstruction des récifs coralliens afin de réduire les impacts sur les zones côtières. « C'est vraiment urgent. Il faudra redessiner nos villages. Où va-t-on les relocaliser ? Il faut être proactif. Et ne laissez pas nos communautés se débrouiller avec ça. Nous sommes confrontés chaque année à des pertes de vies humaines, dans certaines de ces communautés côtières, car elles ne sont pas prêtes. »Perte de la terre au détriment de la merLes scientifiques qui travaillent au sein de la Communauté du Pacifique, la principale organisation scientifique et technique régionale, accompagnant le développement de la région, tentent au mieux d’alerter sur les risques qu’encourent les îles de la région face au réchauffement climatique. Ils ont créé une maquette en 3D d’un atoll et étudié l'impact de l'élévation du niveau de la mer et de l'inondation sur les îles basses. Selon eux, si le niveau de l’océan augmente de 80 cm d’ici 2100, un grand nombre de petites îles seront complètement inondées et leurs sources d’eau potable empoisonnées par l’eau salée : elles deviendront inhabitables. « Je pense que nous ne saisissons toujours pas l'urgence et le besoin que nous avons dans la région en matière d'adaptation au climat, élabore Hervé Damlamian, le chef de projet prévision et surveillance des océans. Pour le moment, on met de la rustine à droite à gauche. Les problèmes sont encore abordés de façon sectorielle, mais ce n'est absolument pas ce dont notre région a besoin ».L’océanographe explique la nécessité de cartographier les vulnérabilités des îles du Pacifique. « Il faut s'atteler à la sécurité alimentaire, examiner la question des transports, de la connectivité et de l'énergie. S’assurer d’avoir de l’eau potable. Nous avons besoin d’une ligne conductrice de notre adaptation qui peut vraiment s'attaquer à tous ces problèmes de vulnérabilité en même temps. Si nous voulons vraiment être honnête sur les besoins de la région en termes d'adaptation, avoir ces petits fonds dédiés pour une approche sectorielle autour de l'adaptation au climat, ça ne va pas suffire et nous allons droit au mur. Ce dont nous avons besoin, c'est d'augmenter nos financements et nos investissements.»Malgré tout, il est cependant encore tout à fait possible d’agir selon lui et c’est la raison pour laquelle les regards sont tournés vers la COP27. « Il y a beaucoup de frustrations dans la région lorsque l’on voit les différentes COP se dérouler, nous les suivons avec grande attention. C’est à la fois porteur d’espoir et de frustrations auxquelles les communautés du Pacifique sont confrontées. Pour nous qui vivons et respirons dans cette partie du monde, il semble évident que le besoin est urgent et que nous n'avons plus le temps d'attendre, nous n'avons plus le temps d’appliquer des rustines un peu partout, avec de petits investissements. Nous aimerions voir peut-être un peu plus d'ambition et d'engagement de la part des pays développés comme la France pour vraiment s'engager dans cette voie. Il faut soutenir ces cultures uniques et les identités culturelles que nous avons dans la région du Pacifique et s'assurer que ces identités et ces cultures qui font partie de notre patrimoine mondial seront toujours là pour les générations futures et que nous vivrons toujours tous ici. »
8/25/202319 minutes, 30 seconds
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Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive

C’est un dispositif unique en France : un centre d’accompagnement et de prévention entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales, en grande majorité des hommes. Le centre, qui se trouve à Lille, permet d’héberger ces auteurs présumés. Et ils sont suivis, de manière renforcée, par une équipe pluridisciplinaire pour éviter la récidive. Une prise en charge globale pendant plusieurs mois, avant leur jugement, pour les aider à se responsabiliser et à sortir du déni.  «Responsabiliser les auteurs de violences conjugales pour éviter la récidive», un Grand reportage de Lise Verbeke. (Rediffusion)
8/24/202319 minutes, 30 seconds
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Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora

Au moins 853 migrants sont morts à la frontière entre les États-Unis et le Mexique en 2022. C’est le double des années précédentes et un bon nombre de ces décès survient dans le désert de Sonora, en Arizona. Empêchés par les politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants tentent de trouver d’autres voies d’accès plus furtives, mais aussi plus dangereuses pour entrer sur le territoire américain.  En proie à un environnement hostile et des températures extrêmes, certains ne terminent pas la route. Le désert se transforme alors en un cimetière qui réduit les corps à l’état de squelettes en quelques jours… À Tucson, un groupe de bénévoles, « los capellanes del desierto » (aumôniers du désert) organisent fréquemment des opérations de recherche pour retrouver les corps des disparus. Avec l’aide des médecins de la morgue, ils s’efforcent de redonner un nom aux migrants morts dans le désert.  « Redonner un nom aux migrants morts dans le désert de Sonora », un Grand reportage de Gwendolina Duval. (Rediffusion)
8/23/202319 minutes, 30 seconds
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Endométriose: concilier travail et maladie

C’est une maladie qui touche plus d’une femme sur 10. L’endométriose handicape près de 2 millions de Britanniques, entre douleurs pelviennes, hémorragies, fatigue chronique. Pour certaines, cette maladie chronique empêche de mener une carrière épanouissante. Au Royaume-Uni, les associations ont mis sur pied un programme pour aider les employeurs à soutenir leurs employées malades. (Rediffusion) « Endométriose : concilier travail et maladie », un Grand reportage d’Emeline Vin.  
8/22/202319 minutes, 30 seconds
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Les Marrons du Suriname, des peuples en lutte

Au Suriname, petit pays d'Amérique du Sud, vivent plusieurs peuples marrons. Leurs ancêtres ont fui l'esclavage des plantations coloniales pour se réfugier en forêt et y créer des sociétés libres. Ils étaient alors désignés par le terme de « marron » -, désignant les fugitifs. Trois siècles après leur fuite, les sociétés noires-marronnes du Suriname continuent de se battre pour leurs droits. Longtemps discriminés, les Marrons affirment aujourd'hui leur place au sein de la société surinamaise.  «Les Marrons du Suriname, des peuples en lutte», un Grand reportage d'Hélène Ferrarini. (Rediffusion)
8/21/202319 minutes, 30 seconds
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Bien vivre avec le VIH? Oui mais pas pour tout le monde

Depuis 40 ans, l’épidémie VIH fait rage. En France, 200 000 personnes sont contaminées. C’est 38 millions dans le monde, dont 54% sont des femmes. Aujourd’hui, les traitements ont évolué et permettent aux personnes séropositives d’avoir une vie quasi-normale. Mais la stigmatisation et la sérophobie restent élevées, tout comme la prévention progresse mais exclut de nombreux publics comme les femmes, les personnes transgenres, immigrées ou travailleuses du sexe. (Rediffusion) «Bien vivre avec le VIH ? Oui mais pas pour tout le monde», un Grand reportage de Justine Rodier. 
8/18/202319 minutes, 30 seconds
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Entre les mains prodigieuses de Lorena à Trieste

À Trieste, ville du nord-est de l'Italie, aux portes de la Slovénie, une femme hors du commun, Lorena Fornasir, soigne les pieds martyrisés des migrants du Moyen-Orient qui ont cheminé sur les routes menant au cœur de l'Europe. Elle se rend chaque jour avec son mari, Andrea Franchi sur la Piazza della Libertà. Cette place, proche de la gare, est à la fois un point d'arrivée et de départ pour des migrants «clandestins» en quête d'une vie plus humaine. (Rediffusion) «Entre les mains prodigieuses de Lorena à Trieste», un Grand reportage de notre correspondante en Italie, Anne Le Nir.  Remerciements à la photographe Elisa Da Lio.
8/17/202319 minutes, 30 seconds
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Iran, génération courage

En Iran, plus de six mois après la mort de Mahsa Amini, pour un voile mal mis, les manifestations dans la rue se sont calmées. Il faut dire que la répression a été forte. Pour autant, la détermination d’un certain nombre de jeunes reste intacte. Et la colère contre le régime s’exprime, sur des questions qui vont bien au-delà du voile. (Rediffusion)  « Iran, génération courage », un Grand reportage de Murielle Paradon. 
8/16/202319 minutes, 30 seconds
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K-Pop, la fabrique d’un phénomène

BTS, Black Pink, Psy, Seventeen, Big-bang, ces groupes de K-Pop mondialement connus ont envahi depuis de nombreuses années les magasins de disques, ont empilé les vues sur YouTube et généré des revenus colossaux pour leur pays : la Corée du Sud. Ces différents groupes sont les locomotives d’une industrie dont l’influence est culturelle car ils sont écoutés de Riyad à Mexico en passant par Londres, Bangkok ou Dakar. Les stars, surnommées des « idoles » font rêver des jeunes et de moins jeunes du monde entier, qui caressent le rêve de devenir à leur tour les porte-étendards de la K-Pop de demain. Mais, ce genre musical qui s’étend du rap à la pop est aussi caractérisé par la proéminence d’un marketing à toute épreuve et la fidélité des fans.  Plongée dans une industrie aux contours uniques, dont l’influence ne cesse de grandir et représente un atout phare pour un petit pays de 52 millions d’habitants. « K-Pop, la fabrique d’un phénomène », un Grand reportage de Nicolas Rocca.(Rediffusion)
8/15/202319 minutes, 30 seconds
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En Guyane, le village de Saül choisit la voie de l’écotourisme contre l’orpaillage

Chaque année, 10 tonnes d’or seraient extraites illégalement des sols de la Guyane française. Les sites d’extraction aurifère prolifèrent dans certaines communes, comme Maripasoula, Sainte-Elie ou encore Papaïchton. Le village de Saül, situé dans le sud du territoire, aurait pu connaître un destin similaire, des centaines de chercheurs d’or creusant le sol, détruisant au passage la forêt et polluant les rivières au mercure. Mais les habitants, élus, associations et le Parc Amazonien de Guyane ont dressé une autre voie : celle d’un tourisme tourné vers la nature. (Rediffusion) « En Guyane, le village de Saül choisit la voie de l’écotourisme contre l’orpaillage », un Grand reportage réalisé par Emma Chevaillier. 
8/14/202319 minutes, 30 seconds
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Femmes en prison, la double peine

La situation des prisons et des prisonniers en Bolivie est déplorable, c’est un fait tristement connu, et souvent pointé du doigt (notamment par l’ONU) : violence, addictions, surpopulation carcérale, corruption du personnel, bâtiments en ruines. Parmi tous ceux qui sont derrière les barreaux, une population est encore plus vulnérable : les femmes. Car elles sont oubliées, par leur famille comme par les institutions. Pourtant, même enfermées, elles sont souvent encore cheffes de famille et elles envoient le peu qu’elles gagnent à l’extérieur.Reportage au cœur de la prison d’Obrajes à La Paz, où 300 femmes cohabitent dans un espace originellement fait pour accueillir 150 personnes. Une ville dans la ville, où l’on vit, où l’on travaille, où des enfants naissent, où on loue un toit à mettre sur sa tête. « Femmes en prison, la double peine », un Grand reportage d’Alice Campaignolle et de Maud Calves.  De notre correspondante à La Paz, Alice CampaignolleRosario Vaca Gutierrez a 56 ans, elle est Bolivienne, et au cours des 30 dernières années elle a été incarcérée 11 fois, la plupart du temps dans la prison pour femmes d’Obrajes à La Paz, en Bolivie. Comme une grande partie de ses codétenues, elle a toujours été écrouée pour petit trafic de drogue, pour avoir vendu du crack notamment. Entretien avec celle que l’on appelle Doña Charito, désormais libre et qui tient un petit commerce de pâtisseries.  Alice Campaignolle : Comment était le quotidien au sein de la prison ?Rosario (Doña Charito) : Dans la prison, il faut être attentive en permanence. Car si vous laissez traîner quelque chose 5 minutes, ça va être volé immédiatement. Si vous mettez vos sous-vêtements à sécher sans les surveiller, ils disparaissent ! Pour ma part, j’étais chanceuse, j’avais des culottes bouffantes, et comme ce n’est plus à la mode, personne n’en voulait ! Rires. Mais, il y a vraiment tout type de personnes à l’intérieur, il faut se méfier. Des droguées. Des alcooliques. Des prostituées. Vous pouvez aussi bien acheter de l’alcool comme de la drogue, sans problème. Il y a toujours une « bonne copine » pour te proposer un verre. Mais il faut faire très attention, car tu tombes vite là-dedans, et c’est la dépression assurée. Parce que beaucoup de détenues, moi incluse, n’ont pas de condamnation et rapidement on se dit qu’on ne sortira jamais de cet endroit. (NDLR environ 70% des détenus en Bolivie n’ont pas été jugés) Pour ma part, je n’avais personne sur qui compter, alors pas le choix, il fallait travailler, pour le papier toilette, le shampooing, bref, tout le nécessaire.  AC : Vous avez parlé de prostitution ?Rosario : Oui tout à fait. C’est très organisé, parfois avec la complicité des gardiennes, ou bien ce sont les gardiens les clients. Ou sinon, il y a un supposé frère, un supposé cousin qui vient les jours de visite, mais en réalité il est là pour acheter du sexe. Personnellement je ne suis jamais rentrée là-dedans, s’il y a bien un endroit où j’étais irréprochable, c’était en prison. Je me suis consacrée au travail surtout.AC : Mais ce n’est pas toujours facile d’occuper un emploi pénitentiaire… Rosario : Moi j’ai toujours été au four, je m’occupais de la boulangerie de la prison. Mais tu peux aussi travailler à la laverie par exemple. Lors de ma dernière incarcération, en 2017, ce n’était plus pareil, toutes les détenues se battaient pour obtenir un travail pénitentiaire car la prison était surpeuplée. Moi j’avais une bonne place, et donc j’entendais beaucoup de critiques, du type « Et elle, pourquoi elle a toujours cet emploi, elle ne peut pas laisser sa place ? ». Au fur et à mesure des années, j’ai su gagner le respect des gardiennes et de la direction, donc ils m’ont fait confiance et m’ont laissé ma place.AC : Et vous avez des enfants, de quelle manière vous en êtes-vous occupés pendant toutes ces années ?Rosario : J’ai deux garçons et deux filles, et les deux premiers ont été à mes côtés dans la prison pendant leur enfance, jusqu’à leurs 5, 6 ans. Je ne pouvais donc pas me permettre de ne pas travailler, car si leurs repas étaient assurés par l’administration pénitentiaire, parfois c’était juste une soupe, et ce n’était pas suffisant. Et puis au bout de quelques années, le garçon a été placé dans un foyer, et la fille chez une tante. Pas le choix, la prison ce n’est pas un endroit pour des enfants. Ils voient tout et répètent tout, et les éduquer dans cette ambiance, ça en fait des petits rebelles, de futurs délinquants. Aujourd’hui, ils sont grands, ils ont étudié, les deux garçons sont partis vivre au Chili et les deux filles en Argentine. Ils ont réussi, mais l’une de mes filles m’a dit un jour « où étais-tu quand j’avais le plus besoin de toi ? », ça m’a fait réfléchir.AC : Aujourd’hui, vous êtes sortie, à quoi vous consacrez-vous ?Rosario : Pendant longtemps, je me suis dit « étudier ce n’est pas fait pour moi », j’ai arrêté l’école à 9 ans, nous étions 16 enfants et il fallait aller travailler très jeune. Quand on m’a proposé les cours de l’organisation Manq’a, des cours de boulangerie notamment, j’étais terrifiée, car je ne sais pas écrire vite, je craignais de ne pas y arriver. Et puis il y a eu des ateliers pour travailler l’estime de soi, pour réfléchir à ses liens familiaux, et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai appris à m’ouvrir aux gens. Quand tu vends de la drogue, tu parles peu et mal, et au début j’avais honte de mes mots, je ne savais même pas expliquer comment je faisais mon pain. Aujourd’hui, j’ai confiance en moi et en ma petite entreprise de boulangerie-pâtisserie. 
8/11/202319 minutes, 30 seconds
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En Roumanie, la réhabilitation des monuments en péril

Le patrimoine architectural roumain est en souffrance, plus de 600 monuments historiques classés sont aujourd'hui dans un état de dégradation avancée. Les réhabiliter n'est pas une mince affaire. Depuis 2016, l'association Monumentum met en place un projet « l'Ambulance pour monuments », dans le but justement de venir en aide à ses monuments historiques classés laissés à l'abandon. (Rediffusion) «En Roumanie, la réhabilitation des monuments en péril», un Grand reportage de Benjamin Ribout. 
8/10/202319 minutes, 30 seconds
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L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes

Des milliers de familles afghanes ont trouvé refuge depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. De nombreuses familles ont le choix de l’exil pour pouvoir simplement offrir une éducation à leurs filles privées d’enseignement secondaire et supérieur par les talibans.   Loin d’être le lieu d’asile idéal car le Pakistan n’offre pas de réelles perspectives d’emploi et d’intégration aux réfugiés afghans, c’est pourtant au pays des Purs que de nombreuses familles afghanes se sont installées pour pouvoir envoyer leurs filles à l’école. Le Pakistan qui accueillait déjà 3 millions d’Afghans ayant fui leur pays dans les années 90 au cours de la guerre contre l’invasion soviétique, puis lors des 20 années de conflit entre l’ancien gouvernement afghan soutenu par la coalition internationale et les talibans. (Rediffusion) « L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes », un Grand reportage de Sonia Ghezali. 
8/9/202319 minutes, 30 seconds
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Svalbard, un autre monde est possible

Connaissez vous Svalbard ? Un archipel glacé, pas très loin du pôle Nord, la moitié de l’année, il fait jour ou nuit, en permanence... Propriété de la Norvège, Svalbard est régi par un Traité séculaire qui assure la libre circulation des ressortissants des pays signataires. À Longyearbyen, la capitale de l’archipel, 2 500 habitants de 52 nationalités différentes forment donc une des communautés des plus cosmopolites et soudées de la planète. (Rediffusion) « Svalbard, un autre monde est possible », un Grand reportage d'Emilien Hofman.
8/8/202319 minutes, 30 seconds
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Le retour des bronzes dans l'ancien Royaume de Bénin

Le retour des œuvres d'art pillées durant la colonisation a commencé au Nigeria. Des accords actant le transfert de la propriété des trésors volés dans l'ancien Royaume de Bénin ont été signés, ces derniers mois, avec des musées aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Quelques dizaines d'objets – connus sous le terme générique de «Bronzes de Bénin» - ont même été rapatriés en grande pompe sur le territoire nigérian. Ces restitutions ont une signification toute particulière pour les habitants de Benin City – l'ancienne capitale du Royaume d'Edo, annexé par les Britanniques à la fin du XIXème siècle.  « Le retour des bronzes dans l'ancien Royaume de Bénin », un Grand reportage de Liza Fabbian. (Rediffusion)
8/7/202319 minutes, 30 seconds
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Le renouveau de la tapisserie d’Aubusson

C’est l’histoire d’un savoir-faire qui a bien failli disparaître et qui connaît un nouvel engouement spectaculaire. C’est l’histoire de créateurs français désormais célèbres jusqu’au Japon. C’est l’histoire d’un territoire en déclin, la Creuse, dans le centre de la France, qui voit s’implanter une nouvelle génération d’artisans. C’est l’histoire de la tapisserie d’Aubusson que RFI vous raconte aujourd’hui. Une tradition ancestrale, classée en 2009 au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’Unesco alors qu’il ne restait que 2 filatures. Aujourd’hui, lissiers et lissières tissent des tentures monumentales inspirées de Tolkien ou Miyazaki… (Rediffusion)«Le renouveau de la tapisserie d’Aubusson», un Grand reportage de Sébastien Jédor, réalisé par Pauline Leduc. 
8/4/202319 minutes, 30 seconds
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La forêt place forte de la résistance birmane

En Birmanie, cela fait maintenant deux ans que l’armée a pris le pouvoir par coup d’état, stoppant net la marche du pays vers un système démocratique. Deux ans que l’ancienne cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi est emprisonnée et tenue au secret, à 77 ans, elle écopé de 33 ans de prison pour corruption lors d’un procès à huis clos. Pourtant dans le pays, la résistance armée à la junte s’organise, surtout dans les zones frontières, avec l’Inde et avec la Thaïlande.  Des groupes de plus en plus nombreux et mieux financés ont vu le jour. En face, l’armée birmane réplique avec des frappes aériennes meurtrières. Le bilan officiel de près de 3000 morts est largement sous-évalué selon les organisations de société civile. Mais ces guérillas rurales se déroulent bien loin de l’œil des médias… Les bombardements terrorisent les populations qui tentent de trouver refuge dans les forêts et toute la vie désormais se réorganise dans la jungle. Alors que les soldats de la junte cherchent désormais une voie de légitimation de leur pouvoir et annoncent pour bientôt de nouvelles élections, les armées ethniques, alliées aux groupes de jeunes combattants des grandes villes, promettent d’intensifier les combats, pour faire tomber les militaires… « La forêt place forte de la résistance Birmane », un Grand reportage de Carol Isoux.
4/7/202319 minutes, 30 seconds
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Dans le sud du Pérou, la région du lac Titicaca en lutte

Depuis la destitution du président Pedro Castillo, début décembre 2022, le Pérou connaît des vagues de protestations anti-gouvernement... Les manifestants refusent la légitimé de la présidente Dina Boluarte. La crise politique a réveillé des problèmes de fond dans la société péruvienne : inégalités, pauvreté, absence de l’État, racisme… dans le sud du pays, dans la région de Puno, près du lac Titicaca, les paysans se mobilisent depuis 4 mois et ne comptent pas s’arrêter là… « Dans le sud du Pérou, la région du lac Titicaca en lutte », un Grand reportage de Juliette Chaignon. 
4/6/202319 minutes, 30 seconds
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Chine: la bombe à retardement des retraites

En Chine aussi, la question des retraites fait débat. Face au vieillissement de la population, les autorités ont tenté plusieurs fois de reculer l’âge de départ, suscitant une véritable bronca sur les réseaux sociaux, dans un pays où de nombreux retraités issus des zones rurales touchent une pension encore dérisoire.  « Chine, la bombe à retardement des retraites », un Grand reportage de Stéphane Lagarde et Louise May.    
4/5/202319 minutes, 30 seconds
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Iran, génération courage

En Iran, plus de six mois après la mort de Mahsa Amini, pour un voile mal mis, les manifestations dans la rue se sont calmées. Il faut dire que la répression a été forte. Pour autant, la détermination d’un certain nombre de jeunes reste intacte. Et la colère contre le régime s’exprime, sur des questions qui vont bien au-delà du voile.   « Iran, génération courage », un Grand reportage de Murielle Paradon. 
4/4/202319 minutes, 30 seconds
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Mères porteuses en Colombie, un marché à réguler

Quand faire un enfant pour un autre devient un marché. En Colombie, c’est même un marché très développé, on appelle ça « alquiler de vientre », la location de ventre. La gestation pour autrui a donc un prix, entre 3 700 et 5 600 euros. Au point que l’an dernier (2022), la Cour constitutionnelle a demandé au Congrès de réglementer cette pratique. Les projets de loi commencent à être présentés, avec un premier débat au Congrès demain (4 avril 2023).  « Mères porteuses en Colombie, un marché à réguler », un Grand reportage de Najet Benrabaa.  
4/3/202319 minutes, 30 seconds
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Suisse: la mort tranquille

Le débat sur la fin de vie suscite beaucoup de commentaires, de passions et de crispations parfois dans la société. Cet automne, le cas Jean-Luc Godard a relancé la question de la légalisation de l’aide au suicide en France. Comme c’est le cas, en Suisse, depuis des dizaines d’années. Là-bas, la pratique fait consensus. Mais, ça ne veut pas dire qu’elle ne fait plus débat. (Rediffusion) « Suisse : la mort tranquille », un Grand reportage de Jérémie Lanche. 
3/31/202319 minutes, 30 seconds
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La Réunion, nouvelle terre d'exil des migrants sri-lankais

Plus de 4 000 km séparent le Sri Lanka de l’île de La Réunion. Pourtant, depuis 2018, un axe migratoire s’est ouvert entre les deux territoires. Les ressortissants sri-lankais, arrivent par bateaux de pêche après un périple de plus d’un mois pour traverser l’océan Indien. Persécution ethnique, répression politique, crise économique sont les motifs avancés de cet exil. De fait, le Sri Lanka traverse la pire crise politique et sociale depuis son indépendance en 1948. Depuis 2018, environ 500 personnes sont arrivées ainsi sur l’île dont 2 bateaux avec 87 personnes à bord depuis le seul mois de janvier. Des femmes, des enfants et des hommes dont plus de la moitié ont été reconduits à la frontière. Les autres se lancent dans le difficile parcours de la demande d’asile sur un territoire français qui tente de s’adapter.   « La Réunion, nouvelle terre d'exil des migrants sri-lankais », un Grand reportage de Lola Fourmy.
3/30/202319 minutes, 30 seconds
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Les bombes chimiques de Saddam, une plaie encore ouverte pour les Kurdes d’Irak

C’est un massacre à l’arme chimique dont les traces perdurent aujourd’hui… Il y a 35 ans, Saddam Hussein lançait une opération de répression au Kurdistan irakien, un massacre d’ampleur à l’arme chimique. Le chef d’État irakien voulait punir les Kurdes pour leurs révoltes nationalistes et les accusait de complicité avec l’ennemi iranien. Bilan de ces attaques : 180 000 morts et 9 villages sur 10 entièrement rasés. « Les bombes chimiques de Saddam, une plaie encore ouverte pour les Kurdes d’Irak », un Grand reportage de Théo Renaudon.
3/29/202319 minutes, 30 seconds
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Au Niger: l’avenir incertain de l’uranium

Depuis l’invasion de l’Ukraine et les sanctions internationales contre la Russie, l’Europe très dépendante des hydrocarbures russes connaît une grave crise énergétique. Depuis lors, le nucléaire revient au-devant de la scène. Cette situation est perçue comme une aubaine par le Niger, 5è producteur d’uranium au monde. Cette ressource y est exploitée depuis près de 60 ans par le groupe français Orano, anciennement appelé Areva. Les mines de ses filiales locales, la Cominak et la Somaïr, se trouvent à Arlit, dans la région d’Agadez, dans le nord du pays. Malgré ces ressources, le Niger reste un des pays les plus pauvres au monde.   « Au Niger : l’avenir incertain de l’uranium », un Grand reportage de Gaëlle Laleix.
3/28/202319 minutes, 30 seconds
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Centrafrique: 10 ans après, les leçons d’une crise

Centrafrique 2013 : 10 ans après, les leçons d’une crise. Le 24 mars 2013, une coalition de rebelles, la Seleka, entre dans Bangui, la capitale centrafricaine. Le renversement du président François Bozizé vient conclure plusieurs années de conflits avec les groupes armés du nord et de l’est du pays, mais il marque aussi le début d’une nouvelle phase d’instabilité et de plusieurs années de violences généralisées. Après une décennie, qu’ont retenu les acteurs de l’époque de ces évènements ? De leurs origines et de leur déroulement ? La page est-elle tournée ? « Centrafrique: 10 ans après, les leçons d’une crise », un Grand reportage de François Mazet.
3/27/202319 minutes, 30 seconds
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Le calvaire des femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes

Au cours des 74 dernières années, Israël a arrêté plus de 10 000 femmes palestiniennes, les soumettant à des traitements cruels et brutaux… Elles sont anciennes détenues ou membres d’association de défense des droits des prisonniers. Elles dénoncent les conditions de détention, les agressions, le harcèlement, les attouchements, le retrait du voile, mais aussi la torture, les raids ou la négligence médicale. Car au-delà de l’enfermement, la peine est aussi politique et religieuse.  « Le calvaire des femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes », un Grand reportage d’Alice Froussard.
3/24/202319 minutes, 30 seconds
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Côte d'Ivoire: les femmes, grandes oubliées du système carcéral

En 2019, le taux de surpopulation carcérale atteignait 266% en Côte d'Ivoire. Le pays comptait plus de 18 500 prisonniers pour une capacité de moins de 7 000 places, dans les 34 lieux de détention répartis sur le territoire. Et depuis, la situation n’a qu’empiré. Le ministre de la Justice ivoirien Sansan Kambilé recensait 26 000 détenus en décembre 2022. Leurs conditions de vie sont dégradées : locaux vétustes, accès aux soins insuffisants, malnutrition même puisque les rations sont insuffisantes… Dans cette population, les femmes détenues sont ultra-minoritaires, voire marginales.   Une position qui les rend souvent invisibles aux yeux de l'opinion publique et des responsables politiques. Seule une poignée d’ONG tentent de les faire sortir de l’oubli et d’obtenir pour elles des conditions de détention dignes. «Côte d'Ivoire : les femmes, grandes oubliées du système carcéral», un Grand reportage de Marine Jeannin. 
3/23/202319 minutes, 30 seconds
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Hong Kong: être femme derrière les barreaux

Hong Kong détient l’étonnant record (mondial) de la plus haute proportion de femmes dans ses prisons : 19.7% de la population carcérale est féminine. La principale raison de cette statistique étonnante est la longueur des peines qui sont attribuées aux détenues, et en particulier aux mules, qui ont apporté de la drogue à Hong Kong et qui se retrouvent coupées de leurs familles à des milliers de kilomètres de chez elles. Mais depuis les événements de 2019, ce sont aussi des jeunes étudiantes qui se retrouvent enfermées pour plusieurs années à Hong Kong.  «Hong Kong, être femme derrière les barreaux», un Grand reportage de Florence de Changy. 
3/22/202319 minutes, 30 seconds
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Le Centre Pénitentiaire de Rennes: le corps des femmes en prison

La France héberge la plus grande prison de femmes de toute l’Europe. Le centre pénitentiaire de Rennes, en Bretagne, compte 213 détenues pour longue peine, et 31 en attente de jugement. Les femmes détenues ne représentent que 3,3% de la population carcérale et leur voix se fait rarement entendre. RFI est allée à leur rencontre pour parler de l’enfermement. Est-ce qu'une femme abandonne son corps quand elle est en prison ? Peut-elle avoir une intimité, une sexualité, quand les cellules font 7m2 et que les corps sont surveillés ? « Le Centre Pénitentiaire de Rennes : le corps des femmes en prison », un Grand reportage de Laurence Théault.  
3/21/202319 minutes, 29 seconds
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Femmes en prison, la double peine

La situation des prisons et des prisonniers en Bolivie est déplorable, c’est un fait tristement connu, et souvent pointé du doigt (notamment par l’ONU) : violence, addictions, surpopulation carcérale, corruption du personnel, bâtiments en ruines. Parmi tous ceux qui sont derrière les barreaux, une population est encore plus vulnérable : les femmes. Car elles sont oubliées, par leur famille comme par les institutions. Pourtant, même enfermées, elles sont souvent encore cheffes de famille et elles envoient le peu qu’elles gagnent à l’extérieur. Reportage au cœur de la prison d’Obrajes à La Paz, où 300 femmes cohabitent dans un espace originellement fait pour accueillir 150 personnes. Une ville dans la ville, où l’on vit, où l’on travaille, où des enfants naissent, où on loue un toit à mettre sur sa tête. « Femmes en prison, la double peine », un Grand reportage d’Alice Campaignolle et de Maud Calves.   De notre correspondante à La Paz, Alice Campaignolle Rosario Vaca Gutierrez a 56 ans, elle est Bolivienne, et au cours des 30 dernières années elle a été incarcérée 11 fois, la plupart du temps dans la prison pour femmes d’Obrajes à La Paz, en Bolivie. Comme une grande partie de ses codétenues, elle a toujours été écrouée pour petit trafic de drogue, pour avoir vendu du crack notamment. Entretien avec celle que l’on appelle Doña Charito, désormais libre et qui tient un petit commerce de pâtisseries.   Alice Campaignolle : Comment était le quotidien au sein de la prison ? Rosario (Doña Charito) : Dans la prison, il faut être attentive en permanence. Car si vous laissez traîner quelque chose 5 minutes, ça va être volé immédiatement. Si vous mettez vos sous-vêtements à sécher sans les surveiller, ils disparaissent ! Pour ma part, j’étais chanceuse, j’avais des culottes bouffantes, et comme ce n’est plus à la mode, personne n’en voulait ! Rires. Mais, il y a vraiment tout type de personnes à l’intérieur, il faut se méfier. Des droguées. Des alcooliques. Des prostituées. Vous pouvez aussi bien acheter de l’alcool comme de la drogue, sans problème. Il y a toujours une « bonne copine » pour te proposer un verre. Mais il faut faire très attention, car tu tombes vite là-dedans, et c’est la dépression assurée. Parce que beaucoup de détenues, moi incluse, n’ont pas de condamnation et rapidement on se dit qu’on ne sortira jamais de cet endroit. (NDLR environ 70% des détenus en Bolivie n’ont pas été jugés) Pour ma part, je n’avais personne sur qui compter, alors pas le choix, il fallait travailler, pour le papier toilette, le shampooing, bref, tout le nécessaire.   AC : Vous avez parlé de prostitution ? Rosario : Oui tout à fait. C’est très organisé, parfois avec la complicité des gardiennes, ou bien ce sont les gardiens les clients. Ou sinon, il y a un supposé frère, un supposé cousin qui vient les jours de visite, mais en réalité il est là pour acheter du sexe. Personnellement je ne suis jamais rentrée là-dedans, s’il y a bien un endroit où j’étais irréprochable, c’était en prison. Je me suis consacrée au travail surtout. AC : Mais ce n’est pas toujours facile d’occuper un emploi pénitentiaire… Rosario : Moi j’ai toujours été au four, je m’occupais de la boulangerie de la prison. Mais tu peux aussi travailler à la laverie par exemple. Lors de ma dernière incarcération, en 2017, ce n’était plus pareil, toutes les détenues se battaient pour obtenir un travail pénitentiaire car la prison était surpeuplée. Moi j’avais une bonne place, et donc j’entendais beaucoup de critiques, du type « Et elle, pourquoi elle a toujours cet emploi, elle ne peut pas laisser sa place ? ». Au fur et à mesure des années, j’ai su gagner le respect des gardiennes et de la direction, donc ils m’ont fait confiance et m’ont laissé ma place. AC : Et vous avez des enfants, de quelle manière vous en êtes-vous occupés pendant toutes ces années ? Rosario : J’ai deux garçons et deux filles, et les deux premiers ont été à mes côtés dans la prison pendant leur enfance, jusqu’à leurs 5, 6 ans. Je ne pouvais donc pas me permettre de ne pas travailler, car si leurs repas étaient assurés par l’administration pénitentiaire, parfois c’était juste une soupe, et ce n’était pas suffisant. Et puis au bout de quelques années, le garçon a été placé dans un foyer, et la fille chez une tante. Pas le choix, la prison ce n’est pas un endroit pour des enfants. Ils voient tout et répètent tout, et les éduquer dans cette ambiance, ça en fait des petits rebelles, de futurs délinquants. Aujourd’hui, ils sont grands, ils ont étudié, les deux garçons sont partis vivre au Chili et les deux filles en Argentine. Ils ont réussi, mais l’une de mes filles m’a dit un jour « où étais-tu quand j’avais le plus besoin de toi ? », ça m’a fait réfléchir. AC : Aujourd’hui, vous êtes sortie, à quoi vous consacrez-vous ? Rosario : Pendant longtemps, je me suis dit « étudier ce n’est pas fait pour moi », j’ai arrêté l’école à 9 ans, nous étions 16 enfants et il fallait aller travailler très jeune. Quand on m’a proposé les cours de l’organisation Manq’a, des cours de boulangerie notamment, j’étais terrifiée, car je ne sais pas écrire vite, je craignais de ne pas y arriver. Et puis il y a eu des ateliers pour travailler l’estime de soi, pour réfléchir à ses liens familiaux, et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai appris à m’ouvrir aux gens. Quand tu vends de la drogue, tu parles peu et mal, et au début j’avais honte de mes mots, je ne savais même pas expliquer comment je faisais mon pain. Aujourd’hui, j’ai confiance en moi et en ma petite entreprise de boulangerie-pâtisserie.
3/20/202319 minutes, 30 seconds
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Rester ou partir? Les Subsahariens de Tunisie face à la stigmatisation

Le 21 février 2023, le président tunisien affirme que des « hordes » de migrants subsahariens présents en Tunisie sont sources de « violence et de crimes ». Kais Saied dénonce alors une entreprise criminelle pour changer la composition démographique de la Tunisie. Ses propos, dénoncés par des ONG, provoquent une véritable crise : arrêtés, agressés, expulsés de leurs logements, de nombreux Subsahariens sont victimes d’abus. Depuis, des centaines de personnes quittent le pays. « Rester ou Partir ? Les Subsahariens de Tunisie face à la stigmatisation », un Grand reportage de Magali Lagrange.
3/17/202319 minutes, 30 seconds
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Endométriose: concilier travail et maladie

C’est une maladie qui touche plus d’une femme sur 10. L’endométriose handicape près de 2 millions de Britanniques, entre douleurs pelviennes, hémorragies, fatigue chronique. Pour certaines, cette maladie chronique empêche de mener une carrière épanouissante. Au Royaume-Uni, les associations ont mis sur pied un programme pour aider les employeurs à soutenir leurs employées malades. « Endométriose : concilier travail et maladie », un Grand reportage d’Emeline Vin.  
3/16/202319 minutes, 30 seconds
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À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville

Les fonds de la politique de cohésion de l’Union européenne ont changé le visage de certaines villes en Bulgarie qui ont largement souffert de la désindustrialisation post-communiste. C’est le cas de Vratsa. Située au nord-ouest du pays, dans une des régions les plus pauvres du pays, elle vit une véritable renaissance économique grâce aux centaines de millions d’euros de financements européens.  « À Vratsa, en Bulgarie, les fonds européens transforment la ville », un Grand reportage signé Altin Lazaj.     En images  
3/15/202319 minutes, 30 seconds
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En Lettonie, le spectre de la menace russe à l’ombre de la guerre en Ukraine

L'invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, a provoqué une onde de choc en Lettonie. Après 50 ans d’occupation soviétique, le pays balte, indépendant depuis 1991, a vu ressurgir les traumatismes du passé. Depuis le début de la guerre, la population se prépare au pire et se mobilise pour défendre le pays en cas d’attaque alors que les autorités accélèrent la désoviétisation de la Lettonie. « En Lettonie, le spectre de la menace russe à l’ombre de la guerre en Ukraine », un Grand reportage d'Anne Verdaguer. Réalisation : Nicolas Benita.
3/14/202319 minutes, 30 seconds
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Sous pression de Moscou, la Moldavie solidaire des réfugiés ukrainiens

Aux frontières de la guerre en Ukraine, la Moldavie accueille le nombre de réfugiés ukrainiens le plus élevé de l'Europe au regard de sa propre population. Chisinau doit gérer cet afflux alors qu'une guerre hybride est menée par la Russie pour affaiblir sa détermination. « Sous pression de Moscou, la Moldavie solidaire des réfugiés ukrainiens », un Grand reportage signé Agnieszka Kumor.   En images  
3/13/202319 minutes, 30 seconds
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Belgique: la crise de l’accueil des demandeurs d’asile s’enlise

En Belgique, le système d’asile est en crise. Après une baisse des flux migratoires due à l’épidémie de Covid, le royaume a enregistré 37 000 demandes de protection internationale en 2022, soit 40% de plus qu’en 2021. Aujourd’hui, le réseau d’accueil est saturé, et la place manque pour loger tous les requérants, comme la loi l’exige. Environ 3 000 demandeurs d’asile attendent actuellement une place dans un centre spécialisé. Certains d’entre eux se retrouvent à la rue ou dans des squats. Et les différents partis de la coalition qui dirige le gouvernement fédéral peinent à se mettre d'accord sur des solutions. «Belgique : la crise de l’accueil des demandeurs d’asile s’enlise», un Grand reportage de Laure Broulard. 
3/10/202319 minutes, 30 seconds
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Opération Orion, les armées françaises s'entraînent à la guerre

Quand l’armée s’entraîne en grand format. Pendant 19 jours, le sud de la France est devenu le théâtre d’une guerre fictive, 30 navires, 1 400 véhicules, une trentaine d’avions, c’était l’opération Orion. Une guerre simulée qui se poursuit jusqu’en avril 2023, après la Marine, ce sera l’armée de terre. Objectif : préparer les armées françaises à une guerre d’ampleur. « Opération Orion, les armées françaises s'entraînent à la guerre », un Grand reportage d'Ariane Lavrilleux. 
3/9/202319 minutes, 30 seconds
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L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes

Des milliers de familles afghanes ont trouvé refuge depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. De nombreuses familles ont le choix de l’exil pour pouvoir simplement offrir une éducation à leurs filles privées d’enseignement secondaire et supérieur par les talibans. Loin d’être le lieu d’asile idéal car le Pakistan n’offre pas de réelles perspectives d’emploi et d’intégration aux réfugiés afghans, c’est pourtant au pays des Purs que de nombreuses familles afghanes se sont installées pour pouvoir envoyer leurs filles à l’école. Le Pakistan qui accueillait déjà 3 millions d’Afghans ayant fui leur pays dans les années 90 au cours de la guerre contre l’invasion soviétique, puis lors des 20 années de conflit entre l’ancien gouvernement afghan soutenu par la coalition internationale et les talibans.  « L’asile au Pakistan ou l'exil scolaire des jeunes Afghanes », un Grand reportage de Sonia Ghezali. 
3/8/202319 minutes, 30 seconds
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Ziguéhis, les gladiateurs des rues ivoiriennes

En Côte d'Ivoire, on les qualifie souvent de gros bras, de voyous ou de bandits. Eux préfèrent se définir comme des guerriers et se surnomment « ziguéhis ». Un mouvement né dans les rues d'Abidjan dans les années 80… Inspirés des films d'action popularisés à l'époque par Sylvester Stallone, Bruce Lee ou autre Jean-Claude Van Damme, beaucoup de jeunes urbains ivoiriens désœuvrés s'adonnent à la musculation et aux arts martiaux, et parfois des combats de rue, on passe aux guerres de territoire. Les ziguéhis ont leur propre danse, leurs codes, leur langage. « Ziguéhis, les gladiateurs des rues ivoiriennes », un Grand reportage de Sidy Yansané.   En images
3/6/202319 minutes, 30 seconds
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Au Canada, la jeunesse autochtone renoue avec son identité

Le chômage, le manque de logements, les maladies chroniques, c’est le quotidien des premières nations du Québec, dont près de la moitié vivent dans des réserves surpeuplées imposées par le gouvernement du Canada au XIXè siècle. Confrontés à cette réalité, une partie des jeunes tentent de trouver de nouveaux chemins pour se dessiner un avenir. C’est le cas, notamment, dans certaines réserves où vivent des Innus, une des 11 nations autochtones du Québec. (Rediffusion) «Au Canada, la jeunesse autochtone renoue avec son identité», un Grand reportage de Pascale Guéricolas.
3/3/202319 minutes, 30 seconds