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Afrique économie

French, Financial News, 1 season, 154 episodes, 6 hours, 3 minutes
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Chaque jour sur RFI, vivez la mutation de l'économie africaine. Chefs d'entreprises, décideurs, africains de tous bords et de toute condition témoignent dans Afrique Économie, votre rendez-vous de l'Économie africaine sur RFI. 
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La stratégie africaine de l’Italie

Un sommet Italie-Afrique avait lieu en début de semaine, à Rome. Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements africains ont fait le déplacement pour entendre le plan de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni pour encourager le développement du continent. Avec son « Plan Mattei », l’Italie veut investir dans plusieurs secteurs de l’économie pour créer des emplois et freiner l’émigration irrégulière. En insistant particulièrement sur la production énergétique, dont pourrait aussi bénéficier l’Europe. Sur le plan diplomatique, le sommet Italie-Afrique a été un succès même si les promesses doivent maintenant se concrétiser. Les acteurs économiques africains et italiens ont pu se rencontrer en marge du programme officiel.Une opportunité à saisir, selon Jacqueline Lydia Mikolo, la ministre des PME en République du Congo – présente dans la délégation du président Denis Sassou-Nguesso. « Sur le plan économique, plusieurs sociétés italiennes sont implantées au Congo. Dans le domaine de l’alimentaire, dans l’environnement, dans la transformation des matières premières, c’est une relation économique qui existe. À travers les priorités que s’est fixées le Congo, dans le cadre de son plan national de développement, nous avons décidé de renforcer le partenariat économique avec l’Italie dans ces domaines. Et nous sommes venus avec des entrepreneurs et des artisans. »Mais l’Italie, qui se voit comme « un pont » entre l’Europe et l’Afrique, met surtout l’accent sur l’énergie. Avec un objectif : que la production africaine augmente pour qu’une partie de ses ressources puisse être exportée vers l’Europe. Giorgia Meloni a promis que les énergies renouvelables ne seraient pas laissées de côté, mais selon le spécialiste italien Francesco Sassi, il sera difficile de diversifier la production énergétique en Afrique, tant que l’Europe n’aura pas elle-même opéré sa transition : « L’Italie dépend tellement du gaz algérien, qu’en ce moment les compagnies italiennes investissent de plus en plus en Afrique, dans des pays comme le Mozambique ou la République démocratique du Congo, à la recherche de nouvelles sources d’énergie gazière, pour réussir à sortir de la dépendance au gaz russe. »« Le plan Mattei » tire son nom de celui d’Enrico Mattei, le fondateur de la major italienne ENI, très impliquée en Afrique. Des intérêts sur lesquels Giorgia Meloni a préféré rester discrète durant ce sommet, remarque la chercheuse Sofia Scialoja : « Dans l’énonciation de ses différents projets, elle n’a jamais parlé des vrais actifs économiques italiens en Afrique que sont l’ENI Ente Nazionale Idrocarburi, (la société nationale italienne des hydrocarbures) et aussi d’autres géants privés. »À l’issue de ce sommet, l’Italie a annoncé une enveloppe de 5,5 milliards d’euros pour financer une série de projets pilotes en Afrique et donner le coup d’envoi du Plan Mattei.
2/1/20242 minutes, 22 seconds
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Madagascar: la production de foie gras se professionnalise progressivement

À Madagascar, le foie gras n’est pas réservé qu’aux tablées des fêtes de fin d’années. S’il demeure un mets d’exception, ses amateurs le consomment de plus en plus toute l’année. À Behenjy, à une quarantaine de kilomètres au sud d’Antananarivo, c’est toute une commune qui vit de sa production. Mais récemment, les méthodes de travail se sont professionnalisées dans la « capitale du foie gras ».  De notre correspondante à Antananarivo,En sillonnant le chemin qui mène à l’une de ses fermes partenaires, Miora, gérante du « Coin du Foie Gras », refait le film de ses 20 ans de carrière. « Au fur et à mesure que les années passent, on apprend beaucoup de choses. Il y a différents paramètres qu’on ne connaissait pas avant », sourit-elle.Sa carrière a pris un nouveau tournant en 2020. En pleine pandémie de Covid, les portes de son restaurant ferment, et la production s’arrête brutalement. L’occasion de découvrir, un peu par hasard, un secret de fabrication : « À Madagascar, il y’a plusieurs variétés de maïs, détaille la gérante. C’est surtout après le confinement qu’on a vu qu’il y a un maïs, plutôt jaune ivoire, c’est le meilleur maïs à donner aux canards pour avoir le meilleur foie gras, soit en texture, soit en couleurs, soit en goût. On ne gave plus les canards avec du maïs jaune par exemple, on ne les gave pas avec n’importe quel maïs. »Gavage plus efficaceEntre-temps, les 200 éleveurs partenaires du restaurant se sont, eux aussi, professionnalisés. Comme chaque jour à l’aube, Michel, d’un geste maîtrisé, gave une trentaine de canards mulards, une race connue pour être quasi muette.« Ici, on n’a pas de machine !, s’exclame-t-il. On utilise un entonnoir en plastique pour verser le maïs dans le cou du canard. Avant, je gavais les canards à la main, mais ça prenait trop de temps : jusqu’à 2 heures pour 30 canards. Maintenant, avec cette technique, c’est plus rapide, et ça évite de stresser l’animal. »Avec ces nouvelles méthodes, Behenjy peut désormais produire du foie gras toute l’année. Une activité devenue plus rentable encore dans cette région, où elle est pratiquée dans la plupart des familles. « Mes revenus ont augmenté, se réjouit-il. Par exemple, il faut un an pour tirer les premiers bénéfices de l’élevage de porc, alors qu’avec le canard, c’est un cycle très rapide : on reçoit l'argent au bout de seulement 21 jours ! » Poids idéalÀ trois kilomètres de là, en cuisine, on fait dorer les magrets, poêler les foies gras. Là encore, pas de place au hasard, explique Miora : tout est question de poids idéal.« Avant, les gaveurs, ils étaient très contents d’avoir un canard qui donne du foie gras 800 grammes, alors que maintenant, on a vu que 800 grammes de foie gras, une fois qu’on les transforme, ça ne donne que du gras, souligne-t-elle. Donc, on a formé nos paysans à gaver les canards juste entre 400 et 500 grammes de foie gras, comme ça on obtient le gras, mais aussi le foie avec. »Le savoir-faire a évolué ces dernières années et les produits finis ont gagné en qualité. Mais consommer du foie gras reste un luxe à Madagascar, où le met est vendu 80 000 ariarys le kilo en moyenne… soit plus d’un tiers du salaire minimum.
1/31/20242 minutes, 22 seconds
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Les coupures d'internet et de réseaux sociaux coûteux pour l'économie africaine

Le site spécialisé TOP10VPN a réalisé une compilation des données évaluant les temps de coupures des réseaux sociaux et de la connexion internet dans le monde ainsi que l’évaluation de leur coût… Selon ces recherches, l’Afrique arrive en seconde position derrière l’Europe — largement dû à la Russie – avec en tout, plus de 30 000 heures de coupures cumulées affectant 85 millions de personnes selon leur compilation, pour un coût total estimé à 1,74 milliard de dollars. Un enjeu majeur pour l’économie du continent. Conflits, élections, manifestations, triches aux examens… Les raisons avancées des coupures sont multiples, mais les conséquences pour les économies bien réelles, souligne le chercheur de TOPVPN, Samuel Woodhams.« Les restrictions d’accès à internet peuvent affecter tous les pans d’une économie. Depuis les grandes multinationales qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits, jusqu’aux petites entreprises locales, précise-t-il. Et il y a également des impacts à plus long terme sur le développement d'une économie numérique locale et les investissements étrangers dans les services numériques dans un pays donné. »Le premier pays africain concerné est l’Éthiopie, selon cette étude. Plus de cinq mois de restriction aux réseaux sociaux et des régions du nord coupée d’internet ont été répertoriées. Le coût estimé est de plus de 1,5 milliard dollars.Des entreprises internationales réticentes« S’il n’y a pas d’internet, il n’y a pas de travail. Les entreprises ont déjà des difficultés à obtenir des contrats, car être en Afrique constitue déjà en soi un très grand défi », constate Wondwesen Zewdie, le président de l’association des professionnels des services digitaux externalisés.Si les entreprises du continent doivent faire des efforts de développement commercial, il souligne néanmoins les limites de ce travail si les coupures sont courantes. « Quand les entreprises disent à des investisseurs qu’il peut y avoir dans des coupures tous les jours, sans que l'opérateur sache les prédire, c'est un véritable signal d'alarme », note-t-il.Les conséquences sont importantes pour les entreprises, mais également pour les particuliers. Les coupures de réseaux sociaux et plus largement d’internet rendent par exemple les transferts et retraits d’argent compliqués. M’Bany Sidibé est le président de l’Union pour la défense des consommateurs de Guinée. Il nous appelle grâce à un VPN, mais la connexion est difficile et le coût pour l’utilisateur élevé.Un quotidien rendu compliqué« Il faut savoir qu’il y a beaucoup de formulaires d’ouverture de comptes, de retraits, qui passent aujourd’hui par des outils tels que WhatsApp, Messenger ou d’autres applications des réseaux sociaux, décrit M’Bany Sidibé. Et c’est après confirmation que l’on peut ensuite passer soit par les opérateurs de téléphonie mobile, c'est-à-dire à travers les comptes Orange Money ou Mobile Money pour retirer l’argent sur ton compte. »Mais lorsqu’il n’est pas possible d’accéder à ces formulaires, les démarches deviennent alors plus compliquées, l’argent n’est pas directement disponible. « Vous êtes alors obligé de venir faire de longues files d’attente et cela fait traîner l’activité économique », regrette le président de l’Union pour la défense des consommateurs.Le coût économique est également porté par les États qui voient leurs administrations ralenties et les services publics comme les hôpitaux affectés.
1/30/20242 minutes, 18 seconds
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Côte d'Ivoire: moins de travail et plus de précarité pour les dockers de San Pedro

En Côte d’Ivoire, sous l’effet d’une conjoncture défavorable, les représentants des dockers de San Pedro affirment que le travail manque au port pour les 1 062 dockers, dont près de 90 % sont journaliers. La mauvaise récolte de cacao conjuguée à la hausse de sa transformation localement prive les « sachetiers » de travail et aggravent les difficultés quotidiennes. De notre envoyé spécial à San Pedro,Les dockers affectés à la « sacherie », le transport des sacs de fèves de cacao dans le jargon, s’octroient quelques minutes de pause à la sortie de l’entrepôt autour d’un point d’eau. Ils travaillent dans une chaleur étouffante, portant à bout de bras des sacs de 50 kilos pour les empiler dans un container.En sueur, ils sont trempés de la tête au pied. En plus de la pénibilité du travail, il faut désormais compter avec les jours chômés non volontaires. « On ne travaille pas assez. On vient ici, on gagne un temps, témoigne ce docker. Les jours où il n’y a rien, ils disent qu’il faut rentrer à la maison. Alors, tu ne sais pas où aller, il n’y a pas assez de travail. »Des heures d’attente, pas de travail garantiUn peu plus loin, de nombreux dockers patientent au quartier général. Chaque matin, ces travailleurs du port doivent attendre d’entendre leur nom, pour savoir s’ils pourront embaucher. « Le matin, c’est ici. Les dockers se regroupent et on fait la désignation ici, nous explique un travailleur du port. Toutes ces personnes sont en attente de travail. À 17h30, il va y avoir un classement du soir. On affecte encore d’autres vagues qui vont commencer à 19h00 jusqu’à 7h00. »Julien et Ibo, dockers depuis plus de 25 ans, patientent en jouant aux dames sous un arbre. « Avant, on travaillait facilement, cette année la traite a baissé, décrit le premier. Pour avoir du travail, c'est difficile. La cherté du pays est difficile aussi. » Même se loger est devenu compliqué, rajoute le second : « Quand tu dis que tu es docker en ville et que tu veux une maison, on te refuse parce qu’on sait que c’est un travail temporaire. » Et le premier de conclure : « Le problème, c’est que depuis que les transformations ont commencé, il n’y a plus de “sacherie”, on devait s’attendre à ça. »Garantir des postes permanentsSi les chiffres ne sont pas encore connus avec exactitude, la Côte d’Ivoire pourrait voir sa production de cacao chuter de 30 à 40 % pour la grande campagne 2023/2024. Moins de fèves signifie moins de travail pour les dockers. À cela s’ajoute la hausse de la transformation locale : le nombre de sacs de fèves brutes à charger dans les containers a considérablement diminué. Pour pallier le problème de l’insécurité de l’emploi pour les dockers, Koffi Louis, secrétaire général du syndicat majoritaire, le SynDUSSP, demande à ce que le décret présidentiel du 30 janvier 2019 soit appliqué. « Nous souhaitons que la quasi-totalité des dockers soient des permanents, revendique le syndicaliste. Ce qui leur donnerait droit à un salaire, même quand nous sommes en baisse d’activité. Et donc nous nous souhaitons que le décret s’applique intégralement, et surtout que l’informatisation du hall parte jusqu’à son terme, pour voir l’ensemble des dockers avoir un poste garanti. » Le décret prévoit en théorie qu’un docker ayant exercé consécutivement cinq années au port soit automatiquement considéré comme employé permanent. Aujourd’hui, en raison de la précarité de l’emploi, la grande majorité des dockers ne touche pas le salaire minimum garanti.
1/29/20242 minutes, 24 seconds
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À Nairobi, la start-up BasiGo lève 5 millions de dollars pour ses bus électriques

La mobilité électrique est en plein essor à Nairobi. De la mototaxi aux bus, de plus en plus d’entreprises se lancent dans le secteur et partent à l’assaut de la capitale kényane. Parmi elles, BasiGo. La start-up a mis en circulation ses premiers bus électriques en 2022. Aujourd’hui, 19 roulent dans les rues de Nairobi. De notre correspondante à Nairobi,C’est sans bruit de moteur que le bus électrique démarre dans le centre-ville de Nairobi. Un peu de musique pour divertir les passagers. Les interrogés sont unanimes. « C’est la première fois que je prends un bus électrique, je suis avec ma femme, témoigne cet usager. Jusqu’ici tout va bien, le trajet est fluide, il n’y a pas de bruit. Je trouve ça bien d’avoir ces bus, ça n’émet pas d’émissions polluantes. »« C’est mon troisième trajet en électrique. J’aime bien ces bus, ils sont confortables et rapides. Mais parfois sur certains trajets, c'est difficile de les avoir, ils ne sont pas partout. J’aimerais bien qu’ils passent dans mon quartier par exemple ! », explique cette autre passagère.Selon leur taille, les bus peuvent faire entre 250 et 300 kilomètres par jour avec une charge complète. Il y a quatre stations de recharge à Nairobi. La start-up met en avant le bilan carbone. « Un bus qui roule au diesel peut relâcher jusqu’à 50 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère par an. En le remplaçant par un bus électrique, on évite ces émissions, précise Samuel Kamunya le responsable du développement commercial pour BasiGo. Et puis, le bus n’a pas de moteur et utilise une énergie verte qui coûte moins cher. Ne pas avoir de moteur a d’ailleurs un double avantage, éviter la pollution dans l’air et réduire la pollution sonore. »Répartir le coût des busL’électrique fait particulièrement du sens au Kenya où 87% de l’électricité provient du renouvelable. Mais le coût élevé des véhicules est souvent un frein à l’achat. BasiGo l’a pris en compte. C’est ce qu’explique Samuel Kamunya : « Nous faisons en sorte que le prix initial du bus soit similaire à celui d’un bus qui fonctionne au pétrole. Puis, s’ensuit un abonnement avec un "payement suivant la conduite". »C’est-à-dire que, pour chaque kilomètre effectué, le propriétaire du bus verse un certain montant. « C’est ce montant qui permet de ne pas demander un prix plus élevé dès le départ, mais de le répartir sur une longue période », précise-t-il encore. Ce « paiement suivant la conduite » garantit un accès à des recharges illimitées du bus ainsi que son entretien. « Grâce à ce système, nous pouvons offrir nos bus à des prix abordables », insiste-t-il.BasiGo vient de recevoir un prêt de 5 millions de dollars du British International Investment, une institution de financement du gouvernement britannique. Cet argent devrait permettre à la start-up de mettre 100 bus en circulation au Kenya d'ici à la fin de l’année. Ils sont tous assemblés localement. Plus de 400 personnes ont déjà versé une caution pour être sur liste d’attente. BasiGo entend aussi s’implanter dans d’autres pays du continent. En plus du Kenya, la start-up s’est aussi lancée au Rwanda.
1/28/20242 minutes, 23 seconds
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Au Maroc, le difficile travail des éplucheuses de crevettes

Le Maroc est devenu une destination privilégiée par les industriels néerlandais pour le décorticage des crevettes grises vendues sur le marché européen, en raison du coût de la main-d'œuvre, plus faible qu'aux Pays-Bas. Sept mille éplucheuses marocaines sont ainsi employées dans les 18 usines de décorticage de crevettes du pays. Un métier difficile, mal payé et exclusivement féminin. Avec notre envoyée spéciale à Tétouan, Nadia Ben MahfoudhL’activité est récente au Maroc. Elle a débuté au début des années 1990, mais s’est développée rapidement. Les crevettes font le voyage jusqu’au Royaume chérifien pour être décortiquées par les 7 000 éplucheuses marocaines. Parmi elles, Malika. « Je me réveille à 4h, je fais mes ablutions, ma prière, je mange un bout et je sors de chez moi à 5h pour prendre les transports. Et à 6h30 le travail commence », décrit-elle. Malika a la trentaine, elle est mère de deux filles de 6 et 11 ans et depuis un peu plus d’un an, c’est tous les matins le même rituel.En arrivant à l’usine, elle enfile ses gants et ses trois ou quatre couches de vêtements pour se protéger du froid. La température dans l’usine est très basse pour conserver la fraîcheur des crevettes. « On prend un sac de crevettes, on le dépose sur une table basse, détaille-t-elle. On est quatre femmes par table. Et puis on commence à éplucher. »Une paie au kilogrammePour obtenir 1 kg de chair de crevettes, il faut environ 3 kg de crevettes entières non décortiquées. « Certaines épluchent quatre kilos et demi, cinq, six ou même sept kilos par jour, précise-t-elle. Ça dépend de tes mains et de ta dextérité. Moi, je n'atteins pas les cinq kilos. Mais ça dépend aussi des crevettes. Si elles sont grosses et belles, j'arrive à bien travailler, quand elles sont toutes petites c’est plus compliqué. »Malika et ses collègues travaillent dix heures par jour, mais sont payées au kilo de crevettes épluchées. Avec 19,50 dirhams le kilo de chaire, soit environ 1,80 euro, Malika n’atteint pas les 200 euros de salaire à la fin du mois. Le salaire minimum au Maroc est de 280 euros. « C’est ce décalage justement qui justifie la délocalisation. S’il n’y avait pas un décalage aussi important, il n’y aurait pas délocalisation. Les crevettes seraient décortiquées sur le territoire européen », analyse Mohamed Naji, économiste spécialiste de la pêche et chef du département d’ingénierie halieutique à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II.95% des 600 tonnes de crevettes pêchées chaque semaine dans la mer du Nord sont décortiquées à Larache, Nador, Tanger ou encore Tétouan, avant d’être renvoyées aux Pays-Bas puis revendues à d’autres pays européens.Une activité attribuée aux femmesCette activité est uniquement pratiquée par des femmes en Tunisie. Ce qui ne déplait pas à Malika. « J’ai quitté ma montagne et je suis venue vivre près de Tétouan pour travailler et faire vivre mes filles, leur permettre d’étudier et leur assurer un meilleur avenir, explique Malika. C’est mon premier emploi et on est entre femmes, on est mieux entre nous. Les hommes ne seraient pas satisfaits de ce métier et puis ils peuvent faire d’autres boulots dans le bâtiment ou l’agriculture. »Mais selon Mohamed Naji, cet emploi est menacé de disparaître dans les années à venir : « L’automatisation est entrée en jeu. Après plusieurs années de recherche et développement, il y a des machines maintenant pour le décorticage automatique des crevettes sans altérer la chaire. Ce sont les 7 000 emplois au Maroc qui sont menacés à terme. » Une bonne partie des industriels préfèrent pour l’instant le travail manuel, mais la réforme est en marche et l’automatisation gagne de plus en plus de terrain.
1/25/20242 minutes, 26 seconds
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Tchad: le patronat réclame plus de financements à la SFI

Le patronat tchadien réclame plus de financements. C’est une des premières contraintes des entreprises qui souhaiteraient investir mieux et recruter plus. La Société financière internationale (SFI), institution de la Banque mondiale chargée du développement du secteur privé, est souvent critiquée, notamment à cause des conditions de financement jugées trop rigides. Le directeur régional de la SFI était récemment à Ndjamena pour tenter de trouver des solutions.  C'est l'un des principaux griefs du patronat tchadien : la Société financière internationale (SFI) financerait trop peu de projets dans le pays. Cinq entreprises bénéficient aujourd’hui d’un partenariat dans les secteurs de l’énergie ou des télécommunications par exemple et quatre autres PME ont été retenues dans un programme dit des « Champions locaux ».Parcours semé d'embûchesMais l’accès à ces financements reste semé d’embûches. « Les conditions de remboursement, c'est un problème et aussi les montants, explique Bichara Doudoua président du conseil national du patronat tchadien. Moi ce que je vais proposer à la SFI, c'est de nous financer très rapidement parce qu'aujourd'hui vous avez vu le chômage dans le pays, constate-t-il. Les gens sont en train de errer dans la rue autour de la fonction publique. S'il y a des financements, on peut recruter et on peut arriver à payer les impôts pour faire tourner l'économie du pays ».Ces critiques ne laissent pas indifférent Olivier Buyoya, le directeur pour l’Afrique de l’Ouest à la SFI, mais il assure qu’après une période de grande discrétion, son institution est bien de retour pour faire avancer les projets. « Compte tenu des couvertures un peu limitées de ces marchés-là, nous avions moins de possibilités de faire des choses dans des pays comme au Tchad » reconnait-il, en évoquant aussi « une certaine inertie » et des lenteurs dans le traitement des dossiers. « Nous avions par le passé moins de capacité d'accompagner les clients dans le développement des projets. Nous avions une approche d'un financier classique qui attend que le projet soit mûr avant de prendre position. Aujourd'hui, nous avons des équipes qui sont spécialisées pour accompagner les clients dans le développement des projets », assure-t-il.Investissements graduelsLe bureau de la SFI à Ndjamena a rouvert en 2020. Son portefeuille de 65 millions de dollars ouvre le champ des possibles et cela plait bien à Bichara Doudoua. « Le fait que le représentant soit ici, ça nous arrange beaucoup. Avant ils venaient ici et repartaient vite. Maintenant, on est en contact tous les jours, donc on espère trouver une solution très rapidement », espère-t-il.Un rapport de la banque mondiale paru fin 2023 pointait effectivement le manque chronique d’investissements dans le secteur de l’énergie. Mais pour répondre aux besoins du Tchad en matière d’infrastructures, il faudrait débourser l’équivalent 50% du PIB au cours de la prochaine décennie. « C'est beaucoup, convient Olivier Buyoya, mais je pense qu'il faut y aller graduellement. Le Tchad a des ressources considérables en termes d'énergies renouvelables. Aujourd'hui, je pense que le plus important, c'est qu'il y ait une stabilité politique et sociale pour qu'effectivement le secteur privé tchadien, régional et international, puisse aller chercher ses opportunités et des financements. »La nomination de l'économiste Succès Masra à la tête du gouvernement pourrait également, selon Olivier Buyoya, fluidifier et améliorer le climat des affaires dans le pays.
1/24/20242 minutes, 22 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: à Brazzaville, un centre de recherche et de formation à l'IA [3/3]

Appuyé notamment par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le Congo-Brazzaville s’est doté en 2021 du Centre africain de recherche en intelligence artificielle (Caria). Depuis fin 2022, ce centre dispense des formations diverses à des publics variés : de la cybersécurité pour les agents de l’État, à des formations très qualifiantes pour des jeunes chômeurs. Ce centre est présenté comme une aubaine pour la transformation du continent. Avec notre correspondant à Brazzaville,Le Caria est logé au premier niveau d’un gigantesque bâtiment de l’université Denis Sassou Nguesso dans la banlieue nord. « Celui qui deviendra le leader de l’intelligence artificielle sera le maître du monde », peut-on lire sur le fronton du Caria.Le Centre propose quatre types de formation, dont le Caria Youth qui est une initiation à la robotique et à l’intelligence artificielle. Prince Christian Ekouya, 24 ans, se forme comme expert en cybersécurité : « Aujourd’hui, le Congo se dirige vers la modernisation, vers la quatrième révolution qui est numérique. C’est primordial de ne pas manquer ce pôle. Ce serait bien que tout le monde ait une conscience numérique. »« Ici, dans le monde des entreprises, la certification en cloud computing est de plus en plus demandée, affirme son condisciple, Sagesse Moukakou, licencié en sécurité des réseaux et système informatique. Donc, cette formation m’apporte un grand plus dans ma carrière professionnelle. »Se former avec et pour les grands de l'InternetArborant une robe blanche fleurie, Mariam Oyandzi, 22 ans, qui évolue également dans ce domaine, nous présente sa classe. « Ici, c'est la salle où on bosse tous les jours, montre-t-elle. Donc, il y a des machines, des serveurs et des machines spécialement utilisées pour la simulation avec la plateforme d’Amazone directement. On a aussi une connexion réseau. Si elle manque, cela signifie que le travail ne se fera pas. »Le Caria travaille ou projette de travailler avec différents géants du domaine : Google, Microsoft, Ali Baba. Maruam Oyandzi est, elle, la première Congolaise à avoir reçu la certification Amazon web services. « Quand on voit le domaine du cloud, c’est la dématérialisation des serveurs ; des serveurs physiques en tout ce qui est virtuel. C’est-à-dire on arrive à virtualiser les systèmes, les serveurs, ainsi que les logiciels pour permettre une flexibilité en travaillant, et une agilité », détaille-t-elle.Face aux avancées de l’IA, le Congo ne veut pas être à la traine. Au contraire, il souhaite même devenir un acteur incontournable. « D’ici deux ans on ne parlera plus de la transformation digitale sans parler de l’intelligence artificielle, souligne Eric Armel Ndoumba le conseiller du ministre en charge de l’Économie numérique et point focal du Caria. Celle-ci est en train de toucher tous les secteurs d’activités : dans la recherche des fake news, l’intelligence artificielle est capable de détecter une information fausse et celle qui est vraie. Dans le domaine de la santé, aujourd’hui, il y a des traitements du cancer qui commencent à se faire grâce à l’intelligence artificielle. »Si les autorités portent haut leurs ambitions, les acteurs du numérique doivent encore faire face à des défis récurrents comme les coupures du courant ou des lenteurs sur le réseau internet.À lire aussiIntelligence artificielle en Afrique: l'IA au service des banques [1/3]À lire aussiIntelligence artificielle en Afrique: l’IA change la donne chez les communicants [2/3]
1/23/20242 minutes, 22 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: l’IA change la donne chez les communicants [2/3]

Google annonçait mercredi dernier le licenciement de plusieurs centaines de personnes au sein de son équipe mondiale de vente de publicités à cause de l’automatisation de tâches grâce à l'intelligence artificielle (IA). En Afrique, l’usage de l’IA se développe également dans la communication et la publicité. Ceci dans un contexte budgétaire restreint. Graphistes, photographes, designers... Dans le milieu, beaucoup craignent donc des pertes d’emplois.   L’été dernier, le plus grand opérateur téléphonique kényan, Safaricom, a lancé un premier clip publicitaire réalisé avec l’Intelligence artificielle. Un évènement qui n’est pas passé inaperçu dans le milieu. L’IA est de plus en plus développée dans les agences de communication et publicitaires. Les professionnels du secteur craignent des pertes d’emplois.« Je peux vous assurer qu’il y a des emplois qui sont perdus et c’est une tendance qui va se poursuivre », assure Anthony Irari un analyste kényan spécialisé dans ces questions. Et de poursuivre ses explications en prenant l’exemple de la campagne de Safaricom : « Cela peut prendre environ un mois d’organiser un shooting pour une campagne et cela implique de nombreuses personnes. Mais désormais, si vous avez un individu qui manie bien les requêtes sur l’intelligence artificielle, avec les retouches, cela prendra peut-être un ou deux jours pour avoir les images. En une semaine, les affiches peuvent être envoyées à l’impression. »L’IA vu comme remplacement ou comme outilDes études évaluent la baisse des dépenses pour la publicité en Afrique de plus de 10 %. Pour lui, cela ne fait aucun doute « quand les entreprises vont voir que cela fonctionne et que les coûts sont réduits », elles n’hésiteront pas à se lancer. Parmi les leaders en Afrique de l’Ouest : Voodoo group. Stéphane Kouakou est le directeur de l’agence d'Abidjan qui compte 52 employés. Cela fait un an qu’ils travaillent avec les IA génératrices. Cependant, il n’a pas souhaité revoir l’organisation actuelle de son agence.« C’est un complément, c'est une aide à la réflexion qui permet de générer plus, explique Stéphane Kouakou. Peut-être qu’on aurait recruté un ou deux illustrateurs en plus sur certains sujets pour faire des story-​​​boards, où on aurait externalisé certains travaux de ce type, ce qu'on ne ferait plus aujourd'hui parce qu’en termes de rapidité et de productivité, on a l'élément tout de suite. Mais cela n’a pas changé la structure actuelle de l’équipe. »Un modèle économique à trouverPour lui, l’IA est un outil de réflexion qui permet de gagner du temps. Mais le modèle économique nécessite tout de même d’être réfléchi. « Le modèle de l'agence fonctionne sur des honoraires de création et de la commission agence qui rémunèrent de la production, détaille-t-il. Avant, j'aurais fait une photo, donc si je ne fais pas cette photo d'un point de vue strict, je n'ai pas de commission liée à la production de cette photo. »Si l'image est générée par IA, l’agence perd alors la commission liée à cette image. « Il y a un gain de rentabilité pour nos clients puisqu’ils ne dépensent plus d'argent en production, concède-t-il. Mais il y a une légère perte de revenus au niveau des agences. Donc, je pense que sur la durée, il faudra retravailler le modèle pour ne pas perdre de revenus en fait. »Par ailleurs, selon Stéphane Kouakou, la compréhension humaine du contexte local et culturel restent irremplaçables pour des campagnes performantes.
1/22/20242 minutes, 30 seconds
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Intelligence artificielle en Afrique: l'IA au service des banques [1/3]

En Afrique, l’IA permet aux banques de mieux cerner le profil de leurs clients, les données collectées peuvent notamment faciliter l'accès au crédit, tout en permettant d’offrir des services mieux calibrés aux besoins spécifiques des emprunteurs non bancarisés.  Difficile d’évaluer si un client va rembourser son prêt lorsque celui-ci n’est pas bancarisé. S’il utilise uniquement de l’argent liquide pour ses transactions par exemple. Mais depuis une dizaine d’années, les services de paiement intègrent des outils d’intelligence artificielle permettant une évaluation alternative du risque crédit. « Avant 2010, les prêts pour les petites et moyennes entreprises étaient accordés par les différentes banques au terme d’un processus traditionnel assez long », rappelle Riadh Naouar, manager au sein de l’International Finance Corporation. Il s'exprimait lors d'un débat au sommet de la Finance Africaine (AFIS), qui s'est tenu à Lomé au mois de novembre. « Entre 2010 et 2015, on a vu l’émergence de “prêteurs numériques”. Les opérateurs des télécommunications tiennent entre leurs mains une immense base de données – et en partenariat avec les banques, ils sont parvenus à faciliter l’accès à l’emprunt pour leurs clients. Ces processus numériques se sont encore accélérés pendant le Covid », ajoute-t-il.Collecte de données sur mobileDes entreprises de la fintech se sont peu à peu positionnées sur ce marché – elles proposent de collecter et d’analyser des données disponibles dans le téléphone des utilisateurs. Une solution plébiscitée par les banques selon Nana Araba Abban, directrice de la banque des particuliers Ecobank : « Ces fintechs proposent des applications que le client va télécharger en donnant son approbation pour que toutes leurs activités soient analysées, leur mode de vie. Toutes ces informations sont partagées par les banques qui peuvent ajuster leurs offres, et prendre de meilleures décisions pour attribuer un crédit. »Une demande d’emprunt peut ainsi être réalisée en quelques clics - plus rapide, plus risquée aussi : au Kenya, l’essor des prêts numériques a poussé certaines personnes à s’endetter à des taux d’intérêt élevés. « L’année dernière, le Rwanda a lancé un cadre pour évaluer les besoins réglementaires », souligne Anita Umuhire, patronne de Bank of Kigali. « Les banques peuvent tester certaines de leurs solutions dans un environnement réel, avec de vrais clients, mais dans un cadre régulé. »La confidentialité et la protection des données des utilisateurs est un autre enjeu majeur pour le législateur.
1/21/20242 minutes, 10 seconds
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Centrafrique: Warani, un premier service de livraison à domicile plébiscité

En Centrafrique, la population a désormais la possibilité de faire appel à une application pour se faire livrer tout type de produits dans la capitale. On y trouve des établissements renommés comme le Bangui Mall, le supermarché Prima ou encore des établissements de restauration comme le Cafrina, le Grand Café ou le Relais des chasses. Cette plateforme en ligne se nomme Warani, (« trouver le produit » en sango). Lancée il y a trois mois, elle compte déjà 2 500 utilisateurs actifs. De notre correspondant à Bangui,En ce début d'après-midi, Fiston Tongo un jeune coursier qui démarre sa journée reçoit une commande dans une agence. Il quitte son lieu du travail à quelques pas du centre-ville avec la commande soigneusement mise dans une caisse métallique accrochée derrière sa moto.  « Notre quotidien consiste à satisfaire nos clients, explique le livreur. S'il y a une commande, la direction reçoit la notification du client. Elle nous donne toutes les informations nécessaires à savoir l'adresse du client, l'adresse du restaurant où on va aller chercher le produit en question pour aller livrer notre client. »Cette équipe constituée de jeunes est l'unique spécialisée dans la livraison à Bangui. On les remarque dans la capitale sur des motos ou des vélos vêtus de t-shirts bleues foncées.  Un gain de tempsSurchargé au bureau, Prédestin Voungo a commandé son déjeuner sur Warani et le reçoit en un temps record. « J'ai commandé deux plats de yabanda à 1 500 francs CFA chacun, donc ça fait 3 000 francs CFA, avec le coût de la livraison, ça me fait un bilan de 4 000 francs CFA, détaille Prédestin Voungo. Le prix est très abordable. Je suis en train de travailler, je ne pouvais pas sortir. Me faire livrer directement au bureau en si peu de temps, me plaît beaucoup. Le rapport qualité prix, c'est ok pour moi. »Après avoir livré son client, Fiston arrange les lacets de ses baskets et part pour un autre rendez-vous. Ça va être la course jusqu'au soir. « Je travaille sept jours sur sept, mais les créneaux horaires varient selon les secteurs, précise-t-il. On travaille dans tous les arrondissements de la capitale, mais il y a certains secteurs où on ne peut pas aller aux heures tardives à cause de l'insécurité. Nous sommes au service de tous les centrafricains. »Développer la visibilité des entreprises localesVianney Kanda est le directeur général de Warani. En trois mois, son entreprise a fait du chemin et contribue au développement de l'économie centrafricaine, estime-t-il. « Elle vise à répondre aux besoins concrets tout en stimulant l'économie nationale. Nous améliorons l'accès aux services et aux produits. Nous rendons les produits alimentaires et une gamme de produits de vente très accessibles aux populations. Cela inclut les produits locaux, nationaux et internationaux », explique le patron.Et de rajouter : « nous contribuons à diversifier la demande et l'offre disponible sur le marché. C'est une forme de soutien aux entreprises locales en mettant en avant les produits des commerçants pour stimuler l'économie. Cela crée des emplois et donne la possibilité aux petites et moyennes entreprises de s'affirmer. »Pour l'instant, Warani travaille sur un rayon de 12 km. Cette application aide également les touristes à trouver des appartements et des lieux de loisirs.
1/18/20242 minutes, 19 seconds
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Au Forum de Davos, lancement d'un fonds d'un milliard de dollars pour soutenir l'Afrique

Le Programme de développement des Nations unies (UNDP) a lancé mardi 16 janvier le fonds Timbuktoo pour soutenir l’innovation en Afrique.  C’est la barre fixée par le programme de l’ONU. Un milliard de dollars investis au cours des dix prochaines années pour construire un réseau d’innovation autour de huit pôles panafricains, parmi lesquels Dakar, Nairobi, ou Lagos. Le constat établi notamment par la directrice Afrique de l’UNDP, l’Éthiopienne Eleni Gabre-Madhin : c’est que les start-ups africaines existent, mais qu’elles n’ont ni le financement nécessaire ni le réseau pour rivaliser au niveau mondial. « J’ai beaucoup travaillé avec de jeunes start-upers. Au début, ils disent toujours : "Je veux traverser l’Afrique. Je vais créer ma boîte et puis je vais conquérir le monde." Mais quand on leur demande comment ils vont s’y prendre, ils n’ont aucune idée. Ils n’ont aucun accès sauf s’ils dépensent beaucoup d’argent pour payer de grandes sociétés d’experts-conseils qui leur disent comment faire tomber ces barrières ; comment obtenir une licence d’exploitation ; comment devenir une start-up panafricaine et même mondiale. »Kigali consacrera 3 millions de dollars à ce nouveau fond et devrait en accueillir le siège. Le Rwanda en pointe sur l’écosystème start-up porté en exemple par Achim Steiner, administrateur de l’UNDP : « Lors de ma visite à Kigali en décembre, j’ai eu l’impression d’avoir un aperçu du futur de l’Afrique. Nous savons tous que l’Afrique abrite des millions d’idées, mais la grande majorité de la population ne vit pas dans des communautés qui attirent des investissements internationaux. Il y a des gens qui, avec un certain degré de possibilités d’éducation, mais aussi un écosystème qui puisse les soutenir, peuvent devenir des révolutionnaires du développement. »Présent à Davos, l’Américano-Zimbabwéen James Mannyka, vice-président de la Recherche et technologie chez Google – partenaire du fond Timbuktoo – croit en l’innovation comme voie vers la résilience. Et le guide à suivre, selon lui, c’est l’Intelligence artificielle : « Je pense que l’IA représente une formidable opportunité pour l’Afrique. Premièrement, pour aider les individus, les gens font des choses extraordinaires à partir de leurs tâches quotidiennes. Ensuite, il y a la possibilité d’alimenter les startups, les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites et alimenter la croissance des économies. Il faut que ce soit une innovation menée par l’Afrique. C’est de capitaliser sur le potentiel de l’IA qui va être très important. »Un fond qui cherche à inciter le secteur privé à investir au démarrage des startups. Mobiliser localement alors qu’aujourd’hui 89% des fonds levés par les startups africaines viennent des autres continents. À lire aussiLe Forum de Davos assombri par le chaos du monde
1/17/20242 minutes, 28 seconds
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Le Togolais New World TV à la conquête de nouveaux abonnés

Petit poucet dans le paysage médiatique africain, New World TV lancée en 2015 à Lomé a remporté une partie des droits de diffusion de la CAN 2024, après ceux de la Coupe du Monde en 2022. Le groupe panafricain revendique des audiences cumulées de 565 000 spectateurs mensuels. Dans le contexte compétitif des droits du sport, la chaîne togolaise peut-elle récupérer de nouveaux abonnés et concurrencer les grands groupes ? Au cœur de la stratégie de New World TV : conquérir un maximum d’abonnés. « Le modèle en tant que tel consiste à proposer un projet un peu différent de ce qui se fait dans le paysage audiovisuel africain actuellement. Notre ambition n’est pas de faire concurrence à Canal+, mais de proposer quelque chose d’autre, indique Louis Biyao, avocat et porte-parole du groupe. En l’occurrence, on a considéré que dans un village perdu au fin fond du Sénégal ou de la RDC, les gens n’ont pas suffisamment de moyens. Et donc New World TV propose des prix extrêmement compétitifs. Ça dépend des pays. Nous avons des abonnements qui vont de 500 francs CFA à 1 000 à 5 000. Mais nous ne dépassons jamais ces 5 000 parce que l’objectif est d’avoir accès à la télévision premium, à la télévision de qualité, mais à très bas coût. » Argument supplémentaire : la diffusion et les commentaires en langue locale. « De façon que ceux qui ne comprennent pas le français puissent dans leur propre langue, suivre ce qui se passe à la télé. »Une proximité culturelle ainsi que de grands noms sur les plateaux télé pour inciter les abonnements : « C’est valable comme argument marketing. Et puis politiquement et socialement, c'est très intéressant. Mais je ne sais pas si c’est un argument qui suffira commercialement. »Élargir l’audience, mécanique pas si évidente pour Gérard Akindes, ancien basketteur professionnel, enseignant-chercheur spécialiste de l’économie du sport. « Il faut beaucoup d’abonnés. Ça veut dire désabonner ceux qui sont déjà bien installés. Donc il faut pouvoir avoir un déploiement commercial continental suffisamment fort avec une machine marketing derrière. Pour le moment, ils ont des droits d’événements qui durent un mois. Est-ce qu’un événement qui dure un mois est suffisant pour faire basculer les abonnés de Canal + vers leur abonnement ? La seconde question, c'est : est-ce qu’ils ont la capacité d’être présent au niveau programmation, à la dimension que Canal+ a aujourd’hui ? Et il y a un élément aussi important, ce sont les droits des grandes compétitions européennes comme la Champions League, la ligue anglaise, la ligue française, espagnole qui sont également très suivies en Afrique et qui sont sur neuf mois, dix mois. Est-ce que New World TV va être en mesure de compétir pour ces droits-là ? »Des droits très onéreux, ce qui rend le retour sur investissement difficile. Par le passé, d’autres s’y sont cassé les dents, rappelle Gérard Akindes à l’exemple du Zimbabwéen Kwesé Sports.
1/16/20242 minutes, 21 seconds
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Tunisie: un producteur d’huile d’olive face à la sécheresse et l’inflation

La Tunisie vit depuis des mois au rythme des pénuries. Après la farine, le pain, le lait, le beurre, c’est désormais l’huile qui vient à manquer, ce qui est assez inédit dans un pays qui fait partie des plus grands exportateurs d’huile d’olive au monde. Rencontre d’un producteur tunisien, à Jendouba, dans le nord-ouest du pays, pour tenter de mieux appréhender la situation. De notre correspondante à Tunis,C’est en pick-up que Leith Ben Becher fait le tour de son domaine de 180 hectares. « Vous avez à droite et à gauche des oliviers. C’est encore plus beau quand les oliviers sont chargés de leurs fruits », décrit-il. Ce dandy-agriculteur d’une soixantaine d’années aime à dire que dans sa famille, on fait la cueillette des oliviers depuis 1848 au moins : « Généralement, on commence la cueillette vers mi-novembre. Cette année, j’ai commencé vers la deuxième décade de décembre. »Seule une petite dizaine d’ouvriers s’activent ce matin, contre cinquante les années fastes. En cause, une sécheresse qui a touché tout le bassin méditerranéen et qui hypothèque la cuvée de l’année. « L’année dernière, on a fait autour de 20 tonnes d’olives, cette année, on risque de ne produire que la moitié », déplore le producteur.Flambée des prix de l'huile d'oliveRésultat : les prix de l’huile d’olive ont bondi de 50% en un an en Tunisie. Une situation que l’exécutif prend très au sérieux. À la mi-novembre, le président Kaïs Saïed en personne convoque plusieurs ministres, dont celui de l’Intérieur. Il demande la baisse immédiate des prix.Une huile d’olive à 15 dinars du litre – soit environ 4,40 euros au lieu des 7,40 euros du marché – est alors commercialisée. « Il a demandé, si on veut être gentil, avec insistance aux producteurs que chacun mette la main à la citerne, si je puis dire, pour apporter une sorte de contribution… "volontaire", mais obligatoire », commente le cultivateur.Même scepticisme chez Louai Chebbi. À la tête d’Alert, une association qui vise à vulgariser les questions économiques, il suit les instructions venues d’en haut avec une grande circonspection. « J’ai l’impression que les autorités tunisiennes interviennent toujours en retard par rapport aux situations de crises. On n’arrive plus à prendre de décisions fermes, mais on fait de la communication politique autour de questions économiques réelles. On ne peut pas logiquement faire d’injonctions anti-inflation. L’inflation ne fonctionne pas comme ça. L’inflation dépend de la situation de l’offre et de la demande. Lorsqu’on ne soutient pas l’offre, la production, c’est normal de connaître des prix exorbitants. »Contactés, ni le ministère de l’Agriculture tunisien, ni l’Office national de l’huile n’a donné suite à nos demandes d’interviews.
1/15/20242 minutes, 23 seconds
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Kenya: quand la reforestation sert l'économie locale

Au Kenya, le Green Belt Movement (« Le Mouvement pour une ceinture verte » en français) travaille à la restauration des forêts. Objectif de cette organisation fondée en 1977 par Wangarii Maathai, prix Nobel de la paix : prendre soin de l’environnement tout en impliquant et améliorant les revenus des communautés locales. Reportage à Dundori Forest rattachée au complexe de la Forêt Mau. Un chant de bienvenue repris en cœur par une quinzaine de femmes pour accueillir des représentants du Green Belt Movement. Des chants qui résonnent au-dessus d’un camaïeu de vert, divers semis cultivés par ces femmes. L’organisation met en ce moment en œuvre la deuxième phase d’un projet financé par l’Agence française de développement : avec la plantation de 300 000 arbres.« Après avoir répandu les graines, ils recouvrent de terre. » Harriette Maiyo, du Green Belt Movement, décrit le travail dans la pépinière, du semis jusqu’à la préparation des petits plants : « On coupe les racines pour que le plant puisse les renforcer avant d’être planté en forêt. » Une grande partie des plants est destinée à la reforestation : « On est les principaux acheteurs, ils vendent le reste des plants à d’autres partenaires, des voisins et s’en servent pour leur propre ferme. »À écouter aussiThe Green Belt Movement au Kenya Cette activité économique a permis à Anna Wanjiku d’améliorer son niveau de vie. « Green Belt m’a beaucoup aidée. Avec l’argent des plants qu’ils m’achètent, j’envoie mes enfants à l’école, j’achète le nécessaire pour la maison et j’économise un peu ». Une fois les jeunes pousses sorties de la pépinière, elles seront plantées sur des parcelles comme celle-là, partagées avec des agriculteurs pendant trois ans. John Gichogohi est « Volontaire vert », en quelque sorte un garde forestier qui s’assure de la survie des plants et dispose d’une parcelle comme celle-là. « Nous produisons de la nourriture où les arbres sont plantés. Et par exemple ceux qui cultivent ces choux, ils le font à des fins commerciales. Cela a vraiment amélioré nos moyens de subsistance ici. En même temps, cela aide à s’assurer que les plants survivent, car ici la végétation n’est pas aussi touffue que là-bas. »La restauration des forêts permet d’améliorer les ressources en eau, d’atténuer les impacts des sécheresses ou de limiter les risques d’inondation. Un avantage environnemental et économique, souligne Raphaël Kweyu, membre du conseil d’administration du Green Belt Movement : « Si l’on regarde simplement la forêt Mau, c’est une source pour de nombreuses rivières, y compris celles où nous avons des centrales hydroélectriques, ces rivières donnent aussi de l’eau à des exploitations agricoles. Et cette même eau traverse le parc Masaï Mara, qui est une destination très touristique. »Une petite portion de colline défrichée en hauteur d’une zone où la forêt est censée être restaurée témoigne de la compétition qui demeure quant à l’usage des sols. À écouter aussiKenya: Wangari Maathaï, première Africaine prix Nobel de la paix
1/14/20242 minutes, 33 seconds
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CAN 2024: de nouveaux acteurs viennent rebattre les cartes de l'acquisition des droits de diffusion

En 2022, ce sont plus de 400 millions de téléspectateurs qui ont suivi la CAN à la télévision. Pouvoir retransmettre les matchs est un enjeu majeur. C’est pourquoi les droits de diffusion sont stratégiques. Ils s’élèvent à plusieurs millions d’euros. Sur le marché, des groupes historiques comme Canal+ mais aussi de nouveaux acteurs, viennent faire jouer la concurrence. Canal+ a obtenu les droits payants en langue française en 2017. Si le montant relève du secret des affaires, David Mignot, directeur général de Canal+ Afrique, revient sur le processus d'acquisition. « Quand la CAF a vendu ses droits pour très longtemps avec un très bon contrat, nous, on a pris les droits des CAN à ce moment-là. C'était déjà il y a plusieurs années. On a donc sécurisé d'ailleurs un revenu et une exposition de la CAN. On les a eus dans des conditions qui sont correctes. » Un contrat qui arrive à son terme cette année. Et ceci dans un contexte où la concurrence se fait de plus en plus rude. « Cette situation, la concurrence sur les achats de droit, elle est naturelle, elle fait partie du marché et donc on la vit très bien », assure David Mignot. « On a l'habitude de la gérer. Donc, on n’est pas du tout inquiet de cette nouvelle situation de marché tant que les économiques qui sont proposés restent rationnelles. » De nouveaux acteurs entrent dans la danseDans la bataille de l’acquisition des droits, un jeune acteur se fait de plus en plus de place. C’est le groupe togolais New World TV.« Les droits payants, nous avons acquis ces droits pour la langue anglaise et les langues locales [ainsi que] les droits "free to air", donc pour la diffusion en clair », explique Louis Biyao, l’avocat et le porte-parole de New World TV. « Ces droits concernent toutes les langues, aussi bien le français, l'anglais, le portugais, l'espagnol que les langues locales. Ces droits doivent être revendus aux chaînes locales distribuant en clair. Et dans ce cadre-là, New World TV sert d'agence à la CAF pour redistribuer dans tous ces pays et atteindre le maximum de public. Je confirme que dans chaque pays il y a plusieurs chaînes qui diffusent en gratuit et qui ambitionnent d’avoir les droits et nous choisissons les meilleures offres. » Une compétition de plus en plus rude pour les chaînes nationalesEt pour les chaînes nationales, là aussi la compétition est de plus en plus rude. C’est le cas au Sénégal par exemple. « La nouveauté dans l'écosystème des droits de retransmission est que depuis quelques années, on est dans un marché ouvert », décrit Oumar Guebane, conseiller spécial sur les droits du sport à la RTS. « On a aussi les radiodiffuseurs privés, qui auparavant n'étaient pas présents, mais qui le sont aujourd'hui, qui soumissionnent et qui participent. »Dans ce contexte, comment la RTS parvient-elle à remporter le marché ? Oumar Guebane a son idée : « Par son expérience déjà. Depuis 1972, on est dans les acquisitions de droits d'événements sportifs. Mais au-delà de l'expérience, il y a aussi le fait que la RTS s’y prend tôt. Il y a aussi le carnet d'adresses. Il faut aussi connaître, avoir de très bons rapports avec les commerçants des droits. » Et pour la première fois cette année, des télévisions privées diffuseront la CAN : c’est le cas de Canal 2 au Cameroun ou de la Nouvelle Chaine Ivoirienne.À lire aussiCalendrier et résultats de la CAN 2024Tous nos articles, analyses et podcasts consacrés à la CAN 2024
1/11/20242 minutes, 21 seconds
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Quand les start-up propulsent l'industrie touristique en Afrique

Le tourisme, une industrie d'avenir pour l'Afrique. Les voyageurs sont de retour après la pandémie de Covid-19. Le ministère sud-africain annonçait avoir retrouvé, voire légèrement dépassé le niveau de 2019 avec un peu plus de 10 millions de touristes l'année dernière. Les start-up africaines s'emparent de ce florissant marché et le poussent dans son développement. L’après-Covid : une révélation pour les entrepreneurs africains du tourisme. La Kényane SleepOut, la désormais célèbre Ojimah, des dizaines de start-up ont émergé pour répondre à la forte demande qui a suivi les périodes de restrictions. L’Ougandais David Gonahassa a créé Tripesa, une plateforme pour les petites et moyennes entreprises du secteur : hotels, organisateur d’évènements et tour opérateurs.« C’est un secteur dominé par les gros opérateurs qui maîtrisent la technologie et le marché. De nombreuses petites entreprises touristiques africaines n’y ont pas accès, elles ne peuvent pas vendre aussi efficacement que les gros du secteur. Ce que nous faisons à Tripesa, c’est de leur fournir la technologie pour qu’elles soient en mesure de créer par exemple des sites internet de qualité, de recevoir des paiements en ligne, qu’elles soient capables de s’attaquer à d’autres marchés. »Le Mobile Money, un atout pour l’AfriqueL’atout du continent africain, c’est le Mobile Money. Le paiement par téléphone lancé il y a une quinzaine d’années au Kenya. Une solution financière sûre et efficace qu’utilise le Camerounais Nghombombong Minuifuong, fondateur de la start-up Bongalo une plateforme de réservations.« C’est quelque chose qui a pris l’Afrique en entier. Tu ne peux pas aller dans un pays en Afrique aujourd’hui et ne pas trouver de Mobile Money. Nos compétiteurs n’auront jamais cette solution, une méthode de paiement incorporé sur leur plateforme. On compte sur cela pour bien servir nos hôtes d’un côté et nos clients de l’autre côté qui sont les voyageurs. C’est une très bonne innovation pour l’Afrique entière. »Un océan de croissance ?La demande augmente. L’Afrique est, selon David Gonahassa, le bon continent pour faire du tourisme. « Encore assez peu d’entreprises proposent les mêmes services que nous sur le continent. On a toujours un bel océan bleu devant nous. »Un océan de croissance pour le tourisme africain ? Sans doute, mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies, tempère Nghombombong Minuifuong. « Il faut développer des sites touristiques. Par exemple, ici au Cameroun, il y a plein de sites touristiques qui sont juste abandonnés et les gens ne savent même pas. Il y a des chutes, il y a des plages, il y a des forêts, il y a des animaux que tous les gens veulent visiter. Donc quand je vois ça, je pleure. »Après le Rwanda et le Cameroun, Bongalo poursuit son développement en Afrique de l'Est. Tripesa, elle, revendique 700 sociétés clientes sur sa plateforme. Encore loin des mastodontes mondiaux comme AirBnB et Booking.
1/10/20242 minutes, 23 seconds
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Ouganda/Tanzanie: Lionel Zinsou va évaluer la politique foncière de TotalEnergies

Après avoir confié une mission à Jean-Christophe Ruffin dans le Cabo Delgado où se trouve un grand projet gazier, cette fois c’est Lionel Zinsou qui s'est vu missionné par TotalEnergies jeudi 4 janvier. L’ancien Premier ministre béninois, co-président de la Banque d'investissement panafricaine Southbridge a accepté d’évaluer le programme d’acquisitions foncières de la major dans le projet Tilenga/EACOP. Compensations insuffisantes, évictions forcées, pressions et menaces. Un projet très controversé, de nombreuses critiques ont été faites durant les procédures d’acquisitions foncières. Lionel Zinsou revendique une vingtaine d’années d’expérience sur les thématiques de développement. Il mènera cette mission en toute indépendance, affirme-t-il.« Je vais voir seul, sans censure aucune tous les gens qui voudront bien me parler. Et il s'agit des autorités publiques, nationales et locales, parce que ça se passe énormément du côté des attentes sociales », explique Lionel Zinsou. « Il y a des sujets de gouvernance locale qui sont très importants. Et évidemment les gens qui ont formulé, documenté des critiques très vives. Et essayer d'être utile à l'ensemble de ces parties prenantes. Parce qu'il faut aller de l'avant. Ce sont des projets qui ont un impact social très important et un impact environnemental très important. L'idée est de faire le diagnostic et de faire les recommandations au service du développement. » Projet controverséUn projet Tilenga/EACOP très controversé. En juin dernier, une nouvelle action devant la justice française a été lancée à Paris. Objectif : demander réparation à TotalEnergies pour les préjudices estimés et liés notamment aux questions foncières. Parmi les plaignants, l’ONG Les amis de la Terre.« Selon nous, cette mission d'évaluation commanditée par Total a clairement pour objectif de répondre à nos accusations en justice et donc je suppose, d'être versé au dossier judiciaire », affirme Juliette Renaud, responsable de campagne pour l'ONG Les amis de la Terre. « On s'attend soit à ce que le rapport soit peu critique, c'est quand même le plus souvent le ton des rapports qui sont commandités par total et qui visent surtout à rassurer et finalement à blanchir leur image face aux enquêtes multiples qui dénoncent les violations qui ont lieu dans ces processus d'expropriation. Mais c'est vrai que même lorsqu'il y avait certaines critiques dans ces rapports, on est sceptiques sur le fait que Total agisse. » « On ne peut pas avoir un développement prédateur »Lionel Zinsou s’attend aux critiques, mais pour lui cette évaluation est une opportunité positive qui dépasse le cadre-même du cas ougando-tanzanien. « C’est pour ça que moi, je n'ai pas hésité à dire bon, si on peut faire quelque chose d'utile sur un projet très emblématique, le deuxième plus gros investissement en Afrique », souligne-t-il. « Est-ce qu'il a les retombées et les impacts qu'il doit avoir, ou est-ce qu'il n'a que des impacts négatifs et beaucoup de frustration ? On ne peut pas avoir un développement prédateur. Il faut absolument qu’il y ait du contenu social et environnemental quoi que l’on fasse. Et que l’on respecte les droits humains. Il y a beaucoup d'attentes, ça je le sais, et donc je vais essayer d'être le porte-parole de quelque chose qui est quand même un peu un nouveau modèle africain dans la façon dont l'Afrique demande à se développer avec ses ressources et non pas simplement d'être un producteur un peu exposé à des prédateurs. » TotalEnergies attend la remise du rapport d’ici le mois d’avril. 
1/9/20242 minutes, 23 seconds
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Électrification du Togo [2/2]: l'éclairage public solaire se développe dans les zones rurales

Au Togo, l'entreprise française Sunna Design a remporté un contrat de 40 millions d'euros pour fournir et installer 50 000 lampadaires solaires dans les zones rurales éloignées du réseau électrique. Plus de la moitié ont déjà été déployés dans les régions des Savannes et de la Kara. Reportage dans un village proche de la frontière béninoise, ayant bénéficié de ce plan d'électrification publique, initié par le gouvernement togolais. À partir de 18 heures, la nuit tombe rapidement sur le village de Kadjanga. C'est le moment où les lumières des lampadaires solaires commencent à s'allumer. Installés à la fin de l’année 2022, inauguré officiellement par le président togolais en avril 2023, l’éclairage public a changé la vie des habitants – et en particulier celle des vendeuses installées à l’entrée de la communauté – Sudou Maimounatou est l’une d’entre elles : « Le changement est bien visible : avant, à partir de 18 heures, les femmes qui vendent sur le marché devaient arrêter leurs activités, alors que maintenant, elles continuent jusqu'à 20 heures. Et puis, quand tu veux sortir de la maison, tu n'as plus la crainte des reptiles, donc même dans la nuit, les femmes peuvent prendre leur bassine et aller chercher de l'eau à la pompe du village. »Au-dessus du puits, sur un croisement stratégique, près d’un barrage militaire ou à proximité d’une école, tous les lampadaires solaires ont été installés de manière raisonnée, grâce à une cartographie des infrastructures réalisée au préalable par la start-up française Mitsio Motu. Julie Nicolas Lawson, responsable Sunna Design au Togo : « Donc, du coup, les critères, c'est qu'il faut être à plus de deux kilomètres du réseau électrique et ce qui est privilégié, ce sont les centres de santé, les écoles, les points d'eau. Il y avait aussi des enjeux de sécurité, comme on sait qu’il y a beaucoup de circulation au niveau des frontières, donc c'était aussi une demande, même des populations d'ailleurs, de pouvoir éclairer les frontières. »70 lampadaires connectés à KadjangaLes 70 lampadaires connectés font la fierté de Kadjanga. Ce village avait déjà bénéficié dans le passé de l’installation de quelques lampadaires solaires financés par une banque chinoise, mais cette première expérience a tourné court, relate Président Yoma Karatchi : « Ce n'était même pas au cœur du village, c’était à un endroit non précis, comme ça, et l’éclairage était faible aussi. Quand, ils ont mis ça, ça n'a même pas fait un an. »Pour éviter ce genre de pannes, les équipes de Sunna Design sont aussi chargées d’assurer la maintenance de leurs lampadaires pendant douze ans après leur installation. Une démarche essentielle pour garantir la durabilité de ce projet qui a redynamisé l’économie locale, selon Keleou Massama, le représentant du chef de village : « Les gens qui sont loin, ils viennent visiter notre marché. Comme nous sommes sous éclairage, le marché s'anime bien et les gens sont aisés dans leur ménage. Maintenant, les élèves ont profité de ces lampadaires pour mettre leurs tableaux contre les murs pour la révision de leur leçon. »Jusque-là, l’entreprise Sunna Design a déployé près de 29 000 lampadaires électriques dans les zones rurales du Togo.À écouter aussiÉlectrification du Togo [1/2]: Les données géospatiales au service du développement
1/8/20242 minutes, 25 seconds
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Électrification du Togo [1/2]: Les données géospatiales au service du développement

Le gouvernement togolais a lancé il y a trois ans un ambitieux projet de cartographie des infrastructures disséminées sur son territoire. En tout, plus de 150 types d’infrastructures ont été répertoriées dans le système de santé, de l’éducation ou de l’énergie... Ces données réunies sur une plateforme en ligne permettent une meilleure représentation du territoire, afin d'appuyer la planification et le développement économique du Togo. Rencontre avec les équipes de Mitsio Motu, jeune pousse de la tech française en charge de ce projet. Pendant près de huit mois, les équipes de Mitsio Motu ont réalisé une collecte de données d'une ampleur et d’une précision inédite sur le continent. C’est un véritable tour de force, que décrit Louis Verin, cofondateur et PDG de la start-up française : « C'était réaliser un recensement complet de toutes les infrastructures du pays, tout le système sanitaire, tout le système éducatif, les infrastructures énergétiques, les routes, les infrastructures agricoles, et on a travaillé donc à la cartographie de tous ces réseaux, sur le terrain, en partenariat avec les ministères. Ça a impliqué notamment une équipe de 750 personnes qui s'est déployée du nord au sud, avec également une équipe data qui a développé une plateforme assez inédite, qui s'appelle un géoportail, qui va représenter toutes ces informations, de manière hyper précise, et aussi de les rendre accessibles. »Les informations récoltées dans le cadre du Projet de recensement des infrastructures sociales et économiques en République togolaise (PRISE) ont été traitées et modélisées sur une carte dynamique. Arsène Touck est développeur full stack chez Mitsiu Motu : « Ça permet d'avoir cette donnée décisionnelle, et qui peut évoluer dans le temps. Pour dire, aujourd'hui, si nous avons eu 100 élèves dans une école et qu'il y a cinq ans il y en avait 50, on voit bien qu'il y a eu un progrès. »Chaque soir, les données récoltées sur le terrain par les collecteurs étaient traitées par l’équipe de Morgane Benoist, data ingénieur pour la start-up : « Une fois qu'on a une donnée exhaustive, on agrège toutes nos données, donc on a toutes les données du pays, on vérifie, on fait beaucoup d'analyse aussi géospatiale, pour que les données soient propres et exploitables, qu'il n'y ait pas de doublons, d'incohérence, et on les met dans une base de données géoréférencée, qui appartient maintenant au client. »L’utilisation des données géospatiales permet de réduire les risques et de faire exister des projets à moindre coût. Mitsiu Motu a par exemple définit les futurs emplacements des lampadaires solaires de l’entreprise française Sunna, déployés dans le cadre du programme d’électrification du gouvernement togolais. Eloge Amakbre, analyste projet, a supervisé la collecte des données : « Ça a permis de répartir de manière mathématique et logique, 50 000 lampadaires sur toute l'étendue du territoire, en fonction des critères que le client nous a donnés. Et ensuite, on a encore des collecteurs qui sont allés sur le terrain pour valider le déploiement théorique que nous avions fait depuis nos bureaux. »Les données géospatiales permettent une mise en œuvre rationnalisée et donc plus rapide et plus efficace des infrastructures dans le cadre de projet de développement.
1/7/20242 minutes, 23 seconds
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Dans le Somaliland, Berbera se place en concurrent de Djibouti

L’Éthiopie et le Somaliland ont annoncé avoir trouvé un accord sur l’usage du port de Berbera. Le port commercial est sous la gestion de DP World depuis 2017. Le groupe a prévu d’investir 442 millions de dollars pour le corridor de Berbera afin de s’imposer comme une alternative à la traditionnelle route de Djibouti. Sur le terrain, de nombreux travaux ont été réalisés, témoigne le sénateur des Français de l’étranger, Olivier Cadic. Il s’est rendu sur place en juillet dernier. « Il y a un port tout neuf en eau profonde dont j'ai pu observer des travaux d'agrandissement. J'ai visité l'aéroport et il y a une piste d'atterrissage qui est la plus longue d'Afrique. Le nouveau terminal flambant neuf qui pourrait accueillir les avions-cargos. J'ai vu aussi la zone franche aussi toute neuve. J'ai pu circuler sur la toute nouvelle route qui relie la capitale Hargeisa au port de Berbera, voir un magnifique rond-point tout neuf, une sorte de rocade qui permet d'éviter le centre d’Hargeisa et de partir directement vers l'Éthiopie. Donc, on voit qu’il y a beaucoup de moyens qui ont été mis pour créer ce nouveau corridor. »L’ambition serait d’y voir circuler 500 camions par jour alors que la qualité de cette route de plus de 900 kilomètres est très inégale. Cependant, les activités au port de Berbera sont belles et bien lancées. « Sur les statistiques, en tout cas de 2022, il y avait environ 123 000 conteneurs qui avaient été manutentionnés, indiqueYann Alix, délégué général de la fondation Sefacil, spécialiste des questions portuaires africaines. Ça veut donc dire qu’il y a encore de la place, évidemment, ça veut aussi dire que malgré tout, Berbera réussit à attirer des lignes régulières, pas nécessairement toujours au détriment de Djibouti, mais en tout cas, ça crée une alternative. Et donc, pour DP World, qui vend un peu un modèle clé en main de construction d'un port et ensuite d'une zone économique spéciale où on peut implémenter de l'activité industrielle, de transformation et ensuite d'investir le corridor. Je ne sais pas si on peut parler de succès ou d'échec. En tout cas, c'est une vraie alternative portuaire qui est née. »À lire aussiL'Éthiopie s'explique sur l'accord avec le Somaliland et tente de calmer le jeuUne opportunité notamment pour les régions les plus enclavées du sud de l’Éthiopie. Éthiopie qui exporte des produits agricoles notamment pour plus de 4 milliards de dollars annuellement et qui par ailleurs importe hydrocarbures, de biens semi-finis et de consommation pour plus de 18 milliards. « J'y vois véritablement une saine concurrence entre deux corridors avec Djibouti qui a une très forte expérience et expertise vis-à-vis des chargeurs et des organisateurs de transport et les logisticiens éthiopiens. Mais ces derniers sont aussi motivés par la possibilité de pouvoir peut-être négocier aussi des temps de transit ou des taux de fret qui soient assez intéressants par le Somaliland via Berbera », note Yann Alix.Cependant, contrairement à Djibouti, les conditions tarifaires et douanières entre l’Éthiopie et le Somaliland sont encore peu favorables. À noter également qu’en 2018, l’Éthiopie avait déjà voulu prendre des parts dans le port de Berbera avant de voir l’initiative achopper.
1/4/20242 minutes, 25 seconds
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Tunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition [2/2]

En Tunisie, la côte de corail qui s’étend sur 180 km de Bizerte jusqu’à Tabarka, ne rapporte plus grand-chose aux artisans de la ville. Habitués à récupérer les débris ou les branches non exploitables pour l’export, les artisans bijoutiers locaux, autrefois prospères, sont menacés de disparition face à la rareté du corail et sa cherté. Portrait du doyen de cet artisanat à Tabarka. De notre correspondante à Tunis,Dans son échoppe avec pignon sur rue vers le centre-ville, Mokhtar Saoudi, 75 ans et artisan bijoutier dans le corail depuis quatre décennies, guette sa clientèle. Il est tombé amoureux pour la première fois de l’or rouge, à l’âge de 15 ans.« À l’époque, le corail était disponible en grandes quantités. Il se vendait 30 euros le kilo. On allait avec d’autres jeunes à la rencontre des pêcheurs qui ramenaient le corail avec la croix de Saint-André, une croix en métal qu’ils jetaient dans les récifs pour les casser et récupérer dans les filets, les débris. Tout ce que les pêcheurs ne gardaient pas, parce que c’était trop abîmé ou trop petit, on le récupérait et on mettait un peu d’huile d’olive dessus pour le rendre encore plus rouge. Et on le vendait pour quelques dinars dans la rue. »Autodidacte, Mokhtar s’achète ensuite une meule et du papier à poncer, avec lesquels il commence à sculpter des colliers ou des bracelets.À écouter aussiTunisie: la contrebande de corail à Tabarka [1/2]« Les gens venaient de partout en Tunisie »Peu à peu, il ne vit que pour cet artisanat qui attire de nombreux touristes dans cette ville de 20 000 habitants connue pour ses paysages entre la montagne et la mer et la richesse de son corail.« Les gens venaient de partout en Tunisie dans des foires artisanales où l’on vendait nos produits. On avait même la fête du corail, une sorte de festival dédié à l’or rouge. Les affaires se portaient bien. Il y avait déjà des acheteurs qui venaient prendre les belles pièces et allaient directement les vendre en Italie, mais c’était une époque où il n’y avait pas de contrôles douaniers ou autre. »« On se retrouve à travailler à perte »Il ouvre ensuite son atelier dans les années 2000 avec cinq femmes qu’il a formées lui-même, mais surexploité, le corail se fait de plus en plus rare et cher. Il faut désormais plonger à des profondeurs entre 120 et 150 mètres pour en trouver à Tabarka. Depuis dix ans, Mokhtar a vu son chiffre d’affaires baisser considérablement « Tous les jours, je pense à fermer boutique et je n’y arrive pas. Mais concrètement, ce n’est plus rentable pour nous les artisans. On investit en achetant 1 ou 10 kilos de corail à 3 000 euros pour faire nos bijoux, mais ensuite la clientèle ne suit pas. On se retrouve à travailler à perte. »Et la jeunesse n’est pas intéressée pour reprendre le commerce. Une vingtaine de bijoutiers vivent encore du corail à Tabarka. Si Mokhtar s’en sort encore en rachetant à des prix intéressants aux enchères, la marchandise de corail de contrebande confisquée par la douane. L’artisanat, lui, risque de bel et bien disparaître.
1/3/20242 minutes, 22 seconds
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Tunisie: la contrebande de corail à Tabarka [1/2]

Le corail de Tabarka au nord de la Tunisie a longtemps représenté une manne économique pour la région. En 2019, les autorités tunisiennes avaient d'ailleurs démantelé un réseau de trafic international en possession d'un butin de 600 kilos de corail, d’une valeur de 2 millions d’euros. Effectivement, les prix du corail à l’export peuvent atteindre 5 000 euros le kilo. Mais dans le pays, le secteur a perdu de son prestige. Les corailleurs peinent à payer leurs charges face à l’augmentation des coûts de logistique, les plongeurs se raréfient à cause des dangers du métier et la contrebande prolifère, faisant baisser les prix du corail sur le marché. Objet de tous les fantasmes à cause de sa valeur marchande, cet or rouge est aussi l’une des causes de la mort de nombreux plongeurs. Slim Medimegh, plongeur professionnel depuis 26 ans dans les travaux sous-marins et corailleur de première formation, suit de loin le bilan meurtrier. « On en enterre pas mal chaque année, il y a des décès, il y a des disparus qu’on ne retrouve jamais », constate-t-il.Et avec la raréfaction de plongeurs professionnels, le braconnage se développe. Pour récolter le corail, les pêcheurs de l'Antiquité utilisaient la croix de Saint-André, une grosse croix en métal pour taper sur les récifs coraliens, les plongeurs en récupéraient ainsi les débris.Aujourd’hui, cette technique est encore utilisée, ainsi qu’une autre plus moderne, mais tout aussi dévastatrice : « Cela consiste à tracter des grosses chaînes sur lesquelles on accroche des morceaux de filet et ces grosses chaînes sont tractées avec des unités de pêche avec des bateaux de 10 mètres équipés de 200-300 chevaux et plus », indique-t-il.« C'est le jeu du chat et la souris »Des pratiques illégales qui ont failli faire quitter le métier à Mourad Ben Khelifa, armateur de corail depuis une dizaine d’années dans les eaux de Bizerte, au nord. Il fait face à de nombreuses difficultés : les prix de l’hélium, nécessaires pour la plongée profonde, ont quadruplé en dix ans et la concurrence de la pêche de contrebande du corail algérien est très répandue dans l’une des plus grandes réserves de corail rouge en Méditerranée.« On va dire qu’ils frôlent les frontières », explique-t-il. « Parce que moi, je l’entends à la radio toute la journée « Marine nationale, marine nationale, le bateau dans tel endroit, veuillez rebrousser chemin » C’est toute la journée, c’est la chasse, c’est le chat et la souris. C’est une barrière qui est beaucoup plus grande, c’est interdit donc, forcément, ça pas été trop exploité ».De nombreux contrôles douaniers et policiersUne fois pêché, ce corail est écoulé pour l’export, vers l’Italie, qui domine le marché. Un trafic qui fait l’objet de nombreux contrôles douaniers et policiers comme en témoignent les saisies régulières de la douane. Pour Mourad, l’excès de contrôles de plus en plus sévères met aussi en difficulté le secteur légal.« On est rentré dans l’ordre du fantasme », souffle-t-il. « Les flics, quand ils vous arrêtent avec du corail, on dirait qu’ils vous ont attrapé avec du shit. Il y en a un qui trafique, alors ils ferment pour tout le monde, le temps de comprendre et de voir. Plus personne dans la douane ne veut signer un papier parce qu’ils ont peur de se retrouver en prison à cause du corail. L’État a fixé les prix. »Le trafic menace l’écosystème corallien en méditerranée. Une problématique environnementale mise en lumière dans le documentaire tunisien The Red. 
1/2/20242 minutes, 24 seconds
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Nigeria: à Kaiama, l'effondrement des prix du karité confirme l'exception nigériane

Alors que dans les autres gros pays producteurs les prix s'envolent, le karité perd actuellement son attraction commerciale au Nigeria, pourtant premier pays producteur mondial alors qu'il exploite moins de 40 % de son potentiel. Contrairement à ses voisins ouest-africains, le Nigeria exporte une faible proportion de sa production. Seuls les acteurs artisanaux sont présents sur ce marché, très majoritairement féminin, et la demande n’est pas suffisamment forte pour soutenir les prix. Une situation qui pourrait décourager les acteurs de la filière pour la prochaine campagne l'an prochain et avoir un impact sur l’industrie de transformation, principalement située dans le sud-ouest du pays. De notre envoyé spécial de retour de Kaiama,Impossible pour Rasheeda de quitter son village de Kaiama, dans l'État de Kwara. Depuis une dizaine d'années, cette trentenaire produit du beurre karité dans un espace collectif. Rasheeda travaille pour elle-même. Ici, elle peut cuire puis piler ses amandes de karité.« Si vous avez un peu d'amandes de karité maintenant, vous pouvez réussir à produire du beurre de karité et si vous êtes patiente, cela peut vous rapporter beaucoup d'argent. Si vous produisez avec deux seaux d'amandes de karité, quand les prix sont bons, vous pouvez réaliser un bénéfice pour acheter quatre autres seaux d'amandes de karité. »Le prix actuel de vente des amandes de karité n'est pas satisfaisant pour Rasheeda, car équivalent à 0,18 euro le kilo dans son village, et un centime de plus seulement sur le marché de Kaiama. Rasheeda préfère donc transformer en beurre de karité une toute petite partie de son stock, attendant la hausse des prix des amandes.Parmi les clients de Rasheeda, Akabi Iyabo est une négociante indépendante : « Pour l’instant, un sac vaut l'équivalent de 95 euros. Il contient du beurre de karité mis directement à la fin de sa préparation. J'achèterai, disons, jusqu'à 50 à 60 sacs. Vous savez, avant la dévaluation du naira, c'était vraiment intéressant d'acheter 50 sacs. Maintenant, les prix ont augmenté pour nous ».Un bénéfice d'environ 15 000 euros annuelsLa vente du beurre de karité, pour Rasheeda c'est de l'argent frais pour investir dans des céréales qu'elle achète ici à Kaiama. En spéculant sur le prix de ces céréales, Rasheeda peut ainsi acheter des amandes de karité dans des villages voisins isolés, car sans voie d'accès, puis revendre ces amandes lorsque le prix est haut, notamment à des représentants de grosses entreprises industrielles.« J'achèterai des céréales comme du millet et du maïs grâce aux bénéfices de mes ventes de beurre de karité et je les stockerai. Si la noix de karité arrive à maturité, j’achèterai alors de nouvelles noix, je commencerai à la transformer et en stockerai certaines. C'est comme ça que je fais mes affaires. »Et pour toutes ces transactions, Rasheeda n'emprunte jamais auprès des rares établissements de microfinance présents à Kaiama. À demi-mot, elle reconnaît que ses bénéfices dépassent l'équivalent de 15 000 euros en moyenne chaque année. Une belle somme comparée au 1 934 euros de revenu brut annuel par habitant au Nigeria, selon la Banque mondiale en 2022.À lire aussiKarité: une campagne portée par la hausse des prix du cacao
1/1/20242 minutes, 27 seconds
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Maurice: la double hausse des salaires prévue en janvier suscite espoirs et inquiétudes

Double bonne nouvelle pour les salariés de l'île Maurice : le gouvernement a annoncé une hausse significative du salaire minimum, suivie d’une augmentation sans précédent des salaires. Cette dernière mesure concerne plus de 460 000 actifs. Si les syndicats saluent cette décision, les industriels et les économistes s’interrogent... Avec notre correspondant à Port-Louis,« C’est du jamais-vu à l’île Maurice. » La syndicaliste Jane Ragoo se réjouit face à ce qu'elle considère comme une avancée majeure pour la revalorisation salariale à Maurice. La secrétaire générale de la Confédération des travailleurs du secteur privé a été agréablement surprise par l’annonce du ministre des Finances le mois dernier : « Pour voir qu’un salaire puisse doubler en cinq ans, c’est du jamais-vu à Maurice. On a compris que les gens ne peuvent plus vivre avec un salaire de misère ».Le salaire minimum concerne 140 000 salariés des secteurs public et privé. Il est revalorisé à 15 000 roupies, soit 310 euros contre 240 euros auparavant. C’est un relèvement de 45 % en ajoutant les allocations sociales. Cette augmentation se double d'une autre décision exceptionnelle puisque l’ensemble des 460 000 actifs mauriciens, employés du privé comme fonctionnaires, vont voir leurs salaires augmenter de 30 à 40 euros à partir de fin janvier prochain.Une annonce qui a bousculé les projets de Manoj Hardial, qui tient une entreprise textile avec six salariés : « C’est pour cette raison que je suis présent dans les foires en ce moment. Il faudra engranger un maximum de bénéfices, pour pouvoir maintenir les emplois. Et puis j’espère que le fisc va encore aider les entreprises en difficulté ».Une décision à hauteur de 22 milliards de roupiesL’une des organisations patronales, Business Mauritius, affirme que cette situation met une forte pression sur les industriels. Les économistes, eux, évaluent le coût de cette mesure pour le pays à 22 milliards de roupies. C’est, à titre d’exemple, le budget annuel consacré à l’Éducation nationale.L’analyste Manisha Dookhony estime que de tous les secteurs industriels, c’est le textile qui sera le plus impacté. Un secteur qui va être forcé de revoir son modèle. Elle observe aussi que Maurice met à exécution son projet de devenir un pays à revenu élevé : « Ces nouvelles politiques au niveau des salaires donnent aussi une indication que Maurice souhaite aller vers plus de valeur dans les emplois et se tourner notamment vers les secteurs à haute valeur ajoutée telle que la biopharmaceutique ».Certains industriels considèrent la double augmentation de salaire décidée par le gouvernement un peu rapide, ou même qu'il s'agit d'une décision populiste alors que le pays se prépare à entrer en campagne électorale.À lire aussiMaurice: les centres commerciaux deviennent la principale attraction de la population
12/31/20232 minutes, 14 seconds
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Le FIDA cherche à mettre les finances mondiales au service des petits agriculteurs

Mi-décembre, le Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations unies a lancé sa nouvelle campagne de levée de fonds. Il cherche à récolter deux milliards de dollars de nouveaux financements pour atteindre une enveloppe globale de dix milliards pour son programme d’action triennal. Objectif : améliorer les conditions de vie de 100 millions de ruraux.  La quatrième session de reconstitution des ressources financières du FIDA a pris place à Paris et était coorganisée par l'Angola et la France. En Angola, le FIDA finance neuf projets qui ont profité à près de 600 000 familles. Un exemple de succès, selon la ministre de la Pêche et des Ressources marines angolaise, Carmen do Sacramento Neto, est le projet AFAP qui a permis de développer les capacités des pisciculteurs.« Deux bassins ont pu être fabriqués au bénéfice de 235 familles, explique ainsi la ministre. Un bassin est dédié à la production de poissons pour la vente sur les marchés. L’autre bassin pour la consommation locale. Cela a permis de créer une source de revenus pour les communautés, mais également de répondre aux besoins alimentaires. »Cet appel à contribution du FIDA intervient à un moment où d’autres institutions organisent également leurs levées de fonds. 48 États se sont tout de même engagés à contribuer pour un montant d’un peu plus d’un milliard de dollars. « C’est vrai que de nombreux pays doivent choisir entre différentes organisations, reconnaît Alvaro Lario, le président du Fonds. Pour nous, c'est donc le témoignage de la confiance qu'ils ont dans la mission et surtout dans les résultats du FIDA. »À lire aussiRDC : une loi pour sécuriser les petits agriculteurs du Haut-KatangaS'adapter au nouveau contexte économique mondial, un effort obligatoireLa singularité du FIDA est qu'il s'agit de la première institution spécialisée des Nations unies à s’être connectée aux marchés financiers mondiaux, ce qui lui permet de lever davantage de fonds. « La capacité d’emprunt du FIDA est notée AA+. Nous émettons également des obligations dans le cadre de placements privés bilatéraux », continue le président.C'est une initiative prise dans le contexte économique complexe de ces dernières années. En effet, la finance publique n’est plus l’option favorisée par les institutions internationales. Le FMI et la Banque mondiale ont entamé une réflexion sur les mécanismes de financement, à laquelle n’échappe pas le FIDA.« Désormais, nous utilisons notre bilan pour co-investir avec le secteur privé, explique encore Alvaro Lario. Maintenant, pour les nouvelles stratégies pays et nos nouveaux programmes, nous verrons quels sont nos points d'entrée, les moyens de nous connecter et d’intégrer le secteur privé dans nos projets. »Le FIDA se destine à aider les petits exploitants agricoles essentiels à la sécurité alimentaire des pays à faibles revenus. Ces petits agriculteurs sont également les plus vulnérables au changement climatique et aux conflits.À lire aussiInsécurité au Sahel : comment relancer la filière agricole
12/28/20232 minutes, 15 seconds
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Centrafrique: la culture de l'orange à Borossé entravée par l'état des routes

En Centrafrique, décembre est le mois de la récolte des oranges. Le village de Borossé, situé à 35 km au nord de la capitale Bangui est considéré comme l’un des premiers centres de production d’oranges du pays. Mais cette année, les cultivateurs n’arrivent pas à écouler leurs marchandises en raison de l’état piteux des routes et des barrages illégaux. De notre correspondant à Bangui,À l’entrée du village Borossé, 5 000 orangers sont alignés de part et d’autres au bord de la route sur une distance de cinq kilomètres. Sur les branches, on distingue des oranges de couleur verte, jaune ou orange selon les variétés.  Ce village est l’un des premiers producteurs d'oranges du pays, une notoriété qu’il lui vaut son surnom de « capitale de l’orange ».Ruffin Doubalé est un cultivateur de 45 ans. Dans sa parcelle, il réserve une portion de dix hectares à la production d’oranges. Avec une moyenne de 1 000 orangers par hectare et un rendement de 20 tonnes chaque année, il est l’un des plus grands producteurs du village depuis 20 ans. « C’est difficile de travailler sur 10 hectares d’orangers, révèle le cultivateur. C’est pourquoi chaque année, je mobilise une dizaine d’ouvriers pendant la saison des oranges. Ces jeunes que vous voyez sont là pour entretenir les orangers et chercher des anomalies qui peuvent nuire aux fruits ».Privat, l’un des fils de Ruffin, fait partie des ouvriers. À 22 ans, son père lui a transmis la passion de l’orange : « J’adore les oranges, raconte-t-il. C’est un stimulant qui me donne de l’appétit. Quand il est fraichement cueilli comme ça, il est doux, naturel et très sucré. Depuis des années, mon père travaille avec des moyens archaïques. Mais je me bats pour devenir d'ici à cinq ans l’un des grands producteurs d’oranges de la RCA. »À lire aussiCentrafrique : à Bangui, le succès d'une foire organisée par des femmes entrepreneuresDes infrastructures routières encore trop précairesUn grand dépôt de 20 m² se trouve à l’angle ouest de la parcelle. C’est ici que Ruffin conserve ses oranges. Pour améliorer ses rendements, il compte sur des experts comme cet homme, Mboligoumba Toussaint : « Ça fait 32 ans que je m’intéresse aux oranges, affirme-t-il. Depuis deux ans, j’accompagne ce jeune entrepreneur dans ses activités. Je l’aide à développer des pépinières afin d’avoir un meilleur rendement et surtout de consolider son économie. »Cette année, Ruffin a fait un surplus de production parce que la saison des pluies a duré huit mois au lieu de six. C’est un avantage, mais il n’arrive pas à écouler ses produits : « Le problème est la dégradation des routes qui relie Bangui à notre village. Les camions que je louais ne veulent plus venir jusqu’ici. Les quelques rares qui viennent coûtent trop cher et ça joue en notre défaveur ».Quelques vendeurs sont obligés de venir à la source pour se ravitailler. C’est le cas de Diane Kossi : « Je suis obligée de venir à la source, témoigne-t-elle. J’ai loué ce taxi-brousse à 150 000 francs CFA [approximativement 225 euros] parce que le carburant est rare. Il faut ajouter à cela les tracasseries routières. C’est vrai qu’on ne va pas gagner beaucoup comme auparavant, mais je suis obligée de continuer ».Le village Borossé compte plus de 2 000 habitants, parmi lesquels plus de 800 producteurs d’oranges, selon le chef du village. Pour être plus influents, ils veulent mettre en place un groupement de producteurs.À lire aussiCentrafrique : les habitants de Bangui face à une crise des carburants qui s'éternise
12/27/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: l'élevage d'escargots géants, une activité lucrative

En Côte d’Ivoire, l’élevage d’escargots géants est une nouvelle filière en plein boom. Ces cinq dernières années, plusieurs fermes d’élevage ont ouvert leurs portes, essentiellement dans les zones humides. Cette activité s'avère particulièrement lucrative. Reportage dans une ferme d’élevage, à Azaguié, à 40 km au nord d’Abidjan. Dans un bâtiment en briques, des bâches en plastiques font office de mur. À l’intérieur, ion peut voir plusieurs bacs, recouvert d’une grille. Dans ces bacs, des milliers d’escargots vivent sous des feuilles. Jean-Noël Akessé les arrose une fois à deux fois par jour, selon la saison. « En ce moment, j'en ai 4 000 et ils se reproduisent vite, indique-t-il. Nous voulons recréer l'environnement naturel de l'escargot : il n'aime pas le soleil et vit dans les milieux humides. »À l’origine, Jean-Noël Akessé est commerçant. Il s’est reconverti dans cette filière par pragmatisme : l’élevage d’escargot nécessite peu d’investissements et rapporte gros. « Je fais la vente par trimestres, rapporte l'éleveur. Je vends environ une tonne d'escargots et elle me rapporte 300 000 francs CFA [environ 450 euros]. À l'année, ça revient à 12 millions de francs CFA [approximativement 18 000 euros] ».Bernus Bleu fait partie des pionniers dans cette filière. Cet ingénieur mise sur les produits dérivés de l’escargot. Son entreprise fabrique notamment des savons et des gels douche à partir de la bave d’escargot. « On peut vendre la coquille de l'escargot, qui est une composante de l'alimentation du bétail, explique-t-il. La bave de l'escargot peut servir aux produits cosmétiques. Ces produits dérivés sont achetés par des industriels, comme des fabricants de savons parallèles par exemple. Les industriels qui fabriquent les produits cosmétiques achètent la bave et nous achetons l'escargot vivant directement auprès des éleveurs ».Une filière en pleine expansion depuis cinq ansLa Côte d’Ivoire produit en moyenne 250 tonnes d’escargots géant par mois. Cependant, la filière doit encore se structurer davantage afin de pouvoir répondre à la demande sur l’international. C'est ce qu'explique Christian Alla, le coordonnateur d'un projet d’appui des élevages en développement au ministère des Ressources Animales : « D'abord, il n'y a pas suffisamment de production au niveau de la bave d'escargot pour qu'elle puisse être exportée. Ensuite, il y a la question des normes. Le projet va travailler à ce que l'on puisse accroître la production de bave, améliorer les normes de production et aussi la législation. »Ce responsable entend continuer de mettre l’accent sur la formation afin d’aboutir à un label ivoirien, pour mieux exporter les produits dérivés de cette filière.À lire aussiCôte d’Ivoire : la progression fulgurante de l'élevage d'escargots géants
12/26/20232 minutes, 26 seconds
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Visa Schengen: au Portugal, l'accès aux visas facilité pour les Africains lusophones [2/2]

La question des migrations est au cœur des débats des États européens. L’Union européenne vient de signer son « Pacte asile et migration ». Et aors que certains États cherchent à tout prix à limiter l’arrivée d’étrangers, d’autres comme le Portugal veulent au contraire les encourager. Depuis novembre 2022, le pays a mis en place une facilité de visas aux populations de l’espace de langue portugaise (CPLP) pour venir y résider et travailler. Originaire du Cap-Vert, Fernando Furtado est arrivé au Portugal à la fin des années 1980. Venu chercher du travail dans le bâtiment, sa légalisation a pris du temps. Il observe avec une pointe d’envie les facilités pour les nouveaux arrivants : « J'ai un collègue, il travaille dans le bâtiment comme maçon. Il est là depuis 4 ou 5 mois et il a été légalisé tout de suite. Dès son arrivée, il a eu ses papiers, son contrat de travail et un visa de deux ans. Deux jours après son arrivée, il travaillait ».Le Portugal aurait déjà délivré 140 000 de ces titres de séjours. Ana Gomes est une diplomate et femme politique portugaise : « La priorité pour les Portugais, c'était de légaliser la situation de beaucoup de travailleurs qui sont au Portugal en situation irrégulière. C'est aussi bien sûr l'intérêt de certains secteurs au Portugal qui ont vraiment besoin de main-d'œuvre. C'est le cas bien sûr des secteurs de l'agriculture, de la construction, etc ».Une infraction selon la Commission européenneCes migrants viennent du Brésil, mais également de pays lusophones d’Afrique comme l'Angola ou le Mozambique. À Sao Tomé-et-Principe, le Programme des Nations unies pour le développement a étudié ce phénomène avec près de 20 000 candidats. Les demandes de visa vers le Portugal y ont doublé depuis la mise en place de cette facilité.Luca Monge Roffarello est l’économiste qui a mené cette étude : « Cela représente 8 à 9 % de la population, ce qui est énorme. C’est pourquoi, au PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), nous avons immédiatement examiné cette question. Nous avons fait une évaluation préliminaire, mais nous souhaitons également examiner cette question d'un point de vue systémique, car cela peut poser des problèmes du point de vue du développement. Par exemple, nous sommes très préoccupés par la fuite des cerveaux et l’impact que cela peut avoir sur la santé, sur le système éducatif ou encore sur le secteur privé. Mais d’un autre côté, cela peut également créer des opportunités avec l’envoi de fonds provenant de la diaspora ou des échanges plus étroits de compétences avec les personnes de la diaspora qui ont réussi ».La Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre le Portugal. Elle estime que ce titre de séjour va à l’encontre du modèle uniforme de l’espace Schengen et demande au Portugal de remédier à ces manquements.À lire aussiVisa Schengen, un frein pour les entrepreneurs africains [1/2]
12/25/20232 minutes, 18 seconds
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Visa Schengen, un frein pour les entrepreneurs africains [1/2]

Le visa court séjour permettant l'entrée dans l'espace Schengen pour trois mois maximum est devenu difficile à obtenir. C'est le cas pour la France, et c'est un obstacle de plus pour les entrepreneurs africains qui viennent dans l'Hexagone pour trouver des capitaux.
12/24/20232 minutes, 27 seconds
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Le poids de la dette sur l'action climatique

Un examen mondial sur la dette, la nature et le climat a été officiellement lancé au cours de la COP28 par la Colombie, la France et le Kenya. Objectif : étudier les réformes nécessaires pour assurer la viabilité de la dette des pays en développement face aux besoins liés au changement climatique. Mais en quoi dette et climat sont-ils liés ?  Réaliser la transition énergétique pour limiter le réchauffement climatique, s’y adapter, cela demande des investissements. Encore faut-il pouvoir investir, a souligné Ali Mohamed, émissaire kényan pour le climat, en marge de la COP28 à Dubaï. « Malheureusement, de nombreux pays, y compris le nôtre, n’ont pas la marge budgétaire nécessaire pour avoir accès à des capitaux qui nous aideraient à être plus résilients et à agir pour le climat. Les marges se rétrécissent. Et en fait, beaucoup de pays sont au bord du défaut. Je pense qu'il y a plus de 54 pays dont la situation est alarmante. Au moins 24 d'entre eux sont en Afrique, mais il y a beaucoup d’autres pays en développement qui sont concernés. Ils ne peuvent pas développer des mesures pour être résilients face aux crises climatiques. »À écouter aussiCOP28 : la stratégie commune des pays africainsDes marges budgétaires amoindries à cause des dégâts liés au changement climatiqueMoins de résilience, c'est plus de dégâts. Et in fine, ce sont des marges budgétaires qui se réduisent encore. Le Kenya a été confronté en novembre à des inondations dévastatrices. Inondations favorisées par le changement climatique. Selon le World Weather Attribution, il a rendu les précipitations, liées au phénomène El Niño, jusqu’à deux fois plus intenses.« Un certain nombre de ponts au Kenya, qui ont été construits avec de la dette, ont été détruits par les eaux. Et le Kenya doit emprunter de l’argent pour reconstruire les infrastructures qui ont été détruites à cause des événements météorologiques extrêmes que nous vivons », rappelle Ali Mohamed.À lire aussiKenya: au moins 120 morts dans des inondations recordsEntrave au développement des énergies renouvelablesLes fonds pour financer reconstruction et dépenses climatiques, lorsqu'ils sont disponibles, le sont à des taux d'intérêts « insoutenables » aux yeux d'Ali Mohamed. Le coût du capital : une entrave, par exemple, au développement des énergies renouvelables, souligne Amos Wemanya, en charge de l’énergie chez Power Shift Africa, basé à Nairobi. « Les statistiques les plus précises indiquent que le coût du capital en Afrique est six fois plus élevé que dans d’autres régions. Et cela est dû au niveau de risque que présentent les prêts aux pays africains. Mais parfois, certains de ces risques, ne sont pas fondés. Je pense donc qu’un changement dans l’architecture financière mondiale serait une bonne chose. »L'accord de la COP28 promeut l'augmentation des financements basés sur des subventions ou des prêts hautement concessionnels, c'est-à-dire à des conditions préférentielles. Le Kenya, en avance sur les renouvelables, espère désormais attirer davantage de fonds pour l’adaptation. En 2021, seulement 27% de la finance climatique était dirigée vers l’adaptation, selon l'OCDE. 
12/21/20232 minutes, 19 seconds
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Cédéao: multiplication des accords bilatéraux en faveur du «free roaming»

Malgré l’adoption en 2017 d’un « règlement relatif aux frais d’itinérance sur les réseaux mobiles dans l’espace Cédéao », les habitants de la sous-région continuent bien souvent de payer leurs appels et leurs données au prix fort lorsqu’ils sortent de leur pays. À moins qu'ils n'achètent une SIM locale à chaque déplacement. Mais ces derniers mois, plusieurs accords bilatéraux ont été signés entre régulateurs nationaux, afin de faire baisser drastiquement les frais d’itinérance. Le Togo, le Bénin, le Ghana, le Gabon ou encore la Côte d'Ivoire ont par exemple commencé à s'entendre sur le sujet. De notre correspondante à Lomé, En plein cœur de la capitale togolaise, à quelques mètres seulement de la frontière avec le Ghana, Idayatu vend des savons et des produits de beauté sur un petit stand : « Moi, je vais à Lagos pour acheter les marchandises, pour les ramener ici ». Mais, à chaque fois qu’elle passe une frontière, Idayatu est forcée d’acheter une nouvelle carte SIM pour communiquer. « J'ai une SIM du Nigeria, une pour le Ghana, une pour le Togo. Et même une pour la Côte d'Ivoire aussi. Si tu as besoin, c'est normal, tu vas payer » déplore-t-elle.Frais d'itinérance réduits pour 2024Pourtant, la Cédéao a adopté dès 2017 une initiative relative à l’itinérance des données. Un règlement communautaire qui a du mal à être appliqué jusque-là. Yoavi, qui tient un bureau de change à cent mètres de la frontière ghanéenne, se plaint du coût élevé du roaming : « Parfois, quand tu rentres au Ghana, ta SIM se met directement en "roaming". Et ça va couter cher pour toi et pour celui que tu appelles. »Pourtant, les choses sont sur le point de changer. Le Togo a signé récemment des accords bilatéraux de free roaming avec le Bénin, le Ghana ou encore le Mali. À partir de début 2024, les frais d’itinérance entre ces pays vont être drastiquement réduits. « Dans un premier temps, la réception d'appels est gratuite pour ces clients, alors que dans le roaming courant, la réception d'appels est facturée. Alors que là, elle est gratuite pour un séjour consécutif de 30 jours dans le pays visité. Et dans un second temps, lorsqu'il utilise son numéro dans le pays visité, les tarifs ont été étudiés de telle sorte qu'ils ne dépassent pas les tarifs qui sont appliqués par les opérateurs du pays visité », explique Aissatou Diallo, la directrice du marketing et de la communication pour l’opérateur Togocom.Un coût pour les opérateurs Avec ces accords bilatéraux, les régulateurs nationaux espèrent utiliser les communications comme un vecteur de développement et d’intégration régionale.  La baisse tarifaire prévue est importante : au moins 60% de réduction sur les appels passés depuis le Bénin vers le Togo par exemple. Et elle concerne aussi les données. Hervé Coovi Guedegbe est le secrétaire exécutif de l’autorité de régulation des communications du Bénin – il constate que le règlement de la Cédéao n’est pas suffisamment mis en œuvre : « Avant ces accords, vous êtes exclus lorsque vous passez de l'autre côté, parce que le service d'itinérance data, peut-être que votre fournisseur système ne l'a pas en contrat avec un opérateur du pays visité... Et quand il l'a, vous étiez dans des tarifs de l'ordre de 1 500 à 2 000 Francs CFA le mégaoctet... Avec ces accords, les opérateurs ont concédé que le mega ne dépasserait pas les 2,22 Francs CFA. »Ces mesures ont bien sûr un coût pour les opérateurs téléphoniques, qui tablent sur la fidélité de leurs clients, même à l’étranger. À écouter aussiFin du roaming : vers la téléphonie mondialisée ?
12/20/20232 minutes, 23 seconds
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Sommet Emerging Valley: les startupeurs africains à la chasse aux investissements

La chasse aux investissements pour les start-up africaines. Les levées de fonds ont largement diminué cette année, comme dans le reste du monde. Les investissements ont encore chuté au second semestre. Comment trouver des capitaux pour se développer ? Rencontre de startupers africains lors du forum Emerging Valley qui se tenait à Marseille, en novembre 2023. De notre correspondante de retour de Bentiu,Doudou Tamba affiche un large sourire. Le jeune pharmacien-chimiste sénégalais présente son innovation. Un répulsif anti-moustique naturel qui a reçu une autorisation de mise sur le marché en France. Un environnement en constante progressionLa start-up de Doudou Tamba, labellisé French Tech, s'appuie sur un incubateur marseillais depuis 2019, utile pour trouver des financements : « Souvent les investisseurs, ils occultent l'innovation. Tant qu'il n'y a pas de preuve de marché, il n’y a pas d'investisseur. Mais c'est vrai qu'avec un accompagnement comme c'est proposé ici, on arrive quand même à avoir des produits qui arrivent à maturité. Lee but derrière, c'est de faire perpétuer cette coopération nord-sud à travers ce type de projet innovant. » Certes, les levées de fonds stratosphériques des années post-Covid ne sont plus. Certes, les entrepreneurs africains manquent toujours de financements. Mais Malick Diouf, créateur de LAfricaMobile, très impliqué dans l'écosystème tech' du Sénégal, insiste sur un point, cela progresse : « L'environnement de l'investissement a tellement évolué que les acteurs d'aujourd'hui, les startupers d'aujourd'hui, ne se rendent pas compte de ce qu'il y avait il y a 10 ans. J'ai discuté avec un jeune startuper qui se plaignait du fait, après avoir gagné un prix de 20 millions de francs CFA – l'équivalent de 30 000 euros -, qu'on allait lui donner ça par tranche et que ça allait retarder son projet. Nous à l'époque, quand on a commencé, je me rappelle le premier prix que j'avais gagné au Sénégal, c'était 2 000€. C'était énorme à l'époque. » Des investisseurs plus sensibles au capital humainCynoia, c’est une start-up franco-tunisienne qui propose des solutions digitales aux petites et moyennes entreprises. À sa tête Nasreddine Riahi, il vient de lever 850 millions d’euros. Il nous explique ce qui a plu aux investisseurs : « C'est vrai qu'il y a de moins en moins d'argent à donner à des start-up. Le capital-risque est révolu, et maintenant, ils investissent plus dans l'humain que dans des "succes stories". Mes investisseurs me le disent toujours : "On a investi en Nasreddine, lui-même, avec sa team". C'était vraiment un chemin semé d'embûches hein, ce n'était pas facile du tout. Mais on a pu quand même aller convaincre pour mettre un gros ticket. » Quatre pays : Nigeria, Kenya, Afrique du Sud et Égypte captent toujours l’essentiel des investissements. Mais selon un récent rapport du cabinet StartupBlink, le Sénégal et l'île Maurice ont réalisé cette année les plus fortes progressions sur le continent. À écouter aussiPourquoi les start-up en Afrique sont à la peine
12/19/20232 minutes, 14 seconds
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Soudan du Sud: les inondations renforcent l'économie de la pêche

À cause du changement climatique, le Soudan du Sud connaît des inondations catastrophiques. C'est le cas à Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, qui abrite pas moins de 230 000 déplacés ayant perdu tout ce dont ils dépendaient pour leur subsistance. Mais ces inondations ont apporté avec elles une nouvelle ressource en abondance, le poisson. Et toute une petite économie se développe autour de la pêche. De notre correspondante de retour de Bentiu,La longue digue qui protège le camp de déplacés, accolé à la base de l’ONU à Bentiu, sert d’embarcadère pour les canoës. Elle accueille plusieurs petits marchés aux poissons.Mary Nyapar, 30 ans, vendeuse de tresses de poisson séché, fait partie d’un groupe de femmes qui se sont organisées ensemble pour faire ce commerce : « C’est notre propre initiative, on a réussi à mettre chacune un peu d’argent dans un pot commun ; ça nous permet d’acheter ce poisson séché pour le revendre et assurer la survie de nos enfants. Ça fait deux ans que je fais ça, j’ai commencé après les inondations. Avant, j’avais un petit stand de thé, mais c’est devenu insuffisant, donc je suis devenue vendeuse de poisson séché ».Tous les métiers liés au poisson se développent D’autres métiers se développent autour de la pêche. Jeremiah Dak Mantai, 50 ans, menuisier, se concentre lui sur la fabrication de canoës : « Moi, je résidais dans le comté de Gwit et ça fait presque trois ans que je suis ici à cause des inondations. Je construis des canoës pour subvenir aux besoins de ma famille. Il faut entre trois et sept jours pour en construire un de petite taille, selon la disponibilité des matériaux. Le prix de vente varie entre 300 et 600 dollars. C’est un bon job, car je peux aussi m’en servir pour pêcher ».À l’autre bout de ce camp gigantesque, des coups de marteaux retentissent depuis l’atelier de Gatluak Kuany, un forgeron de 39 ans. Installé ici depuis 10 ans, il a dû abandonner son atelier en ville, à Bentiu, quand la guerre civile a éclaté en 2013. « Ça nous a pris quelques semaines pour démarrer cet atelier. Mais nous avons réussi à en faire ce qu’il est maintenant au fil des mois. Nous sommes en bord de route, ça permet d’attirer les clients. Ce job me permet de survivre, car il n’y en a pas d’autre ici », explique-t-il.Sortir de la dépendance humanitaireGatluak Kuany forge toutes sortes d’objets à partir de métaux recyclés : bijoux, cuillers, couteaux, machettes et autres outils pour l’agriculture, mais aussi des instruments pour la pêche. « Les pêcheurs nous achètent ces poids par douzaines. Ils les accrochent au bout de leurs filets pour éviter que le courant de l’eau ne les emporte. Ça permet d’attraper du poisson. Ils viennent ici pour s’approvisionner, il y a des jours où nous avons trop de demande et des jours où on a du mal à vendre tout ce que nous produisons ».Pour tenter de sortir de la dépendance à l’aide humanitaire, les pêcheurs et artisans déplacés par les inondations espèrent recevoir des équipements, des outils, des compétences pour les soutenir dans leurs activités.
12/18/20232 minutes, 25 seconds
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Centrafrique: à Bouboui, la crise du carburant freine l'activité et la vie quotidienne des habitants

La République centrafricaine vit depuis un mois au rythme d'une crise de carburant. À Bangui, certaines stations-service sont fermées. Et en province, dans certains villages comme à Bouboui à 45 km au nord de Bangui, il n'y a pas de stations-service. Il est difficile pour les opérateurs économiques et les usagers de s'en procurer, alors certains jeunes du secteur revendent du carburant acheté à Bangui. Si beaucoup sont soulagés par cette revente sur le marché informel, d’autres dénoncent des pratiques fallacieuses de certains revendeurs. De notre correspondant à Bangui,Dans la vallée de l'Ombella-M'Poko, le village de Bouboui est isolé entre les hautes herbes, les pierres et une étendue de verdure. Près de 2 000 personnes y vivent : des éleveurs, pêcheurs et commerçants qui animent le marché au bétail, l'un des plus importants du pays.Mais depuis un mois, la crise du carburant a fortement impacté le bon déroulement des activités. Les usagers doivent leur délivrance à une dizaine de jeunes revendeurs. Devant un kiosque en bois, une vingtaine de bidons sont remplis d'essence. Les usagers font la queue pour s'approvisionner sous un soleil de plomb. Amos est un revendeur.« Dans les stations de la capitale, le litre coûte 1 100 francs CFA. Je parcours les 45 km avec ma moto et je transporte généralement cinq bidons de 25 litres. Je paie aussi des sommes forfaitaires à chaque barrière. Ici, je revends le litre à 1 500 francs CFA pour compenser les tracasseries routières et avoir de quoi vivre », explique-t-il.Une crise qui impacte la vie quotidienneProblème : la demande dépasse l’offre. La crise du carburant provoque aujourd'hui la hausse des prix des marchandises et le mouvement de transport n’est plus fluide à Bouboui. Dans les ménages, les femmes comme Fidélia ne parviennent pas à moudre le manioc avec les machines à essence.« Ce problème de carburant a un impact négatif sur ma famille. La plupart des moulins à manioc du village ont cessé leur activité. Les seuls qui fonctionnent grâce aux revendeurs nous imposent des tarifs exorbitants. Le petit seau de manioc qu’on a l’habitude de moudre à 50 francs CFA passe à 125 francs CFA. »Les revendeurs jouent un rôle non négligeable à Bouboui mais certains panachent le carburant brut avec des produits indésirables comme de l'eau et des colorants. Alain-Blaise, un usager, se plaint de la moralité de quelques-uns. « Cette pratique n’est pas du tout normale. J’ai acheté ma moto à 700 000 francs CFA. Mais certains revendeurs mélangent le carburant avec de l’eau ainsi que des colorants pour augmenter la quantité et avoir beaucoup d’argent. Aujourd’hui, le moteur de ma moto ne marche plus », déplore-t-il.Depuis le début de l'année, une vingtaine de dépôts de revendeurs de carburant ont pris feu à Bangui et à l’intérieur du pays, causant d'importants dégâts matériels. En juin dernier, le ministre de l'Énergie a pris la décision d'interdire la vente anarchique de carburant. Mais faute de stations-service dans les localités reculées comme à Bouboui, les revendeurs continuent d'approvisionner leurs villages en produits pétroliers.À lire aussiCentrafrique: les habitants de Bangui face à une crise des carburants qui s'éternise
12/17/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: l'opération «gardons nos villes propres» fait grincer des dents

Le ministère congolais en charge de la Décentralisation mène de concert avec les municipalités des grandes agglomérations une opération dénommée « gardons nos villes propres ». À Brazzaville, elle consiste à déguerpir les marchés de fortune et à libérer les trottoirs. Au risque de plonger les jeunes vendeurs informels dans la pauvreté.   De notre correspondant à Brazzaville,Nous sommes devant le marché Total, le plus grand et le plus moderne de Brazzaville. Mais les marchands qui exposaient produits alimentaires, cosmétiques et autres friperies sur les trottoirs encombrés de l’ex-avenue de l’OUA ont été chassés. La circulation est fluide. Mais, Prince, étudiant sans emploi, est furieux. Il est revenu s’installer dans un coin pour vendre des sandales en caoutchouc aux passants. « Ce n'est pas une bonne de chose (de nous déguerpir) parce que le pays ne propose pas de boulot. Au Congo, on n’a pas de boulot, mais l’État nous chasse encore au bord de la voie principale. On va aller où ? Le seul boulot qui reste ici, c'est l’armée. Pour faire rentrer les dossiers en vue de l’intégration dans l’armée, c’est aussi un problème. On est partis à l’école, mais au final, on ne nous donne pas le boulot », se plaint-il.Le jeune Prince défend son travail informel, qui lui permet de faire face à ses besoins. « On fait de bonnes affaires, on ne fait pas de la pagaille. Ça va, mon petit chiffre d’affaires. Avec mon petit travail (de vente d’articles) je ne peux pas envier un fonctionnaire. Je me débrouille, c’est l’essentiel pour moi », indique-t-il.   « C'est un manque à gagner »L’opération « gardons nos villes propres », à durée indéterminée, fait grincer des dents, y compris chez les clients de l’informel : « Il faut dire que pour les vendeurs et les acheteurs, c'est tout un problème. C’est un manque à gagner. Nous, les acheteurs, nous ne savons où trouver les marchands », analyse un usager.  Les déguerpis, eux, cherchent à reprendre leurs activités. « Ma plainte est que, si c’est ce qu’ils veulent, qu’ils nous montrent où aller vendre. Il n’y a pas de places où on peut aller ; même pas dans le marché. La mairie n’a rien prévu. Ils sont en train de chasser les gens », se désole un marchand.  « Il s’agit de parler de réorganisation »Un témoignage battu en brèche par le ministre en charge de la Décentralisation, Juste Désiré Mondélé : « Il ne s’agit pas de parler de compensation comme telle. Il s’agit de parler de réorganisation, d’autant plus que les personnes ou les commerçants déguerpis retrouvent les marchés domaniaux. Selon les retours ou les témoignages que nous avons, nombreux ont déjà occupé les étals dans les marchés domaniaux avec une aisance dans la pratique de leur commerce. Les marchandises ne sont plus étalées à même le sol. Cela impacte aussi sur leurs chiffres d’affaires », a-t-il affirmé.  Au Congo-Brazzaville, il est établi que l’économie informelle emploie plus que la fonction publique et le privé, soit 73 000 emplois en 2023, selon le gouvernement.  
12/14/20232 minutes, 13 seconds
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Le grand marché de Bouaké dans sa sensible phase de commercialisation

En construction depuis 2019 et financé par un prêt souverain de 90M d’euros de l’Agence française de développement (AFD), le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes au dernier trimestre 2024, 26 ans après l’incendie qui a ravagé l’ancien marché et qui a fait la renommée de la ville. Situé à mi-chemin entre le Sahel et la zone côtière, le nouveau complexe deviendra le plus grand marché couvert d’Afrique de l’Ouest. La complexe phase de commercialisation a commencé le 5 avril 2022, et doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. 76% des 7 827 emplacements ont déjà trouvé preneur, mais Bouaké compte 15 000 commerçants et tout le monde n’aura pas sa place. Malgré les travaux en cours, ce terrain de 12 hectares au centre de la ville paraît encore calme. Dans quelques mois, près de 8 000 commerçants et des dizaines de milliers de clients sillonneront les allées de ce marché impressionnant divisé en 5 blocs. Maatoug Ben Amer tient en main le plan des lieux, il est chef de mission contrôle de groupement des travaux. « Nous sommes maintenant sur le bloc 3 et on va se diriger vers le bloc 1. Là où les travaux sont plus avancés. On va voir les travaux de la charpente métallique qui sont achevés avec la toiture, la totalité, c'est achevé, mais aussi les allées avec le pavage, la toiture des boutiques, avec les travaux d'électricité. Et y a une évolution », dit-il.« Tout le monde n'aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké »À ce jour, les commerçants sont installés dans les rues adjacentes au site de construction, rendant la circulation difficile dans les rues de Bouaké. Ils seront délogés après l’ouverture du grand marché. Ainsi, tout le monde cherche à acquérir une place dans le grand marché, indique Jean-Michel Konan Attien, chargé du volet commercialisation à la municipalité. « Dans tous les cas, nous avons un environ 8 000 places au niveau du grand marché, il y a plus de 15 000 commerçants à Bouaké. Il va sans dire que tout le monde n'aura pas de place au niveau du grand marché de Bouaké. Je pense que c'est dans ce cadre que depuis un certain temps, la mairie est en train de réhabiliter ou de reconstruire certains marchés périphériques pour que certains commerçants qui n'auront pas la place au niveau du grand marché puissent aller dans un de ces marchés de proximité là pour pouvoir avoir aussi des places ».Avant loyer, il faut débourser entre 350 000 francs et 6 millions de francs de pas-de-porte pour pouvoir s’installer dans un magasin en fonction de sa taille et de son emplacement. Une somme que cette commerçante de vivriers secs ne peut actuellement pas débourser : « J'ai envie de m'installer, mais c'est par rapport à l'argent du marché. Comme le prix est un peu élevé, là, si on n'a pas l'argent où on va aller, nous-mêmes, on se demande ça même », explique-t-elle.Depuis un an et demi, le site alterne des périodes d’ouverture et de fermeture pour les inscriptions, désarçonnant les commerçants qui peinent à obtenir la bonne information. Touré Namméssé vend des légumes et des ingrédients pour les sauces. « Oui, on a déjà la patente, il reste maintenant la demande en ligne, on nous demande d'essayer plus tard, parce qu'il y a plusieurs demandes en ligne. (Ils disent que) on ne peut pas traiter tout ça en même temps. On dit de patienter, c'est saturé », indique-t-elle.Au moins 5 570 commerçants ont déjà sécurisé un emplacement, c’est le cas de Fadiga Mariam, commerçante de friandises. « J'ai eu un rendez-vous, j'ai respecté le rendez-vous, j'ai payé le premier versement », dit-elle.Le grand marché de Bouaké devrait ouvrir ses portes à la fin de l’été 2024 et deviendra une importante source de financement pour la mairie de Bouaké, maîresse d’ouvrage sur ce projet.
12/13/20232 minutes, 29 seconds
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Le Sénégal se dote d'une Agence d'études spatiales

Le Sénégal s'est doté cette année d'une Agence d’études spatiales, l’ASES.Celle-ci s'est installée dans ses fonctions en septembre et commence à constituer des équipes et à travailler sur de grands projets, notamment l'ouverture d'une usine de fabrication de satellites, et d'un grand observatoire spatial régional.  À lire aussiUn premier satellite motif d'espoir pour le spatial sénégalais
12/12/20232 minutes, 12 seconds
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Gabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au monde

C'est l'un des métaux clé de la transition énergétique : le manganèse, utilisé dans les batteries de voitures électriques notamment. Le Gabon en est le deuxième producteur mondial, derrière l'Afrique du Sud, et a doublé sa production depuis quatre ans. L'entreprise française Eramet, qui exploite là-bas la plus grande mine de manganèse du monde en collaboration avec l'État gabonais, a annoncé le 12 novembre qu'elle prévoit d'extraire 20% de métal en plus à horizon 2026. Vue du ciel, la mine de Moanda, la plus grande mine de manganèse au monde, ressemble à une étendue noire au milieu de la verdure. Le site est exploité par une filiale d'Eramet, la Comilog, dont l'État gabonais est aussi actionnaire. La production de cette mine a presque doublé en quatre ans et va encore augmenter de 20 % environ d'ici à 2026, pour atteindre huit millions et demi de tonnes par an.Pour cela, il a fallu agrandir la mine, mais surtout investir dans le Transgabonais, l'unique ligne de train du pays.« Nous gérons également le train qui permet de transporter le minerai de la mine, qui se situe près de la frontière du Congo, jusqu'à la mer. Il transporte aussi des voyageurs et du fret. Nous avons beaucoup investi et plus que doublé sa capacité sur les quatre dernières années. Mais nous devons continuer à investir significativement », explique Christel Bories, la patronne d'Eramet.L'entreprise n'a toutefois pas dévoilé le montant précis des travaux engagés ou à venir : « C'est une voie qui n'était pas faite pour transporter du minerai avant. Elle transporte aujourd'hui le nôtre et celui de nos concurrents. On a des investissements qui sont encore significatifs sur les prochaines années, on parle de plusieurs centaines de millions d'euros ».L'activité minière représente 30% des exportations du GabonSi le Gabon produit plus de manganèse, ce n'est pas seulement à cause de l'essor des voitures électriques, explique Aloys d'Harambure, directeur exécutif de l'Institut international du manganèse : « Cette hausse de la production au Gabon est en partie liée à l'augmentation de la demande mondiale de manganèse, notamment pour les batteries de voitures électriques. Mais c'est aussi parce que dans une période où l'énergie est chère partout dans le monde, il y a un avantage pour les utilisateurs de minerai de manganèse à avoir du minerai à haute teneur en manganèse. Car cela permet de réduire la consommation d'électricité. Or quand on produit des alliages de manganèse, l'électricité est le premier coût ».Du manganèse à haute teneur, très recherché pour fabriquer de l'acier plus résistant, c'est justement ce que l'on trouve au Gabon. L'activité minière représente aujourd'hui près de 30% des exportations gabonaises, derrière le pétrole.Après le coup d'État de ce mois d'août contre Ali Bongo, une ONG locale que nous avons contactée appelle à redéfinir la répartition des richesses minières pour qu'elles profitent davantage aux habitants. Son directeur espère des avancées sur ce point lors du dialogue national promis par le président de la transition, Brice Oligui Nguema, à partir d'avril prochain.À lire aussiIndustrie extractive: dix ans après, le Gabon fait son retour au sein de l’ITIE
12/11/20232 minutes, 25 seconds
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Kenya: le secteur du tourisme s'inquiète de l'augmentation des prix d'entrée dans les parcs nationaux

Le tourisme en Afrique de l’Est en plein essor. Les attentes, du moins, sont grandes. La Communauté d'Afrique de l'Est anticipe 14 millions de touristes d'ici 2025 contre 7,2 millions en 2019 avant le coup d’arrêt de la pandémie de Covid-19, et l'EAC encourage les pays à diversifier leur offre touristique. Rien qu’au Kenya, l’office du tourisme s’est fixé comme objectif de recevoir 5,5 millions de touristes étrangers à l’horizon 2028. Mais certaines mesures récentes inquiètent les professionnels du tourisme, comme l'augmentation des prix d'entrée dans les parcs nationaux. « Bonjour, merci, de rien »… devant le Giraffe Center où l'on peut observer et nourrir les girafes, un groupe de vacanciers révise une dernière fois quelques mots de swahili. À l’heure du bilan, les guides remercient leurs clients et les encouragent à promouvoir la destination Kenya. Geoffrey Okwara, l’un des accompagnateurs, salue le plan de stratégie visant à accroitre le nombre de touristes dans le pays. « C’est un bon plan, car le tourisme est un secteur très important pour le pays. Les idées sont bonnes. Si seulement ils baissaient les frais, que les parcs naturels ne soient pas trop chers, et des visas ou autres choses qui attirent les gens ». En attendant, l’entrée dans une réserve nationale phare du Kenya va augmenter. « Cela m’inquiète beaucoup, cela sera un coup dur pour nous, car les autres pays africains ont aussi des atouts touristiques », ajoute-t-il.Devant le véhicule de safari, Yves un Français établit aux États-Unis, assure que le prix ne le dissuaderait pas de recommencer. « C'était vraiment super, un voyage extraordinaire, on a vu tous les animaux et on a eu un guide extraordinaire. »Entre attractivité et préoccupations financièresMais, pour certaines bourses, l’augmentation du droit d’entrée au Masai Mara, pourrait faire réfléchir. Pour les non-résidents, de 80 dollars, le billet passera à 100 dollars en janvier et ce n’est qu’une première étape. Georges Mumba, de Perfect Safari, voit ces nouveaux tarifs d’un mauvais œil. C’est Serengeti, grand parc tanzanien jouxtant la réserve du Masa Mara, qui y gagne assure l'agent de voyage : « L’entrée dans le parc Serengeti est de 71 dollars. En juillet prochain, au Masai Mara ce sera 200 dollars ! Si un client veut venir avec sa famille de cinq ou six personnes pour dix jours… où vont-ils ? Ils vont au Serengeti ». Georges Mumba ne s’inquiète pas que de l’attractivité du Kenya. « Des clients ont réservé il y a deux ou trois ans. Je ne peux pas aller vers eux et leur dire que les tarifs ont augmenté. Donc, les entreprises absorbent les pertes. Maintenant, on est content si un client pour l'année prochaine annule ! Car, on veut une nouvelle réservation pour facturer en fonction des nouveaux tarifs. Alors qui conseille le gouvernement ? On a besoin de temps. Ces changements sont apportés sans préavis », dit-il.Une publication sur un réseau social, fin octobre, concernant des taxes sur certains biens à l'entrée dans le pays avait provoqué un tollé. Le ministre du Tourisme avait dénoncé devant les médias un « harcèlement » des visiteurs.
12/10/20232 minutes, 25 seconds
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L'énergie à tout prix [5/5]: Au Togo, les kits solaires comme premier accès à l'électricité

Dernier épisode de notre série sur l'accès à l'électricité en Afrique, avec des kits solaires individuels qui permettent d'apporter une électrification de base dans les zones les plus éloignées du réseau électrique. Ces systèmes solaires domestiques sont composés d'un panneau solaire qui permet d'alimenter une ou plusieurs ampoules et de charger un téléphone, et ils rencontrent un succès grandissant sur le continent. Au Togo, où le gouvernement a lancé dès 2018 un ambitieux programme d'électrification rurale, l'entreprise française MOON est l'un des quatre opérateurs privés chargés du déploiement de ces kits solaires. De notre envoyée spéciale,À 19h, le village de Degbevi Condji est déjà plongé dans une obscurité presque totale. Mais de la lumière – et de la musique – s'échappent de la maison de Yao Guinnou. Une ampoule alimentée par un kit solaire éclaire sa machine à coudre. Le tailleur a inscrit la date de son l'installation de ce système électrique sur une des poutres de sa maison : « Le 7 octobre 2021 ».« Je travaille de nuit. Quand il n'y avait pas de kit, nous utilisions la torche, mais lorsque les piles s'épuisent et que la puissance se réduit, vous êtes obligés de laisser le travail et d'aller vous coucher avant de reprendre le lendemain. »À quelques kilomètres de là, le village de Kpodzo Condji est sorti de l'obscurité il y a quelques mois seulement. La majorité des onze familles qui vivent dans cette communauté isolée ont adopté les kits solaires distribués par l'entreprise française MOON. Amevi Djodjinon est chef d'équipe dans la préfecture des lacs : « Notre kit MOON ne coûte pas cher. Avec un premier apport de 2000 francs CFA, tu as la lumière pendant un mois. Après 30 jours, la lumière va s'éteindre. Tu vas payer 1 585 francs par mois. Tu fais 1 585 francs fois 36 pour trouver le coût total et le kit t'appartient ».Une récupération systématique des kits solairesLe kit solaire permet un premier accès à l'électricité en alimentant trois ampoules et un port de recharge USB. Grâce à ce système, Bossou Maoussi, mère de quatre enfants, peut voir les scorpions ou les serpents qui se glissent parfois dans sa maison à la nuit tombée.« Mon mari est professeur dans une autre région et il est souvent absent. Grâce à cet éclairage, je peux maintenant voir si une personne mal intentionnée s'approche de chez moi et alerter le voisinage. Avant, on ne voyait rien du tout, tout était plongé dans l'obscurité. Alors, nous faisons tout ce qui est possible pour payer la location du kit chaque mois, on se débrouille. »Se pose la question de la durabilité de ces systèmes solaires domestiques et de la pollution qu'ils peuvent engendrer. Pour surmonter ce problème, MOON propose un service après-vente gratuit pendant trois ans, prolongé ensuite par une garantie payante.Prince Monsekea est responsable du déploiement des kits au Togo : « On arrive à intervenir en trois jours maximum. La récupération s'effectue pour les clients qui n'arrivent pas à payer, là, on est obligé d'arrêter le contrat. On s'arrange toujours pour récupérer nos kits ».Le Togo a prévu de fournir des kits solaires à 500 000 foyers. Environ un quart d'entre eux ont déjà été équipés par l'un des quatre prestataires privés partenaires de ce programme d'électrification rurale.À lire aussiL'énergie à tout prix [4/5] L’Afrique du Sud voudrait prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon
12/7/20232 minutes, 21 seconds
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L'énergie à tout prix [4/5] L’Afrique du Sud voudrait prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon

En pleine COP28, et alors que l’Afrique du Sud figure parmi les quinze plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux, et constitue le premier du continent, ses centrales à charbon pourraient voir leur durée de vie être rallongée. C’est en tout cas la direction que souhaiterait prendre le parti au pouvoir, l’ANC, alors que le pays ne parvient pas à sortir de sa crise énergétique et doit continuer les délestages. Selon les plans de la compagnie publique Eskom, qui produit plus de 80% de son électricité à partir du charbon, six centrales devraient atteindre leur fin de vie et être arrêtées d'ici à 2030. Mais si c’est déjà le cas pour l’une d’entre elles, Komati, l’ANC souhaite désormais que le reste continue à fonctionner.Cyril Ramaphosa a bien entendu le message, plus tôt dans l’année, lors d’un rassemblement du parti : « Alors que la fin des délestages est pour nous une priorité, le comité exécutif national soutient l’approche de revisiter notre programme de mise hors service, pour trouver un équilibre entre notre sécurité énergétique et nos engagements climatiques. Un certain nombre d’autres pays ont dû faire des choix similaires, lorsqu’ils ont eu à faire face à différentes crises de leur secteur énergétique. »À lire aussiL’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopienL’exécutif entretient pour l’instant le flou autour du possible nouveau calendrier, et affirme être toujours engagé pour une transition, mais à son propre rythme. Car à moins d’un an des élections générales, l’objectif le plus urgent est de garder les lumières allumées. « Si nous repoussons ces arrêts de un à deux ans, nous ne pensons pas que ce soit vraiment un problème, car ça ne devrait pas fondamentalement changer notre trajectoire d’émissions. Mais si on parle d’une longue extension, dix ou quinze ans, là cela posera un problème, car nous ne pourrons pas respecter nos contributions déterminées au niveau national », explique le directeur de la Commission présidentielle sur le climat, Crispian Olver.Des organisations de la société civile s’inquiètent de l’impact sur la qualité de l’air que ces délais pourraient avoir. Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER), met aussi en garde contre les risques financiers : « Une partie des sommes promises, qui vient des Fonds d’investissement pour le climat, à hauteur de 500 millions de dollars, est rattachée au démantèlement. Si on repousse ce démantèlement, ces ressources sont en danger. Or, c’est ce genre de fonds, très concessionnels, qui peuvent aider à lancer la décarbonisation de notre secteur électrique, pour éviter, à l'avenir, que nos biens exportés ne se retrouvent taxés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. »La Banque mondiale rappelle pour sa part qu’« investir dans les nouvelles technologies, en particulier les énergies renouvelables, est la solution la moins chère et la plus rapide pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique du Sud. »À lire aussiAfrique du Sud: 3500 emplois menacés par la fermeture de deux usines d'ArcelorMittal
12/6/20232 minutes, 24 seconds
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L’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopien

Direction l’est de l’Éthiopie, dans la région du Benishangul, où le plus grand barrage d’Afrique est en cours de construction à la source du Nil Bleu. Il doit permettre au pays de doubler sa production d’électricité. Le barrage de la Renaissance est un projet à 5 milliards de dollars financé par l’argent public, à la taille du défi énergétique immense pour le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique où plus de la moitié de la population n'a pas accès à l'électricité. Le pays souhaite faciliter le financement des infrastructures énergétiques au secteur privé pour exploiter ses nombreuses ressources par l’éolien, la géothermie et le solaire. « Nous sommes à présent sur la centrale électrique du quai droit du grand barrage de la Renaissance. Ce que vous voyez ici, c'est le tunnel qui va permettre à l’eau de passer du réservoir jusque dans la turbine en bas. Ce tunnel fait 8,9 mètres de diamètre et il peut faire passer 300 mètres cubes d’eau par seconde. Avec cette quantité d’eau, nous pouvons générer 400 mégawatts pour chaque unité. » Ephrem Woldekidan, le chef de projet adjoint sur le site, nous montre les deux turbines qui fonctionnent et les onze autres en cours d’installation.À lire aussiL'énergie à tout prix [1/5] En Centrafrique, une deuxième centrale solaire, mais pour quelle efficacité?D'ici à 2027, elles devront produire 5 100 mégawatts. Un chantier colossal débuté il y a 10 ans, mené avec six prestataires différents et 6 000 employés. Un défi logistique et inédit. « C’est un mégaprojet impliquant différents prestataires. Donc, tous les jours, on s'assoit autour d’une table pour discuter, coordonner les activités des différentes entreprises, gérer les interfaces et les accès. C’est une bonne expérience en termes de coordination et de gestion des difficultés », explique-t-il.Des compétences précieuses dont le pays a besoin pour mener à bien sa production d’énergie, qui peinent à atteindre ses objectifs.Un plus grand rôle donné au secteur privé« Il y a quelques années, tout était financé par de l’argent public. Mais maintenant, le gouvernement veut donner un rôle plus important au secteur privé, donc c’est un changement politique. C’est nouveau que le secteur privé s’implique dans des projets d’infrastructure », précise Mehrteab Leul, avocat d’affaires et gérant de Mehrteab & Getu Advocates LLP.Jusqu’ici, l’ouverture au privé est un échec : projets trop ambitieux, manque de compétences dans la mise en œuvre et risques trop grands pour les investisseurs.Mais grâce à de nouvelles règles, les entreprises vont pouvoir négocier directement avec le gouvernement, sans passer par un appel d’offres concurrentiel, laborieux et chronophage. Surtout, le gouvernement a décidé de prendre en charge les risques liés à la devise éthiopienne : « C'était un des risques les plus importants et une des raisons pour lesquels les projets précédents ont échoué. Maintenant, le gouvernement éthiopien a dit qu’il voulait donner une garantie de conversion. Donc, si une entreprise française vient développer un projet énergétique en Éthiopie, il n’y a aucun risque de conversion. Quel que soit le montant généré sur le marché local, ce sera converti en euros et garanti par l’État. »Le pays fait tout pour améliorer le cadre législatif et créer un environnement financier positif. Il devra aussi améliorer l’environnement sécuritaire dans un pays en proie à de nombreux conflits.À écouter aussiL'énergie à tout prix [2/5] Les navires-centrales de Karpowership, des solutions d'urgence contestées
12/5/20232 minutes, 33 seconds
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L'énergie à tout prix [2/5] Les navires-centrales de Karpowership, des solutions d'urgence contestées

Sur le continent, les besoins en électricité restent énormes. Un Africain sur deux n'y a pas accès. Du fait de l'accroissement de la population, leur nombre est même en augmentation depuis plusieurs années. Face à cette demande, de plus en plus de pays font appel aux navires-centrales de compagnies privées. Des plateformes flottantes, alimentées au fuel ou au gaz, qui sont ensuite connectées aux réseaux électriques terrestres. Des solutions imaginées pour répondre à des situations d'urgence, mais qui sur le long terme imposent d'énormes contraintes financières aux États.  Des capitales sont plongées dans le noir. 24 heures sans électricité à Freetown le 8 octobre, même chose à Bissau une dizaine de jours plus tard. Des entreprises sont à l'arrêt, les hôpitaux sont contraints de trouver des générateurs pour les salles d'opération. Incompréhension de la population et énervement dans cette émission de radio sierra-léonaise. Car derrière ces coupures, il y a des dettes, 17 millions de dollars pour la Guinée-Bissau, 40 millions pour la Sierra Leone, contractées auprès de l'entreprise turque Karpowership. Grâce à ses navires-centrales, la société vend de l'énergie aux opérateurs électriques nationaux, 100% de l'électricité en Guinée-Bissau par exemple. « La Sierra Leone et la Guinée-Bissau ont des problèmes de trésorerie, elles n'ont pas été en mesure de payer les fournisseurs de carburant. Nous sommes une entreprise familiale, donc nous sommes beaucoup plus clémentssur nos relations avec nos clients. Nous offrons des conditions de crédit très arrangeantes, mais les fournisseurs de carburant, lorsqu'ils ne sont pas payés, ont le droit de ne pas livrer », se justifie au micro de RFI Zeynep Harezi, la directrice commerciale de Karpowership.Des solutions à court-termeKarpowership est efficace en tant que fournisseur d'urgence. Ces navires débarquent au large d'un pays et peuvent se brancher sur n'importe quel réseau électrique. C'est un gain de temps pour les pays face aux besoins d'électricité, mais ce sont des solutions court-termistes et piégeuses, selon l'économiste sénégalais Magaye Gaye. « Ce n'est pas une bonne solution, parce que le propre d'un pays, c'est de maîtriser sa politique énergétique. Or, il y a des inconvénients extrêmement nocifs. C'est l'opacité des contrats qui, comme vous le savez, ne favorise pas la bonne gouvernance du secteur », explique-t-il.Les navires de Karpowership fournissent de l'électricité à huit pays africains comme la Côte d'Ivoire, le Ghana ou la Gambie. Selon Magaye Gaye, ce genre de société profite du sous-investissement chronique des États dans les infrastructures énergétiques. « Je pense aussi qu'il faut restructurer les sociétés d'électricité existantes et améliorer leur gouvernance. Les États africains devraient encourager l'installation, à l'échelle du continent, de solides producteurs indépendants d'électricité capables de renforcer, à mon avis, l'offre continentale selon des modes modalités raisonnables. »Karpowership en pleine expansion avec un projet en Afrique du Sud, où la compagnie nationale Eskom est en grande difficulté. Argument avancé : les coûts des délestages pour l'économie sont plus importants que les coûts des centrales flottantes.À écouter aussiL'énergie à tout prix [1/5] En Centrafrique, une deuxième centrale solaire, mais pour quelle efficacité?
12/4/20232 minutes, 36 seconds
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Centrafrique: une deuxième centrale solaire, mais quelle efficacité ? [1/5]

Les besoins en électricité sont énormes, un africain sur deux n'y a pas accès. Un chiffre en augmentation depuis plusieurs années. En Centrafrique, le gouvernement mise sur l'électricité pour assoir le développement socio-économique durable du pays. Les autorités centrafricaines ont inauguré vendredi 17 novembre la deuxième centrale solaire à Danzi, un village situé au nord de Bangui. Un motif d'espoir pour les habitants et commerçants de la capitale en proie à d'incessantes coupures. De notre correspondant à Bangui,Les vendeuses d'eau glacée, on les retrouve dans toutes les artères et dans tous les marchés de Bangui. Cuvettes sur la tête ou sachets d'eau glacée entre les mains, elles se faufilent entre les véhicules et passants pour écouler leurs marchandises.Mais ces dernières semaines, Abigaëlle ne parvient pas à satisfaire la demande à cause des délestages récurrents dans son secteur. « Ce problème me dépasse. Je vends de l'eau glacée, du jus local et des yaourts. Mais ces dernières semaines, rien ne marche. Plusieurs fois, j’ai dû jeter mes produits à cause des délestages et cela m’a causé des pertes financières importantes. Je me débrouille avec cette activité qui me permet de vivre. Mais avec ces multiples coupures, je ne parviens pas à m’en sortir », déplore-t-elle.Ces coupures ont des répercussions sur toutes les activités socio-économiques de la capitale, et même les entreprises ne sont pas épargnées. Pour palier ce problème, les autorités comptent sur cette nouvelle centrale solaire. D'une superficie de 70 hectares, cette installation a une capacité de 25 mégawatts et comporte près de 47 000 panneaux solaires.Des coupures d'électricité, malgré la centrale« L'inauguration de la centrale solaire photovoltaïque de Danzi témoigne à nouveau notre engagement à diversifier les sources de production d'électricité. Il se résume en trois principales priorités : une société plus inclusive, une économie plus ouverte à la concurrence et de meilleures capacités pour les populations », explique le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra.Malgré la mise en service de la première centrale solaire de Sakaï le 27 mars dernier, le régime de délestage n'a pas changé. Dans les neuf arrondissements de Bangui, les Centrafricains rencontrés font face aux mêmes problèmes.« Au quartier PK5, avant la mise en service de la première centrale solaire, nous bénéficions d'environ neuf heures d'électricité par jour. Mais jusque-là, rien n'a vraiment changé. Tous les jours, la distribution de l’électricité est perturbée par des coupures générales. Certaines entreprises et lieux de commerces font recours à des groupes électrogènes pour tourner leurs activités », témoigne Ousmane Nour, un habitant de PK5.Selon une source à la Direction Générale de l'énergie centrafricaine (ENERCA), les coupures sont parfois provoquées par des pannes techniques. Avec l'inauguration de la deuxième centrale solaire de Danzi, la production de l'électricité centrafricaine passe de 72 à 96 mégawatts alors que le besoin général du pays est estimé à 250 mégawatts.À écouter aussiCentrafrique: le PK5, à nouveau symbole du vivre ensemble [3/3]
12/3/20232 minutes, 31 seconds
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En Tunisie, les récoltes de dattes s'annoncent bonnes malgré la sécheresse

La saison des dattes s’annonce bonne avec une récolte estimée à 390 000 tonnes au lieu des 340 000 de l’année dernière en Tunisie, selon le ministère de l'Agriculture. Mais à Tozeur, dans les palmeraies et oasis vieilles de 4 000 ans du sud du pays, les agriculteurs parlent aussi des problèmes liés à la sécheresse, car les dattes restent des fruits à forte consommation en eau. De notre correspondante à Tunis,Perché à près de 10 mètres de hauteur, Chokri 24 ans, coupe les branches des dattiers avec dextérité. En chaussettes et sans gants, il grimpe le long des troncs des palmiers avec agilité pour récolter les dattes : « Dès qu’on est petit, on apprend à grimper dans les palmeraies donc c’est très facile pour moi, c’est mon travail, mais aussi une passion. Pendant l’automne, tous les jeunes de la région ne font que ça. » « On s’occupe de la palmeraie le reste de l’année, son entretien surtout et son irrigation. Pour moi, c'est un métier vraiment important, car ça fait partie de notre identité à Tozeur et c’est aussi ce qui fait marcher l’économie de la ville », poursuit Chokri.Une économie basée sur 10 000 hectares d’oasis et 400 000 palmiers dattiers avec la culture des dattes Deglett Ennour qui représentent 70% de la production totale.Le manque d’eau impacte la qualité des dattesDans une autre palmeraie, Hedi Abassi récolte avec d’autres ouvriers la fameuse variété destinée à l’export, cette année le manque de pluie a affecté la production. « La saison est mitigée parce que même s’il y a des dattes, on voit qu’elles sont un peu sèches et ça, c'est à cause du manque d’eau. Cela se voit dans la couleur du fruit. Normalement, lorsqu’il pleut, la pluie lave la poussière qu’il y a sur la datte et les fait briller. Leur prix est plus élevé, car elles sont belles, brillantes et plus tendres, là ce n’est pas le cas. »Les prix à l’export sont fixés par l’État autour de 5 à 6 dinars soit environ 2 euros le kilo. Un prix attractif, mais la concurrence est rude sur le marché international comme l’explique Lamine Touati. Ce gestionnaire supervise le tri des dattes et les départs des camions vers les sociétés exportatrices : « Les prix fluctuent beaucoup en fonction de la concurrence sur le marché international. Nous sommes toujours obligés de nous aligner sur le marché étranger, donc nous surveillons de près cet aspect. Cette année, vu que les dattes manquent d’eau, elles sont plus sèches donc leur poids se réduit lors de la pesée en vrac, précise Lamine Touati. Économiquement, cela a un impact et nous avons plus de pertes. »Le manque d’eau a été un peu atténué par des pluies fin novembre, mais les agriculteurs redoutent une baisse de la production dans les années à venir avec les périodes de sécheresse prolongée et le tarissement des sources souterraines.À lire aussiLa datte Medjool se démocratiseÀ lire aussiDattes Medjool: trésor palestinien sous occupation
11/30/20232 minutes, 22 seconds
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COP28: l'Afrique au défi de la transition énergétique

Aujourd’hui s’ouvre la COP28 à Dubaï. Une COP dont l’un des enjeux sera d’inscrire ou non la sortie des énergies fossiles. En Afrique, la situation varie selon les pays : qu'ils soient producteurs, avec des projets en cours ou bien d’autres qui ne produisent pas. Des intérêts divergents donc… Cependant, il semble que beaucoup se retrouvent sur une ligne commune : une transition énergétique accompagnée. Tous mettent en avant la faible part de l’Afrique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre et les besoins énergétiques énormes du continent. Emmanuel Seck est le directeur de l’ONG Enda Energie au Sénégal, aussi négociateur à la COP.« On est dans ce processus là où qu’on se dit qu'il faut arrêter le fossile, pour nous je pense que ce serait quand même inéquitable. Raison pour laquelle nous parlons de transition. Pour les finances qui découleraient par exemple de l’exploitation du gaz, il faut que cela nous donne des options meilleures pour aller vers la promotion des énergies renouvelables. »Les États ne sont pas contre la transition, assure Tosi Mpanu Mpanu, le médiateur congolais. Mais c'est une voie qui a un coût : « Nous avons la possibilité d'utiliser certaines industries extractives comme leviers de croissance et simplement faire fi de cette opportunité-là pour essayer de sauver la planète, ce n'est pas suffisamment attractif. Donc il faut vraiment qu'on nous donne une espèce de compensation par rapport au coût d'opportunité pour que ça nous serve d'incitation suffisante pour pouvoir aller dans un sens à décarboner nos économies ».Des attentes de la part des États africainsÉchaudés par la promesse non tenue des 100 milliards de dollars de financements climats par les pays riches, les États africains attendent des compensations : un système de finance climat fonctionnel en échange de la non-exploitation de leurs ressources. Les ONG internationales soutiennent leur demande, assure Marine Pouget du Réseau Action Climat.« Nous, notre message, c'est de leur dire que leur requête est complètement légitime. On rappelle qu'ils ont quand même un potentiel énorme sur les énergies renouvelables, que c'est hyper sous-financé par les pays développés pour l'instant et donc il faut aussi qu'ils aillent vraiment se battre de ce côté : "Nous, on a énormément de ressources renouvelables donc pourquoi n'allez-vous pas investir sur ça plutôt que de continuer d'investir maigrement de manière générale dans notre transition énergétique". »Les ONG internationales rappellent également que dans beaucoup de pays, l'exploitation des énergies fossiles n'a que très peu bénéficié aux populations. Emmanuel Seck confirme la vigilance sur ce sujet.« On voudrait, pour ce qui concerne le Sénégal, apprendre et regarder les pays qui ont su utiliser à bon escient ces ressources-là, comment avoir une gouvernance plus inclusive de ces ressources-là avec les communautés, les différentes parties prenantes pour que les retombées aient des impacts bénéfiques pour les populations. »Les discussions à Dubaï s’annoncent donc âpres dans ce grand pays producteur, où cette année encore les lobbys du pétrole devraient être très nombreux.À lire aussiCOP28: où en est le fonds «pertes et dommages» pour les pays les plus vulnérables ?
11/29/20232 minutes, 20 seconds
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La Mauritanie se rêve en hub énergétique régional

Le grand forum MSGBC sur les énergies entre les pays du bassin ouest-africain aura duré deux jours dans la capitale mauritanienne, mardi 21 et mercredi 22 novembre 2023. L’occasion pour la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau ou encore la Guinée de réfléchir ensemble aux moyens et stratégies communes pour développer les énergies dans la sous-région : les hydrocarbures comme les énergies renouvelables. La Mauritanie en a profité pour mettre en avant ses atouts. Objectif pour la Mauritanie durant ce forum : se positionner comme véritable hub énergétique dans la région pour attirer les investisseurs. Pour cela, elle met en avant ses ressources - qu'elles soient fossiles ou renouvelables -, sa position géographique, stratégique, sa stabilité, mais aussi ses grands projets en cours.  Parmi eux, le GTA, le plus grand projet d’extraction de gaz de la région, conduit conjointement avec le Sénégal, qui devrait se concrétiser en 2024, selon le gouvernement, ou encore son programme d’hydrogène vert.Des ressources naturelles foisonnantes Des initiatives réfléchies dans un souci de transition juste, selon Mamadou Khane, conseiller du ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie : « La Mauritanie a un potentiel énorme, on a beaucoup de gaz. Le gaz est une source d’énergie de transition. On décarbone et au fur et à mesure, elle va permettre une pénétration de plus en plus grande des énergies renouvelables. Le potentiel en énergie renouvelable, en particulier en solaire et éolien, est l’un des meilleurs du monde. Nous avons beaucoup d’eau et nous avons énormément de mines. Mais comme d’habitude, il manque l'argent. Beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années pour mettre en place un cadre rassurant pour les investisseurs. » À écouter aussiL'économie mauritanienne se prépare à l'arrivée du gazL’occasion aussi, selon Abdel Boudadya, directeur général d’une entreprise mauritanienne, partie prenante au projet d’extraction de gaz (GTA), de montrer aux investisseurs qu’ils peuvent faire confiance aux opérateurs locaux : « Notre objectif est de montrer aux autres investisseurs que nous avons réussi des projets dans le domaine de GTA, ils ont vu que c’était du concret. Aussi, qu’il y ait des partenaires locaux qui sont capables de les réaliser. Le grand frein, c'est surtout le niveau de qualification qui reste encore un défi, mais nous avons surmonté ce défi à travers la formation, même s'il faut encore beaucoup plus d’efforts de la part des parties prenantes pour investir davantage dans la formation. » Créer un cadre juridique pour les investisseurs Selon l’indice de perception de la corruption de Transparency international, la Mauritanie se classe au 130ᵉ rang sur 180 pays… Si des freins à l’investissement demeurent toujours, les autorités font des efforts, notamment en renforçant le cadre juridique et réglementaire. C’est ce qu’assure Amadou Gaye, directeur général d’une compagnie logistique pétrogazière sénégalaise qui vient de s’installer dans le pays : « Nous avons aussi un certain nombre d’exonérations, l’engagement des autorités qui ont annoncé la réforme du code pétrolier du pays, la loi sur le contenu local qui visera à mieux organiser le secteur, ce sont des politiques publiques qui permettent aux acteurs de pouvoir évoluer dans un cadre juridique encadré. C’est un pays qui a besoin d’investissement dans le secteur de la logistique. »Objectif d’ici 2030 pour la Mauritanie : concrétiser ses projets en cours, décarboner peu à peu ses énergies et améliorer le taux d’électrification du pays.À lire aussiCoton malien: le nouveau corridor mauritanien
11/28/20232 minutes, 17 seconds
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Pourquoi les start-up en Afrique sont à la peine

La 7ᵉ édition d'Emerging Valley, le sommet des start-up émergentes, s'ouvre ce mardi 28 novembre à Aix-en-Provence, dans le sud de la France. Mais partout dans le monde, les start-up – notamment dans la FinTech – font face à des difficultés et les start-up africaines ne font pas exception. Des vagues de licenciements et même des faillites sont fréquemment annoncées. Certains y voient trop de risques pris par les investisseurs, d’autres le manque de sérieux de certaines « jeunes pousses ». Charlotte Cosset a tenté de comprendre pourquoi celles-ci sont à la peine.
11/27/20232 minutes, 21 seconds
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Womin, porter la voix des femmes dans les zones d'extractions minières

Une organisation panafricaniste appelée Womin dénonce les impacts des activités minières sur les femmes des communautés. En Ouganda, au Mozambique, au Burkina Faso... des mouvements se structurent contre la perte des terres pour faire entendre la voix des femmes.
11/26/20232 minutes, 22 seconds
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Un premier satellite motif d'espoir pour le spatial sénégalais

Le Sénégal va réceptionner son premier satellite début décembre – entièrement conçu et construit par une équipe d’ingénieurs et de techniciens sénégalais, formés au centre spatial universitaire de Montpellier. Un projet de 1,5 million d’euros porté par le ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur qui espère ainsi booster un nouveau secteur d’activité vecteur d’emplois. De notre correspondante à Dakar,C’est au Sénégal, dans une grande salle équipée en écrans et ordinateurs que se fera le suivi et le contrôle du premier satellite sénégalais. La petite boîte noire envoyée dans l’espace aura pour principale mission de récupérer les données des agences étatiques de météorologie et de mesure des niveaux d’eau qui ont des stations aux quatre coins du pays.« Il fallait aller sur place et récupérer les données », indique l’ingénieur Ismaila Sall, chef du projet spatial. « Quitter Dakar pour aller jusqu'à Ziguinchor  pour récupérer des données, c'est assez compliqué. Avec le satellite, on peut directement depuis le ciel communiquer avec cette station-là, récupérer les données et les transmettre ici même à Dakar. »Ce nanosatellite de 10 centimètres d’arrêtes passera quatre fois par jour au-dessus du Sénégal pendant cinq ans. Moustapha Diop, ingénieur sénégalais de 26 ans est chargé de gérer la communication entre le satellite et la station au sol.« Je suis en charge de faire une thèse sur en télécommunication spatiale. J'aimerais bien la faire en France dans les plus grands laboratoires, mais aussi revenir au Sénégal après pour être enseignant, mais aussi participer au développement de mon pays notamment pour cette technologie de pointe », espère-t-il.À lire aussiLa conquête de l’espace se poursuit aussi en AfriqueUn partenariat avec le centre spatial universitaire de MontpellierAu total, huit ingénieurs et cinq techniciens ont été formés au Centre spatial universitaire de Montpellier depuis 2020. C'est le fruit d’un partenariat avec le ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur et de la Recherche coordonné par Gayane Faye.« Si on a pris l'option de former les gens, c'est vraiment pour créer un secteur », souligne Gayane Faye. « Cela permettra aussi des startups qui vont se lancer dans ce domaine. On va aussi pouvoir collaborer avec les universités, comme ça on va permettre des transferts de connaissances, de technologies et pourquoi pas demain former une autre jeunesse ici au Sénégal, que ces jeunes-là pourront former. »À lire aussiÀ Abidjan, l’Afrique réaffirme ses ambitions spatiales pour des retombées très concrètesGrâce à un partenariat similaire avec le Centre spatial de Montpellier, Djibouti a lancé son premier satellite mi-novembre. D’autres pays africains pourraient suivre. Sébastien Hesse, ingénieur spatial français, explique pourquoi la technologie des satellites miniatures intéresse de plus en plus :« Il va y avoir des laboratoires, des universités, ça peut être aussi de l'industrie... Tout le monde commence à adopter de plus en plus ces technologies-là. C'est d'avoir un satellite à moindre coût, moins cher qu'un satellite à 100 ou 200 kilos, qui peut éventuellement faire le même type de mission. »Le premier satellite sénégalais devrait être mis en orbite au premier trimestre 2024.
11/23/20232 minutes, 21 seconds
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Royal Airways, une nouvelle compagnie aérienne qui assure les vols internes au Tchad

Au Tchad, la question du transport interurbain demeure une préoccupation majeure. Pour tenter de pallier ce problème, un groupe des jeunes opérateurs économiques tchadiens, avec l'appui de quelques institutions financières telles que la Banque commerciale du Chari, a décidé de lancer une compagnie aérienne privée de transport de passagers pour desservir différentes villes du Tchad comme Amdjaras, Sarh, Abéché et autres. Son premier vol a eu lieu au début de ce mois de novembre à Ndjamena.  De notre correspondant à Ndjamena,Voyager coûte de plus en plus cher. En transport public avec le bus, l’aller-retour Ndjamena-Abéché a par exemple presque doublé depuis la crise du Covid, passant de 40 000 à 70 000 FCFA. Pour éviter ces augmentations et les longs trajets sur de mauvaises routes, certains passagers préfèrent voyager par la voie aérienne. Christophe revient d’Abéché à bord de la nouvelle compagnie Royal Airways. Il indique avoir payé 78 000 FCFA. Pour à peine plus qu’un trajet par la route, il s’est épargné une journée entière sur les routes cabossées : « En quelques minutes, je suis allé gérer mes activités et puis je suis rentré, c’est vraiment avantageux. Quand je prenais la route, j’ai toujours eu des problèmes, de plus ça coute cher. »Le directeur de cette nouvelle compagnie aérienne n’est autre que l’ancien patron de l’aviation civile au Tchad. Brahim Dadi s’est lancé dans l’aventure avec cinq appareils : « Notre pays est très vaste. Il y a des régions inaccessibles pendant une saison et d’autres difficilement accessibles par la route. Nous avons un seul credo, c’est satisfaire nos clients : partir à l’heure et partir même si ce n’est qu’avec deux passagers. À lire aussiTchad : la reprise d'activité des aéroports perturbée par un appel à la grèveUne compagnie aérienne à fonds privésPar le passé, d’autres compagnies aériennes ont proposé des vols internes. Air Tchad, Toumaï, Tchadia Airlines. Des expériences qui n’ont pas fait long feu à cause de la mauvaise gestion et des ingérences politiques. Mais Brahim Dadi n’entend pas répéter les mêmes erreurs. « D’abord, nous sommes partis sur la base des échecs tirés des compagnies aériennes disparues. Le premier facteur qui a fait que ces compagnies aériennes ont coulé, c’est à cause de la contribution de l’État. Nous, nous avons voulu créer une compagnie à capitaux totalement privés pour se départir de l’influence politique qui fait que les compagnies ne puissent plus résister », explique-t-il.Le conseiller à la présidence Ali Abderaman Haggar estime que toutes les conditions administratives et techniques sont réunies pour permettre à cette nouvelle compagnie - soutenue par les autorités de la transition - de satisfaire les voyageurs. Même si cet observateur averti soulève des défis persistants dans le domaine du transport aérien tels que les approvisionnements en carburants et surtout la ponctualité et la garantie d’assurer le transport sur une longue période.À lire aussiTchad : un accident entre deux bus fait plusieurs dizaines de morts
11/22/20232 minutes, 16 seconds
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Burkina Faso: reprise limitée du train de voyageurs entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso

Cela fait quatre ans, que le train de voyageurs ne fait plus le trajet entre Ouagadougou et Abidjan. Ceci depuis la fermeture de la frontière entre les deux pays, suite à la pandémie de Covid-19. En fin de semaine dernière, un premier train de voyageurs est parti pour Bobo Dioulasso. Une reprise limitée aux frontières burkinabè, mais porteuse d’espoir. Après plusieurs rendez-vous manqués, le train voyageur a finalement repris du service la semaine dernière. Oussina Soulama est un conducteur à la retraite. Il a été rappelé pour le redémarrage des activités. Un soulagement pour celui qui a consacré toute sa carrière aux chemins de fer : « On espérait que ça reprenne. C’est une bonne chose pour tout le monde aussi bien pour les Ivoiriens que pour les Burkinabè. C’est toute ma vie les chemins de fer, ça représente beaucoup pour moi. »Dans le petit marché situé à proximité de la gare, c’est également le soulagement. Asseta Gansoré aide sa mère à y gérer un petit commerce de fruits et de légumes. Les voyageurs et leurs accompagnateurs étaient leurs premiers clients. Elle se réjouit déjà de cette reprise, même timide, de ces trajets : « Ça va nous faire du bien parce que depuis que le train s’est arrêté, il n’y a plus de clients. Personne ne vient ici, on ne vend plus rien. Il n’y a rien, on ne gagne plus rien ici. Les marchandises arrivent, mais c’est cher. Il n’y a pas de clients non plus. On vient parce qu’on ne veut pas rester à la maison, explique la jeune femme. Avant, il y avait beaucoup de monde, il y avait aussi des étrangers qui venaient et ça rapportait bien. »Le voyage s'arrête à Bobo DioulassoPour cette reprise, le service voyageur de Sitarail se compose de deux voitures, d’une capacité totale de près de 200 passagers. Pour l’heure, le train ne passera pas la frontière ivoirienne, le voyage s’arrêtera à Bobo Dioulasso, explique Roland Somda, le ministre burkinabè des Transports : « Il nous est revenu que la partie ivoirienne dit ne pas être prête pour la reprise de train de voyageurs dans les conditions actuelles. Le motif, précise le ministre, ce serait l’infrastructure ferroviaire qui ne serait pas dans un état acceptable pour permettre l’activité voyageur. Le train marchandise qui est je ne sais pas combien de fois plus lourd que le train voyageur siffle sur la même infrastructure. C’est d’ailleurs ce que nous ne comprenons pas. Nous prendrons attache avec la partie ivoirienne pour comprendre les véritables motifs et quel travail il faut faire pour lever ce goulot d’étranglement. »Un déplacement en train fortement plébiscité par les populations. Comparé au bus, le trajet est légèrement plus cher, mais plus pratique pour le commerce et réputé plus sécurisé que par la route. Sur ce sujet, les autorités assurent que les mesures idoines ont été prises.À lire aussiBurkina Faso: reprise du trafic ferroviaire passagers entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso
11/21/20232 minutes, 11 seconds
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Madagascar: la résilience des petits producteurs laitiers d’Antsirabe

Près de 200 producteurs laitiers de la région Vakinankaratra à Madagascar misent sur la coopérative locale Rova. L’organisation basée à Antsirabe sert d’intermédiaire entre les éleveurs de la région et les consommateurs, aux revendeurs jusqu’aux fabricants de yaourt. Un modèle porteur dans cette région des Hautes terres, première productrice de lait, où de nombreuses exploitations ont dû se relever des chocs économiques réguliers qui frappent la filière. Reportage dans l’une d’entre elle à Antsirabe. De notre correspondante à Antananarivo,Plus l’on s’enfonce dans le quartier d’Antsongo, en périphérie d’Antsirabe, plus les bruits de la ville disparaissent. Charles y gère une ferme avec ses parents. Il nous ouvre les portes de l’exploitation familiale : « Nous sommes parmi les éleveurs modèles dans la région, nous possédons cinq vaches à lait là-bas, cinq génisses, un taureau, un taurillon et trois veaux... En général, on trait la vache où elle se sent le plus à l'aise, dans une étable calme, non perturbée, pendant environ dix minutes, c'est l'idéal. »Ces derniers mois, le prix des aliments de base pour les bêtes, la provende et le fourrage, a flambé. Conséquence, le litre de lait se vend 2 000 ariarys contre 1 800 en 2022. Malgré l’inflation, ces éleveurs s’estiment aujourd'hui relativement préservés des chocs réguliers qui touchent la filière lait. « La filière laitière rapporte beaucoup, affirme Rivoson le père de famille.  La crise du lait, en partie due à l'insécurité, ne nous a pas vraiment touché. À la campagne, le pâturage n'est pas sécurisé. Par contre, notre ferme est clôturée, ce qui empêche les voleurs d'y entrer ! »Un produit périssable qu'on ne peut pas stockerDerrière cette confiance, se cache aussi un modèle économique porteur. La coopérative Rova installée à Antsirabé sert d’intermédiaire entre les petites exploitations laitières de la région Vakinakaratra et les clients. Ces éleveurs en sont membres nous explique Charles : « Selon notre accord avec Rova, notre lait tiré le matin sert à faire fonctionner la laiterie de cette coopérative. Pour le lait du soir, nous le vendons directement aux fabricants de yaourt et aux consommateurs de notre quartier, nous touchons immédiatement l'argent de cette vente, qui couvre les dépenses quotidiennes. »Depuis la crise du lait en 2009, liée à l’effondrement de l’usine Tiko, la principale entreprise de collecte du lait, les éleveurs de la région ont dû faire preuve de résilience, rappelle Pascal, président de la coopérative Rova : « Dès lors qu’il y a une crise, les éleveurs sont les premières victimes des barrages économiques. Il y a eu les tensions en 2009, 2018, puis récemment en 2020 pendant le Covid. Le lait est un produit périssable, qu’on ne peut pas stocker comme les céréales. »Rova plaide pour un appui plus important de l’État à la filière lait, stratégique pour la Grande Ile et la région Vakinankaratra. À elle seule, elle représente 80% de la production nationale.
11/20/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: l’ouverture de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké facilite le transport

Chauffeurs de camion ou d’autocar, passagers et acteurs économiques se réjouissent de l’ouverture du dernier tronçon de l’autoroute permettant de relier Abidjan à Bouaké par la voie rapide. En revanche, les commerçants qui avaient l’habitude de voir les passagers s’arrêter régulièrement au bord de l’ancienne voie constatent une baisse drastique de leurs recettes. De notre correspondant à Abidjan, L'autocar empruntant la ligne Abidjan-Bouaké marque une courte pause à Tiébissou. Abou, sac à dos sur une épaule, descend de l’autocar pour se dégourdir les jambes. Il emprunte régulièrement les transports pour faire ce trajet. « Le trajet est plus rapide, plus simple et plus fluide. Donc, je trouve ça impeccable par rapport aux années antérieures, donc c'est très bien. »Le 23 août, le dernier tronçon de l’autoroute Abidjan-Bouaké a été inauguré à Tiébissou. Il vient doubler l’ancienne voie, étroite et détériorée. Moins de fatigue, moins d’accident, et des véhicules qui supportent mieux le trajet. C’est aussi le constat du chauffeur de bus Amara Doumia. « Avant, il y avait beaucoup d'arrêts, comme c'était sur la petite piste. Souvent, il y a des accrochages, des voitures qui sont en panne. »Chauffeur routier, Ali Ouedraogo opère sur le trajet Ouagadougou-Abidjan. La Côte d’Ivoire est le premier partenaire commercial du Burkina Faso. C’est par cet axe stratégique que transite la majorité des marchandises. « Sur l'ancienne route, on pourrait mettre toute une journée à cause de l'état de la route, explique le chauffeur. Maintenant, nous, chauffeurs, c'est nous qui sommes à l'aise. »Des commerçants lésésÀ partir de l’année prochaine, l’impact économique de l’ouverture de ce dernier tronçon pourra être estimé. Mais tout le monde ne tire pas avantage de la nouvelle autoroute. Les commerçants qui avaient l'habitude de travailler au bord de l'ancienne voie se sentent lésés, comme Fanta Bakayoko, qui patiente devant son étal de patates douces et de tomates. « Il y avait beaucoup de trafic. Les gens venaient chaque jour, il y avait l'affluence, mais maintenant, c'est plus ça. Aujourd'hui, on est endetté. Vu que c'est de la nourriture, quand c'est resté, tu ne peux pas vendre le lendemain. Tu es obligé d'être endetté. Aujourd'hui, il n'y a pas un commerçant ambulant qui est au bord de la rue et qui n'est pas endetté. Nous sommes tous endettés », déplore-t-elle.Fanta envisage de trouver un nouvel emplacement aux abords de la voie rapide et préfère philosopher. « C'est l'évolution, on veut aller de l'avant. Chacun paye les pots cassés, ce sont les inconvénients du développement. »L’autoroute du nord fait partie du grand projet autoroutier structurant d’intégration sous-régionale : désenclavement du nord et création d'ici à 2035 du corridor Dakar-Lagos.À écouter aussiCôte d'Ivoire: la pression monte à Bouaké avant la CAN
11/19/20232 minutes, 9 seconds
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Afrique de l'Ouest: les poudres de lait importées, fléau pour les producteurs

Les poudres de lait, fléau des producteurs laitiers en Afrique de l'Ouest. Les importations de ces mélanges depuis l'Europe sont en augmentation ces dernières années. Conséquence d'une production locale insuffisante, ces poudres de lait moins chère et plus compétitive représentent un frein au développement des filières laitières ouest-africaines. La concurrence est rude et même faussée tant les différents acteurs ne jouent pas à armes égales. Les mélanges de lait écrémé et de matières grasses végétales dites MGV continuent d'affluer sur le marché ouest-africain. Peu taxés, venant d'Irlande majoritairement, des Pays-Bas, ou de France, ils représentent plus de la moitié des importations de produits laitiers. Stéven Le Faou est consultant au bureau d'étude Jokoo — spécialiste de l'interdépendance commerciale entre l'Afrique et l'Europe : « En Europe, la première contrainte est que l'on consomme tout basiquement plus de matière grasse que de matière protéique du lait, on a des excédents. Notre crainte aujourd'hui, c'est que ces poudres MGV soient le moyen de recycler ces excédents. Beaucoup de filières sont guidées par le coût, et ça aboutit à ce type de produit qui peuvent assembler les ingrédients les moins chers pour arriver à un équivalent du lait entier, qui est la moitié du prix du lait entier. »Une différence floue avec le lait localAu Burkina, le litre de lait reconstitué à partir de cette poudre coûte environ 300 francs CFA. Deux fois moins qu'un litre de lait local. D'autant plus pénalisant que l'étiquetage reste flou et défaillant, explique Ibrahim Diallo, président de l'Union nationale des minilaiteries et producteurs de lait local dans le pays : « Cette concurrence a tiré la production locale vers le bas. Nous partageons le même marché. Il y a même des industries au Burkina qui utilisent cette poudre de lait, qui sont assimilées à des industries qui font du lait local. Le consommateur ne fait pas la différence en le produit lait en poudre MGV et le lait local. »À écouter aussiLe marché du lait en pleine restructurationLes États s'engagent à travers l'Offensive Lait menée par la Cédéao depuis 2017. La Côte d'Ivoire souhaite qu'un quart des besoins en lait soit assuré par la production locale d'ici à 2030. Favoriser la production de lait localDes investissements majeurs sont également menés au Nigeria. Selon Benoit Rouyer, économiste français au Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. Le monde entier a un intérêt à ce que le développement des filières laitières africaines réussisse : « On va avoir besoin de tout le monde pour nourrir le monde dans les années à venir. En fait, les projections de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), c'est une croissance de la consommation de 1,8 % par an de lait. Ce lait-là, on ne va pas le produire, notamment en Europe, parce qu'on a des facteurs limitants avec les ressources humaines qui ne sont pas là, donc il est important que la production laitière se développe dans un certain nombre de zones traditionnellement importatrices comme l'Afrique de l'Ouest. »Le lait africain doit gagner en compétitivité. Cela peut passer par une baisse des couts de production, de collecte du lait local et par une hausse des taxes à l'importation des poudres de lait rengraissé. « Aux politiques de réguler », appellent les différents acteurs. À écouter aussiRwanda: la passion du lait
11/16/20232 minutes, 36 seconds
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En Ouganda, des initiatives pour valoriser les déchets de banane

En Ouganda, pays producteur de bananes, de petites entreprises recyclent les déchets qui s’accumulent après la récolte. Les fibres contenues dans la tige des bananiers peuvent donner naissance à de nombreux produits dérivés. Mais ces initiatives créatrices de valeur ajoutée restent isolées. Après la récolte, les tiges des feuilles de bananiers sont souvent délaissées dans le champ, jusqu’à ce qu’elles pourrissent et se décomposent. Pourtant, cette partie de la plante contient des fibres résistantes qui, une fois extraites, peuvent être utilisées dans la fabrication d'objets du quotidien.Juliet Kakwerre Tumusiime a flairé le potentiel de ces fibres de bananes, récoltées lorsque la plante est encore verte : elle les transforme en cheveux, utilisés pour les extensions de sa marque, Cheveux Organic. L'entrepreneuse détaille le processus : « On passe par un processus d'extraction, qui permet d'enlever toute l'eau contenue dans la tige, pour qu'il ne reste que la fibre. Puis, il y a des étapes pour la traiter et la transformer en cheveux. »À lire aussiL’objectif du Sénégal: l’autosuffisance dans la filière de la bananeUne qualité... qui a un coûtLa transformation artisanale des fibres de bananiers est notamment répandue en Inde. Une manière de préserver l'environnement, car les extensions classiques, en plastique, polluent énormément.Mais ce produit recyclé a un prix : « Ces cheveux respectent l'environnement, ils sont biodégradables, ils ne grattent pas, ils ne sentent pas mauvais, et on peut les coiffer comme n'importe quel autre type de cheveux. En termes de coût, pour l'instant, ils sont assez chers... C'est un produit de luxe... Mais notre coût de production est assez élevé, car nous ne sommes pas entièrement mécanisés. »Une première étape est de faire connaître les bénéfices de l'économie circulaire. Jane Nalunga, analyste pour Seatini Uganda, décrit un cercle vertueux : « Les fermiers qui produisent de la banane peuvent obtenir un revenu supplémentaire grâce à la vente des tiges – et les produits qui en sont issus font partie de l'économie. »À lire aussiProgreen Innovation: une start-up kényane transforme le plastique en carburantUne économie durable et complémentaireMais faute de capitaux, la production à la main reste modeste. À la tête de TextFad, Kimani Muturi rêve d'importer des machines pour fabriquer du tissu et de la laine de fibres de banane en plus grande quantité : « J'ai réalisé qu'il y avait une pénurie de matériaux pour la production de textile. Donc, nous nous sommes lancés dans une recherche sur les différents types de fibres qui pourraient nous servir de matière première... et la fibre de bananier correspondait parfaitement. Tant que les Ougandais produisent de la banane et que c'est l'un de leurs aliments de base, c'est le matériau le plus durable à utiliser et à commercialiser à travers différents produits. »La soie du bananier pourrait être une piste pour la production textile locale, au moment où l'Ouganda a décidé d'interdire à son tour les importations de vêtements de seconde main sur son territoire.À écouter aussiCôte d’Ivoire: l’expérience encore timide du recyclage des déchets plastiques
11/15/20232 minutes, 23 seconds
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Progreen Innovation: une start-up kenyane transforme le plastique en carburant

Transformer des déchets plastiques en carburant. C’est le pari que s’est lancé une start-up kényane, Progreen Innovations. Elle utilise la technique de la pyrolyse. Les plastiques sont chauffés à une température très élevée, sans oxygène. Le combustible qui en sort est ensuite raffiné, chauffé une deuxième fois. Le résultat final peut être utilisé pour plusieurs types de moteurs. Reportage. Depuis deux ans, James Muritu expérimente. Ces recherches ont permis à cet ingénieur informatique de fonder Progreen Innovations. Tout se passe dans son jardin à une cinquantaine de kilomètres de Nairobi. Un four relié à plusieurs tuyaux y trône fièrement. Une forte odeur de plastique brûlé s’en dégage. James Muritu détaille le processus : « Nous sommes en train d’incinérer du plastique. Vous voyez le contrôleur de température ici ? C’est à 500 degrés Celsius. Le liquide passe par tous ces tuyaux, puis on le collecte ici. Là, c'est du pétrole brut qui sort. On le voit, ça ressemble à celui que l’on extrait des sols. C’est ce liquide qui va ensuite être raffiné pour faire du carburant. »Une méthode prometteuseProgreen Innovations peut produire jusqu’à 1 000 litres de combustible par semaine, grâce à la pyrolyse. Pas besoin d’électricité. La chaleur est obtenue à partir de biomasse, des déchets végétaux. Le processus permet d’obtenir deux sortes de carburant.  « Il y a l’essence alternative, pour des moteurs à faible combustion, comme les pompes à eau, les générateurs ou les tondeuses à gazons, explique James. Et le diesel alternatif, qui lui fonctionne pour les moteurs diesels plus puissants, comme les voitures. Je l’utilise pour la mienne d’ailleurs ! » Le plastique provient des déchets des villages alentours. Il est trié avant d’être brûlé. James Muritu s’en targue : son système évite que ces plastiques ne se retrouvent dans l’environnement. La méthode de la pyrolyse est toutefois source de controverses.À lire aussiCôte d’Ivoire: l’expérience encore timide du recyclage des déchets plastiques« Mieux que de balancer des plastiques dans l'océan » C’est ce qu’explique Damien Guironnet, professeur en chimie à l’université de l’Illinois aux États-Unis : « L’idée du recyclage, c'est de transformer un plastique en plastique. Le problème de la pyrolyse, c'est qu’on utilise du pétrole, on fait du plastique, ça coûte beaucoup d’énergie et ensuite, on transforme ce plastique encore en pétrole. On peut, c'est vrai, utiliser l’huile de pyrolyse pour faire à nouveau du plastique, mais au final, on aura perdu beaucoup d’énergie. Et tout ce qui est énergie veut dire rejeter du gaz carbonique dans l’atmosphère. Suivant quel plastique on utilise dans la pyrolyse, le vinyle va rejeter du chlorure d’hydrogène, et c’est super nocif pour l’environnement. Et donc toutes ces petites avancées, la pyrolyse avec de la biomasse, ce n’est pas la solution, mais ça reste mieux que de balancer les plastiques dans l’océan. »Seulement 9% des déchets plastiques sont recyclés. Les défenseurs de l’environnement s’accordent à le dire : la meilleure solution reste d’en limiter la production. À noter que les carburants de Progreen Innovation ne sont pas encore commercialisés. Ils doivent d’abord être certifiés par le Bureau des normes du Kenya.À lire aussi«Moins de plastique, plus de vie»: des écologistes manifestent avant une réunion internationale à Nairobi
11/14/20232 minutes, 17 seconds
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Congo-B: la compagnie pétrolière nationale lance un projet de reforestation

La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), a annoncé, à l’occasion du dernier sommet sur les trois grands bassins forestiers du monde, son projet de planter 50 000 hectares d’acacias sur dix ans. L’initiative fait partie du programme national d’afforestation et de reboisement mais certaines ONG sont sceptiques. De notre correspondant à Brazzaville,Dénommé « Eco Zamba » ou éco de la forêt, le projet de la SNPC va se dérouler dans la zone savanicole des Plateaux au centre du Congo. Un projet lancé à l’appel du président congolais pour la décennie d’afforestation. Le Directeur général de la SNPC, Maixent Raoul Ominga, en donne ici le principal objectif. « Nous sommes une société pétrolière. Aujourd’hui, sur les enjeux concernant la protection de l’environnement, je pense que nous sommes en première ligne en raison de l’impact de nos activités sur l’environnement. Il nous revenait, pour réparer tant soit peu l’impact de nos activités sur l’environnement, d'initier ce projet qui, en réalité, vient compenser les émissions de nos activités », explique-t-il.À lire aussiProtéger les forêts du Bassin du Congo, dernier espoir pour la planèteCe projet de reforestation doit permettre non seulement la séquestration du carbone mais aussi d'accélérer la régénération des sols. « Il faudrait augmenter la couverture forestière nationale pour optimiser les capacités de séquestration de carbone de nos forêts. Et ensuite, donner une solution naturele face aux changements climatiques », apprécie François Mankessi, coordonnateur national du programme national d’afforestation et de reboisement. Au plan socio-économique, François Mankessi voit d’autres avantages : « Pour le Congo, qu’est-ce qu’on gagne ? On gagne en termes d’emplois. Une société qui s’installe aura naturellement un volet social, un volet développement local et un volet emplois pour la population. Et, ça va résorber le chômage dans notre pays », estime-t-il.La SNPC sera la deuxième société pétrolière à développer un projet de séquestration du carbone dans les plateaux, après TotalEnergies. Mais cette course vers les zones savanicoles laisse perplexe Maixent Agnimba Emeka, le coordonnateur du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH). Il pense que ces entreprises se lancent par profit du crédit carbone. « Les sociétés pétrolières n’ont pas vocation à faire du reboisement. Leur vocation est de produire et commercialiser du pétrole. Elles se lancent dans un secteur qui n’est pas le leur. C’est par simple opportunisme. Mais, sur le plan environnemental, nous sommes en train de perdre notre écosystème des savanes. Et, vous avez des animaux, des oiseaux et des insectes qui ne peuvent prospérer qu’en zones de savanes. On n’a pas suffisamment fait des études dessus », dénonce-t-il. Le projet Eco Zamba est prévu pour dix ans. Le coût de son financement n’a pas été révélé.
11/13/20232 minutes, 22 seconds
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Maraîchage en Côte d’Ivoire: la tentation du hors-sol

Ouvert depuis mai 2021, Hortivoire est un centre d’apprentissage de l’horticulture hors-sol situé à Tiébissou, financé par Agrifer et le gouvernement des Pays-Bas. Il suscite la curiosité de jeunes agriculteurs venus de tout le pays pour se former à cette technique maraîchère. Alors que les sols s’appauvrissent et que le pays importe 70% de ses légumes, le hors-sol promet de meilleurs rendements, l’économie des ressources en eau et une meilleure utilisation des intrants. Mais ce procédé, aussi appelé hydroponie, ne s’inscrit pas dans l’agriculture biologique et soulève également de nombreuses réticences. Le lundi, c'est jour de cueillette. Les 35 apprenants reviennent des serres les bras chargés de cagettes de tomates de variété jarrah. Franck Akoumia, formateur à Hortivoire, salue leur belle couleur rouge corail et leur forme ogivale. « Ce que vous voyez ici, tout va à Abidjan, dans les restaurants, chez les Libanais, chez les Chinois, même à Bassam... La culture est prisée pour sa qualité ».À lire aussiCôte d'Ivoire: quelle agriculture demain?Autre avantage, ces légumes de meilleures qualités sont protégés des maladies présentes dans le sol, comme les champignons ou autres bactéries, « parce qu'on élimine, tout ce qui est maladies liées au sol », ajoute-t-il. « La culture hors-sol nous donne beaucoup d'avantage au niveau de la rentabilité, de la production, de la qualité et puis au niveau de la gestion de l’eau. Les matériels sont basés sur la durabilité aussi donc on peut avoir ces matériels de production sur plusieurs cycles. L’inconvénient unique, c'est seulement le coût d’investissement, c’est ça qui est peut-être l’inconvénient », ajoute-t-il.Construction de l’abri, importation du film horticole et des bâches... Il faut compter environ 4 à 5 millions de francs pour installer une grande serre de 250 m2. À Hortivoire, elles sont au nombre de 6 sur une surface de 250 m2 chacune. Ouvertes sur les côtés, elles accueillent des plants de tomates mais aussi de concombres, de poivrons ou de piments. Ils grandissent dans de petits pots. À l’intérieur, il n'y a pas de terre mais principalement de la fibre de coco, produite localement ainsi que de l’eau fertilisée. « On a deux engrais qu’on appelle A et B qui est composée de tous les éléments nutritifs et on a un dosage bien précis pour faire la fertilisation de la pépinière jusqu’à la récolte », explique-t-il.À lire aussiFace au manque d’eau, les experts cherchent des alternatives pour l’agriculture« Adapter la production »La promesse de meilleur rendement, 6 à 10 fois plus important qu’en plein champ, attire les jeunes agriculteurs qui se forment à Koubi pendant trois mois. Ils sont nombreux à vouloir désormais s’équiper en serre. Jules You, le corps plié en deux, est en pleine séance de repiquage. Il est déjà producteur de manioc à Man et croit au hors-sol pour lutter contre l’insécurité alimentaire. « Parce que les pratiques plein-champs deviennent de plus en plus obsolètes à cause du fait que nous avons toujours les conflits fonciers... Donc comment durer ? Comment rester sur la scène agricole ? Il était important pour moi d’apprendre cette nouvelle technique agricole de sorte à toujours pouvoir adapter ma production », dit-il.L’hydroponie est toutefois loin de faire l’unanimité chez les agronomes. L’utilisation des pesticides et des fongicides reste la norme pour protéger les plantes, tandis que la culture hors-sol ne favorise pas l’épanouissement du microbiote des sols. Une solution à court terme donc, un pansement qui ne permettra pas aux sols, très appauvris, de se régénérer.
11/12/20232 minutes, 26 seconds
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Après Arsenal et le PSG, «Visit Rwanda» signe un partenariat avec le Bayern Munich

Au Rwanda, Kigali accueillait du 1er au 3 novembre le sommet mondial du voyage et du tourisme. Parmi les discussions des conférences, celle de la promotion du tourisme par le sport. Et c’est la stratégie adoptée depuis plusieurs années par le Rwanda qui enchaine les partenariats avec les grands clubs de football européens. Au lever du jour, les jeunes joueurs de la nouvelle académie à Kigali du Bayern Munich sont déjà sur leur terrain d’entraînement. Deux mois et demi après la signature d’un partenariat entre le club allemand et « Visit Rwanda », l’entraîneur Bernhard Hirmer affiche déjà ses ambitions : « Notre principal objectif est de construire une équipe forte pour la Coupe d’Afrique des Nations de 2027. Avec un peu de chance, on peut faire partie des quatre premiers et participer à la Coupe du Monde. C’est notre mission. »Après Arsenal et le PSG, le Bayern Munich est le troisième partenariat du Rwanda. Des contrats au montant confidentiel, avec différents accords pour chaque club : visibilité sur les maillots, les panneaux publicitaires ou les contenus des joueurs sur les réseaux sociaux. Objectif : attirer de nouveaux visiteurs, expliquait au Sommet mondial du voyage et du tourisme Juliet Slot, directrice commerciale d’Arsenal : « Avant que nous commencions, très peu de supporters d'Arsenal connaissaient vraiment les possibilités de venir en vacances au Rwanda. Mais maintenant, 75% d'entre eux disent qu'ils savent que le Rwanda est un pays qui offre des opportunités formidables pour des voyages. »À lire aussiLe Rwanda accueille le Sommet mondial du voyage et du tourisme, une première en AfriqueEn 2022, le Rwanda a accueilli plus d’un million de visiteurs et selon les autorités, le tourisme a généré près de 445 millions de dollars de revenus. Si le retour sur investissement des partenariats sportifs est difficile à quantifier et leur pertinence mise en doute par certains opposants, la stratégie est défendue par Michaella Rugwizangoga, chargée du tourisme au Rwanda Development Board. « Travailler avec des clubs de sport, c’est le positionnement qu’on a choisi en tant que pays. La proportion d’investissement qui entre dans ces partenariats est minime par rapport aux revenus que le pays récolte à travers le tourisme. Aujourd’hui, le tourisme, c’est 10% de notre PIB. Mais sans le marketing, on n’a pas de tourisme et sans le tourisme, on n’a pas les revenus qui sont réinvestis. »Depuis plusieurs années, le Rwanda investit également dans les infrastructures pour attirer les événements sportifs du continent, comme pour le chantier d’agrandissement à 45 000 places du stade Amahoro, estimé à 165 millions de dollars.
11/9/20232 minutes, 22 seconds
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La viande de cajou, un nouveau marché pour les transformateurs sénégalais

La noix de cajou sénégalaise a déjà fait ses preuves et est exportée partout dans le monde. Mais saviez-vous qu’elle pousse avec un fruit, la pomme de cajou ? Des petites entreprises sénégalaises ont découvert que ce fruit pouvait être transformé en une sorte de viande qui constitue un substitut vegan intéressant à la vraie viande, avec un grand marché potentiel. De notre correspondante à Dakar,Le produit, vendu dans des sachets en kraft, ressemble à s’y méprendre à des tranches de bœuf ou de mouton séchées. Pourtant, il s’agit bien d’un fruit. « C’est la pomme de cajou qu’on a transformé d’une manière à pouvoir l’utiliser comme viande », explique Touty Sané. Elle est à la tête d’une coopérative de femmes transformatrices en Casamance, dans le sud du Sénégal.Si la noix de cajou est très connue et exportée partout dans le monde, la pomme avec laquelle elle pousse est moins célèbre. Localement, elle est transformée en jus, mais ça ne permet pas d’utiliser tout le produit. « On a vu qu’il y a tellement de pertes de récolte à travers la pomme, même si l’on enlève le jus. Le reste, on le jette », explique Touty Sané.Le petit fruit jaune ou rouge est tranché, séché et peut ensuite être cuisiné. L’aspect est bluffant et le goût est neutre, ce qui permet au consommateur de l’épicer selon ses goûts.À écouter aussiExportation de noix de cajou : la Côte d’Ivoire devient numéro 2 mondialPossibilités culinaires nombreusesCédric Ekoume est un chef cuisinier français basé à Gex. Il s’intéresse aux gastronomies des quatre coins du monde et a été convaincu par la viande de cajou. « Quand j’ai testé le produit, il fallait le réhydrater. J’ai ensuite cuisiné ça avec des morilles... Une fois réhydraté, on a vraiment l’impression d’avoir des petits morceaux de viande », constate-t-il.Marinée avec de la sauce soja, grillée ou en salade… Les possibilités sont nombreuses, et Cédric, qui a de plus en plus de demandes de plats végétariens et vegan de ses clients, va intégrer la viande de cajou à sa carte.C’est Modeste Bissao, un entrepreneur d’origine sénégalaise établi en France, qui a fait découvrir la viande de cajou à Cédric Ekoume. Un produit qui a, selon lui, d’excellentes valeurs nutritionnelles. « [Il y a] un peu plus de 5% de protéines, des acides gras très bas, et c’est très riche en fibres aussi ou en fer... », indique Modeste Bissao.À écouter aussiL’effondrement de la demande en noix de cajou fait chuter les prixPotentiel énormeRésident à la frontière franco-suisse, il commence à commercialiser ce produit dans les deux pays. Un marché au potentiel énorme, car la demande pour les alternatives végétales à la viande explose ces dernières années. « C’est quelque chose qui pourrait vraiment cartonner à l’international. Nous l’avons en deux versions : nous avons la viande entière et la viande hachée. Donc, nous pourrions même faire des hamburgers avec. »En plus des restaurateurs, Modeste a réussi à intéresser plusieurs magasins bio autour de chez lui. Mais la productivité et le conditionnement doivent être améliorés. « Pour toucher ce marché, il nous faut les structures pour faire la fabrication à la chaîne et en conservant le côté artisanal en même temps. »Sous vide, la viande de cajou se conserve pour l’instant jusqu’à cinq mois.
11/8/20232 minutes, 18 seconds
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Le Mali et le Burkina Faso veulent construire des centrales nucléaires

Le gouvernement de transition du Burkina Faso a signé un memorandum d'entente avec Rosatom à l'occasion de la Semaine russe de l'énergie qui se tenait à Moscou à la mi-octobre. L'agence nucléaire russe a également annoncé un accord de coopération avec le Mali. Pour ces pays, c'est un premier pas vers l'énergie nucléaire civile, mais on n'en est qu'aux prémices. La route vers la production d'électricité d'origine nucléaire est très longue. Il faut former du personnel qualifié, mettre en place une autorité de sûreté nucléaire, la faire valider par l'AIEA, l'autorité internationale chargé de veiller à la conformité du programme. Cela prend du temps, explique Ludovic Dupin, directeur de l'information de la société française d'énergie nucléaire.« La Pologne va lancer un programme nucléaire et elle a lancé ses démarches d'autorité de sûreté nucléaire en 2013. Et elle vient tout juste, en 2023, de recevoir l'aval de l'AIEA pour lancer son programme. Que ce soit des promoteurs russes, des Américains, des Français qui apportent l'expertise de sûreté, ça reste des périodes de temps très longues parce qu'il faut former des gens, en fait, des inspecteurs de sûreté nucléaire, c'est un métier spécifique, cela prend du temps. »Un programme « réaliste »Le Mali a annoncé quatre centrales de 55 mégawatts. Le Burkina Faso s'orienterait vers la technologie des SMR, des petits réacteurs modulaires pouvant aller jusqu'à 300 mégawatts. Effet d'annonce très politique pour certains. Ce n'est pas l'avis de Lassina Zerbo, ancien Premier ministre du Burkina Faso et président du conseil d'administration du Rwanda Atomic Energy Board. Il a été consulté sur ce programme.« Avec les nouvelles technologies, je crois que c'est réaliste. Le nucléaire a évolué, les technologies ont évolué. On parle aujourd'hui de SMR, des Small Modular Reactor, on parle des nanoréacteurs. Avant, on parlait de très grandes quantités d'eau pour les centrales nucléaires conventionnelles, mais avec les SMR, on n'a pas besoin de tant d'eau, on n'a pas besoin de tant d'uranium. Et puis avec le refroidissement au gaz et d'autres méthodes, on arrive à réduire les tailles des centrales nucléaires aujourd'hui. Je pense que c'est réaliste pour les pays africains. »Quelle sécurité pour ces installations ?Pas de détail pour l'instant sur l'accord signé entre Rosatom et le Burkina, ni sur le financement, ni sur le calendrier. Ce n'est qu'un tout début de programme, estime Emmanuelle Galichet, enseignante chercheure en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers à Paris. « On n'en est pas du tout au transfert de compétences. Rosatom est très bien armé, notamment pour les aides financières. Dans leurs partenariats, Rosatom propose très souvent de tout financer au début, donc de prendre en charge toute la partie capitalistique de cette industrie. »Reste la question de la sécurité des installations dans ces pays en proie aux attaques terroristes. Difficile à évaluer pour l'instant, selon Ludovic Dupin. « Les études de faisabilité seront essentielles, pas seulement d'un point de vue technique, mais d'un point de vue effectivement sécuritaire. Et là, il est trop tôt pour dire ce qui va arriver. Est-ce qu'il faut faire du nucléaire dans ces pays-là ? Ça va demander beaucoup d'études et de préparation. »Sur le continent, seule l'Afrique du Sud dispose d'une centrale nucléaire en fonctionnement, mais d'autres pays comme l'Égypte en partenariat avec Rosatom développent actuellement leurs programmes. 
11/7/20232 minutes, 32 seconds
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Au Tchad, la difficile valorisation de la peau de la filière élevage

Le Tchad est l'un des plus grands pays d'élevage en Afrique. Avec un cheptel estimé à plus de 140 millions de têtes, l'élevage est la deuxième ressource du pays après le pétrole et occupe une bonne partie de la population rurale. Mais ce potentiel est très mal exploité. En dehors de l'exportation du bétail sur pied, les autres produits dérivés peinent à s'imposer.
11/6/20232 minutes, 16 seconds
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Comesa: un pas de plus vers la création d'une plateforme de paiement numérique commune

Pour faciliter le commerce transfrontalier entre ses 21 membres, la zone Comesa - le marché commun d'Afrique australe et orientale - met en place des infrastructures de paiement électronique. Le but : sécuriser les paiements, minimiser les coûts et faciliter les transactions pour les micros, petites et moyennes entreprises. En attendant le lancement d’une plateforme dédiée, prévue l’année prochaine, un projet pilote vient d'être dévoilé à Maurice.  De notre correspondant à Port-Louis,La démonstration du système de paiement en ligne du Comesa s’est déroulée devant une cinquantaine d’entrepreneurs mauriciens triés sur le volet. Ils ont pu découvrir les avantages de ce système, très favorable en termes de coût, comme l’a souligné le directeur des opérations du Comesa Business Council, Jonathan Pinifolo.« Cette plateforme de paiement se distingue par son faible coût », prévient Jonathan Pinifolo. « Peu importe le montant d’une transaction, il en coûtera seulement un dollar pour effectuer ou recevoir un paiement. Ce qui n’est pas le cas en ce moment. »Le projet pilote a été lancé en septembre dernier au Malawi. Le portail de paiement en ligne devrait être actif à partir de la mi-2024, avec la participation de 8 pays sur les 21 que compte la zone, à savoir la Zambie, le Malawi, le Kenya, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et Maurice.400 millions de personnes en Afrique exclus du système financier formelÀ Maurice, la Chambre de commerce et d’industrie encourage ses membres à se positionner. « Les chiffres du commerce intra-Comesa sont encore très très faibles. 80 % du marché reste à prendre », indique Namita Jagarnath Hardowar, présidente de la MCCI.Le Comesa estime que 400 millions d’adultes en Afrique sont exclus du système financier formel, ce qui signifie que plus de la moitié des adultes africains effectuent des opérations en espèces. Un service de paiement numérique fiable et fluide est plébiscité par les entrepreneurs, à l’image de Clara Calou, spécialiste des normes de qualité ISO.  « Il y a certainement une attente de mettre les chances de notre côté, de pouvoir échanger. Et cette plateforme-là va beaucoup nous aider », dit Clara Calou. À la question de savoir si elle fait des affaires avec l’Afrique, elle répond : « J’ai des partenaires en Afrique, je fais du service-conseil, je fais des formations et avec mes partenaires, on est en train de s’aligner, et bien sûr l’argent va suivre. »Intégrer les devises africainesLe portefeuille numérique permettra aux utilisateurs de stocker, gérer et effectuer des transactions financières en ligne. Les infrastructures numériques englobent les banques commerciales, les opérateurs de téléphonie mobile et des sociétés de la FinTech.Le modèle a convaincu Rima Ramsarun, l’ex-présidente de l’Association mauricienne des femmes chefs d’entreprises, mais elle souhaite un pas de plus. « Le système de paiement en ligne est un système très intéressant, mais il faudrait aussi dépasser notre attachement aux devises comme l’euro ou le dollar, parce que nous perdons avec le taux de change », déclare Rima Ramsarun.Les Banques centrales du Comesa travaillent à l’intégration des devises africaines dans le système et prévoient des consultations le mois prochain pour harmoniser les protocoles de paiement numériques transfrontaliers.
11/5/20232 minutes, 11 seconds
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Sénégal: en Casamance, le défi de la transformation des mangues

Au Sénégal, on croule sous les mangues. Mais des tonnes de fruits sont perdues chaque année, faute de transformation locale, faute de moyens et d’infrastructures suffisantes. Un important projet d’agropole pourrait apporter un début de solution. De notre envoyée spéciale de retour de Ziguinchor,Dans l’unité de transformation de Siranding Touty Sané, à côté de Ziguinchor, la saison de la mangue touche à sa fin. Sur une table, du thiakry, une farine de mil parfumé à la mangue est en train de sécher. Ici, la mangue prend une dizaine de formes différentes. « On a la confiture, le nectar, la mangue séchée, la moutarde de mangue. On fait aussi du ketchup... », énumère Siranding. La Casamance croule sous les mangues et représente plus de la moitié de la production nationale. Mais chaque année, des tonnes de fruits pourrissent par terre. « Ce n'est pas le savoir qui manque. Il y a pas mal de femmes qui sont formées pour la transformation. Mais l'espace manque aussi beaucoup envers les femmes pour avoir des unités de référence. Les quelques unités qui existent n'ont pas assez d'équipement, parce qu'ils sont lourds et coûteux. » Le séchoir que Siranding utilise pour ses mangues est ancien et ne lui permet d’en transformer que 15 kilos par jour.Une perte massive de production À Bignona, le Groupement d'intérêt économique (GIE) Casaécologie de Maimouna Sambou créé en 2001 rencontre des difficultés similaires. Son produit phare : la pulpe de mangue. Cette année, un client lui en avait demandé 50 tonnes. Mais elle a dû refuser, faute de capacités de stockage suffisantes. « Mes sept congélateurs ont une contenance d'environ trois tonnes. Je suis capable de produire cinquante tonnes de plus annuellement. Pour pouvoir faire cela, il faudrait des chambres froides ou d'autres congélateurs », assure Maimouna.À lire aussiLes notes WhatsApp révolutionnent l'agriculture au SénégalLes transformatrices ont également des soucis pour écouler leurs marchandises dans une région enclavée, mais aussi pour trouver des emballages de qualité ou pour accéder aux financements. « Le taux d'intérêt est cher. Deuxièmement, quand vous déposez une demande de prêt, ça traîne. On vous accorde ça au moment où les produits sont finis », déplore Siranding Touty Sané. Tout comme Maimouna, elles dépendent encore beaucoup de partenaires étrangers. Le lancement de cinq agropoles dans le pays pourrait apporter des solutions.L'agropole sud pour créer une synergie En Casamance, il y aura plusieurs modules de groupages et une grosse plateforme de transformation industrielle pour les petits producteurs et des industriels. L’objectif : encourager la transformation locale pour créer de la valeur ajoutée et de l’emploi. « C'est vraiment, dans l'agropole, de permettre à ces unités de transformation de ne pas forcément être obligées d'aller se délocaliser dans les zones de transformation, mais qu'ils puissent nouer des relations d'affaires par rapport aux industries ou aux usines, qui vont se localiser au niveau de ces zones de transformation », explique Ousseynou Konaté, coordonnateur de l’agropole sudCinquante-trois milliards de francs CFA ont été investis par l’État pour l’agropole sud, qui devrait être lancé d’ici juin 2024, et devrait profiter à 65 000 ménages.À lire aussiDans la Casamance enclavée, une économie fragilisée
11/2/20232 minutes, 16 seconds
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En Éthiopie, le conflit dans la région Amhara fait grimper le prix du teff

En Éthiopie, le conflit en cours dans la région Amhara pèse sur l’agriculture locale. En particulier sur le teff, qui compose l’injera, cette galette à la base de l’alimentation du pays. La région Amhara est la principale productrice de cette graine, dont le prix a presque triplé dans la capitale, rattrapée par les conséquences de la guerre civile. Une augmentation sans précédent qui pèse sur le budget des ménages éthiopiens. De notre correspondante à Addis Abeba,Cette grande galette brune, moelleuse et alvéolée se mange à toutes les sauces et à tous les repas. Mais ces derniers mois, le prix du teff a triplé en Éthiopie. Dans ce magasin, le sujet est sur toutes les lèvres. Même le commerçant s'étonne du prix au kilo : « Ça n’est jamais arrivé. 125 birr ! Je ne sais pas si je suis en train de rêver. 125 birr, c’est énorme et le marché ralentit. »Selam attend que son teff soit nettoyé. Elle est venue acheter sa portion de farine pour la semaine, et doit tout bien calculer. « Pour la maison, nous avons besoin de 100 kilos. Maintenant que c’est cher, nous n’achetons plus que 70 kilos pour un mois. » La mère de famille réduit la quantité, mais aussi la qualité. « Il y a différents types de farine de teff, plus de cinq. Je voudrais la plus blanche, la plus chère. J’en ai besoin, mais c’est trop d’argent. Donc, on doit acheter la farine de qualité moyenne. »De retour à la maison, il faut préparer l’injera pour nourrir les neuf membres de la famille. « Nous n’avons pas le choix, on doit se restreindre. On ne peut pas manger autant qu’on le voudrait. » Mais pas question de se passer de teff. « Pour nous Éthiopiens, notre nourriture, c’est l’injera. Tous les jours, jusqu’à ce qu’on meure. L’injera est notre vie. »Le mécanisme de cette inflation est complexe : dévaluation de la monnaie locale, hausse globale des prix et augmentation des frais de logistique pour les agriculteurs, mais surtout, les conflits passés et en cours ont aggravé la situation, comme l’explique Shiferaw Motiku, consultant en chaîne de valeur agricole : « De manière générale, le teff a toujours été produit dans les régions du Nord. Aussi dans quelques parties de l’Oromia. Donc avec l’instabilité, cela affecte la production et créé une pénurie de teff qui affecte le prix. »Les routes bloquées et les combats empêchent les agriculteurs de travailler et d’exporter leurs produits, fragilisant la consommation du teff, dernier rempart contre la faim.À lire aussiÉthiopie: dans le Tigré, la crise alimentaire empire depuis la suspension du Programme alimentaire mondial
11/1/20232 minutes, 11 seconds
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Nigeria: le métro de Lagos prend timidement ses marques, deux mois après sa livraison

Au Nigeria, la ville de Lagos a inauguré début septembre un tronçon de sa toute première ligne de métro aérien, la Blue Line. La mise en circulation d'un train entièrement électrifié représente une petite révolution dans la capitale commerciale du Nigeria, connue pour ses bouchons et son urbanisme chaotique. La Ligne ferroviaire et son train Bleu qui enjambe la lagune donne à la mégalopole de Lagos des airs de cité futuriste. L'idée est née, il y a presque 40 ans mais les travaux n'ont débuté qu'en 2011 et ils ont pris beaucoup de retard. Le premier tronçon du métro a finalement ouvert le 4 septembre. Fatiu Bulala Opeyemi, un jeune créateur de contenu, est monté à bord : « L’air conditionné, l’espace, tout est frais et les gens se comportaient si bien, ça m'a donné l’impression d’être à Londres, d’être aux États-Unis ! Parce qu’ici à Lagos, même pour monter dans les bus de la municipalité, il faut courir, il faut sauter, il faut pousser ! Mais dans le métro c’est beaucoup plus facile »À terme, deux lignes de métro aérien doivent relier les différents pôles d'activité de la mégalopole de Lagos : marchés, quartier des affaires, et même aéroport. Pour l'instant, seuls huit arrêts sont opérationnels sur la Blue Line, qui en comptera treize au total. Après une période de test au diesel, la locomotive est maintenant entièrement électrique. Une prouesse dans un pays au réseau défaillant et qui souffre de grave pénuries.Timi Soleye est chef de projet pour Lamp Turnkey, en charge de l'alimentation en électricité du train : « Nous avons des infrastructures dédiées, qui permettent à la ligne bleue d’être directement reliée au réseau national d’électricité de deux manières. Mais en plus de ça, nous avons construit une centrale électrique indépendante, qui produit 8 mégawatts d’électricité, et qui alimente un système de batterie. Ce système est relié directement au train et fonctionne sans interruption. Donc en cas de défaillance du réseau national d'électricité, il y a assez de garde-fous pour être sûr qu’il n’y a aucune interruption de la ligne. »Méfiance des usagersMalgré une fréquentation importante aux heures de pointes, les habitants de Lagos affichent encore une certaine méfiance vis-à-vis de ce nouveau moyen de locomotion, de l’aveu même de Joseph Akinpelu, ingénieur auprès de l’autorité des transports de Lagos : « Nous avions projeté qu’il y aurait environ 150 000 passagers par jour sur la Blue Line, mais pour l’instant ils ne sont que 10 000 environ. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux. Les gens ont encore des doutes pour leur sécurité, ils se disent : "Est-ce que je ne vais pas me faire électrocuter si je rentre dans ce train". Il faut juste qu’il y ait une prise de conscience que c’est un moyen de transport sûr. »Le train bleu effectue désormais 54 voyages quotidiens – leur nombre doit passer à 74 par jour d'ici à la fin du mois de novembre.À écouter aussiReportage Afrique - Nigeria : le train moderne entre Lagos et Ibadan
10/31/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: l’autosuffisance alimentaire, une équation toujours difficile à résoudre

Le Congo dépend toujours en grande partie des importations alimentaires pour nourrir ses 5 millions d’habitants. Elles sont estimées à 700 milliards de francs CFA (1,060 milliard d’euros) par an. Son ambition d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au début des années 2000, n’a toujours pas abouti faute, notamment, de financements pérennes. De notre correspondant à Brazzaville,À une centaine de kilomètres au nord de Brazzaville, le Nouveau Village agricole de Nkouo est presque à l’abandon. Ce projet lancé en 2010 réunissait à l’origine plus de 700 exploitants, surtout spécialisés dans la production d’œufs... mais ils ne sont plus qu’une quarantaine aujourd’hui.Stendhal Koussala décrit son expérience avec amertume : « Cela nous fait 13 ans que nous sommes dans le site. Mais, aujourd’hui, cela fait 8 ans que nous sommes abandonnés. Ici, c’est une production médiocre et négligeable destinée juste à la maintenance du village. Sinon le village ne produit plus [comme l’État l’avait voulu, NDLR]. Et pour la maintenance, il y a une production plus ou moins négligeable qu’il y a là. Question de maintenir l’image d’un village producteur des œufs de table. »L'appuie du PDACMalgré les efforts du gouvernement congolais pour tenter d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire en valorisant ses 10 millions d’hectares de terres arables, de nombreux projets ont été abandonnés au fil des années, en raison notamment de la chute du prix du pétrole. Le nouveau village agricole de Nkouo doit sa survie au PDAC, le Projet de développement de l’agriculture commerciale, financé par la Banque mondialeBienvenu Mandilou est, lui aussi, exploitant agricole à Nkouo. « Nous étions parmi les personnes qui imposaient le prix [de l’œuf] sur le marché. Mais, depuis la rupture, nous ne sommes plus visibles sur le marché. Ce que je peux demander [aux autorités] c’est de relancer ce village », indique-t-il.« L'autosuffisance sera à notre portée »La production du village est estimée aujourd’hui à 96 000 œufs par mois, contre plus de 666 000 par mois avant la crise. L’agriculture est un secteur clé pour tenter de relancer l’économie et de diversifier les exportations du Congo, toujours largement dominée par le pétrole. Technicien suivant au jour le jour comment Brazzaville met en œuvre ses politiques agricoles, Justin Alain N’sangou de l’Observatoire congolais des droits des consommateurs souligne que les décideurs ont commis des erreurs et donne quelques conseils :« Il suffit de pérenniser la semence de bonne qualité ; qu’on opérationnalise l’Institut des recherches agricoles vers la production et non vers des théories. Qu’on renforce les capacités des génies du secteur agricole pour que ceux-ci accompagnent les producteurs. Qu’on mécanise l’agriculteur et qu’on rende simple son financement. Certainement, l’autosuffisance sera à notre portée », analyse-t-il.À Nkouo, on pratique également du maraîchage à petite échelle. Et, pour la relance, des activités, les autorités espèrent une promesse des fonds koweïtiens dont le montant n’a pas été révélé.
10/30/20232 minutes, 15 seconds
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Sénégal: les activités minières signent la fin du tourisme à Lompoul

Au Sénégal, ce sont les dernières semaines d’activité pour les acteurs touristiques du désert de Lompoul, à plus de 150 kilomètres au nord de Dakar, sur la côte Atlantique. Ils doivent quitter les lieux le 31 octobre avant le passage de la mine mobile qui extrait le minerai de zircon, exploité par Grande Côte Opérations, société minière détenue à 90% par le français Eramet et à 10% restants par l’État sénégalais.
10/29/20232 minutes, 19 seconds
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Le secteur privé appelé à faire plus en Afrique

Comment mobiliser les capitaux privés en direction de l’Afrique ? Trop peu le sont, notamment dans la lutte contre le changement climatique. Selon les calculs du FMI, avec l’objectif d’une neutralité carbone en 2050, l'effort porté par le privé dans les économies de développement doit doubler. Concernant les infrastructures, il manquerait 108 milliards de dollars chaque année d’après la Banque africaine de développement. Sur le continent, le secteur privé est parfois trop frileux pour investir. Le secteur privé doit être au cœur du financement du développement. Tout le monde semble s’entendre sur ce point. Sauf qu’il n’est pas à la hauteur des attentes. Entre pandémie, guerres, et coups d’État, trop d’incertitudes ou encore trop d’instabilité politique peuvent expliquer ces manquements, selon Maktar Diop, président de la Société financière internationale (SFI), organisation de la Banque mondiale pour le secteur privé.« C'est une des rares fois dans l'histoire de l'Afrique où on peut traverser l'Afrique de la côte ouest à la côte est en ne traversant que des pays qui sont dirigés par des régimes militaires », constate-t-il.Pour 2023, Maktar Diop se targue d'une augmentation de 30% des engagements de la SFI avec des entreprises. Son objectif : rendre les investissements moins risqués en améliorant les instruments de garantie et en s’appuyant sur les banques locales.« Comment aider les banques ? D'abord à avoir cette connexion avec la demande. Parfois, elles n'ont pas l'appétit pour le risque, n'ont pas l'expertise pour étudier cela, donc nous, nous sommes en train de mettre [en place] des instruments de “risk sharing” et on a signé une de ces initiatives avec les banques marocaines », ajoute-t-il.Faire appel aux banques publiques de développementLa réforme de l'architecture financière mondiale enclenchée cette année doit permettre de libérer les investissements. Pour faire tenir l'édifice, des institutions comme la Banque européenne d'investissements (BEI) financent entre autres des projets d'électrification à Madagascar.« L'un des moyens de financer plus de projets, c'est d'utiliser les banques publiques de développement comme la BEI pour faire venir plus d'investissements privés », souligne son vice-président Ambroise Fayolle. « Si avec un euro d'argent public, vous arrivez à avoir 10 euros d'investissements, alors que vous pourriez financer deux euros d'investissement public, vous avez au total fait pour la cause de l'environnement en Afrique. »L'autre chantier pointé par les investisseurs privés, c'est la lenteur des dossiers, comme l'explique Orso Vesperini directeur général délégué du groupe français NGE, spécialisé dans les travaux d'infrastructures.« Tous les investissements qui sont votés et accordés à l'Afrique ne sont pas utilisés pour des histoires de temps nécessaires à l'instruction des dossiers », indique Orso Vesperini. « On a effectivement des dossiers de château d'eau – je ne vous dirai pas où – sur lesquels on travaille déjà depuis trois ans, où on a eu des accords favorables, mais qui finalement n'ont pas vu le jour. »Un temps d'instruction des dossiers incompatible avec les besoins de l'Afrique selon lui. 
10/26/20232 minutes, 16 seconds
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RDC: des entrepreneurs dénoncent la pratique du «prête-nom» chez les sous-traitants

Ce procédé utilisé par grandes entreprises est un goulot d'étranglement du secteur de la sous-traitance en RDC. Selon l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé, 80% du marché est détenus par des étrangers. Les entrepreneurs congolais dénoncent des pratiques de corruption qui favorisent la fraude dans le secteur. Ils exigent des sanctions vis-à-vis des multinationales qui ne respectent pas la loi.  De notre correspondante à Lubumbashi,« Nous avons des fiches de vidange. Chaque fois que nous allons vidanger chez un abonné, il y a une signature de certification. » Patrick Wamanganda est le directeur de la Générale d’assainissement, une entreprise spécialisée dans la gestion des déchets qu’il a montée il y a plus cinq ans à Kolwezi. Avec ses 20 employés, Patrick travaille avec des particuliers, car le marché de la sous-traitance dans le secteur minier par exemple, est verrouillé.Selon lui, les expatriés, gérants d'entreprises vont jusqu'à soudoyer des Congolais pour qu'ils prêtent des noms à leurs sociétés afin d’échapper au contrôle de l'État. « Celui qui décide, c'est un expatrié, il sait que ce marché va produire deux, trois, quatre, cinq millions. Il préfère faire venir ses frères. Ils utilisent un nom congolais ou ils passent par une entreprise congolaise qui a le marché, explique Patrick Wamanganda. Vous qui n'avez même pas un marché d'à peine 10 000 dollars, quand on vous propose 15 000 dollars ou 20 000 dollars, vous ne pouvez qu’accepter. »Le secteur privé n’est pas le seul accusé de confisquer le marché de la sous-traitance, il y a également le secteur public. Germain Pungwe, président du Patronat à Kolwezi l'a dénoncé fin septembre lors du forum Expo Béton. « La FEC Lualaba pense que les marchés publics doivent être une occasion pour promouvoir l'entrepreneuriat en créant des marchés destinés aux nationaux, indique-t-il. Aussi, il a été noté la présence de plusieurs entreprises créées par des décideurs, des donneurs d'ordres qui, au détriment des entreprises traditionnelles du secteur de la sous-traitance, prennent tous les marchés. »Campagne de contrôleDans le secteur de la sous-traitance, 8 milliards de dollars échappent chaque année à l'économie du pays, a déclaré pour sa part le directeur général de l'Autorité de régulation de la sous-traitance. Pour tenter de remettre de l’ordre, l’État a lancé au début de ce mois d’octobre une campagne de contrôle dans le secteur minier. Le souci est de voir les nationaux accéder aux 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance. « Le Congo est au niveau de la sous-traitance, mais les autres pays sur le continent, c'est sur les activités principales que les nationaux doivent détenir des parts sociales, considère Miguel Katemb, est le directeur général de l'autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé. À titre statif, à Dubaï, c'est 50% pour un ressortissant du pays. En Afrique du Sud, c'est 26% des parts dans les sociétés principales pour un Sud-Africain. »Cette année, le nombre des sociétés à capitaux congolais est passé de 4 000 à 15 000. Toutes veulent avoir accès au marché de la sous-traitance afin de relever l’économie du pays.
10/25/20232 minutes, 20 seconds
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Au Tchad, la viande reste chère malgré une forte production

Dans ce pays l’élevage représente 30% au PIB et fait vivre environ 40% de la population, selon le rapport de 2022 de la Banque mondiale. Selon le ministère de l’Élevage, le cheptel tchadien compte actuellement plus de 140 millions de têtes de bétail, pourtant la viande reste très chère sur les marchés et la plupart des Tchadiens n’en consomment pas autant qu’ils souhaiteraient.  De notre correspondant à Ndjamena,Situé en plein cœur du marché, l’abattoir d’Atrone ravitaille presque tout Ndjamena. C’est ici que Claudine Némadji, ménagère, tente de négocier le prix du kilo de bœuf pour le repas du jour : « J’ai acheté de la viande à 2500 Francs c’est beaucoup, normalement, j'aurais dû payer 1 000 francs pour la même quantité. »Si le prix reste élevé, c’est que les propriétaires de bétail réservent une partie du cheptel à l’exportation, comme ici au marché de Dourbali, localité située à 90 km de la capitale. Assis sous un arbre, dans ce marché avec son bâton, Salim Mahamat explique comment il exporte son bétail : « Les éleveurs qui sont ici dès l’arrivée de la saison, mais pour ceux qui sont au sud et qui doivent amener leur bétail au Cameroun ou au Nigeria, il y a le risque de croiser Boko Harram, ils risquent le vol de leurs bêtes ou des agressions. Pour ces éleveurs qui exportent leur bétail sur "pied" vers ces pays, il y a également le coût de l’exportation. Ils engraissent les bêtes sur place avant de les vendre. S’il y avait un abattoir ici, il n'y aurait pas toutes ces tracasseries, ils pourraient le faire sur place. »Création d'un abattoirL’arrivée de la société Laham Tchad qui œuvre dans la commercialisation de la viande, devrait normalement remédier aussi d’autres préoccupations en plus de la cherté de la viande, nous explique le ministre de l’Élevage et des Productions animales, Dr Abderahim Awat Atteib : « Avec l’arrivée Laham Tchad qui va créer le besoin, les gens vont pouvoir travailler sur place. Les éleveurs pourront engraisser leur bétail et au lieu de réserver la viande à l’exportation, ils pourront la vendre à l’intérieur du pays et la viande sera certainement moins chère. »C’est un partenariat pour la reprise de l’abattoir de Moundou et la mise à niveau de l’abattoir de Farcha qui aideront à créer la première zone de quarantaine et la première ferme d’embouche du pays. Toutefois, certaines coopératives s’inquiètent qu’aucune étude d’impact environnemental et social n’ait été rendue publique pour ce projet. « Nous avons pris du retard, mais nous travaillons dans ce sens », répond le ministre.À lire aussiLe Tchad fait le pari de la transformation dans la filière bétail
10/24/20232 minutes, 15 seconds
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Centrafrique: le mauvais état des routes du Bamingui-Bangora freine le développement de la région

Plus de 100 000 personnes vivent dans le Bamingui-Bangora. La plupart des voies de communications terrestres qui desservent cette région proche du Soudan et du Tchad sont impraticables. Les hommes armés profitent de cette détérioration pour commettre régulièrement des forfaits et attaquer les rares camions qui tentent de s’y aventurer. Un véritable calvaire pour les opérateurs économiques. De notre correspondant de retour de NdéléDès que Freddy accélère, le camion bouge et les ennuis commencent. Dans ce genre de route dévastée, le mauvais maniement du guidon ne pardonne pas, l’erreur est fatale. La conduite sur cette route présente tous les dangers. La circulation devient ainsi risquée à cause de l’érosion visible presque partout. Conséquence, les camions et les véhicules de transport en commun empruntent rarement ce tronçon.Dans son camion, Freddy transporte de sacs de manioc, d'arachide, de sésame et de maïs. « C’est un handicap pour les opérateurs économiques que nous sommes, déplore-t-il. Quand il pleut comme ça, la situation devient pire. Il y a de gros trous et les mares sont partout. Le gouvernement doit nous aider à reconstruire cette route. Si les activités économiques tournent mal, les gens vont mourir de faim. »Ces routes qui desservent la ville de Ndélé donnent du fil à retordre aux camions et véhicules de transport en commun qui passent par là. Allassane un commerçant se rend au marché hebdomadaire de Ndélé pour écouler ses marchandises. Mais le camion dans lequel il se trouve est embourbé dans la boue et se retrouve sans secours : « Je sais que le camion va passer un mois ici sans secours. Je ne sais plus à quel saint me vouer. En venant, nous avions dépassé une dizaine de camions qui ont fait des accidents dont certains sont mortels. Des commerçants ont perdu leurs marchandises. Vraiment, ici, c’est l’enfer. »Renforcer la sécurité Pour atteindre aujourd’hui la ville de Ndélé, les taxis-motos font des détours dans la brousse et traversent parfois des zones dont la sécurité est volatile. Les commerçants se font régulièrement dépouiller de leurs marchandises et sommes d’argent. Une dizaine d’entre eux ont été tués en septembre dernier par des coupeurs de routes.Le préfet de Ndélé reconnait ce problème et appelle le gouvernement à renforcer la sécurité dans sa préfecture : « Nous ne cessons jamais de demander aux casques bleus de la Minusca de multiplier les patrouilles dans la zone pour protéger les opérateurs économiques des bandits. Du côté du gouvernement, nous demandons à ce que l’effectif des forces armées centrafricaines soit renforcé dans la zone. Les Faca ont aussi besoin des moyens logistiques pour assurer la sécurité de notre préfecture jusqu’à la frontière. »Aujourd’hui, le prix des marchandises et des denrées alimentaires a presque doublé selon le constat du délégué des commerçants de Ndélé. Un coup dur pour les habitants de cette localité qui vivent avec moins de 1 euro par jour.À lire aussiRCA: le préfet de la région Vakaga veut plus de sécurité sur un axe stratégique avec le Soudan
10/23/20232 minutes, 18 seconds
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La fin des subventions au carburant est-elle proche en Afrique?

Ces aides aux produits pétroliers permettent de faire baisser le prix pour les consommateurs mais elles pèsent lourd sur les finances publiques sur les pays du continent. Certains les réduisent, Ddautres les ont déjà supprimés sous la pression des institutions comme le Fonds Monétaire International.  Il y a d'abord eu le Kenya en début d'année et son président William Ruto pour qui ces subventions n'étaient pas viables : « Ce n'était pas une décision économique, mais politique. Les Kényans n'ont pas mordu car avec les subventions, les prix n'ont pas baissé. »Puis vint le tour du Nigeria : suppression fin mai par le président Bola Tinubu des subventions qui coûtaient environ 10 milliards de dollars par an à l'État : « J'admets que cette décision entraine des couts supplémentaires. Je ressens votre douleur. Mais nous devions le faire pour ne pas descendre plus bas. »Des mesures d'orthoxie budgétaire fortement encouragées par les bailleurs de fonds internationaux comme le FMI. Un des arguments avancés : ces subventions, trop chères, aident en priorité les plus aisés. Montfort Mlachila directeur adjoint Afrique au FMI : « Sans lutter contre ces dépenses qui sont souvent accaparées par les couches sociales les plus favorisées. Cela entraine un excès de dépenses et en même temps, cela ne permet pas au pays d’avoir l’espace budgétaire necessaire pour l’investissement dans l’éducation où les infrastructures, par exemple. »Pression du FMIConséquence de la suppression des subventions. Au Nigeria, le prix de l'essence a triplé. Le diktat des institutions est pointé du doigt dans certains pays. C’est le cas en Tunisie où le gouvernement décide de tenir tête. Au Maroc, pays importateur de pétrole. Les subventions ont drastiquement baissé depuis 2015. Intenable selon le militant Omar Aziki secrétaire général d'Attac Maroc : « C’est toujours le cheval de bataille du FMI "supprimer les subventions". Aujourd’hui, nos prix sont alignés sur les prix internationaux : le prix du gasoil est passé de 7 à 14 dirhams (1,29 euro). Nous sommes l’un des pays où le gasoil est le plus cher. »Sous la pression du FMI, au Congo-Brazzaville le gouvernement a baissé de 30% ses aides au carburant. En Angola la fin des subventions en juin a provoqué d'intenses manifestations. L’une d'entre elle a fait cinq morts. Vera Daves de Sousa la ministre des Finances laisse le flou sur un possible rétablissement des subventions. « Tout est sur la table », expliquait-elle début octobre.À lire aussiL’Afrique est-elle en train de tourner la page des subventions à l’essence?
10/22/20232 minutes, 17 seconds
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Côte d'Ivoire: le salaire minimum face à l'inflation généralisée

Inchangé pendant 7 ans, le Salaire minimum interprofessionnel garanti a été revalorisé le 1ᵉʳ janvier 2023 en Côte d'Ivoire, passant de 60 000 francs CFA (91,34 euros) à 75 000 francs (114,17 euros) par mois. Malgré cette augmentation de 25%, le salaire minimum est toujours considéré comme beaucoup trop faible par les syndicats et les travailleurs, compte tenu, notamment, de la hausse généralisée des prix. De notre correspondant à Abidjan, Un homme de 42 ans, vêtu d'un uniforme jaune, accompagne avec quelques gestes de la main les véhicules qui désirent se garer devant une compagnie d'assurance. Si cet agent de sécurité ne veut pas révéler son nom pour ne pas s'attirer d'ennuis, il accepte de sortir de sa poche sa fiche de paie. « Je touche exactement 92 000 francs. » Une rémunération nette qui comprend également la prime de transport obligatoire. Son employeur a mis trois mois avant de respecter le salaire minimum et peine encore à se mettre en conformité avec la loi, la prime de transport étant fixée en théorie à un seuil minimum de 30 000 francs par mois. Selon ce père de famille, son salaire ne lui permet plus de faire face à la hausse des prix. « Parce qu'il n'y a pas de maison à moins de 40 000 francs. En réalité, ça a été revalorisé, mais la vie est tellement coûteuse. Tout le marché augmente, donc c'est très compliqué. » « Niveau salaire, je ne m'en sors pas »Pour couvrir ses charges fixes, il doit son salut à la générosité des Abidjanais qui laissent quelques pièces ou un billet en reprenant leur voiture – 30 000 à 40 000 francs par mois supplémentaires, soit quasiment la moitié de son salaire. « Étant au travail, je me débrouille pour avoir souvent 500 ou 1 000 francs. Avec ça, j'essaie de garder un peu jusqu'à la fin du mois pour la "popote" de la maison. Sinon, avec 92 000 francs, on ne peut rien faire », ajoute le père de famille.Alors quand des charges exceptionnelles surviennent au cours de l'existence, les difficultés sont nombreuses. Pour cette rentrée 2023, il n'a pas encore scolarisé sa fille de 10 ans. « Je suis en train de faire des efforts pour qu'elle aille à l'école, elle entre en classe de CM2 cette année. Pour qu'elle arrive à passer son examen d'entrée en 6ᵉ cette année, je ferai tous les efforts, même si niveau salaire, je ne m'en sors pas », lâche-t-il.Un salaire minimum insuffisantMalgré un salaire minimum jugé insuffisant pour vivre décemment, certaines entreprises continuent de ne pas respecter ce minimum légal. Les syndicats luttent contre le phénomène, mais aussi contre la répression de ceux qui le dénoncent. « Si l'administration apprend que vous voulez vous organiser en tant qu'organisation de travailleurs, ils se chargent de trouver un argument, n'importe lequel, pour se débarrasser de vous », explique Pierre Koulaté, membre du Bureau de la CGT-CI. Le syndicat souhaiterait que le salaire minimum soit revalorisé et indexé sur l'inflation. Un salaire minimum qui, rappelons-le, concerne un nombre restreint de travailleurs. Selon une enquête menée en 2016, plus de 93% de la population active travaille dans le secteur informel où le droit du travail s'applique rarement.
10/19/20232 minutes, 23 seconds
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L'espoir de la filière coton en Afrique de l'Ouest

Après une année cauchemardesque pour la production attaquée par les jassides, des insectes ravageurs, les grands pays producteurs de coton ont pris les devants et espèrent tous une bien meilleure récolte.  Échaudée par les énormes pertes de production l'année dernière, la filière coton du continent a tout fait pour anticiper les attaques de jassides. Parmi les mesures qui ont été prises, il y a l'homologation de nouveaux insecticides, comme l’explique Jean-François Touré, président de l'association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d'Ivoire : « Dès qu’on a été informé de la situation, la recherche s’est mise en branle et a permis d’identifier des molécules de pesticides efficaces contre les jassides. Or ces molécules n’étaient pas homologuées dans la plupart des pays, notamment en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a rapidement pris les mesures pour que l’homologation se fasse et les fournisseurs d’intrants ont également bataillé pour que les molécules soient disponibles pour la campagne de cette année ».Le Tchad qui n'avait officiellement pas été touché l'année dernière par les jassides – mais avait perdu 33 000 hectares de coton à cause d’inondations – se montre cependant vigilant et a réagi dès que les premiers insectes ont été signalés il y a un mois et demi au Cameroun, de l'autre côté de la frontière, parce que « s’il y a des insectes au Cameroun, la logique veut qu’il y en ait au Tchad aussi », explique le secrétaire général de la CotonTchad. « Nous avons pris les devants en achetant des quantités conséquentes de produits, ce qui nous a permis de traiter rapidement dès que les insectes sont apparus vers Léré au Cameroun », explique Ibrahim Malloum qui espère que le coton du pays sera « sauvé » pour cette campagne. Le Tchad espère produire 50 % de plus cette année, soit 150 000 tonnes, pour atteindre son objectif de 210 000 tonnes d'ici à deux ans. Plus ambitieux, le Mali qui avait perdu la moitié de sa production l’année dernière et chuté à la troisième place des producteurs du continent, espère récupérer sa position de leader du coton africain. « La campagne est prometteuse, nous comptons récupérer notre première place avec une production de 700 000 tonnes de coton graines », confie Boubacar Salia Daou, négociant en coton et président de Millenium Mali.À lire aussiLe Mali cède sa place de premier producteur africain de coton au BéninDes cotonculteurs qui restent trop frileux pour la nouvelle campagnePartout où les produits étaient disponibles, les cotonculteurs ont traité, « parfois même beaucoup trop », assure un négociant basé en Côte d'Ivoire. Par peur d'une nouvelle année noire, certains ont cependant préféré passer leur tour et ont boudé le coton. Résultat, plusieurs pays n'ont pas atteint leurs objectifs d'ensemencement pour cette nouvelle campagne. « Quand on sort d’une campagne difficile, la conséquence pour celle qui suit, c'est un rétrécissement des intentions de culture », explique Papa Fata Ndiaye,  directeur général de la Sodefitex au Sénégal. « Au sortir de la dernière campagne, les producteurs étaient dans le doute et se demandaient si la solution préconisée par les sociétés cotonnières allaient être efficaces contre les jassides. Aujourd’hui, au vu de la façon dont s’annonce la nouvelle campagne, beaucoup regrettent de ne pas avoir fait de coton ».Même s'il s'en est beaucoup mieux sorti que les autres l'année dernière, et a même gagné la place de premier producteur africain, le Bénin est, lui aussi, cette année confronté à une baisse des surfaces dans la région du Centre-Sud. « Le pays se donne deux ans pour retrouver sa production record de 765 000 tonnes, atteinte lors de la campagne 2021-2022 », assure un acteur de la filière.
10/18/20232 minutes, 19 seconds
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Maroc: à Marrakech, le tourisme reprend comme avant le séisme

Les touristes de retour à Marrakech après le séisme du 8 septembre. Les inquiétudes ont été rapidement levées pour les quelque 500 mille personnes vivant du tourisme dans la région. Très peu d'annulations, des réservations au plus haut pour la fin de l'année. La ville ocre retrouve des couleurs après la catastrophe. 
10/17/20232 minutes, 16 seconds
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Cameroun: l'inflation met le secteur de la bière sous pression

Au Cameroun, la bière est un produit de grande consommation, dont le prix est homologué – et c'est un sujet sensible. Fin septembre, l'association de producteurs d'alcool du Cameroun (CAPA), a décidé de réduire drastiquement la ristourne que les détaillants perçoivent pour chaque casier de bière vendu. Il s'agissait pour la CAPA de compenser la hausse des charges de productions, mais cette mesure a provoqué la colère des barmen.  De notre correspondante à Douala,C'est une décision unilatérale qui a été très mal reçue par les détaillants. Inquiets de voir leur ristourne abaissée voire supprimée, le collectif des Barmen du Cameroun a lancé un appel à la grève et menacé de fermer les débits de boissons jusqu'à nouvel ordre. Valéry Ntendie est l'un des initiateurs de ce mouvement de protestation : « On n'a pas compris comment les producteurs peuvent interférer dans nos épargnes. Au lieu d'épargner 245 francs CFA (0,38 euro) désormais l'épargne au niveau du distributeur connait un abattement, donc il va conserver que 122,5 francs CFA (0,19 euro). »Le ministère du Commerce est rapidement intervenu pour demander l'annulation de cette mesure et appeler les différentes parties à la conciliation. Mais cet épisode a mis en évidence les difficultés des sociétés brassicoles qui évoquent l'augmentation de leurs charges et une inflation généralisée. Jean-Pierre Fotso, un distributeur de SABC Cameroun, comprend en partie ces arguments – mais critique la stratégie de la CAPA : « Les sociétés brassicoles pensent que c'est dans la poche des plus petits que nous sommes, qu'ils doivent aller réviser leurs marges, affirme le distributeur. Moi, je crois qu'ils ont fait ça, c'était beaucoup plus pour faire bouger les lignes. C'est pour que le gouvernement puisse accepter qu'on bouge le prix de la bière, au consommateur final. Si on augmente 25 FCFA (0,4 euro) par bouteille de bière, je ne crois pas que ce sera tuant. »À lire aussiComment le géant des boissons Castel réorganise une partie de ses activités en AfriqueLa ristourne des barmen est contenue dans la structure du prix de la bière, qui n'a augmenté que quatre fois en une dizaine d'années. Pour l'économiste Louis-Marie Kakdeu, c'est avant tout à l'État d'encourager la production d'intrants au niveau national, pour que les sociétés brassicoles n'aient plus à les importer à des prix prohibitifs : « Il y a eu effectivement quelques mesures gouvernementales, mais ces mesures n'ont jamais été suffisantes. Les intrants ont augmenté, et le prix de l'énergie, et donc du gaz naturel, qui permettait à ces entreprises-là de couvrir le déficit d'électricité dans le pays, a aussi augmenté de 16%. »Ni les sociétés brassicoles, ni le ministère du Commerce camerounais n'ont donné suite aux demandes d'interviews de RFI sur ce sujet.
10/16/20232 minutes, 16 seconds
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L’Éthiopie choisit deux start-ups recyclant les déchets de café pour les African Startup Awards

Addis-Abeba accueille les prochains African Startup Awards du 25 au 27 octobre récompensent les meilleures start-ups d’Afrique. Pour représenter le pays hôte, les deux start-ups sélectionnées ont toutes les deux trouvé une solution pour réutiliser les déchets issus de la culture et de la consommation du café. Objectif : diminuer la pollution engendrée par cette industrie. Un enjeu important pour l'Éthiopie, 5e producteur de café mondial avec 450 000 tonnes produites par an, dont la moitié est consommée par ses habitants. Au milieu des ateliers de menuiseries d’Addis-Abeba, un petit hangar abrite les locaux de la start-up Husk Energy and technology. Holeyat Berhanu a cofondé cette entreprise avec son ami Yohannes Wasihun. La machine qu’ils ont mise au point permet de recycler la coquille des grains de café en granules combustibles : « Ici, on met les coques de café ou la sciure, la biomasse : la rotation applique une pression sur le matériau et avec la friction, cela créé de la chaleur, une haute température et une forte pression qui compresse la biomasse. À la fin, les granulés sortent très fort et denses. »Cette idée leur est venue en interrogeant les cultivateurs de café : « Ils nous ont dit que les coques de café accumulées dans leur village fermentaient au contact de la pluie. Cela crée une très mauvaise odeur qui rend malade tous les habitants des environs. Autre solution, les brûler, mais cela créé des émissions de carbone. »Entraide des startuppersPour se lancer, il a fallu surmonter plusieurs obstacles, mais dans le milieu des start-up, les entrepreneurs se serrent les coudes. « On communique, on se donne des idées entre nous, c’est comme ça que l’on survit, explique Yohannes Wasihun, cofondateur de Husk Energy & Technology. On est aussi membre de l’association Clean Cooking qui rassemble d’autres entreprises du secteur. On partage nos problèmes et on essaye de les résoudre ensemble. »Parmi les autres startupper prometteurs, Almaw Molla, fondateur de Coffe Resurrect, dont le projet vise à recycler le marc de café pour en faire de l’huile cosmétique mais aussi des farines nutritives : « Nous essayons d’impliquer des ONG pour créer la farine de café. La plupart des cultures vivrières comme le teff ou le blé ne se trouvent pas là où on cultive le café, donc nous essayons de valoriser cette culture d’une autre manière. »Pour le moment, l’entreprise en est au stade de recherche et de développement. Avant de lancer un premier projet pilote en Éthiopie puis sur tout le continent. Le concours des African Startup Awards représente pour ces jeunes entrepreneurs une belle vitrine pour, tenter d’attirer des investisseurs.À lire aussiTrop cher, le café éthiopien peine à se vendre
10/15/20232 minutes, 12 seconds
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Côte d'Ivoire: de nouvelles pistes pour développer la filière rizicole

La Côte d’Ivoire ne produit que 1,2 million de tonnes de riz blanchi par an, pour un besoin évalué à 2 millions de tonnes. Un manque qu’elle doit combler par les importations. Dans les prochaines années, les acteurs publics et privés de la filière espèrent atteindre l’autosuffisance, mais les obstacles sont encore nombreux. De notre correspondante à Abidjan,« Ici, nous avons différentes variétés. Le Basmati, le Bouaké, le CB1 qui est le riz diabétique, qu’on appelle riz noir ou bien riz violet. »Il y en a pour tous les goûts… Grands amateurs de riz, les Ivoiriens en consomment en moyenne 84 kg par habitant et par an. Avec une appétence particulière pour le grain local, explique Mama Dosso, épouse Ohouo, transformatrice et vendeuse de riz assaisonné.« Le consommateur ivoirien sait que le riz local est un très bon riz. Parfumé de nature, selon les saisons, et bon à consommer. Le riz local, c’est un riz de saison. C’est du riz naturel, pas du riz qui dure sur les bateaux… C’est du riz frais tout le temps. »Un besoin de modernisation de la productionLa demande est là, mais l’offre ne suit pas… Pour augmenter le rendement, les acteurs de la filière préconisent, en priorité, de moderniser la production. Yacouba Dembélé, le directeur général de l'Agence pour le Développement de la Filière Riz, l’Aderiz, met en avant le modèle indien.« L’Inde est passée d’un pays importateur de riz à un pays exportateur de riz, grâce à son système de mécanisation. Donc c’est ce que nous avons développé chez nous. Qu'avons-nous fait ? Nous avons incité les jeunes à créer des PME, nous les avons formés et nous les avons équipés. Ce sont ces jeunes qui font de la prestation de service. Quand le paysan a besoin de faire son labour, il peut faire appel à un prestataire qui vient faire son labour et il le paie à la récolte. Grâce à ça, alors que nous étions depuis des années à 4 % de mécanisation, aujourd’hui, en l’espace de deux ans, nous sommes passés à 15 % de mécanisation. »Des sols de plus en plus dégradésSelon les chiffres d’Aderiz, l’État ivoirien a distribué à ces PME 3 milliards de francs CFA de machines agricoles et investit aussi dans des usines de transformation. Mais les producteurs doivent compter avec d’autres obstacles, liés à la dégradation des sols et au changement climatique. C’est ce à quoi tente de remédier le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA). Le Dr. Kouakou Amani Michel est le directeur général adjoint du CNRA.« Le couvert forestier ivoirien est fortement détruit, donc les jachères deviennent de moins en moins longues, donc les sols s’appauvrissent. Il faut donc régénérer les sols. Nous avons aussi les maladies. En lien au changement climatique, de nouvelles maladies apparaissent. Le CNRA doit lutter contre ces nouvelles maladies. Il y a une maladie traditionnelle qui est la panachure jaune. Le CNRA a mis au point des variétés qui sont résistantes à la panachure jaune. »D'ici à la fin de l’année, la Côte d’Ivoire espère être en mesure de produire 4 200 tonnes de semence. Elle ambitionne à terme d’atteindre les 6 000 tonnes annuelles pour pouvoir également ravitailler la sous-région.À écouter aussi8 Milliards de voisins - L'Afrique au défi du riz
10/12/20232 minutes, 18 seconds
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Les industries culturelles africaines en pleine croissance

Cinéma, musique, jeux vidéo, BD, les industries culturelles africaines sont en plein boom. Elles font l'objet d'un intérêt croissant des investisseurs. À Paris, début octobre, s'est tenu le premier forum Création Africa, réunissant des artistes, des acteurs culturels et des investisseurs afin de participer au développement des écosystèmes. Si l'Afrique pèse encore peu dans le business culturel mondial, la donne est en train d'évoluer. Les secteurs culturels africains croissent en moyenne de 7% par an sur le continent, avec à la clé des centaines milliers d'emplois. Créateurs africains et capital étranger, voilà l'une des clés de la réussite de Bayard Afrique, filiale du groupe de presse français, basée en Côte d'Ivoire et qui publie deux titres panafricains pour le jeune public. Laure Blédou en est la directrice éditoriale. Elle fait travailler une cinquantaine d'illustrateurs et d'auteurs du continent, sans oublier l'industrie locale. « On contribue véritablement à développer la chaîne du livre en Côte d'Ivoire », explique Laure Blédou. « Par exemple, le magazine Planète J'aime Lire sort tous les mois depuis six ans. Cela fait six ans que tous les mois, j'imprime entre 5 000 et 15 000 exemplaires de magazines, chez un imprimeur ivoirien. Je ne sais pas si vous imaginez l'impact sur son chiffre d'affaires. Et du coup, aussi sur l'investissement qu'il peut faire par la suite pour acheter telle machine qui va permettre à d'autres éditeurs de bénéficier d'une plus grande expertise et de tarifs plus avantageux parce qu'il y a du volume qui est créée chez cet imprimeur. »Rassurer les financiersMais tous les créateurs africains n'ont pas forcément un partenaire étranger. Et dans les industries culturelles comme ailleurs, le premier problème est celui du capital. Claude Borna est la directrice générale de Sème City, le hub public d'innovation du Bénin. Pour elle, il faut d'abord rassurer les financiers. « Il y a de l'argent en Afrique », pointe Claude Borna. « Il y a des mécènes, il y a des gens qui ont envie d'accompagner les industries créatives et culturelles, mais ils n'ont pas encore la structure qu'il faut pour s'assurer que leur investissement ait un bon retour. C'est cela que l'on est en train de mettre en place. Ce cadre qui va permettre à tous ceux qui sont intéressés à accompagner ces industries de le faire dans les meilleures conditions possibles. »L'Afrique, 5% des industries culturelles dans le mondeSidonie Latère a fondé à Kinshasa Kobo Hub, il y a déjà une dizaine d'années. Un incubateur qui se penche de plus en plus sur les industries culturelles. Selon elle, la solution passe par la formation entrepreneuriale des artistes. « Notre vrai challenge, c'est de dire à l'artiste “la passion, c'est bien. Mais il faut vivre de cette passion.” Et c'est pour cela que nous développons des programmes pour que l'artiste devienne un entrepreneur. La deuxième problématique, c'est qu'il faut créer une industrie. Lorsqu'il y a une industrie, cela veut dire que l'on travaille sur la chaîne de valeur, sur les composantes importantes pour soutenir ces filières-là. »L'Afrique ne pèse aujourd'hui qu'environ 5% des industries culturelles dans le monde. Un marché estimé selon la Banque mondiale à près de 2 500 milliards de dollars.
10/11/20232 minutes, 14 seconds
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Centrafrique: visite de la Maison du miel de Bamingui

En 2019, grâce au financement de la Norvège via un projet de l’Unesco, l’ONG WCS a construit un centre de formation et de production urbaine baptisé « Maison du miel » dans la ville de Bamingui, dans le but d’accroître non seulement la production, mais aussi de permettre aux jeunes de se développer sur le plan socio-économique.  De notre correspondant à Bangui,La Maison du miel de Bamingui possède une dizaine de ruches réparties sur trois hectares de forêts. De l’élevage des abeilles à la commercialisation, les apiculteurs suivent méticuleusement plusieurs étapes. D’abord la récolte est habituellement opérée entre septembre et octobre. Ensuite vient l’extraction qui consiste à vider les cellules contenant du miel encore brut. Le miel passe ensuite en maturation dans une cuve pour la fermentation.Une fois fermenté, le produit final peut être mis en pot, étiqueté et mis sur le marché. Une activité profitable, selon Donassien Paul Ndako un des jeunes apiculteurs. « Une ruche produit entre 40 et 50 litres en fonction des activités des abeilles », explique-t-il. « Dans une année, nous faisons deux productions de six mois. Nos clients potentiels sont des expatriés en mission dans la zone et des commerçants soudanais. Le miel n’existe pas chez eux et quand ils viennent, ils prennent tout chez nos revendeurs. »Deux tonnes de miel brut chaque annéeAvec une taille d’environ 1,20 m, les ruches ont une forme rectangulaire et sont placées à côté des arbres à fleurs pour attirer les abeilles. Aujourd’hui avec ses ruches, Mairen produit environ deux tonnes de miel brut chaque année. « Il y a onze groupements d’apiculteurs qui travaillent ici à la Maison du miel. Chaque groupement est composé d’une trentaine de membres », détaille Mairen. « On travaille tous ici, c’est pourquoi le rendement est meilleur. Chacun de nous à une famille. C’est grâce à cette activité qu’on s’occupe de la scolarité, du soin, de l’alimentation et tous les besoins nos familles. Ça nous permet de vivre et d’organiser nos vies. »50 % des jeunes au chômage à BaminguiLe miel est un trésor que l’on retrouve sur tous les marchés de Bamingui et de la Centrafrique en général. Christian Singa est un grand amateur de miel. « Je suis un consommateur par excellence du miel. Ici, ils fabriquent le miel brut de très bonne qualité », assure-t-il « En effet, à l’hôpital, les nutritionnistes me disent toujours que les vertus sont bonnes pour la santé. Je donne ça tous les jours à mes enfants, car ça leur permet de bien mémoriser les choses. Dans le mois, moi et ma famille, nous utilisons un litre et demi. Moi, je le consomme avec du citron et je me sens toujours fort ».À Bamingui, le chômage touche 50 % des jeunes âgés entre 15 et 24 ans selon les autorités locales. L’apiculture permet aujourd’hui à une cinquantaine d’entre eux de se mettre à leur propre compte. Le rêve de ces jeunes est de faire de la Maison du miel une entreprise d’exportation du miel dans le monde entier.
10/10/20232 minutes, 18 seconds
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Dans la Casamance enclavée, une économie fragilisée

Au Sénégal, les bateaux qui assuraient la liaison entre Dakar et la Casamance, au sud du pays, sont toujours à l’arrêt. La mesure avait été initialement prise pendant les violentes émeutes de début juin pour des raisons de sécurité, mais aucune reprise n’est annoncée. Et dans la Casamance enclavée, cette suspension pèse sur les commerçants qui dépendaient de ces rotations pour écouler leurs marchandises. De notre envoyée spéciale à Ziguinchor,En face du port de Ziguinchor, le restaurant Madiba est vide à l’heure du déjeuner. Il y a quelques mois, pourtant les clients se bousculaient. Les deux employées sont assises et passent le temps sur leur téléphone.Néné Gueye a une vingtaine d’années. « Il y avait beaucoup de monde, même la terrasse devant était pleine. C’était très fréquenté. Il y avait des Sénégalais, des Occidentaux, des Peuls de Guinée, tous venaient ici. Mais il n’y a plus personne. C’était le bateau qui nous amenait les clients »Avant la mise à l’arrêt des bateaux reliant Dakar à Ziguinchor, cinq personnes travaillaient au restaurant. Elles ne sont plus que deux. Néné est inquiète : « On a nos familles à charge, et on se prend aussi en charge. On a vraiment besoin de cet argent », insiste Néné.À quelques mètres de là, au marché de l’escale, un ancien bâtiment colonial décati, c’est la même désolation pour les vendeuses qui attendent désespérément les clients… Fatoumata Konté y travaille depuis 30 ans. « On pouvait gagner jusqu’à 50 000 francs, mais aujourd’hui, on gagne à peine 20 000. Regarde les tables ! On ne vend plus. Avant, les gens venaient ici le matin pour acheter des citrons, des fruits de mer ou des poissons fumés avant d’embarquer. Maintenant, ils partent à la gare routière ou prennent l’avion et ne peuvent pas prendre grand-chose. »Du bateau au busLa rotation avait lieu quatre fois par semaine, et représentait une grande partie de la clientèle du marché. Les voyageurs se rabattent désormais sur le bus, tout comme les commerçants qui veulent envoyer leurs produits à Dakar. Les îles du fleuve Casamance profitaient de l’arrêt du bateau sur l’île de Carabane pour écouler leurs marchandises.Amy Gueye, transformatrice de poisson sur l’île de Diogué a perdu beaucoup d’argent. « Moi, je paie aujourd'hui 70 kilos à 13 000 francs CFA, plus le porteur, 2 000 », soit près de 15 000 francs CFA.  Auparavant, elle payait la moitié de cette somme pour envoyer son poisson fumé vers Dakar, environ 7 000 francs CFA. La capitale sénégalaise représente une grande partie de ses ventes.Et pour l’instant, aucune date n’est connue pour la reprise des liaisons par bateau. « J'ai même appelé le celui qui est à Carabane. Il m'a dit qu'il [n'a pas de nouvelles] du bateau. Il ne sait pas pourquoi. On attend toujours. », regrette-t-elle.Le bateau contribue grandement au désenclavement de la Casamance, région du Sud, séparée du reste du pays par la Gambie. La saison touristique reprendra en novembre, et tous les acteurs économiques espèrent la reprise des liaisons d’ici là.
10/9/20232 minutes, 20 seconds
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Insécurité au Sahel: comment relancer la filière agricole

La situation des agriculteurs et l'avenir de la filière s'avèrent préoccupantes au Sahel. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dénombre plus de 3 millions de déplacés internes rien qu'au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Face à cette dégradation sécuritaire, comment développer la filière agricole ? C'est le sujet d'un rapport de l'Institut Montagne, qui appelle à investir dans l'agriculture en Afrique de l'Ouest. Vols de bétail, pillages des récoltes, les exactions dans de nombreuses localités du Sahel poussent les paysans à l'exode, témoigne Ousseini Ouedraogo ingénieur agronome burkinabè, directeur du Roppa, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest.« Beaucoup de paysans se sont déplacés en laissant leur patrimoine », explique Ousseini Ouedraogo. « Actuellement, même si ce n'est pas dans l'ensemble des zones, on assiste à un retour parce que des zones ont été libérées. Mais cela a affecté la production, la situation de la sécurité alimentaire dans beaucoup de localités et dans certains pays tout entier. »À écouter aussiAgriculture en Afrique: il faut «produire des engrais, financer la recherche et les infrastructures»Des retours de paysans sur leurs exploitations observés à Kombori ou Aoréma dans le nord du Burkina Faso, selon le directeur du Roppa. Mais ce délaissement des zones rurales est un des terreaux de l'insécurité dans la région, explique Jonathan Guiffard chercheur associé à l'Institut Montaigne à Paris.« Un des facteurs principaux du recrutement des groupes jihadistes, c'est la marginalisation économique des populations rurales. Ce sont elles qui ne bénéficient pas des mêmes ressources et des mêmes richesses que dans les villes. On a affaire avec des pays qui sont, certes, peu développés, mais qui ont quand même une croissance importante avec beaucoup d'opportunités économiques assez mal distribuées. »Cibler les investissementsLe rapport coécrit par Jonathan Guiffard (à consulter ici) est un appel à investir dans la filière agricole ouest-africaine. Un appel à stabiliser la politique foncière, construire de nouvelles infrastructures, prendre en compte un sujet trop longtemps délaissé« Ce rapport ne propose pas des solutions complètement révolutionnaires, mais pointe le fait qu'il y a beaucoup de sujets différents, qu'il faut tous les traiter en même temps. Il n'y aura pas une politique publique qui réponde à un des segments qui va régler le problème du développement agricole, ce n'est pas vrai. Par contre, en travaillant sur ces différents segments, notamment le public et le privé ensemble, on estime qu'il y aura des améliorations significatives. »À écouter aussiAgriculture en Afrique: «Il faut plus d'investissements dans le système agroalimentaire»Des investissements d'accord, mais pas n'importe lesquels, rappelle Ousseini Ouedraogo. « Il faut bien cibler, et il faut bien encadrer. Un investissement dans le domaine de la transformation agroalimentaire, un investissement qui va orienter, faciliter l'accès des petits producteurs au marché domestique, c'est un bon investissement. Mais un investissement qui va créer de l'accaparement des terres, ce n'est pas un bon investissement. »Il appelle les États à investir, notamment pour réduire les pertes alimentaires. Elles représentent environ un tiers de la production en Afrique subsaharienne.
10/8/20232 minutes, 18 seconds
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Les notes WhatsApp révolutionnent l'agriculture au Sénégal

Au Sénégal, la population a adopté la messagerie WhatsApp depuis des années, les agriculteurs aussi. Ils rejoignent de nombreux groupes selon leurs cultures, ou les organisations paysannes dont ils font partie. Les messages vocaux en langues locales beaucoup utilisés pour échanger leurs expériences ou leurs bonnes pratiques. Tous ont ainsi accès à l’information, y compris ceux qui ne savent pas lire. De notre correspondante à Dakar, « Bonjour les agriculteurs du Sénégal ! »« Nous n'avons pas d'engrais ici à Kédougou, nous attendons toujours. »Ces messages rythment désormais les groupes WhatsApp d’agriculteurs au Sénégal. Des vocaux partagés dans les langues locales comme le wolof ou le pulaar sont utilisés quotidiennement par les agriculteurs sénégalais. « C’est très important de mettre un vocal, le producteur pourra le lire. Même les informations d’actualité agricoles dans le développement rural », vante Niemna Diahite, productrice de maïs et membre de plusieurs groupes WhatsApp de producteurs.Les agriculteurs se tiennent aussi au courant des conditions climatiques, avec par exemple les bulletins météo de l’ONG Jokalante qui sont partagés dans ces groupes. Ils peuvent également se prévenir en cas d’arrivée d’espèces invasives. « L’exemple qui circule le plus, ce sont vraiment les informations sur les biopesticides, constate Absa Mbodj, coordinatrice de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal), une plateforme multi-acteurs qui anime plusieurs groupes WhatsApp pour les agriculteurs intéressés par l’agroécologie. Les modes de préparations sont issus de produits accessibles à tous les producteurs (feuilles de neem, de haie, du savon, du piment...) Le fait de partager des notes vocales sur la préparation de ces biopesticides, ça, c’est une pratique répandue et qui circule vite. »Certains membres partagent aussi des vidéos de leurs récoltes ou demandent de l’aide quand ils ont du mal à écouler leurs stocks comme cette cultivatrice de gombos : « Le marché pose problème. On en est à notre troisième récolte. »Pour Raphaël Belmin, agronome au Cirad, l’utilisation des messages vocaux vient améliorer un maillage territorial défaillant : « Au Sénégal, les services de vulgarisation n’ont pas les capacités de toucher tous les paysans. Sur un ratio d’un agent de vulgarisation pour 10 000 paysans. En plus, ces services sont sous-dotés, ils n’ont souvent pas les moyens d’aller sur le terrain. »Un dernier obstacle reste d’avoir un smartphone, ce qui pourrait créer des inégalités d’accès à l’information entre les agriculteurs qui ont et ceux qui n’en ont pas.
10/5/20232 minutes, 22 seconds
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Made in Moris: 10 ans après, un label solidement établi à Maurice

Dix ans après sa création pour sauver l’industrie locale de la libéralisation croissante du commerce, Made in Moris est devenue plus qu’un label. C’est un véritable mouvement qui est en marche à Maurice. Avec pour mission de valoriser les produits locaux et de préserver le savoir-faire mauricien face à la concurrence étrangère. Plus de 200 produits et services mauriciens ont adopté fièrement cette nouvelle identité. Quand le mouvement Made in Moris a été lancé au début des années 2010, c’était pour résister à une nouvelle vague de libéralisation du commerce et à l’afflux de produits importés. Les industriels mauriciens qui dépendaient du marché intérieur devaient d’entrée surmonter un obstacle majeur, se souvient Catherine Gris, chargée de mener à bien le projet Made in Moris : « Le produit mauricien était complexé. À part quelques produits phare, ce n’était pas une évidence de vouloir communiquer sur le fait qu’ils étaient fabriqués à Maurice. »À cette époque, les produits mauriciens étaient moins visibles dans les supermarchés et les boutiques. Les producteurs locaux, rassemblés au sein de l’Association of Mauritian Manufacturers, sont allés chercher dans l’île d’à-côté, La Réunion, le modèle nécessaire pour relancer le marché intérieur. « On s’est inspiré de ce qui se faisait à La Réunion, explique Vincent d’Arifat, qui présidait alors cette association. L’Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion) nous a accompagnés. Il nous a ouvert leurs portes, on a appris et on s’est adaptés. »Dix ans après, Made in Moris est solidement établi. La marque regroupe une gamme de 228 produits et services. La chaîne hôtelière Attitude, avec neuf établissements, est devenue la vitrine de Made in Moris dans le secteur du tourisme. Son PDG, Jean-Michel Pitot, a fait le choix du local et de l’économie circulaire : « À partir du moment où on fait partie d’une famille comme Made in Moris, il fallait voir intra-famille on pourrait grandir ensemble. On a démontré cela clairement quand on a fait l’hôtel Sunrise Attitude. On a fait appel à des entrepreneurs locaux, on leur a dit : "les gars, il faut sortir des sentiers battus, faites-nous des choses différentes". »Made in Moris est doté d’une administration et d’un personnel chargé de son développement. Potentiellement, les 350 grandes entreprises et 12 000 PME mauriciennes peuvent adopter le label. La marque se fait une place dans les nouvelles technologies. Dans ce segment, la start-up Mips (Multiple Internet Payment Systems), un facilitateur de paiements en ligne et du commerce électronique, est devenu un acteur de référence. « Actuellement, il y a plus de 50% du trafic e-commerce mauricien qui passe à travers les rails du Mips, note Sébastien Leblanc, fondateur de cette plateforme. Nous avons réussi ce que les banques n’ont pas réussi à faire pendant des années, c’est-à-dire réduire le cout d’acquisition d’un paiement. »Mips étend ses activités sur le continent, notamment aux Seychelles, à Madagascar, en Ouganda et en Côte d’Ivoire. C’est un des grands symboles de réussite du label Made in Moris, 10 ans après sa création.
10/4/20232 minutes, 21 seconds
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RDC: l’économie à l'arrêt à Kakanda après la suspension du minier Boss Mining

Plus de quatre mois après avoir été sanctionnée par le ministère des Mines en RDC, les activités de Boss Mining, membre du groupe ERG, sont à l’arrêt jusqu'à la fin du mois de novembre. Les conséquences économiques se font déjà sentir dans la cité de Kakanda où est installée la société qui produit du cuivre et du cobalt. Ses employés craignent pour leur avenir, car les entreprises de la sous-traitance ont fermé leurs portes. De notre correspondante à LubumbashiLes activités économiques dépendent à 90% de Boss Mining à Kakanda. C’est la seule entreprise opérationnelle dans cette région. Marcel Kalubi vend divers produits au marché de Kakanda. Depuis que la société est frappée par des sanctions du gouvernement congolais, son commerce ne tourne plus. En trois ans, il a perdu plus de 70% de son chiffre d’affaires. « Boss Mining avait au moins 3 000 travailleurs et 2 000 étaient résidents à Kakanda. À ce moment-là, les activités marchaient correctement. Moi, par exemple, je pouvais réaliser les recettes d’un million de francs congolais sur deux ou trois jours. Mais actuellement, ma recette journalière ne dépasse pas 40 000 francs congolais. Kakanda, sans Boss Mining c’est difficile », se désole le commerçant.Difficile également pour les travailleurs de cette entreprise, car leur avenir est hypothétique. La société n’a relancé ses activités minières qu’en novembre 2022 après trois ans d’interruption. ERG et son partenaire la Gecamines avaient décidé de consacrer cette période à l’entretien des équipements et à la mobilisation des investissements. Six mois seulement après la reprise, la société est sanctionnée pour avoir causé la mort de huit personnes et des dégâts importants suite au débordement de son bassin en avril dernier. Pourtant, Boss Mining prévoyait atteindre, à la fin de l’année, une production de 1 800 tonnes de cuivre et 300 tonnes de cobalt. Cet agent de l’entreprise qui a requis l’anonymat est inquiet.Des conséquences au quotidien « Nous avons cette crainte de voir ces sanctions pousser l’entreprise à fermer. Il y a aussi les entreprises de sous-traitance qui étaient ici et qui ont déjà arrêté leurs activités. Certains travailleurs de ces entreprises sont en congé technique. Nous, de Boss Mining, sommes encore là, mais nous craignons que cette sanction puisse nous envoyer au garage. »La communauté de cette ancienne cité Gecamines est aussi impactée par l’arrêt des activités de Boss Mining. Le coût de l’eau et de l’électricité par exemple, pris en charge jusque-là par la société, risque de retomber sur cette population. Le secteur de l’éducation n’est pas épargné, indique Ben Kabajika, coordonnateur de la société civile de Katanga : « À ce jour, plusieurs familles n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école à cause du manque de moyens financiers. Le phénomène d’enfants mineurs (présents dans les carrières minières) commencent à prendre de l’ampleur. Le pouvoir d’achat baisse sensiblement, car Kakanda vit grâce à la présence de la société. »Une équipe du ministère des Mines vient d’effectuer une mission d’évaluation dans cette cité. Les travailleurs de Boss Mining et les communautés locales espèrent voir le gouvernement lever les sanctions sur cette entreprise, leur seule source de revenus.
10/3/20232 minutes, 11 seconds
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Togo: des solutions concrètes pour attirer les touristes à Aného

L'IFTM Top Résa, un des plus grands salons du tourisme international, s'ouvre aujourd'hui à Paris. Une vingtaine de jeunes africains sortent d'une résidence de plusieurs mois où ils ont émis des propositions, et lancer des projets pour mieux vivre et développer les villes secondaires africaines. Ce programme émanant de l'incubateur de politiques publiques « Je m'engage pour l'Afrique » a permis de dégager des solutions concrètes. Côté tourisme, c'est sur la ville d'Aného au Togo que ces jeunes – rencontrés à Paris – ont concentré leur travail. À 50 kilomètre de Lomé se trouve la ville côtière d'Aného, des paysages de cocotiers, des nuances de bleu, à l'embouchure du lac Togo.« C'est une ville qui regorge de paysages... Une véritable station balnéaire en réalité, si le potentiel est véritablement exploité », soutient Marlène Békalé. Gabonaise de 27 ans, elle est consultante en affaires publiques et résidente du programme « Je m'engage pour l'Afrique » à Paris.« Il y a un fort chômage et pourtant il y a aussi un énorme potentiel, qu'il soit culturel ou naturel. L'angle d'attaque était de savoir comment on réussit à créer un lien de sorte qu'on puisse pallier ce défi de potentiel inexploité et de travail, de formation, de développement économique local », explique Marlène Békalé.« Une ville ne naît pas touristique, elle le devient »Le chômage est un frein au développement touristique. La proposition faite par les jeunes résidents pour les jeunes d'Aného : c'est la création d'un centre de formation pour les métiers de l'accueil, notamment en hôtellerie restauration.« Nous savons que c'est une ville qui reçoit beaucoup, qui organise des événements majeurs, et nous pensons que ce sera utile non seulement pour les acteurs locaux, mais également pour la jeunesse qui recherche de l'emploi, car cela va valoriser le terroir. Cela va le faire connaître à l'étranger et beaucoup de touristes pourront s'y intéresser [...]. Une ville ne naît pas touristique, elle le devient. Et c'est ce que nous proposons », insiste Kevin N'Chanda, Camerounais de 27 ans également, et aussi consultant en affaires publiques.Prolonger la dynamique touristiqueL'inquiétude à Aného, c'est la montée des eaux. Des travaux routiers, des aménagements côtiers et la construction de digues il y a plusieurs années avaient relancé une activité touristique moribonde. Avec cette école de formation, Marlène Békalé entend prolonger la dynamique.« Le but pendant ces trois mois, ça a été aussi de pouvoir mettre autour de la table de différentes parties prenantes qui communiquaient difficilement », explique-t-elle. « Concrètement, on a eu le maire d'Aného et on a eu un groupe hôtelier, Onomo. On a réussi à les mettre autour de la table, discuter avec eux, proposer le projet, voir ce qui était possible et essayer de raccommoder au mieux. »Le Togo a fait du tourisme un secteur clé pour les prochaines années. Avec 1 million de visiteurs en 2021. La montée en puissance stoppée nette par l'épidémie de Covid-19 semble repartir plus belle. 
10/2/20232 minutes, 10 seconds
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Côte d'Ivoire: coup d'envoi de la nouvelle saison du cacao

En Côte d’Ivoire, c’était l’événement le plus attendu du Salon de l’agriculture, lancé vendredi dernier pour une semaine : le lancement de la nouvelle saison de café-cacao 2023-2024. Avec, surtout, l’annonce du nouveau prix bord champ du cacao, très attendue par les planteurs. De notre correspondante à Abidjan,Devant une audience pendue à ses lèvres, le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, aura fait durer le suspense jusqu’à la fin de son discours. Car c’est un chiffre que tout le monde attendait : le prix garanti aux planteurs du kilogramme de cacao pour la nouvelle saison.« Tenez-vous bien ! Le kilogramme fermenté, bien séché et bien trié, est de 1 00 francs CFA », déclare le ministre sous les applaudissements. « De 900 francs, on est aujourd’hui à 1 000 francs. Si vous voyez bien, ce sont environ 210 milliards de francs qui s’ajoutent sur les revenus des paysans. »Tous les acteurs de la filière étaient représentés, et certains planteurs ont laissé éclater leur joie, comme Assata Doumbia Koné, qui s’est réjouie de la hausse des cours du cacao sur les marchés mondiaux, liée aux mauvaises récoltes en Afrique de l’Ouest. « Dans mon champ, effectivement la production a baissé. Je pense que c’est l’offre et la demande… Nous, c’est ce qu’on cherche. Le prix, il est vraiment bien pour cette campagne »« Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés... »Un avis que ne partage pas Maurice Sawadogo. Ce producteur de café-cacao près d’Abengourou, à l’est du pays, dans un village situé à 18 kilomètres de la frontière, espérait voir la Côte d’Ivoire s’aligner sur les prix du Ghana.« C’est sur le même marché international que les deux pays vendent. Les deux pays sont en contact, ils travaillent [ensemble] sur l’initiative cacao », explique-t-il. « Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés… Avec le changement climatique, avec les maladies et autres. Et je suis désolé que nous ne prenions pas en compte le producteur. C’est un prix qui devrait aller contre la pauvreté en milieu rural. Ce prix-là ne peut pas les faire sortir de la pauvreté », déplore-t-il.Durant la cérémonie, le directeur général du Conseil café-cacao, Yves Brahima Koné, a d’ailleurs mis en garde contre « la fraude aux frontières », c’est-à-dire la vente du cacao de Côte d’Ivoire hors de son territoire. « Je voudrais sur ce point dénoncer les compatriotes qui ont choisi leurs intérêts personnels au détriment de leur pays, notre chère Côte d’Ivoire. Nous serons intraitables pour démanteler ces organisations criminelles », prévient-il.Le prix du café, lui, a été fixé à 900 francs CFA le kilo, soit 150 francs CFA de plus que la dernière campagne.
10/1/20232 minutes, 19 seconds
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En Guinée, un fonds de garantie pour faire respirer les PME

La Guinée vient de se doter d’une nouvelle institution financière : le Fonds de garantie des prêts aux entreprises (FGPE). Cette nouvelle institution unique en son genre a pour mission de faciliter l’octroi de crédits bancaires aux Petites et moyennes entreprises par un mécanisme de partage des risques. Le FGPE bénéficie de l’appui technique et financier de la Banque mondiale. De notre correspondant à Conakry,C’est une institution qui a pour mission de booster l’offre de crédits grâce à la réduction des contraintes sur le financement des petites et moyennes entreprises. Abdoulaye Diallo, le directeur général de cette nouvelle institution mise en place par les autorités guinéennes, donne des explications.« Le fonds de garantie des prêts aux entreprises est un établissement financier spécialisé qui a pour objectif de faciliter le poids de crédit aux PME qui, comme vous le savez, même en temps normal, plus gravement en temps de crise, souffrent du rationnement de crédit ».Des bailleurs de fonds et non des moindres apportent leur appui à cette nouvelle institution. « Pour le moment, c'est la Banque mondiale et nous avons de bonnes perspectives avec d’autres bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux qui montrent des intentions pour diversifier les possibilités du fonds, notamment sur les secteurs comme l’agriculture, l’entrepreneuriat féminin et le secteur des start-up », poursuit Abdoulaye Diallo.L’État engagé à mobiliser des fondsOutre la Banque mondiale, l’État guinéen s’engage lui aussi à mobiliser des fonds. C’est pourquoi les PME seront les premières bénéficiaires de ce fonds de garantie, selon la ministre de l’Industrie et du Commerce, Louopou Lamah.« La mission principale sera de booster les activités du secteur privé en général et surtout celles des petites et moyennes entreprises en particulier. C’est une étape importante qui pose les bases d’une relation de confiance entre les acteurs financiers et ceux du privé, chose indispensable au renforcement du climat des affaires dont les retombés auront un impact positif sur le quotidien des populations ».La mise en place de cette institution financière rassure les opérateurs économiques guinéens. « Nous avons accueilli avec satisfaction, avec beaucoup d’espoir la mise en place de ce fonds de garantie d’autant plus que nous témoignons la volonté, la détermination du colonel Mamadi Doumbouya et de son gouvernement pour avoir initié et instauré la mise en place du fonctionnement de ce fonds de garantie », souligne El-hadj Mamadou Balde, le président de la Chambre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat de Guinée.Le Premier ministre guinéen, Bernard Goumou, parrain de la cérémonie, a invité la nouvelle direction de cette institution financière à vulgariser leurs activités dans tout le pays.
9/28/20232 minutes, 13 seconds
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Face au manque d'eau, la permaculture gagne du terrain en Tunisie

Depuis une dizaine d’années, la permaculture gagne du terrain chez les petits agriculteurs et néoagriculteurs qui tentent de créer des cultures moins dépendantes de l’eau et plus adaptées aux changements environnementaux tunisiens. L’objectif : garantir une autosuffisance alimentaire à leur échelle, mais aussi arriver à vivre de leur agriculture, un secteur qui représente 10% du PIB en Tunisie et est composé à 80% de petits agriculteurs en gestion familiale. De notre correspondante à Tunis,En arrivant vers la ferme d’Amine Ben Abdallah, agriculteur céréalier, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, le contraste est saisissant : ses cultures sont déjà verdoyantes malgré un été caniculaire. En face, des champs de blé étalés le long des versants des collines sont complètement asséchés« Quand on a commencé à exploiter en 2007, c’était un champ de céréales, avec un sol mort, c’est-à-dire sans activité biologique et qui ne fonctionnait que si l’on mettait des tonnes d’engrais et de produits chimiques et petit à petit, comme vous voyez, on a commencé à retravailler, explique l’agriculteur. Et la première chose que l’on a faite, c’est des terrasses, des gros terrassements pour éviter le ravinement de l’eau, pour pouvoir retenir l’eau, la matière organique, et créer des micro-climats puis commencer à planter des arbres en ligne », détaille Amine Ben Abdallah.« En face c'est un désert ! »Ces techniques agro-écologiques et agro-forestières lui ont permis de continuer à assurer la production de céréales alors que cette année, le nord-ouest du pays a été gravement affecté par la sécheresse. La récolte céréalière a baissé de 66% à l’échelle nationale. « On continue maintenant à faire des céréales entre les rangées d’arbres, dans les terrasses. On voit déjà que l’herbe qui reste, elle est très importante, il y a beaucoup de matière organique alors que le champ d’en face, c’est un désert », constate l’agriculteur. Le champ d’en face, c'est celui de son voisin qui travaille en agriculture conventionnelle. « Chaque année, je vois sa terre avec l’eau qui, à chaque grosse pluie, part dans la rivière en bas, se ravine, s’érode et progressivement les rendements chutent », poursuit Amine Ben Abdallah.Au sud de Tunis, Slim Zarrouk, expérimente aussi une agriculture écoresponsable sur d’anciennes terres familiales, dans la ferme d’El Berima. « Ce n’était pas un choix, précise-t-il. J’ai eu un incendie, il y a huit ans de cela et puis à l’époque, je m’intéressais à la permaculture. Ce n’était qu’un verger de citronniers. Je me suis décidé à diversifier un peu et d’appliquer les principes de la permaculture. Et c’est comme ça que tout a commencé. Donc ici, on a toutes les strates. On a la canopée, avec ici un arbre forestier. »Un arbre sans fruits, mais qui sert à fixer l’azote du sol ou encore comme fourrage. Au pied de certaines cultures, des peaux de mouton, matière organique et paillage pour protéger le sol. Lui et Amine tentent de vivre des produits de leur ferme, en vendant directement au consommateur via l’Association tunisienne de permaculture qui forme gratuitement les Tunisiens souhaitant se lancer dans ce type d’exploitation.À écouter aussiC’est quoi la permaculture ?
9/27/20232 minutes, 31 seconds
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Congo-Brazzaville: faute de subventions, les journaux congolais ferment les uns après les autres

La presse privée congolaise est dans la galère. Au moins une trentaine d’hebdomadaires ont mis la clé sous la porte ces dix dernières années, faute de moyens financiers et de subventions. Leurs promoteurs souhaitent voir la redevance audiovisuelle (RAV) être étendue à cette presse privée. À quelques pas de la place de la Grande Poste, en plein centre-ville de Brazzaville, Dany, 59 ans, tient un point de vente de journaux à ciel ouvert. Assis sur un siège en béton, il égrène le chapelet des hebdomadaires plus ou moins indépendants qui ont disparu des rayons de son kiosque ces dernières années : « Il y a beaucoup de journaux que je recevais et que je ne reçois plus. Par exemple : Le Souverain, Les Echos du Congo, Le Défi Africain, Le Baobab, L’Observateur, Le Choc, La Rue meurt, etc. Tous ces journaux ne viennent plus. C’est un manque à gagner pour moi », se plaint-il.L’Hebdomadaire Tam-Tam d’Afrique figure également parmi ces journaux qui ont fermé. Ils ont tous longtemps misé sur leurs menues recettes tirées de la vente ou de la publicité. Une politique à risque, selon le journaliste indépendant Arsène Séverin. « Malheureusement, le marché est très réduit pour eux. On ne peut pas prospérer dans ce cas », commente-t-il.Les anciens titres et les nouveaux tels, Polélé-Polélé, Sel Piment ou encore le Nouvel Horizon manquent cruellement de financements, analyse le professionnel Asie Dominique de Marseille. Il ajoute que leurs promoteurs n’ont pas pu mettre sur pied un capital conséquent pour faciliter leur fonctionnement. Un point de vue partagé par Arsène Séverin : « Le modèle économique qui a été bâti ici, très souvent, c’est que ce sont des hommes politiques qui mettent de l’argent dans les journaux, les radios et les télévisions. Et, quand ils décident de ne plus mettre de l’argent, le journal prend un coup et ferme. »Étendre la redevance pour sauver la presse privéeSuite à un plaidoyer mené au début des années 2000 par la société civile, les autorités ont instauré la redevance audiovisuelle (RAV) perçue au profit des organes de presse publics. Elle est prélevée à hauteur de 500 Francs CFA (0,76 centime d’euro) sur chaque facture d’électricité et reversée d’abord au Trésor public.Jean Clotaire Himbou, secrétaire général de l’Association des éditeurs de presse du Congo plaide désormais pour que la RAV soit étendue à la presse privée, mais sans grand espoir. « Cette RAV arrive effectivement au Trésor, mais elle rentre dans la masse commune. Et qui dit masse commune, personne ne sait qui met la main et qui ne met pas la main dedans », relève-t-il.Compte tenu du fait que les ayant-droits ne bénéficient pas régulièrement de la RAV, l’Association congolaise des droits des consommateurs a appelé récemment à l’abrogation de la loi instituant cette RAV.À lire aussiCongo-B.: dans une situation critique, la presse pousse la sonnette d'alarme
9/26/20232 minutes, 21 seconds
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Guinée: la filière du poulet local menacée de disparaître [2/2]

En Guinée, la filière du poulet local est asphyxiée par la concurrence étrangère. Les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme et demandent aux autorités d’intervenir pour sauver leur industrie comme ce fut le cas, par exemple, au Sénégal ou encore au Cameroun où des mesures protectionnistes ont permis, par le passé, de protéger la production locale. La Guinée a tout intérêt à soutenir la filière, disent ses acteurs, c’est une question de souveraineté alimentaire. Une visite comme geste de soutien. Ce matin-là, Mamadou Baïlo Baldé s’est déplacé jusqu’à Coyah, ville située à la sortie de Conakry. Le président de l'Association nationale des accouveurs deGuinée (Anag), organisation qui réunit les producteurs de poussins du pays, est venu voir un confrère : « Aujourd’hui, je suis chez lui. Mais j’ai eu la chance de visiter d’autres exploitants aussi. Se retrouver dans cette situation, c’est dommage. »Mamadou arpente les couloirs d’une usine flambant neuve, à l’arrêt depuis quatre mois faute de commande : « Ce que l’on demande aujourd’hui, c’est d'être protégés. Il faut qu'on soit protégés pour pouvoir développer cette filière, on ne demande pas la lune ! On ne pourra pas développer la filière sans interdiction. »Délocaliser ?Interdiction d’importation des poussins et des poulets. Ce n’est pas une solution pérenne, rétorque-t-on au ministère de l’Agriculture qui affirme accompagner la filière. Il fait notamment de la sensibilisation pour convaincre les aviculteurs guinéens d’aller vers les couvoirs locaux. Ce n’est pas suffisant pour Mamadou qui était pourtant revenu en Guinée plein d’espoir, après avoir travaillé pendant plusieurs années en Belgique. « Nous avons démarré en 2019 et l'année suivante le Covid-19 est arrivé. Le monde entier était fermé. Ce sont ces couvoirs locaux qui ont produit les poussins et qui ont fourni les fermiers guinéens. »Depuis la fin du Covid, le secteur subit de plein fouet la concurrence étrangère. Mamadou Baïlo Baldé se sent abandonné par les autorités. Cette filière locale du poulet qui donnait à la Guinée davantage d’indépendance agricole risque de disparaître. « C'est dommage. Certains envisagent aujourd'hui de délocaliser, de partir ailleurs. Ils peuvent aller installer leurs machines au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. »Poulets importés… risques sanitairesAu laboratoire central vétérinaire de Conakry, Agnès Koidjovi prélève des échantillons sur une carcasse. Elle a consacré son mémoire de fin d’études à l’analyse des poulets importés. Ses conclusions sont sans appel : « Les poulets importés qui viennent d’Amérique du sud et d’Europe sont conservés longtemps. » Les produits sont acheminés par bateau. Des manquements sont souvent observés au niveau de la chaîne du froid. « Il faut promouvoir l’élevage guinéen. C'est mieux parce que quand c’est fait sur place, on peut se saisir des problèmes qui touchent la chaîne de production. »Produire localement offre un double avantage : Cela permet de contrôler la qualité des poulets, mais également d’assurer l’approvisionnement du marché guinéen.À lire ou à écouter aussiEn Guinée, la filière du poulet local menacée [1/2]
9/25/20232 minutes, 27 seconds
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En Guinée, la filière du poulet local menacée [1/2]

Salariés au chômage, usines à l’arrêt... En Guinée, c’est toute la filière du poulet local qui menace de disparaître. Minés par la concurrence étrangère, les producteurs sont aujourd’hui à l’agonie. Le pays risque de perdre plus de 5 000 emplois. De notre correspondant à Conakry, Au bout d’un petit chemin, au milieu des palmiers, une usine de poussins a éclos à la sortie de Coyah. C’était en 2021. « Ici, c’est le pédiluve, il faut d’abord y tremper ses chaussures, les désinfecter, avant de pouvoir entrer. » Le patron, Alhoussein Diallo, est à cheval sur les mesures d’hygiène. « Les deux dernières machines, on vient tout juste de les installer, car on pensait que la production allait reprendre. Ça, c'est ce qu’on appelle l’incubateur », indique-t-il.Quand Alhoussein Diallo fait visiter son usine, chacune de ses phrases résonne dans l’immense bâtiment vide. Il a des trémolos dans la voix. Plus aucun de ses employés n’a mis les pieds ici depuis quatre mois. « Le problème, ce sont les importations de poussins, les poussins importés coûtent un peu moins cher que les nôtres. »À lire aussiGuinée: plongée dans l'archipel chinois de la ville de ConakryDes investissements vainsMalgré son investissement de près d’un million d’euros, Alhoussein a dû fermer temporairement son entreprise. Il n’arrivait plus à payer les charges. « Nous avons mené plusieurs démarches au niveau de l’État, on a rencontré certains ministres »Mais jusqu’à présent, ça n’a rien donné, affirme-t-il. Le ministère de l’Agriculture dit suivre le dossier de près, assure que des mesures sont en préparation pour soutenir le secteur. « Si on n’arrive pas à interdire les poussins, on ne pourra pas produire localement », explique Alhoussein Diallo. Des poussins qui viennent de l’étranger et qui inondent le marché guinéen.Une émigration forcée pour survivre ? Dans la haute banlieue de Conakry, dans le quartier de Kissosso, Alhassane Keita nourrit ses poules tous les matins : « Au moins, quand je suis avec mes poules, le stress diminue un peu. » Voilà ce qui le relie encore à son métier. Vétérinaire, Alhassane travaillait autrefois à l’usine de Monsieur Diallo. Désormais, il est au chômage. Il se sent « très triste, parce que j’ai une famille nombreuse à nourrir. Je dois aussi prendre soin de ma femme qui est à l’hôpital. »Avec son salaire de 400 euros par mois, il faisait vivre les 11 membres de sa famille. Mais aujourd'hui, il explique être sans ressources : « Après de longues années d’études, alors que tu espères pouvoir enfin commencer ta vie professionnelle, d’un seul coup, par manque de production, par manque de soutien, tout s’arrête. Moi, j'ai étudié pour servir mon pays, pas pour aller servir ailleurs. » Alhassane refuse pour l’instant d’envisager l’émigration, mais pourra-t-il faire autrement si son métier vient à disparaître en Guinée ?À lire aussiGuinée: farine plus chère, baguette rétrécie, la guerre en Ukraine et ses conséquences [1/2]
9/24/20232 minutes, 26 seconds
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Les dessous du succès d'Ethiopian Airlines

Aujourd’hui, seulement 2% du trafic aérien mondial est assuré par des compagnies africaines. Le continent présente donc un potentiel de croissance du marché aérien important. La première compagnie africaine, Ethiopian Airlines, fait figure d’exception, avec 5 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2022. Quelle est la recette du succès ? Et quels sont les enjeux du secteur ? De notre correspondante à Addis-Abeba,À l’heure de pointe, les terminaux de l’aéroport d’Addis-Abeba sont bondés. Ousmane Conté est guinéen, et agent de joueur de football. Il va partout dans le monde et privilégie les compagnies du continent. « Il faut faire la promo du continent africain. Avec tous les efforts que fournit Ethiopian Airlines et que toutes les autres compagnies africaines fournissent, c’est un plaisir pour moi de contribuer à ma façon », plaide-t-il.Sur le tarmac, les avions sont aux couleurs d’Ethiopian Airlines. Les autres compagnies africaines accusent 3,2 milliards d’euros de perte entre 2020 et 2022, en grande partie à cause de l’épidémie de Covid-19. Certaines, comme Kenya Airways ou South Africa Airways, sont en restructuration. Opérer sur le continent est plus difficile qu’ailleurs : le carburant y est plus cher et les levées de fonds plus coûteuses.Cela n’a pas empêché la compagnie éthiopienne de dégager 868 millions d’euros de bénéfices en 2022, grâce à une gestion financière solide et à un modèle qui intègre tous les services liés au voyage. Explications de Raffaella Irié, experte en data et statistique à l’association des compagnies aériennes africaines : « Tout l’aéroport d'Addis-Abeba est géré par Ethiopian Airlines. Ils ont aussi les activités connexes comme l’hôtellerie, qui permet d’économiser certains coûts. Comme toutes les personnes en transit ici, la plupart sont logées au Skylight Hotel, qui appartient à Ethiopian Airlines », souligne l'experte.Un esprit d'entreprise patriotique partagé par le personnelLa compagnie, contrôlée par l’État, forme aussi son personnel dans sa propre académie universitaire, ce qui favorise une stabilité managériale et un esprit d’entreprise très patriotique partagé par le personnel, comme Selamawit Teshome, cheffe d’équipe.« Quand j’étais petite fille, je regardais les pubs, je voyais l’équipage de l’avion, le pilote et tout ça, on pouvait voir qu’ils étaient heureux. Je voulais faire partie de ça et faire ma part, et contribuer à mon pays et travailler pour la compagnie aérienne nationale », se souvient-elle.En vue de s’étendre, Ethiopian Airlines défend un marché aérien unique en Afrique pour que toutes les compagnies aient un accès libre aux pays signataires. Elle a multiplié les partenariats stratégiques et financiers avec des compagnies sous-régionales comme Asky ou Air Malawi. Mais il reste des obstacles : manque de volonté politique, protectionnisme, et taxes trop élevées qui pèsent sur une clientèle encore très privilégiée.
9/21/20232 minutes, 14 seconds
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Les éleveurs africains en quête de solutions pour atteindre la souveraineté alimentaire

La semaine dernière, une importante délégation africaine a fait le déplacement au Salon international de l'élevage de Rennes pour rencontrer des professionnels du secteur, et trouver des solutions pour les filières d'élevage, notamment avicoles. Le marché est en pleine expansion, mais la concurrence internationale met à mal la production locale.
9/20/20232 minutes, 42 seconds
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Konza Technopolis, l'ambition kényane d'une ville verte durable [2/2]

Konza Technopolis est ville pensée pour devenir un hub de technologie et d’innovation et attirer aussi bien investisseurs qu’étudiants, résidents et travailleurs. Les travaux ont commencé en 2018 et sont toujours en cours, loin d’être finis. Une des ambitions grandement mise en avant : faire de Konza Technopolis une ville verte et durable. De notre correspondante à Nairobi,Les ouvriers sont en train de finir les derniers détails. La station de purification de l’eau de Konza Technopolis est presque terminée. C’était un des objectifs de la première phase du développement de la ville. Un peu plus loin, celle du traitement des eaux usées est aussi presque prête.Reagan Onyango est ingénieur. Il s’occupe du réseau de distribution de l’eau à Konza et nous fait découvrir le lieu. « Toutes les eaux usées de la ville vont arriver dans cette fosse ici », indique-t-il. « Les liquides sont traités, désinfectés et réintroduits dans le réseau d’assainissement pour servir d’irrigation des espaces verts. Chaque goutte d’eau qui arrive ici est récupérée et réutilisée. C’est ce qui fait que ce système est respectueux de l’environnement. »À écouter aussiKenya: la construction de la ville futuriste Konza Technopolis prend du retardDans le respect de l'environnementLa question de l’eau est critique dans cette région semi-aride. Sa préservation s’inscrit dans la vision du projet de Konza Technopolis. Partout, le message est répété : la nouvelle ville sera respectueuse de l’environnement. « La durabilité influence directement la planification de la ville. En commençant par les bâtiments, leur design est pensé pour qu’ils soient le moins dépendant possible en énergie pour la ventilation ou leur rafraichissement », poursuit Reagan Onyango. « La ville est aussi faite de façon à ce que tous les commerces et les lieux de vie, comme les écoles, les restaurants, les églises, soient à proximité des résidents, à moins de 10 à 20 minutes de marche. De cette façon, la dépendance des habitants aux modes de transport motorisés est réduite, tout comme l’empreinte carbone de la ville. »Intelligente et verteLa ville mise aussi sur le vert. Des espaces prêts à accueillir des plantes ont déjà été délimités. John Paul Okwiri, le président directeur général de Konza Technopolis vient justement de participer à une session de plantation d’arbres. Il défend une ville qui sera aussi « intelligente ».« Une ville intelligente est une ville qui utilise la technologie et des services liés à la technologie pour améliorer la qualité de vie de ses résidents », explique John Paul Okwiri. « À Konza par exemple, nous aurons des capteurs qui pourront fournir des données sur la qualité de l’air ou les conditions météorologiques, tout ça pour évaluer la qualité de l’espace dans lequel nous vivrons. »D’autres capteurs pourront aussi fournir des informations sur la circulation routière. Un projet de ville ambitieux, mais le développement de Konza Technopolis n’en est qu’à ses débuts. La première phase de construction des infrastructures de base touche à peine à sa fin.
9/19/20232 minutes, 17 seconds
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Kenya: la construction de la ville futuriste Konza Technopolis prend du retard [1/2]

Une nouvelle ville qui combinerait industries, université, quartiers résidentiels, lieux de loisirs, mais aussi une ville verte et intelligente. Un hub de technologie et d’innovation pensé pour attirer les investisseurs. C’est toute l’ambition de Konza Technopolis. Située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Nairobi, sur un terrain de 5 000 acres en pleine zone semi-aride, la ville ambitionne d’accueillir 200 000 résidents d’ici à 2030. Annoncé depuis 2012, le projet est piloté par le gouvernement kényan. Mais il a pris du retard.  De notre envoyée spéciale à Konza Technopolis, « Bienvenue à Konza Technopolis, la Silicon Savannah de l’Afrique. » Dès l’entrée de la ville, l’ambition est assumée : placer le Kenya sur le devant de la scène tech dans la région. Mais derrière les grilles, le projet achève tout juste la construction des routes et de son réseau d’assainissement. Le septième étage du quartier général offre une vue dégagée sur des étendues de plaines semi-arides, où gambadent gazelles et autruches, loin de la ville annoncée il y a plus de dix ans. « Nous avons pris du temps pour travailler sur la planification de la ville, puis, il a fallu trouver des ressources financières avant de pouvoir commencer les travaux en 2018. Nous avons ensuite dû faire face à deux défis. En 2019, nous avons eu de fortes pluies qui nous ont forcé à mettre en pause le chantier pendant presque trois mois. Puis, il y a eu la pandémie de Covid-19 qui a perturbé les chaînes d’approvisionnements de certains matériaux. Nous avons donc pris du retard, mais la phase une du projet devrait se conclure en octobre », explique John Paul Okwiri, président directeur général de Konza Technopolis.« Une ville pensée pour l'investissement »Un centre de données est déjà opérationnel et près d’une centaine d’entreprises l’utilisent. Une université des sciences et des technologies doit également ouvrir ses portes dans un an. John Paul Okwiri assure que le projet est en bonne voie : « Konza Technopolis est une ville pensée pour l’investissement. Le gouvernement s’occupe du développement des infrastructures de base comme les routes, l’électricité, l’eau et la connexion internet. Cependant, le développement final sera fait par le secteur privé. Pour la première phase du projet, nous avons sélectionné 147 plots, un peu plus de 100 ont déjà été attribués à des investisseurs. Nous sommes en discussion avec eux pour lancer le développement. »Des commerces, des entreprises dans le domaine des technologies ou encore des industries légères doivent venir s’installer à Konza. Une usine d’assemblage de smartphone à bas coût a déjà été annoncée par exemple. Le président kényan, William Ruto s’est montré confiant lors d’une visite sur place début août. « Je suis très fier de vous annoncer que nous avons obtenu près de 700 millions de dollars pour lancer la deuxième phase de Konza Technopolis. Nous avons pris une décision à l’échelle du pays d’avancer dans le secteur du digital. Il y a des risques certes, mais nous avons désormais les ressources nécessaires pour développer les infrastructures nécessaires et accompagner le Kenya dans la voie de la technologie. »D'après John Paul Okwiri, optimiste, les premiers logements devraient être prêts à accueillir des résidents d'ici à un an. À lire aussiWilliam Ruto dans la Silicon Valley pour attirer les investisseurs de la tech
9/18/20232 minutes, 21 seconds
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En Afrique de l'Ouest, le trafic de médicaments gagne du terrain

Le trafic de médicament en Afrique de l'Ouest atteindrait environ un milliard de dollars chaque année. C'est ce que révèle un récent rapport de Global Initiative. Certains pays comme la Guinée ont engagé une lutte contre le trafic de produits médicaux. Mais les filières bien organisées continuent de se développer. De notre envoyé spécial,Les grossistes illicites, acteurs clé de la chaîne du trafic, sont nombreux et font transiter de plus en plus de références, explique le rapport de la Cédéao coécrit par Flore Berger, spécialiste de la criminalité organisée en Afrique de l'Ouest.  « C'est une personne, par exemple, qui est basée au Burkina ou en Guinée et qui est vraiment au centre du trafic. Dans le sens où il est connecté aux fabricants des laboratoires, en Chine ou en Inde, mais aussi aux distributeurs, dans les dépôts privés ou des pharmacies, ou dans les marchés de rue. C'est vraiment la personne qui opère en toute impunité et qui permet à des containers entiers d'arriver dans le pays sans être inquiétée de passer les frontières, etc. » Production, distribution, ventes... Les détournements ont lieu à tous les stades. Les chaînes d'approvisionnement des marchés licites et illicites sont tellement liées qu'un médicament peut passer de l'un à l'autre plusieurs fois avant d'être consommé.  En Guinée, la lutte contre le trafic de médicaments est devenue une des priorités du pouvoir. La brigade médicrime procède à la fermeture des pharmacies clandestines. Selon Manizé Kolié, secrétaire général du syndicat des pharmaciens guinéens, les effets de cette répression sont perceptibles : « Il y a une amélioration de la situation, c'est indiscutable. Car hier, la Guinée était la plaque tournante de la distribution des médicaments dans la sous-région et même au-delà. Aujourd'hui, beaucoup qui se sont reconvertis. » Quelles solutions pour réduire la corruption ? Selon le rapport, la centralisation des achats et la réduction du nombre de grossistes permettraient de diminuer fortement les risques de corruption et de détournements des médicaments. C'est ce que réalise le Burkina Faso, la Guinée également, qui est passée de 150 à 10 importateurs privés depuis deux ans. Pour Manizé Kolié, cela permettra aussi de réduire le coût des médicaments vendus sur le marché licite : « Plus vous achetez, plus vous allez demander des réductions qui vont se répercuter sur le prix du coût chez le consommateur. C'est tout à fait possible de baisser les prix des médicaments et que les soins ne soient plus en souci. Chez moi, en tout cas en Guinée, on peut le réussir. » L'efficacité des trafiquants et leurs réponses rapides aux fortes demandes selon les saisons ne sont pas simples à déjouer. Au Sahel, à cause de l'insécurité, l'offre légale recule, et le trafic organisé en profite, aggravant un peu plus ce problème sanitaire. En Afrique de l'Ouest, 48% du marché des antipaludiques proviendrait de sources illicites. À lire aussiL'ONUDC alerte sur le trafic de faux médicaments en Afrique de l'Ouest
9/17/20232 minutes, 21 seconds
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Centrafrique: la place de l'artisanat dans l'économie à Bouar, près de la frontière camerounaise

Dans l'ouest de la Centrafrique, la ville de Bouar fait partie des régions les plus réputées en matière d’artisanat. L'économie de cette localité repose en partie sur les œuvres d'arts, grâce au centre artisanal créé en 2007 qui a formé un millier de jeunes. Ils mettent sur le marché national et sous-régional des produits de valeurs pour gagner leur vie. Le centre artisanal de Bouar est une maison de 20 mètres sur 10, située à l'entrée de la ville sur la colline « Cote 45 ». On y trouve des œuvres d'arts de tout genre, parmi lesquelles des vêtements traditionnels, des biens immobiliers, des sculptures, des bracelets, des tableaux et diverses poteries.« J'ai créé ce centre en 2007, raconte Thomas Zengaï qui était auparavant ébéniste. Je travaille avec une équipe de 20 personnes. Chaque année, nous organisons ce qu'on appelle des campagnes d'exportation de nos œuvres à Yaoundé, Douala, Gaoundéré et Maoua au Cameroun. Cette campagne se fait trois fois dans l'année. Chaque exportation nous rapporte au moins 2 000 000 de francs CFA dans la caisse et les clients apprécient nos œuvres. »Ces trois campagnes d'exportation rapportent chaque année environ 6 millions de francs CFA au centre artisanal de Bouar. Détenteurs d’un véritable savoir-faire d’exception, ces artisans connaissent également l’importance de la transmission. « En cinq ans, j'ai appris beaucoup de choses, témoigne Blaise, un des artisans formés dans ce centre. Je suis fier d'être un sculpteur bien outillé. Ici, nous utilisons des produits bruts purement centrafricains. Il s'agit des ébènes, des acacias, des melinas ou encore des tecks. Parmi nos clients, on compte beaucoup d'expatriés. Ils achètent nos œuvres et les envoient comme cadeaux dans leurs pays. Ça nous aide à avancer. »Le centre artisanal de Bouar fait partie des rares petites entreprises qui possèdent un compte bancaire. « On s'organise comme une ONG et c'est ce qui fait notre force, explique Thomas Zengaï. Nous avons un compte bancaire chez Express Union. Chaque mois, chacun touche un salaire raisonnable, ce qui lui permet de prendre en charge sa famille. L'artisanat est très important. Ça fait partie des facteurs du développement d'un pays. »À Bouar, l'artisanat permet à ces jeunes de gagner leur vie et surtout, d'éviter de quitter la ville pour chercher du travail ailleurs. En 2017, une loi portant sur le code d'artisanat a été élaborée, adoptée et promulguée en Centrafrique. Cette loi donne le pouvoir aux artisans de jouir des droits d'auteurs et de percevoir des indemnités en guise de propriété intellectuelle. Mais plusieurs artisans exercent leurs métiers d’une manière informelle faute de financement. Une situation qui a occasionné un retard en matière du développement de l'artisanat dans le pays.
9/14/20232 minutes, 35 seconds
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Tourisme: l'envie de voyager encore plus vive cette année chez les Mauriciens

À Maurice, non seulement le tourisme rebondit, mais l’intérêt des Mauriciens pour le voyage n’a jamais été aussi marqué. Le nombre de Mauriciens qui se sont déplacés à l’étranger a augmenté de 80% durant les six premiers mois de cette année, par rapport à la même période en 2022. Ce qui explique pourquoi le dernier salon du voyage, fin août dernier, a explosé les compteurs.
9/13/20232 minutes, 24 seconds
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Cameroun: le choix de la reconversion professionnelle pour certains déplacés économiques de Nachtigal [3/3]

Le chantier de la future centrale hydroélectrique de Nachtigal a créé plusieurs milliers d’emplois dans la région, mais il a aussi fait des déplacés économiques. Selon la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), plus de 1 600 personnes ont été affectées par le chantier. Principalement des personnes riveraines du fleuve : agriculteurs, pêcheurs, sableurs, marayeuses. Pour survivre économiquement, certains ont fait le choix de la reconversion professionnelle. De notre envoyée spéciale à Batchenga,Au bord de la route, à quelques pas de la mairie de Batchenga, les affaires vont bon train pour Florent Lamour Sindono Mbatoua, désormais à la tête de sa propre société. « Ici, nous fabriquons des parpaings pour construire les constructions. J’ai des employés. Ils sont actuellement au chantier », dit le chef de l'entreprise « Établissement Mbatoua et fils ». Avant, Florent déchargeait les pirogues de sable sur les rives du fleuve Sanaga. Une activité stoppée nette par la construction du barrage hydroélectrique. La NHPC lui propose alors une indemnisation de 1,2 million de francs CFA. « Il y avait de quoi s’inquiéter, parce qu'on est habitués à travailler chaque fois pour gagner de l’argent. À un certain moment, on te dit : "on va te payer pour que tu puisses arrêter ce que tu fais". Donc, il y avait de quoi s’inquiéter », rappelle-t-il.  À écouter aussiCameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistiqueEn plus de son indemnisation financière, l’ancien sableur se voit proposer une formation à l’entrepreneuriat. Catherine Gaëlle Minya est directrice environnement et social à la NHPC. Elle supervise l’accompagnement des populations affectées.  « Nous avons ce que nous appelons les plans individuels de reconversion », explique-t-elle. « Nous travaillons avec des partenaires, des associations, des ONG qui rencontrent la personne affectée, identifient avec elle l’activité dans laquelle elle voudrait se reconvertir, identifie les moyens techniques, humains, financiers, qu’il faudrait pour cela ; les formes et font un suivi pour nous assurer que nous progressons vers cette restauration. »Des indemnisations insuffisantes et tardivesLes compensations proposées répondent aux critères établis par la Société financière internationale (SFI), le service de prêt au secteur privé de la Banque mondiale. Mais en juin 2022, IFI Synergy Cameroon adresse une plainte à la Banque africaine de développement. L’ONG pointe plusieurs manquements, notamment des indemnisations insuffisantes et tardives.« Pour ce qui concerne la plainte avec l’ONG, effectivement, vous savez, déjà à notre niveau, nous avons un mécanisme de gestion des conflits. En cas de plainte, nous avons des relais communautaires sur le terrain qui recueillent les préoccupations soulevées par les populations et nous déroulons effectivement un mécanisme en concertation avec les personnes affectées », souligne Catherine Gaëlle Minya.À écouter aussiCameroun: pour les ouvriers de Nachtigal, le salaire n'est pas à la hauteur du travail accompli« Maintenant, concernant la plainte à laquelle vous faites référence, nous sommes – avec les concernés – assis tous ensemble à la table de discussion et le processus est en cours. » À la question de savoir si toutes ces personnes ont reçu leur indemnisation, Catherine Gaëlle Minya répond : « Les indemnisations sont dispensées selon un timing. Et dans le cas que vous mentionnez, il y en a effectivement qui ont reçu leur indemnisation. »  Selon le décompte effectué par la NHPC, plus de 1 600 personnes ont été affectées par la construction de Nachtigal : 976 sableurs, 150 agriculteurs, 134 pêcheurs et 89 marayeuses.
9/12/20232 minutes, 45 seconds
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Cameroun: pour les ouvriers de Nachtigal, le salaire n'est pas à la hauteur du travail accompli [2/3]

Cette centrale de Nachtigal a vocation à couvrir 30% des besoins en électricité du Cameroun, où les coupures de courant restent monnaie courante. Les travaux de construction ont démarré en 2019. Au pic du chantier, ils ont mobilisé jusqu'à 4 000 travailleurs. Beaucoup plus si l'on compte l'ensemble des personnes ayant foulé le sol de Nachtigal. Mais sur le chantier, les ouvriers sont partagés, entre fierté d'avoir bâti un tel ouvrage et amertume. Beaucoup estiment que la rémunération n'est pas à la hauteur du travail accompli. Ils dénoncent aussi des inégalités salariales avec les étrangers présents sur le chantier. De notre envoyée spéciale à Nachtigal,« On n'est pas très bien traités. Moi, je ne suis pas très bien traité. J'aurais espéré être traité mieux. C'était là ma douleur. »Le terme est fort, mais assumé. « Oui, c'est fort, puisque tu te tues à la tâche. Tu fais tout pour qu'on puisse te payer comme il se doit. Mais on ne le fait pas. Si tu demandes à être augmenté, on va te dire "non, le budget est serré". Mais bizarrement, on recrute des expatriés qui coûtent un peu plus cher. Ça, ça me révolte. »Eba Engolo Judicael est assistant administratif sur le chantier. Il répertorie quotidiennement la production de béton, pour un peu mois de 250 000 francs CFA par mois. « Bon, on éprouve quand même du plaisir à travailler sur un gros chantier comme celui-ci. Je n'avais jamais vu ça. Moi la première fois quand je suis arrivé, je regardais tout avec des grands yeux. La beauté, c'est le seul truc qui me console. La beauté de travailler dans un tel projet. Mais j'aurais aimé avoir un peu plus de sous. »À écouter aussiCameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistique« Tu donnes tout ton corps. Le soleil te frappe »À quelques mètres de là, des ferrailleurs font une pause. Les journées sur le chantier sont longues. Souvent difficiles. Deux d'entre eux acceptent de témoigner, anonymement. Ils gagnent respectivement 100 000 et 50 000 francs CFA par mois. « Ce n'était pas facile. Ça n'a pas été évident », explique l'un. « Il faut déjà se lever tôt, à 4 heures, 4h30 pour s'apprêter, emprunter le bus vers 5 heures, 5h30 pour être tôt au chantier. Mais l'activité en vrai démarre à 7 heures, parce qu'il faut d'abord prendre un petit casse-croûte puis se changer. Vous démarrez, on vous donne le plan de travail de la journée. Parfois, le repos n'était pas évident. Vous aviez l'impression que même la journée du dimanche qu'on vous accordait comme repos, ce n'était pas suffisant. Mais il fallait tenir parce que le délai était là. Il fallait le respecter, il fallait livrer à temps. »Le second témoigne : « Par exemple, tu [travailles] un mois, mais on ne te paye pas le mois. On attend. On te donne 50 000. Tu ne t'attends pas à ça. Tu donnes tout ton corps. Le soleil te frappe. Tu rentres à 22 heures, 23 heures. À la fin du mois, on t'envoie 50 000, ce n'est pas normal. Entre-temps, tu as une famille à la maison que tu dois nourrir, tu dois t'habiller, tu dois, tu dois, tu dois… C'est comme ça. »À Nachtigal, la plupart des ouvriers camerounais ont choisi de s'installer dans les villages alentours. Les étrangers, quant à eux, vivent sur une base située à proximité du chantier, sécurisé par près de 120 militaires.
9/11/20232 minutes, 34 seconds
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Cameroun: la future centrale hydroélectrique de Nachtigal, un défi financier et logistique [1/3]

La future centrale hydroélectrique de Nachtigal est installée sur les rives du fleuve Sanaga, à une soixantaine de kilomètres au nord de Yaoundé. Elle doit être mise en service dans un an exactement, en septembre 2024. D’une puissance annoncée de 420 mégawatts, Nachtigal couvrira 30% des besoins en électricité du Cameroun. Lancé en 2019, ce chantier colossal a mobilisé d’importants moyens humains, techniques et financiers. Avec un coût de près de 800 milliards de francs CFA, il est financé à 24% par fonds propres et à 76% par emprunt auprès d’institutions de développement internationales et de banques. C’est le plus important partenariat-public privé en cours sur le continent, dans le domaine de l’énergie.  De notre envoyée spéciale à Nachtigal et Yaoundé,« Si le Cameroun a réussi ce tour de force, ça veut dire qu’il y a déjà une crédibilité entre le Cameroun et ses bailleurs. Et ça, c’est très positif ». Pour le professeur Henri Ngoa Tabi, cette opération financière illustre la fiabilité du Cameroun, vis-à-vis de ses partenaires occidentaux, à commencer par la France. Enseignant à la faculté de sciences économiques et de gestion à l’Université Yaoundé II, il dirige le Laboratoire de recherche interdisciplinaire en économie du développement.« Ce type de partenariat nous honore beaucoup. Pourquoi il nous honore ? Parce qu’à regarder de très près, il y a un transfert de compétences, il y a un transfert de technologies », dit-il. « La plupart des matériaux ont été acquis ici localement. Utiliser les matériaux au niveau local et ensuite transférer l’expérience, transférer la technologie, ce sont des partenariats que nous souhaitons et c’est visible », martèle-t-il. « Quand vous réalisez un tel projet, pour les populations, c’est quelque chose de visible. C’est quelque chose de concret et ils en parlent positivement. »Utiliser des ressources localesAcquérir les matériaux localement permet de réduire les coûts logistiques, notamment de transport. Un point non négligeable pour NGE, le groupe français de BTP mandaté pour construire Nachtigal. Pour Orso Vesperini, qui en est le directeur général délégué, « sur ce projet, tout est fait pour qu’on utilise des ressources locales. D’abord, les ressources hyper-locales. C’est-à-dire qu’on exploite les granulas sur le site pour faire les bétons. On fait donc vraiment de l’économie le plus proche du projet. Mais on a quelques parties à acheter à l’extérieur, notamment le bitume ».Pour un tel projet, un bitume particulier – étanche – est indispensable. Mais le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, met un coup d’arrêt aux importations. « À peu près à 60% de l’approvisionnement, le trafic a été interrompu », explique Orso Vesperini. « Le trafic avec la Russie, notamment, a été interdit. On a dû trouver des solutions locales pour faire de nouvelles formulations qui nous permis de trouver une nouvelle façon de faire cette couche bitumineuse, avec un bitume différent ». Autre grand défi à surmonter : l’arrivée du Covid-19. Le chantier passe alors de 2 000 à 200 employés. Le projet prend du retard. La fin des travaux est annoncée pour septembre 2024, au lieu de 2023. 
9/10/20232 minutes, 20 seconds
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Tunisie: la start-up DCX vous fait découvrir le patrimoine en réalité virtuelle

Se balader dans les rues de Djerba sans y être physiquement, remonter le temps pour se retrouver à Carthage, au 2e siècle avant notre ère. C'est possible. Ces expériences sont proposées par Digital Cultural Experience (DCX), une start-up tunisienne dédiée à la promotion du patrimoine auprès des jeunes grâce aux technologies immersives : réalité virtuelle, réalité augmentée ou encore reconstitution d'images. Lancée en 2018, la start-up espère aujourd'hui déployer ses programmes au-delà des frontières tunisiennes.  De notre envoyée spéciale à Djerba,« Vous êtes en immersion à Djerba. On va aller à la Synagogue de la Ghriba, on va aller découvrir deux églises, une orthodoxe et une catholique et on va aller découvrir une mosquée ibadite. »Casque sur la tête, manettes en main,l'utilisateur fait défiler les paysages comme s'il y était. Des immersions comme celle-là, DCX en propose une douzaine. Mohamed Ali Midani, co-fondateur de la start-up, cible principalement le jeune public.« Soit on est dans les musées, comme le musée de Carthage, soit on va dans les régions, dans les zones rurales, dans les quartiers, etc. On fait des tournées. Et puis, ce qu'on est en train de déployer aussi, ce sont des clubs dans les écoles. On a donc créé un programme de 20 heures pour découvrir chaque semaine un pan de l'histoire, un monument, des personnages historiques. Les enfants sont très contents, les élèves aussi. Ils apprennent plein de choses et ça leur donne envie d'aller au musée, d'aller dans sur sites archéologiques. C'est ça le beau résultat qu'on a eu suite à cette expérience. »Se déployer à échelle continentaleLe modèle économique de DCX repose aujourd'hui sur deux piliers : les abonnements proposés aux utilisateurs de son application et les licences, payées par les écoles ou organisations intéressées.« Vraiment, ce qu'on voudrait faire, c'est déployer une première initiative dans un autre pays africain, montrer que ça marche comme ça a marché en Tunisie, ça peut marcher dans un autre pays. Et là, avec des investisseurs, pour vraiment déployer à plus grande échelle, à échelle continentale. »DCX fait partie des 10 start-up innovantes sélectionnées par l'Organisation Internationale de la Francophonie pour participer à l'édition 2023 du VivaTech. Cette année, l'OIF a voulu mettre en avant l'entrepreneuriat culturel. Un secteur à fort potentiel selon Adjara Diouf à la tête du pôle Entrepreneuriat et coopération économique.À écouter aussiInvité du matin : François Bitouzet: «L'intelligence artificielle est l'un des sujets clés de VivaTech» cette année« Nous pensons que l'entrepreneuriat culturel, les industries culturelles, sont un véritable levier d'essor économique. Elles affichent aujourd'hui dans le monde le taux de croissance le plus rapide qui créé le plus d'emploi. Par exemple, sur le continent africain, 8,2% des emplois sont fournis par les industries culturelles. Elles représentent 2,4 millions d'emplois. »Pour créer une seule expérience immersive, DCX mobilise une douzaine de talents : managers, artistes 3D, développeurs, archéologues, historiens, médiateurs culturels, scénaristes ou encore traducteurs. La start-up emploie actuellement huit personnes à temps plein.À écouter aussiReportage Culture - À l'Institut du monde arabe, plongée en réalité virtuelle dans les entrailles de la pyramide de Khéops
9/7/20232 minutes, 15 seconds
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RDC: vis ma vie de fonctionnaire kinois [2/2]

En République démocratique du Congo (RDC), les agents et fonctionnaires de l'État sont les plus touchés par la perte de valeur du franc congolais face à la principale devise du pays, le dollar américain. La monnaie congolaise a perdu 21% de sa valeur depuis le début de l’année. Densément riche en minerais, le pays dispose d’une économie extravertie et peine à réaliser son budget annuel de 16 milliards de dollars. L’inflation a pris officiellement 25% en un an. De notre correspondant à Kinshasa,Pour Armand Osase, la quarantaine, sous-directeur à l’ex-office national des transports, chaque jour est un combat pour survivre. Cet après-midi, à la sortie d’une imposante bâtisse sur le boulevard du 30 juin, il vient de percevoir son salaire, des briques de petite coupure de franc congolais. « Je dois maintenant prendre mon salaire pour aller acheter les dollars auprès des cambistes. Moi qui touche mon salaire au taux de 920 francs congolais le dollar, là, je vais devoir aller chez les cambistes chez qui c'est 2 500 francs congolais. Je fais une grande perte surtout que mon salaire ne vient pas régulièrement. Les salaires des mois de mai, juin et juillet… Nous sommes au mois d'août, et je ne les ai pas encore touchés. J’ai touché celui du mois d’avril qui ne me permet pas de faire face à la scolarisation des enfants. Maintenant, je dois payer le loyer avec quel argent ? Ça amène le travailleur dans des endettements graves. »Direction grand marché au centre-ville. L’agent de l’État s’étonne : « L’année passée, cela coûtait 6 000 francs congolais, mais avec cette inflation, par exemple pour cet uniforme, c'est 18 000 francs congolais. Or, si j’ai cinq enfants ou trois enfants pour acheter les uniformes avec mon salaire, je ne saurai pas. »Système DNombre de fonctionnaires ont adopté le système D. « Ça pousse le travailleur à s'endetter : des sacrifices, mais aussi de recourir à des familles, or un fonctionnaire doit être stable. Mais au Congo, c'est difficile. Après le travail, je dois recourir à d’autres stratégies alors que c’est interdit. Par exemple, quelqu’un qui doit commencer à transporter des caillasses vers le fleuve. Il y a des gens qui font même des champs, des fonctionnaires qui, le soir, font taxi, le Wewa, c’est-à-dire les motocyclistes, mais il est fonctionnaire. Ce n’est pas sa faute. Il y a des fonctionnaires qui sont chassés de leurs maisons, d’autres habitent dans des barges, dans des casernes et dans des places vraiment insupportables. »Au crépuscule, Armand Osase, emprunte un transport en commun. Nous l'accompagnons. « Cette inflation, il faut que l’État y trouve une solution. J’habite Ngaliema. Pour arriver en ville, aller-retour, je dois avoir au moins 10 000 francs congolais par jour, donc 4 dollars. Mon salaire, c'est 150 fois moins que le salaire d'un député alors que dans d’autres pays, le fonctionnaire est un homme de valeur. Mais ici au Congo, les fonctionnaires sont vraiment marginalisés. » Les fonctionnaires et leurs enfants n’ont pas de choix que se serrer la ceinture sur fond de précarité. À écouter aussiAfrique Économie - RDC : le franc congolais en chute libre [1/2]
9/6/20232 minutes, 30 seconds
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RDC: le franc congolais en chute libre [1/2]

En République démocratique du Congo (RDC) le franc congolais a perdu 21% de sa valeur depuis le début de l’année. Densément riche en minerais, le pays dispose d’une économie tournée vers l'extérieur et peine à réaliser son budget annuel de 16 milliards de dollars. L’inflation a pris officiellement 25% en un an et pourrait ne pas s’arrêter là, selon les experts.  De notre correspondant à Kinshasa,Sur l’avenue de l’hôtel, près du grand marché, le plus grand carrefour des changeurs de monnaie. Ici, chacun entasse des briques de francs neufs sur sa table de fortune, mais ce que beaucoup recherchent, c'est la bonne monnaie, le dollar. Pour le cambiste Claude, la chute de la monnaie est bien réelle.« Au mois de janvier, on était à 2 100 francs congolais et aujourd’hui, nous sommes à 2 450 francs congolais contre le dollar, à la vente, on peut arriver jusqu’à 2 500 francs congolais. Il y a vraiment une dépréciation à grande échelle. », constate-t-il. « C’est peut-être parce que le gouvernement commence à payer de dettes intérieures parce que pendant un certain moment, il y avait une accumulation de dette intérieure. Il y a eu un afflux du franc congolais sur le marché, une hausse jusqu’à ce qu’on est arrivé même jusqu’à 2 700 francs pour un dollar, voire même 2 750, c'était devenu de la spéculation. »Sur le marché, les prix ont explosé. Dans cette boutique près de la mosquée de Kintambo, les prix fixés en dollar sont restés stables tandis qu’en franc, ils ont grimpé. 90 % des biens sont importés.« Ces produits, comme ils sont importés, ils importent aussi leur inflation, comme l’huile qui a subi une augmentation de 100 %. Au début de l’année, autour de 3 500 francs le litre, aujourd’hui cela se vend à 6 500 francs », déclare Philémon, le gérant de la boutique. « Il y a aussi le foufou qui a subi l’ordre de 40 % d’augmentation en comparaison avec le prix du début de l’année. »À lire aussiPourquoi le franc congolais baisse face au dollar américainUn déficit budgétaire d'environ 4 milliards de dollarsPour tenter de revaloriser le franc, la Banque centrale a injecté 150 millions de dollars sur le marché de change. Une alternative très limitée pour le professeur Noel Tshiani, ancien directeur à la Banque mondiale. Il accuse le gouvernement de recourir à la planche à billet pour couvrir le déficit budgétaire d’environ 4 milliards de dollars à ce jour.« Nous sommes mal partis. D’ici avant la fin de l’année, un dollar va se changer à 3 000 francs congolais, créant ainsi une situation de misère sociale incroyable », alerte Noel Tshiani. « L’économie est dollarisée à 95%. Par conséquent, tous ces instruments de politique monétaire qu’on peut déployer, notamment, on a augmenté le taux directeur de 9 à 11 % et de 11 à 25 % en moins de deux mois, on a augmenté le coefficient de réserves obligatoires de 0 à 10% sur les dépôts en franc congolais. »Puis il ajoute : « Tous ces instruments-là sont inefficaces. Par conséquent, cela laisse le reste de la masse monétaire inchangée. Je peux voir la dépréciation se poursuivre comme si de rien n’était. »L’enseignant propose notamment à l’État d’ajuster son train de vie à la capacité de mobilisation de recettes, industrialiser le pays pour réduire la facture d’importation, réformer le Code minier pour rapatrier les devises et créer des banques commerciales congolaises. À lire aussiRDC: les Congolais en colère face à la dépréciation de leur monnaie
9/5/20232 minutes, 30 seconds
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Guinée: le bilan économique en demi-teinte de la junte pour l'an 2 du CNRD

Des infrastructures routières qui s’améliorent, des indicateurs économiques dans le vert comme le franc guinéen qui s’est stabilisé. Après deux années de transition, le bilan de la junte dirigée par Mamadi Doumbouya paraît plutôt positif sur le papier, mais est-ce ressenti ainsi au quotidien par les Guinéens ?
9/5/20232 minutes, 27 seconds
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Maurice: le manque de devises affecte les importateurs

Le marché monétaire à Maurice peine à trouver son équilibre d’avant la pandémie. Les interventions historiques de la Banque centrale à hauteur de 3,8 milliards de dollars n’ont pas suffi. Les importateurs se plaignent en ce moment encore d’un manque de devises. La dépréciation de la roupie et d’autres facteurs rendent le marché instable.  De notre correspondant à Port-Louis,Malgré les interventions répétées de la Banque de Maurice depuis la fin de la pandémie et la reprise économique, les industriels mauriciens font face à un problème persistant de manque de devises. Un importateur historique, préférant rester anonyme, nous confie : « Je continue à faire la tournée des banques pour obtenir des devises. »Cette réalité intrigue l’économiste Rajiv Hasnah : « Nous sommes plutôt perplexes face à cette situation de pénurie de devises qui persiste trois ans après la Covid, malgré la reprise assez considérable du secteur touristique, l'amélioration dans le secteur textile depuis avant le Covid, la stabilité du secteur financier et la performance continue dans le secteur agricole. »Quelles sont les raisons de ce déséquilibre sur le marché des devises ? Pour de nombreux analystes, l'intervention massive de la Banque de Maurice pendant la pandémie y est pour quelque chose. La Banque centrale a puisé plus de 3 milliards de dollars (140 milliards de roupies) dans ses réserves stratégiques pour soutenir l'économie mauricienne, c’est l’équivalent de 20% du produit intérieur brut de l'île.« Le marché des devises est dynamique »En parallèle, elle n'a pas cessé d'alimenter le marché en devises. « Depuis le début de la pandémie, la Banque de Maurice a vendu environ 3,8 milliards de dollars dans le but de stabiliser le marché des changes », explique Waësh Khodabocus, directeur par intérim du département de la stabilité financière et de la gestion des risques de la Banque de Maurice.À la question de savoir pourquoi les importateurs se plaignent toujours d'un manque de devises malgré l'intervention de la Banque de Maurice, Waësh Khodabocus répond : « Le marché des devises est dynamique, des fluctuations au niveau des volumes des devises sont tout à fait normales. Nous interviendrons certainement chaque fois que les conditions du marché des changes l'exigeront. »Restaurer la confiance dans la roupie mauricienneCette année, la Banque de Maurice a injecté 60 millions de dollars sur le marché et a officiellement exhorté les 17 banques locales à ne pas rajouter à la spéculation.Deux autres facteurs compliquent la situation : la roupie a glissé de plus de 30% en trois ans par rapport à la monnaie américaine et le taux d'intérêt est légèrement inférieur à celui du dollar (4,5% contre plus de 5%). La Banque de Maurice indique aussi que la demande de devises est forte en ce moment, car les importateurs renforcent leurs stocks en fin d'année.De leur côté, les économistes appellent le régulateur à restaurer la confiance dans la roupie mauricienne.
9/3/20232 minutes, 24 seconds
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Éthiopie: l'opale, une ressource encore sous-exploitée

Découverte en 2008 au nord de l'Éthiopie, l'opale a vite propulsé le pays au rang de deuxième exportateur mondial. Un commerce qui a généré 2,6 millions de dollars en 2021. Mais ce n’est rien comparé à ce que l’opale pourrait générer si elle était encore mieux exploitée. Le manque de politique et de cadre juridique approprié, de main-d'œuvre qualifiée, d'investissements privés et de promotion du marché à l'échelle locale et mondiale a entravé la croissance du secteur. Par Clothilde Hazard De notre correspondante à Addis-Abeba,Au milieu des paysages spectaculaires du Wello, de jeunes hommes progressent sur les flancs escarpés des montagnes. Après avoir repéré un filon, ils s’activent à coups de pioche et creusent un tunnel profond. Sans équipement, pas de casque, ni d’oxygène malgré la chaleur et l’altitude.« C’est très dangereux : quand il y a des effondrements, cela peut tuer beaucoup de mineurs. Parce qu’ils n’ont pas de protection. Parfois, quand les pierres tombent, ils sont coincés dans le tunnel. Quand tu fais ce travail, tu risques ta vie », alerte Berihun Abere, inspecteur du travail dans ce secteur.Les méthodes sont rudimentaires. L’opale ainsi extraite est de petite taille, souvent mélangée à de la roche et donc de moins bonne qualité. Les mineurs sont organisés en coopérative et vendent collectivement leurs opales. Il faut ensuite les polir pour révéler leurs couleurs.Metasebia Asfaw vend 30 euros le carat, soit 150 euros le gramme. « Il y a plusieurs sortes d’opale en Éthiopie, l’opale cristal, l’opale noire, la rouge, la fire... », décrit Metasebia Asfaw, qui tient à souligner : « Plus elles sont colorées et plus elles sont précieuses. Après le polissage, elle est prête à être vendue et son prix est fixé en fonction de la couleur, la forme et la taille. »Former pour mieux mettre en valeur l'opalePour pouvoir vendre la pierre à son juste prix, il faut savoir la mettre en valeur et reconnaître sa qualité. Une compétence encore trop peu répandue dans le pays. La World Gem Foundation, organisme de formation en gemmologie, lance en partenariat avec le ministère des Mines un programme pour que les Éthiopiens puissent mieux tirer parti des pierres précieuses et semi-précieuses présentes dans leur sol, l’opale, mais aussi le rubis et l’émeraude.« Le principal problème, c’est le manque de connaissances et nous essayons d’y remédier », pointe Haimanot Sisay, la directrice du projet. « Ces ressources sont limitées et nous devrions savoir comment les gérer et en tirer un bénéfice économique. Nous éduquons les gens et je pense qu’après six mois, cela va changer la dynamique du secteur. »Aujourd’hui, les pierres précieuses éthiopiennes sont souvent vendues brutes à prix cassés, principalement en Chine ou en Inde. Ce programme doit former 1 000 gemmologistes en dix ans pour se réapproprier le marché.
8/31/20232 minutes, 9 seconds
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RDC: entre pollution et essor économique, le paradoxe de l’exploitation des ressources minières

En République démocratique du Congo, la production minière notamment du cuivre et du cobalt connaît un accroissement ces 5 dernières années. Celle du cuivre a doublé alors que la production du cobalt tend à dépasser les 100 000 tonnes. Avec une contribution significative de 43 % au budget national, le secteur minier reste le pilier de l’économie de la RDC. Cependant, le rythme de l'exploitation minière dans la région du Katanga inquiète tant les chercheurs que les acteurs de la société civile. Les conséquences sur l’environnement sont de plus en plus dévastatrices. De notre correspondante à Lubumbashi,La transition énergétique pousse les entreprises minières installées en RDC à accroître leur production. Entre 2018 et 2022, la production de cuivre par exemple a doublé. Elle est passée d’un million de tonnes à deux millions. Celle du cobalt était de plus de 90 000 tonnes en 2022. Il y a cinq ans, elle avait dépassé la barre des 100 000 tonnes. Banza Lubaba est professeur à l'université de Lubumbashi et chercheur sur les questions de l'environnement.« Beaucoup d'investisseurs du secteur minier ont mobilisé des fonds pour accroître la production de cobalt et d'autres minerais. Le rythme s’est accru depuis 2016. Pour la production de cobalt par exemple, on l’estime à 3,95 kilos à chaque seconde, ce qui représente environ 145 000 tonnes par an. »À lire aussiRépublique démocratique du Congo: les quartiers de Kolwezi grignotés par l'exploitation du cobaltCe rythme d’exploitation minière inquiète les acteurs de la société civile à Kolwezi. En plus d’impacts environnementaux sur l’air, le sol ou la végétation, l’activité minière menace la nappe phréatique. À chaque fois que l’exploitation arrive à une nappe, l’entreprise doit vider l'eau pour éviter que la mine ne soit noyée. Pendant ce temps, les ressources en eau s’épuisent, explique Shadrak Mukad, cadre de la société civile à Kolwezi : « Aujourd’hui, dans les quartiers Musonoi et le centre-ville de Kolwezi, pour atteindre l’eau lors d’un forage, il faut aller à 100 voire 150 mètres de profondeur à certains endroits. Ça nous inquiète davantage car la Regideso dans la ville de Kolwezi n’est pas en mesure de desservir toute la population. »La RDC ne peut cependant pas se permettre d’arrêter l’activité minière dans cette région. Grâce au cobalt de Kolwezi, le pays est 2ème producteur mondial de ce minerai stratégique. En outre, le secteur minier représente 47% du PIB et génère 95% des exportations et 25% d’emplois. Freddy Kasongo est directeur de l’Observatoire des ressources naturelles, OARSE : « À titre indicatif, la contribution du secteur minier à l’économie nationale pour les années 2020 et 2021 était de 5,8 milliards de dollars. Il faudrait y ajouter son impact sur le revenu de la douane, de la sous-traitance, du tourisme… Il est plutôt urgent d’utiliser ces ressources pour le développement d’une économie alternative au secteur minier car on sait que les mines sont épuisables. »Devant ce paradoxe, les chercheurs et les acteurs de la société civile appellent l’État congolais à rationaliser l’exploitation minière pour éviter que le pays ne soit avalé par ses mines.À lire aussiRDC: Le film «Les Audiences de Kolwezi» dénonce l’impunité des conséquences de l’exploitation minière
8/30/20232 minutes, 20 seconds
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Congo-Brazzaville: des artisans dévoilent leur savoir-faire au Salon des métiers du bois

« L’artisanat congolais : jeunesse et emplois », c’est le thème de la 3ème édition du Salon des métiers du bois (Samed) à Brazzaville. L'occasion pour une centaine d'artisans de montrer comment façonner cette précieuse matière première, véritable source d’emplois, le bois étant le deuxième secteur de l’économie congolaise. De notre correspondant à BrazzavillePlace du jardin des droits de l’homme, en plein centre de Brazzaville. C’est l’espace choisi par les artisans congolais pour ériger leurs stands et exposer leurs divers produits essentiellement fabriqués à partir des essences de bois tirées des riches forêts congolaises. Magloire Ndassa, 32 ans, sculpte un éléphant : « C’est un animal qui est doux. Les étrangers adorent cet animal. Ça c’est l’éléphant trompe en l’air, signe du bonheur, explique le sculpteur. J’utilise de l’ébène gris, un bois précieux très rare au monde qu’on trouve chez nous au Congo », ajoute l’artisan.Exaucée Samba tient un stand d’objets personnalisés : portraits et gravures en bois : « Nous utilisons essentiellement quatre essences : l’anigré, le bilinga, le sapelli et le wengé ou bois de fer. C’est le bois qui vient du nord. Ce sont en fait les déchets ou les restes des grandes entreprises. Nous sommes un peu dans l’optique de la protection de l’environnement. On fait du recyclage. On essaie de donner une seconde vie à ces déchets au lieu que ça pollue la nature », précise Madame Samba.Le Congo a interdit au début de l’année l’exportation du bois en grumes, c’est-à-dire des troncs d’arbres avec écorces. Selon la direction générale de l’économie forestière, cette politique vise à créer de la valeur ajoutée, à renforcer la contribution du bois au PIB, donc à l’économie nationale. Le pays dispose officiellement d’une soixantaine d’unités de transformation qui devraient connaître une croissance avec cette nouvelle politique et l’arrivée de nouveaux investisseurs.Une filière en pleine croissanceDeuxième secteur de l’économie congolaise, le bois fournit actuellement 14 000 emplois. Jacqueline Lydia Mikolo est ministre des PME et de l’artisanat : « La filière bois offre une grande palette d’opportunités en Afrique en général et au Congo en particulier. Une grande partie des articles présentés ici au Salon a déjà été vendue. Ça veut dire que c’est une filière porteuse. On peut générer de la richesse et de l’emploi. Et, contribuer à la diversification de notre économie », analyse-t-elle.L’État créé un environnement propice à l’épanouissement des artisans, selon Mireille Opa, directrice générale de l’Agence nationale de l’artisanat : « Il y a déjà une loi du pays qui exige que les édifices de l’État soient décorés ou ornés par les œuvres des artisans congolais », dit-elle.Six autres pays du continent ont participé à la 3e édition des Métiers du Bois à Brazzaville. Madagascar était l’invité d’honneur de ce salon.À lire aussiLa filière bois de Côte d'Ivoire va adapter sa traçabilité après l'accord avec l'UE
8/29/20232 minutes, 31 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan tente de s'exporter à l'international [3/3]

Il s'agira du plus important complexe industriel du genre en Afrique. À Kairouan, dans le centre de la Tunisie, le groupe Sebri s'apprête à ouvrir une vaste unité de distillation de roses de Kairouan. Cette variété de fleur, réputée pour la délicatesse et l'intensité de son parfum, séduit les plus grands parfumeurs. L'objectif de cette unité de distillation sera donc de contribuer à l'économie nationale, en développant les exportations à destination des grandes maisons de parfumerie internationales. Elle disposera, entre autres, de 16 distillateurs d'une capacité totale de distillation de 5 000 litres. Huit sont déjà installés, quasi prêts à l'emploi. La mise en service de cette unité industrielle est prévue dès 2024.  De notre envoyée spéciale à Kairouan,97 chambres frigorifiques, capables de stocker jusqu'à 16 000 tonnes de roses. Seize distillateurs d'une capacité totale de distillation de 5 000 litres : du jamais vu dans la région. Derrière ce projet ambitieux, un industriel local : Habib Sebri, PDG et fondateur du groupe Sebri :« Nous avons eu l'idée de ce projet en 2017, avec une équipe française qui a choisi la région de Kairouan pour son climat. Nous sommes les premiers à faire ce type de projet. Il existe d'autres opérateurs traditionnels, mais ils n'ont pas ce niveau d'industrialisation. Les autres sociétés opérantes s'approvisionnent auprès des agriculteurs ou sur le marché local. Notre société, elle, détient la chaîne de valeur puisqu'elle exploite ses propres champs de roses. En termes d'exportations, nous visons les marchés européen, la France et l'Allemagne, et puis l'Asie. »À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, un levier de développement économique et touristique [2/3]Pour mener à bien son projet, le groupe Sebri a planté 1 000 hectares de rosiers, une surface qu'il souhaite doubler dans les prochaines années. L'arrivée d'un tel acteur a d'abord déstabilisé les agriculteurs locaux, comme Mohammed Chaker Saddem, mais aujourd'hui, il considère la future unité de distillation comme une aubaine :« C'est une bonne chose. Au début, lorsque le groupe Sebri a fait des plantations de 600-700 hectares de rosiers, il a un peu inondé le marché, et ça a énormément fait baisser les prix. Ce n'était pas bien pour nous. Mais maintenant, avec l'unité de distillation qu'il a installée, on pense qu'il va absorber toute sa production de roses et même plus. À mon avis, ça va jouer en notre faveur parce qu'on va trouver un débouché pour nos propres roses. »Valoriser la production des petits exploitantsLes responsables du groupe Sebri le confirment : les agriculteurs pourront vendre leur propre production. Un partenariat gagnant-gagnant, assure Zied Chourabi, le directeur central du groupe : « L'idée, c'est de chercher une plateforme industrielle qui va valoriser cette plantation locale. Et en même temps, tous nous semblent bénéficiaires : l'État, parce qu'il y aura des exports ; les petits agriculteurs, on va les garder, on va même s'approvisionner de leur part, on va les protéger en d'autres termes. Ils ne vont pas disparaitre parce qu'on va accepter toute leur production avec des standards de qualité. Et nous aussi, on va valoriser notre production, on va ajouter de la valeur ajoutée, vendre et avoir notre poids sur le marché. »Le groupe Sebri dit vouloir dynamiser l'emploi local. Son objectif est ambitieux : jusqu'à 100 000 emplois saisonniers, pendant une soixantaine de jours par an, à condition toutefois que le groupe parvienne à faire tourner ses 16 distillateurs, à plein régime.À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]
8/28/20232 minutes, 41 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan, un levier de développement économique et touristique [2/3]

Cultivée dans le centre de la Tunisie, cette rose est réputée pour l'intensité et la délicatesse de son parfum et prisée des parfumeurs internationaux. De plus en plus d'acteurs prennent conscience du potentiel économique que représente cette fleur et sont convaincus que la valorisation de la rose de Kairouan va créer de l'emploi et attirer davantage de touristes à Kairouan, ville surtout connue pour son patrimoine architectural et spirituel. Illustration dans cette pâtisserie artisanale. De notre envoyée spéciale à Kairouan,Couteau en main, d'un geste méthodique et saccadé, Halima Barek est en pleine préparation du makroud, la spécialité kairouanaise par excellence. Ce qui fait la renommée des siens : leur préparation à l'eau de rose. « La particularité de la rose de Kairouan, c'est qu'elle donne une eau de rose avec un parfum très intense, explique la pâtissière. Ça se marie bien avec les pâtisseries qu'on est en train de faire. D'ailleurs, on conserve l'eau de rose pendant plus d'une année. Plus c'est vieux, plus c'est aromatisé ! C'est ce qui donne un arôme si particulier à nos pâtisseries. »Halima Barek distille elle-même les roses. Ce savoir-faire, transmis de mère en fille, lui a valu l'an dernier la médaille d'or du meilleur makroud à l'eau de rose de Kairouan. Une récompense qu'elle arbore fièrement sur son tablier noir : « Grâce à cette médaille, j'ai beaucoup amélioré mon volume de ventes. Ce type de concours nous permet d'avoir plus de visibilité. Avant, on était trois dans l'atelier. Depuis, j'ai recruté deux femmes supplémentaires. »À écouter aussiTunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]Une alternative au patrimoine architectural et spirituelSa pâtisserie bénéficie d'un accompagnement de Pampat 2, un projet de valorisation des produits du terroir tunisien, financé par la Suisse, et mis en œuvre par l'Organisation des Nations unies pour le Développement industriel. Son coordonnateur local, Farouk Ben Salah, en est convaincu : la rose de Kairouan est un véritable atout pour l'économie locale. « Nous, on part d'abord sur la nécessité de reconnaître le sous-secteur des produits du terroir comme un secteur très important dans l'économie, détaille le coordonnateur. C'est un produit emblématique de la région. Étant donné l'importance de cette culture, ça peut aussi participer à la visibilité de la région et vendre Kairouan aussi à travers ces produits du terroir-là et aussi à travers ses roses, pas seulement à travers la mosquée et les monuments historiques qui sont là. »Objectif national et internationalLancé en 2013, le projet Pampat affiche un objectif : créer de l'emploi et de la valeur ajoutée, grâce à une meilleure organisation des filières. Lamia Chekir Thabet en est la coordinatrice nationale : « On accompagne tous les opérateurs pour mieux organiser cette offre. Comme c'est une approche chaîne de valeur, on commence au niveau des agriculteurs. On les accompagne pour mieux se structurer, mieux structurer leur offre et en améliorer la qualité. Et, par la suite, ce sont des opérations d'appui pour des expos-ventes, pour des participations à des salons. Et donc, la finalité du projet, c'est un meilleur accès au marché national, mais aussi international. »Prochaine étape visée : la mise en place d'une stratégie nationale de valorisation de la rose de Kairouan, désormais reconnue par les autorités comme un produit emblématique du terroir.À lire aussiTunisie: en pleine crise du pain, le gouvernement annonce le réapprovisionnement des boulangeries
8/27/20232 minutes, 38 seconds
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Tunisie: la rose de Kairouan, une source de revenus alternative pour les agriculteurs [1/3]

En Tunisie, l’agriculture étouffée par une sécheresse inédite. Le pays, déjà enlisé dans la crise économique, fait aussi face à une crise de l’eau. La plupart des barrages du pays sont à sec ou connaissent un très faible niveau de remplissage. Pour tenter de faire face, les autorités ont instauré un système de rationnement et de coupures d’eau. Une situation de plus en plus difficile pour les agriculteurs. Dans un tel contexte, certaines cultures – moins consommatrices en eau – peuvent cependant constituer une source de revenus alternative. C’est le cas de la rose de Kairouan, une variété de fleur destinée à la parfumerie, aux cosmétiques ou à la pâtisserie. Elle est de plus en plus cultivée dans cette région du centre de la Tunisie où les températures ont atteint jusqu'à 48°C cet été. De notre envoyée spéciale à Kairouan,Sous un soleil de plomb, Dalanda Saddem apparaît au milieu des rangées de rosiers et d’oliviers. Avec son mari, elle gère une exploitation agricole d’un peu plus de six hectares. Le couple s’est lancé dans la culture de la rose, il y a sept ans.« Au début, on a commencé par les cultures maraîchères, comme les petits pois », raconte-t-elle. « Mais ça demandait beaucoup de main-d’œuvre. Elle n’était pas toujours disponible parce que certaines interventions culturales coïncidaient avec la période de cueillette des olives qui rapportent plus. Pour garder les employés ici, il aurait fallu les payer plus cher. Nous avons donc voulu aller vers une autre culture qui demande moins d’entretien et moins de main-d’œuvre. »Le rosier, une « culture à part entière »À chaque printemps, pendant environ 30 jours, le couple recrute une vingtaine de femmes pour cueillir les roses. Sur le calendrier cultural, cette période de cueillette n’interfère avec aucune autre récolte. Le rosier peut donc constituer une source de revenus complémentaire, pour les agriculteurs et les cueilleurs. À la différence de ses ancêtres, Mohamed Chaker Saddem l’a bien compris.« Mes parents et mes grands-parents cultivaient la rose n’importe comment. Ils plantaient les rosiers et les laissaient pousser de façon spontanée », explique-t-il. « Du coup, ça ne donnait pas grand-chose. Moi, je me suis documenté et formé. J’ai un calendrier précis à respecter : la taille, le binage, la récolte, l’irrigation… En fait, je traite le rosier comme une culture à part entière. Mes ancêtres, eux, le traitaient comme une culture marginale qui pouvait éventuellement apporter un revenu supplémentaire. Mais ce n’était pas leur cheval de bataille. »Travailler et structurer la filièreMohamed vend ses roses sur le marché, aux artisans de Kairouan ou aux industriels de Nabeul, pour la parfumerie, les cosmétiques ou la pâtisserie. Seul désavantage : la fluctuation des prix.« Parfois, on a le sentiment de ne pas vendre nos roses au vrai prix », estime Mohamed. « Sinon, comment expliquer qu’en 2006-2007, on vendait le kilo à 7 dinars ? C’était très intéressant. Mais à l’époque, on n’était pas contents... Maintenant, en 2022-2023, le kilo peut se vendre beaucoup moins cher et parfois, les prix remontent. Il faut vraiment travailler sur la filière. »Travailler sur la filière, la structurer, c’est l’un des principaux défis qui attend la région si elle veut pouvoir exploiter pleinement le potentiel économique que représente la rose de Kairouan. Pour les acteurs déjà engagés dans cette voie, nul doute : les perspectives pour l’emploi local pourraient être florissantes.
8/24/20232 minutes, 44 seconds
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Côte d'Ivoire: le parc archéologique d’Ahouakro, une manne touristique disputée

Au nord d’Abidjan, dans la sous-préfecture de Tiassalé, on trouve un parc archéologique peu connu à l’extérieur de la Côte d’Ivoire, mais inscrit sur la liste indicative du patrimoine de l’Unesco : le parc d’Ahouakro, qui s’étend sur 120 hectares. Il abrite des mégalithes – monuments préhistoriques – datés de -2300 à -2150 millions d'années avant notre ère. Il est fréquenté depuis quelques années par des touristes venus d’Abidjan, ivoiriens comme étrangers. Mais l’économie autour de cet écotourisme est opaque, et les habitants du village d’Ahouakro se plaignent de ne pas en voir les retombées. De notre envoyée spéciale à Ahouakro,Le parc d’Ahouakro est doté d’une végétation luxuriante, de mégalithes vieux et des vestiges de civilisations disparues. « Nous sommes dans un dolmen. Au-dessus de nos têtes, la table est portée par les sommets de ces trois panneaux, piliers, en plan incliné. Tout dolmen, dans le monde entier, a pour fonction sépulture, culturelle et religieuse. Mais ici, en Côte d’Ivoire, aucune recherche n’a encore été faite », indique Raymond Ekoum Kauphy, un habitant du village d’Ahouakro.Ce sont des atouts qu'il a su transformer depuis quelques années en un business rentable en s’improvisant guide touristique. « Les visiteurs paient 1 000 francs CFA par tête pour les caisses du village, et le chef de terre, chargé des rituels, vous demande un gallinacé, par exemple un poulet, et une liqueur. Et l’ensemble des visiteurs se cotise pour donner un pourboire au guide que je suis », explique-t-il. « Je n’ai pas de statut, je ne suis pas rémunéré en tant que tel. Je suis patient, j’ai foi qu’un jour tout sera bien normalisé, structuré, pour que je puisse avoir un statut et un salaire pour vivre de ce que je fais. »« On aimerait que les autorités nous donnent des subventions... »Dans les faits, les groupes de visiteurs s’acquittent généralement de 15 à 20 000 francs CFA. Selon Raymond Ekoum Kauphy, le site reçoit 15 à 20 touristes par mois, jusqu’à 35 en période haute. Mais pour l’heure, l’économie touristique d’Ahouakro est opaque, et le guide est le seul à tenir les cordons de la Bourse, reconnaît le chef de terre, N’Guessan Kouamé.« Le parc ne me rapporte quasiment rien, on ne reçoit pas de dons », regrette-t-il. « On aimerait que les autorités nous donnent des subventions. Les visiteurs viennent regarder les pierres et repartent, mais ce n’est pas moi qui les reçois, je ne sais pas combien ils sont. Ce que ça rapporte ? Je ne sais pas, c’est Raymond qui sait. »« On ne gagne rien »Cet argent, les habitants de ce petit village de planteurs disent n’en avoir jamais vu la couleur. L’un d'entre eux, Wilfried Brou Kouamé, s’est posé dans un petit maquis près de l’entrée du parc… Une bière à la main, il a l’habitude de voir défiler les touristes.« Ça nous fait plaisir de voir les gens venir visiter notre site… Mais en réalité, nous, on ne gagne rien », constate Wilfried Brou Kouamé. « Il y a beaucoup de choses à faire [dans le village]. Il y a un manque d’électricité. On veut un château d’eau dans le village. On veut aussi que le village soit un peu bitumé, de Singrobo à Ahouakro, et que les rues aussi soient un peu goudronnées. Pas pour nous seuls, mais pour les visiteurs [aussi] ! »Plus de 39% de la population ivoirienne vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale (2020). Un nombre en baisse depuis quelques années, sauf dans les zones rurales, où il a augmenté.
8/23/20232 minutes, 14 seconds
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Congo: la place de l’entrepreneuriat féminin dans les zones économiques spéciales

Des cheffes de petites et moyennes entreprises d'une vingtaine de pays africains ont participé à la 12e édition du Forum international des femmes entreprenantes et dynamiques (Fied) à Brazzaville du 31 juillet au 5 août. Ces femmes ont notamment abordé la question de leur place au sein des zones économiques spéciales (ZES), ces espaces géographiques au sein desquels les lois sont plus libérales et avantageuses pour les entreprises. Le Congo souhaite en créer sur son sol.  De notre correspondant à Brazzaville,Pour rien au monde, Pauline Effa, coordonnatrice de l’ONG partenariat France-Afrique pour le co-développement, ne pouvait manquer ce rendez-vous.Elle est venue notamment conseiller aux femmes entreprenantes comment procéder pour réussir à se créer une place au soleil dans une zone économique spéciale.« On pourrait développer simultanément un chantier pour accompagner ces femmes à se mettre en entreprises collectives. Parce que là, on a dit qu’elles pouvaient vendre les produits. Mais si on dit que chaque femme va vendre son produit, il n’y aura pas de réel impact. Il faut les amener à se mettre en entreprises collectives, parce que la coopérative est aujourd’hui une entreprise collective. Pour qu’elles soient mieux impactées par ces zones », conseille-t-elle.Un savoir féminin sollicitéLes développeurs des ZES comptent y installer des incubateurs où le savoir féminin sera sollicité, comme l’explique Médecy Poaty, conseillère à la diversification économique auprès du ministre congolais des ZES.« Aujourd’hui, en Afrique, il y a beaucoup de femmes industrielles. Il y en a qui sont présentement ici. Certaines sont présentes dans la conception des matériaux de transformation. D’autres sont présentes dans la formation, l’accompagnement et le financement. On a des femmes aujourd’hui qui sont prêtes à accompagner des pays en termes de financements et d’apport de capital », argumente-t-elle.Une première ZES pour 2027 ?À en croire Servais Packa, directeur général de la diversification économique au ministère congolais des ZES, il est prévu au sein de l’Agence de diversification un arsenal devant faciliter l’intégration de l’entreprenariat féminin dans les ZES.« Vous savez, pour nous qui implémentons dans le cadre de la diversification, la zone économique étant un levier de la diversification, on ne saurait aller vers cette diversification, sinon une économique résiliente, inclusive et diversifiée, si et seulement si la femme est exclue. Déjà, à en croire à la valeur numérique que constituent les femmes, elles sont très entreprenantes », analyse-t-il.Au Congo, on évoque le projet des ZES depuis 2009. Mais la première est attendue en 2027. L’objectif du pays est de sortir du « tout pétrole » en diversifiant son économie. Des quatre zones à créer, une sera basée sur l’industrie à Pointe-Noire et une autre sur l’agroalimentaire dans le centre du pays.
8/22/20232 minutes, 22 seconds
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L’épineuse question de l’élargissement des Brics

L’Afrique du Sud accueille le sommet des Brics, du 22 au 24 août, au sein de son centre de conférences de Johannesburg. Un sommet un peu particulier, le premier en présentiel depuis la pandémie de Covid et le début de la guerre en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine suivra d’ailleurs le sommet à distance, ne pouvant pas se déplacer du fait du mandat d’arrêt de la CPI. Et parmi les principaux dossiers sur la table, se trouve la question de l’élargissement des Brics. Depuis l’ajout de l’Afrique du Sud en 2010, aucun nouveau pays n’a pour l’instant rejoint le groupe originel. Ce point a été en discussion ces derniers mois, notamment au niveau ministériel, et désormais, les chefs d’État vont pouvoir échanger de vive voix sur ce choix crucial. Alors que des pays comme la Chine ou la Russie ont fait savoir leur désir d’expansion, afin que le bloc pèse davantage et puisse imposer ses envies de multilatéralisme, d’autres membres comme l’Inde ou encore le Brésil, et son président Lula, se montrent pour l’instant plus prudents : « Nous allons discuter de l’entrée de nouveaux pays, et je suis d’avis que tout le monde puisse entrer, à condition de respecter les règles que nous sommes en train d’établir : dans ce cas, nous accepterons leur candidature. »Car ce sont justement ces critères d’entrée qui sont difficiles à établir entre les cinq pays. Un document a été préparé par les chefs diplomatiques, mais il faut désormais qu’il soit accepté par les cinq chefs d’État membres des Brics.Selon l’Afrique du Sud, 23 pays ont formellement approché le bloc pour une possible candidature. Un intérêt dû aux changements géopolitiques, selon Priyal Singh, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) : « Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, il y a de fortes tensions géopolitiques mondiales, et cela rend très anxieux les pays du Sud. Je pense que beaucoup de pays recherchent plus de prédictibilité, et ils ne peuvent la trouver qu’en mettant en commun leur poids et influence dans le monde. »La liste publiée par Pretoria comprend plusieurs pays du continent, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Sénégal, le Nigeria, l'Éthiopie, et le Maroc dont des diplomates ont toutefois nié avoir fait une telle demande. Pour le continent, se rapprocher des Brics est aussi une façon de renforcer les relations avec la Chine, qui domine le groupe, selon Priyal Singh : « La Chine est le premier partenaire commercial pour de nombreux pays africains. Je pense que beaucoup d’entre eux ont leur regard tourné vers Pékin, d’autant plus que la Chine continue de croître, et ils souhaitent donc se rapprocher de son orbite politique et économique. »Surendettée et en proie à un manque chronique de devise étrangères, l’Argentine aimerait aussi intégrer les Brics pour, notamment, avoir accès à la nouvelle banque de développement, le bras financier du bloc des puissances émergentes, rapporte notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience. Pour le pays, l’accès à cette banque « signifierait un accès direct à une source de capitaux internationaux avec des taux d’intérêts bas qui pourraient être importante pour les investissements en Argentine », explique Bruno de Conti, professeur d’économie internationale à l’université de Condominas.Mais le manque de solvabilité de l’État argentin représente néanmoins un obstacle de taille, d’autant que les soutiens brésilien et chinois a la candidature argentine ont été refroidis dimanche par les résultats des primaires à l’élection présidentielle, marquées par la victoire surprise du candidat libertarien Javier Milei qui est « proche des États-Unis ».La question de la dédollarisation Un autre dossier pourrait aussi influencer le choix de nouveaux membres : la volonté d’accélérer la dédollarisation, alors que les Brics souhaitent réduire leur dépendance au billet vert. Daniel Bradlow, professeur à l’université de Pretoria : « Des pays des Brics utilisent déjà par exemple le yuan dans leurs échanges, et on peut donc les imaginer admettre d’autres puissances, et utiliser ces monnaies. D’un point de vue des échanges, il y a du potentiel à développer cela. »D’autres nations, notamment du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ou des pays sous sanctions comme l’Iran, cherchent aussi à pénétrer au sein de ce cercle informel des Brics.À écouter aussiAfrique économie - Quelle place pour l’Afrique du Sud au sein des Brics?
8/21/20232 minutes, 25 seconds
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Quelle place pour l’Afrique du Sud au sein des Brics?

L’Afrique du Sud accueille le Sommet des Brics du 22 au 24 août au centre de conférences de Johannesburg. Le pays est, depuis 2010, le membre le plus récent du groupe, dont l’acronyme a été imaginé dans les années 2000 par l’économiste Jim O’Neill. Mais d’un point de vue économique, Pretoria ne joue pas dans la même catégorie que les quatre autres puissances du bloc (Brésil, Russie, Chine, Inde), et tente de compenser sur le plan diplomatique. Avec moins de 2% de la population des Brics, et également moins de 2% du PIB du groupe, l’Afrique du Sud affiche des indicateurs très loin de ceux de ses partenaires. Et l’écart devrait continuer à se creuser, selon Johan Fourie, professeur d’économie à l’université de Stellenbosch : « Au tout début, l’Afrique du Sud semblait être un bon partenaire dans cette alliance, mais au cours des années 2010, l’économie sud-africaine a rencontré des difficultés et s’est mise à stagner. On observe des trajectoires divergentes au sein de l’alliance : par exemple, la Chine n’atteignait que la moitié du PIB par habitant de l’Afrique du Sud dans les années 1990, et en 2016 elle l’a dépassé. Et étant donné les prévisions de croissance très basses pour l’Afrique du Sud sur les prochaines années, cette trajectoire devrait se confirmer. »C’est donc plutôt grâce à sa stature diplomatique que le pays parvient à conserver une voix au sein du bloc, selon Jo-Ansie Van Wyk, professeure de politique internationale à l’université d’Afrique du Sud : « Nous sommes, comme on a pu le voir, un partenaire d’influence sur le continent. Nous avons siégé plusieurs fois au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons aussi présidé l’Union africaine sous Ramaphosa, et cela nous donne du poids. »Du côté des avantages économiques que l’Afrique du Sud peut tirer des Brics, ils sont, là aussi, pour l’instant encore minimes. En dehors de prêts de la Nouvelle Banque de Développement, le pays bénéficie surtout de sa relation bilatérale avec la Chine. Le président Xi Jinping sera d’ailleurs reçu en visite d’État en parallèle de ce sommet.Des échanges économiques à développer avec les autres membres des BricsEt les échanges avec le bloc demandent encore à évoluer, selon la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor : « L’année dernière, les Brics comptaient pour 21% des échanges commerciaux de l’Afrique du Sud. La Chine reste notre partenaire le plus important. Et, bien sûr, nous continuons d’être en déficit commercial avec les pays des Brics, et nous devons nous pencher sur cela. Il y a un besoin urgent de diversification de nos échanges, car les matières premières continuent de dominer nos exportations. »Le groupe réfléchit aussi à accueillir de nouveaux membres, et selon l’Afrique du Sud, plusieurs pays du continent ont formellement fait part de leur intérêt, comme l’Égypte ou encore le Nigeria, qui ont ravi à Pretoria sa place de première économie d’Afrique.À lire aussiÀ Pretoria, l'Iran espère le soutien de l'Afrique du Sud pour l'adhésion aux Brics
8/20/20232 minutes, 18 seconds
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Océan Indien: développer le tourisme de la région grâce au concept des «Îles Vanille»

Dans l'océan Indien, après une décennie mitigée, le projet « Îles Vanille » suscite à nouveau l’intérêt des décideurs régionaux. À l’origine, cette initiative avait pour ambition de transformer les îles de l'océan Indien en une destination touristique commune. Les acteurs de la région, tirant surtout les leçons de la pandémie, souhaitent redonner un nouvel élan à ce projet.  De notre correspondant à Port-Louis,L’initiative des Îles Vanille a démarré en 2011, année où le tourisme mauricien était en plein essor avec 111 hôtels en activité et près d’un million de visiteurs. Cette année-là, une aventure commune avait commencé en Asie, se souvient Pascal Viroleau, directeur des Iles Vanille, dont le siège se trouve à l’île de la Réunion : « Le premier rendez-vous professionnel s’est passé à Shanghai. L’ouverture d’une ligne Air Mauritius à Shanghai s’est faite main dans la main entre Madagascar, Maurice et la Réunion. Ces trois îles sont allées ensemble vers les professionnels chinois. C’est un exemple historique de la coopération. »Le projet a été nommé Iles Vanille, en référence à une épice exotique commune à toutes les îles de la région : Maurice, Madagascar, La Réunion, Les Seychelles, les Comores et Mayotte. Cette offre proposait aux touristes de découvrir pendant leur séjour au moins deux îles de la région. Le projet n’a pas véritablement décollé.Les circonstances post-Covid et les conflits dans le monde justifient aujourd'hui plus que jamais une approche concertée. Camille Vital, ambassadeur de Madagascar à Maurice et aux Seychelles, entrevoit un renouveau pour Iles Vanille : « Quand je vois le nombre de touristes arriver à Maurice depuis la réouverture des frontières, les hôtels qui affichent complet, on sent que c’est un projet qui va s’ouvrir à tout le monde. »Un concept pour développer le tourisme régional Le tourisme mauricien, leader dans la région, devrait accueillir à nouveau plus d’un million de visiteurs cette année. De janvier à juillet, plus de 700 000 touristes, principalement européens, ont visité l’île. Cependant, le tourisme régional reste limité, avec seulement 90 000 visiteurs depuis janvier. Pour Donald Payen, président de l’Office du tourisme de Maurice, l’heure est venue pour développer un label « indianocéanique » : « Tout ce qui est régional redevient à la mode, on va privilégier les circuits courts, on va encourager les échanges entre les peuples. » Pour favoriser cet élan, la région table sur un nouveau modèle du tourisme de croisière de luxe. Pascal Viroleau directeur des Iles Vanille : « Aujourd’hui, nous essayons d’attirer des bateaux qui soient plus petits, plus respectueux de l’environnement, avec des pouvoirs d’achat plus importants. » Les principaux obstacles à l’initiative « Iles Vanille » sont la faible connectivité et le coût élevé des billets. La fréquence des vols entre Maurice et les autres îles va de cinq allers-retours quotidiens avec La Réunion, à 3 vols hebdomadaires avec Madagascar et les Seychelles et zéro connexion avec les Comores.À lire aussiMaurice: le tourisme se relance après les années de pandémie
8/17/20232 minutes, 25 seconds
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Maurice: le tourisme se relance après les années de pandémie

L'État insulaire et les Mauriciens ont durablement souffert de la pandémie de Covid qui a gelé toute activité touristique, longtemps locomotive de l'île. Mais aujourd'hui, le tourisme connaît un rebond encourageant. Durant les sept premiers mois de cette année, l'île a accueilli plus de 700 000 visiteurs. À ce rythme, le secteur semble bien parti pour retrouver son dynamisme d'avant la crise sanitaire. Le pays y place de grands espoirs pour relancer son économie. De notre correspondant à Port-Louis,La crise du Covid a révélé l'importance réelle du tourisme dans l'économie mauricienne. Selon les autorités, 100 000 familles, sur une population de près de 1,3 million d'habitants, dépendent de cette industrie. Sa contribution directe au produit intérieur brut est estimée à près de 9%. En réalité, elle serait encore plus importante. « L'effet catalytique est en réalité beaucoup plus grand, affirme Kevin Ramkélawan Ramkaloan, directeur général de Business Mauritius, une importante organisation patronale. Parfois, on évoque même une influence de 25% sur l'économie. »Sans le soutien de l'État mauricien à hauteur d'un demi-milliard d'euros envers les hôtels, ainsi que des restaurants, des tour-opérateurs, des taxis et des skippers, le tourisme aurait sombré. Même si le décaissement des fonds a souffert d'un manque de transparence, selon des économistes et des partis d'opposition, ce programme d'aide a porté aujourd'hui ses fruits. Le tourisme retrouve graduellement sa vitalité pré-Covid.Avec 1,4 million de visiteurs attendus et des recettes de 1,3 milliard d'euros, le tourisme est redevenu une industrie capitale. « Le tourisme a prouvé qu'il est l'élément-clé qui soutient actuellement la relance économique de Maurice, analyse Lindsay Morvan, directeur de la Tourism Authority, le régulateur du secteur. C'est bien plus grand que ce qu'on croyait, car à Maurice, on a beaucoup de petits opérateurs et d'entrepreneurs dans le domaine du tourisme. »La durabilité comme nouveau modèleFort de 6 000 opérateurs actifs dans 32 secteurs d'activités liés au tourisme, le tourisme se tourne vers un modèle plus inclusif, respectueux de l'environnement et diversifié. Les plages mauriciennes demeurent l'atout majeur de cette destination, mais une valorisation des richesses intérieures de Maurice est en cours.Dawood Jawaheer, directeur commercial de Blue Safari, société spécialisée dans les sorties sous-marines, observe un réalignement. « Chaque opérateur s'efforce de sensibiliser les clients afin de valoriser ce tourisme vert, explique Dawood Jawaheer. De nombreux grands tour-opérateurs européens demandent à leurs homologues mauriciens leur liste de critères pour ce qui est du "durable". »Le concept de durabilité s'intègre progressivement dans la vie touristique de l'île. Les principaux acteurs du secteur participent désormais à un programme axé sur l'économie circulaire, la transition vers une empreinte carbone réduite et la préservation de la biodiversité.
8/16/20232 minutes, 11 seconds
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Tunisie: l'agroforesterie, une solution à la sécheresse?

En Tunisie, dans les zones agricoles du nord-ouest, d'année en année, les périodes de sécheresse se font de plus en plus longues. D'après les syndicats agricoles, la récolte des céréales a baissé de plus de moitié cette année, alors que le thermomètre a frôlé les 50°C pendant plusieurs semaines. Une catastrophe, quand on sait que la Tunisie doit déjà importer une grande majorité des céréales nécessaires à sa consommation. Les agriculteurs de la région du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, doivent s’adapter aux effets du changement climatique. De notre envoyée spéciale dans le Kef,Une association, le CAPTE Tunisie, pour le Collectif d’acteurs pour la plantation et la transition environnementale, aide les petits agriculteurs à renouer avec l’agroforesterie, une agriculture basée autour de l’arbre qui permet de planter certaines espèces résilientes à la chaleur et d’améliorer la rétention d’eau dans les sols.Depuis le plateau de Dyr El Kef, pas un arbre à l’horizon. Seulement des champs de blé et du pâturage pour les éleveurs de bétail, pour la plupart brûlés par les dernières périodes de sécheresse. Khadija, agricultrice de 73 ans, fait d’habitude vivre sa famille avec le fruit de ses récoltes, mais elle dépend de l’irrigation pluviale. Et cette année, pas une seule goutte de pluie en novembre et avril, un moment crucial pour la croissance du blé.« Vous savez, j’ai roulé ma bosse, raconte Khadija. Avant, c'était vraiment mieux. Tout poussait ici quelle que soit la plante. Maintenant, tout est difficile. Il n’y a pas de pluie et quand il pleut, c'est sur une trop courte durée. Cette année, nous avons passé des mois sans une goutte d'eau et ça se ressent tout de suite. On a pratiquement perdu entre 30 000 et 40 000 dinars faute d’une bonne récolte en blé. »Une association pour promouvoir l'agroforesterieAvec l’aide de CAPTE, une association qui soutient les agriculteurs dans leur transition écologique, elle a commencé à planter des arbres résilients face aux périodes de sécheresse. « J’ai mis un peu de tout : des oliviers, des amandiers, des noisetiers et des poiriers, atteste l'agricultrice. Et je m’en occupe bien, l’association m’a montré comment. »Pour Édouard Jean, co-fondateur de CAPTE, cet accompagnement vise à remettre l’agroforesterie au centre des écosystèmes agricoles. « Les agriculteurs sont les principales victimes des changements climatiques, mais ce sont aussi les acteurs les plus importants pour l’adaptation au changement climatique, explique-t-il. Donc, l’agroforesterie, c’est continuer l’agriculture vivrière qu’ils ont en grande culture, mais avec la réintroduction des arbres, ce qui va permettre de ramener une tempérance climatique et limiter quand il y a trop de sécheresse et favoriser le cycle de l’eau tout en apportant un revenu complémentaire avec les bénéfices des fruits et des arbres. »Si pour l’instant, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact économique de ces initiatives, les agriculteurs y sont très réceptifs. « Je suis content, ça pousse bien, explique Hédi Smaili, un autre agriculteur de la zone satisfait des bienfaits des dernières plantations. Mais le vrai souci, c'est qu'on n'a plus assez de blé pour nourrir les animaux. J’aimerais bien qu’on arrive de nouveau à restaurer les pâturages. Donc si vous voulez utiliser ma terre, allez-y, je suis prêt. »Plus d’une cinquantaine d’agriculteurs partenaires ont été aidés par l’association depuis 2017 dans les gouvernorats du nord de la Tunisie.
8/15/20232 minutes, 28 seconds
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Côte d’Ivoire: un projet pilote pour permettre aux femmes d’accéder à la terre

En Côte d’Ivoire, 12% des femmes seulement sont propriétaires de leurs terres, selon les données officielles du gouvernement ivoirien. Le Projet d’appui à l’accès des femmes à la propriété foncière (AFPF) a entrepris, depuis 2022 et jusqu’en 2024, de leur faire prendre conscience de leurs droits, en partenariat avec plusieurs associations ivoiriennes et avec l’appui technique et financier de l’USAID, l’agence américaine pour le développement international. Avec notre envoyée spéciale à Guiglo, Marine JeanninMarie Guei le sourire aux lèvres. Dans le petit village de Yaoudé, non loin de Guiglo, elle a travaillé pendant plus de quinze ans avec son défunt mari sur leur plantation. Mais à son décès, la veuve a été spoliée par sa belle-famille. Elle a profité d’une séance de sensibilisation menée par l’AFPF pour plaider sa cause. « J’ai perdu mon mari en 2017, raconte la cinquantenaire. Sa famille m’a pris tout l’héritage. Je vivais comme ça, je me débrouillais pour manger avec mes enfants. Quand ils sont venus à Yaoudé, j’ai plaidé mon cas, et puis j’ai retrouvé ma part. Deux hectares d’hévéa en production. Donc ça va maintenant. »Pour résoudre les conflits fonciers liés au genre, les acteurs du projet recourent d’abord à la médiation, avant de se tourner vers la justice. « Dans le village, tout le monde a reconnu que la femme a aidé son défunt mari à créer une plantation d’environ cinq hectares, explique le directeur de la clinique juridique de Guiglo, N’Guettia Kossonou, qui a suivi le dossier. Du fait qu’elle ait participé, il y a un mécanisme juridique qu’on appelle la société de fait. Il faut, sur cette base, procéder à la médiation, négocier avec ses beaux-frères pour qu’on lui concède quelque chose pour qu’elle puisse vivre. »Le problème n’est pas tant la loi, mais son application. Traditionnellement, les femmes sont souvent exclues du jeu de la gouvernance foncière et donc totalement dépendantes des hommes de leur famille. « Au nom du rôle reproductif de la femme, de prise en charge alimentaire, on va lui accorder un lopin de terre dans sa famille d’accueil, affirme Ghislain Coulibaly, le sociologue du projet. Mais attention, la dame a accès à la terre, mais juste pour faire du piment ! Juste pour faire du maraîchage ! Les femmes sont exclues d’un accès en quantité [à la terre], d’un accès en qualité, et elles n’ont pas la possibilité de transmettre ce bien. »Pour y remédier, l’AFPF a mis en place plusieurs stratégies. Sensibiliser, d’abord, les autorités coutumières en rappelant que la loi ivoirienne donne un droit égal à la terre pour les hommes et les femmes. Convaincre ensuite les habitants de partager les terres entre tous leurs enfants, fils comme filles, pour éviter les conflits de succession. Et pousser, aussi, les couples unis par des rites coutumiers à se marier en préfecture, pour protéger les droits de la femme veuve ou divorcée.L’AFPF est un projet pilote, entamé l’an dernier et qui doit s’achever en 2024. Mais les résultats sont concluants et font espérer un déploiement national dans les prochaines années.
8/14/20232 minutes, 18 seconds
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RDC: le recyclage des déchets miniers en ordre de marche

Le boom minier en République démocratique du Congo est également synonyme d'une augmentation des déchets industriels. Les compagnies minières installées dans le Haut-Katanga et le Lualaba sont aujourd’hui confrontées au problème croissant de la gestion de leurs déchets miniers. Le Code minier de 2018 ainsi que la loi congolaise impose aux sociétés minières de disposer de leurs déchets de façon responsable. Mais que faire des huiles usagées, du plastique et des batteries ? Une poignée d’entreprises pionnières se sont lancées dans le recyclage de ces déchets y voyant une aubaine économique. Dans cette usine de Lubumbashi, on procède au recyclage de certains déchets miniers, notamment des huiles usées et du plastique. Une activité qui a tout juste deux ans, lancée par une société indienne, MES, fournisseur de solutions d’ingénierie aux compagnies minières. « On recycle tout le plastique, explique un employé de MES. On le fond et ça devient comme des granulés. Ensuite, on les vend à des gens qui font des chaises en plastique, des tables en plastique ou des seaux en plastique. »La loi congolaise oblige les compagnies minières à disposer de leurs déchets de façon responsable. La plupart de ces déchets sont incinérés, enfuis ou stockés. Une contrainte et un coup supplémentaires pour les groupes miniers. MES y a vu non seulement un problème à régler, mais surtout une opportunité industrielle. « Je voyage beaucoup entre Kumbalesa et Kolwezi, je vais sur de nombreux sites miniers et je peux vous dire que ces sociétés ne s’intéressent pas au problème des déchets, affirme Manoj Kumar Nair, l’un des responsables du groupe. Elles sont là pour extraire du cuivre et du cobalt. Et personne ne se préoccupe du traitement responsable de ces déchets. »La société Clean Congo est née de ce besoin. Aujourd’hui, elle recycle 450 tonnes de batteries chaque mois, 500 000 litres d’huiles usagées et 30 tonnes de polyéthylène de haute densité. « Nous ramassons les déchets non biodégradables et nous les transformons, assure Jayesh Mandlik, un de ses directeurs. Par exemple, la ferraille est fondue et utilisée pour faire des barres de métal utilisées dans la construction. On récupère du polyéthylène haute densité qui est réutilisé pour faire des tubes. On récupère aussi les huiles usagées des compagnies minières, on les retraite pour les convertir en carburant pour la combustion. »L’année prochaine, le groupe compte se lancer dans le recyclage des bouteilles de plastique. À l’université de Lubumbashi, où l’on travaille sur la question du recyclage, on se félicite de cette initiative. Les déchets miniers se comptent en millions de tonnes. Une véritable préoccupation pour le pays. « Il n'y a pas que ces déchets qui sont des huiles, des batteries ou des pneus usagers qui restent une préoccupation, explique le professeur Jean-Marie Kanda, doyen de la faculté de polytechnique de l'université de Lubumbashi. Pneus sur lesquels il reste des pistes de réemploi pour faire des meubles, etc. Donc il y a une volonté de réellement gérer cette question qui préoccupe. »L’université prévoit par ailleurs de lancer dès la rentrée prochaine une formation : un Master sur la fabrication des batteries électriques qui inclura la question du recyclage.
8/13/20232 minutes, 27 seconds
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Industrie extractive: dix ans après, le Gabon fait son retour au sein de l’ITIE

Après avoir été suspendu de l'Initiative pour la transparence des industries extractives dès 2013 pour « manque de transparence notoire », Libreville fait son retour au sein l'organisation basée à Oslo en Norvège. Le gouvernement a rempli son obligation de publier à temps un rapport sur les revenus tirés de l'extraction du pétrole et des minerais pour l'année 2021, une étape cruciale pour éviter la suspension des instances. Reste à valider ce rapport qui suscite la suspicion de la société civile qui pointe des zones d’ombre et doute des données publiées. De notre correspondant à Libreville,La ministre de l’Économie a personnellement réceptionné ce rapport lors d’une cérémonie dédiée. Nicole Jeanine Roboty Mbou estime que ce document est une preuve de transparence dans la gestion des revenus tirés des industries minières et pétrolières. « Nous voulons ainsi saluer la perspicacité de toute l’équipe qui a travaillé d’arrache-pied pour livrer ce premier rapport sur la transparence des industries extractives pour 2021 ».Le document présente les données fournies par les sociétés minières et pétrolières comparées à celles de l’administration, le Trésor public notamment. L’objectif est de savoir s’il n’y a pas d’écart entre l’argent payé par les sociétés et les sommes perçues par l’administration. En 2013, Gabon avait été suspendu de l’Initiative pour la transparence des industries extractives pour « manque de transparence notoire. »« Aujourd’hui, lorsque l’on compare les chiffres produits par l’industrie extractive et les chiffres enregistrés par l’État et donc par le Trésor public, assure la ministre de l’Économie gabonaise, nous avons une marge d’écart d’environ 17%. C’est louable pour un premier rapport. »Présidente du groupe d’Intérêt ITIE rassemblant les agents de l’État et la société civile, Léontine Oyouomi Bibey se réjouit de la parfaite collaboration des sociétés extractives souvent accusées d’opacité : « Toutes les informations requises pour 2021 ont été mises à disposition, que ce soit de la part de l’administration que du secteur extractif. Donc toutes les informations ont été traitées, retraitées, complétées selon les formes requises pour les exigences du rapport. »La société civile, bien qu’impliquée, boude le rapport. Georges Mpaga énumère les points de frustration. « Nos réserves portent essentiellement sur la fiabilité et l’exhaustivité. Par exemple, les principales compagnies pétrolières comme Perenco, Assala, Valco, Addax, ont des comptes qui ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes agréé. »L’administration dit comprendre la bouderie de la société civile et espère que le prochain rapport attendu pour décembre prochain réduira les écarts constatés.À lire aussiGabon: la flambée des prix du pétrole pousse le pays à développer son économie
8/10/20232 minutes, 18 seconds
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La RDC tente de réguler la vente de cobalt artisanal

Le pays produit plus de 70% du cobalt mondial. Si la majeure partie de ce minerai est extraite de mines industrielles géantes dans l’est de la RDC, 10 à 20% provient du secteur artisanal. Dans la province du Lualaba, le gouvernement a lancé un projet pour tenter de réguler la filière d’approvisionnement. Un secteur critique sur lequel pèsent des accusations de travail d’enfants, de conditions de travail dangereuses, de corruption. Reportage dans les coulisses de la régulation du cobalt artisanal. De notre envoyée spéciale à Kolwezi,Tout au long de la route qui mène à Kolwezi, des dépôts délabrés, où s’entassent des sacs de minerai. Il s’agit de dépôts d’achat. Les prix du cobalt, du cuivre sont inscrits sur des cartons, des sacs de toile accrochés au mur. De nombreux creuseurs artisanaux se plaignent du manque de transparence.« Ici Il y a un vrai problème de balance et de teneur. Avant, pour dix sacs, on gagnait 100 000 francs CFA (152,22 euros). Aujourd’hui, ce n’est plus que 30 000 Francs CFA (45,67 euros), se plaint un creuseur artisanal. Les Chinois disent que les prix ont baissé, mais la balance, c'est un robot, elle ne bouge pas. »À quelques kilomètres de là, le gouvernement construit un nouveau centre de négoce : Musompo 2. Des hangars, des comptoirs et un laboratoire. Un ensemble censé éliminer les intermédiaires en entreposant et testant le minerai pour le compte des creuseurs, explique Willy Yav, responsable du centre. « Ce qui se passe, c'est que vous avez des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants qui prennent des pioches, des pelles pour sortir du minerai, qu’ils vendent à des négociants que j’appelle des mafieux qui rachètent à vil prix, truquent leur appareillage de testing… Tout ce qui permet d’établir la valeur du produit et rachètent le produit à un tiers, un quart, parfois même à un cinquième de sa vraie valeur », détaille le responsable du centre.À lire aussiRDC: «Cobalt, l’envers du rêve électrique» ou la face cachée de son exploitationMusompo 2 sera également équipé d'un centre de certification. La loi exige des mineurs artisanaux qu’ils travaillent dans des zones désignées par le gouvernement et qu’ils soient membres de coopératives agréées. Mais cette loi n’est pas appliquée. Et la plupart des creuseurs travaillent dans des mines illégales, parfois même sur les concessions détenues par des multinationales.Un système de traçabilité permettra de garantir que le minerai provient de mines légales et qui respectent les droits humains, explique Théo Mafo, responsable de la Fédération des coopératives minières de Kolwezi : « L'État s'implique parce que l'État comprend que s'il ne fait rien, on risque d'être frappé d'embargo. Parce que sinon les acheteurs, comme Microsoft, Apple, ont peur et peuvent nous intenter un procès, prévient Théo Mafo. Un enfant qui va travailler le produit minier, et vous vous l'achetez, c'est un crime ! Donc, il faut encourager qu'il y ait de bonnes pratiques dans la traçabilité de la chaine d'approvisionnement du cobalt. »Un cobalt propre. Un projet ambitieux, lancé il y a quelques années par l’ancien ministre des Mines, mais qui pour l’instant ne s’est toujours pas concrétisé.
8/9/20232 minutes, 17 seconds
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Conférence Bloomberg: le défi du développement des infrastructures en Afrique [2/2]

En 2050, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants, soit près de deux fois plus qu’aujourd’hui. Face à ce bouleversement, le continent doit de toute urgence accélérer la construction d’infrastructures : routes, ponts, réseaux d’énergie, ouvrages hydrauliques, mais aussi réseaux numériques. Pourquoi et comment investir dans le développement des infrastructures sur le continent ? Le sujet a été âprement débattu à Marrakech, lors de la première édition de la conférence Bloomberg New Economy les 13 et 14 juin derniers. Le développement des infrastructures est un élément essentiel pour générer une croissance durable et un développement équitable sur le continent. C’est pourquoi Claudine Uwera, ministre rwandaise chargée de la Planification économique, estime qu’il est crucial de continuer à investir pour le développement des infrastructures en Afrique : « Sans les infrastructures, on ne peut pas espérer une économie qui est durable, spécialement en Afrique, là où on a des projets qui n'avancent pas très bien. Il y a beaucoup de choses à débloquer. Il faut qu'on débloque les infrastructures aériennes, mais aussi le transport interrégional. Il est vraiment très important pour le commerce régional et international. Il y a les infrastructures énergétiques. C'est beaucoup à faire. »Selon les estimations de la Banque africaine de développement, le continent doit investir environ 100 milliards de dollars par an dans les infrastructures si les pays africains veulent tirer parti de leur potentiel économique. Mais pour Hamza Kabbaj, directeur général de la Société Générale des Travaux du Maroc (SGTM), les problèmes auxquels font face les pays africains sont moins liés à des questions de financement qu’à un manque de vision à long terme : « Je pense qu'une fois que la vision est posée par nos leaders, les financements peuvent être résolus. Donc, quand on construit un port dans une région que l'on veut désenclaver, c'est un investissement qu'il faut mesurer sur 15, 20, 25 ans pour trouver vraiment de la valeur ajoutée. Ça attire un certain nombre d'habitants, un certain nombre d'investissements étrangers qui rapporteront aux générations futures les retours sur investissements nécessaires au développement des pays. » À lire aussiConférence Bloomberg: le poids de la dette en Afrique [1/2]Penser long terme, c'est aussi penser énergies vertes et renouvelables. Mais actuellement, avant d'intégrer ces questions, la majorité des pays africains souhaitent l'accès à l'électricité. Pour Otmane Benamar, directeur de la technologie dans les régions Europe, Moyen-Orient et Afrique de l’entreprise Gas Power GE Vernova, « 600 millions de personnes en Afrique n'ont même pas accès à l'électricité. Donc, il va falloir s'occuper de ces gens-là, les amener à un niveau, améliorer leur vie, mais aussi leurs économies. Car ce qui va permettre aussi les transitions, c'est ce qui va permettre de générer les revenus et investir dans la transition énergétique ».  L’urgence est donc de développer les réseaux électriques, mais aussi les moyens de production d’énergie pour permettre une amélioration significative du niveau de développement humain et des conditions de vie sur le continent. 
8/7/20232 minutes, 18 seconds
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Conférence Bloomberg: le poids de la dette en Afrique [1/2]

La dette des pays africains est un problème croissant sur tout le continent. En Afrique subsaharienne, elle a atteint 56% du PIB en 2022, son niveau le plus élevé depuis le début des années 2000. La Zambie, le Ghana et le Mali ont tous fait défaut depuis le début de la pandémie. L'ONU décrit une situation « grave » dans 24 pays. Alors comment les pays africains mis en difficulté par ces dettes peuvent-ils réagir et réduire ce fardeau ainsi que les risques qui découlent de cette dette croissante ? C’est l’une des questions abordées à Marrakech lors de la première édition de la conférence Bloomberg New Economy en juin dernier.  De notre correspondante au MarocLe niveau d’endettement des pays africains connaît une très nette hausse depuis 2015. Et, la conjoncture économique mondiale de ces deux dernières années noircit d’autant plus le tableau. Pour la ministre marocaine de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, cette crise de la dette est due à des chocs exogènes, venus d’en dehors de l’Afrique : « Cette augmentation du coût et du poids de la dette est d'abord dû au durcissement des conditions financières venant de l’ouest des États-Unis. Cela est dû à la hausse du dollar qui frappe de plein fouet les devises en Afrique. En tant que décideurs politiques, nous avons la responsabilité d'avoir les politiques appropriées pour gérer cette crise, ce fardeau de la dette et créer des conditions propices à la croissance. Mais, je pense que la communauté internationale a sa part de responsabilité et le devoir d’assumer. »Pour Anne-Laure Kiechel, fondatrice et PDG de Global Sovereign Advisory, le niveau de la dette est trop élevé : Qu'est-ce que l'on fait par rapport à cela ? Est-ce qu'on se lance dans une initiative d'annulation de dette ? Ça poserait beaucoup de problèmes. C'est théoriquement envisageable, mais en pratique ça l'est beaucoup moins. Ensuite, la seconde thématique autour de la dette, c'est la question de sa cherté. Soit parce que les taux augmentent, soit parce que la prime de risque augmente aussi. Et c'est quelque chose qui n'est évidemment pas bon pour les pays, car ils voient leurs revenus rester plats ou un tout petit peu monter alors que le coût de la dette augmente très fortement, et ça leur laisse des marges fiscales extrêmement faibles pour leurs dépenses d'éducation et de santé. Ça n'est absolument pas soutenable.Au-delà de l’architecture mondiale à repenser et aux nouveaux modèles de financements à envisager, Anne-Laure Kiechel estime que les États doivent être proactifs. « Plusieurs pays sont en train de restructurer leur dette. Ce sont des processus assez longs. C'est le cas de la Zambie qui est un cas emblématique. Le Ghana est plus rapide. Mais certains pays hésitent à être pro-actifs, car ils voient que ce sont des sujets extrêmement longs. »Dans un environnement où les créanciers ont beaucoup évolués avec l’apparition de nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore l’Inde, le tout sera de trouver des solutions suffisamment rapides pour que les pays emprunteurs n’en pâtissent pas.À lire aussiEurope, Afrique: à qui profitent les dettes souveraines?
8/7/20232 minutes, 11 seconds
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Crise du pain en Tunisie: la baguette de la discorde

Le pays traverse une crise du pain exacerbée depuis que le président de la République a déclaré le 27 juillet qu’il souhaitait un pain subventionné accessible à tous les Tunisiens. Depuis cette déclaration, c’est le branle-bas de combat chez certaines boulangeries dites « modernes » ou « non classées » qui ont annoncé la suspension de leur production. Elles sont dans le viseur du gouvernement, car elles produisent différents pains spéciaux et sont accusées de gonfler les prix ou de mélanger la farine à certains pains pour ne pas vendre la baguette subventionnée au prix symbolique de 190 millimes, soit 0,13 centime d’euros. Un sujet très sensible dans un pays ou près de 3,5 millions de baguettes sont consommées quotidiennement. De notre correspondante à TunisDans le quartier de l’Ariana, au nord de Tunis, les files d’attente pour le pain commencent dès 8h du matin. Zoubeir, 44 ans et chef de département vente dans une société, galère souvent à trouver sa baguette subventionnée. « Cela fait longtemps que ça dure. Par exemple, j’achète habituellement ma baguette dans une boulangerie qui là est actuellement fermée. Ça, c'est le premier problème. Ensuite, quand vous allez dans certaines boulangeries qui ont le droit de vendre d’autres pains, et que vous demandez la baguette subventionnée, ils vous imposent un autre pain qu’ils vendent à 250 millimes, ou alors un pain à base de semoule, qu’ils vendent à 400 millimes. »Ce genre de variations des prix a créé un problème de confiance et une confusion au sein de la clientèle, comme l’explique Farouk, 70 ans, ingénieur agronome : « C’est vraiment commun désormais de ne plus trouver la baguette subventionnée au prix fixé par l’État. La qualité est mauvaise, et en plus quand vous arrivez en fin de journée, il n’y en a plus. »Pour pallier ce problème et faire face aux rumeurs de pénurie de pain, le gouvernement a décidé de serrer la vis pour les boulangeries dites non classées. Au nombre de 1 437 dans le pays, qui vendent toutes sortes de pain et des pâtisseries, contrairement aux fournils classés ou dits « traditionnels », au nombre de 3 200, qui ne vendent que le pain à base de farine subventionnée. Les stocks de farine et de semoule ont ainsi été redirigés vers ces dernières pour mieux contrôler la production et l’approvisionnement du pain subventionné, « un pain unique pour tous les Tunisiens » selon Kaïs Saïed. « On va faire le nécessaire pour fournir le pain au peuple »Salem Badri, président du syndicat des boulangeries modernes à Sfax, explique pourquoi certaines boulangeries pâtisseries sont actuellement en grève. « Tout de suite, on a arrêté de fabriquer tous les pains que monsieur le président a dit, en attendant la décision de ce pain unique. »Ce sont donc les 3 200 boulangeries classées qui doivent travailler à plein régime pour répondre à la forte demande. Yassine Zliaa, boulanger de Raoued au nord de Tunis, est au four et au moulin. « On a eu de la farine du ministère du Commerce, on a eu des quantités exceptionnelles, ils nous ont rajouté des quantités, pour fournir la demande du pain. On va faire le nécessaire pour fournir le pain au peuple. »Mais avec une farine produite avec du blé à 95% importé et les difficultés financières de la Tunisie à payer ses fournisseurs, combien de temps l’État pourra tenir cet approvisionnement en farine ? Sachant qu’il est aussi endetté auprès des boulangeries traditionnelles qui n’ont pas reçu leur compensation depuis plus d’un an et demi. À lire aussiPrix subventionnés du pain en Tunisie: comment des boulangeries s’organisent face à la grève?Après une grève d’une semaine et un mouvement de protestation ce lundi 7 août, les boulangeries modernes ont annoncé la suspension de leur sit-in suite à des discussions entamées avec le ministère du Commerce ce mardi. De nouvelles annonces devraient avoir lieu cette semaine pour rééquilibrer l'approvisionnement en farine 
8/6/20232 minutes, 31 seconds
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Le Bénin reçoit l'appui du FMI pour son programme de développement

Une mission du FMI a séjourné au Bénin pendant 15 jours pour évaluer le Programme économique et financier et la facilité élargie de Crédit, un accord conclu avec le Bénin en juillet 2022 d’un montant de 396 milliards de FCFA pour une durée de 42 mois au lieu des 36 habituels. Il s’agissait de la deuxième revue du programme, toutes les cases ont été cochées, ce qui valide le deuxième décaissement. De notre correspondant à Cotonou, La mission s’est achevée le 5 avril avec les conclusions présentées ici par le chef de mission, le Camerounais Constant Lonkeng : « Tous les critères du programme ont été respectés de façon exemplaire avec des marges en plus. Il y aura un décaissement de 68 millions de dollars qui va au budget de l’État, ce qui portera le décaissement à 360 millions de dollars, plus de la moitié de l’enveloppe globale. Ceci est inédit, généralement les décaissements sont graduels, c’est une marque de confiance que le FMI porte au gouvernement du Bénin ». Plusieurs indicateurs de suivi ont été évalués : les experts du FMI ont regardé le solde primaire, les arriérés de paiements de la dette intérieure, les dépenses sociales prioritaires et le niveau de la dette. Sur la dette, l’opposition et les Béninois ont souvent accusé Patrice Talon et son ministre des Finances d’endetter lourdement le pays. L’appréciation du FMI est la suivante : « 40% des pays de l’Afrique subsaharienne sont à un niveau de risque d’endettement élevé. Le Bénin est à un risque d’endettement modéré. L’endettement dans le programme sera maintenu à ce niveau-là ». ► À lire aussi : Zone industrielle et diversification économique au Bénin: des ambitions, des promesses et des défis Le Fonds est élogieux sur la gouvernance économique du Bénin. Le taux de croissance de 2022 a dépassé les prévisions de 6% et atteint 6,3%, un chiffre communiqué par le ministère des Finances. « Aujourd’hui, le cadre macro-économique est sain, le niveau d’endettement est raisonnable, le risque est modéré avec les résultats qui disent que le programme que nous avons avec le FMI est bien tenu, l’économie est solide et que tous les critères sont respectés, décrypte le ministreRomuald Wadagni. On peut dire aux populations que leur bien est bien gardé, bien géré, bien tenu. L’économie béninoise est en position de poursuivre la création de plus de richesses, plus de bien-être, pour plus de Béninois de façon durable. » L’argent est prêté au Bénin à un taux concessionnel qui varie entre 0 et 1% et il servira à financer le budget de l’année en cours, selon le ministre d’État Wadagni. Prochaine revue du programme, ce sera dans six mois selon les prévisions, ce sera la troisième. ► À lire aussi : Le Bénin mise sur le tourisme multidimensionnel
4/9/20232 minutes, 11 seconds
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Business franco-nigérian : une dynamique à relancer

Cette semaine à Paris, les hommes d’affaires français et nigérians se sont retrouvés pour un forum organisé par Business-France, l’agence en charge de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger. La France est l’un des premiers investisseurs étrangers au Nigeria, avec un stock d’investissement qui s’élève à dix milliards de dollars. Mais cette dynamique a tendance à s’essouffler et Paris voudrait bien la relancer.   Première puissance d’Afrique, 27e puissance mondiale, 225 millions d’habitants, le Nigeria est un marché qui fait rêver. Notamment Wilfried Tokpa l’un des dirigeants de Kawii, fabricant de jus de fruits exotiques implanté à Strasbourg. « C’est une économie en forte croissance, avec un très bon dynamisme. Je peux dire que tout entrepreneur africain rêve de participer à son développement », souligne-t-il. Seulement, faire des affaires avec les Nigérians n’est pas simple en raison tout d’abord de la vive concurrence des entreprises locales. Il faut donc du culot. Ignacio Kouadio en a à revendre. Ce jeune Ivoirien de France vient de fonder Towlaa, une agence de marketing qui vise les entreprises nigérianes.  « Chez nous, on dit “tu te vends moins cher, on t’achète moins cher. Tu te vends cher, on t’achète cher”, donc [la question] c’est comment vous allez vous vendre et comment vous allez parler de votre projet et vous projeter avec eux pour faire valoir les différents produits », explique-t-il. Les atouts des entreprises françaises pour le Nigeria Selon Ignacio Kouadio, les entreprises françaises ont des atouts considérables pour séduire le marché nigérian. « Ils peuvent avoir la technologie, ils peuvent avoir du matériel, mais le savoir-faire et le fait de rester constant dans une activité, la France l’a, quand même. Donc, je pense qu’avec ce que l’on a comme bagage en France, on pourrait promouvoir pas mal de produit au Nigeria », pense Ignacio Kouadio. Nkechi Nwosu est une entrepreneuse nigériane installée à Paris. Elle a créé un cabinet de recrutement qui s’est fixé comme objectif de dénicher des profils maîtrisant les deux cultures pour les entreprises opérant en France et au Nigeria.  « On a un client dans les fintechs qui cherche à attirer les entreprises françaises qui veulent faire du business au Nigeria. Dans l’hôtellerie, on a aussi un client qui cherche à s’implanter au Nigeria dans ce secteur, et qui cherche à attirer les personnes qui connaissent le métier et qui sont suffisamment flexibles pour enseigner aussi », déclare Nkechi Nwosu. Hormis les banques, les entreprises françaises se sentent à l’aise au Nigeria. Quatre-vingt-treize grands groupes tricolores y ont implanté une filiale. La France est devenue le cinquième fournisseur du pays et bénéficie d’une belle image de marque. La preuve, le Nigeria est le deuxième importateur de champagne français sur le continent, juste derrière l’Afrique du Sud.  
4/7/20232 minutes, 17 seconds
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Au Kenya, une start-up propose un système de capture de carbone

Lutter contre le changement climatique et mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles. C’est l’ambition d’une très jeune start-up à Nairobi au Kenya. Octavia Carbon est née en juin 2022 avec pour objectif de capturer le dioxyde de carbone dans l’air. Une technologie qui permet d’extraire le CO2 de l’air ambiant qui, une fois filtré, peut ensuite être stocké sous terre de manière définitive ou réutilisé pour différentes industries. Octavia Carbon entend proposer les deux options.  De notre correspondante à Nairobi, C’est en bordure de Nairobi qu’Octavia Carbon a implanté son usine. Deux machines y trônent fièrement. Elles servent à récupérer le dioxyde de carbone dans l’air ambiant. La toute dernière doit bientôt être commercialisée. Mwangi Kagunyu est un des ingénieurs. Il la présente. « Il y a des ouvertures sur les quatre côtés, l’air ambiant y rentre grâce à un ventilateur, puis passe par un filtre chimique, qui, pendant trois heures extrait le dioxyde de carbone de l’air. L’air libre de dioxyde de carbone est rejeté. Le CO2 extrait est lui stocké dans des réservoirs. » Une machine à 30 000 dollars Cette machine peut récupérer jusqu’à quatre tonnes de CO2 par an qui peuvent ensuite être réutilisées pour des boissons pétillantes ou renforcer des matériaux de construction par exemple. Une poignée d’entreprises en Europe et aux États-Unis ont déjà passé commande. Le coût d’achat : environ 30 000 dollars. Octavia Carbon espère en vendre une centaine cette année. Un point de départ pour un projet ambitieux, explique le PDG Martin Freimüller. « D'ici à la fin de l’année, nous espérons pouvoir lancer au Kenya une installation qui récupérerait 100 tonnes de CO2 par an, en utilisant de l’électricité produite par la géothermie. Suivant le même processus de filtrage chimique, le CO2 récupéré sera ensuite purifié, mélangé avec de l’eau, puis injecté sous pression à environ 500 mètres dans le sol, où il se transforme en roche et est stocké pour toujours. » Une motivation environnementale Le processus est énergivore. Le choix du Kenya n’a donc pas été anodin pour Octavia Carbon. En 2021, près de 90% de la production d’électricité du pays était d’origine renouvelable. Pour Martin Freimüller, la motivation est avant tout environnementale. « Notre mission en tant qu’entreprise est double : lutter contre le changement climatique et mettre fin aux combustibles fossiles. Si nous continuons à émettre autant de CO2 dans les années à venir, nous allons atteindre la limite pour les 1,5% de réchauffement. Il faut trouver des façons d’inverser cet excès, notamment en enlevant de l’air plus de CO2 que ce que nous émettons. » Si le Giec estime que le captage du CO2 fait désormais partie de la panoplie des outils nécessaires pour lutter contre le changement climatique, il n’est cependant pas une solution miracle. L’Agence internationale de l’énergie dénombre 18 installations au monde qui récupèrent environ 10 000 tonnes de CO2 par an alors qu’en 2022, les émissions mondiales ont atteint près de 37 gigatonnes. La priorité reste bien la diminution des émissions.
4/6/20232 minutes, 33 seconds
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RDC: au Katanga, une centrale solaire 100% congolaise

La première phase des travaux de construction de la centrale photovoltaïque de Lumbwe à 200 km de Lubumbashi s’achève au mois de mai. Ce projet de l’entreprise congolaise Kipay Investment est exécuté exclusivement par des entreprises congolaises. De notre correspondante à Lubumbashi, Sur le site de la centrale photovoltaïque de Lumbwe, trois jeunes entreprises congolaises sont à pied d’œuvre. Elles ont participé à la conception ainsi qu’à la réalisation du projet. Ici, la sous-traitance est exclusivement locale. « C’est un état d’esprit qu’il fallait créer chez les Congolais, car si nous voulons développer notre Congo, nous devons commencer par nous-mêmes », martèle Eric Monga, le directeur de l’entreprise Kipay Investment, patron du projet.« La preuve, c’est qu’il fallait une haute intensité de main-d’œuvre, ça a été fait, une haute intensité intellectuelle, cela a été réalisé, et une haute intensité en capital… et nous avons levé les capitaux localement. » Des panneaux solaires disposés sur 7 hectares Au total, 4 368 panneaux solaires de 550 watts chacun sont installés sur un vaste champ de 7 hectares. L’entreprise Smart Congo s’occupe de l’implantation des panneaux solaires, explique Joel Musikingala, son directeur général. « On place les longerons. Les longerons sont les tubes carrés que vous voyez, là. On les replace sur des supports en U. Après, on les serre, on met les traverses », indique Joel Musikingala. « Ensuite, les équipes passent pour installer les panneaux. Une deuxième équipe passe pour faire le serrage et l’ajustement. C’est comme ça qu’on fait pour s’assurer qu’on a suivi les normes et qu’une personne n’a pas oublié ce qui devait être fait. » La centrale est équipée d’une salle de contrôle doté d’un système d’intelligence artificielle. Ruben Lwabeya est le directeur de Leading Building Katanga, LBK, un autre contractant congolais. Il indique que « la salle de contrôle est équipée des ordinateurs et des serveurs qui nous permettent de prédire la météo, la direction du vent et aussi la demande en électricité qui nous vient de la SNEL pour optimiser notre apport à la SNEL. » Pour une exploitation de 2,4 mégawatts d’ici mai 2023 La construction de la centrale photovoltaïque a été précédée par des travaux de génie civil exécuté par EKMM, un groupe des jeunes entrepreneurs congolais. « C’est nous qui avons lancé les travaux en premier, en dégageant autant de termitières, traiter aussi la route d’accès », rappelle Dominique Kabamba, directeur de projet. « Parce qu’avant, pour 4 km, on pouvait faire au-delà d’une heure. Et maintenant, c’est 20 minutes maximum. La route interne ici, c’est nous qui avons fait ça, tous les bétons, et aussi la construction du guest house. » Pour l’heure, les ingénieurs travaillent sur l’installation d’une ligne électrique longue de 7 km. D'ici au mois de mai, 2,4 mégawatts seront exploités par le réseau national d’électricité.
4/4/20232 minutes, 19 seconds
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Congo-Brazzaville: YouthConnekt Congo, une plateforme numérique pour jeunes en quête d’opportunités

En vue de faciliter aux jeunes Congolais, très touchés par le chômage, la recherche d’opportunités de formation et d’emplois, le ministère congolais en charge de la formation qualifiante a mis sur pied une plateforme numérique : Youth Connekt Congo (YCC). Elle permet aux entreprises d’afficher les offres d’emplois à leur portée et aux jeunes porteurs de projets d’entrer en contact avec des partenaires capables de les financer. De notre correspondant à Brazzaville, C’est à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la jeunesse que cette plateforme, montée avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), a été dévoilée au public. « La plateforme Youth Connekt Congo est une plateforme regroupant de nombreuses opportunités pour notre jeunesse », explique le ministre en charge de la formation qualifiante, Hugues Ngouélondélé qu’il a présenté comme un outil d’insertion professionnelle.« Il s’agit, entre autres, des opportunités de formations certifiantes dispensées par des sites de grande notoriété et des informations sur les opportunités d’emplois et offres offertes par des entreprises installées dans notre pays », précise-t-il. La plateforme cible la jeunesse. Elle dispose d’une newsletter qui permet aux visiteurs d’entrer en contact avec les professionnels qui publient des offres d’emplois. Des personnes « ressource » peuvent également partager leurs compétences afin de devenir mentors ou même intervenir sur la plateforme. Wence Lokena, 26 ans, ambitionne de lancer un projet agricole et espère trouver son compte : « C’est une nouvelle vision à exploiter. Ce système de développement va vraiment aider la jeunesse congolaise ». Consultant, expert en vente et marketing, Van Beverly Mouélé, 28 ans, salue le lancement de Youth Connekt Congo : « C’est une plateforme qui sert de pont entre personnes porteuses de projets et ceux qui souhaitent se former, pour d’autres, c’est l’envie d’aller plus loin. C’est en quelque sorte une fenêtre qui s’ouvre à travers le monde ». Au bout de la chaîne, il y a des structures devant répondre aux jeunes. C’est le cas du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement des PME. Sylvain Mbouiti est directeur de l’impulsion et de l’accompagnement du FIGA : « Ces jeunes sont reçus sur la base de leurs idées de projets. Ensuite, nous les mettons dans un processus d’incubation personnalisé pour qu’au sortir de là, ils soient porteurs d’un business plan bancable ; d’une formation à l’esprit d’entreprise, à la culture du crédit, à la gestion financière et comptable. Enfin, ils ont un plan d’affaires bancable et finançable que nous, dans le cadre de notre intermédiation financière, avec les banques et les micro-finances, nous les orientons auprès de ces partenaires financiers », indique M. Mbouiti. La plateforme est aussi ouverte à la jeunesse africaine, selon ses initiateurs pour qui « le numérique n’a pas de frontières ».
4/3/20232 minutes, 18 seconds
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Sénégal: de grandes attentes entourent la future production du gaz naturel

Au Sénégal, la production de pétrole et gaz attendue depuis la découverte de plusieurs gisements entre 2014 et 2016 commencera cette année. Un bouleversement pour toute l’économie du pays. Le gaz naturel promet beaucoup de débouchés, à commencer par une nouvelle source d’électricité. De notre correspondante à Dakar, Des trois principaux gisements, c’est le projet Grand tortue Ahmeyim ou GTA qui est le plus avancé. La majorité du gaz issu de ce site sera exportée sous forme liquide vers l’Europe dès la fin de l’année. Le gisement offshore Yaakar Teranga, est lui voué à alimenter exclusivement le Sénégal. Le gaz sera transformé en électricité par la technologie « gaz to power », comme l’explique Mohamed Abdallahi Seck de l’Association sénégalaise pour le développement de l'Énergie en Afrique : « Le gaz naturel est majoritairement composé de méthane, CH4, c’est un combustible avec lequel on produit de la chaleur dans les turbines. Et cette chaleur est utilisée pour mettre en route la vapeur d'eau. Et cette vapeur-là va également faire tourner les turbines. » Pour ce faire, des centrales à gaz vont être construite, comme Ndar Énergie au nord du pays, d’une capacité de 200 mégawatts. D’autres centrales qui fonctionnent actuellement au fioul seront converties. Au Sénégal, l’électricité est produite à 80% à partir de produits pétroliers importés. Pour Papa Daouda Diène de l’ONG NRGI, l’arrivée du gaz aura un impact positif sur la souveraineté énergétique. « On importe du fuel et c'est subventionné. Le fait d'utiliser du gaz permettra de réduire considérablement les subventions qui laissera de l'espace budgétaire pour consacrer des investissements à l'extension du réseau, etc. » Et c’est toute l’économie sénégalaise qui sera transformée, puisque l’effet devrait aussi se faire sentir sur les budgets des ménages et sur l’industrie sénégalaise. « On peut anticiper même sur les baisses aux consommateurs finales de l'ordre de 30% de ce qu'ils paient classiquement », détaille Mohamed Abdallahi Seck. « Et cela permettra surtout d'aller vers l'industrialisation, précise Awa Marie Coll Seck la présidente du comité ITIE pour la transparence dans les industries extractives au Sénégal. Que ce soit dans le fer, l'agroalimentaire, la pétrochimie, les engrais. En fait, l'industrie de transformation. » Selon des professionnels du secteur, le gaz pourrait représenter jusqu’à 80% du mix énergétique sénégalais dans 20 ans. NRGI alerte sur les risques de cette nouvelle dépendance, en prenant l’exemple de l’Algérie. « Le cas de l'Algérie... Des politiques ont été connus pour encourager l'utilisation du gaz et ça a déteint sur les renouvelables. Donc les renouvelables ont été oubliés », avertit Papa Daouda Diène. La Banque mondiale estime que l’entrée en production des gisements d’hydrocarbures devrait doubler la croissance de l’économie sénégalaise entre 2022 et 2024. ► À lire aussi: Le Sénégal forme aux métiers du gaz
4/2/20232 minutes, 23 seconds
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InstaDeep, un rayon de soleil entrepreneurial dans une Tunisie morose

Lancée en 2014 à Tunis et rachetée par le groupe de biotechnologies BioNTech pour 409 millions d’euros, InstaDeep est spécialisée dans l’intelligence artificielle à usage médical. Cette start-up entend révolutionner le secteur, mais aussi mettre son pays d’origine sur la carte de l’innovation.  De notre correspondante à Tunis, « Hello and welcome ! ». Comme un air de Silicon Valley à Tunis. « J’espère que vous apprendrez plein de choses ici. On est une boîte plutôt sympa et cool, j’espère que votre stage se passera bien ». C'est en anglais que Zohra Slim, la cofondatrice de la start-up InstaDeep, accueille ses nouveaux stagiaires ce matin. Certains arborent déjà un sweat floqué du logo de la boîte. Des nouvelles recrues fières d’intégrer l’une des start-up les plus en vue du moment. Et des plus anciens, émus de voir ce qu’est devenue leur boîte et qui compte désormais des bureaux à Lagos, au Cap, Dubaï, Paris ou encore Londres. « Je suis Amine Kerkeni, je suis head of engineering chez InstaDeep. J’ai rejoint InstaDeep début 2017. Honnêtement, j’y croyais à moitié. Même si, bizarrement, c’est ce qu’on m’a vendu au départ : qu’on voulait vraiment créer une boîte d’intelligence artificielle à l’échelle internationale. » C’est désormais chose faite. Née à Tunis, InstaDeep, dont le siège est aujourd’hui à Londres, compte parmi ses clients les réseaux ferrés allemands ou le français Total. Mais c’est la pandémie de Covid qui donnera un coup d’accélérateur à son essor. Pendant que le monde vacille dans l’inconnu, les ingénieurs d’InstaDeep mettent en place un outil capable de détecter les variants les plus dangereux du virus. Voilà qui intéresse de près l’allemand BioNTech qui a commercialisé un vaccin. Il décide de racheter la société de Zohra Slim et de son associé Karim Beguir. Alors que la Tunisie vit une crise économique intense, l’annonce de l’achat d’InstaDeep par BioNTech fait la Une de l’actualité en janvier dernier dans le pays : « Je ne suis pas sortie de chez moi pendant une semaine. C’est aussi simple que ça. Il y avait tellement d’engouement que ça me faisait un peu peur. Mon visage était partout.  J’ouvrais la télé, je me voyais, j’étais là, non je ne veux pas ! » Adulé, décoré, le duo tunisien est persuadé que la Tunisie peut devenir un leader de l’Intelligence artificielle en Afrique pour peu que la législation soit assouplie : « Les jeunes ont un potentiel inégalé parce qu’il y a des pays où les gens vont du point A au B directement. Nous, pour aller de A à B, il faut passer par C, D, Y puis arriver au point B. La façon avec laquelle on réfléchit est moins linéaire. » Des atouts et un rachat spectaculaire par BioNTech qui va permettre à cette société tunisienne de se concentrer sur sa priorité : avancer dans la mise au point d’un vaccin contre le cancer. ► À lire aussi : Zohra Slim, cofondatrice de InstaDeep
3/30/20232 minutes, 34 seconds
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En Côte d'Ivoire, un laboratoire pour l'émergence de femmes scientifiques

Le « STEM Makers Lab », un nouveau centre éducatif dédié à l’apprentissage des sciences et réservé aux jeunes filles, a ouvert dans la commune d’Abobo à Abidjan. « STEM » pour : Science, Technology, Engineering et Mathematics. Il permet aux jeunes filles de se familiariser avec l’informatique, la robotique, l’impression 3D et les questions de leadership. L’ONG DynexAfrica entend ainsi favoriser l’émergence de figures féminines dans le domaine des sciences en ciblant particulièrement les quartiers populaires et les zones rurales. De notre correspondant à Abidjan, Après six mois d’activité, le « STEM Makers Lab » d’Abobo est officiellement inauguré le 11 février, Journée internationale des femmes de sciences. La centaine de jeunes filles âgées de 12 et 15 ans, issues de la première promotion du programme de formation, écoutent avec attention le discours de celle qu’elles appellent « Tantie Maï » : Maïmouna Fognon Koné, directrice de Dynex Africa.   « L'objectif final, c'est de renforcer la confiance de celles qui seraient intéressées par les filières scientifiques et de les accompagner pour celles qui ont les aptitudes justement à ce qu'elles puissent s'orienter vers les filières scientifiques », explique Maïmouna Fognon Koné. « Donc, il y a la formation technique, mais il y a également tout un accompagnement et un écosystème qu'on met autour d'elles pour les encadrer afin qu'elles puissent s'épanouir et faire des choix tout en se disant qu'il y a des personnes qui peuvent les accompagner dans ce processus. » Des futures scientifiques ambitieuses À l’entrée du lieu, les visages de grandes scientifiques, comme la chimiste ivoirienne Mariam Dicoh, ou encore la mathématicienne américaine Dorothy Vaughan, accueillent les visiteurs. Pour participer à ce programme qui mêle informatique, robotique et impression 3D, les jeunes filles sont sélectionnées dans deux établissements scolaires de la commune en fonction de leurs résultats dans les matières scientifiques et de leur motivation. Betel Brou, élève de 4e, a de grandes ambitions. « Moi, je rêve de devenir ingénieure robotique. La première fille âgée de 13 ans va inventer quelque chose qui va révolutionner le monde. Peut-être par exemple la première voiture volante, quelque chose de ce genre », imagine la jeune Betel. Les étudiants ont accès au centre les mercredis et samedis, et pendant les vacances scolaires. Du travail scolaire supplémentaire qui n'effraie pas Margloi Aho et Elvira Bado, chacune âgée de 13 ans. « En fait, c'est un endroit magnifique qui donne aux filles une chance de se parler et de s'ouvrir. On peut dire que c'est notre deuxième maison », explique Margloi. « Les filles ne sont pas une espèce inférieure », rétorque Elvira. « Les filles ont la force en elles. Et elles peuvent avancer. Donc, elles n'ont qu'à s'armer de courage, de patience et persévérer dans leur domaine. Car nous aussi pouvons devenir des scientifiques hors pair. » Un accès compliqué au matériel pédagogique En Côte d’Ivoire, les filles ne sont que 30% au collège et largement minoritaires sur les bancs de l’université. Les programmes de formation Dynex sont implantés à Abobo, mais aussi à Sinématiali et Korhogo, dans le nord du pays. Pour Zouzou Jacquelin, enseignant et designer industriel, le principal obstacle du projet réside dans la difficulté à obtenir le matériel pédagogique. « Par exemple des imprimantes 3D, des machines à commande numérique comme les découpeuses laser. Ici, avoir Certaines machines, c'est un peu compliqué », confie Zouzou Jacquelin. Le programme est financé par la coopération allemande et une grande entreprise allemande. Le centre d’Abobo a été mis sur pied avec 40 millions de francs CFA, soit environ 60 000 euros.
3/29/20232 minutes, 20 seconds
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Congo-Brazzaville: les artisans du cuir veulent montrer leur savoir-faire

À la deuxième édition du Marché de l’artisanat que Brazzaville vient d’abriter, les artisans qui façonnent le cuir sont venus exposer leur savoir-faire. Ceux qui utilisent le cuir pour fabriquer des chaussures made in Congo se sont distingués au cours de ce rendez-vous, désormais présenté comme une vitrine pour les artisans qui, eux, appellent les autorités à leur bâtir un marché permanent. De notre correspondant à Brazzaville, C’est dans un espace exigu en plein centre-ville de la capitale que le Marché de l’artisanat s’est tenu. Il a regroupé une centaine d’artisans venus du Congo, de cinq autres pays du continent et même de l’Inde. Les visiteurs ont notamment découvert Gladis Koumou, un artisan congolais qui arbore souvent des tenues impeccables. Son travail au quotidien : fabriquer des chaussures en cuir. Où trouve-t-il de la matière première ? Gladis Koumou répond : « C’est un patchwork (un ensemble) de tout : les peaux de bœufs, appelées cuir ordinaire, reviennent d’Italie. Les peaux d’Alligator, nous les achetons en Amérique ; celles de crocodile du Nil, nous les prenons au Vietnam. Les teintures pour faire les couleurs, nous les achetons en France », explique-t-il à RFI. ► À lire aussi : Congo-Brazzaville : l’artisanat pour diversifier l’économie congolaise Des chaussures « made in Congo » Il nous présente les différentes étapes de fabrication des chaussures en cuir, très prisées par les Congolais. « Les chaussures sont d’abord montées dans un premier temps à Taiwan et en Chine par les artisans qui sont là-bas. Après, ça nous revient ici en mode semi-finie. Et, mes artisans présents ici font de la finition, comme ce que vous êtes en train de voir. Là, on est en train de finir pour enfin livrer à un client », indique l’artisan. Pour Gladis Koumou, il s’agit bel et bien des marques de chaussures made in Congo. « Parce que c’est dessiner au Congo. Tout est fait selon notre cahier de charges et selon nos normes. Voilà pourquoi je l’appelle la marque African spirit. En plus, ce sont des chaussures faites sur mesure dans un délai de deux semaines, parce que l’Africain n’aime pas attendre », se réjouit-il. ► À lire aussi : L’artisanat malgache à l’honneur dans la capitale Obtenir l’appui du gouvernement pour mettre en lumière cet artisanat Désormais, pour mieux exprimer leur talent, exposer et vendre, les artisans congolais demandent au gouvernement de leur construire un marché permanent. Pascaline Makoundo est artiste peintre. « Si on peut créer ce marché, il faudrait penser y installer une galerie pour les peintres, parce que les peintres ne peuvent pas exposer en plein air. Ce n’est pas bon pour eux », indique Madame Makoundo. ► À écouter aussi : Des marketplaces pour valoriser les produits et les savoir-faire africains Ministre des PME et de l’Artisanat, Jacqueline Lydia Mikolo a une réponse aux réclamations des artisans. « On échange souvent avec les artisans. Je ne veux pas faire de scoop. On échange. Les artisans et les artisanes auront un lieu permanent et le Premier ministre se chargera de l’annoncer », assure-t-elle. L’ambition affichée par les autorités est de faire de l’artisanat un secteur privé dynamique. Il participe déjà à hauteur de 20 % au Produit intérieur brut (PIB).
3/29/20232 minutes, 23 seconds
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Le Sénégal forme aux métiers du gaz

L’exploitation des gisements off-shore sénégalais devrait débuter à la fin de l'année 2023. Dans cette perspective, l’État a mis sur pied dès fin 2017 l’INPG, l’Institut national du pétrole et du gaz, pour former aux métiers de ce nouveau secteur prometteur. De notre correspondante à Dakar, Des calculs – indéchiffrables pour les novices –, s’affichent sur l’écran. Une vingtaine d’élèves suivent un cours en visioconférence. Ce jour-là, il est question de forage. « On est au niveau des complétions du puits. Donc, tout l'équipement qu'il faut pour avoir une productivité du puits », explique Rose Marie Correa. À 30 ans, elle est ingénieure électromécanique de formation. Après 5 ans d’expérience professionnelle dans le secteur minier et le BTP, elle est en reconversion. « Le domaine pétrolier, c'est un nouveau domaine pour le Sénégal. Et je me dis qu'on a notre place au niveau de l'expertise. C'est important pour moi de travailler pour mon pays », souligne Rose Marie Correa. Elle fait partie de la troisième promotion d’ingénieurs spécialisés dans les métiers du pétrole et du gaz. La formation dure 18 mois, dont 6 en stage. D’autres formations courtes sont proposées, en maintenance, transport des hydrocarbures ou encore en sécurité. « Notre vocation, c'est de former tous les acteurs du secteur pétrolier et gazier », dit Moustapha Kebe, directeur pédagogique et industriel de l’INPG. « Mais auparavant, il fallait le plus souvent voyager à l'international pour aller se former dans ce milieu qui est très pointu. Moi, j'ai été formée aux États-Unis par exemple. » ► À lire aussi : L'exploitation du gaz naturel, source d'enjeux énergétiques et économiques pour le Sénégal S'adapter aux besoins des entreprises L’admission est ulta-sélective, et la formation – très coûteuse –, est subventionnée par l’État. Il s’agit de s’adapter aux besoins très spécifiques des entreprises, explique Annie-Flore Gbenou Damas, responsable de la formation. « Nos principaux partenaires sont donc évidemment les structures de l'État, les compagnies privées sont les opérateurs et tous leurs sous-traitants pour chaque projet », détaille Annie-Flore Gbenou Damas. « Il y a eu toute une étude en fait au démarrage de l'INPG pour connaître les besoins. Nous sommes en contact permanent. On va avoir des Sénégalais sur les plateformes. C'est très optimal comme façon de démarrer une aventure pétrolière pour un nouveau pays producteur. » L’institut a également une vocation régionale. Raphaël Nzengui, en master d’ingénierie pétrolière et gazière, est originaire du Gabon. « Je suis arrivée ici au Sénégal avec la particularité que j'ai de venir d'un pays pétrolier », indique-t-il. « Dans la sous-région, on n'a pas énormément de structures comme celles-là qui offrent des formations aussi certifiantes avec surtout des formateurs avec une énorme expérience. » Comme ses camarades, il n’a pas d’inquiétude pour trouver un emploi dans le secteur à l’issue de sa formation
3/26/20232 minutes, 23 seconds
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Ramadan: des Tunisiens désabusés par les prix et stocks de denrées malgré l’intervention de l’État

En Tunisie le mois saint commence ce jeudi 23 mars avec des indicateurs économiques au plus bas. Le pays négocie  depuis des mois un accord  de 1,9 milliard de dollars avec le FMI. Au sein de la population, c’est surtout la hausse des prix qui s’en ressent et c’est la chasse aux prix les plus bas pour les Tunisiens tandis que les autorités tentent de lutter contre la spéculation et de réguler les prix. De notre correspondante à Tunis, Dans un entrepôt du centre-ville de Tunis, près de la gare de Tramway, un nouveau marché de légumes, viandes et poisson a été inauguré samedi 18 mars, une initiative du ministère de l’Agriculture censée garantir des prix réduits. Les agriculteurs et commerçants vendent directement leurs produits à la clientèle. Kamel, 52 ans, a rempli son couffin de légumes : « Il y a certains prix qui sont bien, mais pour d’autres produits, je trouve qu’il n’y a pas une grosse différence, c’est pas très bien organisé, affirme Kamel. J’ai acheté surtout des légumes parce que les prix étaient intéressants, mais pour ce qui est des viandes et tout ce n’est pas vraiment ça ». Jihed, 30 ans, travaille dans les assurances, elle a entendu parler via le bouche-à-oreille de ce nouveau point de vente, mais elle reste déçue par la différence de prix : « Pour les œufs, la différence est de 400 millimes, 10 centimes d’euros, donc c’est dérisoire, pour la viande et le poisson, il y a eu un effort notamment pour réduire le coût du mouton, mais le problème c’est que tout est parti depuis ce matin », se désole la jeune femme. Des baisses de prix exceptionnelles ont également été négociées avec les grandes surfaces À la foire de l’artisanat, la semaine précédant le ramadan, habituellement, les clients se ruent sur la vaisselle ou le linge de table vendus aux prix d’usine. Mais cette année, beaucoup se sont privés du superflu. Anis Hamdi vend des cuillères et plateaux en bois d’olivier constate que son chiffre d’affaires est en forte baisse : « On sent que les gens restent frileux même si nos prix sont vraiment intéressants. Concrètement, que voulez-vous ? Les gens n’ont pas d’argent, tout est devenu cher, donc ils vont faire le tour des allées, mais ils ne vont pas acheter ». À la veille du ramadan, le ministère du Commerce a annoncé des mesures pour fixer les prix sur certaines denrées et signaler les infractions, comme l’explique Houssem Eddine Touiti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques : « Donc c’est téléchargeable cette application, elle s’appelle Aswek. À travers cette application, le consommateur peut aussi déposer des plaintes avec des photos ». La priorité reste aussi d’éviter les pénuries de ces derniers mois : le sucre, le café, le riz, des produits importés, ont été commandés en grande quantité et devraient arriver dans les prochains jours, pourvu qu’il n’y ait pas de problème de retard de paiement comme les mois précédents. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a parlé d’un risque « d’effondrement » de l’économie si le pays n’arrivait pas à trouver un accord avec le FMI. Un accord de 1,9 milliard de dollars que la Tunisie négocie depuis des mois. ► À lire aussi : La Tunisie dans la spirale de l’inflation
3/23/20232 minutes, 23 seconds
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RDC: le prix du ciment à Kalemie fâche les autorités

Près de deux ans après la relance de la cimenterie de Kabimba à 60 Km au nord de Kalemie, l’usine est fermée sur décision de la gouverneure du Tanganyika. Julie Ngungwa reproche aux responsables de la cimenterie des Grands Lacs (CGL), le non-respect du prix du ciment. De notre correspondante à Lubumbashi, Faustin Buluya est un entrepreneur de Kalemie et gère quelques chantiers, mais le coût élevé du ciment est un casse-tête : « Un sac de ciment se négociait à 27 000 francs CFA (44,37 dollars). J’espérais qu’avec la production locale du ciment, le prix allait baisser, explique l’entrepreneur. Malheureusement, le ciment produit localement se vend aujourd’hui à 32 000 francs CFA (52,58 dollars). Ça m’a découragé et découragé aussi les autres », déplore l’entrepreneur. Le ciment de la CGL à Kabimba est deux fois plus cher que celui produit à Likasi, au sud du Katanga soit 12,5 dollars au lieu de 6 dollars. Pourtant, les facteurs de production sont plus favorables dans ce milieu, estime Jules Mulya, président du patronat à Kalemie. « On a d’un côté le calcaire, et pas loin de là, on a une très belle mine de charbon. Les deux sont des intrants essentiels dans la fabrication du ciment. Et on a un autre avantage, estime Jules Mulya. Les autres intrants comme les emballages viennent par le port de Dar Es Salaam. Et nous, nous sommes mille kilomètres plus près que les usines situées au Haut Katanga », ajoute le président du patronat. « Un prix justifié », selon les dirigeants de la CGL Pour leur part, les responsables de la cimenterie des Grands Lacs se défendent. La structure du prix tient compte de l’investissement et de la marge bénéficiaire de 20%. « Il fallait construire l’usine, les infrastructures, un port, créer une centrale thermique, développer la mine de charbon et assurer le transport, argumente Maître Alex Kabinda, avocat conseil de la CGL. Il y a un investissement important qui fait que l’opérateur, dans ses calculs de coût, est arrivé au prix de 12,5 dollars. Donc le prix n’a pas été inventé, mais c’est contrôlable par la République », précise l’avocat. L’usine est à l'arrêt. Selon l'entreprise, sur décision de l’autorité provinciale du Tanganyika.  Jean Bosco Kaumba, expert en économie, qualifie cette décision d’illégale, car la province n’intervient pas dans la transformation du ciment. « C’est une décision inutile, elle va préjudicier le fonctionnement de l’activité économique, en l’occurrence le ciment, le prix du ciment va augmenter et le taux d’investissement va diminuer ». Pour sa part, Jacques Kabulo, le conseiller en communication de la gouverneure de la province du Tanganyika déclare que seul le dépôt du ciment ouvert à Kalemie a été scellé et non l’usine. Entretemps, d’autres sources proches de l’entreprise affirment que la CGL subit une forte pression fiscale de la part des services publics, ce qui impacte sur le prix de vente du ciment. ► À écouter aussi : RDC: au Katanga, l'essor du ciment produit localement
3/21/20232 minutes, 13 seconds
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RDC: 15 ans après leur création, les tribunaux de commerce sont peu efficaces

Il y a 15 ans, les opérateurs économiques appelaient de leurs vœux la création des tribunaux de commerce en RDC. L’objectif était de gérer les conflits qui opposent les entreprises et de protéger leurs investissements. Si, 15 ans après l’installation du tribunal de commerce de Lubumbashi, les opérateurs économiques déplorent le peu d'avancées quant à l’assainissement du climat des affaires, les responsables du tribunal, eux, se plaignent des luttes d’influence qui compliquent leur mission. De notre correspondante à Lubumbashi, S’ils sont souvent décriés, les tribunaux de commerce en RDC ont néanmoins permis d’alléger les procédures en matière de création d’entreprise. Les opérateurs économiques nationaux comme étrangers obtiennent plus facilement leur numéro d’identification nationale ou leur inscription au registre du commerce. Albert Kalonji, président de la Coopérative des petites et moyennes entreprises Copemeco, explique que « pour avoir un registre de commerce, on ne connaissait même pas le tarif. Tu peux te présenter aujourd’hui, on te dit, c'est  200 dollars. À quelqu’un d’autre, c’est 800 dollars… Donc, c’était la cacophonie totale. Mais avec l’avènement du tribunal de commerce, en fait, le climat des affaires s’améliore, même s’il y a encore quelques difficultés. » De mauvaises pratiques décriées Car tout n’est pas rose au tribunal de commerce. Les difficultés évoquées par Albert Kalonji, ce sont notamment les mauvaises pratiques. Ainsi, Lydia Wabiwa, chef d’antenne l’ANAPI Lubumbashi, l’Agence nationale pour la promotion des investissements, appelle au tribunal de commerce de Lubumbashi à davantage de vigilance. « L’ANAPI sollicite du tribunal de commerce le respect des délais dans le prononcé des décisions de justice pour éviter la léthargie, l’exécution effective des décisions de justice, de lutter contre le trafic d’influence et autres facteurs, susceptibles d’entraver la promotion d’un bon climat des affaires en province », souligne Lydia Wabiwa. Frédéric Kenye Kitembo, le président du tribunal de commerce de Lubumbashi ne nie pas la réalité des pressions que subit quotidiennement son tribunal. « C’est une lutte qu’il faut mener pour mettre fin à ces trafics d’influence. Je crois que ce n’est pas un secret, vous apprenez de part et d’autre qu’il y a un tel qui intervient dans un dossier… Mais le Magistrat Suprême lui-même (le président de la République) a déjà eu à rappeler les personnes qui l’entourent à ne pas instrumentaliser la justice. » En 15 ans d’existence, le tribunal de commerce de Lubumbashi, n’a jugé qu’une cinquantaine d’affaires, soit une moyenne de trois dossiers par an. Il s’engage désormais à lutter contre le monnayage des décisions de justice, à sanctionner les magistrats et les agents qui se livrent à ces actions illégales.
3/20/20232 minutes, 16 seconds
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Côte d'Ivoire: vers une forte baisse de la production de cacao?

Le Conseil café-cacao qualifie ces craintes de « rumeurs » et assure qu’il n’y a pas de risques de défaut d’exécution des contrats. L’institution explique que la prévalence de 6 multinationales sur le négoce des fèves certifiées a faussé le marché et appelle désormais à un contrôle des achats des multinationales. Le CCC reconnaît également une baisse de la production en raison des conditions climatiques. Sur le terrain, plusieurs constats : la production de la campagne intermédiaire par rapport aux années précédentes sera beaucoup plus faible, faute de pluies, mais également faute de travailleurs disponibles.  De notre correspondant à Abidjan, Devant un grand magasin vide, producteurs, pisteurs et responsables administratifs partagent un café bien serré. Il n’y a pas un sac de fèves de cacao dans l’entrepôt. Selon Anina Kaabass, responsable qualité, la production a considérablement chuté. « C’est lié un peu au changement climatique, il ne pleut pas assez et nous avons vu un peu la déforestation qui impacte un peu la production. L’année passée, à la même période, on trouvait un peu les fèves. Mais cette année, c'est le contraire, même en réalité aura-t-on une campagne intermédiaire ? C’est la question que l’on se pose. »  Si les exportateurs nationaux venaient à rencontrer des difficultés pour honorer leur contrat, le Conseil Café Cacao a prévu de repousser la date limite du paiement des taxes, et de leur permettre de s’approvisionner sur la campagne intermédiaire, qui vient tout juste de débuter. Mais Boukary Ouedraogo, producteur sur une plantation de 3 hectares à Adjaméné, redoute que la pénurie ne se poursuive. « Nous, on est très inquiet parce que l’année passée a été bonne, mais cette année, il n’y a rien. Il y a trop de baisse parce que l’année passée, la campagne intermédiaire, on pouvait en avoir 5, mais cette année, c'est 3. Il y a donc un grand écart entre l’année passée et cette année. » Des planteurs qui se dirigent vers le Liberia Selon Abelle Kla Galo, spécialiste de la filière, les mauvaises conditions climatiques ne sont pas le principal facteur de la baisse de la production dans l’ouest ivoirien. Les jeunes planteurs migrent en masse vers le Liberia voisin. Plus de 10 000 se sont déjà installés de l’autre côté de la frontière.   « La deuxième génération, fils de planteurs, censée prendre en compte les plantations de leurs parents et qui avait aussi des plantations en forêt classée, ont trouvé mieux d’aller au Liberia que de continuer dans les forêts classées où chaque jour, ils sont pourchassés par les agents des Eaux et Forêts qui ont pour mission de reconquérir les forêts classées des réserves de Côte d’Ivoire. » La production de cacao en Côte d’Ivoire est en constante augmentation depuis 2011 en raison de l’utilisation des intrants et du grignotage des forêts classées. Elle est passée de 1 million 400 tonnes il y a 10 ans à plus de 2 millions de tonnes aujourd’hui. Mais en raison du changement climatique, et des nouvelles réglementations internationales, elle pourrait baisser dans les années à venir. 
3/19/20232 minutes, 13 seconds
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À Brazzaville, la diversité d'avancement des projets intégrateurs de la Cemac

Les six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont levé, en 2020 à Paris, 3,8 milliards d’euros. Des fonds destinés à réaliser douze grands projets de construction de routes, de ports secs ou encore d’interconnexion Internet par la fibre optique. Objectif : accélérer l’intégration sous-régionale. Huit de ces douze projets ont réellement démarré, selon le point fait récemment à Brazzaville par le comité de suivi. Mais, ils n’avancent pas tous au même rythme.  De notre correspondant à Brazzaville, À la place de la gare routière située en face du marché Plateau des 15 ans, dans le quatrième arrondissement de Brazzaville, les flaques d’eau laissées par la pluie de la veille sont visibles partout. Au volant de sa voiture, Gilmart, un chauffeur de 47 ans, s’apprête à prendre la route de Dolisie dans le sud.  Après Dolisie, il doit emprunter une voie d’intégration de 200 kilomètres jusqu’à la localité de Ngongo à la frontière du Gabon. Les travaux d’aménagement de ce tronçon s’exécutent depuis un bon moment.  « Le goudron s’est arrêté à 40 kilomètres de Dolisie. De l’autre côté, c’est dégradant : il y a des mares d’eau et des bourbiers. Ce n'est pas du tout bon. Pour relier 200 kilomètres jusqu’à Ngongo, il faut faire même 15 heures de temps », relève Gilmart.  Un avancement inégal des projets intégrateurs Cette route décrite par Gilmart, bénéficiant d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD)  fait partie des 12 projets intégrateurs de la Cemac. Gilmart demande aux autorités d’accélérer les travaux.  « Qu’elles finissent la route pour qu’on soit bien comme quand nous allons de Brazzaville à Dolisie. Auparavant, de Dolisie à Ngongo (à la frontière du Gabon) on payait 15 000 francs CFA [environ 23 euros, NDLR]. Désormais c’est 25 à 30 000 francs CFA [près de 46 euros] que les passagers paient, parce que la route n’est vraiment pas bonne », se désole le conducteur.  En revanche, le projet intégrateur de construction de l’école Inter-États, spécialisée des technologies, entre le Congo et le Cameroun, avance comme souhaité, selon le professeur Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac.  « Le campus du Cameroun est construit à 75%. Il reste l’équipement. Le campus de Ouesso (côté congolais), où j’ai été dernièrement, nous avons le terrain et les travaux ont commencé. Nous devons les achever. Nous avons trouvé un partenaire qui doit livrer pour 2,5 millions de dollars en équipements de pointe. Parce qu’il ne s’agit pas d’avoir une école, mais il faut aussi avoir les équipements pour former les spécialistes », affirme M. Djiena Wembou.  70 % des projets démarrés À l’avenir, de nombreux profils sortiront de cette école. « Nous avons besoin, pas seulement des docteurs, mais aussi de vrais plombiers, de vrais serruriers et de vrais spécialistes des questions pétrolières sur le terrain », indique-t-il.  70% des projets intégrateurs de la CEMAC présentés à la table ronde de Paris en 2020 ont effectivement démarré, estime Jean-Baptiste Ondaye, ministre congolais des Finances. 
3/16/20232 minutes, 19 seconds
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Kenya: quelles opportunités le numérique offre-t-il aux artistes?

Face aux problèmes de droits d’auteurs, de piratage, avec les réseaux sociaux à portée de main, comment les artistes peuvent-ils utiliser le digital pour tirer profit de leur art ? Ces questions ont fait l’objet de discussions lors du Africa Tech Summit. Le sommet africain sur le numérique a réuni les 15 et 16 février 2023 à Nairobi plus de 1 000 participants, dont des investisseurs et entrepreneurs. Plusieurs d’entre eux issus de la scène créative. De notre correspondante à Nairobi, À peine a-t-elle achevé sa prise de parole que Jessica Colaço se fait accoster de tous les côtés. La jeune femme vient de participer à une table ronde sur les NFT. Ces jetons non fongibles qui servent de certificats d’authenticité numériques, uniques et non interchangeables. Et qui sont scellés sur de la blockchain. Entrepreneure dans la Tech et musicienne, Jessica les connaît bien. « J’ai mis deux chansons en NFT, pour voir comment ce serait reçu au Kenya. Et puis pour tenter d’aider les artistes à gagner de l’argent avec leur musique. La société des droits d’auteurs ici paye très mal, tandis que, dans l’industrie artistique, certains arrivent à gagner pas mal d’argent avec les NFT. » Des NFT difficilement accessibles Les artistes kényans dénoncent régulièrement recevoir de faibles droits d’auteurs. Plusieurs organismes sont pourtant en charge de les redistribuer. Mais ils se retrouvent souvent avec des problèmes de licence, accusés de mauvaise gestion ou encore de détournement de fonds. Avec son premier titre en NFT, Jessica Colaço, elle, dit avoir gagné 200 dollars depuis juillet. Elle le reconnait : beaucoup reste à faire avant que ce soit vraiment rentable. « Je me demandais pourquoi ils n’y avaient pas plus de musiciens nationaux sur les NFT et je comprends, il y a encore des défis à relever, notamment, il y a un vrai besoin d’éducation. La plupart des personnes ont du mal à comprendre ce que sont les titres musicaux NFT et comment les acheter. Aujourd’hui, pour en avoir, il faut passer par plusieurs étapes, acheter des cryptomonnaies, c’est assez décourageant. Et puis en tant qu’artiste, il faut aussi investir de son temps pour comprendre comment gagner de l’argent avec ces NFT. » ► À écouter aussi : TikTok va payer les artistes sud-africains, une première La scène créative au Kenya bénéficierait donc d’un meilleur encadrement du numérique. En attendant, le secteur offre aux artistes une plateforme non négligeable. Willis Chimano est un des musiciens du groupe kényan Sauti Sol. « Le digital, c’est un espace que je trouve intéressant dans le sens où, juste à partir de son téléphone, on peut se mettre en avant et accéder à tout un réseau. C’est aussi simple que ce que l’on poste sur les réseaux sociaux et cela permet de garder un certain contrôle sur son image. Au sein du continent africain, c’est encore plus pertinent, car on a une des populations les plus jeunes au monde. Et cela permet au monde entier de nous voir ! Regardez comme l’Afrobeat a explosé ! L’Afrique a toujours eu beaucoup de talent, maintenant, il est accessible à tous. » Plusieurs artistes, notamment africains, ont d’ailleurs vu leur musique popularisée grâce au réseau social TikTok.
3/15/20232 minutes, 20 seconds
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Mining Indaba: l’avenir doré du platine en Afrique du Sud [5/5]

Le Mining Indaba, grand rassemblement annuel des acteurs du secteur minier africain, s’est tenu au Cap, en février 2022. L'occasion de revenir sur différents enjeux autour des mines du continent africain. Et parmi les technologies qui ont fait parler d’elles, se trouve l’hydrogène vert. Des développements suivis de près par l'Afrique du Sud et le Zimbabwe qui disposent des plus importantes ressources au monde de platine, indispensable pour la technologie de l'hydrogène. De notre correspondante en Afrique du Sud, En déclin suite au désamour du diesel, en particulier depuis le scandale Volkswagen de 2015, le platine, qui servait jusqu’à présent surtout à diminuer les émissions des pots d’échappement, pourrait faire son grand retour, grâce au développement de l’hydrogène vert.  « À mesure que l’électrification des transports augmente, on devrait observer un déclin du marché des moteurs à combustion interne, à essence ou diesel, explique Michael Solomon, professeur à l’université du Cap et membre du conseil d’administration de la société minière Sedibelo Resources. Mais nous espérons que cela sera compensé par davantage d’utilisation de platine dans les piles à combustible », ajoute le professeur. Le platine, avec l’iridium, un de ses sous-produits, est utilisé pour créer de l’hydrogène vert à partir de catalyseurs grâce à l’électrolyse de l’eau - soit la séparation des molécules d’hydrogène et d’oxygène ainsi que dans les piles à combustible, qui retransforment cet hydrogène en énergie. Les entreprises minières en activité en Afrique du Sud s’y intéressent donc de près, comme l’explique Fahmida Smith, en charge du développement des marchés pour Anglo American : « Il y a toujours une possibilité que des personnes développent de nouvelles technologies sans utiliser les métaux du groupe platine, mais je ne pense pas qu’il soit possible de les remplacer à 100%, car ils jouent un rôle important. Ils permettent de créer des technologies efficaces et avec une longue durée de vie, grâce à leurs propriétés de métaux nobles ». Et pour Wilma Swarts, spécialiste du secteur pour le cabinet de conseil Metals Focus, même si des alternatives au platine se développent et que les regards se tournent également vers le recyclage, ce n’est pas forcément négatif alors que le marché devrait déjà cette année être déficitaire. Une vallée de l'hydrogène vert « C’est une bonne chose pour les métaux du groupe platine qu’il y ait des alternatives, car si le marché était dépendant d’un seul métal, – qui plus est, assez rare – on verrait se développer beaucoup plus de tentatives pour le remplacer. Nous sommes très optimistes vis-à-vis de la demande pour ces métaux et, à l’avenir, nous pensons que nous allons entrer dans une nouvelle ère du platine ». L’Afrique du Sud compte en tout cas se servir de son avantage de premier producteur mondial de platine et d’iridium, en développant une vallée de l’hydrogène vert – soit un pôle industriel pour développer cette technologie. ► À lire aussi : Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5] Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5] Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5] Mining Indaba: produire des batteries en RDC et en Zambie pour valoriser localement les minerais [4/5]
3/14/20232 minutes, 15 seconds
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Mining Indaba: produire des batteries en RDC et en Zambie pour valoriser localement les minerais [4/5]

L’Afrique du Sud accueillait le mois dernier au Cap, le Mining Indaba, le grand rassemblement annuel des acteurs du secteur minier africain. L'occasion de revenir sur différents enjeux autour des mines du continent. Parmi les métaux clés, ceux essentiels pour la fabrication de batteries pour les véhicules électriques que la RDC et la Zambie possèdent. Les deux pays ne veulent plus se contenter d’exporter ces minerais, ils ont signé un projet qui est en train de voir le jour. De notre correspondante en Afrique du Sud, Avec plus de 70% de la production mondiale de cobalt, des ressources en lithium encore non exploitées, ainsi que des mines de manganèse, de nickel, et de cuivre, la région congolo-zambienne possède de nombreux ingrédients nécessaires à la fabrication de batteries électriques. Une zone économique spéciale transfrontalière devrait bientôt voir le jour, dans le Haut-Katanga et la Copperbelt suite à la signature, l’année dernière, d’un accord entre la RDC et la Zambie. Et d’autres partenariats sont en train de se nouer, comme le détaille la ministre des Mines congolaise, Antoinette N'Samba Kalambayi : « Nous avons été au mois de novembre aux États-Unis avec le président de la République démocratique du Congo, où nous avons signé un accord. Nous sommes en phase de mise en œuvre ». La Chine a, elle aussi, manifesté son intérêt pour amener son expertise à la RDC. Quant au financement, on attend bientôt des premières annonces, selon Louis Watum, président de la Chambre des mines congolaise et directeur général de la Kipushi Corporation : « On va finalement annoncer le financement de la première phase qui va non seulement inclure tout ce qu’il faut pour financer l’installation de cette zone économique spéciale, mais également pour financer le début des recherches et une partie pour un prototype, précise Louis Watum, une sorte d’usine pilote pour les premiers modèles des éléments des batteries que nous allons commencer à faire. C’est un long voyage », ajoute le président. Moins de blocages aux frontières Le projet s’appuie sur une étude du cabinet BloombergNEF, qui estime que la RDC pourrait fabriquer des batteries à des coûts imbattables. Pour le ministre des Mines zambien, Paul Kabuswe, il faudra aussi avancer sur les blocages transfrontaliers : « Nous allons nous coordonner pour développer les infrastructures essentielles, comme le train et les routes et faciliter le passage de la frontière. Il est choquant de voir, aux postes-frontières de Kasumbalesa et de Chililabombwe, tous ces camions bloqués. Quel est le remède à tout ça ? » Transformation locale Afin de développer la formation et la recherche, un Centre Africain d’Excellence sur les batteries (CAEB) a déjà été lancé à Lubumbashi. Selon Jean-Marie Kanda, son coordinateur, il reste un autre point sur lequel travailler : « C’est sur l’accompagnement ou l’intérêt des compagnies minières, qui produisent soit le cobalt, ou qui vont produire le lithium, et qui doivent réserver une part de leur production à la transformation locale. Parce que pour l’instant l’exportation est majoritairement vers la Chine, mais la RDC et la Zambie voudraient une transformation locale ». Une étude de faisabilité doit encore venir déterminer le coût et la viabilité du projet. Mais les instances africaines espèrent déjà que la Zone de libre échange continentale (Zlecaf) permettra de développer d’autres collaborations de ce type entre pays. ► À lire aussi : Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5] Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5] Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5]
3/12/20232 minutes, 23 seconds
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Mining Indaba: la présence russe s'accroît dans le domaine minier en Afrique [3/5]

Malgré une présence dans ce secteur, les sociétés russes étaient quasi-absentes dans les couloirs de Mining Indaba. Seule la mine de diamants de Catoca, en Angola, où le groupe russe Alrosa détient un peu moins de la moitié des parts, avait envoyé des représentants pour échanger et présenter ses activités, refusant cependant de parler à la presse. Même si la Russie n’est pas l’un des acteurs miniers principaux en Afrique, elle s’intéresse de près aux minéraux du continent. De notre correspondante à Johannesburg, Les opérations du groupe paramilitaire russe Wagner sont déjà bien documentées : en échange de ses mercenaires, la société exploite des gisements d’or ou de diamants sur le continent, comme le détaille Hugo Brennan, expert au sein du cabinet d’analyse de risques Verisk Maplecroft : « Il y a des exemples, en ce moment, où le groupe Wagner profite d’accords pour fournir un appui militaire contre des minerais, avec des États comme le Soudan, la République centrafricaine et le Mali. » Mais au-delà de Wagner, des firmes minières russes sont aussi parvenues à s’installer dans d’autres parties du continent : « Je pense qu’on peut affirmer que la Russie ne fait pas partie des poids lourds, contrairement aux entreprises minières britanniques ou australiennes, mais elle a une présence importante sur certains territoires. Par exemple Rusal en Guinée, mais aussi la société minière Alrosa, qui a des activités en Angola et est intéressée par le Zimbabwe. Sans oublier Nordgold au Burkina Faso, ou Nornickel qui a un joint-venture ici, en Afrique du Sud... Donc, on a plusieurs entreprises minières russes qui ont des opérations en Afrique. » Opportunités et stratégie Moscou se saisit donc d’opportunités, mais mène aussi une stratégie calculée, selon Jay Truesdale, PDG de la société de conseil Veracity Worldwide : « La Russie se déploie typiquement dans des pays mal gouvernés, qui ont bien souvent hérité de liens avec elle, remontant parfois au temps de l’Union soviétique. Et on peut observer qu’il y a des connexions entre les différentes entreprises qui ont des activités sur le continent et le Kremlin. Le secteur minier est toujours un secteur stratégique, et il serait donc étonnant que cela n’aille pas au-delà d’une simple relation opportuniste. » Grâce aux ressources sur son propre territoire, la Russie figure pourtant déjà parmi les plus importants producteurs de minerais, comme le palladium, le nickel ou les diamants. Mais elle a plusieurs intérêts à se tourner aussi vers l’Afrique : « Tout d’abord, il y a un manque de transparence quant à ces investissements. Certaines exportations de minerais, comme les diamants, y sont plus difficiles à tracer. Sans compter que plusieurs des minerais sur lesquels la Russie a des vues en Afrique sont essentiels en termes de production militaire et pour la sécurité générale du pays. » Pour continuer à fonctionner, les entreprises minières russes doivent cependant trouver des moyens de contourner les sanctions occidentales qui touchent certaines d’entre elles en Afrique.
3/9/20232 minutes, 20 seconds
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Afrique du Sud: au Mining Indaba, les miniers souhaitent mieux réglementer l'orpaillage [2/5]

L’ouest du continent connaît ces dernières années un boom de l’or, Ghana en tête, mais aussi Mali, Guinée, Burkina Faso... Avec cependant toujours la délicate question de l’orpaillage, artisanal et souvent illégal, qui reste très difficile à encadrer et inquiète les autres acteurs du secteur. De notre correspondante à Johannesburg, Avec le cours de l’or qui continue de rester très élevé, et alors que la région ouest-africaine est parmi les zones aurifères les plus riches derrière l’Australie et le Canada, le métal jaune attire les appétits, à la fois de grands industriels, mais aussi de millions d’orpailleurs artisanaux. Cela met souvent les gouvernements face à un dilemme, selon Terry Heymann, directeur financier du Conseil Mondial de l’Or (WGC). « Dans beaucoup d’endroits où il n’y a pas d’autres moyens de gagner sa vie, les gens se tournent vers l’orpaillage artisanal. Mais ce type d’exploitation est souvent synonyme de mauvaises pratiques environnementales, avec une utilisation courante du mercure. Et il y a aussi des problèmes sociaux, avec des pratiques dangereuses pour la santé et la sécurité, ainsi que des tensions qui peuvent émerger au sein des communautés. » Des activités illégales qui prennent de l'ampleur De plus, une partie de la rente minière échappe aux gouvernements, car les taxes sur l’or artisanal sont rarement payées, et les flux, plus difficile à tracer, peuvent dans certaines régions alimenter des activités illégales. Le PDG de B2Gold, Clive Johnson, s’inquiète aussi de l’ampleur que prennent ces pratiques. « Nous avons un gros problème près de la rivière Falémé, qui délimite la frontière entre le Mali et le Sénégal, une zone proche de notre mine. Il y a des mineurs artisanaux à petite échelle, familiale. Mais il y a aussi des opérations qui ont beaucoup grossi, soutenues par d’importants investissements chinois qui permettent de faire venir des machines coûtant des millions de dollars, et ce n'est alors plus pour faire de l’orpaillage à petite échelle. Le gouvernement du Mali prend des mesures pour freiner cela et nous l’encourageons dans cette voie. » Motiver les mineurs artisanaux à changer de pratique L’entreprise canadienne aimerait notamment, selon Clive Johnson, développer des collaborations pour aider les mineurs artisanaux locaux à mieux transformer leur minerai, comme plusieurs initiatives le font déjà en Amérique latine. Car les réponses répressives ne règleront pas les problèmes, selon Rachel Perks, spécialiste pour la Banque mondiale. « S’il y a une chose à laquelle il faut réfléchir, c’est de savoir qu’est-ce qui peut motiver les mineurs artisanaux à changer. Avant, les solutions consistaient à fermer des sites, mais désormais, il s’agit de rencontrer les mineurs et leurs communautés et de travailler de concert avec les associations minières, les coopératives, pour répondre aux problèmes environnementaux, tout en leur permettant de continuer leur activité. » Et les conséquences peuvent être dramatiques si le secteur n’est pas encadré : encore tout récemment, au Burkina Faso, au moins 10 personnes sont mortes dans l’effondrement d’une mine artisanale.
3/8/20232 minutes, 23 seconds
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Afrique du Sud: au Mining Indaba, l'appétit des miniers pour l'Afrique ne se dément pas [1/5]

L’Afrique du Sud accueillait en février la conférence annuelle du Mining Indaba, grand rassemblement des acteurs du secteur minier africain, dans la ville du Cap. Sujet phare des discussions : les métaux qui seront essentiels pour assurer la transition énergétique et les technologies vertes. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande en lithium, cobalt, et autres minéraux clés pourrait être multipliée jusqu’à six d'ici à 20 ans. De notre correspondante à Johannesburg, Malgré une baisse ces dernières années des investissements pour l’exploration sur le continent, les experts sont confiants de voir la tendance s’inverser, étant donné l’appétit pour les minerais essentiels à la transition énergétique. Colin Hamilton est analyste des matières premières pour BMO Capital Markets. Pour lui, « la sécurité d’approvisionnement est cruciale. Et l’Afrique dispose de formidables ressources géologiques qui sont convoitées, que ce soit par le Japon, la Chine, les États-Unis, l’Europe », explique l'analyste. « On pense avant tout au cobalt, au lithium, au nickel, mais aussi au cuivre, bien sûr, qui est exploité depuis longtemps : l’Afrique a toujours eu de bonnes ressources en cuivre. Et ces 20 dernières années, la plus grande partie s'en va en Chine. Il y aura donc des tentatives pour que cela soit redirigé vers les économies des pays développés », poursuit Colin Hamilton. Avoir une chaîne d'approvisionnement plus diversifiée Les États-Unis, particulièrement présents lors de ce Mining Indaba, ont fait savoir leur intérêt. Jenna Diallo est directrice régionale à Johannesbourg de l’investissement pour « Prosper Africa », une initiative américaine qui entend renforcer la coopération avec le continent : « Avec la transition énergétique, les États-Unis et le monde entier ont besoin de plus grandes quantités de ces minerais cruciaux », affirme Jenna Diallo. « Et avec les récents événements, à savoir le Covid et la guerre en Ukraine, nous cherchons tous à avoir davantage de portes d’accès et une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée », ajoute-t-elle. « Nous pensons qu’une augmentation des échanges et des investissements sera non seulement bénéfique pour les affaires des deux côtés, mais aussi pour le développement du continent africain. » Tous les acteurs du secteur mettent désormais en avant leurs « ESG », les critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance, pour promettre que le développement minier africain se fera dans de bonnes conditions. Développer le secteur de la transformation sur le continent africain Mais pour éviter une nouvelle malédiction des ressources premières, il faudra veiller à ce qu’ils soient vraiment appliqués, selon Boubacar Bocoum, spécialiste des mines pour la Banque mondiale : « Tout cela doit se faire en sorte que les opérations se passent normalement, mais aussi faire en sorte que les revenus soient payés comme cela est dû, et comme cela est prévu dans les conventions », souligne Boubacar Bocoum. « Donc, ça ne se fera pas naturellement, cela demande que les États se mobilisent pour saisir l’opportunité, mais aussi pour faire en sorte que tous les bénéfices qui sont attendus soient effectivement réalisés. » Et pour cela, de nombreux pays africains comptent sur une amélioration de leur chaîne de transformation de ces minerais stratégiques, une filière pour l’instant principalement entre les mains de la Chine.
3/7/20232 minutes, 23 seconds
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Les dirigeants africains en quête de souveraineté alimentaire

Confrontés à une série de crises internationales qui ont déstabilisé les chaînes de valeurs et provoqué une pénurie de certains produits, les États africains visent la souveraineté alimentaire. Au Salon de l'agriculture de Paris, plusieurs pays sont venus plaider la cause de leur agriculture et exposer leurs politiques.  « Au Sénégal, nous sommes passés d'1,5 million de tonnes de céréales, toutes céréales confondues en 2010, à 3,5 millions de tonnes ». Comme le rappelle Aly Ngouille Ndyaye, le ministre sénégalais de l'Agriculture, les pays africains n'ont pas attendu le Covid et la guerre en Ukraine pour accroître leurs rendements agricoles. Mais ces crises qui ont raréfié et renchéri les importations de denrées poussent les pays à aller plus loin. La souveraineté alimentaire est devenue le mot d'ordre général.  La stratégie passe par un investissement public massif. « Nous avons mis en place cette stratégie alimentaire avec un budget prévisionnel d'environ cinq mille milliards [de francs CFA, NDLR] sur cinq ans, indique Aly Ngouille Ndaye. Pour être pratiquement autosuffisants sur l'essentiel des produits de consommation. » Des besoins supplémentaires à la production nationale  La stratégie de souveraineté alimentaire passe aussi par la recherche. Et la mise à disposition des agriculteurs de semences et de techniques améliorées. « Si d'aventure, on utilise du matériel végétal approprié que le CNRA propose avec des rendements qui vont doubler les rendements actuels, ce sera facile de combler le gap, estime le docteur Jean-Louis Konan, directeur scientifique au Centre national de recherche agronomique de Côte d'Ivoire (CNRA). Que ce soit en production de riz, où on a besoin d'1,2 million de tonnes complémentaires, que ce soit au niveau de la banane où on a besoin de 300 000 tonnes complémentaire par rapport à la production nationale, ou que ce soit au niveau du maïs où on a besoin de 200 000 tonnes complémentaires. » ► À lire aussi : La recherche agronomique africaine à l'honneur au Salon de l'agriculture de Paris Des importations à bas coût, amortisseurs de crise sociale  Ce n'est pas si paradoxal qu'il y paraît, mais les cultures de rente peuvent, elles aussi, aider à la souveraineté alimentaire. L'agriculture ivoirienne, qui est la plus développée d'Afrique de l'Ouest, mise sur ses zones économiques spéciales pour créer de la valeur ajoutée dans ses filières et donc au final pour relancer les investissements agricoles. « Nous avons des zones industrielles dédiées à la transformation. Il y a des plates-formes qui sont établies où il y a de l'eau et de l'électricité. Donc l'État fait l'essentiel, et on vient seulement pour s'y installer », explique Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien de l'Agriculture. Si le protectionnisme agricole revient dans le débat public chez les grandes puissances, en revanche, les dirigeants africains plaident pour des systèmes ouverts. En période de forte inflation, les importations à bas coût restent des amortisseurs de crise sociale. Mais ils souhaitent aussi que la libre circulation aille dans les deux sens. À cet égard, les dispositions adoptées en décembre par les Européens contre les produits issus de la déforestation sont l'objet de critiques virulentes en Afrique. ► À lire aussi : Côte d'Ivoire: la filière hévéa à Paris en quête de réhabilitation
3/5/20232 minutes, 17 seconds
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La recherche agronomique africaine à l'honneur au Salon de l'agriculture de Paris

Il n'y a pas d'agriculture sans scientifiques. La quête d'une souveraineté alimentaire et d'une agro-industrie performante passe par la recherche scientifique. Les pays d'Afrique de l'Ouest l'ont compris. Les chercheurs ouest-africains sont à l'honneur au Salon international de l'agriculture de Paris. Abdourahamane Sangaré dirige le Centre national de recherche agronomique de Côte d'Ivoire (CNRA), l'un des plus grands laboratoires d'Afrique. Avec 1 500 personnes dont 200 chercheurs seniors, le CNRA est le socle scientifique sur lequel repose les filières agricoles ivoiriennes. « Tous les clones d'hévéa qui sont aujourd'hui utilisés en Côte d'Ivoire viennent du Centre national de recherche agronomique, explique le directeur. C'est pareil pour le cacao, le palmier, le café. Tout ce que vous trouvez aujourd'hui en termes de culture industrielle en Côte d'Ivoire, vient de la recherche. » Amélioration de semences, lutte contre les ravageurs, le CNRA dispose d'un budget de 15 milliards de francs CFA par an pour améliorer la production et la productivité. « On fait de la recherche qui consiste généralement à faire de la sélection génétique, à créer des variétés compétitives qui sont adaptées à nos conditions de culture, poursuit Abdourahamane Sangaré. On conduit de la recherche sur presque tout, avec pour objectif de mettre à disposition des utilisateurs finaux du bon matériel végétal avec les itinéraires techniques qui vont avec. » Comme pour le CNRA, les utilisateurs finaux de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), ce sont les paysans. Et au Sénégal, deux cultures dominent les travaux de recherche, l'arachide et le riz. Pour le riz, Momar Talla Seck, le directeur général de l'Isra a pour mission de développer des variétés adaptées au climat et au sol sénégalais : « L'Isra a beaucoup travaillé sur l'amélioration variétale. Parce qu'avec tout ce qui est changement climatique, il faudrait mettre en place de semences qui vont avec ces changements. Et depuis quelques années, l'Isra a su développer plus de dix nouvelles variétés de semences de riz qui sont maintenant mises à la disposition des producteurs. » L'Isra travaille aussi à améliorer la qualité des sols agricoles, très fragiles au Sénégal. Leur dégradation entraine une baisse des rendements. « Il y a un important projet que l'on appelle en wolof "Projet Dundël Suuf" pour faire revivre les sols, poursuit Momar Talla Seck. Des échantillons ont été pris sur l'ensemble du territoire national pour voir le degré de fertilité. Et cela nous permettra dans le futur de mettre en place de nouvelles formules d'engrais pour trouver des solutions et avoir des rendements meilleurs. » Les chercheurs ouest-africains ne travaillent pas isolément. Grâce à des organismes sous-régionaux comme le Coraf, ils mettent en commun leurs savoirs et le matériel génétique pour avancer plus rapidement et à moindre frais.
3/2/20232 minutes, 25 seconds
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Côte d'Ivoire: la filière hévéa à Paris en quête de réhabilitation

Au Salon de l'agriculture de Paris, la filière hévéa de Côte d'Ivoire est venue annoncer le lancement d'un processus de labellisation du caoutchouc. Une façon de répondre aux nouvelles exigences fixées par les Européens en matière de lutte contre la déforestation. Invité de marque au Salon international de l'agriculture de Paris, la Côte d'Ivoire fait le show. Au-delà de la promotion de l'agriculture ivoirienne, les responsables de la filière hévéa sont aussi venus plaider leur cause face aux nouvelles directives européennes dans le domaine de la déforestation. Un processus de labellisation du caoutchouc ivoirien vient d'être lancé. Edmond Coulibaly est le directeur général du Conseil hévéa-palmier à huile, l'organe de régulation du secteur. Pour lui, « c'est à la fois garantir au consommateur que la production ivoirienne est de qualité, et également que c'est une production durable ».  Depuis décembre dernier, les Européens exigent pour un certain nombre de produits entrant dans l'Union, dont le caoutchouc, de prouver qu'ils ne sont pas issus de forêts dégradées ou détruites après décembre 2020. Une disposition en cours d'adoption et qui selon Edmond Coulibaly ne correspond pas aux réalités de la culture de l'hévéa. « La production ivoirienne ne se fait pas au détriment de la forêt », assure-t-il. « Et quand bien même, pour nous, une plantation d'hévéa en réalité, c'est une forêt. Si vous prenez une forêt de pins ici [en France, NDLR], vous vous rendrez compte que si vous remplacez le pin par des hévéas, vous aurez exactement la même forêt. On veut donc dire au monde entier, au consommateur européen, au consommateur asiatique que notre production, non seulement est de qualité, mais en plus qu'elle se fait dans des normes de durabilité qui participent à l'effort global pour limiter le réchauffement climatique. » Le ministre ivoirien de l'Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani est encore plus direct envers les responsables européens.  « Quand on demande aux producteurs de montrer la provenance de leurs produits sous le prétexte que si ce n'est pas fait, ils vont être sanctionnés, ce n'est pas normal », déclare le ministre. « L'hévéa ne doit pas faire partie de ces produits-là. Contrairement à ce qui est dit, l'hévéa est un arbre utile, parce que cela fait appel à la pluie. Les zones où nous avons le plus planté d'hévéa sont des zones où il pleut beaucoup », ajoute Kobenan Kouassi Adjoumani. Le PDG de l'Apromac, l'organe qui regroupe les professionnels du secteur, va même plus loin. « Nous voulons que les députés et que tout le monde nous entendent, l'hévéa est un outil qui peut être utilisé pour reforester. C'est très positif », souligne-t-il.  La Côte d'Ivoire est l'une des premières puissances agricoles en Afrique. Caoutchouc, cacao, anacarde ou encore ananas et bananes font vivre des millions de personnes. Autant dire que le plaidoyer envers l'Union européenne ne fait que commencer. 
3/1/20232 minutes, 24 seconds